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Dimanche 2 novembre 2014 : de Naplouse à Nazareth
De notre hôtel situé en pleine ville de Naplouse, nous pouvoir voir sur les toits des
bâtiments, des réserves d’eau.
Le père Maurice Roger nous a parlé de
l’inégalité des habitants du pays vis-àvis de l’eau. Un israélien consomme en
moyenne 320 L d’eau par jour alors
qu’un palestinien ne dispose en moyenne
que de 24 L. C’est pourquoi ils stockent
l’eau dans des citernes sur les toits.
Nous commençons notre journée par la visite du monastère orthodoxe de Bir Ta’qyb. Ce
monastère, dans la crypte duquel on trouve le Puits de Jacob, est la propriété des grecs
orthodoxes depuis 1860. Ils avaient entrepris avant la première guerre mondiale la
restauration de l’église des croisés, mais les travaux furent arrêtés en 1914. Ils ont repris
depuis 1997 sous la commande du Père Justinos, prêtre orthodoxe, que nous verrons plus
tard dans son église.
Dès le IV° siècle, les pèlerins signalent à cet endroit une église dont le centre est le puits.
Au XII° siècle les croisés élevèrent sur les ruines du sanctuaire une église à trois nefs
dont le chœur est posé sur la crypte du puits. La tradition fait remonter ce puits au
patriarche Jacob. Celui-ci, à son retour de Mésopotamie, se fixa un certain temps dans
cette région avec ses nombreux troupeaux. Jacob s’attarda longuement dans cette contrée
et y acheta un terrain C’est la tradition qui attribuera au patriarche le creusement de ce
puits, situé à un important croisement de routes, et qui constitue le seul point d’eau de la
région.
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Saint
Jean
l’évangéliste
rapporte
l’entretien de Jésus avec la Samaritaine,
cette femme venue du village voisin de
Sychar.
Jean 4 (5 – 15)
C’est ainsi qu’il parvint dans une ville
de Samarie appelée Sychar, non loin
de la terre donnée par Jacob à son
fils Joseph, là même où se trouve le
puits de Jacob. Fatigué du chemin
Jésus était assis tout simplement au
bord du puits.
C’était environ la sixième heure. Arrive une
femme de Samarie pour puiser de l’eau. Jésus
lui dit : « Donne-moi à boire » Ses disciples
en effet étaient allés à la ville pour acheter
de quoi manger. Mais cette femme, cette
Samaritaine lui dit : « Comment ? Toi un juif,
tu me demandes à boire à moi, une femme
samaritaine ! ». Les Juifs en effet ne veulent
rien avoir de commun avec les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dis :
« Donnes-moi à boire », c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau
vive ». La femme lui dit : « Seigneur tu n’as même pas un seau et le puits est
profond ; d’où la tiens-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand toi que notre
père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses
bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif mais
celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : au contraire, l’eau
que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle ». La femme
lui dit : « Seigneur donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus
à venir puiser ici »
En entrant dans l’église, on est frappé par
la luminosité de l’édifice. Une icônostase de
toute beauté sépare le lieu du culte de la
foule des fidèles. Les murs sont décorés
d’icônes. Nous pourrons les admirer et
partager avec l’artiste qui les a peintes
après la visite de la crypte où se trouve le
puits
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Très étroit à son orifice, le puits s’élargit et
acquiert un diamètre de 2,5 m. Il est taillé dans la
roche calcaire.
Sa profondeur dépasse les 30 m.
La margelle du puits a été transportée par
l’empereur Justinien à Constantinople, où on
pouvait la vénérer dans l’église Saint Sophie.
Malheureusement elle a disparu sans laisser de
traces après la transformation de l’église en
mosquée en 1453
Sauf aux années d’exceptionnelle sécheresse,
l’eau du puits de Jacob est toujours là.
On peut la puiser à l’aide d’un seau.
Après la crypte, retour dans la nef où nous
rencontrons le patriarche Justinos. Cela fait 40
ans qu’il s’occupe de cette église.
Peint sur le dôme, un Christ Pentocrator
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Le père Justinos a « écrit » un certain nombre des icônes qui ornent les murs de l’église. Et
c’est avec beaucoup d’attention que nous l’écoutons nous révéler la subtilité des couleurs
utilisées qui font ressortir la lumière de l’ombre.
