Message dimanche 25 avril « Ecouter » Module II : L’écoute de Dieu – La notion d’écoute et ses différentes dimensions. Aujourd’hui : « S’écouter, écouter l’autre et/ou écouter Dieu » Intro Quand j’ai lu l’intitulé du message de ce matin… je me suis dit qu’on pouvait presque s’attendre à une réponse, voire une révélation sur cette épineuse question : comment être sûr que ce que j’entends vient bien de Dieu ?! Et j’aurai pu vous fournir enfin la recette miracle en 5 points, comme le font de nombreux ouvrages…Mais je me suis dit que ce serait trop facile…et puis surtout, la recette miracle pour ne jamais se tromper, en tant qu’être humain, je ne la connais pas…alors, je vous propose simplement de voir ce que notre livre de recettes globales nous enseigne et pour la recette miracle nous verrons ! Ce que l’on peut voir c’est que dès le commencement, Dieu appelle l’Homme à être à son écoute, à être attentif, afin qu’il puisse ensuite agir en conséquence, obéir. Dans l’Ancien Testament, le peuple est appelé à être vigilant, à prendre garde, à écouter pour accéder au bonheur. Jésus a exhorté ses disciples à écouter et comprendre, écouter avec intelligence, bon sens et circonspection. Pour parler de l’écoute, je me suis plongée dans les livres de Sagesse. J’aurai pu prendre Job, ou des psaumes mais le livre des Proverbes est très riche et c’est une sélection de certains de ces proverbes que je vous invite à méditer ! Si vous avez un peu de temps, reprenez ce livre en entier, et soulignez tous les mots relatifs à l’écoute…vous allez voir le nombre impressionnant de répétitions : « Prêter une oreille attentive à la sagesse. » 2.2 « Ecoutez mes enfants » 4.1,10 « Sois attentif, prête l’oreille » 5.1. « L’Eternel nous a donné des oreilles pour entendre et aussi des yeux pour voir » 20.12. Et en 18.13 « Qui répond avant d’avoir écouté manifeste sa sottise et se couvre de confusion. ». 21.28 « Le témoin mensonger périra. Mais l’homme qui sait écouter aura toujours le droit de parler ». L’écoute est un élément essentiel et indispensable de la vie chrétienne puisque Dieu est un Dieu de parole, qui dit parole, dit écoute ! Quand j’entends une parole, une pensée, un projet en moi, qui est-ce que j’écoute ? Est-ce que je m’écoute, j’écoute mes désirs cachés, est-ce que j’écoute les autres et/ou est-ce que j’écoute Dieu, son Esprit Saint ? Il n’est pas toujours facile de discerner d’où cela vient ! Vous avez peut-être déjà fait l’expérience des « Dieu m’a dit » qui maquille en fait souvent des «moi, j’aimerais bien personnellement… » ! Le livre des proverbes encouragent ces trois écoutes et manifestement elles apportent chacune une part de sagesse utile et nécessaire pour bien vivre selon Dieu…Avant toute chose, s’écouter, écouter l’autre, écouter Dieu demande du silence, de la disponibilité d’esprit, un désir réel de se mettre à l’écoute, et d’être entièrement présent dans l’instant. Etre à l’écoute c’est d’abord une disposition volontaire d’esprit et de cœur. Je veux écouter, donc je suis attentif. 1. S’écouter Tout d’abord, s’écouter soi-même. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce nécessairement une mauvaise chose ? Prov. 4.23 « Par-dessus tout, veille soigneusement sur ton cœur car il est à la source de tout ce qui fait ta vie. » 19.8 « Acquérir du bon sens, c’est s’aimer soi-même » Notre être intérieur est comme la partie immergée d’un iceberg à 90%, alors que seul 10% sont visibles en surface ! Pour les juifs, le cœur n’est pas seulement le siège des sentiments mais aussi de l’intelligence, des désirs et de la volonté. Veiller sur son cœur, c’est être à l’écoute, c’est développer la prise de conscience de ce que je ressens et fais, les « pourquoi » ou la raison d’être : pourquoi j’évite telle personne ? Pourquoi suis-je toujours en retard aux réunions ?, se débarrasser de la « belle image de soi » en étant honnête et sans mauvaise foi… Prov. 20.27 « L’esprit de l’homme est une lampe que l’Eternel a donné et qui sonde les profondeurs de l’être ». Ce proverbe est très intéressant ! Autrement dit, notre esprit est une aptitude à la connaissance de nous-mêmes, au discernement moral. Notre esprit est comme une lampe qui nous permet de nous connaitre et d’évaluer notre comportement. Se connaitre soi-même, c’est connaitre ses limites, connaitre ses forces, connaitre ses objectifs. Si je connais