lexique - Fabrice Rochelandet

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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
LEXIQUE D'ECONOMIE POUR ETUDIANTS EN DROIT
Le lexique suivant s'adresse à mes étudiants de première année de DEUG de Droit. Il est un complément
du cours et ne s'y substitue nullement…
Toute critique constructive (erreur, conception erronée,…) est la bienvenue à mon adresse électronique :
[email protected].
Ce lexique est protégé par la loi sur le droit d'auteur. Notamment il ne peut être utilisé à des fins
commerciales sans l'autorisation préalable de son auteur.
dernière date de réactualisation : janvier 2002
accumulation
Augmentation du stock de capital au niveau d'une économie. Pour les classiques, l'épargne est un préalable
à l'accumulation et à la croissance économique. Toute épargne sert à financer l'investissement. Selon Karl
Marx, l'accumulation du capital est due à l'accumulation de la plus-value et s'accompagne d'un
accroissement du prolétariat, puis avec l'incorporation toujours croissante de capital constant dans le
processus productif, l'accumulation du capital se traduit par une accroissement du chômage ("l'armée
industrielle de réserve") et de la misère (paupérisation). Toujours selon Marx, l'apparition du prolétariat
(ceux qui ne possèdent que leur force de travail, qu'ils soient qualifiés ou non) est issue d'un processus
d'accumulation primitive au cours duquel les petits producteurs et les artisans se sont vus privés de leurs
moyens de production et sont devenus des salariés.
(voir capital, plus-value)
avantages absolus et relatifs
Théorie classique. Les auteurs classiques sont partisans du laissez-faire à l'intérieur des économies
nationales et du laissez-passer entre celles-ci. Sur ce dernier point, le libre-échange s'oppose à la vision des
mercantilistes prônant le protectionnisme pour retenir l'or et l'argent dans l'économie nationale et enrichir le
prince. Adam Smith s'intéresse plutôt à l'enrichissement des nations. Selon lui, les pays ont alors, au
contraire, intérêt à échanger les marchandises pour la production desquelles ils disposent d'un avantage
absolu, c'est-à-dire des coûts de production inférieurs à ceux du partenaire à l'échange, et inversement.
Soulignant les limites de telles situations (certains pays ont des avantages absolus pour la plupart des
productions dès lors que leur main d'œuvre est moins coûteuse), David Ricardo prône également le libreéchange, mais basé sur les avantages relatifs : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des
biens pour lesquels il dispose d'une avantage interne en termes de coûts de production. Selon Ricardo, le
libre-échange apparaît comme un jeu à somme positive d'autant plus bénéfique que les échanges
internationaux induisent une augmentation de la richesse internationale ralentissant la marche vers un état
stationnaire.
(voir division du travail, libéralisme)
barrière à l'entrée et à la sortie
Concept d'économie industrielle. Il s'agit des coûts que doit supporter un agent économique pour établir ou
pour cesser une activité économique. On distingue généralement trois grandes catégories de barrières à
l'entrée : les barrières technologiques (économie d'échelle), stratégiques (intégration amont/aval, prixlimite,…) et réglementaires (brevet, numerus clausus, licence pour une activité…). Les barrières à la sortie
sont généralement dues aux investissements spécifiques que les firmes ont mis en œuvre durant une période
donnée et dont elles ne peuvent pas récupérer pleinement la valeur si elles décident de cesser leur activité
sur le marché concerné ou de redéployer leurs actifs vers d'autres activités.
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besoin
désir d'un individu, étant donné un état de privation, d'obtenir le moyen de combler le manque
correspondant, d'atténuer une sensation désagréable ou d'accroître une sensation agréable. On distingue
généralement les besoins primaires (alimentation), secondaires (habillement, logement) et tertiaires
(loisirs,…). Un besoin se traduit économiquement par un acte ou une demande visant à obtenir un bien ou
un service permettant de le satisfaire. Le but de l'activité économique est alors de satisfaire les besoins
solvables compte tenu de la rareté des ressources disponibles.
bien collectif
Un "bien" collectif (public good) est un service pour la consommation duquel les agents ne sont pas rivaux,
autrement dit, un service qui peut être consommé simultanément par plusieurs agents. On dit encore que sa
consommation est indivisible : la consommation de ce service par un agent ne réduit pas les possibilités de
consommation de ce service par les autres agents. Un bien collectif pur est un bien collectif qui satisfait
trois conditions l'impossibilité d'exclusion, l'obligation d'usage et l'absence d'effet d'encombrement
(exemple : la défense nationale). La production marchande de bien collectif n'est pas toujours possible faute
d'une rentabilité suffisante alors que l'existence de ces biens est primordial pour la collectivité. A noter que
certains biens privés peuvent également justifier l'intervention de l'Etat : ce sont d'une part les ressources
communes (pétrole) qui obéissent au principe de rivalité, mais dont l'exclusion est impossible ou coûteuse,
risquant ainsi d'aboutir à leur surexploitation et, d'autre part, les biens sous tutelle dont la consommation est
nuisible (drogue) ou imprévisible (hôpitaux).
budget de l'Etat
Ensemble des comptes arrêtés par le Parlement dans la loi des finances et retraçant la nature, le niveau et la
destination des ressources et des dépenses de l'Etat. Il traduit les objectifs économiques, financiers, sociaux
et culturels de l'Etat. Les recettes du budget général (produit des impôts, taxes, autres prélèvements
obligatoires, produits financiers) peuvent être inférieures aux dépenses de l'Etat : un déficit budgétaire
apparaît alors et nécessite un financement soit par des ressources d'épargne (recours à l'emprunt auprès des
particuliers ou sur les marchés de capitaux), soit par des ressources monétaires sous la forme d'avances de
la banque centrale. La politique budgétaire peut recourir au déficit budgétaire qui constitue alors un moyen
de relance économique de type keynésien et ayant comme contrepartie l'inflation.
capital
Tout bien durable ou montant monétaire pouvant rapporter un revenu.
- Théorie marxiste. Le capital est un rapport social de production caractérisant le mode de production
capitaliste et reposant sur la détention privative des moyens de production par la classe capitaliste. Marx
distingue le capital variable (montant du capital destiné à payer la main d'œuvre) et le capital constant
("travail mort", partie du capital destiné à l'acquisition des moyens de production).
- Théorie néoclassique. Le capital est l'un des deux facteurs de production (inputs), avec le travail, servant à
produire des outputs.
(voir accumulation, plus-value)
ceteris paribus ("toutes choses étant égales par ailleurs")
Il s'agit d'une méthode scientifique visant à isoler certaines variables pour expliquer un phénomène en
considérant les autres facteurs explicatifs comme des données qui n'influencent pas le phénomène étudié.
exemple : l'économiste peut s'intéresser à l'influence du prix sur la quantité demandée d'un bien, ceteris
paribus. En d'autres termes, il considère que les autres facteurs explicatifs (comme le revenu ou les prix des
autres biens) sont des données qui ne varient pas.
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chômage (définitions et conceptions)
Selon le Bureau International du Travail et l'INSEE (qui diffère de la définition administrative), est
chômeur celui qui remplit à la fois les 4 critères suivants : être sans travail, être disponible pour travailler,
rechercher activement un emploi et déclarer rechercher un emploi rémunéré. Le chômage peut être
frictionnel (inadéquation temporaire entre l'offre et la demande de travail due à des problèmes
informationnels, d'offre de formations adapté ou de changements professionnels), conjoncturel (s'expliquer
par un ralentissement conjoncturel de l'activité économique se traduisant par une sous-utilisation des
capacités de production existantes), ou structurel (s'expliquant par des innovations technologiques et des
changements économiques ou démographiques majeurs). Dans le débat entre économistes, on trouve la
théorie du chômage volontaire, selon laquelle les chômeurs choisiraient de leur propre gré de ne pas offrir
leur travail étant donné le taux de salaire prévalant sur le marché du travail. Le chômage "classique"
s'expliquerait alors par une taux de salaire réel trop élevé et rigide à la baisse. Face à cette conception
partagée par les classiques et néoclassiques, la théorie du chômage involontaire considère que la majeure
partie du chômage s'explique par l'insuffisance de la demande anticipée par les entreprises.
