6 – Modification de la houle à l`approche de la côte

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6 – Modification de la houle à l’approche de la côte
6.1 – Déferlement
6.2 – La réfraction
Rappel : c = L/T et c = racine(g.d) dans les petits fonds
Donc la vitesse des houles ne dépend plus que de la profondeur d’eau.
- A petite profondeur, la vitesse (c) va diminuer avec la profondeur.
- T = Cte donc si c diminue alors L diminue (Cf rappel)
Quand la houle arrive parallèlement à la côte, sa longueur d’onde (L) va diminuer. On le voit
aussi sur la figure de la page 10 (haut).
Quand la direction des houles est oblique par rapport à la côte, donc aux isobathes (lignes
d’égale profondeur), la vitesse de propagation de la houle (c) ne va pas être identique en tous
points de la crête. Elle est moins rapide là où la profondeur est plus faible. La houle va donc
tourner et tendre à devenir plus parallèle à la côte.
En noir avec des flèches les directions de propagation de la houle. En noir, crêtes de houle.
En bleu, isobathes. Les flèches tendent à devenir perpendiculaires à la côte, c'est-à-dire que
les lignes de crête de la houle deviennent de plus en plus parallèles à celle-ci.
Si la houle est suffisamment oblique à la côte, elles ne vont jamais devenir parfaitement
parallèles à celle-ci. Ainsi, même quand les vagues viennent du SW sur la côte au sud de
Boulogne-sur-Mer, les houles au large se propagent vers le NE puis obliquent légèrement vers
l’ENE mais ne deviennent pas frontales au niveau de la plage.
Connaissant cette règle de propagation, il est possible, connaissant la bathymétrie de prédire
la direction de propagation des houles vers le rivage.
Effet de la bathymétrie (canyons sous-marins, caps, ...) sur la direction de propagation des
houles à l’approche de la côte. D’après Thurman (1985)
Réfraction de la houle dans la baie de Lecques (in Bonnefille, 2004).
De même, si l’on connaît la direction de propagation des houles grâce à une photo aérienne
par exemple, il est possible d’en déduire la bathymétrie.
6.3 – Diffraction de la houle
La houle étant un mouvement ondulatoire, elle va pouvoir être émise à partir d’un saillant sur
la côte (jetée, cap, pointe de sable telle que celle de la baie Canche ou d’Authie). L’extrémité
de ces pointes agit comme une nouvelle source de la houle à l’image de la lumière qui,
passant dans un trou de petite taille est émise à partir de ce trou dans toutes les directions (CF
vos cours de physique de terminale).
7 – Prédiction de la houle
Les caractéristiques de la houle vont dépendre de 3 paramètres
- La vitesse du vent
- la durée pendant laquelle souffle le vent
- la distance sur laquelle il souffle, c’est le fetch (en français aussi)
Il y a des formules mais la façon la plus simple est d’utiliser un abaque tel que l’abaque de
Bretschneider.
7.1 – Utilisation de l’abaque de Bretschneider
Connaissant la vitesse du vent, on entre dans l’abaque par le côté gauche en suivant cette
vitesse et l’on se déplace vers la droite de l’abaque, horizontalement.
On se déplace jusqu’à rencontrer, soit la ligne oblique de durée soit la ligne verticale du fetch.
H et T se lisent par interpolation respectivement grâce aux courbes en pointillés et aux
courbes bleues.
Question. Quelles sont les caractéristiques d’une houle levée par un vent soufflant à 45 nœuds
(82 km/h) sur 100 milles (180 km) pendant 6 heures ?
Réponse : Hs =H1/3 = 5 m, Ts = 9,5 m
Question. Quelles sont les caractéristiques d’une houle levée par un vent soufflant à 45 nœuds
(82 km/h) sur 100 milles (180 km) pendant 10 heures ?
Réponse : Hs =H1/3 = 5,5 m, Ts = 10,5 m
Ceci permet à partir d’une carte météo des vents de prédire la houle au large et sa propagation
en direction de la côte.
7.2 – L’échelle de Beaufort
C’est une échelle établie pour les vitesses du vent. Il y a une relation entre un chiffre, la force
et la vitesse. On parle d’un vent de 4 Beaufort. A ces chiffres est associé un état de la mer
généralement constaté avec une hauteur des vagues le plus classiquement observée.