mes motivations, si je sais m’écouter, cela me permet de comprendre beaucoup plus vite mes réactions. Il est donc bon de savoir s’écouter, scruter son cœur, sonder son âme, cela nous permet de grandir, d’avancer, de vivre la cohérence, l’harmonie entre l’être profond intérieur et notre attitude extérieure. Et nous pouvons faire confiance à la grâce et à l’amour de Dieu pour inspecter les profondeurs de notre personne, pour jeter un regard honnête sous l’écorce de notre vie : c’est quelque chose qui peut nous faire peur, mais qui est primordiale et salutaire pour apprendre à s’écouter honnêtement. En tant que chrétien, le Saint-Esprit habite et demeure en nous : il est une personne qui nous parle, qui nous comprend, écoute et répond. On peut lui mentir, l’attrister, le tenter, lui résister et l’outrager. En tant que personne, il peut nous convaincre que telle ou telle décision est bonne à prendre, sans que nous en ayons les preuves. Il est aussi capable de nous donner des directives précises. Il est capable de communiquer avec notre esprit, dans notre être intérieur. C’est donc important d’apprendre à identifier la voix du Saint Esprit en nous et ce qu’il nous dit, parmi toutes les petites voix intérieures qui se bousculent. Apprendre à l’identifier comme nous apprenons à identifier l’influence de notre volonté et de nos pensées. Si nous prenons l’habitude d’être attentif à ce que l’Esprit nous transmet, alors nous gagnerons en maturité spirituelle, puis avec le temps, et l’exercice, nous serons rendus capables d’interpréter avec justesse ce qu’Il a voulu nous dire…et de le communiquer à d’autres. Dieu peut nous guider ainsi dans la vie quotidienne par un éclairage soudain par une pensée, une intuition, une conviction, une émotion, une certitude, une direction ou par la voix de notre conscience ». Veillons donc à ne pas éteindre l’Esprit, ou à le mettre en veilleuse (Thessaloniciens 5 : 19) Saint augustin dans Les Confessions écrit cette belle vérité : « Les hommes partent loin pour admirer le sommet des montagnes, les profondeurs de la mer, le cours imposant des rivières, l’immensité de l’océan et le mouvement infini des étoiles et, ce faisant, ils passent à côté d’eux-mêmes. » « S’écouter » n’est pas d’emblée quelque chose de négatif, bien au contraire, ça peut être réellement constructif, formateur, révélateur ! Etre capable d’entendre ce qui est honnêtement au fond de nous, en toute humilité, laisser notre esprit faire ce travail et l’Esprit de Dieu être la Lumière qui vient pointer les zones d’ombre et révéler des pensées, des visions. Nombreux sont les personnages de la Bible qui ont su être à l’écoute de l’Esprit de Dieu en eux, qui ont réussi à distinguer leur propre voix de la voix de Dieu ! Par exemple avec Joseph, nous pouvons voir comment celui-ci a réagi quand il s’est retrouvé face à ses frères, avec tous ses souvenirs, ses émotions qui remontaient à la surface: il avait le choix d’être à l’écoute de son envie de vengeance, de sa colère, ou d’écouter une autre voix intérieure…et de sa bonne écoute a découlé son attitude. La prière est le lieu privilégié de cette écoute personnelle de Dieu. Mais nous pouvons aussi souligner quelques dangers de l’écoute de soi, c’est ce que l’on exprime d’ailleurs souvent en disant « il ou elle s’écoute trop « ! On peut passer son temps à s’écouter soi-même, à ne voir que son propre avis, son propre intérêt, c’est à dire vivre dans une sorte d’égocentrisme, en étant incapable d’entendre une autre voix que la notre ! L’orgueil est toujours à notre porte, il est celui qui nous mène à être sourd à toute autre voix, celle de Dieu en premier ! A mener des projets seuls sans consulter personne. Le malade qui s’écoute, devient en général encore plus malade ; alors que celui qui ne s’écoute pas trop, se porte mieux. Là encore, tout est une question d’équilibre ! L’exemple du roi Saül est assez saisissant. Il décide de s’écouter, désobéi à Dieu, n’écoute pas les conseils des autres, de son fils Jonathan, et il nous est dit que l’Esprit de l’Eternel se retira de lui…et nous connaissons sa triste fin. Hébreux 4 : 12-13 nous rappelle que la Parole de Dieu nous aide aussi à entendre, « elle pénètre jusqu’au point où elle sépare âme et esprit, jointures et moelle. Elle juge les désirs et les pensées du cœur humain. Il n’est rien qui puisse être caché à Dieu, à ses yeux tout est à nu et à découvert ». Dieu connaît les 90% immergé et les 10% extérieurs. 