RENCONTRES INTERNATIONALES
Construire un développement local solidaire
le 17 septembre 2004
ACTES
Actes des échanges du vendredi 17.09.2004
Campus de Parentville-Unité de Développement Territorial et Local U.L.B.- IGEAT
sous la direction scientifique de Dominique-Paule DECOSTER
1. INTRODUCTION
A l'occasion du Salon de l'Economie sociale de Charleroi, ces 17 et 18 septembre 2004, Solidarité des
Alternatives Wallonnes et Bruxelloises, SAW-B, a souhaité mener une réflexion sur le thème
"développement local et économie sociale".
Cet événement a été organisé en partenariat avec l'Echevinat de l'économie sociale de la Ville de
Charleroi, organisateur-ensemblier du Salon de l’économie sociale, ainsi qu'avec l'Unité de
Développement Territorial et Local de l'I.G.E.A.T. à l'U.L.B., garant de la qualité méthodologique et
scientifique des débats tenus le vendredi 17 après-midi sur le Campus de Parentville.
SAW-B, ayant organisé en 2003 une série de rencontres locales de l'économie sociale dans toute la
Wallonie, a souhaité prolonger le dialogue engagé, par cette rencontre transnationale (Nord-Pas de
Calais et Région Wallonne) qui réunissait divers acteurs de l'économie solidaire et des élus locaux.
Denis Stokkink, Secrétaire général de SAW-B et Dominique-Paule Decoster, Chargée de cours et Co-
directrice de l'Unité de recherche en développement local à l'ULB ont souligné leur intérêt partagé
d'établir un cousinage entre ces deux thèmes à travers des échanges de bonnes pratiques mais aussi
une réflexion plus aboutie sur les stratégies et les enjeux de l'économie sociale, vecteur de
développement local.
De même, les élus présents, Léon Casaert, Echevin de l'économie sociale à Charleroi et Christiane
Bouchart, Adjointe au Maire de Lille ont pointé l'importance d'une démarche partenariale décloisonnée
basée sur un diagnostic et soutenue par les pouvoirs locaux pour réaliser un projet et capitaliser les
activités de l'économie sociale sur leur territoire.
En effet, l'économie sociale se base sur des principes forts de démocratie, d'autonomie de gestion et
d'un profit partagé tant au plan économique que social. Ces principes peuvent s'articuler avec le
développement local par la mise en place d'une logique entreprenariale d'économie sociale.
Celle-ci nécessite de mobiliser différents types d'acteurs : à savoir les secteurs privé, public et associatif
ainsi que les habitants. Ce processus fait appel à un maillage des domaines de l'économie, du social,
de la culture et de l'environnement.
Dès lors nous participons à la transformation du paysage territorial en un terreau propice au
développement local, nourri de projets collectifs innovants dont la finalité vise la durabilité.
2. INTERVENTIONS ET ATELIERS
Le premier objectif de cette rencontre était de permettre aux acteurs de l'économie sociale et du
développement local de Wallonie et du Nord Pas de Calais de renforcer leurs liens par un échange de
bonnes pratiques.
La séance plénière ainsi que les deux ateliers, devaient également permettre d’ouvrir le dialogue sur
l'actualité du secteur et la réflexion sur les grands enjeux de l'économie sociale pour aujourd'hui et
demain, en regard des stratégies de développement d'un territoire.
En effet, Charleroi est la première ville fut développé un zoning d'économie sociale sur une friche
industrielle, à savoir le site de Monceau-Fontaines situé à Monceau-sur-Sambre.
Cette plate-forme privilégiée en économie sociale doit aussi permettre de stimuler et étendre la réflexion
en Wallonie, pour concrétiser et enfin, déployer des activités économiques solidaires, durables et
respectueuses des spécificités locales.
L'objectif des travaux de cette rencontre était double :
Comprendre comment les acteurs de l'économie sociale peuvent interpeller les pouvoirs locaux et
entrer dans une démarche de développement local,
Cerner la place de l'économie sociale dans la politique locale et la valeur-ajoutée apportée par
l'économie sociale dans le développement local.
Une séance plénière introductive a permis aux deux élus invités, Christiane Bouchart et Léon Casaert
d'apporter un point de vue politique à l'inscription de l'économie sociale sur leur territoire.
Ensuite, les représentantes de l'Assemblée Permanente de l'Economie sociale, l'APES et la Chambre
Régionale d'Economie Solidaire, la CRES ont présenté les missions de guidance et soutien de leurs
organismes.
Durant les ateliers, les représentants d'entreprises wallonnes - Essor, Azimut, Proxemia, Sinet 1 et 2 -
et d'organismes d'accompagnement français - l'APES et la CRES - ont croisé leurs savoirs avec la
soixantaine de participants répartis en deux groupes.
Le premier atelier proposait une discussion sur le capital social et humain dégagé au travers des
initiatives d'économie sociale; cette "valeur-ajoutée" est-elle un élément spécifique et/ ou une finalité?
Le second atelier envisageait l'entrepreneuriat collectif dans ses dimensions de nouvelles pratiques
telles que la gouvernance et l'innovation; ces expériences peuvent-elles s'articuler dans un processus
de développement local?
La clôture des travaux proposait une lecture transversale des échanges de la journée sur fond de
cousinage entre le développement local et l'économie sociale.
