BTJ n° 475 A la découverte des eaux courantes Responsable du projet : Monique BERTET avec les classes de Daniel DAVID, Frédéric DEFARGE, Claude DARMONT, Christian BERTET, Martine SAUTEREAU et la collaboration de Lucien BUISSON, Claudine LETOURNEUX, Jean TALIMI, Marie-France DUFLOT, Thierry FOCQUENOEY, Martine BUTON, Michel JOUEN et Monsieur MAILLOUX. Le travail de cette équipe a été coordonné par Thierry FOCQUENOEY (ICEM). Le torrent, le ruisseau, la rivière, le fleuve sont des eaux courantes. Tu t’es déjà promené au bord d’un torrent, d’une rivière ou d’un fleuve. Tu as vu l’eau couler librement, plus ou moins rapidement selon les endroits. Un cours d’eau change beaucoup depuis sa source jusqu’à son embouchure : il dévale des montagnes, des collines, s’étale dans les plaines, traverse des villes… Il change de pente, de forme, de vitesse, de largeur et de débit avant de se jeter dans la mer. Le cours d’eau commence à sa source. Parfois, ce sont de nombreux filets d’eau qui coulent le long d’une pente et qui, en se rejoignant, forment un ruisseau ou un torrent. Celui-ci rejoint d’autres ruisseaux. Ils forment une rivière plus large qui à son tour se mêle à d’autres cours d’eau pour former finalement un fleuve. Le fleuve se jette dans la mer ou dans l’océan par une embouchure. Ce reportage va te faire découvrir les eaux courantes, les animaux et les plantes qui y vivent, ainsi que les menaces qui pèsent sur eux. Le cours supérieur A sa source, le cours d’eau est en général peu pollué. Selon la pente, il est torrent ou ruisseau. L’eau provient de la pluie ou de la neige. Une partie s’infiltre dans le sol et forme des nappes d’eau souterraines. En surgissant, cette eau forme une source, elle devient un cours d’eau. Ni large ni profond, ce cours d’eau n’a qu’un faible débit : pas beaucoup d’eau, mais qui coule vite. C’est un ruisseau. En montagne, quand la pente est importante, le courant est plus fort : c’est un torrent, avec des rapides, des chutes, des cascades. Au fond du ruisseau ou du torrent, on voit des cailloux et des graviers en mouvement. L’eau frotte les berges ; elle arrache de la terre, des cailloux, des roches, et les transporte. Plus loin, quand le courant sera plus calme, tout cela se déposera au fond et formera des bancs de sable, des îlots… L’eau est froide, même en été ! Mais elle est claire, riche en oxygène grâce au courant rapide et à la basse température. Quelques végétaux s’adaptent à ces conditions de vie. Près des rives, où le courant est moins fort, poussent des stellaires, des renoncules aquatiques, du cresson et quelques mousses et algues. Une expérience à faire à deux : calculer la vitesse du courant. Le premier fait tomber un morceau de bois dans le courant. Le deuxième mesure la distance parcourue (en mètres) par le morceau de bois en 10 secondes. Il est maintenant facile de calculer la vitesse du courant ! Les animaux du torrent Des poissons, des insectes et des crustacés vivent dans les eaux froides du torrent. Comme les végétaux, certains animaux se sont adaptés pour résister au courant et supporter la faible température de l’eau. Ce sont des poissons comme la truite, le saumon, le chabot, le vairon… Ils se reproduisent dans l’eau, mais certains n’y restent pas toute leur vie et passent de l’eau douce à l’eau salée de l’océan. Des insectes, comme les phryganes, pondent dans l’eau. Leurs larves se construisent un fourreau avec des feuilles et des brindilles pour être plus lourdes, et donc ne pas être emportées par le courant. Elles peuvent rester ainsi plus d’un an. Puis, elles s’accrochent à une plante ou à un rocher. Quand l’insecte adulte sort de son fourreau, il a peu de temps pour se reproduire : il ne vit qu’une journée ! Les crustacés sont recouverts d’une carapace. Le gammare, qui ressemble à une crevette, se cache entre les pierres et se nourrit de détritus. Le cincle, oiseau du sud de la France, nage et marche au fond de l’eau pour capturer des insectes, des gammares… Pour cela, il produit une huile qui imperméabilise ses plumes. Cet oiseau est un indicateur de la qualité des eaux. S’il est absent, cela prouve qu’il y a une certaine forme de pollution. La présence dans