introduction a la sociologie

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INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE:
PROF : ZINEDDINE KHARCHI
Pourquoi la sociologie ?
L’invention de la sociologie
Le contexte événementiel
Le contexte idéologique
Les fondateurs
Auguste Comte (1798-1857)
Alexis de Tocqueville (1805-1859)
Karl Marx (1818-1883)
Pourquoi la sociologie ?
Parce que la sociologie s’intéresse aux faits de société (la délinquance, l’exclusion sociale,
l’organisation du travail, la corruption, la famille, la violence, la consommation…), parce que c’est une
science qui s’inscrit d’abord dans notre réalité, elle donne une impression de familiarité. Mais la réalité est
moins facile a saisir et a comprendre qu’il n’y parait, le regard que l’on porte souvent sur les phénomènes
sociaux est bien souvent faussé par le manque de connaissances d’autant que certaines faces de la réalité
sociale sont cachées.
S’initier a la sociologie présente donc un triple intérêt :
1- Parfaire la connaissance du monde dans lequel on vit. Cela aide à élaborer des jugement moins
hâtifs et plus fondés, car faire partie d’une société ne suffit pas a la connaître. En apprenant a se
méfier des évidences qui ne sont souvent qu’apparences et en dévoilant la partie dissimulée des
faits sociaux, la sociologie participe incontestablement a la formation d’une vision critique et
personnelle de la société.
2- Améliorer la connaissance de soi-même. les analyses sociologique nous renvoient souvent a notre
propre expérience et nous permettent ainsi de mieux comprendre nos croyances, nos
comportements, nos choix, les raisons de nos échecs ou de nos réussites.
3- Aider tous ceux qui détiennent un pouvoir quelconque (politique, économique, syndical...) a poser
les bonnes questions et peut-être a trouver des solutions a certains maux sociaux actuels graves
(délinquance, exclusion sociale…). Sans prétendre apporter des réponses toutes faites a des
problèmes précis, nous tenterons de contribuer a sociologiser le regard de ceux qui les gèrent.
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Les branches de la sociologie :
A mesure que les sociologues accumulaient des résultats et des savoirs et qu’ils multipliaient leurs
objets d’étude, des champs de recherches se sont constitués formant des branches spécialisées plus au moins
autonomes. La sociologie est aujourd’hui composée de multiples spécialités qui attestent à la fois de son
développement et de sa diversité.
Tableau : Quelques branches de la sociologie :
Autour du travail
La sociologie des relations industrielles
La sociologie des professions
La sociologie du travail
La sociologie des associations et des syndicats
La sociologie des organisations
La sociologie de l’entreprise
La sociologie du chômage
La sociologie économique
Autour de liens Individu/Société
La sociologie de l’individu
La sociologie des classes sociales
La sociologie de l’évolution sociale
La sociologie de la famille
La sociologie des genres
La sociologie de l’identité
Autour des modes de vie
La sociologie urbaine
La sociologie rurale
La sociologie de la pauvreté et de l’exclusion
La sociologie de la consommation
La sociologie de la culture
La sociologie de l’art
La sociologie du sport
La sociologie de l’information  la communication
La sociologie de la vie quotidienne
La sociologie de l’éducation et de l’école
La sociologie des sciences
Autour des idées et des croyances
La sociologie des religions
La sociologie des valeurs
La sociologie des connaissances
La sociologie des sectes
Autour de la citoyenneté
La sociologie politique
La sociologie électorale
L’invention de la sociologie:
Au cours du 18e et du 19e siècle, dans un contexte particulier de mutations économiques, politiques et
sociales, des penseurs come Auguste Comte (1798-1857), Alexis de Tocqueville (1805-1859), Karl Marx
(1818-1883), Emile Durkheim (1858-1917) et Max Weber (1864-1920) s’interrogent sur la nature de la
société qui est en train d’émerger. Ce faisant, ils commencent à établir les bases d’un questionnement
proprement sociologique, qui dépasse le stade de la réflexion sociale telle qu’elle avait pu être pensée par les
premiers philosophes grecs, musulmans et asiatiques.
