Le cinquième rapport du GIEC changera-t-il quelque chose ? - 2
Rappelons pour mémoire, qu’à peine publié le 4è rapport des
voix s’étaient élevées pour dire que cette élévation (de 57 cm
maxi) serait en réalité proche du mètre.
De même la fonte des calottes polaires est bien plus
importante et rapide que les prévisions initiales du GIEC,
dépassant même le pire des scénarios. Du coup leur
contribution à l’élévation du niveau de la mer de 1 mm par
décennie en 1995 a doublé en 2005, et pourrait encore doubler
chaque décennie. Aussi des études scientifiques (non validées
à ce jour) prévoient une hausse possible maximale de 2,40 à
5,20m.
D’autres éléments préoccupants sont à prendre en compte :
- l’existence d’émissions importantes de méthane (au
pouvoir de réchauffement 23 fois supérieures au CO2) libérées
par la fonte du permafrost, et non prises en compte par le
GIEC.
- la surface de la calotte glaciaire du Groenland fondant en
été ne cesse de croître, au point d’atteindre 97% de la surface
glaciaire du Groenland en Juillet 2012, contre 50%
habituellement, c’est la plus importante depuis 35 ans.
Glaces
- Neiges et glaces de toutes sortes se rétractent rapidement.
La surface de la banquise arctique estivale a énormément
reculé. Les experts n'excluent pas qu'elle ait totalement
disparu au milieu du siècle, dans le cas du scénario le plus
noir.
- Les glaciers de montagne ont perdu en moyenne environ
275 milliards de tonnes (Gt) de glaces par an entre 1993 et
2009. Relevée au mois de juin, la couverture neigeuse de
l'hémisphère nord a perdu en moyenne 11,7 % par décennie
entre 1967 et 2012.
Les experts estiment "très probable" que la calotte de
glace du Groenland ait perdu en moyenne 34 Gt par an
entre 1992 et 2001. Ce taux est depuis passé à 215 Gt de
perte par an entre 1993 et 2009 ( multiplication par 6).
L'Antarctique est soumis à une accélération comparable. La
perte de glace des deux inlandsis contribue fortement à
faire monter les océans.
Géo-ingénierie
- Pour la première fois, la géo-ingénierie est mentionnée
dans le Résumé à l'intention des décideurs. "C'était une
demande des gouvernements de se pencher sur cette
question", précise M. van Ypersele qui estime que ne pas
traiter cette question dans le rapport du GIEC ouvrirait la
porte à ce qu'on puisse en dire n'importe quoi."
A en croire le Guardian, c’est la Russie qui aurait demandé
la présence d’un document sur la géo-ingéniérie. Elle a tout
intérêt à encourager le développement de nouvelles sources
d’énergie fossile – elle dispose notamment de gisements de gaz
et pétrole en Arctique – et donc à faire miroiter une solution au
réchauffement autre que la sobriété énergétique.
Les politiques réagiront-ils ?
Comme à l’accoutumée, les grands de ce monde
disent que nous ne pouvons plus continuer ainsi, et chacun d’y
aller de son petit couplet.
Ainsi John Kerry Secrétaire d’état US : "ceux qui refusent de
croire la science ou cherchent des excuses pour ne pas agir
jouent avec le feu".
Ou encore Connie Hedegaard commissaire à l'action pour le
climat européenne : « Si votre médecin était sûr à quatre-
vingt-quinze pour cent que vous étiez gravement malade, vous
commenceriez immédiatement à chercher les moyens de
guérir ».
La réalité est toute autre, où la crise économique a relégué
l'urgence climatique au second plan. Même en Europe,
jusqu'alors fer de lance de cette bataille, "le climat est tombé
de la table", constate un observateur des arcanes
communautaires.
De fait le processus est bloqué depuis le sommet de
Copenhague et comme le notait le climatologue Hervé Le
Treut, le 20 décembre 2009, au matin de cette débâcle : « Les
dirigeants sont imperméables à la pression internationale
lorsqu'ils ne sont pas soumis à la pression de leur propre
opinion publique », ce qui nous renvoie nous associations à
notre propre responsabilité en matière de mobilisation.
Rappelons pour mémoire que le protocole de Kyoto
qui prévoyait la réduction de 5,5% des émissions des Pays
riches (US non signataire) s’est achevé fin 2012, et que
l’accord devant lui succéder et regrouper Pays riches et
émergents (notamment Chine, Inde, Brésil ...) n’a pu être
conclu. Seul un minable Kyoto 2 destiné à sauver les
apparences a été signé in extrémis, qui regroupe encore moins
de pays et ne concerne que 13% des émissions mondiales.
La réalisation de cet accord global a été repoussée à la
conférence de Paris en 2015, pour application au mieux ....en
2020 (que de temps perdu, hélas précieux !). Or les discussions
d’étape montrent une mésentente sur les objectifs et des
désaccords fondamentaux.
De fait, en l’absence de pression des opinions sur
leurs gouvernements, nous allons tout droit à un échec tel celui
de Copenhague.
Plus personne ne croit aujourd’hui à la possibilité de
limiter le réchauffement en dessous de la barre des 2°, seuil au
delà duquel les scientifiques craignent que la machine
climatique s’emballe et que les éco-systèmes nécessaires à la
vie s’effondrent.
Il aurait fallu pour cela prendre des engagements très
volontaristes, qui n’ont pas eu lieu. D’autre part pour rester en
deçà des 2°, il faudrait que le maximum des émissions de Gaz
à Effet de Serre ait lieu au plus tard en 2015, pour ensuite
décroître.
Nous n’en prenons absolument pas le chemin. Pire, nous
avons franchi en 2013 la barre des 400 ppm de CO2, soit 43%
de plus que le niveau préindustriel (270 à 280 ppm)
Rappelons enfin, que la crise financière a coûté
environ 8 900 Milliards de dollars à la communauté mondiale,
afin de renflouer des banquiers pyromanes, et que cette même
communauté se dit incapable de financer le fonds vert destiné à
aider les pays du Sud à réduire leurs émissions et faire face aux
conséquences des changements climatiques, et cela alors que
ces besoins sont estimés à seulement 110 Milliards / an.
Economie, élaboration d’un 2è rapport Stern
Dans son 1er rapport en 2006 Nicolas Stern a cherché
à évaluer le coût des impacts liés au réchauffement climatique
et ses conséquences.
Cela représentait quelque 5 500 milliards d'euros, soit 5 % à 20