Force
Appellation
Vitesse du vent
Noeuds
Km.h-1
1
1
1–3
1–5
Hauteur des
vagues (m)
0
0,1 – 0,2
Etat de la mer
Effets à terre
0
1
Calme
Très légère brise
D’huile, miroir
Ridée
6 – 11
0,3 – 0,5
Vaguelettes
7 – 10
11 – 16
17 – 21
12 – 19
20 – 28
29 – 38
0,6 – 1,0
1,5
2,0
Petits moutons
Nombreux moutons
Vagues, embruns
Vent frais
22 – 27
39 – 49
3,5
7
Grand frais
28 – 33
50 – 61
5,0
Lames, crêtes d’écume
blanche
Lames déferlantes
8
9
10
Coup de vent
Fort coup de vent
Tempête
34 – 40
41 – 47
48 – 55
62 – 74
75 – 88
89 – 102
7,5
9,5
12
La fumée montre droit
La fumée indique le sens
du vent
On sent le vent sur le
visage
Les drapeaux flottent
Le sable s’envole
Les branches d’arbre
s’agitent
Les fils électriques
sifflent
On peine à marcher
contre le vent
On ne marche plus contre
le vent
Les enfants de moins de
12 ans volent !
2
Légère brise
4–6
3
4
5
Petite brise
Jolie brise
Bonne brise
6
11
12
Violente tempête
Ouragan
56 – 63
> 63
103 – 117
> 117
15
>15
Tourbillons d’écume
Grosses lames déferlantes
Très grosses lames à
longues crêtes
Mer couverte de bancs
d’écume blanche,
visibilité réduite
Echelle de Beaufort pour la vitesse du vent. La hauteur des vagues correspond à la hauteur
significative, H1/3.
7.3 - La houle centennale
La houle centennale est une hauteur. Elle correspond à la probabilité qu’une houle atteigne
une certaine hauteur une fois tous les 100 ans. Cette houle est déduite d’observations réalisées
sur un temps forcément plus court que 100 ans mais qui permettent de remarquer qu’il existe
un loi, qui croit exponentiellement, de probabilité de hauteur maximale d’une houle. La houle
maximale attendue tous les ans est dite annuelle, celle qui correspond à 10 ans est décennale
la plus haute est la houle centennale.
Il est fondamental pour la protection des côtes et pour l’évaluation du risque pris quand est
décidé la hauteur d’une digue, de prendre en compte cette valeur théorique. S’il ne s’agit que
de quelques vaches, peut-être qu’une protection vis-à-vis des houles décennales sera
suffisante. S’il s’agit d’une ville, la décision sera différente.
7.4 – Le phénomène de surcote
Une surcote est une hauteur moyenne du plan d’eau au-dessus de la hauteur calculée (tenant
compte de la marée par exemple). En anglais, « storm surges ».
Ces surcotes sont liées à 2 phénomènes
- Un vent qui souffle de la mer pousse l’eau vers la terre et peut faire monter le niveau de
plusieurs décimètres (jusque 1m dans la baie de la Plata en Amérique du Sud).
- La pression atmosphérique. Chaque 10 mb (millibar) de part et d’autre de la pression
normale s’accompagne d’une modification de 10 cm de la hauteur moyenne du plan d’eau.
963 mb
+ 0,5 m (très grosse dépression)
993 mb
1003 mb
1013 mb
1023 mb
1033 mb
+ 0,2 m
+ 0,1 m
+ 0 m (Pression normale)
- 0,1 m
- 0,2 m (haute pression, anticyclone)
Quand la hauteur est supérieure, on parle de surcote. Quand elle est inférieure de décote.
La conjonction d’un vent de mer violent et d’une très basse pression atmosphérique (surtout si
elle s’accompagne d’une marée de vive-eau (Cf chapitre suivant) peut conduire à des
catastrophes : tempête de 1999 en France, tempête de février 1953 en Zélande (sud des PaysBas) avec un bilan pour le second de 1835 morts, 47 000 têtes de bétail perdues, 300 fermes et
3 000 habitations détruites.
Courbe de probabilité d’apparition d’une surcôte de tempête au Hook van Holland (PaysBas). La distribution suit une loi de Rayleigh. La probabilité des surcôtes de grande hauteur
correspond à une extrapolation des surcôtes plus petites, plus fréquentes (D’après Wiegel,
1964).
7.5 – Les raz-de-marée
Origine des raz-de-marée (ou tsunami) : onde sismique liée à un séisme ou glissement sousmarin.
Il s’en suit une vague de très grande longueur d’onde (100aine de km, Cf tableau ci-dessous)
avec cependant des déplacements verticaux faibles (quelques décimètres).
Question : A quelle vitesse se déplace la vague d’un tsunami sur un fond océanique tel que
celui de l’océan Indien (profondeur moyenne de 5 000 m) ?
On note que la longueur d’onde L est bien plus grande que la profondeur d. L >> d
On va donc utiliser la loi de propagation des ondes en domaine de petit fond, c'est-à-dire
c=Racine (g.d)
Si d = 5 000 alors c = 221 m/s (environ 800 km/h)
Profondeur
(m)
7 000
4 000
2 000
200
50
10
Vitesse de l’onde
(Km.h-1)
943
713
504
159
79
36
Longueur d’onde
(km)
282
213
151
48
23
10,6
Caractéristiques communes des ondes d’un raz de marée.
