UE 103 « Introduction aux Sciences Humaines 1 »
CM « Introduction à la Sociologie de l’éducation »
G. Espinosa
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Séance 1
Les origines de la sociologie de l’éducation :
introduction
1 Qu’est-ce que la sociologie ?
Inventée en 1839 par Auguste COMTE, le terme sociologie sert à désigner la
science de la société.
Il sera repris par DURKHEIM qui travaillera à sa constitution comme discipline à part
entière à l’Université.
[…]
2 Qu’est-ce que la sociologie de l’éducation ?
Pour ce passage, voir essentiellement les pages 7 à 10 de l’introduction de l’ouvrage
de Marie DURU-BELLAT et Agnès VAN ZANTEN, intitulé Sociologie de l’école
(Paris : Armand Colin, 1ère publication en 1999 et réédition en 2002).
2.1 Sociologie de l’éducation ou sociologie de l’école ?
2.2 Un champ de recherche vivant
3 Emile DURKHEIM ou l’un des pères de la sociologie moderne
Emile DURKHEIM est considéré comme le père de la sociologie moderne, tout au
moins, l'un des pères de cette discipline.
L’œuvre de DURKHEIM s’est clairement « ordonnée autour d’un triple projet. Il
s’agissait
1. d’abord de fonder une nouvelle science : la sociologie, science des faits
sociaux et de leurs lois ;
2. Pour être clairement définie, cette science avait ensuite besoin d’une
méthode qui lui soit propre », c’est ainsi qu’à travers son ouvrage intitulé
Les Règles de la méthode sociologique, en 1895, DURKHEIM en précise les
principes.
Il montre également comment ces règles « pouvaient s’appliquer en
choisissant comme objet d’étude un acte en apparence individuel, Le Suicide
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(1897), pour démontrer qu’il [le suicide] relevait de déterminants collectifs
extérieurs aux motivations individuelles ;
3. Il fallait, enfin, pour essayer de résoudre les problèmes de société qui
marquaient la fin du XIXème siècle, tenter d’élaborer les règles d’une morale
collective s’appuyant sur des valeurs fondées rationnellement. » (Jean
ETIENNE, Françoise BLOESS, Jean-Pierre NORECK et Jean-Pierre ROUX,
Dictionnaire de sociologie, 1997, p. 127).
Dans ce triple projet sociologique, Emile DURKHEIM s’intéressera :
- à l’école,
- à l’éducation et
- à l’enseignement.
3.1 Qui est-il ? : Eléments de biographie
[…]
3.2 Qu’a-t-il fait / dit en sociologie de l’éducation ?
3.2.1 Introduction à ses travaux en sociologie
Pour DURKHEIM, le fait social est spécifique, il est irréductible à l'individuel.
Le sociologue se doit d'expliquer un phénomène social par d'autres phénomènes
sociaux, non par des faits de nature ou des explications individuelles (cf. le suicide).
Défendant la possibilité d'une science sociale, il va insister sur la méthode : elle doit
- être rigoureuse,
- utiliser la statistique,
- exiger l'objectivité du savant devant le phénomène qu'il étudie d'où son
célèbre « la première et la plus fondamentale (règle) est de considérer les
faits sociaux comme des choses » (Les règles de la méthode sociologique,
Paris, P.U.F., 1967, 16ème éd., chap. II, p. 15 ; 1ère éd. 1895).
On a beaucoup disserté sur ce sujet et beaucoup critiqué cette affirmation.
Cependant, elle reflète l'expérience propre à tout chercheur en sciences sociales qui
s'efforce de substituer un corps de connaissances aussi indépendantes que possible
de son rapport au monde social, rapport primitivement établi dans sa vie quotidienne.
Pour DURKHEIM, l'éducation est un champ privilégié du sociologue.
Dans l'analyse d'une société en évolution, il faut développer une connaissance
scientifique du système éducatif dont cette société s'est dotée.
En réaction aux positions dominantes de l'époque qui se référaient surtout à une
étude scientifique de l'éducation à la lumière de la psychologie, DURKHEIM va
proposer une approche sociologique des institutions et du fonctionnement de
l'éducation.
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Cependant, DURKHEIM n'ignorait pas les autres aspects de l'éducation, notamment
les rapports pédagogiques dans la classe, la psychologie du maître, etc. Il souhaitait
d'ailleurs que le sociologue ait une culture psychologique.
Ainsi, il affirme : « la sociologie ne saurait se passer de la psychologie, tout en
ajoutant que par un juste retour, elle lui apporte une contribution qui égale en
importance les services qu'elle reçoit » (La science sociale et l'action, P.U.F., Le
sociologue, 1970, p 235, 1ère éd. 19...).
