Cellules souches Samedi 2 février 2002
Les cellules souches au cœur du débat – Cité des Sciences -
recherche et de la liberté de la recherche, des terrains sur lesquels on doit autoriser
les chercheurs à aller parce que ce sont des terrains inconnus et parce que tous les
terrains inconnus, sur le plan cognitif, sont nécessairement des terrains de travail
pour la recherche scientifique. Ma dernière diapositive présentera l’ensemble des
idées résumées sur ce terrain, pour dire à quel point toute la première partie de mon
exposé me paraît finalement incidente par rapport au grand débat éthique du statut
de la recherche scientifique.
Je commencerai par ce qu’on m’a demandé de traiter, c’est-à-dire les applications
thérapeutiques des cellules souches. Pour qu’il y ait application thérapeutique des
cellules souches, en particulier des cellules souches embryonnaires, il faut qu’il y ait
une raison de penser que la thérapie cellulaire fonctionne. Cette raison de penser,
nous l’avons maintenant. En effet, depuis une vingtaine d’années pour ce qui
concerne le remplacement des cellules de la moelle osseuse, depuis un peu moins
longtemps pour un certain nombre d’autres pathologies du système nerveux central
mais également de l’os, du pancréas, les diabétiques etc., nous avons effectivement
la possibilité de changer la vie d’un certain nombre de malades — à la rigueur, nous
pouvons changer la vie d’un certain nombre de souris qui sont des modèles
expérimentaux représentant des maladies qui touchent effectivement des malades
— au travers de l’implantation de cellules. Nous prenons ces cellules, pour l’instant,
et pour l’essentiel, de telle façon qu’elles soient homologues aux cellules qui
manquent dans le cas de ces pathologies. Pour prendre l’exemple du diabète, ce
sont les cellules du pancréas qui produisent l’insuline, qui meurent au cours de cette
pathologie. On envisage le traitement des diabétiques et on le réalise à l’heure
actuelle expérimentalement chez un certain nombre de malades, au travers du
remplacement de ces cellules par d’autres cellules productrices d’insuline, prélevées
dans le pancréas de donneurs.
Il fallait que cette thérapie cellulaire soit une réalité pour que l’on envisage autre
chose. Pourquoi sommes-nous obligés d’envisager autre chose ? Parce que les
cellules homologues que nous utilisons pour traiter effectivement des malades sont
rares, difficiles à obtenir, plus difficiles encore que les organes dont nous entendons
régulièrement que leur nombre restreint empêche des centaines, voire des milliers
de patients de continuer à vivre, parce qu’ils étaient en attente d’un cœur qui n’est
jamais arrivé, par exemple. Dans le cas des thérapies cellulaires, il existe un grand
décalage entre les centaines de milliers de malades diabétiques qui pourraient
bénéficier d’une implantation de cellules productrices d’insuline et
l’approvisionnement en cellules homologues que l’on pourrait chiffrer à quelques
dizaines ou quelques centaines par an, au maximum, dans notre pays. À condition
encore que tout soit fait pour récupérer ces cellules, ce qui, pour l’instant, n’est
absolument pas possible. Face à ce problème d’approvisionnement qui empêche
cette thérapeutique, les scientifiques, depuis quelques années, ont mis en avant la
possibilité d’utiliser d’autres cellules non différenciées ou peu différenciées, c’est-à-
dire des cellules capables de donner ce que nous voudrions qu’elles donnent pour
créer des banques de cellules qui pourraient être utilisées dans le traitement de ces
malades très nombreux, les diabétiques, ou ceux dont je vais parler maintenant et
qui sont atteints de maladies neuro-dégénératives.
En ce qui concerne les maladies neuro-dégénératives, je prendrai l’exemple de la
maladie de Parkinson. La maladie que je connais le mieux, celle sur laquelle nous
avons apporté le plus de choses récemment, est la maladie de Huntington. Mais
nous avons des résultats depuis une dizaine d’années maintenant sur la maladie de
Parkinson, en termes de thérapie cellulaire. Et c’est sur les modèles de maladie de