Maurice se fait l’interprète de ses paroles lorsqu’il
nous décrit certaines d’entre elles. On peut lire dans
le regard du peintre la fierté du travail accompli.
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En sortant de l’église, le père Maurice attire notre
attention sur deux mosaïques apposées sur les murs
extérieurs où l’on reconnait Justinos. Au même
endroit la tombe de son prédécesseur qui a été tué
par un colon juif il y a 40 ans.
Après cette visite nous assistons à la messe à la paroisse latine de Saint Justin à Rafidia
Sichem. Saint Justin, né à Naplouse, a été décapité en 165 à cause de sa foi chrétienne. La
communauté catholique de cette paroisse compte environ 200 personnes.
A sa tête, le père Johnny Abu Khalil, curé de Naplouse, qui célèbre ce matin la messe de la
fête des morts. Il mène ses « ouailles » (lecteurs, organiste, chorale) d’une main de maître.
Ce jour-là il ne pourra pas discuter avec nous parce qu’il doit accompagner ses fidèles pour
une bénédiction des tombes au cimetière de Naplouse.
Une interview de lui sur une chaine de télévision vous parlera mieux de lui que ce que ne
pourrais le faire. Je vous invite à voir le site qui vous expliquera pourquoi cet homme qui a
commencé sa carrière comme concepteur de mode, est aujourd’hui curé dans cette église
de Naplouse, à la tête de 250 fidèles.
www.youtube.com/watch?v=eyxS50zRYcmM
Il suffit même de taper son nom sur Google pour avoir tous ces renseignements.
Johnny Abu Khalil
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Quittant Naplouse, nous prenons la route de Sébaste. Nous y déjeunons, sous le portrait
de Yasser Arafat, au pied de la colline sur laquelle fut bâtie la ville antique de Samarie.
En gravissant la colline, nous nous arrêtons voir les ruines d’une petite église byzantine de
type basilical dont la crypte présente des fragments de fresques de la vie de saint Jean
Baptiste
Le père Maurice nous décrit la petite église avec à l’entrée le narthex réservé aux
catéchumènes, puis au fond, derrière l’iconostase qui séparait le lieu du culte de
l’assistance ; l’abside au centre comportait l’autel, à gauche le prothésis où était préparée
l’offrande et à droite le diaconicon où étaient stockés des vêtements et des livres
nécessaires au culte.
Plus haut sur la colline, les ruines de l’acropole.
La
Bible
et
l’archéologie
nous
permettent
de
suivre
l’évolution
historique
de
cette
ville
dont
l’importance fut grande et qui n’est
aujourd’hui qu’un petit village.
C’est le roi Omri qui vers 880 av JC fit
entrer Sébaste dans l’histoire. Il acheta
la colline et appela du nom de Samarie, la
ville qu’il fit construire.
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Son fils Achab poursuivit les travaux,
mais en épousant Jézabel il fit ériger un
temple à un dieu païen dont il favorisa le
culte. Elie se fit le vengeur du vrai dieu et
détruisit la ville.
Jéroboam se heurta par la suite à
l’intransigeance du prophète Amos qui
reprochait à la bourgeoisie de Samarie
son luxe scandaleux avec les demeures
d’ivoire. Après deux siècles d’existence, le
royaume de Samarie disparait de l’histoire
Alexandre Le Grand en 331 y fait
construire des tours dont il reste des
spécimens.
Il faudra ensuite la venue des Romains
pour que la vie reprenne sur la colline.
En 30 l’empereur Auguste l’offre à Hérode. Celui-ci en fait une cité romaine qu’il dédie à
son bienfaiteur en lui donnant le nom de Sébaste (Auguste). On voit ici les restes du
temple avec son imposant escalier de pierres. Au sommet du temple l’espace réservé au
dieu.
En redescendant de la colline, les restes d’une tour hellénistique dont il subsiste 19 assises.
Tout à côté, un théâtre romain
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Au bas de la colline les vestiges d’une rue à colonnes et sur la route du retour passage près
de l’une des portes hellénistiques de la ville ancienne
Après cette visite, direction Nazareth. Nous passons de la Samarie aux terres fertiles de
Galilée. Nous quittons la Cisjordanie pour entrer en territoire Israélien. Nous sommes
arrêtés à un check point pour vérification des passeports.