2. Ecouter l’autre Le pasteur-auteur Philippe Auzenet écrit : « l’amour sait écouter, car il se donne et s’intéresse à l’autre. L’égoïsme prend, et n’est souvent capable que d’entendre, car il ne fait pas vraiment attention aux besoins de l’autre…Sommes-nous de ceux qui sont devenus capables d’aimer les autres, de se donner à eux, d’être attentifs en prenant le temps de les écouter ? » A de nombreuses reprises, les proverbes nous invitent à être à l’écoute des autres, être capables d’écouter les conseils, et surtout les critiques ! Ce qui n’est pas facile ! Dieu ne nous a pas voulu « être solitaire » mais il nous a créé pour « être en relation », qui dit relation, dit échange, communication, parole et écoute. L’Eglise est le lieu par excellence où nous sommes appelés à communiquer : c’est à dire à bien écouter, et à bien nous exprimer. Nous sommes le corps de Christ, si dans le corps il y a mauvaise communication, alors c’est la santé du corps qui est en danger. Proverbes : 13.10 « Toutes les querelles proviennent de l’orgueil, mais ceux qui sont sages acceptent les conseils. » 15.22 « Quand on ne consulte personne, les projets échouent, mais lorsqu’il y a beaucoup de conseillers, ils se réalisent. » 15.31-32 « Prêtez l’oreille aux critiques constructives », « Ecoutez les avertissements ». 19.20-27 « Ecoutez les conseils, acceptez les critiques ». Les proverbes soulignent une autre dimension, c’est que les hommes ont besoin les uns des autres pour apprendre à se connaitre eux-mêmes. 27. 17 « Le fer aiguise le fer, le contact avec autrui affine l’esprit de l’homme» 27.19 « Regardez dans l’eau : vous verrez votre propre visage s’y réfléchir. Sondez le cœur d’un homme : vous verrez s’y réfléchir votre propre cœur. » Les proverbes soulignent l’aspect positif de l’écoute de l’autre. Tenir compte de l’avis de l’autre, de ce qu’il dit, en être enrichi, s’édifier, se reprendre, se centrer sur l’autre, être capable d’entendre son avis, ses conseils et d’y discerner le bon dans ce qu’il dit. C’est faire preuve de sagesse que d’arriver à concevoir qu’on puisse avoir un avis différent du mien, un autre regard sur les choses qui est tout aussi légitime et envisageable que ma manière de voir ! Ecouter l’autre, avec attention, et respect, parce qu’en tant que frère ou en tant que sœur, il ou elle est habité par l’Esprit de Dieu capable de l’inspirer, de lui donner une vision, un projet… Lorsque Moïse a eu des soucis pour gérer les querelles du peuple, il passait seul des heures à les écouter, et Jéthro son beau-père a vu que Moïse s’épuisait, il lui a alors conseillé d’instruire les gens et de choisir des hommes de valeur comme responsables pour l’aider. Le conseil avisé de Jéthro et le fait que Moïse l’écoute et ne soit pas plein d’orgueil en refusant, lui a permis de vivre mieux. Les prophètes ont tous été des portes paroles auprès de leurs contemporains, leur message, leurs paroles avaient pour objectif d’aider, d’améliorer le sort du peuple que ce soit à travers les remontrances ou les promesses… Mais comme pour l’écoute de soi, il y a aussi des dangers de l’écoute de l’autre ! En se mettant à l’écoute des autres, on peut écouter beaucoup de choses inutiles et toxiques, la Bible nous dit que nous sommes appelés à nous garder des jugements, des critiques (Mat. 7.1-2), des murmures (Jude 1. 16), des paroles mauvaises, méchantes, des bavardages inutiles, des rumeurs (Ps 140. 3 ; Jacques 3), des médisances, des dénigrements (1 Pierre 2.1), des calomnies (Lév.19.16 ; Colossiens 3.8), des propos sanguinaires, des paroles de délation, des mensonges des faux témoins, des déclarations de personnes qui s’entendent secrètement en vue d’en tromper une autre…Ecouter les autres c’est aussi parfois un danger si l’on finit par être toujours du même avis que le dernier qui a parlé, c’est le dernier qui a parlé qui a raison. C’est le côté négatif de l’écoute de l’autre : se laisser influencer, se laisser définir par les autres, l’avis de l’autre me fait sans arrêt plier, et renoncer à mes convictions. La Bible nous donne également bon nombre d’exemple d’écoutes nocives ou qui ont eu des conséquences désastreuses : la première est en Eden : Adam a écouté Eve, il n’a pas émis un autre avis et nous savons ce que ça a donné ! Jacob a écouté sa mère Rebecca, et a du fuir et être en exil pendant des années ! La fille d’Hérodiade, femme d’Hérode, demanda à cette dernière quel cadeau demander à Hérode, elle écouta sa mère…et Jean-Baptiste fut mis à mort ! 