Laminopathies

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Paris/Évry, le 12 janvier 2006
COMMUNIQUE DE PRESSE
Laminopathies
Prévention de la mort subite grâce à la pose d’un
défibrillateur cardiaque
Une équipe de chercheurs coordonnée par Denis Duboc (Hôpital Cochin –
Paris, Université René Descartes Paris V) vient de démontrer l’intérêt de
l’implantation préventive d’un défibrillateur cardiaque pour les personnes
atteintes de laminopathies, des maladies rares d’origine génétique pouvant
causer une mort subite suite à un trouble du rythme cardiaque. Ces résultats
montrent que les progrès réalisés en génétique permettent, par la précision
du diagnostic moléculaire, de faire profiter aux maladies rares d’innovations
technologiques développés pour des affections fréquentes comme l’infarctus
du myocarde.
Ces travaux, soutenus notamment par l’AFM grâce aux dons du Téléthon,
sont publiés ce jour dans The New England Journal of Medicine. Ils
s’inscrivent dans les actions de recherche clinique de l’AFM pour une
meilleure prise en charge médicale des malades, des actions qui ont permis
un allongement notable de la durée de vie dans beaucoup de maladies
neuromusculaires.
Les laminopathies représentent un groupe de maladies à la présentation clinique hétérogène.
On y trouve par exemple la forme autosomique dominante de la dystrophie musculaire
d’Emery-Dreifuss, certaines myopathies des ceintures, certaines lipodystrophies et certaines
cardiomyopathies. Elles sont dues à des mutations du gène LMNA, codant pour des protéines
localisées sur la membrane qui entoure le noyau de la cellule, les lamines A/C. Le gène
responsable a été découvert en 1999 par une équipe de chercheurs français dirigée par Gisèle
Bonne (Inserm, Institut de Myologie, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Des analyses
familiales ont montré que la mutation génétique des laminopathies était associée à des
dysfonctionnements cardiaques parfois importants (troubles du rythme ventriculaire), et
notamment à une forte incidence de mort subite, même après implantation d’un pacemaker.
Pour certains membres de ces familles, la mort subite était la seule et unique manifestation de
leur maladie.
L’étude coordonnée par Denis Duboc, menée entre 1999 et 2004 en France et aux Pays-Bas, a
concerné 19 patients au total, âgés de 19 à 50 ans (14 hommes et 5 femmes). Ces patients
ont été recrutés selon les critères suivants : diagnostic génétique de laminopathie et défauts
de conduction cardiaque avérés. Pour chacun de ces patients, un défibrillateur cardiaque a été
posé au lieu du pacemaker habituellement indiqué.
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Durant les cinq années de suivi (mars 1999 – janvier 2004), 8 patients ont présenté un trouble
du rythme ventriculaire grave, ayant déclenché l’utilisation du défibrillateur. Parmi eux, 6
patients ont été victimes d’une fibrillation ventriculaire (contraction du cœur mais non suivie
d’une éjection efficace du sang dans les artères), à laquelle le pacemaker n’aurait pas pu
répondre. Grâce au défibrillateur, ces 6 personnes ont pu échapper à une mort subite.
Les cliniciens ont ainsi démontré le rôle préventif du défibrillateur cardiaque pour assurer la
survie des personnes atteintes de laminopathies et exposées à des dysfonctionnements
cardiaques majeurs. D’autres équipes de chercheurs s’intéressent parallèlement à l’incidence
de cette mutation génétique dans des morts subites restées inexpliquées à ce jour.
Ces travaux montrent que des innovations technologiques telles que les défibrillateurs
cardiaques miniaturisés, développés pour des affections très fréquentes, peuvent servir à des
maladies rares du fait d’une meilleure compréhension des manifestations cliniques provoquées
par les mutations génétiques. Ils prouvent à nouveau la complémentarité naturelle des
recherches fondamentale et clinique.
Le professeur Denis Duboc, cardiologue à l’Hôpital Cochin (Université Paris V René Descartes)
et en charge, pour l’Agence Nationale pour la Recherche, de l’appel à projets « Cœur, diabète,
obésité », s’est vu décerner le Prix 2005 de l’Académie Nationale de Médecine pour ses travaux
sur l’atteinte cardiaque des maladies musculaires. Cette distinction vient couronner des
travaux soutenus depuis près de 15 ans par l’AFM grâce aux dons du Téléthon.
Publication :
Primary prevention of sudden death in patients with lamin A/C gene mutations Christophe Meune, M.D 1 ; Jop H Van Berlo, M.D 2 ; Henri-Marc Bécane, M.D 3 ; Rabah Ben
Yaou, M.D 4; Frédéric Anselme, M.D 5; Pascal Laforet, M.D 3; Bruno Eymard, M.D-PhD 3; J
Peter Van Tintelen, M.D 6; Maarten P van den Berg, MD 6; Gisèle Bonne, PhD 4; Yigal M Pinto,
M.D-PhD 2; Denis Duboc, M.D-PhD 1,4.
Department of Cardiology, Cochin Hospital, AP-HP, Paris V University, Paris, France
Department of Cardiology , University Hospital Maastricht and Cardiovascular Research Institute Maastricht, The
Netherlands
3
Myology Institute, Pitié-Salpétrière Hospital, Paris VI University, Paris, France
4
InsermU582, Myology Institute, Pitié-Salpétrière Hospital, Paris VI University, Paris, France
5
Department of Cardiology, Charles Nicolle Hospital, Rouen, France
6
Department of Medical Genetics and Cardiology, University Hospital Groningen, The Netherlands
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Contacts Presse :
AFM
Estelle Assaf
Tél. : 01 69 47 28 28
[email protected]
AP-HP
Thierry Girouard
Tél. : 01 40 27 37 22
[email protected]
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