I. La première vague d`extension arabe.

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Boris James
L’expansion de l’Islam : les conquêtes
Cours du 17 novembre 2010
Conquête qui verra la création d’un Empire de l’Indus aux Pyrénées et de la mer d’Aral au
Yémen.
Deux phases essentielles :
- sous Muhammad et les rashidun (jusqu’en 650) avec conquête de la Syrie, Jordanie, etc.
- sous les Omeyyades, de 661 à 741 avec la conquête de l’Asie centrale et de l’Occident (Maghreb,
péninsule Ibérique). Et puis les débuts du recul de l’Empire byzantin.
Dar al-islam = lieu où s’appliquent le règne et la loi de l’Islam, la chari’a. En gardant en tête que lors
des conquêtes, on a un territoire qui devient musulman du point de vue juridique mais où la
population peut rester non musulmane : la Syrie reste chrétienne assez longtemps avec des
complications fiscales. Face à ce dar al-islam, on a un dar al-Harb, lieu de la guerre. Qui est un lieu
non soumis à un pouvoir musulman mais qui a vocation à intégrer le dar al-islam par le djihad.
Cours du mercredi 24 novembre 2010
Trois nouvelles cartes ont été distribuées en séance.
Pour compléter lire, Hugh Kennedy, A Historical Atlas of Islam ( cet atlas est à votre disposition à la
bibliothèque de Clichy).
Sources disponibles sur la conquête
C’est une conquête et non invasion. C’est une conquête militaire (hommes armés s’emparant d’un
territoire.
Invasions = déplacements de population massifs (ex : les barbares au Vème siècle qui ont drainé
beaucoup de population)
Les sources disponibles sont des sources internes et externes :
̵ Les sources internes datent de la seconde moitié du IX à
l’époque du califat abbasside ; donc très tardivement
̵ Sources externes : ce sont des sources non arabes, ou non
musulmanes qui sont contemporaines des faits, notamment de
nombreuses chroniques chrétiennes rédigées en syriaque mais
aussi en grec.

Thomas le Presbytre : rédaction en syriaque. Il écrit vers 640.

La chronique arménienne dite de Sebèos. C’est une chronique un peu polémique qui va
présenter la conquête musulmane comme un crypto-judaïsme (c’est-à-dire un judaïsme
camouflé)

Il y a aussi des sources coptes, comme par exemple les textes de Jean de Nikiou (c’est une
ville). Il a été avant les années 620 l’évêque d’Alexandrie, puis démis par les byzantins.

De nombreuses sources byzantines en grec

Quelques sources en langue latine.
Les sources concernent essentiellement la sphère byzantine et moins l’Iran.
Elles permettent la comparaison avec les sources arabes et nous donnent le point de vue des
populations conquises.
Par exemple : Jean de Nikiou qui est un copte (indigène de l’Egypte) ne voit pas de si mauvais œil la
conquête musulmane, il a plus de griefs contre les Byzantins que contre les Arabes qui ne sont pas
plus violents et qui ne pillent pas plus les ressources du pays.
- Sources arabes
Il existe une littérature qui s’intéresse aux petites expéditions du prophète appelées les ‫ مغازي‬qui
vient du terme razwa qui désigne les expéditions contre les caravanes. Récits des expéditions
militaires à l’époque médinoise contre les caravanes mecquoises notamment.
Le problème c’est qu’elles ont été restituées dans les sources tardives : IXème et plus tard. Elles ont
été probablement écrites avant (sur papyrus).
- Conquêtes en arabe est désigné par ‫ فتوح‬. Il y a un genre littéraire qui s’intéresse à la conquête,
celle qui va mener les armées musulmanes vers le nord et le domaine byzantin et sassanide. Ce genre
littéraire est désigné par ‫ فتوحات‬.
Par exemple l’ouvrage le plus connu c’est celui de ‫ كتاب فتوح الدان‬, ‫ اابالذري‬l’auteur est irakien et
il décède en 892, sous le règne de califes abbassides, plus de deux siècles après les événements qu’il
relate.