(voir population active)
circuit économique
Un circuit est un ensemble de flux orientés reliant les sommets d'un graphe entre eux. Certains économistes
comme Keynes représentent l'économie et son fonctionnement sous la forme de circuits : les flux peuvent
relier des agents (circuit organique) ou des fonctions économiques (circuit fonctionnel). La représentation
de l'économie est alors globale. Elle vise à mettre en évidence les relations d'interdépendance entre les
agents ou des relations entre les principaux agrégats économiques (production, revenu, investissement,
consommation,…).
Exemple de circuit organique avec deux groupes d'agents
revenus : salaires, intérêts, dividendes
ventes de produits
ENTREPRISES
MENAGES
recettes : consommation
fourniture de services : travail, prêts
Exemple de circuit fonctionnel
N
K
P
salaires
C
D
I
R
profits
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classe sociale
Ensemble d'individus qui, dans une société donnée, ont (ou sont supposés avoir) des intérêts similaires et
sont caractérisés par une même fonction sociale ou économique.
- Pour les Classiques, il existe principalement trois classes sociales : les propriétaires fonciers (détenant un
droit de propriété sur la terre et dont le revenu consiste en la rente perçue contre l'utilisation de leur terre),
les capitalistes (percevant un profit en contrepartie des avances en capital qu'ils effectuent dans le processus
de production) et les travailleurs productifs (produisant des marchandises reproductibles par le travail et
percevant en contrepartie un salaire). Ces trois classes sont en relation conflictuelles en matière de
répartition des richesses : l'augmentation d'un type de revenu ne peut avoir lieu sans provoquer la
diminution d'au moins l'un des deux autres.
- Selon Marx, le mode de production capitaliste est caractérisé par la lutte entre deux classes sociales : les
capitalistes (propriétaire des moyens de production) et les prolétaires (ne possédant que leur force de
travail). L'opposition de classe provient ici de l'exploitation du travail par le capital.
concurrence (sens courant)
Interactions entre des individus ou des organisations poursuivant un même objectif (gagner des parts de
marché, faire le plus de profit,…) caractérisées par un processus de rivalité. La libre concurrence signifie le
plus souvent qu'il n'y a aucune entrave technologique ou réglementaire empêchant ce type d'interactions
d'avoir lieu. Un fait intéressant à noter est que la "libre" concurrence entendue dans ce sens peut conduire à
la constitution de monopoles : la concurrence est alors un processus de rivalité entre organisations et
d'élimination des moins "adaptés" (technologiquement, structurellement ou institutionnellement). Les
théories libérales admettent alors l'intervention de l'Etat à travers la mise en vigueur du droit de la
concurrence pour "protéger" le processus concurrentiel. En d'autres termes, la situation de monopole peut
tout aussi bien être une "récompense" pour la firme la plus "adaptée" à son environnement ou la plus
"viable" (preuve de la supériorité du vainqueur à l'issue du processus de sélection) ou représenter un
obstacle au "progrès" économique en empêchant le processus de concurrence de jouer (en bloquant par
exemple l'innovation ou la recherche d'une qualité supérieure au détriment des consommateurs) : c'est le
paradoxe de la libre concurrence !
concurrence pure et parfaite
Théorie néoclassique. Structure de marché de référence de la théorie néoclassique caractérisée par quatre
hypothèses fondamentales :
- un "très grand" nombre d'offreurs et de demandeurs de sorte qu'aucun agent ne peut avoir une influence
sur le prix du marché par les quantités qu'il offre ou qu'il demande. Chaque agent est preneur de prix (pricetaker).
- une homogénéité du produit : toutes les unités du produit offert sur le marché sont identiques et par
conséquent, aucun agent ne peut influencer le prix en différenciant son offre.
- une liberté totale d'entrée et de sortie (absence de barrière à la mobilité) : Le nombre d'acheteurs et de
vendeurs est si élevé, que ces derniers n'ont aucun moyen d'établir de relations privilégiées entre eux (pas
de collusion) qui ait une influence. Cela permet la libre d'entrée et de sortir sur le marché. L’hypothèse de
liberté d'entrée et de sortie suppose également la mobilité parfaite des facteurs de production : le travail et
le capital se déplacent librement entre les différents secteurs de production, en l'absence de barrière à
l’entrée et à la sortie.
- une information parfaite (transparence du marché) : un offreur ou un demandeur connaît toutes les
caractéristiques de l'échange (identité de son partenaire, caractéristiques du produit, prix,…) de sorte
qu'aucun agent ne peut bénéficier d'une asymétrie informationnelle (d'une meilleure information) pour
imposer un prix supérieur au prix qui s'établirait dans une situation d'information parfaite.
Si ces quatre hypothèses sont respectées, alors un prix unique d'équilibre s'impose à tous les agents. Il s'agit
d'une norme de référence à partir de laquelle les néoclassiques prétendent évaluer l'efficience d'un marché.
La concurrence pure et parfaite permet de lutter au mieux contre la rareté des ressources étant donné l'état
des technologies et les préférences des individus. Selon Pareto, tout équilibre de concurrence pure et
parfaite est un optimum, c'est-à-dire qu'il est impossible d'améliorer le sort d'un individu sans détériorer
celui d'au moins un autre : le bien-être collectif se situe alors à son niveau maximal.
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consommateur
Théorie néoclassique. Le consommateur est l'une des représentations fictives utilisées par le courant
néoclassique pour fonder sa théorie du fonctionnement du marché. Il représente l'une des facettes des
individus lorsqu'ils sont demandeurs sur le marché des biens de consommation finale. Les individus
peuvent également être producteurs de services lorsqu'ils sont offreurs sur le marché du travail ou sur celui
des fonds prêtables. Lorsqu'il est consommateur, pour chaque produit, le consommateur décide quelle
quantité il souhaite acquérir pour chaque prix de ce produit qui lui est imposé par le marché. Son objectif
est alors de maximiser son utilité (conformément à l'approche hédoniste retenue par la théorie néoclassique
sous la contrainte de son revenu (sa contrainte budgétaire).
coût d'opportunité
C'est le prix associé à la renonciation d'une possibilité. Le coût d'opportunité d'une décision économique est
alors la valeur de l'alternative la plus intéressante à laquelle l'agent renonce.
Exemple : le coût d'opportunité d'une journée de loisir est le salaire que l'individu aurait pu gagner en
employant sa journée à travailler. Ce salaire peut être symbolique : l'échec à un examen pour un étudiant
qui préfère aller au cinéma qu'en cours…
débouchés (loi des débouchés)
"Loi" de Jean-Baptiste Say (1767-1832) selon laquelle toute production ouvre des débouchés équivalents
de sorte qu'aucune crise de surproduction n'est possible. En effet, la production globale de marchandises
génère des revenus qui donne lieu à des dépenses (consommation, investissement) lesquelles servent de
débouchés pour la production
Facteurs de production
(capital, travail)
PRODUCTION
REVENUS
CONSOMMATION
EPARGNE
INVESTISSEMENT
DEPENSES
servent de débouchés pour la
production
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défaillances du marché
Le marché est dit “défaillant” lorsqu'il ne permet pas d'exploiter de façon optimale les ressources dont
dispose la collectivité. Les prix ne constituent pas des signaux adéquats pour la réalisation d'une allocation
efficiente des ressources. Pour les tenants de l'économie du bien-être, l'Etat doit donc intervenir s'il n'existe
aucune solution marchande et son objectif doit être d'assurer l'allocation efficiente des ressources. Or,
lorsque l'on examine le fonctionnement d'une économie de marché, des défaillances importantes
apparaissent comme les externalités, les biens collectifs, ou le monopole naturel.
