НАРОДНА УКРАЇНСЬКА АКАДЕМІЯ ПОСІБНИК З

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НАРОДНА УКРАЇНСЬКА АКАДЕМІЯ
ПОСІБНИК З АНАЛІТИЧНОГО ЧИТАННЯ
ФРАНЦУЗЬКОЮ МОВОЮ
Для студентів V курсу
Видавництво НУА
НАРОДНА УКРАЇНСЬКА АКАДЕМІЯ
ПОСІБНИК З АНАЛІТИЧНОГО ЧИТАННЯ
ФРАНЦУЗЬКОЮ МОВОЮ
Для студентів V курсу
Харків
Видавництво НУА
2009
2
УДК =133.1(075.8)
ББК 81.471.1–923–3
П61
Затверджено на засіданні кафедри романо-германської філології
Народної української академії.
Протокол № 4 від 02.11.09
Упорядник
Рецензент
П. В. Джандоєва
канд. іст. наук О. І. Давидов
Посібник для аналітичного читання французькою мовою : для
П61 студентів 5 курсу / Нар. укр. акад., [каф. романо-герман. філології ;
упоряд. П. В. Джандоєва]. – Х. : Вид-во НУА, 2009. – 92 с.
Даний посібник призначено для студентів 5 курсу, де французька мова
вивчається як основна.
Посібник складається з шести уроків, кожен із яких містить основний
текст, питання й завдання до нього, а також додатковий текст. У вправах
головна увага приділяється творчій самостійній праці студентів.
Додаткові тексти здебільшого розвивають ситуацію основного тексту і
дають більш повне уявлення про твір.
УДК =133.1(075.8)
ББК 81.471.1–923–3
© Народна українська академія, 2009
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Навчальне видання
ПОСІБНИК З АНАЛІТИЧНОГО ЧИТАННЯ НА ФРАНЦУЗЬКІЙ МОВІ
ДЛЯ СТУДЕНТІВ
5 КУРСУ
Упорядник
ДЖАНДОЄВА Поліна Володимирівна
В авторській редакції
Комп’ютерний набір П. В. Джандоєва
Підписано до друку 12.11.2009. Формат 6084/16.
Папір офсетний. Гарнітура «Таймс».
Ум. друк. арк. 5,35. Обл.-вид. арк. 5,2.
Тираж 10 пр. Замовлення
Видавництво
Народної української академії
Свідоцтво № 1153 від 16.12.2002.
Надруковано у видавництві
Народної української академії
Україна, 61000, Харків, МСП, вул. Лермонтовська, 27.
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Передмова
Посібник призначається для студентів V курсів факультетів, де
французька мова вивчається як основна.
Посібник містить 6 уроків, кожен з яких включає основний текст,
запитання й завдання до нього, а також додатковий текст із запитаннями та
завданнями. Додаткові тексти здебільшого розвивають ситуацію основного
тексту і дають повніше уявлення про твір.
Посібник розрахований на 3 модулі, по 2 уроки в кожному. В кінці
кожного модуля студентам пропонується невеликий розділ „Revision”, який
містить окремі завдання на закріплення найбільш вживаних слів і
конструкцій.
Всі завдання і вправи тісно пов’язані з курсами лексикології та
стилістики.
У посібнику широко використані такі підручники та довідкові видання:
- Соломарська О.О. Підручник французької мови. – Рівне, 2002. – 192 с.
-Радугин
Т.Н.,
Филимонова
И.Л.,
Юрьева
Е.Ю.
Пособие
по
аналитическому чтению на французском языке. – М.: Высшая школа, 1973. –
207 с.
- Потушанская Л.Л., Котова Г.М., Шкураева И.Д. Практический курс
французского языка. Часть ІІ. – М.: Мирта-Принт, 2002. – 224 с.
- Le Nouveau Petit Robert, éd. Le Robert, Paris, 1996.
- Le Petit Larousse illustré de l’an deux mille, éd. Larousse, Paris, 1999.
- E. Genouvrier, C. Désirat, T. Hordé. Nouveau dictionnaire des synonymes.
Librairie Laurousse. Paris, 1977.
- A.V. Thomas. Dictionnaire des difficultés de la langue française. Librairie
Larousse. Paris, 1971.
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FRANÇOIS MAURIAC
(1885-1970)
François Mauriac est né dans une famille de la bourgeoisie catholique, et
tient à ses origines par de profondes attaches. Après ses études secondaires, il
vint à Paris où il passa une licence de lettres. En 1909 il publie son premier
livre, un recueil de poèmes Les mains jointes. Ses premiers romans, L'enfant
chargé de chaînes (1913), La chair et le sang (1920), Préséances (1921), Le baiser
du lépreux (1922), Le fleuve de feu, le classent d'emblée comme un des meilleurs
écrivains de sa génération. Ses œuvres les plus marquantes sont encore à venir.
C'est Génitrix (1923), puis Thérèze Desqueyroux (1927), Le nœud de vipères (1932),
Le mystère Frontenac (1943) autant d'ouvrages qui consolident définitivement la
notoriété de François Mauriac. Président de la société des Gens de Lettres
(1932), élu à l'Académie française en 1933, François Mauriac publie l'année
suivante le premier volume de son Journal.
Après avoir publié encore La fin de la nuit (1935), Les anges noirs, et
Plongées (1936), Mauriac fait ses débuts dramatiques, en 1938.
Dans les dernières années il avait publié Le fils de l'homme, Mémoires
intérieurs, Le drôle, Ce que je crois, Le sagouin, Un adolescent d'autrefois.
L'extrait en question est tiré du roman de François Mauriac Le nœud de
vipères écrit sous forme de journal adressé par le narrateur à sa femme.».
LA CONFESSION
Inutile de rappeler nos fiançailles. Un soir, elles furent conclues ; et cela se
fit sans que je l'eusse voulu. Tu interprétas, je crois, une parole que j'avais
dite dans un tout autre sens que celui que j ' y avais voulu mettre : je me trouvai
lié à toi et n'en revenais pas moi-même. Inutile de rappeler tout cela. Mais il y a
une horreur sur laquelle je me condamne à arrêter ma pensée.
Tu m'avais tout de suite averti d'une de tes exigences. Dans l'intérêt de la
bonne entente, tu te refusais à faire ménage commun avec ma mère et même à
habiter la même maison. Tes parents et toi-même, vous étiez décidés à ne pas
transiger là-dessus. Comme après tant d'années elle demeure présente à ma
mémoire, cette chambre étouffante de l'hôtel, cette fenêtre ouverte sur les allées
6
d'Etigny ! La poussière d'or, les claquements de fouet, les grelots, un air de
tyrolienne montaient à travers les jalousies fermées. Ma mère, qui avait la
migraine, était étendue sur le sofa, vêtue d'une jupe et d'une camisole (elle
n'avait jamais su ce qu'était un déshabillé, un peignoir, une robe de chambre).
Je profitais de ce qu'elle me disait qu'elle nous laisserait les salons du rez-dechaussée et qu'elle se contenterait d'une chambre au troisième: — « Ecoute,
maman. Il pense qu'il vaudrait mieux... » A mesure que je parlais, je regardais à
la dérobée cette vieille figure, puis je détournais les yeux. De ses doigts déformés,
maman froissait le feston de la camisole. Si elle s'était débattue, j'aurais trouvé à
quoi me prendre, mais son silence ne donnait aucune idée à ma colère. Elle
feignait de n'être pas atteinte et de n'être même pas surprise. Elle parla
enfin, cherchant des mots qui puissent me faire croire qu'elle s'était attendue à
notre séparation.
– «J'habiterai presque toute l'année Aurigné, disait-elle, c'est la plus
habitable de nos métairies, et je vous laisserai Calèse. Je ferai construire un
pavillon à Aurigne : il me suffit de trois pièces. Aussi peu que ça coûte, c'est
ennuyeux de faire cette dépense alors que, l'année prochaine, je serai peut-être
morte. Mais tu pourrais t'en servir plus tard, pour la chasse à la palombe. Ce
serait commode d'habiter là, en octobre. Tu n'aimes pas la chasse, mais tu peux
avoir des enfants qui en aient le goût. »
Aussi loin qu'allât mon ingratitude, impossible d'atteindre l'extrémité de cet
amour. Délogé de ses positions, il se reformait ailleurs, il s'organisait avec ce
que je lui laissais, il s'en arrangeait. Mais le soir, tu me demandas : — « Qu'a
donc votre mère ?». Elle reprit, dès le lendemain, son aspect habituel. Ton
père arriva de Bordeaux avec sa f i l l e aînée et son gendre. On avait dû les tenir
au courant. Ils me toisaient. Je croyais les entendre s'interroger les uns les
autres : « Le trouves-tu « sortable » ?... La mère n'est pas possible... » Je
n'oublierai jamais l'étonnement que me causa ta sœur, Marie-Louise, que vous
appeliez Marinette, ton aînée d'un an et qui avait l ' a i r d'être ta cadette,
gracile, avec ce long cou, ce trop lourd chignon, ces yeux d'enfant. Le
vieillard à qui ton père l'avait livrée, le baron Philipot, me fit horreur. Mais
7
depuis qu'il est mort, j ' a i souvent pensé à ce sexagénaire comme à l'un des
hommes les plus malheureux que j ' a i e jamais connus. Quel martyre cet
imbécile a-t-il subi, pour que sa jeune femme oubliât qu'il était un vieillard !
Un corset le serrait à l'étouffer. Le col empesé, haut et large, escamotait les
bajoues. La teinture luisante des moustaches et des favoris faisait ressortir les
ravages de la chair violette. Il écoutait à peine ce qu'on lui disait, cherchant
toujours une glace; et quand il l'avait trouvée, rappelle-toi nos rires, si nous
surprenions le coup d'œil que le malheureux donnait à son image, ce perpétuel
examen qu'il s'imposait. Son râtelier lui défendait de sourire. Ses lèvres étaient
scellées par une volonté jamais défaillante. Nous avions remarqué aussi ce geste,
lorsqu'il se coiffait de son chapeau, polir ne pas déranger l'extraordinaire mèche
qui, partie de la nuque, s'éparpillait sur le crâne comme le delta d'un maigre
fleuve.
Ton père, qui était son contemporain, en dépit de la barbe blanche, de la
calvitie, du ventre, plaisait encore aux femmes et, même dans les affaires,
s'entendait à charmer. Ma mère seule lui résista. Le coup que je venais de lui porter
l'avait peut-être durcie. Elle discutait chaque article du contrat comme elle
eût fait pour une vente ou pour un bail. Je feignais de m'indigner de ses exigences
et la désavouais, — secrètement heureux de savoir mes intérêts en bonnes mains.
Si aujourd'hui ma fortune est nettement séparée de la tienne, si vous avez si
peu de prise sur moi, je le dois à ma mère qui exigea le régime dotal le plus
rigoureux, comme si j'eusse été une f i l l e résolue à épouser un débauché.
