Culte à Bourg-la-Reine le 2 février 2003

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Prédication à l’Eglise Réformée de JVVC, 12 février 2012
temple de Vélizy - Mc 1, 40 à 45
Frères et soeurs, nous voici face à un texte connu, et si j'en crois ma Bible, il est
question de Jésus qui guérit un lépreux.
Encore un récit de miracle !
Encore un texte qui ne nous touche que modérément, tant nous sommes habitués
à tenir à distance les choses qui nous inquiètent comme la lèpre.
Pourtant cette année encore il y a une journée mondiale de lutte contre la lèpre.
Pourtant aujourd'hui encore, alors qu'on sait traiter la maladie et en guérir, il y a
des gens qui en souffrent.
Mais il n'y a pas d'actualité de la lèpre en France, hormis cette journée de
collecte de fonds.
Alors je vous propose de chausser de nouvelles lunettes pour aborder ce texte.
Et pour commencer, je voudrais vous inviter à voir 2 miracles, là où les titres de
la Bible n'en donne qu'un.
Et nous ne parlerons aujourd'hui que du premier, celui qui est passé sous silence,
celui qui est même gommé par les traductions.
Entrons dans le texte.
Et là je vous invite à butter sur un premier mot : '' lépreux ''.
A l'époque de Jésus, la lèpre est la maladie par excellence.
Elle est visible, car elle touche à la peau.
Elle est dramatique car elle s'attaque à l'intégrité physique du malade qui perd
peu à peu des parties de son corps.
Elle est tragique car on ne sait pas la traiter. A l'époque, de Jésus on en meurt.
Elle est contagieuse, aussi les lépreux sont-ils complètement isolés des autres.
De façon pudique, nous pourrions dire qu'ils vivent en 40aine.
De façon plus réaliste, nous pouvons dire qu'ils sont parqués dans des ghettos.
La loi de la Tora les exclut des lieux de vie pour la sauvegarde de la population
saine.
La loi comporte tout un protocole de vérification de la guérison par les prêtres et
un processus de purification.
Ainsi cette maladie implique le rejet des malades par les bien-portants, puis leur
exclusion quasi définitive.
Pour en rajouter une couche, les lépreux sont considérés comme impurs donc
rejetés aussi par Dieu.
Si la Bible considère la lèpre comme un maladie qui peut se guérir, c'est sans
doute parce qu'on mettait sous cette appellation bon nombre de maladies de peau.
Pasteur Paul Doré
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Nous avons tous l'image de ces convois de lépreux qui se déplaçaient au son de
sinistres crécelles afin de prévenir de leur arrivée.
Qui touche un lépreux est immédiatement déclaré impur et malade potentiel,
donc exclu de toute vie sociale.
Avec les lépreux on ne prend pas de gants, on prend des pierres pour les chasser
ou les tuer par lapidation, c'est là un processus normal.
Insistons sur le mot normal.
Il signifie que cette attitude est non seulement admise par tous, mais partagée et
enseignée.
Voyons le 2ème mot, ma traduction dit : '' s'approche de Jésus ''.
Une autre traduction plus correcte dirait " Un lépreux vient auprès de Jésus ".
Dans l'espace qu'il y a entre Jésus et ce tout près de Jésus se trouve le début de
notre premier miracle.
Le lépreux fait preuve d'une audace qui pourrait lui être mortelle si elle s'était
manifestée en ville à Capernaüm d'où vient et où se rend Jésus.
Car il aurait dû être exécuté aussitôt (cf. Lévitique 13/46), sans doute par
lapidation selon ce que nous avons vu tout à l'heure.
Dans cet espace entre Jésus et ce '' tout près de Jésus '' se niche une lumière, la
lumière de l'espérance, lumière qui lui fait franchir les tabous de la lèpre.
Nous avons allumé un bougie aujourd'hui pour désigner la lumière de
l'espérance.
Pour bien comprendre le sens de la lumière de l'espérance, je vous propose de
nous souvenir d'une histoire, celle d'Anne Franck.
Anne Franck est une jeune adolescente juive qui va rester cloîtrée avec sa famille
dans un grenier pendant toute la guerre.
A la fin de la guerre elle sera déportée dans un camp. Son Espérance est de
retrouver les membres de sa famille à la fin de la guerre.
Une fois libérée, elle est très faible, comme tous ceux qui ont vécu et survécu
dans ces camps.
Elle attend des nouvelles.
Elle apprend un par un la mort de tous les membres de sa famille.
Il ne reste que son père.