(voir Etat, libéralisme)
demande (courbe de)
Ensemble des quantités de produit que le consommateur a l'intention d'acheter en fonction des différents
prix hypothétiques possibles. La forme décroissante de la courbe de demande individuelle s'explique par le
principe d'utilité marginale décroissante. Etant donné l'indépendance des décisions de chaque
consommateur, la courbe de demande totale sur un marché donné s'obtient par l'"addition" horizontale des
courbes de demandes individuelles.
prix
p1
demande globale
q1
quantités demandées au prix p1
quantités
demande effective
Prévisions des entrepreneurs sur la demande globale de biens de consommation et d'investissement pour le
futur proche. Selon Keynes, ce n'est pas l'offre qui détermine le niveau de la production et de l'emploi. Pour
lui, le niveau des revenus et de l’emploi dépend du volume de la production, qui dépend lui-même de la
demande effective, c'est-à-dire des prévisions des entrepreneurs sur la demande globale de biens de
consommation et d'investissement pour le futur proche. La question est donc de savoir comment se
détermine cette demande effective, c'est-à-dire la demande telle que l’anticipent les entrepreneurs.
Le niveau de la demande effective est déterminé par l'intersection entre l'offre globale (les recettes
minimales pour employer N personnes) et la demande globale (les recettes prévues par les entrepreneurs
pour chaque niveau d'emploi).
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offre globale
Recettes globales
(valeurs de l'offre
et de la demande
globales)
demande
globale
Emploi
demande excédentaire (offre insuffisante) / demande insuffisante (offre excédentaire)
prix
offre
p1
p*
p2
demande
qd1
qo2 q* qd2
qo1
quantités
(voir loi de l'offre et de la demande)
déréglementation
Les politiques structurelles menées par l'Etat comprennent entre autres une réglementation des activités
économiques. La déréglementation consiste alors en l'"allègement" de l'environnement institutionnel, c'està-dire à supprimer les règles institutionnelles fixées par l'Etat supposées inefficientes et entravant le libre
fonctionnement du marché et à les remplacer par des règles jugées moins contraignantes pour les agents
économiques. Les défenseurs du libéralisme économique ont ainsi préconisé la suppression du contrôle
administratif des prix et du change, la suppression de normes de sécurité et de protection de
l'environnement, de l'autorisation administrative de licenciement, le décloisonnement bancaire,… afin de
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laisser jouer la loi de l'offre et de la demande et de faire prévaloir la liberté d'entreprendre. La
déréglementation suppose que le marché a un pouvoir auto-régulateur et peut se passer de l'intervention de
l'Etat.
(voir Etat, libéralisme)
division du travail
Mode d'organisation du travail visant à accroître la productivité en accentuant la spécialisation des métiers
au sein d'une économie, des tâches au sein d'une entreprise ou des activités entre les pays. Dans le premier
cas, on parle de division professionnelle du travail au sein de la société entre producteurs indépendants qui
échangent ensuite librement. Dans le deuxième cas, il s'agit de la Division technique du Travail, entendue
comme subdivision des taches dans un atelier ou lors du procès interne de production. Enfin, dans le
troisième cas, les classiques montrent que les pays ont un intérêt mutuel au libre-échange fondé sur des
spécialisations nationales dans certaines productions à partir de la théorie des avantages absolus de Smith et
de la théorie des avantages relatifs de Ricardo.
« Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de
l’habilité, de l’adresse et de l’intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué sont dues à la division du
travail » (Adam Smith, 1776)
(voir avantages absolus et relatifs)
économie/économie politique/science économique (définitions)
- "science des richesses" : comment accroître les richesses du Prince (mercantilistes) ou de la nation
(classiques) ?
- sciences des choix efficaces : L'économie c'est l'étude de la façon dont les individus s'organisent pour
satisfaire leurs besoins au moindre coût, en opérant des choix efficaces grâce à des calculs permanents
permettant d'ajuster leurs ressources à leurs besoins. Pour Lionel Robbins, c'est la "science qui étudie le
comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usage alternatif"
économie d'échelle
(voir rendements d'échelle)
équilibre général / équilibre partiel (analyse d')
D'une manière générale, l'équilibre caractérise un état stable et durable d'un système économique.
La théorie néoclassique distingue deux types d'équilibre : l'équilibre général et l'équilibre partiel.
L'équilibre général (équilibre walrassien, de l'économiste Léon Walras) est l'équilibre obtenu sur tous les
marchés en prenant en compte les interdépendances découlant des choix des agents opérant sur ces
marchés. L'offre et la demande totales d'un bien est déterminée non seulement par le prix de ce bien, mais
par les prix de tous les autres biens et facteurs de production. L'équilibre partiel (Alfred Marshall) est un
équilibre qui caractérise un marché particulier, ceteris paribus (c'est-à-dire que l'on isole ce marché des
influences extérieures : on ne tient pas compte de l'interdépendance des marchés). Dans les deux cas, l'idée
sous-jacente est que, sous certaines conditions, la confrontation de l'offre et de la demande permet
l'obtention d'un prix d'équilibre (équilibre partiel) ou d'un système de prix d'équilibre (équilibre général) qui
permet de maximiser les objectifs des consommateurs, des producteurs ainsi que des offreurs et
demandeurs de travail et de capital sous contrainte des ressources disponibles et des technologies
existantes. La concurrence pure et parfaite apparaît ici comme un idéal qui permet la meilleure allocation
possible des ressources et donc un équilibre stable et durable : tous les agents sont satisfaits et ne désirent
plus varier dans leur position sur le marché.
Par rapport aux théories classiques et néoclassiques, Keynes montre que le fonctionnement de l'économie
permet d'atteindre l'équilibre macroéconomique (notamment pas l'égalisation entre investissement et
épargne), mais que cet équilibre peut être qu'un équilibre de sous-emploi où le chômage peut être
essentiellement de nature involontaire. Laissez faire le marché n'est alors pas suffisant pour assurer le plein
emploi des facteurs de production et l'Etat doit intervenir, notamment par des dépenses publiques, pour
relancer l'économie.
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Etat
Concrètement, l'Etat est constitué par l'ensemble des institutions publiques (administrations centrales,
collectivités territoriales et administrations de la sécurité sociale) disposant d'un pouvoir de coercition
(monopole de la violence légale) aux fins de gouverner une nation et de maintenir l'ordre social en créant
des lois et en sanctionnant les violations de ces lois. D'une manière générale, il existe trois grandes
conceptions de l'Etat en sciences économiques. Le libéralisme conçoit l'Etat comme le mandataire des
différents intérêts privés convergeant naturellement vers l'intérêt général et dont le rôle est d'être un
gendarme faisant respecter les règles du jeu. A l'opposé, la conception marxiste a une vision
instrumentaliste de l'Etat selon laquelle il agit en faveur des intérêts de la classe dominante en favorisant
l'exploitation du prolétariat. L'interventionnisme considère au contraire que l'Etat peut agir dans l'intérêt de
tous et pour cela, il doit mettre en œuvre une politique économique afin de jouer sur les grandes variables
macroéconomiques (consommation, investissement, emploi). A ces fonctions de l'Etat, se sont ajoutées des
fonctions d'allocation et de redistribution que Keynes met également en avant lorsqu'il s'agit de relancer la
croissance économique.
(voir politique économique, Etat-providence, libéralisme, budget de l'Etat)
Etat gendarme
(voir libéralisme)
Etat providence (welfare state)
(voir interventionnisme)
état stationnaire
Théorie classique. Situation de l'économie caractérisée par une croissance nulle des richesses et la misère
économique. Vision pessimiste découlant de la conjonction du principe de population de Thomas R.