On connaît ce texte uniquement sous forme résumée. C’est un peu ambigu car il a recourt à des
informations orales (auprès de traditionnalistes reconnus à Bagdad notamment). Il a aussi recourt à
des sources écrites aujourd’hui perdues.
Il suit une méthode traditionnelle, il rapporte, sur un thème donné, l’ensemble des versions qu’il a pu
recueillir. Elles peuvent être totalement contradictoires. Parfois il donne sa préférence, mais souvent
il laisse l’ensemble des versions dans son ouvrage.
‫ الطبري‬:
Il décède vers 923. Il est d’origine iranienne. Le Tabaristan est une région du sud de la Caspienne
(sphère sassanide).
Il est l’auteur d’une histoire universelle qui s’appelle : Histoire des prophètes et des rois.
C’est l’histoire depuis la création du monde à 915 de l’ère chrétienne. Ces sources sont arabes
anciennes, soit orales soit écrites.
 On dispose de sources historiographiques abondantes mais mises sur papier de manière assez
tardive.
I. La première vague d’extension arabe.
Il y a un petit temps de pause entre la mort de Othman et l’avènement des Umeyyades.
1.
Rappel sur le prophète de l’islam chef de guerre et conquérant
Ce sont les conquêtes qui débutent dès l’époque du Prophète.
Deux biais :
-
la Mecque : prise en 630 (négociations, retour en faveur du Prophète, le petit pèlerinage et
conversion de tous les Mecquois…)
-
Conquête vers le nord qui va passer par la conquête de l’oasis de Ḫaybar en 628.
Dans le prolongement de Ḫaybar, il y a les premières tentatives d’expédition vers le Nord (Tabouk)
 Ralliement des tribus arabes au Prophète qui est une sorte d’effet diplomatique du fait de
l’importance de Quraïš.
2.
Conquêtes de Abu Bakr :
Ce n’est qu’à la mort du Prophète que les grandes conquêtes vont débuter avec Abu Bakr de 622
à 634.
L’œuvre essentielle de Abu Bakr :

Ramener l’ensemble des tribus de l’Arabie à l’Islam : lutte contre l’apostasie
Très vite, en moins d’un an, l’ensemble des tribus qui avaient fait défection étaient revenues dans le
giron de l’islam.

Unification par une religion et une direction politique commune.
Le début des conquêtes et expéditions vers l’Irak, enclenchées par Abu Bakr, est une sorte de
dérivatif à l’agitation des tribus arabes.
Par exemple : les premières expéditions contre l’Irak menées par les tribus de Bakr. Il est possible
qu’ils aient pillé l’Irak et la Syrie et invité ensuite Abu Bakr à se joindre à eux.
 Vaste mouvement de conquête qui va débuter vers 632-634. C’est à ce moment-là que les
conquêtes se dirigent vers l’extérieur de l’Arabie et donc vers la frontière byzantine.
Notamment en 634 la bataille de ‫= مرج راحت (مرج‬c’est une plaine), près de Damas. Elle a eu lieu
entre les Ghassanides (affidés de l’état byzantin) et les Arabes.
Une autre bataille a lieu à ‫ األجنادين‬près de Bosra (‫ بُصرى‬en Syrie - à ne pas confondre avec Basra en
Irak ‫ )بَصرة‬qui oppose les musulmans et les Byzantins qui perdent la bataille.
Ces faits sont importants mais ils ont lieu dans une sphère territoriale restreinte.
3.
Conquêtes de Umar : 634-644
- Conquêtes de l’Egypte, de la Syrie, ensemble de l’empire Sassanide.
- Ces zones géographiques sont sous domination de l’empire Byzantin ( chrétien avec capitale
Constantinople) et Sassanide zoastrien et dont la capitale Ctésiphon.
a)
Conquête de la Syrie Palestine
Elle était sous domination byzantine. Mais de 612 à 627 elle était passée à l’empire sassanide et
reconquise ensuite par les Byzantins en 627.
La Syrie est la première province arrachée aux Byzantins en 634.
