Fiche pédagogique réalisée
dans le cadre du projet Inforoutes
TICE et enseignement bilingue francophone en Roumanie, Bulgarie et Moldavie
avec le soutien de l'Organisation Internationale de la Francophonie
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Fiche pédagogique enseignant
ÉCONOMIE
Stéphane Boisson, professeur de sciences économiques et sociales, Lycée Jean Monnet, Montpellier
MINISTERUL EDUCAŢIEI,
CERCETĂRII, TINERETULUI
ŞI SPORTULUI
L’intégration économique
et monétaire européenne
Document 2 : la création de l’Euro
La création, par un groupe de nations souveraines, d'une monnaie nouvelle destinée à remplacer leur monnaie
nationale est une démarche historiquement sans équivalent. Que l'événement retienne l'attention est donc normal.
Qu'il ait fait l'objet de controverses ne l'est pas moins.
En effet, du fait même de l'absence de précédent, les pays concernés - en l'occurrence, onze des quinze membres
de l'actuelle Union européenne (UE) - n'ont pu tirer enseignement d'aucune expérience similaire pour arrêter les
modalités de mise en place de l'euro. Lorsque est rédigé le traité sur l'Union européenne, signé à Maastricht le 7
février 1992, qui donne au projet de monnaie unique un caractère officiel, les problèmes à aborder sont multiples
et les points de repère peu nombreux.
[…] L'un des grands débats qui, dans les années 60, anima la communauté des économistes, opposait les partisans
des régimes de changes fixes aux avocats des changes flottants. C'est dans le cadre de ce débat qu'est introduite
par R Mundell [1961] la notion de zone monétaire optimale. Une zone monétaire est définie comme un ensemble
de pays (ou de régions) liés par des taux de change irrévocablement fixes, et la théorie s'efforce d'identifier des
critères permettant de délimiter ces zones de façon optimale - au sens où les membres de l'une d'elles auraient
effectivement intérêt à la fixité des changes. Nous examinons tour à tour les plus importants de ces critères. […]
La mobilité des facteurs de production. Les degrés d’ouverture et de diversifications des économies. Les
préférences des gouvernements.
[…]Le principal avantage que des pays formant une union monétaire retire de l'existence d'une monnaie unique
est, bien sûr, lié à la diminution des coûts de transaction que celle-ci autorise.
Lorsqu’aujourd’hui, un résident japonais (qu'il soit un ménage ou une entreprise) veut commercer avec les Etats-
Unis, il doit convertir des yens en dollars - ou amener son partenaire commercial à convertir des dollars en yens.
Cette opération de change a un coût explicite, qui se traduit par le paiement de commissions à la banque
effectuant la transaction. Lorsque l'euro aura complètement remplacé les monnaies européennes, ce type de coût
disparaîtra purement et simplement au sein de l'UEM.
Le passage à une monnaie unique présente deux autres avantages liés, eux aussi, aux échanges de biens et
services. Le premier consiste en une simplification de la comptabilité et de la gestion pour les agents - grandes
entreprises industrielles et commerciales, banques, etc. - dont l'activité s'étend sur plusieurs pays participant à
l'UEM. Le second tient au fait qu'il est plus difficile, au sein d'un grand marché fonctionnant avec une seule
monnaie, de pratiquer la discrimination par les prix. Cette opération consiste, pour un producteur, à vendre le
même produit (par exemple, une automobile) à deux prix distincts dans deux pays membres de PUE, sous couvert
du taux de change segmentant le marché. Lorsqu'une seule monnaie sert d'unité de compte, de tels écarts de prix
deviennent flagrants et se résorbent au moins en partie, au bénéfice des consommateurs. Il existe, pour un groupe
de pays formant une union monétaire, deux autres gisements potentiels de gains ayant en commun les trois
caractéristiques suivantes : ils sont tous liés au fait qu'une union monétaire agit comme un réducteur d'incertitude,
en ce qu'elle supprime la source importante de risque économique qu'est la volatilité des taux de change ; pour
cette raison, ces gains sont susceptibles d'être obtenus même si l'union se cantonne à un régime de changes
irrévocables, sans monnaie unique-, enfin, ils donnent lieu à controverse.
L’Euro, Pascal Kauffmann, édition Dunod.