Introduction
La vérité existe-t-elle ? La raison est-elle un guide pour nous ? Y a-t-il un
sens aux choses ? Questions essentielles, auxquelles notre époque désespère de
répondre. Les uns pensent que la question est trop compliquée et la renvoient aux
philosophes. Les autres pensent que toutes les opinions se valent. Mais il est
impossible d’en rester là, car pour que notre vie ait un sens, il faut y avoir répondu
d’une façon ou d’une autre : donc avoir trouvé une réponse qui soit clairement la
meilleure, parce qu’elle s’impose à nous comme étant vraie, objectivement vraie.
Nous allons tenter ici de mener cette réflexion sans nous perdre dans les dédales de
la philosophie, mais en partant de réflexions simples que chacun peut se faire. Nous
passerons pour cela à travers la jungle de la pensée, contemporaine ou non, avec un
seul objectif : qu’est-ce qui peut répondre dans sa plénitude à notre besoin de vérité
et de sens ?
Ce faisant nous n’allons pas échapper à la question du pluralisme. A notre
époque plus encore qu’auparavant c’est un fait incontournable. Mais on ne peut pas
en rester là et accepter n’importe quelle pluralité. Si on cherche ce qu’on appelle la
vérité, c’est qu’on a une idée de ce que l’on recherche, avec notamment une triple
exigence : qu’elle soit rationnelle, sinon elle est absurde ; qu’elle soit objective,
sinon elle ne nous apporte rien ; et qu’elle soit fidèle, c’est à dire ne mutile pas ce
que nous voyons de réalité. Dans cette recherche, nous allons identifier pour les
écarter, deux tentations dominantes à notre époque : celle de ramener la richesse
complexe du réel à des explications simplistes qui donnent une illusion de maîtrise
(ce que nous appellerons réductionnisme) ; et celle de mettre sur le même plan
toutes les opinions, ce qui revient à en faire de pures constructions humaines sans
lien avec une réalité (ce que nous appellerons relativisme). L’un et l’autre vident en
définitive toute pensée et tout vécu de leur sens, en les aplatissant. Nous verrons au
contraire, notamment avec l’exemple du thomisme, qu’on peut penser la réalité de
façon pleine et rationnelle. Mais à une double condition : d’admettre que notre
savoir ne peut nous donner la maîtrise de cette réalité, et qu’il faut le fonder en
Dieu.