Un contexte particulier :
Que ce soit sur le plan événementiel ou idéologique, la France et les principaux pays européens
(Allemagne, Angleterre) ont connu au cours du 18e siècle mais surtout du 19e siècle des changements
profonds. Ce contexte qui bouleverse l’ordre social ancien favorise l’émergence d’une problématique
sociologique notamment a propos de la nature du lien social (solidarité sociale) et des facteurs du changement
social.
A. le contexte événementiel :
On dit souvent de la sociologie qu’est est « la fille des révolutions ». Par « révolutions », on désigne
sur le plan politique la révolution française et, sur le plan économique la révolution industrielle. En ébranlant
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l’ordre social ancien, ces révolutions ont engendré des interrogations sur la nouvelle société en construction
et des inquiétudes dues a l’apparition de maux sociaux préoccupants (le chômage, l’entassement, la
promiscuité, la prostitution, l’alcoolisme, la misère urbaine…).
Sur le plan politique : La révolution française (1789) a travers les idées qu’elle véhicule, mais surtout
a travers les réformes qu’elle engage, a détruit certains dogmes et certains équilibres politiques et sociaux.
Exemple : l’abolition du régime féodale, la déclaration des droits de l’homme, le concept de
citoyenneté, l’apparition d’une nouvelle stratification sociale plus fluide, le droit de la famille est
profondément transformé (la loi 1792 fait du mariage un contrat civil) ce qui donne naissance a de nouvelles
configurations familiales.
Sur le plan économique : la révolution industrielle marque la naissance du capitalisme moderne. En
posant ainsi les bases d’un nouveau système productif, elles engendrent de profondes mutations dans le tissu
social. Certaines vont produire des dysfonctions sociales et donner ainsi naissance a « la question sociale ».
La question sociale est une expression apparue a la fin du 19e siècle qui revoyait aux maux et aux
conflits de la société industrielle naissante.
Exemple : la multiplication des grandes cités industrielles (Manchester, Lyon…) avec leurs lots de
misère, de pauvreté et d’habitations infects.
Exemple : La prolétarisation d’une partie de la population. Avec l’apparition des usines (les grandes
cathédrales industrielles) de la machine-outil et de l’ouvrier, le salariat se répond, une nouvelle classe sociale
émerge : la classe ouvrière qui voit se détériorer, au fil de l’industrialisation, ses conditions de travail et de
vie.
Au total, la révolution française et la révolution industrielle marquent une véritable rupture par les
conséquences qu’elles engendrent. Elles sonnent le glas d’une société traditionnelles dont la cohésion sociale
reposait sur la famille, la terre, la communauté villageoise, l’église. Un nouvel ordre social doit s’instaurer, de
nouvelles solidarités sociales doivent prendre le relais, un nouveau « vivre ensemble » doit être pansé. Tels
seront les objectifs que se fixeront les précurseurs et les fondateurs de la sociologie.
B. le contexte idéologique :
Sur le plan idéologique, les 18e et 19e siècles ont été marqués d’une part par l’avènement de la raison
et d’autre part par la prédominance de certaines idées politiques.
Les premiers fondateurs de la sociologie vont être particulièrement influencés par certaines de ces
idées nouvelles.
L’avènement de la raison : le 18e siècle est considéré comme le siècle des lumières. Parmi les
philosophes des lumières, on trouve Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Kant… Ces penseurs placent la raison
au-dessus de tout et en particulier au-dessus de la religion. Pour eux, l’Homme doit être au centre des
connaissances comme l’illustre la devise de Kant : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement.
Voila la devise des lumières ».
Cet état d’esprit rationaliste, provoque une attirance et une passion sans bornes pour la science. Le
siècle des lumières préfigure ainsi l’émergence du scientisme et du positivisme.
Scientisme: c’est la foi dans la toute puissance des sciences pour répondre a tous les problèmes
humains. Positivisme : c’est une doctrine philosophique développée par Auguste Comte, et qui considère que
la seule connaissance est celle des faits et de l’expérience scientifique.
Les précurseurs de la sociologie adhèrent à cette croyance en la raison. Ils s’efforcent d’appliquer les
principes rationnels des sciences à l’analyse des phénomènes sociaux.
L’influence des idées politiques : parmi les idées politique qui se sont développées au cours des 18e
et 19e siècles, le conservatisme est l’idéologie qui a la relation la plus étroite avec la naissance de la
sociologie.