Du moment que les Fondandège ne rompaient pas devant ces exigences, je
pouvais dormir tranquille : ils tenaient à moi, croyais-je, parce que tu tenais à
moi. Maman ne voulait pas entendre parler d'une rente ; elle exigeait que ta
dot fût versée en espèces : « Ils me donnent en exemple le baron Philipot,
disait-elle, qui a pris l'aînée sans un sou... Je le pense bien ! Pour avoir
livré cette pauvre petite à ce vieux, il fallait qu'ils eussent quelque avantage
! Mais nous, c'est une autre affaire : ils croyaient que je serais éblouie par
leur alliance : i ls ne me connaissent pas... »
1
La famille de la fiancée.
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Nous affections, nous, les « tourtereaux », de nous désintéresser du débat.
J'imagine que tu avais autant de con fiance dans le génie de ton père que
moi dans celui de ma mère. Et après tout, peut-être ne savions-nous pas,
ni l ' u n ni l'autre, à quel point nous aimions l'argent...
Non, je suis injuste. Tu ne l ' a s jamais aimé qu'à cause des enfants.
Tu
m'assassinerais,
peut -être,
afin
de
les
en r ic h i r ,
ma i s
tu
t ' e nl è v er a is po u r e u x l e p ai n d e l a bouche.
Tandis que moi... j'aime l'argent, je l'avoue, il me ras sure. Aussi
longtemps que je demeure le maître de la fortune, vous ne pouvez rien
contre moi. « II en faut si peu à notre âge», me répètes-tu. Quelle erreur !
Un vieillard n'existe que par ce qu'il possède. Dès qu'il n'a plus rien,
on le jette au rebut. Nous n'avons pas le choix entre la maison de retraite,
l'asile, et la fortune. Les histoires de paysans qui laissent mourir leurs
vieux de faim après qu'ils les ont dépouillés, que de fois en ai-je surpris
l'équivalent, avec un peu plus de formes et de manières, dans les familles
bourgeoises ! Eh bien ! Oui, j ' a i peur de m'appauvrir. Il me semble que je
n'accumulerai jamais assez d'or. Il vous attire, mais il me protège.
Le nœud de vipères
Sujets de conversation
1. Parlez
du
roman
de
François Mauriac
Le nœud de vipères.
Qu'est-ce qui nous permet de considérer F. Mauriac comme un représentant
du réalisme critique ?
2. Autour de quels thèmes s'ordonne l'ex trait en question ?
3. Décrivez les sentiments qui animent le narrateur.
4. Citez les œuvres des écrivains français qui illustrent ce jugement
de l'auteur : «Un vieillard n'existe que par ce qu'il possède. Dès qu'il n'a
plus rien on le jette au rebut. »
Etude des mots et des expressions
1
Retenez : Si le verbe décider est à la voix active et n'a pas de
complément d'objet direct de personne,
décidâmes de partir sur-le-champ. (Acad.)
9
i l s e construit avec de : Nous
S'il est employé avec être ou bien s'il a un complément d'objet direct de
personne ou s'il est écrit à la forme pronominale (se décider) décider se construit
normalement avec à : Je suis décidé à tout entreprendre. (Acad.) Vous vous êtes
donc décidé à rester. (Flaubert) — Cette raison m'a décidé à partir. (Acad.)
2
Répétez certains emplois du verbe tenir :
Tenir pour. Quand tenir est suivi d'un attribut, il s'emploie le plus souvent
avec pour : Je le tiens pour honnête homme. Je tiens cela pour vrai. On dit :
Tenir quelqu'un pour un misérable. Se tenir pour battu. Se le tenir pour dit.
Tenir à qch, à qn : y être attaché par un sentiment durable.
Tenir à la vie, à la liberté. Vouloir absolument : J'ai tenu à les inviter.
Il tient à ... que. Après l'expression négative il ne tient pas à moi, à vous ...
que on emploie le subjonctif et la particule ne dans la proposition subordonnée
: // ne tenait pas à vous que Vaffaire ne réussît. (Lar. du XX e s.)
Si la phrase est interrogative, ne est également d'usage : A quoi tient-il que
nous ne partions. (Acad.)
La particule est inutile dans les phrases affirmatives : // tient à moi que
Vaffaire se fasse. Il tient à vous qu'il soit nommé.
3
Ne confondez pas les deux mots : martyre m et martyr m Martyre -désigne le
supplice, martyr le supplicié : Liste
des martyrs. Par extension : Un martyr de la science. Souffrir le martyre pour
une rage de dents. Pour une personne aussi active, Vinaction est un martyre.
4
Retenez les verbes qu'on peut employer avec le mot alliance / (syn.
union, confédération, ligue, coalition) :
une alliance se conclut, dure, se dissout, se rompt, se consolide; rechercher,
demander, dédaigner une alliance; cimenter, nouer, contracter, conclure, sceller,
signer une alliance; rester fidèle à une alliance; violer, rompre, défaire une
alliance.
5
Faites attention au nombre à employer dans certaines locutions avec le
mot main / :
une poignée de main ; au pluriel: des poignées de main ; en main propre;
jeux de main, jeux de vilain; avoir quelque chose en main ; prendre en main
10
les intérêts de" quelqu'un; à main armée ; votre affaire est en bonnes mains,
en mains sûres.
Il est généralement d'usage d'écrire:
Faire main basse sur quelque chose. Changer de main (par fatigue).
Changer de mains (entreprise qui change). Avoir une affaire bien en main.
Avoir quelqu'un en main. Avoir preuve en main. De main en main. Prendre un
objet en main. Voter à main levée.
6
N'oubliez pas la prononciation du verbe transiger [tra-zi-nе].
7
Apprenez les expressions suivantes :
Lâcher prise veut dire 'cesser de tenir, de serrer'. Fig. abandonner : Quand tu
as envie de quelque chose, tu ne lâches pas facilement prise. (Druon)
Ne pas tenir debout : qui ne respecte pas les règles de la logique, insoutenable :
Argument qui ne tient pas debout. — Me prenez-vous pour un enfant de troupe ?
Votre histoire ne tient pas debout: (Fréville)
Etude du style
1. Montrez comment le
monologue intérieur permet au protagoniste
d'épancher son cœur et faites voir le développement progressif du sujet
principal.
2. Relevez les détails qui font ressortir l'abnégation et la force de
l'amour maternel. Quelles sont les ressources de la langue que Mauriac utilise
à cet effet ?
3. Parlez des procédés employés par l'auteur pour dé peindre le baron
Philipot et Marinette.
4. De quelle manière l'auteur nous fait voir les sentiments qui agitaient les
deux familles ?
5. Quel est le rôle de l'ironie dans la lecture? Dites à quoi elle est due.
6. Précisez la valeur de l'énumération dans le texte. Qu'est-ce qu'elle
confère à l'énoncé?
7. Dites vos observations sur la syntaxe de ce fragment. Caractérisez l'effet
produit par les propositions exclamatives, les points de suspension, la
mise en relief.
11
8. Analysez le passage suivant et dégagez ses caractères stylistiques :
Aussi loin qu'allât mon ingratitude, impossible d'atteindre l'extrémité de cet
amour. Délogé de ses positions, il se reformait ailleurs, il s'organisait avec ce
que je lui laissais, il s'en arrangeait.
9. Quel est, selon vous, le point culminant de l'extrait ? Grâce à quels
procédés l'auteur obtient-il l'effet désiré?
Exercices
1. Quels mots peut-on mettre à la place de ceux qui sont en italique :
1. Je me trouvais lié à toi et n'en revenais pas moi-même. — 2. Vous étiez
décidés à ne pas transiger là-dessus. — 3. Maman froissait le feston de la
camisole. — 4. Si elle s'était débattue, j'aurais trouvé à quoi me prendre. — 5. Elle
feignait de n'être pas atteinte. — 6. Ils me toisaient. — 7. Je n'oublierai jamais
l'étonnement que me causa ta sœur... gracile... avec ces yeux d'enfant. — 8.
Quel martyre cet imbécile a-t-il subi... — 9. Le col empesé... escamotait les
bajoues. — 10. ...ce perpétuel examen qu'il s'imposait. — 11. Ses lèvres étaient
scellées par une volonté jamais défaillante. — 12. Je... la désavouais. — 13. Elle
exigeait que ta dot fût versée en espèces. — 14. ...si vous avez si peu de prise sur
moi, je le dois à >ma mère. — 15. Nous affections de nous désintéresser du débat.
2. Précisez le sens du verbe s'enlever dans cette phrase : « Tu
m'assassinerais, peut-être,
afin de les enrichir, mais tu t'enlèverais
pour eux le pain de la bouche ». Quel en est le sens dans les phrases qui
suivent :
1. Elle enleva ce fauteuil de la salle à manger pour le mettre dans sa
chambre. — 2. On lui a enlevé les amygdales à l'âge de 6 ans. — 3. Il a enlevé
l'étiquette qui était collée.—4. Je n'ai pas réussi à enlever cette
tache.— 5. Ça ne lui a pas donné le goût des sciences, mais ça lui a enlevé celui
des lettres. — 6. Les gangsters ont enlevé l'enfant du directeur de la prison.
3. Traduisez l'adjectif rigoureux dans les groupements de mots suivants :
une sanction rigoureuse ; une morale rigoureuse ; un hiver rigoureux*; une
rigoureuse neutralité ; une analyse rigoureuse ; une logique rigoureuse ; un
esprit rigoureux ; un censeur rigoureux.
12
4. Citez les principales acceptions du verbe escamoter. Dites en français :
сбежать с урока; избежать затруднения; увильнуть от вопроса;
пропускать слова.
5. Imaginez des phrases où les verbes froisser, étouffer, sceller, durcir
seraient employés au sens figuré.
6. Formez des substantifs à partir des verbes suivants et faites -les entrer
dans des phrases :
déloger,
escamoter,
éparpiller,
défaillir,
durcir,
feindre,
se
désintéresser, désavouer.
7. Que veut dire l'auteur par l'adjectif sortable dans : « Le trouves-tu
sortable ? ». Comment est formé ce néologisme ?
8. Précisez le sens du verbe condamner dans les groupes de mots suivants :
condamner au silence; condamner une opinion ; condamner un
malade; condamner sa porte.
9. Remplacez les points par les prépositions, s ' i l le faut :
1. Il se refusait ... habiter la même maison. — 2. Nous étions décidés
... faire ménage commun. — 3. Elle feignait... n'être pas froissée. — 4. Il
avait le goût ... la peinture. —5. Cette partie de l'ouvrage doit être
nettement séparée
la conclusion, — 6. C'est dommage que tu te sois
désintéressé... ce trav ail. — 7. L'enfant avait peur de sa grand -mère et
n'osa ... riposter. — 8. Est-ce que vous tenez tellement ...voir paraître ce
livre ? — 9. Toutes les discussions portaient..'. des problèmes stratégiques.
— 10. Je vous oblige ... terminer votre travail à temps. — 11. Cette offre m'a
décidé ...renoncer ... mon travail.
