L’OFFRE DE TRAVAIL
Les analyses théoriques de “l’offre de travail”, issues principalement des théoriciens
“individualistes”, fondent leur raisonnement sur la rationalité de l’agent économique. Les autres
approches s’expriment davantage en termes d’emplois.
I - LES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’OFFRE DE TRAVAIL - brève approche
A - Le travail considéré comme une marchandise.
Pour les économistes néo-classiques, le marché du travail se comporte comme n’importe quel autre marché sur
lequel s’échange une offre et une demande de travail : la “marchandise” concrètement échangée est le temps de
travail et la décision d’échange peut être optimisée.
1 - Répartition par l’offreur entre le temps de travail et le temps de loisir. Plus le
salaire réel, variable essentielle, s’élève, plus l’individu rationnel cherchera à travailler. A l’équilibre, l’utilité
marginale du travail est égale à l’utilité du loisir sacrifié exprimée en termes de salaire réel. Le coût en loisir vaudra
le gain en salaire.
L’augmentation du salaire réel entraîne deux conséquences contradictoires :
- Un effet de substitution : le temps de loisir a un coût d’opportunité qui augmente, ce qui incite
l’individu à travailler plus,
- Un effet revenu : l’individu devient indifférent à l’augmentation de son revenu, ce qui incite l’individu
à travailler moins.
2 - L’équilibre du marché se réalise si les conditions de concurrence se réalisent
parfaitement :
- Aucune distinction entre la qualification et le lieu de travail,
- Transparence des négociations et de l’information...
L’aspect théorique de cette analyse a conduit les économistes néo-classiques à mettre en évidence les
déterminants du salaire réel, lorsque les marchés ne les fixent pas.
II – LA FORMATION des SALAIRES
Trois hypothèses illustrent la réalité actuelle : les entreprises ou les travailleurs déterminent les
salaires, l’Etat modifie le salaire réel disponible.
1 - Les entreprises déterminent les salaires.
a - L’entreprise, en situation de monopsone (seul demandeur de travail face à un grand
nombre d’offreurs de travail), peut fixer le salaire à un niveau inférieur à la productivité du travail. Cette situation
correspond à une période de chômage élevé.
b - Mais cette démarche risque de démotiver le salarié. La théorie du “salaire d’efficience”
montre que les entreprises ont intérêt à proposer un salaire supérieur à la productivité marginale du travail, sous
peine de voir la productivité du salarié, et donc les profits, diminuer. Les analyses socio-économiques (voir le § B,
II ci-dessous) indiquent que les salariés intègrent une “norme d’effort” dans le travail propre à sa catégorie
socioprofessionnelle (voir l’exemple classique des cadres...).
c - Enfin, un salaire réel supérieur au salaire d’équilibre limiterait les risques de défection
lors de conflits sociaux...
2 - Les salariés déterminent les salaires.
Le salaire, négocié par l’intermédiaire des représentants syndicaux des salariés, est généralement supérieur
au salaire d’équilibre. Un salaire trop élevé peut conduire à une augmentation de l’offre de travail : les candidats
sont attirés par une rémunération plus intéressante qu’ailleurs alors que n’existe pour eux aucune proposition
d’emploi. Les nouvelles arrivées sur le marché sont limitées et les emplois existants bénéficient d’une rente de
situation.
3 - L’Etat modifie le salaire réel en diminuant l’impôt. L’accroissement de revenu réel qui
en résulte inciterait les offreurs de travail à se présenter sur le marché. Cependant, même si le coût d’opportunité
du loisir augmente (voir le § A ci-dessus), la hausse du pouvoir d’achat réel peut amener l’individu à augmenter
son temps de loisir. A nouveau les effets “substitution” et “revenu” vont déterminer son choix.