En 635 : prise de Damas après un siège de 6 mois. Heraclius (le basileus) a tenté de reprendre la
Syrie, mais il a beaucoup de mal car l’armée est épuisée par les combats avec les Sassanides. De plus,
son armée est constituée de beaucoup de mercenaires (qui font défection par la suite).
En 636 : bataille du Yarmuk (affluent du Jourdain). Au nord du Jourdain a lieu cette bataille, les
Byzantins, les Arméniens, les Ghassanides vont être vaincus et se replient vers le Nord.
 Conquête de la Syrie, hormis Jérusalem
638 : prise de Jérusalem après un siège de deux ans. Jérusalem était restée byzantine.
Cette conquête va être consacrée par la visite du calife Umar en 638.
 de 634 – 638 : 4 ans pour conquérir la Syrie.
Conquête définitivement achevée en 640 avec la prise du port de Césarée.
b)
l’Egypte
Conquise juste après Syrie entre 639 et 646.
L’Egypte venait à peine d’être récupérée par Heraclius car elle était occupée par les Sassanides en
619 et 628.
628 : reprise de l’Egypte par les Byzantins.
Les Byzantins ne sont pas si à l’aise que ça dans l’Egypte : conflit entre coptes et chalcédoniens).
Le gouverneur byzantin est melchite, il est aussi en 628 patriarche de l’église byzantine. Il s’appelle
Cyrus.
La population copte est rétive à l’occupation byzantine : maltraitance de l’église byzantine et
gouverneur byzantin (impôts élevés).
De plus, l’Egypte est très riche en matière agricole : gros excédents céréaliers qui permettent de
pallier les problèmes de nutrition à Constantinople.
La conquête de l’Egypte a lieu à l’initiative de ‫ عمور بن العاص‬. Il décide de faire la conquête de
l’Egypte mais pas le calife Umar. Umar va devoir envoyer des renforts, mais ce n’est pas vraiment de
son propre gré.
En 640, arrivée des troupes arabes en Egypte. Elles évitent le détroit du Nil et s’emparent de Pélouse,
d’Héliopolis.
641 : Prise de Babylone d’Egypte en 641 (près de l’actuel Caire).
‫ فسطاط‬: une des villes camps créées par les armées arabes pour accueillir les troupes. Plus tard, cette
ville devient le Caire.
‫ عمور بن العاص‬y construit une mosquée portant son nom. Les Arabes vont remonter le Nil vers le
Sud et s’emparent de l’oasis du Fayyūm.
Ils se dirigent aussi vers le nord, vers le delta du Nil ou ils rencontrent une résistance assez moyenne,
du fait de l’opposition entre les Coptes et les Chalcédoniens.
Arrivés au nord, les troupes arabes prennent enfin en 645 la grande cité d’Alexandrie, après un
siège et de longues négociations. Ce sont les autorités locales byzantines qui vont capituler.
L’Egypte : lourde perte pour l’empire byzantin (car grenier à blé de l’empire)
c)
Conquête de l’Irak et de l’Iran.
Ces deux sphères géographiques étaient sous domination sassanide.
- De 634 à 635 : premiers pillages et expansion musulmane sous la houlette des tribus arabes  mais
ce n’était pas décisif.
- Première grande bataille, la bataille d’Al QADISYYA qui a lieu en 637. Elle se situe sur la rive
droite de l’Euphrate près de Hira (capitale des Lahmides)
Tout le sud de l’Irak va tomber aux mains des Arabes qui occupent Ctésiphon.
L’armée sassanide et la cour de l’empire se réfugient dans le Zagros. (Chaîne à l’est de l’Irak et ouest
du plateau iranien).
Les Arabes ayant pris l’Irak vont s’y établir et y établissent deux villes camps :
-
Basra : base de la conquête vers le Fars (‫ ) فارس‬, le Kerman.
-
Kufa : ‫ كوفة‬va être la base pour la conquête vers le nord, c'est-à-dire Mossoul, Azerbaïdjan.