10. Traduisez par écrit :
1. Он не мог прийти в себя от изумления, когда узнал эту новость. —
2. У Ватрена был твердый и непреклонный характер, и никто не мог
подчинить его себе. — 3. Церковь прибегала ко всякого рода
средствам, чтобы заставить Галилея отречься от своего учения. — 4. Гн де Реналь был деспотичен и груб; когда он был в плохом настроении, он
придирался к детям. — 5. Как вы ни пытаетесь увильнуть от этого
13
вопроса, будем его обсуждать. — 6. Он притворялся равнодушным и делал
вид, что планы родителей на будущее не интересуют его. — 7. Несчастья не
ожесточили сердце Евгении Гранде, она всегда сочувствовала чужому горю.—
8. Семья Фондандеж настаивала на том, чтобы молодожены жили отдельно, и
они были полны решимости не уступать в данном вопросе. — 9. Стыдясь
прошлого отца Горио, дочери постепенно выжили его из дома. — 10. Она ясно
дала понять, что не одобряет поведение сына. — 11. Не надо упорствовать, вы
рассуждаете вопреки здравому смыслу. — 12. Вследствие плохого хранения товар
оказался негодным и его надо было выбросить. — 13. Она сомневалась, что он
считал его способным музыкантом. — 14. Я боюсь, что союз, который они
заключили между собой, может быть легко нарушен. — 15. «Вас ожидает
суровое наказание, так как вы похитили ребенка», — сказал Мегрэ. — 16. Ваше
бескорыстие делает вам честь. Только от вас зависит решение этого вопроса. —
17. Ребята хотели замять это дело, так .как многие из них сбежали с урока. — 18.
Они помирились и без всякого притворства обменялись крепким рукопожатием.
— 19. Я очень дорожу этой книгой, так как часто ссылаюсь на ее автора в
своих лекциях. — 20. Ребенку удалили миндалины, когда ему было пять лет.
TEXTE COMPLÉMENTAIRE
FRANÇOIS MAURIAC
François Mauriac nous laisse une œuvre romanesque de première importance.
On ne saurait goûter et comprendre le roman français d'aujourd'hui, en
oubliant ce qu'il y apporta. Et je crois même que l'évolution de l'art romanes
que en général, dans toutes les littératures, ne saurait se passer d'une référence à
l'auteur de tant d'œuvres inoubliables, couronnées légitimement par un prix
Nobel en 1952.
Il était né à Bordeaux le 11 octobre 1886. et il y fut éduqué «dans un climat
recueilli de décence bourgeoise et de dévotion catholique ». « Monté » à Paris,
il allait publier en 1909 le classique recueil de poèmes du débutant, Les mains
jointes.
Dès lors, une grande carrière littéraire va se dérouler marquée par des
honneurs (Grand prix du roman de l'Académie, élection à l'Académie française
14
en 1933, prix Nobel, célébrité grandissante), marquée par une série de romans et
d'essais. On lui doit aussi des pièces de théâtre remarquables et aussi des
biographies et des études critiques. Il faut ajouter à cela d'innombrables
articles et chroniques littéraires ou politiques et notamment le Journal qu'il
commence à publier dès 1934 et le fameux Bloc-notes qu'il publiera à Express et
au.Figaro littéraire. Il participe sous l'occupation à la résistance intellectuelle
et publie aux Editions de Minuit, sous le pseudonyme de Forez, Le cahier noir.
L'exposé sommaire de cette puissante activité, où l'or note que, pour
l'essentiel, l'œuvre romanesque fut écrite avant la dernière guerre, permet
d'apercevoir un autre côté de l'écrivain : celui du littérateur vivant et
voulant vivre la vie de la cité. Bien entendu, il mena son combat à sa façon, et il
faut tenir compte ici de ses origines, de son milieu, de sa classe. Ce qui explique
son soutien au gaullisme partir de 1958. Mais il faut noter aussi qu'aux heures
difficiles, aux heures de vérité, Mauriac jugea et agit avec dignité. C'est lui qui a
salué l'Armée Rouge «rouge du sarç qu'elle a versé pour le salut de l'Europe».
C'est lui qu: déclara, à la fin de la guerre 1939-1945, que « Seule la classe ouvrière a
été fidèle dans son ensemble à la patrie profanée ». Il salua Marcel Cachin à
sa mort: « J e m'incline devant ce vieux militant fidèle ; toute une vie donnée
à h classe ouvrière, cela commande le respect. »
II prit parti pour les républicains espagnols, pour lui peuples opprimés et
martyrisés. A chaque fois que la voix d'un homme de culture célèbre et important
devait se manifester, la sienne se manifesta. Je ne veux pas ici séparer
abusivement le romancier, le penseur chrétien, le polémiste. Cette dignité
appartenait ï un seul homme dont il faut saluer la sincérité et le courage.
Il reste cependant que les détails ou les péripéties de! circonstances s'éloignant,
nous demeurons, lecteurs, en compagnie d'une œuvre forte et durable. On
peut y voir, sans doute, une dénonciation d'un milieu et d'une classe dont il
démasque l'âpreté, l'avidité, où i marque le pouvoir de l'argent. C'est un des
piliers de l'œuvre, mais ce n'est pas le seul. Cette atmosphère accablante
étouffante, venimeuse, qu'il dépeint avec tant de subtilité et d'expression, est
une dénonciation sociale. Mais elle peu avoir une plus vaste ampleur et je juge ou
15
moraliste chrétien nous pouvons aussi le retenir comme un peintre plus général
des tourments du cœur et des passions humaines.
On a peu dit aussi la sensibilité et la puissance de l'écrivain régionaliste
décrivant des bourgeois, mais aussi de simples travailleurs de sa terre, mais aussi
cette terre elle-même, sa diversité et sa beauté, les vignes ou la forêt, la
lumière, la chaleur, les orages. On admirera aussi sa peinture de Bordeaux, de
ses clartés, de ses ombres, de cette façade fermée ou hostile derrière laquelle
s'abrite le calcul ou la cupidité. La ville et le décor rural n'existent certes
pas sans des mains, des êtres humains qui les ont façonnés de diverses façons : le
travail, le lucre, le désespoir ou l'espérance y ont leur place. L'espérance de
François Mauriac se situait normalement dans le domaine de sa foi. Il n'en reste
pas moins qu'il a su dire fort clairement les turpitudes, mais aussi qu'il a su
comprendre les peines et les espérances terrestres. On peut marquer des limites à
cette œuvre par rapport à la puissance descriptive et dénonciatrice d'un Balzac,
par rapport à la vaste résonance populaire d'écrivains comme Hugo. Mais le
chant français s'exprime comme notre peuple par des diversités et des nuances qui
lui sont nécessaires et précieuses. Sous les renouvellements et les inventions de
chaque époque et de chacun, il y a des lignées vigoureuses qui se poursuivent.
C'en est une de Pascal à Bernanos et à Mauriac, elle est partie et tout de notre
floraison.
P. G a m a r r a
La Vie Ouvrière
Eh partant de ce texte, inventez un dialogue sur la vie et l'œuvre de François
Mauriac. Tâchez d'employer les agencements de mots suivants :
une œuvre de première importance; être couronné par un prix Nobel ;
une référence à l'auteur ; un exposé sommaire ; prendre parti pour ; une œuvre
forte et durable ; la dénonciation d'un milieu ; démasquer l'âpreté ; les piliers
d'une œuvre.
Révision
1. Rappelez-vous certains emplois du verbe tenir. Traduisez :
1. Он считал себя побежденным.—2. Экзамен будет очень
16
серьезным, имейте это в виду.
GEORGES DUHAMEL
(1884-1966)
Ayant accompli des études de médecine, Georges Duhamel est mobilisé en
1914 dans le Service de santé : son expérience de chirurgien militaire lui inspire
deux grands livres de souvenirs : Vie des martyrs (1917) et Civilisation (1916)
où l'absurde cruauté des combats est rendue sensible par la description sobre et
pathétique des misères quotidiennement observées à l'hôpital parmi les
blessés. L'œuvre fondamentale de Duhamel est son roman-fleuve en 10
volumes: La chronique des Pasquier (1933—1945), où l'auteur décrit l'histoire
d'une famille sous la troisième République. Ses œuvres écrites à la veille de
la Seconde Guerre mondiale et depuis la guerre sont empreintes de
pessimisme.
LE SPÉCIALISTE, LE PHILOSOPHE ET LE PROPHÈTE
L'auto de Marcel Kuhn est dans le fossé. Cela s'est passé le plus simplement
du monde. L'herbe de juin cachait le piège : une herbe opulente, gorgée de pluie.
Les banquettes des routes ont de ces trahisons, Marcel Kuhn a voulu trop bien
se ranger ; sa machine sur le flanc, les deux roues droites dans la gadoue jusqu'au
moyeu.
Le premier émoi dissipé, les dames retournent au tennis : la question dépasse
leur compétence. Elles échangent des balles distraites et, de temps à autre,
regardent si l'animal est remis sur ses pattes. Kuhn a bien du mal. Il a quitté sa
veste et gardé ses gants. Il tâche à tirer du fossé, en même temps que sa voiture,
sa jeune réputation de chauffeur. Il fait, avec beaucoup de dignité, des efforts
qu'une transpiration profuse ne prive pas de toute élégance. Une petite foule
sympathique contemple la scène r i e n que des amis, des gens qui ne s'aventurent pas
à donner des conseils, des gens très intelligents, profondément persuadés qu'une
auto ne reste jamais dans un fossé et que celle-ci, comme les autres, finira par
retrouver son aplomb normal. Aussi bien, voilà le sauveur, le dépanneur. C'est M.
Thiébaud, vétéran de la route, maître es mécaniques. Il jette à la bête malade un
coup d'œil précis. Et, tout de suite, à l'ouvrage ! Que faut-il ? Rien ! Des
17
pierres, des briques, des planches, des crics, des madriers, des leviers, des cordages.
M. Thiébaud revêt une salopette et opère. Il connaît la technique. Il mêle
généreusement sa sueur à celle de Marcel Kuhn. Le monstre échoué se soulève un
peu, retombe, frissonne, se cale, s'endort définitivement. Il est très bien là. Qu'on le
laisse donc tranquille ! La prochaine marée saura le remettre à flot.
Une heure s'épuise. La sueur coule. Les balles de tennis voltigent, effarées dans
la grande cage. La petite foule grossit, jabote, s'exaspère. Toutes les cinq
minutes, le soleil vient voir où sont les choses. Le vent soupire et glisse une main
secourable dans les chevelures mouillées. C'est un beau dimanche. La route est
vivante. Des autos passent. Les plus grosses ralentissent et laissent choir un mot de
compassion, un rire, un avis. Les plus petites sont les plus curieuses. Elles s'arrêtent
auprès du monstre blessé, tels des fauves autour de la trappe où gronde un de leurs
congénères. Elles députent des hommes à lunettes qui viennent contempler la scène
et présentent au chauffeur malheureux de délicates condoléances. Ils ont une façon
de dire : « Besoin de rien» ? qui doit se traduire en bon français par ces mots : «
Voilà une chose qui ne m'arrive jamais à moi. » Puis ils repartent, pleins d'orgueil.
