II - Apses

II. LES GRANDES QUESTIONS DES SOCIOLOGUES
Pour faire simple, nous dirons que faire de la sociologie, c’est s’intéresser à la manière dont les humains vivent
en société ou en groupe, avec leurs normes, leurs valeurs, leurs pratiques, leurs conflits, leurs institutions, le
sens qu’ils donnent à leurs actions. Voir prise de notes.
Après avoir présenté l’objet et la démarche des sociologues (introduction), nous verrons qu’ils s’interrogent
notamment sur la construction sociale des manières d’agir, de sentir, de penser des êtres humains (1), sur leur
association et leur répartition en groupes sociaux (2), sur le contrôle social qui s’exerce sur eux (3).
Introduction : L’objet et la démarche des sociologues
a) Qu’est-ce que faire de la sociologie ? A quoi sert la sociologie ?
* La question de départ du sociologue : …………………...……..……………………………………… ?
EXERCICE 36 : Documentaire de Pierre CARLES sur le sociologue Pierre BOURDIEU (1930-2002), « La
sociologie est un sport de combat », 2007, 15 minutes
1. Comment est définie la sociologie par la présentatrice de la radio ? Que dit Bourdieu de cette définition ?
2. Qu’est-ce qu’être sociologue pour Bourdieu ?
3. Quel est le concept de Bourdieu qui permet d’expliquer la reproduction sociale dans les sociétés modernes ?
4. Que répond Bourdieu à la question : « L’inégalité, ça sert à quoi ? » ?
5. Selon Bourdieu, qui dit que les inégalités sont justes le plus souvent ?
6. Que faut-il faire quand quelqu’un dit cela ?
7. Que dit Bourdieu de la sociologie ?
RETENIR : Si la sociologie peut être définie comme la science sociale qui analyse les phénomènes sociaux chez
les humains, cette définition est trop vague pour comprendre l’objet et la démarche de la sociologie.
Selon BOURDIEU, les sociologues cherchent d’abord à répondre à la question suivante : « Comment ça se
fait que ça se passe comme ça dans le monde social et pas autrement ? ». Comme l’économie, la sociologie
cherche avant tout à analyser, c’est-à-dire ……………………et ……………………….
* Le but du sociologue : objectiver les pratiques sociales pour essayer de comprendre la société
La sociologie est considérée comme une science qui vise à comprendre comment fonctionne et comment se
transforme la vie collective des humains. Pour cela, elle cherche à objectiver les pratiques sociales, c’est-à-dire à
dévoiler leur logique (sociale) quand on ne voit que du désordre (individuel).
REMARQUE : Un bon exemple est ici l’étude de DURKHEIM sur Le Suicide en 1897. Contre les explications
individuelles, psychologiques ou biologiques, DURKHEIM montre que le suicide obéit à des règles sociales.
D’une part, il étudie le profil des gens qui se suicident et montre que le suicide ne frappe pas au hasard selon
l’âge, le sexe, la région, la religion, la catégorie professionnelle : le degré d’intégration sociale joue.
D’autre part, il montre qu’on ne se suicide pas n’importe quand et qu’il existe plusieurs types de suicide
(anomique, fataliste, égoïste, altruiste). Lire « Aller plus loin » p : 238 pour plus de précisions.

Née au XIXè siècle, en pleine révolution industrielle, la sociologie a cherché à éclairer les grandes mutations
que connaissaient alors les « sociétés modernes ».
REMARQUE : En simplifiant, on peut distinguer 4 objets privilégiés qui correspondent à 4 grands courants :
1. Pour Emile DURKHEIM (sociologue français), la sociologie doit s’intéresser aux transformations de
l’intégration sociale : qu’est-ce qui fait que les individus d’une société « tiennent ensemble » ?
2. Pour Karl MARX (sociologue allemand), la sociologie doit s’intéresser aux transformations des
conflits sociaux : qu’est-ce qui fait que les individus appartiennent à des groupes sociaux hiérarchisés ?
3. Pour Max WEBER (sociologue allemand), la sociologie doit s’intéresser aux transformations des
systèmes de valeurs qui orientent l’action des individus : qu’est-ce qui incite les individus à agir de telle façon ?
3. Pour Alexis de TOCQUEVILLE (sociologue français), la sociologie doit s’intéresser aux conséquences
de l’égalité des conditions, notamment à la montée de l’individualisme et à ses risques pour la démocratie.