Malthus et du mécanisme de la rente différentielle de David Ricardo.
exploitation
Théorie marxiste. Rapport social favorable aux détenteurs des moyens de production (capitalistes)
prélevant une plus value étant donné la nature particulière de la marchandise qu'est la force de travail. Ce
rapport est masqué par les apparences d'une société marchande caractérisée par l'égalité juridique des
coéchangistes. Pour autant, l'exploitation n'est pas un vol : le capitaliste achète la force de travail à sa
valeur.
(voir plus value)
externalité
L'externalité ou effet externe correspond à une situation où un agent voit varier son utilité ou son profit
sous l'effet de l'action ou de l'abstention économique d'un autre agent, effet qui n'est pas pris en compte par
les mécanismes de marché. L'exemple le plus connu d'externalité est la pollution. On distingue ainsi
l'émetteur du récepteur de l'externalité. L'externalité évalue ainsi les bénéfices ou les coûts associés à ces
variations d'utilité. Dans le premier cas, on parle d'externalité positive et aucun compensation n'est versée à
l'émetteur et dans le second, d'externalité négative et aucun dédommagement n'est versé au récepteur. Le
marché est alors défaillant parce qu'il ne parvient pas à faire coïncider les valeurs privées et les valeurs
sociales. L'intervention de l'Etat peut alors se justifier.
(voir libéralisme, interventionnisme)
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fonction de consommation
Théorie keynésienne. Relation fonctionnelle entre le revenu (variable explicative) et la consommation
(variable expliquée) selon laquelle la consommation augmente avec le revenu, mais moins que
proportionnellement.
(voir propension à consommer)
fonction de demande individuelle
Théorie néoclassique. La fonction de demande d'un consommateur est la fonction qui associe à tout
système de prix (variation de la droite de budget) et à tout revenu de ce ménage, le panier de biens qui
maximise son utilité à ces prix et à ce revenu. Comme le revenu dépend également des prix, la demande
n'est fonction en dernière instance que des seuls prix. La fonction de demande d'un bien x indique donc la
quantité de bien x D(x) qui sera demandée en fonction des différents prix hypothétiques de ce bien, toutes
choses égales par ailleurs.
(voir demande)
fonction d'offre individuelle
Théorie néoclassique. La fonction d'offre individuelle d'un bien par un producteur est la fonction qui
associe au prix p de ce bien la production O(p) maximisant en p le profit de ce producteur, le prix des
inputs étant donnés. la fonction d'offre du producteur est obtenue via la maximisation du profit compte tenu
des possibilités techniques et des prix des inputs.
(voir offre)
fonction de production
Théorie néoclassique. L'entreprise est caractérisée par un ensemble de possibilités techniques résumée par
sa fonction de production. La fonction de production associe à chaque combinaison d'inputs (capital,
travail) la quantité maximale d'outputs qu'il permet de produire compte tenu des possibilités techniques. La
fonction de production indique la quantité maximale (choix optimal) de produits que l'on peut obtenir à
l'aide d'une combinaison donnée de facteurs de production, compte tenu de l'état connu de la technologie.
Cette fonction est caractérisée par la productivité marginale et les rendements d'échelle.
(voir producteur, productivité marginale, rendements d'échelle)
fonctions régaliennes de l'Etat
(voir libéralisme, Etat)
force de travail
Théorie marxiste. Seule marchandise dans le mode de production capitaliste dont la valeur d'usage est
supérieure à la valeur d'échange.
(voir plus value)
hédonisme
Recherche du plaisir le plus élevé possible comme principe moral.
(voir consommateur)
holisme
Approche qui consiste à adopter une interprétation globale du fonctionnement de la société. Contrairement
à l'individualisme méthodologique, la démarche holistique prétend que les phénomènes sociaux sont une
totalité non réductible à la somme de leurs composantes. La macroéconomie keynésienne est fondée sur
une telle doctrine.
(voir individualisme méthodologique)
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individualisme méthodologique
Approche selon laquelle les phénomènes sociaux s'expliquent à partir des décisions et des comportements
des agents individuels composant une collectivité. La microéconomie est fondée sur cette doctrine puisque
qu'elle explique le fonctionnement de l'économie sur la base d'une théorie du consommateur et du
producteur.
(voir holisme)
intérêt / taux d'intérêt
L'intérêt est la rémunération versée par l'emprunteur au prêteur d'une somme d'argent en contrepartie du
service rendu par le second au premier. En contrepartie, l'emprunteur a le droit d'utiliser la somme d'argent
pendant une durée déterminée. Le taux d'intérêt est le montant de l'intérêt rapporté au capital emprunté.
Selon la théorie classique, le taux d'intérêt est le prix (réel) de l'abstinence (renonciation à consommer
immédiatement) tandis que pour Keynes, il représente le prix (monétaire) de la renonciation à la liquidité.
interventionnisme
Apparue à l'occasion de la grande crise de 1929, l'interventionnisme est une conception selon laquelle l'Etat
doit jouer un rôle actif en matière économique afin de favoriser à la fois la croissance économique et le
progrès social. Cette conception suppose que l'intérêt général est différent de la somme des intérêts privés
et que l'Etat en est le garant en produisant des biens collectifs, en effectuant des transferts sociaux et en
régulant l'activité économique. L'interventionnisme se fonde sur la pensée keynésienne selon laquelle la
lutte contre le sous-emploi et le financement d'un régime de protection sociale permettent d'améliorer la
situation sociale de la nation tout en relançant l'économie par la demande. L'interventionnisme s'oppose à la
conception de l'Etat-gendarme qui restreint le rôle de l'Etat à ses fonctions régaliennes, à savoir la
protection des individus et de leurs droits de propriété ainsi qu'éventuellement la production de certaines
infrastructures. La conception de l'Etat-providence ne doit d'ailleurs pas être confondue avec la justification
de l'intervention publique en économie du bien-être basé sur l'existence de défaillances de marché. La crise
des années 70 et l'apparition de la stagflation ont remis en cause l'interventionnisme et ouvert la voie à un
renouveau du libéralisme et une vague de déréglementation de l'économie.
(voir libéralisme, politique économique, protection sociale)
libéralisme
La théorie libérale prône la non intervention de l'Etat en matière économique. Dans sa version la plus
extrême (école autrichienne), l'Etat doit se cantonner dans ses fonctions régaliennes (justice, police, armée,
diplomatie) visant à assurer la sécurité et le respect des droits des individus. Pour l'économie du bien-être,
l'intervention de l'Etat peut s'étendre à l'économie en cas de défaillance du marché.
(voir Etat, défaillance du marché, interventionnisme)
"loi" de l'offre et de la demande
Théorie néoclassique. La libre confrontation de l'offre et de la demande sur les marchés conduit
automatiquement à un prix et à une quantité d'équilibre (p* et q* sur le graphique) dès lors que certaines
conditions sont remplies (productivité et utilité marginales décroissantes, grand nombre de participants au
marché,…) et donc que la courbe d'offre totale est croissante et la courbe de demande totale décroissante.
Cet équilibre de concurrence est stable sur le court terme car si le prix de marché s'écarte du prix
d'équilibre, la pression des forces opposées du marché l'y ramèneront. Ainsi si un prix supérieur au prix
d'équilibre était "annoncé" sur le marché, les quantités offertes seraient alors supérieures aux quantités
demandées. Cette offre excédentaire provoquerait une concurrence sur le prix entre offreurs pour "liquider"
leur surplus et donc un mouvement baissier (amplifié par une moindre quantité demandée) jusqu'à ce que
l'équilibre (p*, q*) soit obtenu à nouveau.
