© Fabrice Rochelandet, Lexique d'économie, 2001
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LEXIQUE D'ECONOMIE POUR ETUDIANTS EN DROIT
Le lexique suivant s'adresse à mes étudiants de première année de DEUG de Droit. Il est un complément
du cours et ne s'y substitue nullement
Toute critique constructive (erreur, conception erronée,…) est la bienvenue à mon adresse électronique :
fabrice.rochelandet@jm.u-psud.fr.
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dernière date de réactualisation : janvier 2002
accumulation
Augmentation du stock de capital au niveau d'une économie. Pour les classiques, l'épargne est un préalable
à l'accumulation et à la croissance économique. Toute épargne sert à financer l'investissement. Selon Karl
Marx, l'accumulation du capital est due à l'accumulation de la plus-value et s'accompagne d'un
accroissement du prolétariat, puis avec l'incorporation toujours croissante de capital constant dans le
processus productif, l'accumulation du capital se traduit par une accroissement du chômage ("l'armée
industrielle de réserve") et de la misère (paupérisation). Toujours selon Marx, l'apparition du prolétariat
(ceux qui ne possèdent que leur force de travail, qu'ils soient qualifiés ou non) est issue d'un processus
d'accumulation primitive au cours duquel les petits producteurs et les artisans se sont vus privés de leurs
moyens de production et sont devenus des salariés. (voir capital, plus-value)
avantages absolus et relatifs
Théorie classique. Les auteurs classiques sont partisans du laissez-faire à l'intérieur des économies
nationales et du laissez-passer entre celles-ci. Sur ce dernier point, le libre-échange s'oppose à la vision des
mercantilistes prônant le protectionnisme pour retenir l'or et l'argent dans l'économie nationale et enrichir le
prince. Adam Smith s'intéresse plutôt à l'enrichissement des nations. Selon lui, les pays ont alors, au
contraire, intérêt à échanger les marchandises pour la production desquelles ils disposent d'un avantage
absolu, c'est-à-dire des coûts de production inférieurs à ceux du partenaire à l'échange, et inversement.
Soulignant les limites de telles situations (certains pays ont des avantages absolus pour la plupart des
productions dès lors que leur main d'œuvre est moins coûteuse), David Ricardo prône également le libre-
échange, mais basé sur les avantages relatifs : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des
biens pour lesquels il dispose d'une avantage interne en termes de coûts de production. Selon Ricardo, le
libre-échange apparaît comme un jeu à somme positive d'autant plus bénéfique que les échanges
internationaux induisent une augmentation de la richesse internationale ralentissant la marche vers un état
stationnaire. (voir division du travail, libéralisme)
barrière à l'entrée et à la sortie
Concept d'économie industrielle. Il s'agit des coûts que doit supporter un agent économique pour établir ou
pour cesser une activité économique. On distingue généralement trois grandes catégories de barrières à
l'entrée : les barrières technologiques (économie d'échelle), stratégiques (intégration amont/aval, prix-
limite,…) et réglementaires (brevet, numerus clausus, licence pour une activité…). Les barrières à la sortie
sont généralement dues aux investissements spécifiques que les firmes ont mis en œuvre durant une période
donnée et dont elles ne peuvent pas récupérer pleinement la valeur si elles décident de cesser leur activité
sur le marché concerné ou de redéployer leurs actifs vers d'autres activités.
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besoin
désir d'un individu, étant donné un état de privation, d'obtenir le moyen de combler le manque
correspondant, d'atténuer une sensation désagréable ou d'accroître une sensation agréable. On distingue
généralement les besoins primaires (alimentation), secondaires (habillement, logement) et tertiaires
(loisirs,…). Un besoin se traduit économiquement par un acte ou une demande visant à obtenir un bien ou
un service permettant de le satisfaire. Le but de l'activiéconomique est alors de satisfaire les besoins
solvables compte tenu de la rareté des ressources disponibles.
bien collectif
Un "bien" collectif (public good) est un service pour la consommation duquel les agents ne sont pas rivaux,
autrement dit, un service qui peut être consommé simultanément par plusieurs agents. On dit encore que sa
consommation est indivisible : la consommation de ce service par un agent ne réduit pas les possibilités de
consommation de ce service par les autres agents. Un bien collectif pur est un bien collectif qui satisfait
trois conditions l'impossibili d'exclusion, l'obligation d'usage et l'absence d'effet d'encombrement
(exemple : la défense nationale). La production marchande de bien collectif n'est pas toujours possible faute
d'une rentabilité suffisante alors que l'existence de ces biens est primordial pour la collectivité. A noter que
certains biens privés peuvent également justifier l'intervention de l'Etat : ce sont d'une part les ressources
communes (pétrole) qui obéissent au principe de rivalité, mais dont l'exclusion est impossible ou coûteuse,
risquant ainsi d'aboutir à leur surexploitation et, d'autre part, les biens sous tutelle dont la consommation est
nuisible (drogue) ou imprévisible (hôpitaux).
