Introduction
Vérités, hypothèses et idées fausses :
La nutrition est un déterminant majeur de l’état de santé.
A partir des années 70, en France et dans les sociétés d’opulence, l’influence de la nutrition et de
l’alimentation dans le déterminisme des pathologies courantes a d’abord été montrée par les relations
entre apports en lipides, dyslipidémie, hypercholestérolémie et maladies cardio-vasculaires.
C’est beaucoup plus récemment que des arguments scientifiques, issus d’études épidémiologiques
écologiques, ont permis d’émettre l’hypothèse d’une relation entre alimentation et cancer. Dès lors, des
études cas-témoins et longitudinales ont été initiées. Elles ont livré et continuent de livrer leurs résultats.
Quelques plus rares essais d’intervention ont été mis en place afin de valider les hypothèses. Ces
recherches sont souvent complexes, leurs résultats d’interprétation difficiles tant les facteurs de confusion
sont multiples lorsque l’on étudie la relation alimentation-santé. Les mécanismes physio-pathologiques en
cause demeurent souvent obscurs. Pourtant beaucoup de résultats au caractère spectaculaire sont
régulièrement mis en exergue sans que l’argumentation ou la preuve scientifique soit clairement établie.
Il reste que les connaissances progressent et que des consensus se dégagent : les scientifiques estiment
que le facteur alimentaire contribuerait pour une large part au développement des cancers.
La France s’est lancée depuis janvier 2001 dans le Programme national nutrition-santé (PNNS). Il fixe un
objectif ambitieux : améliorer l’état de santé de la population en agissant sur le déterminant nutrition.
Depuis le début des années 1970, de très nombreux travaux issus de la recherche fondamentale, clinique
et épidémiologique ont cherché à identifier et à préciser le rôle de certains facteurs nutritionnels
susceptibles d’intervenir en tant que facteurs de risque, ou au contraire de protection, dans le
développement de maladies chroniques, notamment du cancer.
Ces recherches confrontent des données issues de travaux sur modèles cellulaires, organes ou animaux,
mais aussi chez l’homme sain ou malade, et à l’échelle des populations. Elles ont mis en évidence, avec
des degrés de certitude variables, le rôle de facteurs nutritionnels (excès ou insuffisance) dans l’initiation
ou l’expression clinique des différents cancers.
Dans quelques cas, les arguments scientifiques sont étayés et convergents pour aboutir à des prises de
position consensuelles en termes de recommandations de Santé bPublique ; celles-ci visent à réduire les
facteurs de risque, et à promouvoir ceux considérés comme ayant un rôle de protection.
Ces consensus ont servi de base aux recommandations du Programme national nutrition-santé (PNNS),
mis en place en France en 2001.
Dans de nombreux autres cas, les arguments disponibles sont insuffisamment cohérents pour affirmer
l’existence d’un lien causal entre le facteur nutritionnel suspecté et le risque de cancer. Cependant, pour
certains aliments ou nutriments, les informations sont tout de même assez cohérentes pour proposer des
recommandations pratiques qui ne s’accompagnent d’aucun risque potentiel. Ces recommandations
s’appuient également sur leurs effets bénéfiques vis-à-vis d’autres maladies chroniques.
Pour d’autres, faute d’un nombre suffisant d’études concluantes, on en reste au stade d’hypothèses
intéressantes, de pistes de recherche prometteuses, qui ne peuvent en aucun cas être traduites en
recommandations pratiques pour le public. Pourtant, il arrive que des extrapolations hâtives à partir de
travaux ponctuels, faites ou relayées par les médias, viennent à l’encontre des messages de Santé
Publique et troubler les esprits des consommateurs et des professionnels de santé.