Sensible aux évolutions historiques, DURKHEIM est aussi à l'origine d'études
historiques des institutions scolaires, de ceux qui les font fonctionner et des
programmes, en relation avec l'état de la société.
Dans L'évolution pédagogique en France (1903, réédité aux P.U.F. en 1969), il
propose une véritable fresque explicative du développement des enseignements
secondaire et supérieur depuis le Haut Moyen-âge, c’est-dire depuis 476 environ
(chute de l’Empire romain).
Nb. Le Moyen Age est une période « moyenne » comprise entre l’Antiquité et les Temps modernes, allant
traditionnellement de la chute de l’Empire romain (476) à la découverte de l’Amérique (1492). Le Haut Moyen Age
est la période la plus ancienne du Moyen Age.
Très brièvement, sachez que dans cet ouvrage, DURKHEIM distingue, notamment,
quatre grandes périodes dans le développement du système d'enseignement
français.
3.2.2 Introduction à ses travaux en sociologie de l’éducation
« En définissant l’éducation comme une « socialisation méthodique des jeunes
générations », DURKHEIM exprime l’influence réciproque qu’exercent l’une sur
l’autre l’action pédagogique et la société : « l’éducation est l’action exercée par
les générations adultes sur celles qui ne sont encore mûres pour la vie sociale. Elle a
pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états
physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans
son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. » (Education
et sociologie, Paris, P.U.F., 1922 (1989), p. 51). » (Nathalie BULLE, Sociologie et
éducation, P.U.F., 2000, p. 53).
L’idée est qu’une société est déjà et c’est pour cette société déjà qu’il s’agit de
préparer les nouvelles générations. « C’est cette antériori de la société
inculquant ses lois aux nouveaux venus qu’exprime l’idée de socialisation. »,
dont je vous ai parlé il y a quelques minutes.
« Mais cette socialisation se fait méthodique par l’éducation qui vise à l’orienter vers
des fins déterminées. En ce sens l’éducation marque sa propre antériorité à la
société à travers le potentiel d’appropriation des fins sociales par l’homme
qu’exprime le qualificatif de méthodique.
Les problématiques sociologiques et éducatives sont étroitement liées dans
l’œuvre de DURKHEIM, d’autant que sa carrière dans l’enseignement supérieur l’a
conduit à assumer conjointement des cours en sociologie et en pédagogie. » (op.
cit.).
« La question de la nature du lien social, à travers lequel s’expriment les rapports
profonds qu’entretiennent l’éducation avec la société, est au cœur des travaux de
DURKHEIM.
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Or, à ce sujet, le sociologue soutient une même idée en permanence, qu’il aborde
sous de multiples angles. Une expression pourrait en être la suivante : la société
précède l’individu tout en étant immanente [inhérente ; intrinsèque] à
l’ensemble des individus qui la constituent.
De la vie des individus en société émerge un produit nouveau.
Ce « produit » est constitutif de chacun des éléments de la société, mais n’existe
qu’en vertu de l’ensemble qu’il forme concrètement.
Il représente, comme DURKHEIM aime à le crire, une réalité sui generis,
émanant de la communauté des individus, irréductible aux éléments individuels.
Cette réalité sui generis agit en retour sur eux sous forme de contrainte régulant
leurs actions. De cette contrainte, DURKHEIM déduit en particulier le concept de fait
social : « Un fait social se reconnaît au pouvoir de coercition externe qu’il exerce ou
est susceptible d’exercer sur les individus ; et la présence de ce pouvoir se
reconnaît à son tour soit à l’existence de quelque sanction déterminée, soit à
la résistance que le fait oppose à toute entreprise individuelle qui tend à lui
faire violence. » (Les règles de la méthode sociologique, Paris, P.U.F., 1895
(1990), p. 11).
Et le concept de conscience collective :
« L’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des
membres d’une même société forme un système déterminé qui a sa vie
propre ; on peut l’appeler la conscience collective ou commune. » (De la
division du travail social, Paris, P.U.F., 1893 (1991), p. 46).
Ces concepts ne désignent pas des entités ayant une existence indépendante de
la vie sociale […].
Mais ils traduisent l’idée que l’ensemble agit comme une réalité indépendante par
rapport à la partie en tant que telle :
« Pour qu’il y ait fait social, il faut que plusieurs individus tout au moins aient
mêlé leur action et que cette combinaison ait dégagé quelque produit
nouveau. » (Les règles de la méthode sociologique, op. cit. , p. XXII) »
(Nathalie BULLE, Sociologie et éducation, P.U.F., 2000, p. 54).
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