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
prix
offre
p*
demande
q*
quantités
(voir offre, demande, consommateur, producteur, concurrence pure et parfaite)
"loi" psychologique fondamentale
(voir propension à consommer)
main invisible (principe dit de la)
Convergence des intérêts individuels et de l'intérêt collectif selon Adam Smith. Chaque individu en
poursuivant égoïstement son intérêt particulier assure la prospérité de la nation dès lors que la concurrence
prévaut sur les marchés.
(voir libéralisme économique)
marché
Lieu fictif ou réel de confrontation de l'offre et de la demande.
Le marché est l'un des modes d'allocation et de gestion des ressources avec la planification (décisions
d'affectation des ressources prises par l'Etat), la hiérarchie (l'organisation des transactions à l'intérieur d'une
organisation) ou des formes hybrides (par exemple, coopération entre deux agents pour décider comment
allouer une ressource, à quel prix, etc.).
Le marché peut être caractérisé par sa structure. Le tableau de Stackelberg constitue une typologie des
marchés selon le nombre d'offreurs et de demandeurs qui y interviennent.
offre
unité
petit nombre
grand nombre
monopsone contrarié
oligopole bilatéral
oligopole
monopsone
oligopsone
concurrence pure et parfaite
demande
unité
petit nombre
grand nombre
monopole bilatéral
monopole contrarié
monopole
Ainsi les deux cas polaires qui ont d'abord intéressé la théorie néoclassique sont la concurrence pure et
parfaite et le monopole :
- dans le premier cas, un grand nombre d'agents confrontent leurs offres et leurs demandes sans qu'aucun ne
puisse avoir une influence sur le prix de marché (en disposant d'une taille suffisante, en différenciant son
produit ou en utilisant d'éventuelles asymétries informationnels, voir concurrence pure et parfaite)
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
- dans le deuxième cas, lorsqu'un seul offreur propose un bien ou un service à un grand nombre de
demandeurs, il est en situation de monopole et est le seul à décider en matière de prix (faiseur de prix ou
price maker)
Il existe ensuite différentes cas intermédiaires (oligopoles,…) ou symétriques (monopsone, monopole
bilatéral) dans lesquels les offreurs ou les demandeurs ont une influence plus ou moins significative sur les
prix. Dans tous les cas, on évaluer l'efficience d'une marché en prenant comme référence la concurrence
pure et parfaite, structure idéale en matière d'allocation des ressources entre les agents (aucun gaspillage de
ressources par rapport aux préférences individuelles et aux technologies existantes).
marginalisme / raisonnement à la marge
Méthode scientifique selon laquelle on mesure l'influence d'un changement marginal (augmentation d'une
unité) d'une variable sur une autre variable.
Exemple : l'utilité marginale d'un bien est le surcroît d'utilité ressenti par un individu par une unité
supplémentaire de ce bien.
maximisation (en microéconomie)
Méthode mathématique représentant le "programme" d'un agent cherchant à atteindre au maximum un
objectif compte tenu d'une contrainte quelconque.
(voir consommateur, producteur)
monnaie
La monnaie peut être définie par sa nature (marchandise communément acceptée comme moyen d'échange,
actif détenu par les agents dans leur patrimoine, institution sociale essentielle dans une société marchande),
par ses formes (divisionnaire : pièces, fiduciaire : billets, scripturale : solde positif d'un compte bancaire) ou
par ses fonctions. On distingue trois grandes fonctions :
- unité de compte (sert à exprimer la valeur de tous les biens dans une même unité)
- moyen de règlement des échanges (avantage par rapport au troc)
- réserve de valeur (permet aux agents de faire face à l'incertitude).
Les deux premières fonctions font de la monnaie un intermédiaire des échanges, seule fonction reconnue à
la monnaie par les classiques et les néoclassiques. Les agents ne détiennent pas de monnaie : soit ils
consomment, soit ils "s'abstiennent" en épargnant. Mais cette épargne est intégralement placées sur les
marchés de fonds prêtables (marché du capital) en fonction du taux d'intérêt qui devient le prix de la
renonciation à la consommation immédiate. La monnaie n'interfère donc pas dans les échanges
économiques et n'a pas d'influence sur les prix réels des marchandises qui ne dépendent que des
technologies employées, des quantités de travail qui y sont incorporés (Ricardo) ou des préférences
individuelles (néoclassiques).
Au contraire, Keynes mettra en avant la troisième fonction en mettant au cœur de son analyse l'incertitude :
les agents – ménages ou entreprises – doivent faire face aux aléas de l'existence (accidents, dépenses
imprévues,…) ou font des anticipations sur les marchés financiers. Dès lors, la détention de monnaie (actif
le plus liquide parmi les biens durables susceptibles de conserver leur valeur au cours du temps) sous forme
d'encaisses (billets de banques ou solde positif sur un compte bancaire) permet aux agents de subvenir aux
dépenses courantes (motif de transaction), faire face aux aléas de la vie (motif de précaution) ou d'arbitrer
entre placements financiers et monnaie en fonction des évolutions anticipées du taux d'intérêt (motif de
spéculation). La monnaie cesse d'être neutre, les agents étant victimes de l'illusion monétaire et considérant
le taux d'intérêt comme le prix de la renonciation à la liquidité.
multiplicateur
Un multiplicateur est un coefficient supérieur à 1 mesurant le rapport entre la variation d'une variable et la
variation d'une autre variable. Plus précisément, c'est le processus suivant lequel l'augmentation initiale
d'une grandeur macroéconomique produit en fin de période une augmentation plus importante de cette
même grandeur.
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
multiplicateur d'investissement
Théorie keynésienne. L'injection d'investissements supplémentaire (ΔI) dans un circuit économique peut,
sous certaines conditions (économie fermée, par exemple), générer une augmentation (ΔY) plus importante
du revenu national (ΔY). L'indicateur qui permet de mesurer l'ampleur de cette augmentation en fin de
période est le multiplicateur. Si k est le multiplicateur, on a donc ΔY = k ΔI
avec
k
1
1 c
ou
k
1
s
et avec c : propension marginale à consommer et s : la propension marginale à épargner (s = 1 – c).
nationalisation
La nationalisation est l'appropriation par l'Etat d'une ressource naturelle ou d'un actif dont les droits de
propriété étaient soit initialement inexistants (pétrole), soit privés. Dans le premier cas, il peut s'agir
d'empêcher la surexploitation d'une ressource naturelle ou d'en tirer une rente. Dans le second cas, la
nationalisation se justifie par les actes passées des dirigeants (sanction de Renault du fait de sa
collaboration pendant la Deuxième Guerre Mondiale) ou par la nature stratégique de l'activité de la firme.
La nationalisation peut alors correspondre à une politique structurelle visant à moderniser le système
productif national. Lorsque l'Etat contrôle totalement l'actif, on parle d'étatisation. A l'inverse de la
nationalisation et de l'étatisation, la privatisation correspond au transfert du capital d'une entreprise
publique à des agents privés. Elle se justifie pour différentes raisons : volonté de diminuer le rôle de l'Etat
dans l'économie, modification de la nature de la gestion et des sources de financement des entreprises
concernées, intensification des contraintes concurrentielles, restructuration du système productif national.
(voir Etat, interventionnisme)
neutralité de la monnaie
Conception classique et néoclassique selon laquelle la monnaie n'influence pas les facteurs réels de
l'économie.
(voir monnaie, loi des débouchés)
offre (courbe d')
Théorie néoclassique. Relation entre les prix fixés par le marché et les quantités offertes par les
producteurs. Pour chaque prix, le producteur va offrir une quantité donnée de produit qui lui permet de
maximiser son profit compte tenu des possibilités technologiques et du coût des facteurs de production. Par
hypothèse, il est supposé que plus le prix est élevé, plus la quantité offerte par le producteur le sera
également. Cette décroissance de la courbe d'offre individuelle se retrouve au niveau collectif sur le marché
à travers la courbe d'offre totale. En effet, celle-ci est obtenue par "addition" horizontale des courbes
d'offres individuelles et, étant donné l'indépendance des décisions de chaque producteur, cette courbe
d'offre totale est forcément décroissante.