Les deux mécaniciens peinent dans le fossé. Ils ne se laissent pas distraire.
Méthode et ténacité.
Arrive le colonel Béjot. C'est un savant. Il a lancé des chemins de fer à travers
les sables de l'Afrique. Il regarde, par-dessus son binocle, la voiture, la route, la
foule et le fossé. Il croise ses mains sur son ventre et demande tout doucement :
— Combien pèse votre voiture ?
Marcel Kuhn est plein de respect pour le colonel Béjot ; c'est pourtant avec
une profonde indifférence qu'il daigne répondre :
— Neuf cent cinquante kilos.
— Neuf cent cinquante, reprend le colonel Béjot. Eh bien ! nous aurions
plus vite fait de la tirer du fossé en nous y attelant tous ensemble. Une
dizaine d'hommes. Il n'en faut pas plus.
Il fait, mentalement, son calcul en agitant les sourcils. Il répète : « Nous
aurions plus vite fait... » Personne ne l'écoute. Personne ne le croit. On le
respecte beaucoup, mais on ne le croit pas. Il parle trop bas.
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Il n'insiste point, rajuste son lorgnon et regarde besogner les deux
mécaniciens. Deux fourmis sous un cadavre. La voiture s'est confortablement
installée dans l'argile. Elle semble résolue à rester là quelques jours. Elle se
trouve bien. Elle ne comprend pas pourquoi on la tourmente.
Un grand nombre de minutes s'écoulent. Environ vingt gouttes de sueur par
front et par minute. Il faudra boire.
La route vit. Des hommes arrivent ; d'autres s'en vont. On se lasse de
tout, même du malheur d'autrui.
Un jeune cycliste s'arrête. C'est un paysan. Il a vingt ans à peine. Il est
robuste, rougeaud. Il souffle. Il pétrit son vélo à pleines mains. Il n'a pas l ' a i r
content. Pendant un petit moment il regarde en silence ce groupe d'hommes,
inertes, et cette voiture en détresse. Et, soudain, il n'y peut plus tenir. Il jette
son vélo contre la haie et, levant les bras, tombe au milieu de nous. Il n'est pas de
haute taille ; pourtant, il paraît grand. Son visage exprime un mélange de colère,
d'étonnement, de pitié. Il crie d'une voix rude et pathétique :
— Quoi ! eh bien, quoi ! On ne va quand même pas les laisser là ! Une
voiture ! qu'est-ce que c'est que ça pour dix hommes ! Allez ! On l'empoigne
par l'arrière, qui est plus léger. Et toc ! sur la route. Après, il n'y a plus qu'à
tirer.
Les mécaniciens relèvent le front, ébranlés. La petite foule considère presque
timidement le jeune homme au visage rouge. Le colonel Béjot remue la tête de
haut en bas.
— Allons ! allons ! crie le paysan. Dix hommes sur l'arrière, et je vous dis
que ça suffit.
La voix est impérieuse, presque furieuse. Notre incertitude irrite le jeune homme
; il la disperse d'un geste. Nous obéissons tous, sans discuter. Et, tout de suite, il
donne des ordres, place les hommes, règle l'opération.
— Une ! deux ! trois ! Ensemble ! Bien ! Ça y est !
La voiture cède. Elle ne résiste plus. Elle se prête de bonne grâce à la
manœuvre, comme un cheval qui sent la cuisse et l'éperon du maître.
En dix secondes, la voiture est sur la route. Nous sommes groupés tout
19
autour, stupéfaits du miracle. Nous avons eu si peu d'efforts à fournir ! Et
pourtant, tout est fini. Le colonel Béjot sourit : l'esprit a trouvé une voix et
une main. Le jeune homme cherche son vélo.
— On ne se sépare pas comme ça ! s'exclame Marcel Kuhn. On va
boire un pot.
— Pas le temps ! dit le jeune homme.
Il est déjà en selle. Il lève son chapeau. Il r i t . Il part. Il est loin. Il
va, là-bas, sauver le monde. Il faut qu'il se dépêche. On a besoin de
lui.
Fables de mon jardin
Sujets de conversation
1. Justifiez le titre de cette fable.
2. Parlez des personnages qui y figurent.
3. Quelle est la morale qui se dégage de cette fable?
4. Racontez le texte à la première personne, comme si vous étiez
Marcel Kuhn.
Etude des mots et des expressions
1
On emploie souvent les adverbes purement et simplement pour désigner
'sans réserve ni condition' : De cette même voix tranquille, il va essayer de
poursuivre, de gagner un peu de terrain sur la mer. En ce qui concerne la
proposition qui nous est soumise, je demande à la Chambre, comme je l'ai
dit au cours de la précédente séance, de la considérer comme irrecevable et de la
rejeter purement et simplement. (Aragon)
Les adjectifs pur et simple accompagnent les substantifs : Nous
attendions, pour vous mettre au courant, d'être enseignés sur la sanction prise
par le censeur du lycée contre le triste sire qui s'appelle Fontanin : renvoi pur et
simple, sans doute. (Martin du Gard)
2
Apprenez les épithètes et les verbes qui s'emploient avec le mot
pluie .
Epithètes : battante, continue, diluvienne, d'orage, douce, drue, féconde,
fine, forte, froide, glacée, grosse, mêlée de grêle (de neige), pénétrante,
20
rapide, torrentielle.
Verbes : On dit : la pluie abat la poussière, arrose la terre, cesse, commence à
tomber, cingle la figure à qn, continue, détrempe (défonce) un chemin, glace,
grossit une rivière, mouille, pénètre, rafraîchit l'air, ravage les jardins, surprend,
survient, tombe (à torrents, à verse), traverse les vêtements de qn, trempe la
terre.
3
Faites attention à l'emploi de es qui est une ancienne forme contractée de
en les, dans les, et ne doit, par conséquent, s'employer que devant un nom au
pluriel.
On trouve es dans certaines expressions comme licencié ou docteur es lettres,
docteur es sciences, maître es arts, maître es sports. Mais on dit : docteur en droit, en
médecine.
4
Le verbe choir ne s'emploie plus guère qu'à l'infinitif et précédé de
l'auxiliaire faire ou laisser : On lui donna un coup qui le fit choir (Acad.)
5
Retenez les expressions suivantes :
Faire la pluie et le beau temps veut dire : faire des autres tout ce qu'on veut, être
fort écouté — par allusion à Jupiter, ou Zeus, souverain des dieux, qui régnait sur
le ciel et disposait de la pluie ou du mauvais temps : Lysistrata, c'était Marie
Neveux, de Odéon, notre meilleure comédienne et la plus jolie, blonde par artifice,
avec des yeux noirs veloutés. Elle faisait la pluie et le beau temps au théâtre des Muses.
(France)
Etre dans le pétrin signifie 'être dans une situation difficile' ; Nous voilà dans
le pétrin jusqu'au cou. (Rochefort)
Donner un coup 'de collier signifie 'faire un vigoureux effort' : Vous n'êtes pas
suffisamment préparés... Les examens approchent... Si vous ne donnez pas un sérieux
coup de collier... (Troyat)
Etude du style
1. Par quels procédés l'auteur parvient-il à animer la description de la
route et de la voiture en panne ?
2. Comment G. Duhamel dépeint-il les efforts de Marcel Kuhn et du
dépanneur qui tâchaient de tirer la voiture du fossé ? Pourquoi l'auteur
21
introduit-il nombre de termes techniques pour décrire l'activité de M.
Thiébaud ?
3. De quelle manière est montrée l'attitude de la foule envers
l'événement en question?
4. Relevez les procédés stylistiques qu'emploie l'auteur en brossant les
portraits des personnages.
5. Citez les passages qui montrent l'humour et l'ironie de l'écrivain.
6. Relevez les métaphores employées dans le texte, dites si
elles sont
traditionnelles ou originales, expressives ou neutres.
7. Quelle est la valeur stylistique des termes familiers ?
8. Trouvez dans le texte quelques mots qui sont toujours expressifs
indépendamment du contexte.
9. Commentez la digression de l'auteur.
Exercices
1. Remplacez par d'autres termes les mots en italique :
il fait des efforts qu'une transpiration profuse ne prive pas de toute
élégance ; méthode et ténacité ; il revêt une salopette et opère ; une heure s'épuise ;
rien que des amis, des gens qui ne s'aventurent pas à donner des conseils ;
Kuhn a bien du mal ; on Y empoigne par l'arrière.
2. Dites ce qu'est une salopette.
3. Quel est le sens et la valeur affective du verbe jaboter ? Donnez les
synonymes de ce verbe.
4. Que fait un dépanneur ? Formez les dérivés de ce mot et citez quelques
expressions largement employées de nos jours avec ces dérivés.
5.Nommez les synonymes du mot vélo m. Que veut dire enfourcher le
vélo?
6. Distinguez les différents sens du verbe rajuster dans les phrases
suivantes :
1. « Lisez le texte», — dit le maître en rajustant ses lunettes. — 2. Elle se
leva, rajusta sa robe et ses cheveux. — 3. Cela rajuste bien des choses. — 4.
Les ouvriers de cette usine de Lyon se mirent en grève pour rajuster leurs
22
salaires.
7. Quel est le sens du verbe agiter dans la phrase suivante : « II fait
mentalement son calcul en agitant les sourcils » ? Citez quelques
compléments qu'on peut employer avec le verbe agiter.
Modèle:
agiter le mouchoir.
8. Expliquez la différence qui existe entre :
avoir mal — avoir du mal ; gronder — grogner ; merveille / — miracle m ;
mentalement — à part soi ; prochain — suivant.
9. Faites entrer dans des phrases les expressions :
la semaine des quatre jeudis ; ne pas y aller par quatre chemins ; avoir le
cafard ; faire la pluie et le beau temps ; en dire long ; dépasser la compétence ;
toutes les cinq minutes.
10. Traduisez oralement le paragraphe à partir des mots : « C'est un beau
dimanche ».
11. Traduisez par écrit :
1. Статуя Зевса Олимпийского, созданная гениальным скульптором
древности, принадлежит к семи чудесам мира. — 2. Попав в железнодорожную
катастрофу, он лишь чудом избежал смерти. — 3. Необходимо исправить приемник, он не работает на коротких волнах. — 4. Машина опрокинулась набок, и
нам пришлось срочно вызвать техническую помощь. — 5. Я не могу дать вам
какой-либо совет, так как ваш вопрос превышает мою компетенцию. — 6.
