Attac aux paradis
(5250 milliards de dollars en 1998). Le chiffre d’affaire du piratage informatique dépasse les 200
milliards de dollars, celui de la contrefaçon les 100 milliards de dollars, 10 à 15 milliards de dollars
pour la fraude au budget communautaire européen, etc.
Au total, en ne tenant compte que des activités ayant une dimension transnationale,
dont la «traite des blanches », le produit criminel mondial brut dépasse selon certaines
estimations les 1000 milliards de dollars par an, soit près de 20% du commerce mondial.
En admettant que les charges (production, gestion, pertes sur saisie, corruption, etc)
représentent environ 50% du chiffre d’affaire, il reste 500 milliards de profits annuels, une
somme 40 fois plus importante que celle nécessaire à l’éradication des problèmes de santé et de
malnutrition qui affectent environ 1 milliard d’individus dans le monde. Ainsi, sur dix ans, les
profits cumulés atteignent 5000 milliards de dollars, autant que l’ensemble mondial des dettes
publiques cumulées, et, 3 fois plus que le montant des réserves en devises de toutes les banques
centrales (1638 milliards de dollars selon la B.R.I en 1998).
Une question fondamentale se pose alors : comment écouler ce gigantesque pactole qui empilé
en billet de 100 dollars s’élèverait à 500 kilomètres de hauteur ! ?
Blanchir cet argent et le réintroduire dans l’économie licite en toute discrétion nécessite
l’utilisation des paradis fiscaux et autres places
offshore
, via les sociétés commerciales ou
financières qu’ils abritent.
C’est à ce stade que les criminels en col blanc interviennent. Le coût de l’opération de
recyclage ; environ un tiers, soit 150 milliards de dollars partagés entre réseaux bancaires et
intermédiaires ; avocats, courtiers, gérants de trusts et fiducies…
Au bout du compte sont blanchis et réinvestis annuellement plus de 350 milliards de
dollars, soit un peu moins d’un milliard de dollars par jours…
Les organisations criminelles multinationales n’encombrent pas les caisses d’épargnes avec leurs
bénéfices (qu’aucun autre secteur d’activité légale n’atteint), et chassent au contraire les taux de
profits les plus élevés ; placements à risques, spéculation financière (ce qui participe à la
formation de bulles financières), marchés émergents, immobiliers, nouvelles technologies.
Lubrifiant de la prodigieuse expansion du capitalisme moderne, il leur reste suffisamment
d’argent pour soutenir leur train de vie et participer au financement de la corruption des partis et
dirigeants politiques contre de solides promesses de maintenir un système qui leur est si favorable
en l’état.
Atlas des paradis fiscaux
On recense entre 60 et 90 de ces micro-territoires ou Etats aux législations fiscales laxistes ou
inexistantes, mais leur décompte reste difficile (ils sont sûrement plus d’une centaine). Ce ne sont
majoritairement pas des «îles perdues au milieu du Pacifique », ils suivent au contraire une
répartition géographique déterminée de façon évidente par celle des grands pôles
économiques mondiaux : Etats-Unis, Europe, Asie.
On comprend pourquoi en rappelant brièvement leur origine. Les premiers paradis fiscaux
sont des ports d’accueil pour les navires des grands empires européens, aux Caraïbes et autour de
l’Amérique latine. Cependant, le développement contemporains des paradis fiscaux date de la fin
XIXème-début XXème siècle, ainsi, dans les années 1920-1930 une nouvelle génération de
territoires commence à se spécialiser dans l’attraction des fortunes étrangères (Bahamas, Suisse,
Luxembourg).
Après 1945, ces territoires, oubliés du plan Marshall, se transforment en zone à faible régulation
et adoptent le secret bancaire pour attirer les capitaux internationaux (Liechtenstein). Dans les
années 1960-1970 les eurodollars puis les pétrodollars relancent leur activité. Et depuis une