Le Pizzly / Grolar un hybride fertile
On l’appelle pizzly ou encore grolar. Son nom a été donné par les Anglo-saxons en formant un mot-valise, issu de la
contraction « polar bears » et « grizzly bears ». Le pizzly est un hybride entre l’ours polaire et le grizzly. Bien que
rares, quelques cas d’hybridations naturelles ont été observées en milieu sauvage .
Comment peut-on expliquer l'apparition du Pizzly, hybride fertile, si l'ours polaire et l'ours brun sont des espèces
d'ours différentes ?
Les premiers cas de pizzly observés dans la nature
En 2006, un ours tué par un chasseur Américain âgé de
65 ans, dans les territoires du Nord-Ouest sur l’île de
Banks dans l’Arctique canadien fait l’objet d’analyses
ADN en raison de ses caractéristiques physiques étranges
et de la couleur atypique de son pelage.
Il s’agit là officiellement du premier cas d’hybridation
d’individu sauvage. D’autres cas probables antérieurs à
cette date ont été observés, mais faute d’analyse ADN, la
preuve n’a put être apportée. On compterait aujourd’hui
cinq individus recensés vivant dans la nature. Le 8 avril
2010, un autre ours pizzly a été abattu par un chasseur
canadien, David Kuptana du village de Ulukhaqtuuq. Cet
ours pizzly descendait d’un grizzly et d’une mère elle
même hybride d’un ours blanc et d’un grizzly.
Etude Phylogénétique
Des scientifiques optimistes et d’autres …pessimistes
Il y a 600 000 ans l’ours polaire (ci-dessus) et le grizzly ne faisait qu’une seule et même espèce. L’isolement
géographique les ont poussé a évoluer différemment, chacune s’adaptant à son milieu.
Ces deux espèces sont donc génétiquement proches, ce qui rend non seulement possible l’hybridation mais aussi la
faculté aux oursons une fois adulte de pouvoir se reproduire, ce qui n’est pas le cas chez les hybrides d’autres
mammifères. Comme le tigre et le lion par exemple, également capable de s’hybrider entre eux, mais dont le
patrimoine génétique est isolé. Cette singularité est une spécificité de ce nouvel hybride. Par conséquent, un pizzly -
ou grolar- pourrait alors tout à fait se reproduire avec un grizzly ou un ours polaire.
Certains scientifiques pensent que le grolar pourrait avoir des difficultés d’adaptation, comme par exemple la
résistance au grand froid. Ce nouveau mammifère qui n’est à proprement parler pas un nouvelle espèce mais
seulement un « mélange » de deux espèces proches, semble également présenter de surcroît une aptitude à nager
moindre que celle de l’ours polaire.
L'arbre phylogénétique ci-contre a été réalisé à partir
d'études récentes sur des restes d'ours des cavernes.
La phylogénie et les âges de divergence ont été
déterminés à partir de séquences d'ADN issues du
génome mitochondrial de l'ours des cavernes (Ursus
spelaeus) et 7 espèces actuelles d'ours. Les ours bruns
de l'ouest et de l'est de l'Amérique du Nord ont été
distingués. Cependant, ils appartiennent à la même
espèce.
Cet arbre indique que la divergence entre l'ours brun et
l'ours polaire est très récente à l'échelle des temps
géologiques (pleistocène moyen) et que la divergence
entre l'ours polaire et l'ours brun d'Amérique de l'Ouest
est encore plus récente (0.01 millions d'années, au
début de l'holocène). Ainsi, l'ours polaire étant une
espèce très jeune d'un point de vue évolutif, elle n'a
sans doute pas eu le temps de présenter des différences
génétiques majeures avec le grizzly, ce qui pourrait
expliquer la formation d'hybrides fertiles entre l'ours
brun et l'ours polaire.
D’autres chercheurs au contraire, craignent que cet hybride finisse par supplanter l’ours polaire accélérant
encore davantage le déclin de cette espèce. Certains scientifiques considèrent cette éventualité comme un espoir
pour cet ours en voie de disparition, dont l’avenir est aujourd’hui très préoccupant, de continuer à se perpétuer à
travers le pizzly.
Quelles sont les causes de cette hybridation?
Hybridation et réchauffement de la planète.
Le réchauffement climatique a conduit les ours bruns à remonter vers le Nord. La barrière géographique
entre les territoires naturels des ours bruns et des ours polaires est en train de disparaitre, suite à la fonte de
la banquise liée au réchauffement climatique.
Il est possible de suivre l'évolution de la banquise et la disparition des barrières géographiques liées au
réchauffement climatique dans l'océan arctique grâce à des observations réalisées par satellites.
En effet, sur le site de Cryosphere Today, du groupe de recherches polaires de l'université de l'Illinois, les
observations satellitaires du National Snow and Ice Data Center permettent de visualiser l'état de la banquise de
1980 à 2010.
Ci-dessous une comparaison de l'étendue de la banquise entre le 13 septembre 1980 et le 12 septembre 2010, au
moment du minimum annuel.
La disparition de la récente barrière d'isolement reproducteur entre l'ours brun et l'ours polaire semble être
une des conséquences de la fonte de la banquise liée au réchauffement climatique de la Terre.
L'ours blanc et le grizzly sont donc deux espèces incomplètement isolées, et le pizzly correspondrait à une
population phénotypiquement instable d'hybrides, géographiquement localisée mais pas isolée.
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