Стоя у доски, ученик повторял про себя условия теоремы. — 7. При виде врача
в белом халате, ребенок расплакался. — 8. Маляр надел свой рабочий комбинезон
и принялся за работу. — 9. Учитель поправил пенсне и углубился в чтение
письменных работ. — 10. Советские моряки • тотчас же поспешили на помощь
иностранному судну, терпевшему бедствие. — 11. Волк чуть не попал в ловушку,
расставленную жителями поселка. — 12. Узнав о несчастье одной из своих
сотрудниц, коллектив выразил ей свое соболезнование. — 13. Вследствие
гололеда несколько машин потерпело аварию. — 14. Грузовик замедлил
ход, так как справа от него виднелся большой овраг, полный глины. — 15.
Учебник написан доктором юридических наук. — 16. Врач советовал каждые
23
три часа делать больному уколы. — 17. Если я буду в затруднительном положении, я вам напишу. — 18. Мальчик должен был напрячь все силы, чтобы
сдать экзамен. —J9. Из вагона поезда пассажиры видели своих друзей и
родных, махавших им рукой на перроне. — 20. После долгих колебаний он отважился сделать первый шаг к примирению.—21. Мальчик потерял равновесие и
едва не упал.
Sujet de dissertation. Décrivez l'orage qui vous a surpris dans le bois.
TEXTE COMPLÉMENTAIRE
VIDAL A L'OUVRAGE
Le petit Charles Xavier est élevé dans un orphelinat : son père a
été tué en 1918, sa mère l ' a abandonné à sa naissance. Un jour son «
correspondant » Vidal, électricien ambulant, obtient de l'emmener
avec lui en tournée. Ancien voyou, Vidal s'est battu bravement et la
guerre Га transformé. En outre, avant la mort du sergent Xavier, il
lui a promis de veiller sur Charles. Celui-ci, qui a quatorze ans, est
émerveillé par l'ingénieux agencement de la camionnette de Vidal. Il lie
amitié avec la chienne Vivette, d'abord un peu jalouse. Mais la tournée est
commencée, et c'est maintenant la dextérité de l'électricien qui va
susciter l'admiration de l'enfant.
— Viens avec moi à la camionnette. Tu tâcheras de bien te rappeler où je
prends mes affaires. Ça pourra te servir pour une autre fois.
La visite à la camionnette fut l'occasion d'un petit dialogue entre Vidal
et la chienne.
— Ne bouge surtout pas, disait Vidal. « Je vais rester! longtemps ». Il
appuyait sur le mot longtemps, et il l'accompagnait d'un hochement de tête
lent, plusieurs fois répété, avec lequel la chienne devait être familière. Elle
répondit par des gestes des oreilles et de la queue, et par un faible
gloussement. Le tout voulait dire, à l'évidence: «Compris. On ne bouge pas.
Ce n'est pas spécialement drôle. Mais on y est habituée».
Le travail s'engagea et se poursuivit sans incident notable. Charles avait
admiré l'adresse de Vidal dans sa façon de parler aux gens. Il l'admira de
24
nouveau dans son traitement de l'ouvrage. Le jeune garçon ne connaissait pas le
métier d'électricien, mais il avait vu des camarades, ou des adultes, travailler
auprès de lui. Il savait déjà qu'il existe plus d'une manière de travailler
gauchement, et qu'elles se trahissent dès les premiers gestes. Il y a l'homme,
jeune ou vieux, qui semble n'avoir rien prévu, rien calculé, qui change
perpétuellement d'avis, qui a des repentirs, qui recommence. Il y a celui qui
semble n'avoir pas de mémoire ; s'il remonte une pièce, il s'aperçoit en
terminant qu'il en a oublié une autre qui doit se fixer au-dessous. Il y a celui qui
n'a jamais l'outil qu'il lui faut sous la main ; quand il est en haut de son échelle,
c'est toujours son marteau qu'il trouve au moment d'arracher un clou, d'en
planter un. Alors il ne cesse de trotter, en maugréant, du haut en bas de son
échelle, persuadé que la guigne s'attache à lui. Il y a celui qui est
constamment affolé, comme si la petite difficulté qu'il rencontre se
présentait pour la première fois dans l'histoire du monde. Celui qui est
constamment en sueur, comme si l'immensité de la besogne le débordait.
Et dix autres qui vous jouent chacun, avec une conviction que rien
n'entama leur comédie particulière. Vidal, lui, était beau à regarder. Il
glissait à travers son travail, sans accrocher jamais, comme s ' i l eût
repéré d'avance tous les chemins. Il ne semblait pas pressé. On eût dit qu'il
acceptait une occasion comme une autre d'occuper ses mains pour se
distraire l'esprit. Sa longue habitude de travailler sans ai-de lui avait donné
en effet des élégances d'acrobate ou de prestidigitateur, A la seconde même
où le besoin s'en faisait sentir, l'on voyait de dessous son bras, d'entre ses
jambes, d'une poche de sa veste, on avait envie de dire : de sa manche,
sortir un tournevis, une vrille, une pince, un marteau, une mignonne paire
de tenailles. Soudain apparaissait entre son pouce et son index le boîtier d'un
double-mètre en métal élastique. Le ruban de métal filait le long du mur,
puis rentrait brusquement, comme l'immense langue d'une bestiole. Jamais
la mesure n'était fausse. Jamais l'on n'entendait Vidal grogner des « Zut ! »
ou des « Sacré ceci ou cela ».'Il prenait toute la responsabilité de l'affaire. Il
n'accusait point les clous de se tordre exprès, ni le bois de se fendre, ni le
25
plâtre du mur d'éclater par morceaux. Tout ce qu'il se permit en ce sens
fut de dire une fois : « Les murs ne sont pas fameux ». Dans son attitude à
l'égard du travail il restait même,.peut-être, quelque chose de l'ancien
voyou : le refus de prendre la chose trop au sérieux, d'être trop servilement
absorbé ; de s'étonner de ce qui étonne ou déconcerte les autres ; une trace
de mépris ; l'affectation de loisir au sein de l'attention et de l'effort.
Quand il regardait l'ouvrage, de ses longs yeux plissés, de son visage mince
et fripé, il tenait à mettre les distances. De temps en temps, il descendait de
l'escabeau, allumait une cigarette, se reculait, examinait ce qui restait à
faire. Puis il coupait une longueur de f i l , renouvelait la provision de pointes
dans sa poche, changeait sous son bras un outil contre un autre. Charles
n'avait guère à l'aider. Quelquefois Vidal s'en excusait :
— Tu t'embêtes ? Je ne te fais rien faire.
— Oh non ! Je regarde. Ça m'intéresse.
— Tiens. Voici un tournevis. Démonte-moi le vieil interrupteur. C'est
facile.
J. R o m a i n s , Les hommes de bonne volonté
• Confrontez les deux textes. Dites ce qu'il y a de commun. Que nous apprend
le fragment de Jules Romains sur le travail manuel ? Qu'est-ce qui suscitait
l'admiration de Charles? Relevez les termes techniques et traduisez-les.
Révision
1. D a n s l e s p h r a s e s q u i s u i v e n t m e t t e z l e s p r é p o s i t i o n s , s ' i l y a l i e u :
1. Elle n'a pas daigné ... me saluer. — 2. Ne vous mêlez pas ... cette
conversation. — 3. Les enfants se sont mêlés ... à la foule. —4. Il a du mal ...
faire ce devoir. —5. Son exposé portait ... la situation internationale. — 6. Je
veux vous charger ... cette commission pour mon. ami.—7. Je n'ose vous ...
contredire.—8. L'enfant éclata ... rire.—
9. Les gens ne s'aventurent pas . donner des conseils. —
10. Elle semble résolue ... partir le lendemain.
2. Faites cinq phrases sur le modèle : toutes les cinq minutes.
3. Traduisez oralement :
26
1. Ее отец — доктор филологических наук. —2. Просто-напросто она забыла
ответить на это письмо. — 3, Проливной дождь размыл дороги. — 4. Доклад был
сделан доктором физико-математических наук. —5. Дождь хлестал в лицо. — 6.
Частый дождик прибил пыль. — 7. Это лекарство надо принимать каждые два
часа. — 8. Студенты поняли, что их друг находится в затруднительном положении
и пришли ему на помощь. — 9. Футболистам пришлось напрячь все силы, чтобы
выиграть этот матч.
PIERRE GÀMARRA
(1919)
Pierre
Gamarra appartient
à
la
nouvelle génération
d'écrivains
progressistes. En 1950 il publia son roman Les enfants du pain noir ; en 1951, Les
lilas de Saint-Lazare ; en 1953, Rosalie Brousse et le recueil de nouvelles Les
mains des hommes. En 1955 Pierre Gamarra fait paraître son roman Le
maître d'école et en 1957, le recueil Les amours du potier.
Les œuvres de Gamarra reflètent la vie dure des ouvriers, des intellectuels,
des petits employés. L'auteur parle du labeur exténuant des paysans de la
montagne. Les œuvres de Gamarra appellent à la lutte pour la paix et l'amitié
entre les peuples du monde entier.
LES AMOURS DU POTIER
Le vent court dans la plaine et jette des poignées de feuilles mortes dans les
sillons roux. Les acacias des collines ont perdu leurs sequins. Les corbeaux se
dispersent dans les vapeurs en criant à l'automne. L'eau des mares se ride
mélancoliquement sous les bourrasques. Les fumées se tordent dans le ciel gris.
Va chercher une brassée de sarments. Ranime le feu. La nuit va tomber. Les
bêtes sont à table. Les chiens et les chats cherchent le coin de l'âtre. C'est
l'heure de causer et de rêver en attendant la soupe. Que les bras tordus de la
vigne s'enflamment dans la cuisine assombrie, que de longues ombres s'éveillent
aux solives. Je vais te raconter l'histoire de Vidal le potier et de ses amours. Sa
maison est là-bas, au creux des collines, passé le bois de chênes. Tu peux la
voir d'ici en te penchant à la fenêtre. Pour y arriver, on prend d'abord la
départementale qui traverse le village et serpente au flanc des chaumes et des
27
prés. Avant la crête, on trouve un vieux chemin qui s'en va parmi les chênes
jusqu'à la maison de Vidal. On débouche sur une cour vaste, on passe devant le
bûcher et le four et on aperçoit la maison, longue et basse, la façade bleuie de
bouillie de vigne, bâtie à la façon des bordes languedociennes.
Un soir d'été, Vidal s'est arrêté dans cette cour, dans la douceur de l'air.
Les arbres et les herbes s'agitaient à peine. La musique de soie déchirée des
insectes nocturnes arrivait des profondeurs de l'horizon sans troubler le calme des
collines. Vidal avait marché longtemps avec ses trois musettes et sa capote
délavée, ouvrant sans se lasser le compas de ses jambes maigres. Il avait
traversé le village vers le minuit. Tout dormait ou semblait dormir derrière les
volets clos. Sous les platanes de la place, Vidal avait reconnu la voix de la
fontaine comptant ses perles. Ce n'était pas seulement la fontaine qu'il avait
retrouvée mais la mémoire de son enfance, de certains jours d'autrefois où, il
s'asseyait sur un banc et fermait les yeux en écoutant les menues cascades de l'eau
sur la pierre. Alors, il imaginait des mains de femme comptant des perles, nouant
et dénouant des colliers.