* La finalité de la sociologie : restituer aux gens le sens de leurs actions ? (Doc. 3 p : 237, question 2)
Les sociologues sont très divisés sur la finalité pratique de la sociologie. Pour certain-e-s, elle doit seulement
servir à construire la connaissance la plus objective possible du monde social. Pour d’autres, comme DURKHEIM
ou BOURDIEU, elle doit aussi aider les gens à comprendre ce qui leur arrive, comment ça se fait qu’ils agissent,
sentent, pensent de telle manière. Bien des sociologues aimeraient que la sociologie soit davantage utilisée au
moment de faire des réformes sociales et, selon une minorité (BOURDIEU), elle doit servir de « sport de
combat » permettant aux dominé-e-s de déjouer les ruses, les justifications, les prétextes des dominant-e-s.
b) Comment les sociologues raisonnent-ils ?
* Rompre avec les prénotions et prendre de la distance avec la connaissance intuitive du social
RETENIR : Les sociologues sont aussi des acteurs sociaux si bien que leur travail est influencé par leurs opinions
personnelles. La première aptitude attendue des sociologues est de rompre avec leurs prénotions, c’est-à-dire
avec les représentations schématiques et sommaires que nous avons de la réalité, représentations qui nous
viennent parce que nous faisons partie de cette réalité et parce que nous avons un jugement sur cette réalité.
On dit parfois que les prénotions correspondent aux représentations du …………………………
Les sociologues doivent donc lutter contre leurs préjugés et doivent accepter à tout moment d’être surpris,
contrariés, contredits par la réalité qu’ils étudient et qu’ils contribuent à faire voir.
EXERCICE 37 : Répondez aux questions suivantes puis confrontez vos réponses aux 3 documents distribués :
1. Si l’on se base sur la durée du mariage, quels couples mariés divorcent le plus : les jeunes ou les vieux ?
………………………….Pourquoi répondez-vous ainsi ? …………………………………………………….…….
2. Qui se suicide le plus : les femmes ou les hommes ?
………………………….Pourquoi répondez-vous ainsi ? ………………………………………….………………
3. Qui se syndique le plus : les ouvriers ou les cadres supérieurs ?
………………………… Pourquoi répondez-vous ainsi ? ………………………………………………………….
* Ne pas confondre problème social et problème sociologique (Lire Doc. 1 p : 236)
RETENIR : Les problèmes sociaux (ex : le divorce, la délinquance…) ne doivent pas être confondus avec des
problèmes sociologiques. Ces derniers visent à reconstruire les processus qui mènent à un problème social et ce
sont les problèmes sociologiques qui intéressent les sociologues. Il s’agit alors pour eux d’expliquer comment le
fonctionnement du système social est à l’origine d’un « problème social ».
Par exemple, le divorce est un « problème social » dans une société qui a institué le ………………..…….. (problème
sociologique) tandis que la délinquance est un « problème social » dans une société qui a institué des ….…………..
dont la transgression est à l’origine d’un étiquetage comme déviant, voire d’un étiquetage comme délinquant
(problème sociologique). Le vol et le sentiment d’insécurité qui peut l’accompagner sont des « problèmes sociaux »
qui résultent de l’existence de la …………………………………….. (problème ……………………….).
* Etudier le poids des déterminismes sociaux et/ou le jeu des acteurs
RETENIR : La sociologie est depuis ses origines divisée entre deux grands courants que certains sociologues
tentent de combiner dans leurs recherches.
Les sociologues ne sont notamment pas d’accord sur les rapports entre individu et société.

1. Le COURANT HOLISTE (fondateur = DURKHEIM) postule que toute action individuelle est le produit
de l’appartenance à une société et/ou à un groupe social : les individus subissent, dans leurs manières d’agir et
de penser, des déterminismes sociaux.
La sociologie est alors la science des FAITS SOCIAUX, c’est-à-dire de l’ensemble des manières de faire (de
sentir, de penser), formelles ou informelles, qui sont susceptibles d’exercer sur l’individu une contrainte
extérieure dans une société donnée. Exemple : le choix du conjoint est un fait social.
2. Le COURANT INDIVIDUALISTE (méthodologique) (fondateur = WEBER) postule que tout phénomène
social est le produit de la somme d’actions individuelles : les jeux des acteurs individuels font la société. Le
contexte agit comme un système de contraintes ou d’opportunités qui incite à agir dans un certain sens mais qui ne
détermine pas les actions des individus car il existe un jeu des acteurs qui donnent un sens à leurs actions.