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prix
offre globale
quantités
(voir producteur, fonction d'offre individuelle)
paradoxe de l'eau et des diamants
Pourquoi le prix de l'eau dont l'utilité est nettement supérieure à celle des diamants est inférieur à celui des
diamants ? Pour les Classiques, ce paradoxe justifie une distinction entre marchandises reproductibles par
le travail et biens non reproductibles : la valeur d'échange des premières est déterminée par le travail tandis
que la valeur d'échange des seconds s'explique par leur rareté. Selon les Néoclassiques, ce paradoxe n'en est
pas un puisque la valeur des produits est déterminée par leur utilité marginale.
(voir valeur)
plein emploi
Etat de l'économie caractérisé par la pleine utilisation du travail et du capital.
(voir demande effective)
plus value
Théorie marxiste. Différence entre la valeur d'usage du travail (valeur produite par le travailleur) et la
valeur d'échange de la force de travail (salaire perçu par le travailleur). Le taux de plus value permet de
mesurer l'intensité de l'exploitation du travail par le capital.
politique économique
Ensemble de décisions et des mesures conjoncturelles et structurelles prises par l'Etat, s'inspirant plus ou
moins d'une doctrine (libéralisme, interventionnisme) et visant à l'aide de divers instruments (budget,
monnaie, réglementation) à atteindre des objectifs hiérarchisés par rapport à la situation économique de la
nation. Les principaux objectifs de la politique économique sont la croissance économique, le plein-emploi,
la stabilité des prix et l'équilibre des échanges extérieurs. Néanmoins, il est particulièrement difficile de
remplir simultanément ces quatre objectifs et par conséquent, l'Etat doit fixer des priorités afin d'assurer
une certaine cohérence dans la mise en œuvre de la politique économique. Cette hiérarchisation repose sur
la doctrine guidant l'action de l'autorité publique.
(voir politique économique, interventionnisme, libéralisme)
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politique conjoncturelle / structurelle
Une politique conjoncturelle est une politique économique de régulation et d'orientation de l'évolution à
court terme de l'activité économique dont l'objectif est un ou plusieurs éléments du "carré magique" (forte
croissance, stabilité des prix, plein emploi et équilibre des échanges avec l'extérieur). Ce type de politique
qualifiée de "stop&go" alterne entre relance keynésienne de la demande et rigueur (lutte contre l'inflation,
réduction du déficit extérieur, maîtrise des salaires,…). A l'inverse, une politique structurelle recouvre
l'ensemble des actions entreprises par l'Etat pour modifier durablement la structure de l'économie nationale,
à savoir promouvoir une croissance économique durable et un développement équilibré de long terme. Elle
repose sur des instruments tels que la politique industrielle, la redistribution des revenus, la recherche,
l'éducation ou la politique démographique et sociale. Le clivage entre les deux types de politiques reposent
sur l'horizon temporel de leurs objectifs réciproques et des contradictions peuvent alors apparaître. Pour
autant, certaines politiques structurelles nécessitent des mesures conjoncturelles (hausse des dépenses
publiques pour financer des programmes de recherche scientifiques) de même qu'une politique
conjoncturelle a souvent des effets structurants sur le système industriel.
(voir politique économique, politique budgétaire, politique monétaire)
politique structurelle
(voir politique conjoncturelle / structurelle)
politique monétaire
Volet de la politique économique basées sur le contrôle de la masse monétaire, la manipulation des taux
d'intérêt et du taux de change.
(voir politique économique, politique conjoncturelle / structurelle)
politique budgétaire
Volet de la politique économique de type keynésienne basée sur les dépenses publiques et les recettes
fiscales comme moyen d'action sur la demande. Rejetant cet instrument, les économistes libéraux
préconisent le recours à la politique monétaire et une maîtrise des dépenses publiques.
politique industrielle
Volet de la politique économique de nature structurelle visant à moderniser ou à améliorer le système
productif national à l'aide de différents outils réglementaires et budgétaires. La politique industrielle
comprend quatre couches distinctes : les politiques sectorielles (aide à la reconversion de certaines
industries déclinantes, promotion d'industries nouvelles) ; l'action sur l'environnement des firmes (mise en
place d'infrastructures, politique de la concurrence, renforcement de la compétitivité par le change,…) ; les
mesures incitatives visant à orienter les comportements des firmes (subventions,…) ; et enfin les grands
projets industriels ayant des effets d'entraînement. La politique industrielle connaît un renouveau
actuellement avec l'avènement des technologies de l'information.
population active
Parmi l'ensemble de la population en âge de travailler (entre 15 et 65 ans), la population active est
constituée par l'ensemble des actifs occupés (les personnes qui ont un emploi) et les chômeurs (ceux qui
recherchent un emploi). Le taux de chômage représente le nombre de chômeurs par rapport à la population
active. Les personnes inactives sont les personnes qui n'occupent pas un emploi et n'en recherchent pas :
étudiants, retraités, rentiers et personnes "au foyer".
(voir chômage)
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population (principe de)
Théorie classique. Selon Thomas Robert Malthus, la population croît à un rythme géométrique tandis que la
production des ressources alimentaires n'augmente que selon une progression arithmétique. Il s'en suit une
misère inévitable se traduisant par une surmortalité, à moins que les individus ne se soumettent à certains
principes moraux tels que le mariage tardif ou l'abstinence.
préférences
(voir consommateur)
préférence pour la liquidité
Concept central dans la théorie keynésienne qui désigne la tendance des individus à préférer détenir leur
richesse sous forme de monnaie étant donné l'incertitude radicale qui caractérise l'avenir et la parfaite
liquidité de cet actif. La préférence pour la liquidité correspond donc à une demande de monnaie pour ellemême (thésaurisation) : c'est l'une des principales différences entre Keynes et les (néo)classiques qui, pour
la plupart d'entre eux, adhèrent à la conception de la neutralité de la monnaie.
Il existe trois motifs essentiels justifiant la préférence pour la liquidité : le motif de transaction, le motif de
précaution et le motif de spéculation.
prélèvements obligatoires
Ensemble des impôts directs (impôt sur le revenu et sur les sociétés,…), indirects (taxe sur la valeur
ajoutée, taxe sur les produits pétroliers, redevances,…) et locaux versés par les agents économiques
(ménages, entreprises, administrations) à l'Etat, auxquels s'ajoutent les cotisations sociales versées par les
assurés ou leurs employeurs aux organismes d'assurances sociales. En rapportant le montant des
prélèvements obligatoires à PIB, on obtient le taux de prélèvement obligatoire qui mesure la pression
fiscale.
privatisation
(voir nationalisation)
prix nominal
Expression de la valeur en termes monétaires.
(voir salaire nominal/salaire réel)
producteur
Théorie néoclassique. Le producteur est une représentation fictive pour les entreprises. Son objectif est de
maximiser son profit (la différence entre les recettes qu'il retire de la vente de sa production et les coûts de
production) en combinant de manière optimale les facteurs de production (en choisissant la méthode de
production la plus efficiente) et en égalisant son coût marginal à sa recette marginale. Le producteur est
offreur sur le marché des produits (biens de consommation finale ou biens intermédiaires) et demandeur sur
le marché des facteurs de production (travail et capital).
