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Chloé Besse &
Vahram Philippossian
Espace public & Citoyenneté
Module G8
INTERVIEW DE RAMSES ARMANIOS
Un philanthrope nous parle du rôle de l’associatif au sein de son
quartier. D’un positivisme à toute épreuve, il analyse avec brio la
place primordiale de la participation citoyenne dans notre société
actuelle.
Le soleil brûle le décor du quartier de Saint-Jean. Quelques habitants sirotent un
verre, parsemés sur les multiples terrasses qu’offre le paysage. Les enfants sont à
l’école et peu de gens déambulent sous la chaleur écrasante qui tombe du ciel.
Ramsès est là à nous attendre sur le parvis de la maison de quartier, il nous invite à
y entrer et à trouver un peu de fraîcheur en cet endroit coloré.
Notre homme connaît son sujet, et nous nous abreuvons de ses paroles, parfois
rudes, mais toujours teintées d’un fond de positivisme nourrit d’espoir. Ramsès aime
les gens, ça s’entend à chaque coin de phrases, il leur a consacré sa vie, comme
instituteur d’abord, puis aujourd’hui en tant que responsable de la commission enfant
de la maison de quartier de Saint-Jean. « L’animation vient du citoyen, c’est une
démarche qui vient du peuple » défend-il. Pour lui, le système capitaliste dans lequel
nous vivons impose la rentabilité, alors que le social ne peut se mesurer sur un axe
quantifiable mais sur une notion de qualité. Si Ramsès aime les gens, il croit surtout
que ceux-ci sont de moins en moins mobilisés et ont peur de s’engager. Sommesnous dans un mouvement général de plus en plus individualiste ? Les citoyens sontils de plus en plus découragés et ont de moins en moins envie de s’investir ? Tant de
notions qui entrent ou non dans la définition des associations et qui contribuent à leur
limite, voir à leur perte. Ramsès crie l’indispensabilité des associations dans la vie
d’un quartier. Pour lui, elles constituent la base de la démocratie et forment le
« ciment social pour fédérer un quartier ». Sans le milieu associatif, les besoins d’un
quartier ne seraient cernés, Ramsès le compare à « un pays sans parlement ».
Même si la motivation générale fléchit et le milieu associatif pourrait avoir tendance à
battre de l’aile, Ramsès nous rappelle que Saint-Jean et un quartier où l’associatif
marche bien et a une grande place. De plus, ce n’est pas uniquement les citoyens
eux-mêmes qui abandonnent ce champ-ci, mais également les décideurs ou
politiques qui auraient tendance à vouloir éliminer les associations, elles-mêmes par
essence n’étant soumises à aucune autorité puisque régies par des bénévoles. Au
sein d’une maison de quartier, Ramsès définit l’animateur comme « l’outil de
l’association ». Les animateurs ainsi que les moniteurs sont l’exécutif de la maison,
alors que l’association en est le législatif. Entre eux, la coopération est active avec un
va et vient constant entre l’association et les animateurs.
Après une réflexion sur l’état actuelle de la situation des milieux associatifs, Ramsès
s’interroge sur les outils ou les méthodes à instaurer pour faciliter la participation
citoyenne. Pour lui, il faudrait revaloriser le travail collectif, en commençant par
l’école. Nous devrions apprendre aux enfants déjà, à concilier les diverses
compétences de chacun et apprendre à mettre de côté la réussite personnelle. Il est
important, dans un système qui se veut démocratique comme le nôtre, que le pouvoir
vienne du peuple et non d’en haut. Malheureusement, l’école aujourd’hui est un
instrument politique, il faudrait dès lors la dépolitiser. L’animateur, quant à lui, ne doit
Chloé Besse &
Vahram Philippossian
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Module G8
surtout pas devenir un amateur, mais doit sans cesse s’interroger et savoir pourquoi
il a choisi ce métier. Ramsès insiste sur le fait qu’on ne devient pas animateur pour
réparer la société, mais bien pour la faire vivre. Ce dernier doit pouvoir travailler avec
toutes les populations et les cultures, et être ainsi mobile d’esprit. Dans un monde
individualiste basé sur la surconsommation, chacun doit trouver un juste milieu entre
être soi-même et son égoïsme individuel. Aujourd’hui, bien souvent, chaque individu
« agit comme si lui-même était la société ». L’animateur est un maillon important
dans la société puisqu’il est complémentaire aux autres instances publiques (école,
…). Il joue un rôle d’initiateur et de sensibilisateur auprès des personnes qu’il côtoie.
Ramsès termine l’entretien avec le même sourire et dynamisme qu’au début,
soucieux d’avoir été pertinent et adéquat. Nous sortons de la fraîcheur de la maison
de quartier pour rejoindre la fournaise estivale. Les enfants sont sortis de l’école et
les passants se font plus nombreux. Nous nous arrêtons à une des terrasses afin de
digérer ce moment fort.
REFLEXION PERSONNELLE
Dans un contexte néo-libérale où l’individualisme et l’espace privé sont rois, les
associations favorisent la création d’espaces publics. Pourquoi les espaces publics
sont-ils si importants au sein de notre chère démocratie ? Tout d’abord, ils
permettent de créer du lien entre les individus et de fédérer des personnes derrière
des intérêts communs. Seul, il est très compliqué de tendre vers un progrès social.
Ce dernier ne peut se réaliser que si les individus coopèrent entre eux. C’est
pourquoi, le travail en réseau et les forums de discussion, par exemple, se révèlent
fondamentaux. Les associations sont justement là pour créer et encourager ce type
de démarche. La notion d’identité est aussi très importante car appartenir à une
communauté, c’est y inscrire son identité et son projet de vie.
La notion de démocratie ne se résume pas à mettre un bulletin dans une urne tous
les six mois. La démocratie s’est aussi avoir le droit d’exprimer ses opinions, d’avoir
un esprit critique et de proposer des pistes alternatives au monde politique dans une
optique progressiste. L’objectif est la création d’un contre pouvoir. Toute démocratie
qui se respecte se doit d’en avoir un, au risque de basculer dans des régimes
dictatoriaux. Or, de nos jours, pour plusieurs raisons, cela relève pratiquement du
pari à risque (« démocratie d’opinion », perméabilité de l’opinion face à la
manipulation…etc.). Comme l’a si bien dit Noam Chomsky : "La propagande est aux
démocraties ce que la violence est aux dictatures". C’est donc un enjeu très
important de notre démocratie qui se joue. C’est au cœur de ces échanges citoyens
(soutenus par les associations) qu’un contre pouvoir politique s’érige face aux
« territoires intellectuels » que certaines entités politiques ou journalistiques
voudraient nous confiner. Il est vital d’avoir des espaces libres de discussion pour
que chacun puisse s’exprimer et être entendu afin que la maxime « un Homme = une
voix » se matérialise. La société civile doit avoir de l’influence et de l’impact au près
de la sphère politique, afin que chaque citoyen se sente concerné par l’avenir de la
société, car la citoyenneté c’est être un acteur politique de l’environnement qui nous
entoure. En créant des espaces publics, les associations contribuent à cela.
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