peuples à disposer d'eux-mêmes quand les structures sociales et économiques ne sont pas en place, et que
n'existent pas les élites capables de gouverner en respectant les règles de la justice et des droits de l'homme.
Le Pasteur Vassaux écrit de son côté : « Une nation n'est pas animée par une force aveugle mais par la claire
conscience d'un patrimoine spirituel commun. Sans cette prise de conscience, l'idée nationale risque de
dégénérer en nationalisme, exaspération du sentiment national ... » ( "Eglise, état, armée" Editions Alethina , Lausanne)
2/ La crise du Patriotisme
La désaffection apparente des jeunes pour la patrie
Voyageant beaucoup, ils ne semblent guère s'intéresser à ce qui fait la France... Selon un
sondage récent, la Patrie serait même, pour 45 % des 15/20 ans, la première Valeur à
rejeter, avant la recherche spirituelle que récuseraient 42% d'entre eux. (A titre d'information,
la Valeur classée en N° 1 serait la tolérance et la N°2 le respect de l'environnement ...)
Tout se tient d'ailleurs: selon le même sondage, 3% seulement d'entre eux respecteraient
le bien commun et 19% seulement reconnaîtraient qu'ils sont solidaires des autres...
Face à cette situation, un écrivain croate déclarait à Alain Finkielkraut : « Chez nous aussi, les 15/20 ans se
prenaient pour des nomades rock. il a fallu l'agression serbe pour qu'ils réapprennent, d'un coup, leur pays et leur
âme. Une mémoire secrète attend au fond des êtres. Les circonstances la dévoilent. Je vous en souhaite de plus
clémentes que les nôtres. »
Les déformations de l’idée de patrie
Celles qui considèrent la patrie comme un absolu, les déviations nationalistes, et celles
qui la nient au profit d'un nouvel ordre mondial, internationaliste ou marxiste .
Les déviations nationalistes
Pour les Jacobins, la Nation française est seule porteuse de l'idéal de liberté, d'égalité et de fraternité qui
constitue l'héritage de la Révolution. La Nation constitue donc un absolu dont le service motive tous les sacrifices
et justifie tous les actes, même les plus barbares. Les revers militaires de 1793 et les révoltes populaires qui
s'ensuivirent ayant amené les Jacobins à proclamer "la Patrie en danger", ils n'eurent ainsi aucun scrupule à
recourir à la Terreur pour la sauver.
Pour Nicolas Chauvin, un ancien combattant de l'Empire (17 fois blessé, "toujours par devant") , le patrimoine
national se réduit à ses gloires militaires dont l'éclat est à la mesure de la grandeur de la patrie. Pour lui, la patrie
a toujours raison et sa doctrine, le chauvinisme, a apporté de l'eau au moulin de la doctrine des nationalités qui a
inspiré toute la politique européenne du XIX°° siècle.
Fichte, avec son « discours à la nation allemande », en fut un des théoriciens. Il confond volontairement la
notion de patrie et celle d'état et exige l'indépendance politique pour chaque peuple. Il allait notamment en
résulter l'éclatement de l'Empire Austro Hongrois, sans parler des revendications indépendantistes d'aujourd'hui.
L'hymne de l'Allemagne impériale « Deutchland uber alles » répondait à cet appel. En exacerbant une telle
conception de la Nation, les Nazis en sont arrivés à considérer certains hommes comme des sous hommes et à
envahir leurs voisins. Aujourd'hui, cette conception provoque les nettoyages ethniques que l'on sait.
En France, les conquêtes de la Révolution et de l'Empire nous ont valu bien des haines.
Nous n'en sommes plus là et, la mauvaise conscience et le mondialisme ayant fait leur
oeuvre, ce sont les simples patriotes qui risquent aujourd'hui d'être qualifiés de
Franchouillards présumés fascistes et racistes.
Les déviations internationalistes
Au XIX° siècle, Auguste Comte, fondateur du positivisme, a lancé l'idée d'une religion positive de l'humanité
faisant disparaître, outre les religions, l'organisation sociale fondée sur les états et les patries.
Au nom de l'Evangile, Lammenais le rejoignait, affirmant" Souvenez vous bien qu'à la patrie, vous devez préférer
l'humanité. ( ...) Les maux qui désolent la terre ne disparaîtront que quand les nations, renversant les funestes
barrières qui les séparent, ne formeront plus qu'une unique et grande société … ".
Cette conception inspire encore aujourd'hui des écoles de pensée influentes.
Pour des raisons différentes, le marxisme aboutit au même idéal utopique.
Pour Marx, c'est la classe qui constitue le milieu normal de vie et la classe des opprimés doit s'unir au delà
des frontières pour se dresser universellement contre les oppresseurs. A noter qu'on a vu cette théorie mise à
mal en 1941 au début de ce que les Soviétiques appelaient La grande guerre patriotique.