La sociologie est alors la science des ACTIONS SOCIALES, c’est-à-dire de l’ensemble des actions
individuelles qui ont un sens subjectif se rapportant au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente
le déroulement de cette action. Exemple : ouvrir un parapluie pour manifester est une action sociale.
 Les tendances les plus récentes de la sociologie s’efforcent de dépasser le clivage entre holisme et
individualisme méthodologique : il faut partir des relations entre individus, ceux-ci étant considérés comme
pluriels, à la fois produits par la société (passé) et producteurs de la société (présent). Les phénomènes sociaux
sont les produits des relations entre des individus socialement situés. ÉLIAS, BOURDIEU, LAHIRE.
c) La démarche des sociologues : élaborer des théories, comparer, enquêter
* Elaborer des théories et faire des enquêtes empiriques pour rechercher des liens de causalité
Relire ici page 5 du cours tapé car, à ce niveau, la démarche est la même pour sociologues et économistes.
* L’importance de l’histoire et de l’anthropologie dans la démarche sociologique
RETENIR : La démarche sociologique cherche avant tout à dénaturaliser les comportements des humains.
Nous justifions bien des comportements en disant que « c’est naturel » (explication naturaliste) ou que tel
comportement ne s’explique pas, que « c’est comme ça » (explication fataliste), parce que nous ne savons pas
(voir) qu’il est culturel, social. Cette manière de penser nous conduit à l’ethnocentrisme, voire au ………………
Pour lutter contre le naturalisme ou le fatalisme, la sociologie recourt notamment à la comparaison des sociétés
dans le temps (démarche …………………………..) et dans l’espace (démarche ………………………….).
Insérer ici annexe 1 faite en TD sur l’exemple des « besoins naturels » à partir de Norbert ÉLIAS.
RETENIR : Pour faire de la sociologie, il faut intégrer les apports de l’histoire afin de prendre en compte la
diversité des sociétés dans le temps. Lorsque l’on étudie un comportement humain, on doit se demander :
« Ce comportement humain a-t-il toujours existé ? A-t-il toujours pris les mêmes formes ? Quand et comment
est-il apparu ? ». Autrement dit, tout comportement doit être inscrit dans le temps.
Pour faire de la sociologie, il faut aussi intégrer les apports de l’anthropologie pour prendre en compte la
diversité des sociétés dans l’espace. Lorsque l’on étudie un comportement humain, on doit se demander :
« Ce comportement humain existe-t-il dans toutes les sociétés ? Prend-il dans toutes les sociétés la même
forme ? ». Autrement dit, tout comportement doit être inscrit dans l’espace.
* Les méthodes utilisées dans les enquêtes empiriques des sociologues
A la différence des philosophes, les sociologues appuient leur analyse du monde social sur des enquêtes empiriques
Le sociologue est d’abord un « enquêteur » (Lire Doc. 1 p : 238) et il utilise des méthodes d’enquête.
RETENIR : On distingue les méthodes quantitatives (davantage statistiques) et les méthodes qualitatives.

EXERCICE 38 : Les 3 dessins précédents présentent des méthodes différentes pour mener une enquête
sociologique sur l’ennui à l’école. Remplir le tableau suivant :
Dessin 1
Dessin 2
Dessin 3
Type de méthode ?
Technique utilisée ?
Avantages de la technique
utilisée
Inconvénients de la
technique utilisée
RETENIR : La question que se pose le sociologue joue sur le choix de la méthode et de la technique à utiliser
EXERCICE 39 : Imaginons que vous meniez une enquête sociologique sur la lecture chez les lycéen-ne-s.
Proposez 3 questions de départ différentes en fonction de la technique choisie pour enquêter.
EXERCICE 40 : Associez la technique d’enquête la plus fructueuse à chaque thème suivant étudié :
Les hiérarchies de sexe dans une bande de dealers.
Le profil socioprofessionnel du public des musées.
Les motivations à aller au musée des jeunes de 18 ans.
La participation des hommes au travail domestique.
L’organisation du travail dans une boulangerie.
Les violences contre les personnes âgées dans une maison de retraite.
La consommation de drogue en France.
Les rites du monde de la boxe.
Les représentations des boxeurs sur le foot.