budget de l'Etat
Ensemble des comptes arrêtés par le Parlement dans la loi des finances et retraçant la nature, le niveau et la
destination des ressources et des dépenses de l'Etat. Il traduit les objectifs économiques, financiers, sociaux
et culturels de l'Etat. Les recettes du budget général (produit des impôts, taxes, autres prélèvements
obligatoires, produits financiers) peuvent être inférieures aux dépenses de l'Etat : un déficit budgétaire
apparaît alors et nécessite un financement soit par des ressources d'épargne (recours à l'emprunt auprès des
particuliers ou sur les marchés de capitaux), soit par des ressources monétaires sous la forme d'avances de
la banque centrale. La politique budgétaire peut recourir au déficit budgétaire qui constitue alors un moyen
de relance économique de type keynésien et ayant comme contrepartie l'inflation.
capital
Tout bien durable ou montant monétaire pouvant rapporter un revenu.
- Théorie marxiste. Le capital est un rapport social de production caractérisant le mode de production
capitaliste et reposant sur la détention privative des moyens de production par la classe capitaliste. Marx
distingue le capital variable (montant du capital destiné à payer la main d'œuvre) et le capital constant
("travail mort", partie du capital destiné à l'acquisition des moyens de production).
- Théorie néoclassique. Le capital est l'un des deux facteurs de production (inputs), avec le travail, servant à
produire des outputs. (voir accumulation, plus-value)
ceteris paribus ("toutes choses étant égales par ailleurs")
Il s'agit d'une méthode scientifique visant à isoler certaines variables pour expliquer un phénomène en
considérant les autres facteurs explicatifs comme des données qui n'influencent pas le phénomène étudié.
exemple : l'économiste peut s'intéresser à l'influence du prix sur la quantité demandée d'un bien, ceteris
paribus. En d'autres termes, il considère que les autres facteurs explicatifs (comme le revenu ou les prix des
autres biens) sont des données qui ne varient pas.
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chômage (définitions et conceptions)
Selon le Bureau International du Travail et l'INSEE (qui diffère de la définition administrative), est
chômeur celui qui remplit à la fois les 4 critères suivants : être sans travail, être disponible pour travailler,
rechercher activement un emploi et déclarer rechercher un emploi munéré. Le chômage peut être
frictionnel (inadéquation temporaire entre l'offre et la demande de travail due à des problèmes
informationnels, d'offre de formations adapou de changements professionnels), conjoncturel (s'expliquer
par un ralentissement conjoncturel de l'activité économique se traduisant par une sous-utilisation des
capacités de production existantes), ou structurel (s'expliquant par des innovations technologiques et des
changements économiques ou démographiques majeurs). Dans le débat entre économistes, on trouve la
théorie du chômage volontaire, selon laquelle les chômeurs choisiraient de leur propre gré de ne pas offrir
leur travail étant donné le taux de salaire prévalant sur le marché du travail. Le chômage "classique"
s'expliquerait alors par une taux de salaire réel trop élevé et rigide à la baisse. Face à cette conception
partagée par les classiques et néoclassiques, la théorie du chômage involontaire considère que la majeure
partie du chômage s'explique par l'insuffisance de la demande anticipée par les entreprises.
(voir population active)
circuit économique
Un circuit est un ensemble de flux orientés reliant les sommets d'un graphe entre eux. Certains économistes
comme Keynes représentent l'économie et son fonctionnement sous la forme de circuits : les flux peuvent
relier des agents (circuit organique) ou des fonctions économiques (circuit fonctionnel). La représentation
de l'économie est alors globale. Elle vise à mettre en évidence les relations d'interdépendance entre les
agents ou des relations entre les principaux agrégats économiques (production, revenu, investissement,
consommation,…).
Exemple de circuit organique avec deux groupes d'agents
Exemple de circuit fonctionnel
ENTREPRISES
MENAGES
recettes : consommation
fourniture de services : travail, prêts
ventes de produits
revenus : salaires, intérêts, dividendes
P
R
C
I
salaires
profits
K
N
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classe sociale
Ensemble d'individus qui, dans une société donnée, ont (ou sont supposés avoir) des intérêts similaires et
sont caractérisés par une même fonction sociale ou économique.
- Pour les Classiques, il existe principalement trois classes sociales : les propriétaires fonciers (détenant un
droit de propriété sur la terre et dont le revenu consiste en la rente perçue contre l'utilisation de leur terre),
les capitalistes (percevant un profit en contrepartie des avances en capital qu'ils effectuent dans le processus
de production) et les travailleurs productifs (produisant des marchandises reproductibles par le travail et
percevant en contrepartie un salaire). Ces trois classes sont en relation conflictuelles en matière de
répartition des richesses : l'augmentation d'un type de revenu ne peut avoir lieu sans provoquer la
diminution d'au moins l'un des deux autres.
