meilleure manière par des interactions quotidiennes et de routine, ce qui est difficile à
réaliser pour qu’un grand nombre de personnes aient un contact avec le même
intellectuel, particulièrement dans les centres urbains ou d'autres lieux à distance. En
revanche, l'autorité politique tend à être fondée sur des qualités « plus objectivement »
évaluées comme la capacité à exercer le pouvoir coercitif et à exécuter l'administration
efficacement pour le bien général de la communauté. Cette distinction deviendra si tout
va bien plus claire à la lumière des remarques suivantes.
Chaque société a besoin d'un Etat pour exécuter des fonctions essentielles, comme
défendre le territoire contre des menaces extérieures, maintenir la paix et la sûreté
publique dans ses frontières, arbitrer les disputes entre ses sujets et fournir quelque
services qui puissent être nécessaires à leur bien-être. Pour que l'Etat réalise ces
fonctions, il doit faire un choix parmi les options de politique en compétition et bénéficier
d’un monopole effectif sur le recours légitime à la force afin d'imposer sa volonté lors de
la mise en application de ces politiques. On devrait souligner que nous parlons ici de
politique publique à grande échelle et pas de la confiance en soir ou de la confiance
qu’une personne pourrait avoir en ses dirigeants religieux en se conformant
volontairement aux conseils qu'ils donnent au sujet des problèmes temporels aussi bien
que des sujets spirituels. La nécessité de mettre en application une politique publique
générale, à la différence de la soumission volontaire par les individus, exige de choisir
des dirigeants (qu’il soit choisi, élu, ou trouvé par d'autres moyens) du fait de leurs
qualifications politiques réelles ou présumées, et de la capacité d'exécuter des fonctions et
l'exercice des pouvoirs coercitifs. Les qualités de la conduite politique efficace doivent
donc être déterminées sur une grande échelle publique, d'une manière décisive et
arrangée, afin de réduire au minimum les risques des différends civils et de conflit
violent. L'incertitude au sujet des dirigeants politiques et de leur autorité soulève le
risque de guerre civile, de chaos et de différends, or au moins une impasse ou une
confusion dans le gouvernement.
En revanche, les chefs religieux parviennent à être identifiés parmi des croyants
aussi bien en raison de leur piété que de leur connaissance, ce qui peut seulement être
déterminé par le jugement privé des différentes personnes qui devront apprendre à
connaître les chefs religieux potentiels grâce à des interactions quotidiennes. L'identité et
l'autorité des chefs religieux peuvent seulement être mises en place de manière
progressive et expérimentale par le biais de relations interpersonnelles avec leurs
disciples. De mon point de vue, c’est vrai tant pour les communautés sunnites, dans le
sens général, que des communautés shiites. Ceci s’applique en dépit du fait que les
Shiites ont une hiérarchie structurée établie par laquelle les interactions quotidiennes au
niveau local sont imprégnées de l'authenticité de la chaîne de commande, ce qui va droit
jusqu'à Imam ou au cheik. La différence entre l'autorité politique et l’autorité religieuse
que je souligne peut également être exprimée en termes de distinction entre les pouvoirs
coercitifs et les pouvoirs exclusifs des dirigeants politiques sur un territoire spécifique et
la population, comme opposé à l’autorité morale des dirigeants religieux même
lorsqu’elle est exercée sur un large nombre de disciples sur une grande distance toujours
en expansion.
Il y a, donc, une différence fondamentale entre les qualités des chefs politiques et
des chefs religieux, la manière dont ils sont identifiés ou choisis, aussi bien que la portée
et la nature de leurs autorités sur le peuple. Il est possible pour certains dirigeants