Rien n'avait changé. Autour du bassin de granit rongé, sous les branches
entrelacées des platanes, flottait toujours une fraîcheur incomparable. Malgré la
hâte qu'il avait de retrouver sa maison, Vidal s'était assis quelques instants
près de la fontaine babillarde pour accueillir le parfum de son village. Autour
de la place, le blanc de lune caressait les façades calmes. Vidal reconnaissait le
porche de l'église, l'école et la mairie, les boutiques, la mercerie de Mlle Galy, la
boucherie de Félicien, le bureau de tabac. La nuit sentait l'anis, la menthe, le
fenouil et la figue fraîche. Et l'odeur de la terre arrivait, assouplie de rosée.
Vidal la reconnaissait avec délice. Il en sentait à la pulpe de ses doigts la finesse
élastique. Le parfum de l'argile des collines descendait dans les rues, jusqu'à la
place pour saluer l'arrivant.
Personne ne se doutait que Vidal était là, qu'il était rentré de prisonnier un
des premiers et que, maintenant, il s'en allait vers son logis, sur la route baignée
de lune où sa silhouette d'échassier se découpait bizarrement. Si quelqu'un l'avait
entendu et reconnu, peut-être lui aurait-il crié : Viens donc par ici, Vidal, tu as
28
marché et tu as soif, arrête-toi un peu, Vidal, nous allons causer du pays et
des gens, prends le temps de souffler, ne va pas si vite...
Mais personne ne l'entendit, personne ne l'appela et Vidal le potier prit le
chemin des collines dans la musique lente du vent et des grillons. Il remarqua
qu'on avait dû moissonner de bonne heure, que la terre se fendillait de
canicule. Les maïs avaient souffert. Le raisin serait sucré, le vin rare mais bon. A
mesure que le potier s'approchait des crêtes, l'odeur de la terre devenait plus
forte et familière. C'était vraiment, cette fois, la terre de sa maison, la terre des
siens, la glaise jaune que les Vidal avaient pétrie depuis des temps très reculés.
Pour bien dire, lui, Vidal Maurice n'était plus potier mais simplement
cultivateur. S'il était potier, c'était plutôt pour son amusement et sa fantaisie. Le
métier avait fini avec son père Vidal André, mort dans les années 30. Depuis longtemps, les affaires n'allaient plus fort. Le tour d'un artisan de campagne ne
saurait lutter avec les grandes fabriques. Pourtant les pots et les cruches des
Vidal étaient célèbres dans le pays. La célébrité ne nourrit pas quand les gens n'achètent plus. Le vieux était mort, laissant des dettes et de la terre en friche. Quand
Maurice revint du régiment, il abandonna le tour et prit la charrue pour remettre en
culture des champs que les Vidal avaient jusque-là laissés à l'abandon. Il le fit
un peu à contrecœur car il aimait le travail de la glaise. Il s'amusait même à
modeler des figurines paysannes qu'il colorait ensuite grossièrement et que les
gens accrochaient aux murs ou plaçaient sur leur cheminée. Encore une fois, cela
ne nourrissait pas une famille. Vidal Maurice laissa donc s'éteindre le four. Il avait
deux sœurs plus jeunes à élever. Sa mère était vaillante mais de mauvaise santé.
Elle mourut peu avant la guerre. Entre-temps, Vidal s'était marié et sa femme
vint habiter la Poterie avec sa mère à elle. On disait toujours la Poterie pour
désigner la maison et Maurice, c'était à son tour Vidal le Potier. Le vieux nom
du métier disparu devenait le surnom de la famille.
La femme de Vidal Maurice s'appelait Odette. Avant son mariage elle habitait
avec sa mère à l'entrée du bourg, dans une bicoque assez misérable, une
ancienne auberge tombée en décrépitude. Les deux femmes se louaient pour les
travaux des champs. Odette était une brune fort bien faite et de joli visage. Sa
29
bouche épaisse et menue à la fois luisait comme une mûre. Ses yeux, non pas noirs
mais d'une couleur de châtaigne sombre s'ombraient de cils très longs dont elle
savait jouer avec quelque malice. On la tenait pour sérieuse, ce qui n'empêchait pas
les uns ou les autres de rire d'une certaine façon en parlant de là belle Odette,
d'Odette la Brune,"de cette petite Odette du bout du village, vous savez...
Les amours du potier
Sujets de conversation
1. Quels sentiments éveillaient dans l'âme de Vidal les lieux de son enfance
lors de son retour du camp de concentration ?
2. Pourquoi les Vidal avaient-ils reçu le surnom de Potier ?
3. Brossez le portrait d'Odette.
4. Quels détails font ressentir l'amour de Vidal pour son pays ?
Etude des mots et des expressions
1
Faites attention à l'emploi du verbe courir suivi de la préposition
après : courir après un voleur. Il court après les honneurs, les emplois.
2
Le verbe dormir peut s'employer transitivement : dormir un somme.
Dormez votre sommeil. Et familièrement: dormir la grasse matinée.
Le participe passé dormi est invariable : les heures qu'elle a dormi (pendant
lesquelles elle a dormi). Combien d'heures avez-vous dormi?
3
II ne faut pas confondre les verbes changer et échanger. Au sens de 'céder une
chose pour une autre par consentement mutuel', ces deux verbes peuvent
s'employer indifféremment. Ils se construisent alors avec contre : // a changé ses
tableaux contre des meubles. Changer son fusil contre une bicyclette. Echanger
un dessin contre un livre.
Mais on dira : On lui a changé (et non échangé) son pardessus au restaurant. (Il
n'y a pas consentement mutuel.)
4
Ne confondez pas l'emploi du pronom indéfini chacun avec l'adjectif
indéfini chaque qui ne peut pas être employé avec d'autres déterminât ifs : chaque
livre, mais chacun de ces livres ; chaque amie, mais chacune de vos amies ; chaque
faute, mais chacune de ces fautes ; chaque mouvement, mais chacun de ses
mouvements.
30
5
Retenez les expressions :
Prêter le flanc veut dire 's'exposer, donner prise'. L'expression est très
employée au sens figuré : Prêter le flanc à la critique, à la médisance.
De mémoire veut dire 'sans avoir la chose sous les yeux' :Réciter, jouer de
mémoire.
Etude du style
1. Quelles sont vos observations sur la composition de cet extrait ?
2. Parlez du rôle de la métaphore. Appuyez votre réponse par des exemples
concrets. Relevez les métaphores individuelles.
3. Qu'est-ce qui contribue au lyrisme de cette nouvelle ?
4. Précisez la nature des épithètes ci-dessous :
la fontaine babillarde ; les façades calmes ; la silhouette d'échassier. Motivez
leur place.
5. Quelles sont les particularités syntaxiques de ce fragment ?
6. Relevez les digressions de l'auteur et dites à quoi elles servent.
Exercices
1. Dites en d'autres termes :
le coin de Vâtre ; une capote délavée ; tomber en décrépitude ; bicoque f ; terre en
friche ; à contrecœur ; on la tenait pour sérieuse ; laisser à Vabandon ; depuis des
temps très reculés ; avec délice ; sa silhouette se découpait.
2. Traduisez les groupements dé mots suivants en utilisant les verbes tordre ou
tortiller :
отжимать белье; свернуть шею; теребить платок; вывихнуть руку; скривить
рот; вить веревку; хохотать до упаду.
3. Précisez le genre des noms suivants :
chaume; insecte; porche; argile; silhouette; canicule ; cruche ; châtaigne
4. Quel est le sens du préfixe dé- dans les verbes dénouer/ déboucher? Citez
quelques mots formés avec ce préfixe.
5. Traduisez en russe les groupements de mots avec l'adjectif menu :
la menue monnaie; le menu bagage ; le menu bétail; les menus frais ; écrire
menu; trotter menu.
31
6. Expliquez le sens du verbe accrocher dans les phrases suivantes :
1. Ma jupe a été accrochée par un buisson épineux. — 2. Sa voiture a
accroché mon pare-chocs. — 3. Un camion lourd a accroché ma voiture. — 4. Ce
type a accroché une bonne place. — 5. Je ne voulais pas qu'il m'accrochât. — 6.
Accrochez cette embarcation avec une greffe.
7. Introduisez dans des phrases les verbes enflammer, souffrir et pétrir pris au sens
propre et figuré.
8. Traduisez en russe:
1. Le médecin a dit au malade de prendre le médicament toutes les trois
heures. — 2. Un écolier sur cinq prenait part aux activités artistiques de-la
classé. — 3. Chacun de ses gestes était imprégné de grâce.— 4. Chaque citoyen
soviétique a droit au congé.
9.Quelles expressions avec le mot fantaisie connaissez-vous ?
10. Traduisez par écrit:
1. Роман Шолохова «Поднятая целина» переведен на многие иностранные
языки. — 2. Горные речушки Кавказа образуют большое количество
водопадов. — 3. На юге Франции издавна было распространено гончарное производство. — 4. В дороге солдаты попали под проливной дождь, их шинели и
вещевые мешки насквозь промокли. — Мальчик остановился на миг, чтобы
передохнуть. — Стоял летний зной,
и путешественники изнывали от
жажды. — 7. Теннисист сделал неловкое движение и вывихнул руку. —8.
Девочка
знала
всю
поэму
Некрасова
на
память.
—
9.
Его
легкомысленная реплика дала повод к нападкам. — 10. Избалованная
родителями, она могла себе позволить любую прихоть. — 11. Расставаясь,
друзья обменялись сувенирами. — 12. Он регулярно отвечает на каждое
письмо. — 13. Видели ли вы пьесу «Миллион на мелкие расходы»? — 14.
Сколько весит ваш ручной багаж?— 15. Вернувшись домой после долгого
отсутствия, Видаль увидел, что все его хозяйство, его дом и сад были
полностью запущены. — 16. Чем здесь пахнет?—Пахнет духами. — 17.
Нравится ли вам запах этого цветка? —Да, он пахнет хорошо. — 18.
Многие студенты принимали участие в освоении целинных земель. — 19.
32
Его
считали
честным
человеком,
обладающим
большим
чувством
ответственности.
TEXTE COMPLÉMENTAIRE
LE RETOUR DU PRISONNIER
Cette histoire est une histoire vraie. Elle s'est passée en 1945 dans un
village de France que nous appellerons Chardeuil, bien que ce ne soit pas son nom
réel, que nous ne pouvons donner pour des raisons évidentes. Elle commence dans
un train qui ramène d'Allemagne des prisonniers français. Ils sont douze dans
un compartiment de dix, affreusement serrés, épuisés de fatigue, mais excités
et heureux parce qu'ils savent qu'enfin après cinq ans d'absence, ils vont
revoir leur pays, leur maison, leur famille. Dans un coin du compartiment est
assis un homme grand, maigre, dont le visage passionnelles yeux brillants de
fièvre sont plus espagnols que français. Il se nomme Renaud Leymarie et il est
originaire de Chardeuil en Périgord. Il parle avec son voisin :
— Tu es marié, toi, Saturnin ?