Le débat s'est prolongé durant la journée du 18 septembre à l'occasion du Salon d'économie sociale,
agora annuelle des acteurs de l'économie sociale, des élus et du grand public.
2.1. Séance plénière introductive
►►Léon CASAERT, échevin de l’économie sociale à la ville de Charleroi
L’échevinat de l’économie sociale de Charleroi a été créé, en 1995, par Monsieur Van Cauwenberghe.
Sa création s’inscrit dans une politique de lutte contre la crise du non-emploi. Charleroi est un fleuron
industriel qui a développé des compétences techniques et une certain esprit de solidarité. De
nombreuses associations sont installées sur le territoire et plusieurs communes ont démontré leur
volonté de donner une réelle place à l’économie sociale.
Depuis 1999, on Casaert entretient de contacts très réguliers avec les acteurs de l’insertion
socioprofessionnelle et les autres acteurs de l’économie sociale.
Il a permis :
La création du Salon de l’économie sociale dont le but est de mettre en contact les citoyens et
les acteurs. Le département d'économie sociale est par ailleurs présent au Salon Alter-égaux et
au Salon des Arts Ménagers.
L’échevinat a aussi mis sur pied deux circuits de découverte d’entreprises pour que le public
découvre les produits et services de l’économie sociale : plus de 200 personnes ont découvert
ces circuits en 2004.
Le Journal de la Maison de l’économie sociale est tiré à 98.000 exemplaires et est distribué en
toute-boîte dans l’entité de Charleroi.
Le centre de documentation répertorie 600 ouvrages qui seront ajoutés au centre de
documentation de la Ville de Charleroi.
Une présentation d’entreprises est diffusée à la radio, selon l’actualité et la saison.
Une opération "Coup de pouce" récompense des projets d’économie sociale pour leur
créativité, leur caractère novateur et social; le prix de 6097€ aide ainsi le candidat gagnant.
L'échevinat a été un soutien à la création de plusieurs entreprises dont Sinet 1 et 2.
Avec le succès de Sinet 1, les emplois sont arrivés au maximum légal de 50 personnes,
poussant à la création de Sinet 2. Sinet 2 a été créée en mai 2004 amenant des femmes qui ne
croyaient plus sortir du chômage à décrocher un contrat à durée indéterminée.
La création de l’AWITS : Association Wallonne de l'Insertion par le Titre-Service pour aider et
accompagner à la création de sociétés coopératives à finalité sociale.
►►Christiane BOUCHART, adjointe au Maire de la ville de Lille
Madame Christiane Bouchart est en charge de l'économie sociale et solidaire à Lille. Au début de son
mandat politique, l'adjointe au Maire a impulsé une démarche de diagnostic partagé et co-construit,
avec les acteurs locaux, un plan pluriannuel de l'économie sociale et solidaire (PRDESS= Plan
Régional de Développement de l'Economie Sociale et Solidaire).
Pendant 6 mois (de oct.2001 à mars 2002), 13 ateliers participatifs se sont tenus dans les quartiers de
la ville, ce qui a permis d'identifier et répertorier les activités pour ensuite les organiser en réseaux.
Le diagnostic territorial repose sur six valeurs-clefs auxquelles s'identifient les acteurs :
Existence d’une activité économique : production, consommation, épargne,
Démocratie dans l’organisation et les processus de décision,
Contribution à la mixité sociale, à l’équilibre Nord-Sud,
Solidarité dans la répartition des excédents de l’activité,
Utilité sociale des biens et services produits,
Promotion du développement durable.
A partir de ce diagnostic, un plan d'action, le PRDESS, a été adopté par le Conseil Municipal en juin
2002; celui-ci présente 4 objectifs et 10 mesures:
Animer et coordonner le seau : un site Internet destiné au grand public et aux acteurs
s'est ouvert,
Accroître et améliorer l’offre existante : développer et consolider les filières d’activités à
travers la formation, la mutualisation des moyens et une offre de locaux adaptée, mobiliser,
développer et coordonner les moyens financiers. Concrètement, un chantier partenarial
travaille sur la labellisation,
Promouvoir l’innovation sociale : favoriser l’émergence de projets innovants, favoriser
l’accompagnement des projets solidaires, encourager les nouvelles formes
d ’entrepreneuriat,
Cela débouche sur l'implantation d'une couveuse d'activités et d'emplois et le soutien à une
pépinière d'artistes (cirque de Lomme),
Accroître la demande de services solidaires : améliorer la visibilité de l’économie sociale et
solidaire à Lille et développer la consommation de biens et services solidaires, intégrer une
part de projets solidaires dans les politiques municipales,
Ce dernier point se réalise à travers la mise en œuvre de clauses sociales et
environnementales dans les appels d'offres des marchés de la Ville.
Une sensibilisation des enfants au commerce équitable (avec Artisans du monde) et un
événement "grand public" sur la Grand Place, alimenteront la connaissance du citoyen sur
les notions d'économie solidaire.
Une évaluation participative est programmée à mi-parcours pour ajuster le PRDESS.
Qu’est ce que Lille-capitale culturelle 2004 a apporté à l’économie sociale ?
le secteur de l’insertion en a beaucoup bénéficié
Cela a également favorisé l’aspect de transversalité, de maillage de l’économie sociale
avec les acteurs culturels et de mettre en place un réseau pour réfléchir à la culture
« autrement », aux enjeux de la culture aujourd’hui.
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