(voir offre, consommateurs, marché)
productivité marginale
La productivité est le rapport entre un volume de production et le montant des moyens mis en œuvre pour
l'obtenir. La productivité marginale désigne la manière dont chaque facteur de production contribue à
l'augmentation de la production. La productivité marginale s'applique à des quantités additionnelles d'inputs
(salarié supplémentaire, heure de travail supplémentaire du même travailleur,...). Il s'agit donc de
l'augmentation de la production résultant d'une hausse de la quantité de l'un des inputs, les quantités des
autres inputs restant inchangées
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
(voir rendements d'échelle)
propension marginale à consommer
Théorie keynésienne. La consommation, selon Keynes, ne dépend que du revenu des ménages. Cette
propension à consommer (C=C(R)) est caractérisée par une "loi psychologique fondamentale : en moyenne
et la plupart du temps, les individus tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croit
mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu. En d'autres termes, tout accroissement
de revenu se traduit par une augmentation de la consommation, mais cet accroissement de la consommation
est moins que proportionnel.
Par exemple, si le revenu national augmente d'1 franc, la consommation va augmenter dans une proportion
comprise entre 0 et 1. Cette propension est appelée la propension marginale à consommer c (C=cR avec
c<1).
La propension marginale à épargner correspond à la proportion non consommée du revenu (s=1-c). Par
exemple, si un ménage a un revenu de 10000 et qu'il en consomme 6000, sa propension marginale à
consommer est de 0,6 (soit 6000 de revenus dépense en biens de consommation) et sa propension
marginale à épargner est de 0,4 (soit 4000 de revenus non dépensés, épargnés, c'est-à-dire soit placés sur le
marché financier, soit thésaurisé).
protection sociale
Système de prise en charge par la collectivité de situations découlant de risques prévisibles ou déterminés
pour lesquels il n'existe pas de contrepartie équivalente et simultanée de la part du bénéficiaire : santé,
maternité, vieillesse, famille, chômage. La protection sociale relève de la fonction de redistribution de
l'Etat. Elle consiste à verser des prestations sociales aux individus à partir de cotisations sociales perçue
prélevés auprès des employeurs et des salariés.
(voir Etat-providence, interventionnisme)
rationalité
Pour Maurice Allais (prix Nobel d'économie en 1988), "un homme est réputé rationnel lorsqu'il poursuit
des fins cohérentes entre elles et qu'il emploie des moyens appropriés aux fins poursuivies."
Pour les Néoclassiques, les individus sont supposés parfaitement rationnels. Ils font des choix cohérents en
fonction d'un préordre de préférences.
(voir maximisation, hédonisme)
rareté
La nature est "avare" : elle ne permet pas aux individus de répondre à l'ensemble de leurs besoins. par
conséquent, un travail est nécessaire pour lutter contre la rareté et contre l'inadaptation des biens offerts
directement par la nature. La rareté est donc la caractéristique de ce qui existe en quantité insuffisante par
rapport aux besoins (quasi illimités) des individus. On peut distinguer la rareté absolue s'appliquant aux
objets non reproductibles et la rareté relative concernant les marchandises et les services. La lutte contre la
rareté est l'objectif de l'activité économique. L'un des objets de la science économique est de comprendre
comment les agents s'organisent face à la rareté et de définir les conditions pour une minimisation des coûts
associés.
(voir économie)
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
rendements d'échelle
Quels sont les effets d'une augmentation dans la même proportion de tous les facteurs de production sur
l'évolution de la production ? Les rendements d'échelle sont définis en considérant des variations
simultanées et au même taux de tous les inputs. On compare alors l'évolution des inputs à celle des outputs.
Trois cas sont généralement possibles :
- la production croit plus vite que les inputs : les rendements d'échelle sont alors croissants (on parle
d'économie d'échelle) ;
- au même rythme : les rendements d'échelle sont constants ;
- moins vite : les rendements d'échelle sont décroissants (on parle également de déséconomie d'échelle).
Les économies d'échelle correspondent donc à une baisse du coût unitaire qui survient lorsqu'on augmente
les quantités produites.
(voir productivité marginale)
rente
Revenu régulier que perçoit le propriétaire d'une ressource rare ou le bénéficiaire d'une position
économique stratégique. Pour la théorie classique, il s'agit du revenu perçu par les propriétaires fonciers :
elle n'est pas un don de la nature mais tient essentiellement à la situation de monopole dans laquelle se
trouvent les proprio fonciers.
rente différentielle
Théorie classique. Selon David Ricardo, les propriétaires des terres les plus fertiles bénéficient d'une rente
croissante à mesure que les terres sont mises en culture pour faire face aux besoins de la population et que
les nouvelles terres sont moins fertiles que les précédentes.
salaire de réserve
Le salaire de réserve est le salaire en deçà duquel un individu n’offre pas de travail (c'est l'intersection entre
la courbe et l'axe des ordonnées). Tant que le taux de salaire du marché est inférieur à un certain seuil
(différent selon les individus), il y a des agents qui ne se présentent pas sur le marché du travail (offre = 0) ;
si le salaire réel augmente et passe au-dessus du salaire de réserve, ils entrent sur le marché du travail.
(voir population active, chômage)
salaire réel/salaire nominal
Théorie néoclassique. Rémunération des services de travail offerts par les individus. Le salaire réel (W/P)
est le pouvoir d'achat en termes de biens et services que permet d'acquérir ce salaire. Il résulte de la
confrontation sur le marché du travail de l'offre de services de travail par les individus (croissante avec le
salaire réel en raison du caractère pénible du travail) et de la demande de services de travail par les
entreprises (décroissante avec le salaire réel étant donné la productivité marginale du travail supposée
décroissante). Il peut également être défini comme le coût d'opportunité du loisir. Choisir l'oisiveté pendant
une certaine période signifie perdre le salaire réel que rapporterait cette période si elle était consacrée au
travail.
Selon J.M. Keynes, les agents économiques prennent leurs décisions sur la base de leur salaire nominal,
leur salaire sous sa forme monétaire. Ils sont donc victimes de l'illusion monétaire, puisqu'ils ne vont pas
diminuer leur offre de travail suite à une augmentation des prix des biens de consommation. Ils ne
raisonnent donc pas sur la base de leur salaire réel. La différence est salaire nominal et salaire réel
s'explique donc par l'inflation.
(voir chômage)
science économique
(voir économie/économie politique/science économique)
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
spécialisation (des tâches)
(voir division du travail)
taux d'échange
Théorie classique. Le rapport des prix entre deux marchandises est égal au rapport des quantités de travail
incorporées dans chacune d'entre elles.
taux de plus-value
Théorie marxiste. Rapport entre la plus value et le capital variable engagé dans le procès de production. Ce
taux est également appelé taux d'exploitation car il mesure le rapport entre le surtravail imposé au prolétaire
et le travail qui sert à renouveler sa force de travail.
(voir plus value, exploitation)
taux de profit
Théorie marxiste. Rapport entre la plus value et le capital total engagé dans le procès de production. Ce
taux est celui qui est pris en compte par le capitaliste, soucieux d'accroître la rentabilité des sommes qu'il
avance pour payer la force de travail (capital variable, salaires versés aux travailleurs, contrepartie du
travail vivant) et acquérir des biens d'équipements, des matières premières, des machines (capital constant).
Le taux de profit est caractérisé par une baisse tendancielle, processus qui devrait à terme conduire à
l'effondrement du mode de production capital.
