• Les techniques.
Superposition de plusieurs lignes unissons.
J’ai fait les combinaisons possibles entre les quatre musiciens. De deux joueurs à tous les quatre (j’ai aussi
présenté le matériau avec un joueur pour la logique, en laissant l’idée de superposition).
Ombrage.
J’ai travaillé avec l’idée d’ombrage. En faisant jouer la voix d’origine, j’ai mis une ombre à côté qui ne
partage que le rythme. Dans cette façon, on obtient une ombre qui renforce l’aspect rythmique et qui ajoute
sa différence de couleur à la voix d’origine ; qui est donc qu’on l’a enlevé toutes les sautes mélodiques de la
voix d’origine.
Échos
Surtout dans les parties déjà hoquetées j’ai travaillé avec la notion d’échos. Construit comme sont construites
les réverbérations sonores, avec des échos de la source, j’ai créé des petits nuages autour le matériau
d’origine. Un peu comme la technique « halon » de Xenakis, mais avec toutes les autres lignes placées
seulement après la source, en connotant plus des méthodes de « DSP » (digital sound processing).
Ces trois techniques, (superposition…, ombrage et échos) forment le groupe de techniques qui nuance la
notion de l’unisson. Le point de départ de l’unisson ne pouvait être laissé dans son état primitif. Il me l’a
fallu travailler plus encore. Pour cela j’ai créé les autres techniques autour de cette idée.
Le groupe de techniques représente mes trois niveaux d’élaboration ; du véritable unisson ; la superposition,
via l’ombrage ; une voix fait l’ombre rythmique de l’autre, aux échos où l’on obtient l’état le plus élaboré
d’unisson ; le nuage.
Hoquet - espace
Hormis pour obtenir le changement de couleur habituelle, j’y ai utilisé la technique hoquet pour travailler
l’aspect spatial des matériaux. Les musiciens sont placés avec la plus grande distance entre eux pour rendre
sur surface le changement d’espace quand ils se « parlent ».
Processus brefs d’accélération.
Un bref processus qui sert à démarrer le matériau pendant un temps court, en le donnant une direction en
avant. En répétant un bout de matériau, sous une forme d’accélération, on incite un intérêt de savoir la suite,
et avec cela j’ai créé des accélérations d’intérêt (pourtant, pour le matériau c’est le contraire, il décélère et
trouve une forme plus étendue).
Concentration de matériaux.
J’ai pris un petit bout de matériau et je l’ai développé, prolongé pendant un certain temps. Le développement
n’a aucune direction. Il s’agit plutôt d’un plateau avec une plus haute concentration d’événements de sort
qu’il sort de son contexte. Dans un état plus étendu, ce plateau remplace parfois la ligne de temps, et devient
donc une ligne de temps concentrée. Pas plus vite mais plus dense, plus tendue.
• La construction de la forme.
Comme j’ai déjà mentionné, toutes mes formes contiennent, plus ou moins décelée, la notion de ligne de
temps. Elle est conférée d’une plus ou moins grande difficulté à traverser. Cette ligne contient - construit aussi
le mémoire musical, et, avec ce mémoire, je construis la forme.
Je travaille avec des moments d’une grande résistance et des moments relâchés. Cela retombe sur le travail
de repos – tension qui a fait déceler l’école spectrale. Normalement, le sommet de mes pièces se passe dans le
moment le plus relâché, où je prolonge la musique avec la simple répétition ou la laisse continuer sans
résistance. Comme mes plateaux de sommet se trouvent toujours très tard dans mes pièces, la tendance
globale de la forme est d’aller vers un relâchement de la tension. Avec ce placement du plateau de sommet, il
ne s’agit plus d’un point sommet mais d’une sorte de conclusion de ce que s’est passé dans la pièce. Voire, la
notion d’avoir le sommet tout à la fin est celle d’un hésitation, avant. Mes formes forment une série de
questions, une série d’essais, avant que l’on prenne la décision avec quoi se relâcher. La forme va donc
globalement d’une situation où la ligne de temps est difficile à traverser ; où l’on est dans une grande
résistance à un relâchement, une délibération. Or, au lieu de faire allusion à un calcul, où la conclusion est la
réponse, ici, il s’agit plutôt d’aborder la découverte d’une question. La pièce découvre sa propre question ; qui
est donc la conclusion de la pièce…
Normalement, la conclusion est suivie par une coda, qui est la partie correspondante de la première partie.
C’est une espèce de paire de codas que j’utilise pour encadrer la pièce (qui n’est donc plus une coda, mais un
encadrement ; pourtant, la dernière partie est entendue comme une coda, avec le souvenir de la première
partie, l’introduction).