— Bien sûr que je suis marié... Deux ans avant la guerre, deux gosses...
Elle s'appelle Marthe ; tu veux la voir ? Saturnin, petit homme gai, visage
balafré, tire de sa poche intérieure un portefeuille usé, graisseux, et montre
fièrement une photographie déchirée.
— Elle est rudement bien, dit Leymarie. Et tu n'es pas inquiet de ce
retour ?
— Inquiet?... Je suis fou de joie. Pourquoi inquiet?
— Parce qu'elle est jolie, parce qu'elle était seule, parce qu'il y a tant
d'autres hommes...
— Tu me fais rire ! Il n'y a jamais eu d'autres hommes pour Marthe...
On a toujours été heureux ensemble... Et si je te montrais les lettres qu'elles
m'écrit depuis cinq ans...
.'.'. —Oh ! les lettres ! Ça ne prouve rien... Moi aussi, j'ai reçu de belles
lettres... Et pourtant je suis inquiet. —T'es pas sûr de ta femme?
— Si... Du moins je l'étais... peut-être plus que personne... Nous, on
était mariés depuis six ans et il n'y avait jamais eu un nuage.
33
— Alors ?
— C'est une question de nature, mon vieux...
Je suis de ceux qui ne peuvent jamais croire au bonheur.
Toujours je me suis dit qu'Hélène était trop bien pour moi, trop belle, trop
intelligente... C'est une femme qui est instruite, qui sait tout faire... Elle touche à
un chiffon ; ça devient une robe... Elle meuble une petite maison de paysans ;
ça devient le Paradis... Alors je me dis que, pendant la guerre, il y a beaucoup
de réfugiés chez nous et, parmi eux, des types bien mieux que moi.
— Et puis après? Si elle t'aime...
— Oui, mon vieux, mais te représentes-tu ce que c'est que d'être seule,
cinq ans ?... C'est pas son pays, Chardeuil, c'est le mien. Elle n'y a pas de
famille. Alors la tentation a dû être forte.
— Tu me fais rire, que je te dis ! Tu as l'esprit mal fait... Et puis, suppose
même qu'il y ait eu quelque chose... Qu'est- ce que ça fait, si elle l 'a oublié ? Si
c'est toi seul qui comptes ?
— Je ne suis pas comme ça, dit Leymarie. Si j'apprenais, au retour, qu'il y
a eu la moindre chose...
— Qu'est-ce que tu ferais ? Tu la tuerais ? T'es tout de même pas
cinglé?...
— Non, je ne lui ferais rien. Pas même un reproche. Mais je disparaîtrais.
J'irais vivre ailleurs, sous un faux nom. Je lui laisserais l'argent, la maison...
J'ai besoin de rien, j'ai un métier... Je me referais une vie... C'est peut -être
idiot, mais je suis comme ça : tout ou rien...
Le maire de Chardeuil était l'instituteur du village. C'était un brave homme,
paternel et prudent. Quand il reçut du Ministère, un matin, l'avis annonçant le
retour, pour le vingt août, de Renaud Leymarie, qui faisait partie d'un convoi
dirigé sur le Sud-Ouest, il décida d'aller lui-même prévenir la femme...
Le vingt au matin, Hélène Leymarie se leva à six heures. Elle n'avait pas
dormi. La veille, elle avait fait la toilette de toute la maison, lavé les
carrelages, fait briller les planchers. Puis elle était allée-chez le coiffeur de
Chardeuil. Avant de préparer le déjeuner elle se rappela tout ce qu'il aimait...
34
Dans cette France de 1945, tant de choses manquaient... Heureusement, elle
possédait quelques œufs frais grâce à sa petite basse-cour, et il disait toujours
qu'elle faisait les omelettes mieux que personne. Elle avait un poulet, tué l'avantveille; elle le fit rôtir. Puis comme une voisine affirmait que dans la petite ville
la plus proche, un épicier vendait du chocolat «sous le comptoir» elle décida
d'aller en chercher. « En partant à huit heures, je peux être rentrée à neuf... Je
préparerai tout avant de partir, de sorte qu'au retour, je n'aurai plus qu'à
m'occuper de la cuisine».
Bien que très émue, elle était merveilleusement gaie. Il faisait si beau.
Jamais le soleil matinal, sur la vallée, n'avait été plus brillant. En chantant,
elle commença de mettre le couvert : « La nappe à carreaux rouges et blancs...
Elle a été celle de notre premier repas pris en ménage... Les assiettes rosés dont les
images l'amusaient... Une bouteille de mousseux... et surtout des fleurs... Il
aimait tant les fleurs sur la table, et il disait que je les arrangeais mieux
que personne».
Elle composa un bouquet tricolore : marguerites blanches, coquelicots, bleuets,
avec quelques épis d'avoine. Puis, avant de quitter la maison, appuyée sur sa
bicyclette, elle regarda longuement, par la fenêtre ouverte, la petite salle. Oui,
vraiment, tout semblait parfait. Par la fenêtre, elle se voyait dans le grand
miroir. Un peu trop maigre, peut-être, mais si blanche, si jeune, et si évidemment
amoureuse... Elle se sentait fondre de bonheur. «Allons!» dit-elle, « i l faut y
aller... Quelle heure? Déjà neuf heures, Seigneur !...Tout cela m'a pris plus
de temps que je ne pensais... Mais le maire a dit que le convoi arriverait vers
midi... Je serai là bien avant ». La petite maison des Leymarie était isolée et se
trouvait tout au bout du village, de sorte que personne ne vit un soldat maigre,
aux yeux ardents, se glisser dans le jardin. Il resta là un instant, ébloui par la
lumière et le bonheur, enivré par la beauté des fleurs, écoutant le murmure des
abeilles. Puis il appela doucement :
— Hélène !
Personne ne répondit. Il appela plusieurs fois :
-— Hélène !
35
Effrayé par le silence, il s'approcha et, par la fenêtre, il vit la table
préparée pour deux les fleurs, la bouteille de mousseux. Il eut comme, un
coup au cœur et dut s'appuyai au mur :
— «Dieu ! pensa-t-il... Elle ne vit pas seule ! » Quand Hélène revint,
une heure plus tard, une voisine
lui dit :
— Je l'ai vu, voit' Renaud ; il courait sur la route ; j'ai appelé, mais il
s'est point seulement retourné.
— Il courait ?... Mais dans quelle direction ?...
— Vers Thiviers.
Elle bondit chez le maire, qui ne savait rien.
— J'ai peur, monsieur le maire... J'ai grand peur... Renaud, avec son air
dur, est un homme jaloux, sensible... il a vu deux couverts... Il n'a pas dû
comprendre que c'était lui que j'attendais... Il faut le retrouver tout de suite,
monsieur le maire... Il faut... Il serait capable de ne plus revenir... Et je
l'aime tant...
Le maire envoya un cycliste à la gare de Thiviers, alerta les gendarmes,
mais Leymarie (Renaud) avait disparu. Hélène resta toute la nuit près de la
table où les fleurs, par la grande chaleur, se fanaient déjà. Elle ne mangea
rien. . Un jour passa, puis une semaine, puis un mois.
Il y a maintenant plus de deux ans depuis ce jour, tragique et elle n'a jamais
entendu parler de son mari.
A. M a u r o i s
Appréciez le stylé et la composition des deux nouvelles. Qu'est-ce qui les
rapproche ? Parlez des sentiments des héros. Où vont vos sympathies?
Révision
1. Répétez la différence entre les verbes changer et échanger. Employez-les dans les
phrases qui suivent :
1. Ребята обменивались марками. —2. Поменяйте мне эти туфли на
другие. — 3. Давайте поменяемся местами. — 4. Школьники обменялись
впечатлениями. — 5. Вчера мне обменяли в театре мои черные перчатки на
36
синие.
2. Traduisez :
1. У вас очень красивый почерк, но вы мелко пишете и ваши работы трудно
проверять. — 2. Девочка в смущении теребила свою вылинявшую косынку.—
3. Видаль любил лепить фигурки из глины, —4. Дай мне денег на мелкие
расходы. — 5. Врач сказал своей пациентке, что она склонна к истерическим
припадкам, и прописал ей лекарство. — 6. Каждый его поступок
свидетельствует о его трусости. — 7. Каждый пятый студент нашего факультета
участвует в самодеятельности. — 8. В часы «пик» автобусы ходят каждые
три минуты.
PHILIPPE HÊ RI AT
(1898-1971)
Philippe Hériat (de son vrai nom Raymond Payelle), romancier et
dramaturge français, fait d'abord une brillante carrière dans le cinéma où il a
tourné dans 25 films. Mais en 1936 il abandonne la scène et devient un
homme de lettres professionnel. Ses premiers essais Eldorado (1922) et Don
Juan (1922) se rapportent aux années de guerre.
En 1931 son roman L'innocent lui a valu le prix Renaudot, décerné à
l'unanimité. A la veille de la Seconde Guerre mondiale Hériat fait
paraître Les enfants gâtés (prix Goncourt, 1939), où il montre la cruauté des
principes moraux dont se servent «les grandes familles». L'héroïne du
roman Agnès Boussardel lance un défi aux traditions séculaires.
Après la guerre Hériat fait publier son roman La famille Boussardel
(grand prix de l'Académie française, 1947) où il a su créer toute une galerie
de types: les Boussardel. Cette dynastie de grands bourgeois parisiens a gagné
le droit de cité dans le monde romanesque d'à présent et même dans le
vocabulaire courant. Les grilles d'or (1957) est le troisième volume de ce
roman. En 1958 Hériat écrit son livre autobiographique Retour sur mes pas
où il souligne sa fidélité aux traditions de Balzac, de Zola, de Flaubert. Le
début de la guerre trouve Agnès retirée avec son jeune fils à Port-Gros. Elle
est restée brouillée avec les siens, qu'elle a laissés derrière les grilles dorées
37
du parc Monceau. Agnès croyait en avoir fini avec cette famille. Mais elle
avait compté sans la guerre. Au milieu des malheurs du pays, un travail se
fait dans l'esprit de la jeune femme, et elle tente un retour vers les siens.