On peut donc noter la très grande vitesse de ces ondes et par conséquence la très grande
difficulté de prévenir les dommages liés à un tsunami dans les zones proches de l’épicentre
d’un séisme : temps pour localiser l’épicentre, pour évaluer la magnitude du séisme et donc le
risque potentiel, temps de décision, temps de propagation de l’alerte.
Propagation d’un raz de marée. A gauche, localisation de la vague du raz de marée, heure par heure après
qu’un séisme ait eu lieu dans la fosse des Aléoutiennes, le 1 er avril 1946 à 01 :59, heure d’Hawaii (12 :59 GMT).
A droite, en haut, enregistrement du niveau de la mer dans l’estuaire de la rivière Waimea (Hawaii). A droite, en
bas, carte de l’île de Kauai montrant la hauteur d’eau atteinte (en mètres au-dessus du niveau des plus basses
mers) lors du raz de marée. Sont également représentées les fronts d’onde ainsi que les orthogonales et les
courbes bathymétriques. Le temps est mesuré à partir de l’heure d’arrivée de la première vague. (D’après
Shepard et Cox, 1950).
A Hawaii, il est possible de prévenir les tsunamis. En effet, les zones sismiques sont réparties
sur le pourtour du Pacifique. La distance étant grande entre la zone d’apparition du tsunami et
les îles Hawaii, le temps est suffisant pour qu’une prévention efficace soit organisée et la
population alertée.
L’énergie moyenne d’une vague du tsunami est plus de 10 fois plus importante que celle
d’une grosse houle à la côte.
La Marée
1 – Forces génératrices de la marée
Voir aussi le site web du SHOM : http://www.shom.fr/
Ou celui de l’Ifremer : http://www.ifremer.fr/
Sinon, un livre très bien d’Odile Guérin aux éditions Ouest France
Hypothèse de base : les masses s’attirent proportionnellement à leur produit et inversement
proportionnellement au carré de leur distance.
Ceci explique que la Lune attire la Terre (et vice-versa) ainsi que tout objet (dont l’eau) à sa
surface. Il en est de même pour le soleil, beaucoup plus lourd mais également beaucoup plus
loin.
Cette force génératrice d’attraction (Fa, en vert sur la figure suivante) permet d’expliquer une
marée haute par jour. En effet, la Lune passe au-dessus de nos têtes une fois chaque jour.
Pourtant, sur nos côtes, il y a deux marées hautes par jour. Il existe donc une seconde force.
Cette force est une force centrifuge du système Terre-Lune. Entre ces deux astres, il y a un
centre de gravité autour duquel ils tournent. Tout point tournant autour du centre de gravité
est affecté par des forces centrifuges (Fc en rouge). La résultante de ces forces (F marée en
noir) est approximativement la même de chaque côté de la Terre. Il y a ainsi génération de
deux ondes de marée avec une périodicité de 12 heures. C’est la cyclicité semi-diurne liée à la
rotation de la Lune autour de la Terre.
2 - Force de la marée
La force d’attraction qui affecte tout corps situé à la surface de la Terre est donnée par la
formule suivante :
Avec m : masse du corps affecté (l’eau), mA : masse de l’Astre considéré (Lune ou Soleil),
mT : masse de la Terre, a : rayon de la Terre, r : distance de l’astre. Le terme sous la racine
carrée a pour valeur maximale 1. Les autres chiffres sont fixés.
On en déduit que FLune = m.g. 5,6 10-8
Et que FSoleil = m.g. 2,6 10-8
Soleil
Masse (t)
Masse
(m Terre)
Distance
(millions de km)
Distance
(r Terre)
27
Lune
moyenne Terre
19
6.1021
1
2.10
332 958
7,4.10
1/81
149,6
0,363 – 0,405
0,384
0
23 400
56 – 63,5
60,3
0
Conclusions :
- La force liée à la Lune est 2,2 fois plus importante que celle due à l’attraction du Soleil.
- Le force génératrice de la marée est 6 000 000 de fois plus faible que la gravité (m.g), et
pourtant, elle est suffisante pour créer la marée que nous connaissons et qui peut dépasser 15
m d’amplitude.
Avec ces valeurs on peut expliquer une surélévation de la mer de 54 cm (au maximum) liée à
la Lune et de 23 cm liée au Soleil.
3 - Cyclicités tidales
La marée n’est pas un phénomène périodique au sens strict. En effet, il n’existe pas de période
pour laquelle la marée soit exactement la même. La marée correspond à la somme d’un grand
nombre d’harmoniques (143 utilisées pour les calculs simples) responsables de la marée.