(voir plus value)
taux marginal de substitution
Théorie néoclassique. Taux d'échange entre deux biens ou deux facteurs qui procure à l'agent le même
niveau de satisfaction ou de production. On appelle taux marginal de substitution entre deux biens de
consommation ou entre deux facteurs de production X et Y (TMSX/Y) le rapport de la variation de Y à la
variation de sens contraire de X telle que le niveau d'utilité (pour les biens de consommation) ou le niveau
des quantités produites (cas des facteurs de production) ne varie pas. Dans le cas du consommateur, le
TMSX/Y est le nombre d'unités de Y que le consommateur est prêt à céder contre une unité en plus du bien
X sans que cela ne change le niveau de satisfaction qu'il retire de la consommation du panier de biens
(X,Y).
thésaurisation
Théorie keynésienne. Contrairement aux (néo)classiques, Keynes considère que l'épargne est un résidu (ce
qui reste du revenu après consommation) qui peut être soit placée sur le marché financier (achat de titres
financiers), soit thésaurisée (conservée sous forme de monnaie). Le taux d'intérêt représente alors le prix de
la renonciation à la liquidité (coût d'opportunité) et non pas le prix de l'abstinence ou de la renonciation à la
consommation immédiate comme les (néo)classiques le soutiennent.
(voir épargne)
travail abstrait / travail concret
Théorie marxiste. Le travail abstrait qui est source de la valeur est du travail égal et indistinct, une
dépense de la même force.
travail commandé
Théorie classique. Selon Adam Smith, la valeur d'une marchandise est déterminé par le travail qu'elle
commande, c'est-à-dire la quantité de travail qu'il est possible d'acquérir en échange de cette marchandise.
La richesse devient le pouvoir sur le travail d'autrui : dans une société fondée sur l'échange, l'individu n'est
plus repéré par le stock de marchandise qu'il possède mais par sa capacité à les acquérir sur le marché. La
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
richesse consiste à acheter ou à commander le travail des autres, à travers sa capacité à acheter les
marchandises produites par les autres. Cette caractéristique à commander le travail des autres est appelée
richesse. Pour Smith, "Un homme est riche ou pauvre selon les moyens qu'il a de se procurer les biens les
commodités et les agréments de la vie ; mais la division du travail une fois établie dans toutes les branches
du travail, il n'y a qu'une partie extrêmement petite de toutes ces choses que l'homme puisse obtenir
directement par son travail ; c'est du travail d'autrui qu'il lui faut attendre la plus grande partie de toutes ces
jouissances ; ainsi il sera riche ou pauvre selon la quantité de travail qu'il pourra commander ou qu'il sera
en état d'acheter."
Par exemple, un voiture qui vaut 10000 euros permet de commander 500 heures de travail si l'on prend comme taux
horaire du salaire 20 euros.
La quantité de travail commandé (px réel de la marchandise) est donnée par la somme de la quantité de travail
incorporé (salaire), du profit et de la rente.
travail incorporé
Théorie classique. David Ricardo rejette la détermination de la valeur par le travail commandé telle qu'elle
est formulée par Adam Smith : la quantité de travail que l’on peut commander est une quantité variable,
contrairement à la quantité de travail incorporée qui est une quantité stable. Selon lui, c'est la même règle
qui permet de déterminer la valeur dans toutes les sociétés ("primitives" ou "avancées") : on compte dans
cette valeur, d'une part, le travail direct incorporé dans la marchandise par les producteurs qui la produisent
et, d'autre part, le travail indirect qu'elle contient, c'est-à-dire celui qui a été nécessaire à la fabrication des
outils, des machines et des biens intermédiaires.
Par exemple, une voiture qui nécessite 100 heures de travail direct payé 20 euros et 400 heures de travail
indirect payé également 20 euros aura une valeur travail incorporée de 100x20 + 400x20 = 10000 euros.
travail simple / travail complexe
Théorie marxiste. Si Marx met en évidence un travail abstrait, dépense de travail indistincte quelles que
soient les marchandises produites, il différencie le travail selon le niveau de qualification du travailleur. Un
temps de travail complexe (travail qualifié d'un ingénieur, par exemple) sera un multiple du même temps de
travail simple (travail non qualifié d'un ouvrier, par exemple), dès lors que le coût de formation du
travailleur qualifié est supérieur à celui du travailleur non qualifié.
travail socialement nécessaire (temps de)
Théorie marxiste. Pour déterminer la valeur d'une marchandise selon Marx, Ce qu'il faut compter, ce n'est
pas le temps de travail effectivement dépensé pour la fabrication d'une marchandise mais le temps de
travail nécessaire en moyenne ou "le temps de T socialement nécessaire", c'est-à-dire « Le temps qu’exige
tout travail, exécuté avec le degré moyen d’habilité et d’intensité et dans des conditions qui par rapport au
milieu social donné sont normales ».
utilité
Satisfaction retirée de la consommation d'une quantité donnée d'un bien ou d'un service. Le surcroît d'utilité
retirée d'une unité additionnelle de ce bien est appelée utilité marginale du bien. Ce concept permet
notamment de résoudre le paradoxe de l'eau et des diamants et plus généralement, constitue un des socles
de la théorie néoclassique.
(voir consommateur)
valeur d'échange
D'une manière générale, c'est le taux d'échange entre deux marchandises (par exemple, une montre "vaut"
deux paires de chaussures).
Théorie classique et théorie marxiste. Lorsque deux agents échangent des marchandises, il leur faut trouver
un critère objectif qui leur permette de parvenir à un accord sur les prix relatifs de ces marchandises : c'est
la quantité de travail commandé ou incorporé. La valeur d'échange mesure ce que l'on peut obtenir en
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
échange du bien considéré. Pour Adam Smith, la valeur d'échange d'une marchandise est égale à la quantité
de travail que cette marchandise permet d'acheter (de "commander") , tandis que pour David Ricardo, elle
est égale à la quantité de travail direct et indirect incorporé dans cette marchandise.
valeur d'usage
La valeur d'usage mesure l'utilité d'un objet particulier, c'est-à-dire la satisfaction que procure la possession
ou la consommation de cet objet à un individu. La valeur d'un bien ou d'un service ne tire pas sa valeur
parce qu'il a nécessité tel coût de production, mais ce bien ou ce service a un coût parce qu'il a de la valeur.
Stanley Jevons rejette ainsi la théorie de la valeur-travail des classiques et de Marx : les valeurs de deux
biens nécessitant la même quantité de travail incorporé ne sont pas forcément égales et la valeur d'un bien
ou d'un service s'explique alors par son utilité et sa rareté (concept d'utilité marginale). Cette conception
adoptée par les Néoclassiques permet de la sorte de ne pas réduire l'analyse économique de la valeur aux
seules marchandises mais permet de l'étendre aux services.
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
SCHEMAS UTILISES EN COURS :
Effets des anticipations des entrepreneurs sur le niveau de la production et le niveau de l'emploi
dépenses prévues
de biens de
consommation
niveau de la
demande effective
anticipations de
entrepreneurs
dépenses prévues de
biens d'équipement
feed-back
(rétroaction)
niveau de
production
dépenses réelles
revenus
niveau de
l'emploi
propension à consommer
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
Schéma d'ensemble de la théorie de Keynes.
niveau de
l'emploi
revenu des
ménages
niveau de la
production
niveau de la
consommation
propension à
consommer
niveau de la demande
effective
motif de transaction
préférence pour
la liquidité
motif de précaution
demande
de monnaie
motif de spéculation
décision des
autorités
monétaires
taux
d'intérêt
offre de
monnaie
niveau de
l'investissement
(demande de biens
de production)
volume des investissements existants
taux d'utilisation des capacités de production
perspective d'évolution de la production
efficacité
marginale
du capital
perspective d'évolution des prix de vente
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© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
Quelques ouvrages des fondateurs
Adam Smith (1776) Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations
David Ricardo (1817) Principes de l'économie politique et de l'impôt
Thomas Robert Malthus (1798) Essai sur le principe de population
Karl Marx (1867-1894) Le capital
Carl Menger (1871) Principes d'économie politique
Stanley Jevons (1872) Theory of political economy
Léon Walras (1874) Eléments d'économie politique pure
Alfred Marshall (1890) Principes d'économie politique et (1919) Industry and Trade
John Maynard Keynes (1936) Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie
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