- Les armées arabes vont occuper la région de Bahreïn (côte occidentale du golfe persique) et le
Hūzistan (côte orientale du golfe (Bander Abbas aujourd’hui)
- De 639 à 641 : les armées arabes font la conquête de la ‫ جزيرة‬,la Haute Mésopotamie (cours
supérieur de l’Euphrate et du Tigre) dont la ville principale est Mossoul.
- 641 : conquête de Mossoul, conquête qui ouvre la porte à la conquête de l’Arménie (pourtour du lac
de Van).
- 645-646 : conquête de l’Arménie. (on est alors sous Othman)
- Les Sassanides continuent à fuir les armées arabes. Et entre 642 et 644, les Sassanides seront défaits
lors de la bataille de Nihāvend. Bataille qui a lieu à 1800 mètres d’altitude près de la ville de
Hamadan. Défaite et fuite de dignitaires sassanides et du reste des troupes qui se dirigent vers le Nord
du Khorassan non encore conquis (Est de la Caspienne, entre la Caspienne et mer d’Aral)
- 650 : Assassinat de Yazdegard III (la fuite des troupes s’arrête).
4.
Othman de 644 à 656
On assiste à la fin de la conquête de l’Iran et chute empire sassanide.
- En 651 : la conquête du Ḫorasan et une tentative de dépassement de la Amu Darya et de l’Oxus. Ce
dépassement de l’Oxus = premiers contacts entre les troupes arabes et les Turcs.
Plus au sud, l’extension va vers l’extrême de l’Iran (actuel Baloutchistan) pour atteindre les frontières
de l’Indus (aujourd’hui c’est le Pakistan).
- Première extension vers l’Ifriqiyya (Tunisie actuelle et une partie de la Libye).
Cette conquête vers le Maghrib est entamée sous Umar et est continuée par Othman
- 642 : conquête de Barqa en Libye.
- 643 : conquête de Tripoli en Libye
- 647 : conquête de l’Ifriqiyya , c'est-à-dire de la Tunisie actuelle , avec victoire sur les Byzantins
près de la ville de Carthage.
- Après 647 : retour au calme sous le califat d’Ali.
Les conquêtes reprennent entre 661 et 751 avec la conquête de l’Asie centrale du Maghrib, d’Al
Andalous, et du sud de l’Europe.
Cours du 1er décembre
II. Conséquences : Vers la création d’un empire.
-
l’organisation du territoire conquis surtout sous Oumar de 634 à 644.
-
Il y a un vide juridique, le Qoran ne dit pas comment traiter les régions conquises on se réfère
à la Sunnah (conquête de Khaybar et son attitude face au juifs de Médine)
1.
Du butin à l’impôt, soumission politique et émergence de l’état
Il existait à l’époque une distinction entre les régions conquises par la force et celles par capitulation.
Elles ne sont pas considérées de la même manière et ne paieront pas les mêmes impôts.
̵ Les régions conquises par la force (Iraq)
Les terres qui se trouvent dans ces régions sont du butin, des propriétés de l’état musulman appelé le
fay’.
̵ Les régions qui ont capitulé
La situation locale est respectée
Les propriétaires fonciers gardent leurs biens mais ils ont obligation de payer les ‫ خراج‬- impôt annuel
sur les terres et les récoltes.
Cependant, les troupes musulmanes prennent des terres aux empires vaincus. C’est alors que le bayt
el-mal gère ce butin.
Il va verser la pension aux combattants et à certains notables qui entrent dans l’islam.
Avec les conquêtes les sources de revenus de l’état musulman se multiplient.
̵ La zakat
Payée en nature, mais transformée par le bayt el-mal en monnaie
̵ La ‫ جزية‬payé par les ‫ذِمي‬, (dhimmis)
Le butin (dans les premiers temps de la conquête)
Il faut renforcer les services administratifs du bayt al-mal. Cela donne naissance à une administration
(plusieurs mêmes)
Le dīwān qui se découple avec al_gayš, le ministère de l’armée en quelque sorte (il gère les armées et
la redistribution de la rente).