Tout se passe comme si c'est le seul lien qui la rattache encore à la vie.
Malheureusement, on se trompe et on lui annonce la mort de son père.
Elle s'éteint dans la journée de l'annonce.
Vous le voyez la lumière de l'espérance, elle n'est pas très forte, elle tient dans un
tout petit espace entre Jésus et tout près de Jésus, mais elle a un sens, une valeur
inestimable car elle représente la vie.
Pasteur Paul Doré
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Le lépreux voit cette lumière et sa vie en dépend aussi se met-il en marche vers
Jésus pour avoir la vie, pour ne pas être exclu et rejeté en tant que malade.
Exclu et rejeté, cela ne vous rappelle-il pas la mort de Jésus sur la croix, exclu et
rejeté.
Le premier miracle dans ce texte il est ici, dans cette rencontre inimaginable pour
le lépreux, comme pour toute personne vivant il y a 2 000 ans.
Il n'est pas traité comme un lépreux.
Et il lui demande : '' Si tu le veux tu peux me purifier ''.
Le malade ne demande pas la guérison, il demande la réintégration dans le
monde social des enfants de Dieu.
Purifié il pourrait à nouveau être libre, aller où il veut, rencontrer des gens, se
marier, avoir une famille, un travail.
Dieu sait où la flamme de l'espérance porterait cet homme dans la noirceur de sa
vie.
La réponse de Jésus est surprenante.
Il fait ce qui est interdit.
Il a le même geste que pour guérir la belle-mère de Pierre : il s'approche, il étend
la main et le touche.
Si on était dans un jeu vidéo, on entendrait la petite musique qui dégringole et on
verrait s'afficher sur l'écran « Game over », perdu, c'est fini !
Le joueur Jésus a perdu, il n'a pas évité un obstacle fatal.
Mais dans la réalité Jésus a reconstruit en un instant un pont, une relation.
Par ce geste simple Jésus fait entrer l'exclu dans le monde des vivant.
Dans le jeu vidéo on entre dans un autre niveau, un niveau supérieur.
Jésus voit cette petite flamme d'espérance.
Il l'accepte, il la prend et la déplace.
Ce qui se passe à ce moment là est tout simple, quand nous déplaçons une
flamme devant nous dans le noir, ce que nous constatons c'est que nous pouvons
découvrir ce qui est un peu plus loin et qui nous était caché par la nuit.
En fait cela élargit notre horizon.
Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la flamme de l'espérance.
Jésus, le Christ élargit notre horizon.
La dernière question qui se pose à nous, est :
D'où le lépreux tient-il son espérance première, sa petite flamme qu'il a placée
auprès de Jésus ?
La réponse est simple.
Marc raconte qu'auparavant Jésus avait guéri la belle mère de Pierre puis,
parcouru la Galilée pour guérir des malades et des démoniaques.
Pasteur Paul Doré
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La petite flamme de l'espérance vient des actions de Jésus.
Elle n'est pas innée, génétique, co-substantielle à l'être humain.
Elle est simplement lié à un témoignage.
Tous ceux qui ont connu les limites du désespoir parlent de ces personnages
qu'ils ont croisé sur leur route et qui ont porté sur eux un regard fraternel sans
jugement.
Alors quels ont nos lépreux d'aujourd'hui ?
La réponse est en nous.
Il y a les lépreux de la société.
Ceux-là ils sont faciles à éviter, tout le monde les évite.
Et pour garder bonne conscience, on les montre à la télé.
Il y a les lépreux de notre vie, ceux que nous excluons par nous mêmes.
Et puis il y a notre flamme d'espérance, celle que nous portons, même sans le
savoir, et peut-être surtout sans le savoir.
Nous sommes modestes et nous pensons que nous ne pouvons rien apporter à
certains.
Nous nous mésestimons, c'est à dire au sens propre, nous nous estimons de façon
mauvaise.
Nous avons tous une flamme d'espérance visible par les autres.
Cette flamme ténue mais porteuse de vie, qui fait que notre vie, quel qu'en soit
l'état à nos yeux, que notre vie est précieuse pour celui qui la voit.
Un enfant des rues, dont la vie a été infernale quand il était petit raconte qu'à
l'adolescence, il doit la vie au regard bienveillant qu'à porté sur lui un clochard.
C'est cette petite flamme qui lui a été donnée ce jour-là qui lui a permis de
grandir et de devenir un être humain inséré dans la vie sociale.
Nous sommes porteurs, chacun de nous, d'une petite flamme pour les autres.
Amen
Pasteur Paul Doré
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