Le conservatisme est un courant idéologique qui dénonce les maux et les dysfonctionnements sociaux
engendrés par les révolutions politique et industrielle. Nombreux seront les fondateurs de la sociologie à être
influencés par cette idéologie.
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Le détour par l’histoire événementielle et idéologique montre que la sociologie est apparue dans un
contexte de mutations propice au questionnement social. Ce n’est donc pas n hasard si les fondements de
l’analyse sociologique émergent au cours du 19e siècle et que des penseurs, contemporains de ces divers
bouleversements, vont établir les bases d’une nouvelle science sociale.
Les fondateurs :
A. Auguste Comte (1798-1857)
Il est l’inventaire du mot « Sociologie », qui vient du latin socio qui signifie société et du grec logie
qui signifie science. Il est aussi l’un des premiers à avoir conçu la possibilité et la nécessité de créer une
nouvelle science sociale (le premier a été Abderrahmane Ibn-Khaldun : 1332-1406).
A. Comte est le fondateur du Positivisme tel que nous l’avons défini précédemment. Selon lui, toute
acquisition de connaissance doit se réaliser a partir de l’observation des faits pour en déduire a posteriori
l’élaboration d’une théorie. L’observation des faits doit précéder toute proposition théorique. Il s’oppose ainsi
à ceux qui énoncent des propositions sans les avoir préalablement confrontées aux faits.
D’après A. Comte, la sociologie doit avoir ce caractère rigoureusement positif et scientifique. Ce doit
être d’abord une science d’observation.
A. Comte se donne pour objectif d’achever l’élaboration des sciences positives en instituant une
science des phénomènes sociaux qui n’existe pas encore : la sociologie, vocable qu’il préfère a physique
sociale.
Donc pour A. Comte, la sociologie apparaît come la science qui parachève l’évolution des sciences
positives. Cette discipline nouvelle se divise en deux grands champs d’investigation :
La statique sociale : étude des déterminants de l’ordre et de la cohésion sociale.
Dynamique sociale : étude du progrès de l’esprit humain et des lois de développement de la société
humaine.
A. Comte n’aura pas le temps de développer le contenu de la statique sociale. En revanche, il se
consacrera à la dynamique sociale en énonçant la loi de l’évolution intellectuelle de l’humanité ou loi des trois
états.
C’est une loi progressive, générale et linaire d’évolution de l’esprit humain et de la société humaine.
Selon lui, les disciplines scientifiques et les sociétés passent nécessairement toutes par trois états successifs :
1. Un état théologique ou fictif au cours duquel l’esprit humain se représente les phénomènes comme
produits par l’action directe et continue d’agents surnaturel plus ou moins nombreux.
2. Un état métaphysique ou abstrait : les agents surnaturels sont replacés par des entités abstraites.
Ex: liberté, égalité, la raison, l’individu…
3. Un état positif ou scientifique : l’esprit tente de trouver les lois d’évolution en s’appuyant sur le
raisonnement et l’observation.
Selon A. Comte, l’état positif est un stade nécessaire, définitif et stable. Ce point de vue évolutionniste sera
par la suite fortement critiqué.
B. Alexis de Tocqueville (1805-1859)
Contemporain de Comte, A. de Tocqueville n’a pas bénéficier d’une aussi grande réputation que lui. A
cela une explication : le fondateur de la sociologie française, Emile Durkheim, s’est directement appuyé sur
les travaux de Comte et non sur ceux de Tocqueville.
Il est aujourd’hui reconnu par la communauté sociologique contemporaine comme un précurseur a part
entière de la discipline.
1. Un théoricien de la démocratie:
L’Amérique : un modèle de société démocratique
Tocqueville est considéré avant tout come un penseur de la démocratie. Dans son livre, intitulé « De la
démocratie en Amérique », il s’interroge sur les conditions sous-jacentes à la pérennisation de la démocratie
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libérale telle qu’elle s’est élaborée en Amérique. La société américaine représente pour lui le modèle idéal de
la démocratie, en raison de causes historiques (un espace géographique vaste et vierge de toute organisation
économique et politique), de causes culturelles (esprit de liberté, esprit d’association, forte cohésion des
opinions, liberté de presse) et de causes institutionnelles (décentralisation administrative du pouvoir,
fédéralisme).