Le calife nomme des gouverneurs : les wali ou amîr (‫) أمير‬
Souplesse administrative des conquérants dans un premier temps qui laissent en place des
administrateurs locaux déjà en place. Les structures des territoires conquis restent en place. Dans un
premier temps, l’arabe va côtoyer le grec et le syriaque à certains endroits.
2.
Fondation de villes nouvelles.
De grandes provinces vont être conquises, mais les armées ne vont pas s’y installer.
- (Ctésiphon) ‫ المد ائن‬ou
‫( كتيسفون‬aujourd’hui désignée par ces deux noms) : prise en 639
- Alexandrie : prise en 642, mais ne devient pas la capitale de l’Egypte
- Césarée ou Damas, ne deviennent pas des capitales non plus.
On préfère fonder des campements militaires qui se transforment en ville ou amsar (‫( امصار‬singulier
= ‫ )أمصار‬qui servent à loger les troupes musulmanes au départ (Kufa, Basra), en Syrie Jābiya (‫) جابية‬
au sud de Damas, et Kairouan au sud de Carthage, Fustat en Egypte.
Au centre, on trouve une mosquée généralement.
Autour des quartiers appelés ‫ ِخطاط‬ou vont être logés les contingents par groupement tribal.
Ces villes vont jouer un rôle important au premier temps de l’Islam (Fustat la ville la plus importante
d’Egypte jusqu’à l’avènement des Fatimides)
3.
Statut des non-musulmans
- La situation des populations polythéistes : en général des tribus arabes qui ont le choix entre la
conversion ou la mort
- Les monothéistes : considérés comme des gens du livre ‫ أهل الكتاب‬qui conservent leurs biens et
peuvent pratiquer leurs cultes (sauf si conquête du territoire par la force). Ils ont le statut de ‫ ذِمي‬.
Le terme de dhima peut signifier : Humiliation ou sujétion ou même protection.
Le statut s’applique aux chrétiens, juifs, zoastriens, sabéens. Ils doivent s’acquitter d’un impôt la
jizya (impôt qui est le prolongement de la capitation (impôt prélevé dans l’empire byzantin , impôt
par tête)
Cette jizya est un revenu très important au début de l’état musulman.
- La liberté de culte : beaucoup de récits insistent sur ce fait (kitab futuh al buldan) : il parle de la
conquête de Damas, les musulmans s’engagent à conserver les églises et à ne pas les transformer en
mosquées.
Pas de vaste mouvement de conversions forcées. L’assujettissement suffisait.
4.
Naissance de l’islam : création d’une culture arabo-musulmane
a. Islamisation : Islam religion officielle et principale du nouvel Etat. Ne sera pas la religion
majoritaire jusqu’au 12ème siècle. Exemple : Damas majoritairement chrétienne. Lent mouvement
de conversion à l’Islam en partie pour des raisons financières. Peut être aussi que dans un premier
temps l’entrée dans l’Islam n’apportait pas de changement particulier de statut.
b. Arabisation : adopter la langue arabe. Processus rapide sous certains aspects notamment la langue
écrite : adoption par les lettrés de l’arabe comme langue de culture et d’administration au moins en
parallèle avec les langues d’origine des territoires conquis. Par contre pour les langues parlées le
processus sera plus long (berbère et langues iraniennes (persan langue de culture sera éclipsé mais
renaîtra vers le X1ème siècle), kurde, baloutche etc..).
c. Zone de libre échange : culturel, commercial, artisanal et artistique jusqu’à l’aube du XXème
siècle. A la chute de l’Etat abbasside et l’émergence de pouvoir locaux, l’espace de l’empire
restera un espace d’échanges.
III/ Les raisons du succès des conquêtes : processus politique et militaire planifié par les califes.