le cours d’eau de l’écrevisse française est aussi indicatrice de la bonne qualité de l’eau. Le cours moyen Le cours d’eau descend vers la mer. Il est plus lent, plus profond, il s’élargit. Le cours d’eau grossit car il est rejoint par d’autres ruisseaux et rivières. L’eau, un peu plus chaude, est encore riche en oxygène. Le fond est pierreux, parfois sableux. Sur les bords poussent différentes plantes selon la profondeur de l’eau et la rapidité du courant. Mais ce sont toutes des plantes qui ont besoin d’humidité. Elles fournissent des cachettes pour les animaux. Sur les berges, des arbres comme les aulnes et les saules retiennent la terre avec leurs racines. Certaines plongent dans l’eau. De nombreux poissons qui vivent dans le courant, comme le goujon, le barbeau, le gardon, la perche ou le brochet, se réfugient dans ces racines. Le rat d’eau, le ragondin* et d’autres mammifères peuplent les berges du cours d’eau moyen. La loutre de rivière se nourrit de poissons. C’est un animal nocturne et très craintif. Il est devenu très rare à cause de la chasse et de la pollution. Aujourd’hui la loutre fait partie des espèces protégées. * Dans certaines régions, l’homme a créé des élevages pour vendre leurs peaux. Mais ce commerce ne marchant pas très bien, les éleveurs ont relâché les ragondins dans la nature. Les ragondins se sont alors reproduits en grand nombre, ont abîmé énormément les berges des rivières. Aujourd’hui, le ragondin est classé nuisible dans de nombreuses régions ! Le cours inférieur Le fleuve se jette dans la mer par une embouchure. Au bord, des villes avec des ports et usines se développent. La pente du cours d’eau est de plus en plus faible, donc le courant est plus lent. Le fond est sablonneux, vaseux. L’eau est souvent trouble. Le fleuve décrit des courbes ou des méandres. Les roches, les graviers, le sable qu’il transporte encore se déposent et forment des vasières, des marais. Le long des rives et sur l’eau, on trouve les mêmes plantes que dans le cours moyen, mais en quantité plus importante. Ici vivent les mêmes poissons que dans les lacs : des brèmes, des tanches, des gardons… Parfois, une grande quantité d’eau dévale à la fonte des neiges ou après un gros orage. Le cours d’eau, même grand, ne peut pas contenir toute cette eau. Il déborde, il envahit toute la plaine d’inondation : c’est la crue*. * Une crue permet un nettoyage naturel et régulier : le sable et la vase du fond sont emmenés par le courant, l’eau est renouvelée. Souvent, l’homme veut réduire les risques de crue en construisant des digues, des barrages mais il ne calcule pas toujours les conséquences de ces aménagements. Entre air et eau : insectes et oiseaux Au printemps, les nymphes se transforment en insectes adultes. L’été, c’est la ponte. En automne, beaucoup d’insectes meurent. Les nombreux insectes qui vivent dans le cours moyen et cours inférieur sont dévorés par les poissons et les oiseaux. Ces insectes sont adaptés au milieu aquatique. Certains ont des parties du corps recouverts d’un produit gras qui repousse l’eau, et sont donc imperméables. Les gyrins vivent avec une moitié du corps dans l’eau. Ils tournoient à la surface de l’eau, d’où leur surnom de « tourniquets » ! Les perles ne s’éloignent jamais de l’eau car elles volent mal. Leurs larves aquatiques résistent difficilement à la pollution de l’eau. Malgré leurs grandes ailes, les demoiselles préfèrent se cacher dans les plantes les jours de vent. Des oiseaux vivent près des eaux courantes car la nourriture y est abondante. Le martinpêcheur fait son nid dans une galerie creusée dans la berge. Le grèbe fait le sien sur des plantes flottantes. Tous deux se nourrissent de poissons. D’autres, comme la bergeronnette des ruisseaux, se nourrissent d’insectes. L’embouchure des fleuves sert souvent de point de repos pour les oiseaux migrateurs comme le pluvier. De nombreux écosystèmes Plantes, animaux des eaux courantes, dépendent les uns des autres pour vivre. Des végétaux comme le potamot ou la lentille d’eau sont appelés producteurs primaires. Les larves d’insectes qui les mangent sont des herbivores, on les appelle les consommateurs primaires. Le martin-pêcheur et le