EMBARGO 25.11.2004 SOUS EMBARGO JUSQU’À 10H00 HEC/HEURE DE BRUXELLES 25.11.2004
Rapport annuel 2004 - Questions sélectionnées
Dans certains pays – Danemark, Allemagne, Grèce, France, Pays-Bas, Autriche, Suède et Norvège – les
centres de traitement proposent un éventail de services sur mesure pour les usagers de cannabis. Mais, dans
l’ensemble, les traitements spécialisés pour cannabis et les modèles de soins font défaut partout en Europe.
Une question essentielle soulevée dans le rapport consiste à se demander si l’orientation des consommateurs
occasionnels de cannabis vers des centres spécialisés de traitement de la toxicomanie, où ils peuvent entrer
en contact avec des héroïnomanes chroniques ou des polytoxicomanes, est appropriée. Le texte indique ainsi:
«Étant donné qu’un grand nombre de ces centres de traitement spécialisés dans la toxicomanie sont
configurés pour répondre aux besoins d’une population souvent chaotique et marginalisée, on peut se
demander s’ils sont adaptés à ceux qui ont des besoins moins urgents, comme la plupart des consommateurs
de cannabis». L’identification de filières d’orientation et de solutions appropriées est la clé de la réussite du
traitement des personnes souffrant de problèmes de consommation de cannabis.
Une pièce manquante dans le puzzle
Le rapport considère que les personnes traitées pour des troubles liés au cannabis constituent une «proportion
non négligeable» des nouvelles demandes d’admission dans les centres spécialisés et forment une sous-
catégorie distincte de la population sous traitement. Ces circonstances ne peuvent être ignorées. Il est
également établi que, bien que la consommation intensive de cannabis soit relativement rare, il résulte de
l’ampleur de la consommation de cette drogue qu’un nombre important de jeunes pourraient être touchés.
En termes de santé publique, l’impact potentiel pourrait être considérable. Or, «beaucoup de questions
importantes (…) restent sans réponse» et il convient de garder à l’esprit que tous les pays ne disposent pas de
données permettant d’analyser la situation avec précision.
Georges Estievenart commente: «Nous avons découvert que la consommation régulière de cannabis est en
augmentation et nous avons mis à plat certaines craintes concernant la puissance du cannabis. Nous savons
également grâce à des études cliniques que les usagers de cannabis peuvent connaître des problèmes de
santé graves et chroniques, tandis que d’autres personnes ayant consommé cette drogue à titre expérimental
ne semblent subir aucun préjudice à long terme. Il nous manque toutefois encore une pièce essentielle du
puzzle, qui nous permettrait de comprendre l’influence de la mutation des modèles de consommation de
cannabis dans l’UE, en particulier, sur les services de traitement. Ce qui nous fait défaut, ce sont les données
qui nous permettraient d’évaluer à quel degré les usagers réguliers rencontrent des problèmes. Ce sont ces
informations qui sont primordiales pour définir, cibler et appliquer des solutions efficaces de santé publique à la
consommation de la drogue la plus répandue en Europe».
COMORBIDITÉ
La plupart des consommateurs de drogues sont atteints de problèmes psychiatriques
La consommation de drogue s’accompagne fréquemment d’une série d’autres problèmes, tels que les
maladies infectieuses (VIH et VHC) et les problèmes sociaux. Les problèmes de santé mentale inhérents à la
dépendance, qui peuvent compliquer l’administration du traitement, sont toutefois nettement moins reconnus.
D’après le rapport publié aujourd’hui, «un grand nombre de personnes, probablement en augmentation» parmi
les patients traités actuellement sont touchés par une «comorbidité» psychiatrique, à savoir la combinaison de
l’abus de substances et de problèmes psychiatriques. Entre 50 et 90% de ces usagers souffriraient de troubles
de la personnalité, et environ un cinquième de pathologies psychiatriques plus graves.
Mais les services de traitement de la toxicomanie ainsi que les équipes psychiatriques échouent régulièrement
dans le repérage des patients atteints de comorbidité. En effet, il est reconnu que ce phénomène est difficile à
diagnostiquer. La toxicomanie et les comportements perturbateurs associés masquent souvent des troubles de
la personnalité et des syndromes psychiatriques réels, ou sont fréquemment confondus avec des états induits
par la prise de substances. Le manque de formation représente également un obstacle: les psychiatres sont
rarement formés dans le domaine du traitement de la toxicomanie et réciproquement. Ils ne sont donc pas