1. Causes internes :
a. affaiblissement des byzantins et des sassanides du fait de leur luttes pendant les 20 années qui ont
précédées les conquêtes arabes. Recours à des armées de mercenaires qui ont fait défection (ex.
bataille de Yarmouk)
b. Immensité des territoires des empires et la difficulté de les contrôler en période de lutte contre le
voisin
c. Byzance : failles internes de la chrétienté tardive suite aux conciles et donc populations ouvertes à
une autre domination que celle de Byzance (cas des coptes en Égypte) d’une part et l’exploitation
économique de territoires fortement taxés (ex. Egypte). Ainsi la taxation des musulmans aurait été
moins forte que celle de Byzance et la tolérance religieuse plus grande.
d. Maintien fréquent de l’administration en place et des fonctionnaires.
e. Donc peu d’opposition de la population hors le cas des berbères au Maghreb.
f. Sassanides : clergé zoroastrien (les Mobed) ont été une force de résistance.
2. Causes externes : projet mené par des grands chefs militaires issus de l’aristocratie
Mecquoise.
Sur le plan technique les armées arabes n’avaient pas l’avantage mais les stratèges des armées arabes
ont fait la différence.
ّ ‫ سيف‬mecquois issus du clan des makhzums. Se bat contre les
a. ‫ خالد ابن الوايد‬ou sabre de dieu : ‫الل‬
musulmans puis se convertit en 627 et participera à la prise de la Mecque. Plusieurs missions lui
seront confiées dont la lutte contre la Ridda sous Abu Bakr. Conquête de l’Irak en 633 qu’il
prolongera dans l’appui à la conquête de la Syrie. Démis de ses fonctions par ‘Umar à la mort
d’Abu Bakr (pourquoi ? importance de sa popularité ?). Décède en 642.
b. ‫ عمر بي العاص‬dont le sceau représentait un taureau en train de charger. Qurayshite convertit en
629/630 juste avant la prise de la Mecque. le prophète l’envoie à Oman pour négocier avec les
souverains locaux et les rallier à l’Islam. En 633, envoyé par Abu Bakr en Palestine. Présent à
yarmouk et lors de la prise de Damas. Se lance ensuite à la conquête de l’Egypte. Prise
d’Alexandrie en 642 après un siège de 5 mois. Organise l’administration de l’Egypte (gvt / justice
/ taxes et fondation de Fostat). Sera démis par ‘uthman. Entre dans l’opposition et ne jouera plus
de rôle prépondérant. Se ralliera aux Omeyyades contre ‘Ali.
c. ‫ معاوية بن أبي سفيان‬contribue à la conquête de la Syrie sous Abu Bakr avec son frère Yazid. Sous
‘Umar devient gouverneur de Damas et s’occupe de la collecte du Kharadj.
d. Conclusion : tous sont soldats et élite gouvernante des provinces conquises.
3. Interprétation historique des conquêtes : autres causes au succès ?
a. certains auteurs évoquent les raisons démographiques (excès démographiques des tribus arabes) et
crise économique dans la péninsule. Le facteur démographique semble avoir joué.
b. Quelle importance accorder au facteur religieux ? le zèle religieux des populations nouvellement
converties a-t-il joué ? Dans la constitution de Médine et dans le Coran mentions fréquentes de
‫ قتال‬/ ‫جهاد‬. Idem dans certains hadiths. Cependant cet effort de guerre serait surtout dirigé contre
les mecquois en tout cas dans ces textes. Pas guerre sainte au sens de l’historiographie occidentale
des croisades, mais plus une guerre légale, c'est-à-dire une guerre qu’il est licite d’effectuer. Le
Djihad est une obligation collective en termes de guerre pour défendre la communauté et non une
obligation individuelle (au sens de l’effort). Les premiers combattants de l’islam sont des arabes
bédouins. L’intégration de non arabes intervient au 8ème siècle avec les troupes berbères qui
fourniront le gros des troupes dans la conquête d’Al Andalus. De quelles forces parle t on ? 50 000
hommes sous ‘Umar et deux fois plus sous les omeyyades ? (chiffres sujets à caution).
Prochaine expansion : expansion pacifique pour l’Asie du Sud via les routes commerciales et
expansion militaire des omeyyades.
Conclusion : création d’un espace musulman et arabophone. Le Dar El Islam le restera jusqu’à
aujourd’hui (au XXIème siècle : le monde arabo musulman) à l’exception de la Sicile et de
l’Espagne.
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