- Selon Marx, le mode de production capitaliste est caractérisé par la lutte entre deux classes sociales : les
capitalistes (propriétaire des moyens de production) et les prolétaires (ne possédant que leur force de
travail). L'opposition de classe provient ici de l'exploitation du travail par le capital.
concurrence (sens courant)
Interactions entre des individus ou des organisations poursuivant un même objectif (gagner des parts de
marché, faire le plus de profit,…) caractérisées par un processus de rivalité. La libre concurrence signifie le
plus souvent qu'il n'y a aucune entrave technologique ou réglementaire empêchant ce type d'interactions
d'avoir lieu. Un fait intéressant à noter est que la "libre" concurrence entendue dans ce sens peut conduire à
la constitution de monopoles : la concurrence est alors un processus de rivalité entre organisations et
d'élimination des moins "adaptés" (technologiquement, structurellement ou institutionnellement). Les
théories libérales admettent alors l'intervention de l'Etat à travers la mise en vigueur du droit de la
concurrence pour "protéger" le processus concurrentiel. En d'autres termes, la situation de monopole peut
tout aussi bien être une "récompense" pour la firme la plus "adaptée" à son environnement ou la plus
"viable" (preuve de la supériorité du vainqueur à l'issue du processus de sélection) ou représenter un
obstacle au "progrès" économique en empêchant le processus de concurrence de jouer (en bloquant par
exemple l'innovation ou la recherche d'une qualité supérieure au détriment des consommateurs) : c'est le
paradoxe de la libre concurrence !
concurrence pure et parfaite
Théorie néoclassique. Structure de marché de référence de la théorie néoclassique caractérisée par quatre
hypothèses fondamentales :
- un "très grand" nombre d'offreurs et de demandeurs de sorte qu'aucun agent ne peut avoir une influence
sur le prix du marché par les quantités qu'il offre ou qu'il demande. Chaque agent est preneur de prix (price-
taker).
- une homogénéité du produit : toutes les unités du produit offert sur le marché sont identiques et par
conséquent, aucun agent ne peut influencer le prix en différenciant son offre.
- une liberté totale d'entrée et de sortie (absence de barrière à la mobilité) : Le nombre d'acheteurs et de
vendeurs est si élevé, que ces derniers n'ont aucun moyen d'établir de relations privilégiées entre eux (pas
de collusion) qui ait une influence. Cela permet la libre d'entrée et de sortir sur le marché. L’hypothèse de
liberté d'entrée et de sortie suppose également la mobilité parfaite des facteurs de production : le travail et
le capital se déplacent librement entre les différents secteurs de production, en l'absence de barrière à
l’entrée et à la sortie.
- une information parfaite (transparence du marché) : un offreur ou un demandeur connaît toutes les
caractéristiques de l'échange (identité de son partenaire, caractéristiques du produit, prix,…) de sorte
qu'aucun agent ne peut bénéficier d'une asymétrie informationnelle (d'une meilleure information) pour
imposer un prix supérieur au prix qui s'établirait dans une situation d'information parfaite.
Si ces quatre hypothèses sont respectées, alors un prix unique d'équilibre s'impose à tous les agents. Il s'agit
d'une norme de référence à partir de laquelle les néoclassiques prétendent évaluer l'efficience d'un marché.
La concurrence pure et parfaite permet de lutter au mieux contre la rareté des ressources étant donné l'état
des technologies et les préférences des individus. Selon Pareto, tout équilibre de concurrence pure et
parfaite est un optimum, c'est-à-dire qu'il est impossible d'améliorer le sort d'un individu sans détériorer
celui d'au moins un autre : le bien-être collectif se situe alors à son niveau maximal.
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consommateur
Théorie néoclassique. Le consommateur est l'une des représentations fictives utilisées par le courant
néoclassique pour fonder sa théorie du fonctionnement du marché. Il représente l'une des facettes des
individus lorsqu'ils sont demandeurs sur le marché des biens de consommation finale. Les individus
peuvent également être producteurs de services lorsqu'ils sont offreurs sur le marché du travail ou sur celui
des fonds prêtables. Lorsqu'il est consommateur, pour chaque produit, le consommateur décide quelle
quantité il souhaite acquérir pour chaque prix de ce produit qui lui est imposé par le marché. Son objectif
est alors de maximiser son utilité (conformément à l'approche hédoniste retenue par la théorie néoclassique
sous la contrainte de son revenu (sa contrainte budgétaire).
coût d'opportunité
C'est le prix associé à la renonciation d'une possibilité. Le coût d'opportunité d'une décision économique est
alors la valeur de l'alternative la plus intéressante à laquelle l'agent renonce.
Exemple : le coût d'opportunité d'une journée de loisir est le salaire que l'individu aurait pu gagner en
employant sa journée à travailler. Ce salaire peut être symbolique : l'échec à un examen pour un étudiant
qui préfère aller au cinéma qu'en cours…
débouchés (loi des débouchés)
"Loi" de Jean-Baptiste Say (1767-1832) selon laquelle toute production ouvre des débouchés équivalents
de sorte qu'aucune crise de surproduction n'est possible. En effet, la production globale de marchandises
génère des revenus qui donne lieu à des dépenses (consommation, investissement) lesquelles servent de
débouchés pour la production
Facteurs de production
(capital, travail)
PRODUCTION
REVENUS
EPARGNE
CONSOMMATION
INVESTISSEMENT
DEPENSES
servent de débouchés pour la
production
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