3. ET/ OU Ecouter Dieu S’écouter, écouter l’autre et/ou écouter Dieu ? En fait, Dieu parle de bien des manières ! Hébreux chapitre 1 nous rappelle que Dieu a parlé à maintes reprises et de plusieurs manières par les prophètes et par son Fils Jésus… Dieu n’est pas limité dans sa manière de s’adresser à nous. Il a même fait parler un animal avant Walt Disney, avec l’ânesse de Balaam. Nous sommes dons appelés à être très attentifs car Dieu peut parler de différentes manières et souvent faire concorder plusieurs « voix » pour transmettre son message : des mots, des circonstances, pensez à Jonas qui a refusé d’écouter l’ordre de mission, comment les circonstances ont parlé par la suite … une logique cohérente, une conviction profonde dans le cœur, un songe, un rêve, une vision, une pensée qu’il donne à plusieurs à la fois… -Dieu parle par la Bible : nous avons été et sommes encouragés à nous mettre à son écoute ! -Dieu parle par une action directe dans notre esprit : nous sommes encouragés ce matin à être à l’écoute de ce qui nous habite, et à l’écoute de son Esprit Saint en nous. -Dieu parle par notre entourage, par les autres : en tant que communauté nous sommes aussi encouragés à développer cette écoute les uns des autres. Dieu parle aussi par des signes, par un ange, par une prédication… Ne lui mettons pas de limite car beaucoup de choses peuvent nous empêcher de l’écouter : notre agenda trop rempli, notre esprit préoccupé, nos pensées qui vagabondent, nos soucis, nos projets personnels, nos a priori, nos préjugés, notre orgueil, nos peurs, nous-mêmes, notre entourage, notre incrédulité… C’est vrai aussi que parfois Dieu semble garder le silence, et nous laisse avancer seul peut-être parce qu’il juge qu’il nous a donné suffisamment d’indications dans sa Parole pour que nous faisions nos choix en adultes responsables. Dans tous les cas, il nous faut rester à son écoute. Conclusion : Peut-être connaissez-vous cette phrase : « Entre ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez comprendre, ce que vous voulez comprendre et ce que vous comprenez…il y a au moins 9 possibilités de ne pas s’entendre ! » Cette phrase illustre la complexité de la communication et pourtant la communication est la base de nos relations ! Parler, écouter. Philippe Auzenet toujours dans son livre sur l’écoute cite le Petit Prince, en modifiant un peu les mots, il dit « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec…les oreilles » (au lieu du cœur) ! Ou comme le dit un proverbe russe : « Le sage a de longues oreilles, de grands yeux, et une petite langue ». Ecouter l’invisible c’est bien tout l’enjeu de l’écoute de Dieu ! Afin que nous ne restions pas des malentendants spirituels ! S’écouter, écouter l’autre et/ou écouter Dieu ? Finalement, l’écoute de Dieu passe peut-être le plus souvent par une subtile harmonie, un mélange de plusieurs écoutes : l’écoute de sa Parole, l’écoute de son Esprit ; l’écoute d’un frère, d’une sœur, et l’écoute des circonstances, écoute des leçons de l’Histoire…tellement de combinaisons sont possibles… Nous devons avoir ce désir de nous approcher de Dieu, la prière est le lieu de l’écoute privilégiée, nous devons décider de l’écouter en ouvrant nos oreilles, et les oreilles de nos cœurs ! Nous devons faire silence pour discerner au mieux ce que nous écoutons, la voix du bon berger seule voix que reconnaissent les brebis ! Etre sensible à sa voix, et essayer de comprendre ce qu’il veut nous dire, écouter même si ce qu’il nous dit nous déplait ou ne va pas dans notre sens, et savoir attendre en retenant ce que nous avons reçu, écouté…pour y obéir en tant voulu. « Aujourd’hui si vous entendez la voix de Dieu, ne vous endurcissez pas, n’endurcissez pas votre cœur, comme l’ont fait vos ancêtres lorsqu’ils se sont révoltés ». Hébreux 3 Que dans le processus de discernement du projet d’église, nous puissions avoir cette qualité d’écoute. Que Dieu lui-même nous instruise, et nous éduque à l’écouter. Et que de notre côté, nous nous rendions disponibles, attentifs pour être de bons écoutants ! Ecoutons nous, écoutons les autres, et écoutons Dieu ! Amen.