brochet, ainsi que tous les animaux qui mangent d’autres animaux, sont eux des carnivores, les consommateurs secondaires. Le canard ou le gardon, qui eux se nourrissent aussi bien de végétaux que d’animaux, sont omnivores. Tout ce monde végétal et animal finira par mourir et deviendra une nourriture pour d’autres animaux. Le gammare, par exemple, se nourrit de végétaux morts. Mais ce sont surtout les décomposeurs qui vont jouer un rôle important. Les bactéries vont transformer les cadavres d’animaux et de plantes en sels minéraux, et ces sels minéraux seront ensuite absorbés par les plantes ! Si, à cause de la pollution, un seul groupe disparaît, c’est tout l’ensemble de l’écosystème qui est menacé. Pour vivre, les végétaux puisent les sels minéraux dans le sol avec leurs racines. Grâce à la photosynthèse, ils transforment, en présence de lumière, les sels minéraux en matières végétales L’homme et les eaux courantes Pour l’homme, depuis des millénaires, les cours d’eau ont été les principales voies de circulation. Le transport a évolué en fonction des besoins des hommes. Des bateaux de plus en plus en gros ont été construits pour transporter de plus en plus de marchandises. Pour faire passer ces bateaux, il a fallu canaliser des rivières, et cela a amené des bouleversements dans les espèces animales et végétales. Pour obtenir de l’électricité, pour stocker l’eau courante, les hommes ont construit des barrages. Ces barrages ont profondément modifié la vie des cours d’eau : des végétaux et des animaux ont disparu, des écosystèmes ont été bouleversés. Autrefois, les cours d’eau servaient au transport des passagers, puis, avec l’apparition du train, ce service a disparu. Aujourd’hui, le tourisme en péniche et en bateau-mouche est important. Quelle agréable façon de découvrir une rivière et son histoire ! Mais cela fait du bruit, le moteur pollue, la faune et la flore, encore une fois en souffrent. La pêche en rivière Autrefois, la pêche en rivière était une source indispensable de nourriture. Les pêcheurs sont à l’origine de nombreux problèmes : autrefois, ils tuaient les loutres car elles mangeaient trop de poissons ! Aujourd’hui, des hérons et des cormorans sont chassés pour les mêmes raisons. Beaucoup de pêcheurs savent que leurs fils de nylon peuvent s’enrouler autour des pattes ou du cou des oiseaux. De plus en plus de fils de pêche sont maintenant biodégradables. Le plomb pour lester les lignes empoisonne le sang des oiseaux. Il est aujourd’hui interdit. Une rivière s’entretient. Les racines des arbres retiennent la terre des berges, mais trop d’arbres amènent trop de feuilles dans l’eau. Cela augmente l’acidité de l’eau, donc détruit des espèces végétales et animales. C’est pourquoi il faut couper régulièrement les branches. Il faut enlever les arbres tombés dans la rivière car ils freinent l’écoulement de l’eau, la vase n’est plus emmenée par le courant. De nombreuses associations de pêcheurs organisent des journées de nettoyage de leur rivière. Eaux polluées, eaux usées Les villes et les usines déversent leurs pollutions dans les cours d’eau. Les eaux usées des villages, de villes et des usines qui se déversent dans les cours d’eau contiennent des microbes. Quand ces microbes sont trop nombreux, ils entraînent la disparition de l’oxygène de l’eau, donc la mort de végétaux et d’animaux. Les stations d’épuration, elles, ne sont pas assez nombreuses ! Quand les engrais agricoles, les plastiques et les déchets de toute sorte arrivent dans la rivière, ils ne disparaissent pas tous dans l’eau. Ils forment une pellicule à la surface qui empêche les échanges entre l’air et l’eau. D’autres se déposent au fond et dégagent des matières toxiques. Les centrales nucléaires, elles, rejettent de l’eau chaude. Cette chaleur modifie les écosystèmes des cours d’eau. Malgré les lois anti-pollution, de nombreuses rivières sont aujourd’hui encore polluées. Mais partout dans le monde, des hommes défendent les rivières et donc l’équilibre de la nature. L’action de chacun compte. Déchets que l'on trouve dans les rivières de France Papiers 6% 11% Plastique 20% 6% 6% 19% Bouteilles Bidons d'huile 32% Encombrants Aérosols Vêtements