Nazareth qui compte 100 000 habitants comprend la ville inférieure, essentiellement arabe
et la ville supérieure, Nazareth Ilith, peuplée de juifs. La coexistence entre les deux
communautés est difficile, les Arabes accusant les Israéliens d’accaparer leurs terres.
Au temps de Jésus, Nazareth n’est qu’une bourgade de 200 à 300 âmes. D’où la remarque
de Nathanaël : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Jean 1 (46)
Arrivés à Nazareth, notre chauffeur nous dépose non loin de la basilique de l’Annonciation
près de laquelle est situé notre hébergement pour deux nuits chez les sœurs de Nazareth.
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La Basilique de l’Annonciation dont on voit le
dôme noir, a été commencée en 1960 et
consacrée en 1969. En 1999 un différend a
éclaté entre chrétiens et musulmans, ceux-ci
projetant de construire une mosquée à proximité
de l’édifice.
Un panneau près de la Basilique nous rappelle
l’animosité entre les deux communautés.
La nouvelle basilique a été construite sur les vestiges d’anciens sanctuaires. Elle a été
inaugurée en 1964 par le pape Paul VI et consacrée en 1969.
Lors des travaux on a mis au jour des vestiges d’une église byzantine datant du V ° Siècle
et d’une église croisée du XII° siècle. On a découvert aussi des ruines datant du 1 er siècle
comme des fondations d’habitations, des restes de silos et des presses à huile.
L’installation des Franciscains en 1620 permit de renouer avec la tradition. En 1730 et en
l’espace de six mois – le temps qu’il fallait aux musulmans pour accomplir le pèlerinage à la
Mecque – les franciscains construisirent une église dont le chœur était placé au-dessus de
la grotte. Cette modeste église fut détruite en 1955 pour faire place à la basilique actuelle
Elle a été construite de telle façon qu’il soit possible de voir les vestiges des églises
anciennes du haut de l’esplanade. Le nouveau bâtiment est constitué de deux églises
superposées
Dans celle située au niveau inférieur se trouve la grotte de l’Annonciation où Marie aurait
vécu et les restes de l’église byzantine
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Dans la grotte, un autel sur lequel une inscription est gravée dans le marbre :
VERBUM CARO HIC FACTUM EST
ICI LE VERBE S’EST FAIT CHAIR
Cet événement est relaté dans l’évangile de Luc 1 (26 – 38)
Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom
de Nazareth à une jeune fille, accordée en mariage à un homme nommé Joseph de la
famille de David ; cette jeune fille s’appelait Marie. L’ange entra auprès d’elle et lui
dit : « Sois joyeuse toi qui a la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi ». A ces
mots elle fut très troublée, et se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit : « Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de
Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera
le trône de Davidson père ; il règnera pour toujours sur la famille de Jacob et son
règne n’aura pas de fin. Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il puisque je
suis vierge ? ». L’ange lui répondit : « L’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance
du Très-Haut te couvrira de son ombre : c’est pourquoi celui qui va naître sera saint
et sera appelé Fils de Dieu. Et voici Qu’Elisabeth ta parente est elle aussi enceinte
d’un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la
stérile, car rien n’est impossible à Dieu. ». Marie dit alors : « Je suis la servante du
Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ». Et l’ange la quitta.
Dans cette basilique inférieure, le
tracé des murs suit celui de la
basilique croisée, dont les trois
absides ont été conservées et
reconstituées.
La basilique supérieure, par la richesse de sa
décoration, veut rappeler la glorification du Christ et
de Marie.
La coupole de diamètre 17,80 m s’élève à 40 m audessus du pavement.
La grande mosaïque derrière le maître-autel
représente l’Eglise une, sainte catholique et
apostolique. On y voit le Christ à gauche, Pierre à
droite, Marie près du Christ.
En bas à gauche le peuple des baptisés et à droite, en
haut les apôtres et plus bas les évêques avec leurs
tiares.
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La verrière du fond de l’église est un don des fidèles de France. Elle est l’œuvre de Max
Ingrand, celui même qui a rénové les vitraux de la basilique d’Hennebont.
Sur les murs latéraux on remarque des images de Marie provenant de divers pays. L’œuvre
offerte par la France est une mosaïque représentant Marie et son fils
Après cette visite, retour à notre hébergement, diner puis recueillement et prières en ce
jour du 2 novembre pour faire mémoire des défunts qui nous sont chers.
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