Démocratie et égalité
Selon lui, démocratie et égalité sont intimement liées. En effet, dans le système démocratique idéal ou
es positions ne se transmettent pas héréditairement, et ou toutes les places sont donc accessibles a tous les
individus, l’égalité sociale est la règle. Autrement dit, comme il n’y a pas de barrières rigides entre les strates
sociales (classes et catégories sociales), la mobilité sociale est possible.
Au terme, cette fluidité sociale engendre une égalisation des conditions de vie, c’est-a-dire une
uniformisation des niveaux et des modes de vie.
2. les dangers de la démocratie :
Tocqueville, observateur critique des systèmes politiques constate que la démocratie n’est pas parfaite.
Ainsi il dénonce quatre grands dangers :
L’individualisme : a partir du moment où l’égalité place les hommes a coté les uns des autres sans lien
commun qui les retienne, des comportements individualistes peuvent se manifester et se généraliser mettant
en péril la constitution d’un corps social cohérent et intègre.
L’anarchie : lorsque les libertés des individus n’ont plus aucune limite, cela peut engendrer l’anarchie.
Le despotisme démocratique : dans une société démocratique le peuple est représenté par des élus qui
exercent le pouvoir politique. Ce principe de la démocratie représentative peut, au bout d’un certain
temps transformer les individus en citoyens passifs (abstentionnisme aux élections) et les placer dans une
situation de servitude.
Le despotisme de la majorité : lorsque c’est le principe de la majorité qui détermine les règles de
fonctionnement d’une démocratie, c’est de plus en plus l’opinion qui mène le monde. Ainsi, a force de se
référer toujours a l’opinion publique, on finit par perdre une partie de son identité personnelle au profit de
comportements et d’attitudes conformistes. La majorité peut ainsi brimer les minorités et restreindre la liberté
individuelle.
C. Karl Marx (1818-1883)
L’œuvre de Marx est importante. A la fois économiste, philosophe, historien, sociologue, home
politique et idéologue, on ne peut le classer dans une seule discipline scientifique. Il n’est donc pas légitime
de le considérer exclusivement comme un sociologue, on peut en revanche affirmer qu’il a participé a
l’invention de la sociologie.
1. Une posture déterministe:
Selon Marx toute société est composée de deux éléments: d’une part d’une infrastructure économique
et d’autre part d’une superstructure sociale.
L’infrastructure regroupe les bases technico-économiques d’une société et la superstructure représente
les institutions politiques, sociales, juridiques d’une société ainsi que ses bases philosophiques, culturelles,
orales et religieuses.
Dans le système d’explication de Marx, c’est l’infrastructure qui détermine la superstructure. En
d’autres termes, la sphère économique a un rôle central dans l’explication des phénomènes politiques,
humains et sociaux.
2. les classes sociales au centre de l’analyse :
L’analyse de Marx porte sur les sociétés de classe (en particulier les sociétés capitalistes), caractérisées
par la propriété privée des moyens de production. Chez lui l’affrontement des classes sociales (la lutte des
classes) est considéré comme le moteur essentiel de l’histoire et donc du changement social.
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L’opposition entre les classes sociales est l’une des caractéristiques essentielles de la société
capitaliste. Marx distingue deux grandes classes sociales que sont les capitalistes et les prolétaires. Celles-ci
défendent des intérêts divergents et contradictoires. Pour sauvegarder leur intérêt respectif, elles sont amenées
à s’affronter dans des conflits plus ou oins ouverts et violents. Cette lutte des classes débouchera, selon Marx,
sur une révolution qui marquera le début de la dictature du prolétariat (société socialiste) qui doit a terme ellemême céder la place a une société sans classes (société communiste). On voit bien le rôle central accordé aux
conflits sociaux. Ils sont facteurs de changement et donc d’innovation sociale, non de désordre sociale.
Définition : La propriété privée des moyens de production
caractérise une société coupée entre ceux qui sont
propriétaires des instruments servant à fabriquer des biens et
des services (les capitalistes dans le cas du mode de production
capitaliste) et ceux qui, ne possédant ni machines ni bâtiments
ni argents, vendant leur force de travail contre une
rémunération (les prolétaires).
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