Les composantes cycliques principales de la marée sont données dans ce tableau ci-dessous.
Les cycles principaux sont les suivants :
Cycle semi-diurne
Pleine mer, basse mer, Pleine mer : environ 12 heures
Cycle diurne
Grande marée haute, plus petite marée haute : environ 24 heures.
Cycle semi-lunaire
Vive-eau, morte-eau : 14 jours entre 2 vives eaux
Lune, Terre et Soleil alignés : les forces s’additionnent :
Vive-eau. C’est la nouvelle lune
Lune, Terre et Soleil en quadrature, les forces ne
s’additionnent pas : morte-eau. C’est le premier
quartier.
Lune, Terre et Soleil en quadrature, les forces ne
s’additionnent pas : morte-eau. C’est le dernier quartier.
Lune, Terre et Soleil alignés : les forces s’additionnent :
Vive-eau. C’est la pleine lune
On a aura une alternance entre des marées de forte amplitude (les vives eaux) et de plus faible
amplitude (les mortes eaux). Les coefficients de marée (notion française) varient dans le
même sens entre des valeurs grandes (max. 120) et des valeurs petites (min. 20).
Cycle lunaire
La lune ne décrivant pas une trajectoire parfaitement circulaire et centrée sur la Terre, il y a
des moments où elle est plus proche de la Terre. Nous aurons de grandes vives-eaux tandis
que quand elle est plus loin, de petites vives-eaux.
Durée du cycle complet : environ 28 jours.
Cycle semi-annuel
Le soleil entre en jeu. La trajectoire de la Terre décrit une ellipse dont le foyer n’est pas
confondu avec le soleil. Quand la Terre est à plus grande proximité avec le soleil, les forces
d’attraction liées au Soleil vont être plus grandes. Ce seront les marées d’équinoxe. Au
contraire, quand le Soleil est plus loin, nous aurons les marées des solstices.
Les points en haut et en bas correspondent aux conditions d’équinoxe. Les points à droite et à
gauche aux solstices.
4 - Types de marée
Quand l’onde semi-diurne s’exprime principalement, on a une marée de type semi-diurne.
C’est le cas le long de nos côtes. Il y a 2 marées hautes et 2 marées basses par jour. Cas du
port de Brest de la figure suivante.
Si l’onde diurne domine, la marée est de type diurne, comme à Do Son au Vietnam. Une
marée haute et une marée basse par jour.
Parfois, il y a 2 marées hautes et basses par jour mais celles-ci sont de hauteur inégale. On a
un type de marée semi-diurne à inégalité diurne. C’est le cas de Booby Island en Australie.
Enfin, la marée au cours de son cycle semi-lunaire peut présenter des périodes où la marée est
semi-diurne et d’autres diurnes. C’est le type de marée que l’on appelle mixte.
Brest
Do Son (Viet Nam)
Booby Island (Australie)
Victoria (Canada, côte ouest)
5 – Marnage
Le marnage est la différence de hauteur entre une marée haute et une marée basse. Pour
caractériser une région, on prend souvent la valeur maximale de cette différence. C’est donc
la différence observée lors d’une grande vive-eau d’équinoxe.
On classe les zones de marnage en 3 catégories :
Macrotidal : marnage > 4 m
Mésotidal : entre 2 et 4 m
Microtidal : < à 2 mètres.
Au cours de sa propagation, la marée va être amplifiée ou ralentie. Le marnage va évoluer et,
dans le cas de la Manche va être très grand au niveau des zones de rentrant (baie du Mont
Saint Michel, baie de Somme) où le marnage va atteindre respectivement 12 m et 9 m. En
parallèle, vous pouvez noter que la progression de l’onde de marée en Manche n’est pas très
rapide. Il faut plus de 6 heures pour que l’onde voyage de Brest à Boulogne-sur-Mer. Ainsi,
quand la marée est haute à Brest, elle est presque basse à Boulogne. Pourtant, la position n’est
pas très différente considérée de ces 2 points. Vous voyez donc que la marée, c’est un
phénomène à la fois très simple dans son principe de base mais très compliqué quand il s’agit
de le prédire ou de l’expliquer finement.
Lignes d’isomarnage en rouge et lignes co-tidales en noir. Les lignes co-tidales sont les lignes
d’égale condition de marée. Quand la marée est basse quelque part le long de cette ligne, elle
l’est partout. Les chiffres correspondent à des heures et donnent une indication sur la
propagation de l’onde de marée en Manche et en mer du Nord. Les lignes d’isomarnage
atteignent 13 m dans la baie du Mont-Saint-Michel. Sur les côtes de la Manche et de la mer du
Nord en France, le marnage est partout macrotidal. Ce n’est plus le cas le long des côtes du
Danemark.
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