PARIS SOUS L'OCCUPATION
Au premier pas qu'elle fit, seule, hors de l'hôtel, Agnès reçut la gifle de
l'Occupation. Un grand drapeau rouge à croix gammée flottait et claquaita
quelques mètres devant elle. Elle resta un moment sur place, serrant le barreau
du portillon de la cour, qu'elle venait de tirer derrière soi, et elle semblait ainsi se
retenir à la maison familiale encore épargnée. Ce drapeau fixé à l'angle de
l'hôtel d'en face lui avait échappé jusque-là ; peut-être, la veille, il pendait
inanimé, faute de vent, et ne se voyait pas. Il se déployait aujourd'hui dans l'air
ensoleillé, il offensait de son vermillon cru et de son symbole géométrique
cette façade renaissance, plus sobre que l'hôtel Boussardel, quoique les deux
constructions fussent à peu près de même date. L'insolent emblème, franchissant
les grilles qui défendaient l'avenue Van Dyck contre les contingences de la
ville, régnait ainsi sur la jolie avenue privée, sur les buissons du parc, sur les
pelouses, sur les arbres, parmi lesquels subsistaient encore quelques vétérans
contemporains de Philippe-Egalité, leur premier maître. Elle mesura à ce
moment combien elle aimait Paris, d'un amour profond, congénital ; elle songea
que sa famille était parisienne depuis six générations. A son retour des EtatsUnis, elle avait renoué avec la vie de Paris comme avec une existence normale,
quelque temps interrompue ; encore n'y était-elle pas parvenue du jour au
lendemain ni sans dépaysement. Devant ce boulevard dépeuplé, roussi
d'automne, frappé d'un funeste enchantement, elle comprenait qu'elle était
parisienne comme d'autres sont croyantes, et que, depuis deux ans, dans son île
préservée, elle avait eu mal de Paris plus que de sa famille. On lui avait conté
l'histoire d'un lointain ancêtre, un Florent Boussardel né sous Louis XII, qui
passait pour l'auteur de la fortune familiale fondée sur les spéculations de la
Plaine Monceau ; on disait de lui : sa passion n'était pas l'argent, ni les
terrains, c'était Paris. Elle était bien de la descendance de cet homme-là. Elle
était bien des Boussardel, en ce qu'ils offraient de meilleur. Une émotion inconnue
38
l'envahit, la souleva au milieu de Paris immobile, et elle se reconnut réellement le
fruit de cette ville mère de qui elle était sortie, à qui elle restait attachée, et
qui souffrait. Agnès s'était mise en marche. Elle avait pris sa foulée de promenade.
Chaussée encore de moelleuses semelles-de crêpe elle s'aperçut qu'elle marchait
sans bruit et que ce pas muet était insolite sur un asphalte où chaque femme
qu'elle croisait faisait claquer des semelles de bois ; ce staccato, généralisé depuis
les retours d'exode, était devenu le bruit de la rue parisienne, où les moteurs
d'automobile ne ronflaient plus. «J'ai l'air d'une parvenue, se dit-elle. On
va penser que je me chausse au marché noir. » Son tailleur de tweed devait
attirer l'attention, et sa condition privilégiée se lire sur elle. Elle s'efforça de
s'oublier, de regarder autour d'elle. Le long de certaines boutiques closes, qui
n'ouvriraient pas avant une heure et demie ou deux heures, des queues se formaient
déjà. Sur le rideau de fer d'un magasin, une grande feuille de papier
proprement collée portait une inscription et Agnès s'arrêta pour la lire. John,
disait l'affichette, et entre parenthèses, pour qu'il n'y eût pas de doute sur la
nationalité ; (Jean Dupuy), prisonnier de guerre, se recommande à son aimable
clientèle, à ses aimables voisins, grâce auxquels il espère retrouver à son retour
son magasin inoccupé et en bon état. Agnès leva la tête vers l'enseigne et lut :
John, tailleur. Elle repartit, les regards de nouveau perdus devant elle, vers
Saint-Augustin. Et elle vit alors apparaître au bas du boulevard, tenant le milieu
de la chaussée et venant vers elle à petite allure, un équipage qui Tétonna.
Accroché à la selle d'un cycliste en tenue de sport, une espèce de siège bas
roulait sur deux roues. Cela tenait de la remorque de camping, du diable de
bagagiste, de la poussette de bébé, et une femme à la mise peu discrète,
chapeautée d'une hotte de fleurs, très maquillée, tête haute, et tenant dans son
giron un petit chien blanc frisé, trônait là-dedans. Le cycliste tirait sa
charge, se déhanchait, peinait dans la montée. Agnès à qui sa tante n'avait pas
parlé de ce genre de véhicule, regardait passer son premier vélo-taxi.
A mesure qu'elle descendait vers le centre, les Allemands se faisaient plus
nombreux. Place Saint-Augustin, un parc à voitures rayonnait en épi au bord du
trottoir du Cercle militaire, où la Wehrmacht après les S.S. s'était établie, et
39
près de la porte une sentinelle présentait les armes à chaque entrée, à chaque sortie
d'officier en feldgrau. Aux abords de Saint-Lazare, les Allemands foisonnèrent
encore et, devant l'hôtel Terminus, ils formaient des groupes, claquaient des talons
et se parlaient. Agnès n'avait pas encore appris à ne pas les voir, à « regarder
à travers eux », comme on disait alors et comme ils disaient eux-mêmes, pour s'en
plaindre. Et elle remarqua combien ces Allemands qui se trouvaient dans Paris
étaient beaux, grands et bien faits, au contraire de ceux qu'elle avait
rencontrés à Moulins. De toute évidence, c'était le premier choix que l'on
répandait dans la capitale. Elle passa. La vue des Allemands avait modifié
quelque chose en elle, et Agnès poursuivit sa route d'un esprit plus libre. Elle se
fit recevoir de l'homme de loi qu'elle avait à consulter. Sortant de chez lui, elle
était en avance sur l'heure de son rendez-vous et elle se promena au hasard des
rues et des boulevards, sans s'éloigner de la ligne de métro qui menait chez le
fourreur. Elle voulait voir, voir le plus de choses, s'emplir les yeux de Paris.
Mais la ville avait à demi rendu l'âme. Le peu qui lui en restait se réveillait
peut-être dans les églises, les bibliothèques, les salles de concert ou de spectacle :
aucun souffle ne passait plus par les voies publiques, et les maisons elles-mêmes
avaient changé de visage, aveugles dès le soir tombant et, le jour, ne regardant
la rue qu'entre des persiennes loqueteuses, aux interstices bourrés de papiers
sales. L'après-midi se prolongeait autour d'Agnès poursuivant sa marche, et les
files d'attente se multipliaient dans les rues. Il y en avait partout, et rien ne
disait mieux les malheurs de la ville que ces troupeaux nés de l'invasion et de la
faim, et stupéfiés dans une immobilité de châtiment. C'était comme la
réapparition d'un fléau des vieux âges, le retour à une condition servile révolue.
Quand une ou deux personnes enjambaient enfin le seuil de la boutique, un
mouvement péristaltique, reptilien se propageait d'anneau en anneau tout au
long de la queue, au bout de laquelle venait s'agglutiner de temps en temps
encore une petite masse humaine. Chacun, jusqu'au prochain sursaut, retombait
dans son inertie et, comme l'heure des queues, pour beaucoup, venait tout de
même à la fin d'une journée de labeur, plus d'un visage et plus d'une échine
exprimaient la détente, la routine rassurante, une somnolente délectation.
40
Tout donnait l'impression d'une ville absente d'elle-même. En surface,
c'étaient des artères d'où la circulation s'était retirée, où la vie rasait les parois,
cherchait les fissures et s'y collait. Sous le sol, quand Agnès descendit enfin dans
le métro, elle vit que les rames espacées traversaient souvent des stations
mortes, en ralentissant le long des quais à l'abandon, mais sans jamais le bonheur
fortuit d'un arrêt. Le maléfice d'engourdissement qui pesait sur Paris comme une
atmosphère trop haute, l'imprégnait, s'insinuait sous son écorce. Mais dans le
cœur d'Agnès, la désolation qui l'avait gagnée se relevait d'un amer
contentement. Elle ne regrettait pas d'avoir vu cela, d'avoir éprouvé cela,
d'avoir reçu cette communion. Quarante-huit heures ne s'étaient pas écoulées
depuis qu'elle avait franchi la ligne de démarcation, et déjà elle pensait aux
Parisiens restés en zone sud comme à des espèces de déserteurs réfugiés dans le
confort et la neutralité. Ils pouvaient bien parler d'exil,.se glorifier d'un refus
qui ne signifiait rien et ne leur coûtait rien : elle venait au moins d'acquérir une
conviction, c'est qu'à ceux qui n'auraient pas connu Paris sous l'Occupation
manquerait désormais quelque chose pour pouvoir se dire vrais Parisiens et peutêtre vrais Français.
La famille Boussardel (Les grilles d'or)
Sujets de conversation
1. Décrivez Paris sous l'occupation en vous servant du lexique de
l'auteur.
2. Quels furent les sentiments d'Agnès lorsqu'elle revit Paris après son
absence de deux ans ?
3. Parlez de l'attitude d'Hériat envers les occupants. Appuyez votre
réponse par des faits concrets.
4. Comment était divisée la France à l'époque de la Seconde Guerre
mondiale ? Dites ce que vous savez sur la zone sud.
Etude des mots et des expressions
1
Faites attention à l'emploi de hors. Hors, signifiant 'à l'extrême, au-
delà ', s'emploie le plus souvent avec de :
hors d'affaires ; hors d'âge ; hors d'atteinte; hors de cause; hors de
41
danger ; hors d'haleine ; hors de pair ; (parfois hors pair) ; hors de prix ; hors
d'usage ; hors de service ; hors de combat ; hors d'état de nuire ; hors de
France, de la ville, du camp ; hors d'ici, etc.
Toutefois, on le trouve sans de dans un certain nombre d'expressions :
hors barrière ; hors cadre; hors classe ; hors concours ; hors ligne ; hors la
loi ; hors les murs; hors compagnie ; hors rang ; hors texte ; hors tout ; hors
la ville (ou hors de la ville).
Au sens d’excepté hors s'emploie seul devant un nom, un adjectif
numéral, un pronom : Ils y sont allés, hors deux ou trois. Hors lui, tous étaient
là.
2
Apprenez les compléments qui peuvent s'employer avec le verbe épargner :
épargner ses soins, ses pas, ses peines; épargner un vaincu, un ennemi ;
épargner l'amour-propre, la sensibilité ; épargner à qn de la peine, du travail;
ne pas épargner qn.
3
Retenez le genre du substantif emblème qui est du masculin : un emblème
ingénieux.
4
Retenez les épithètes et les verbes qui s'emploient avec le mot génération.
la génération précédente, montante ; une autre génération, la génération
prochaine, suivante; des générations passées, écoulées, éteintes, futures ; une
génération précède, suit une époque ; être d'une autre génération ; remonter à la
quatrième génération ; se transmettre de génération en génération ; jusqu'à la
troisième génération.
5
Retenez les expressions suivantes :
Rouler sa bosse, se déplacer fréquemment (fam.) : Dans sa jeunesse il a roulé sa
bosse partout.
Se donner en spectacle veut dire 's'exhiber, se faire remarquer (.Et Von vit
encore moins madame Sévéral qui devinant que son aventure ne devait pas être
secrète se souciait peu de se donner en spectacle à tout ce paquebot. (C. Farrère)
Etude du style
1. Montrez comment l'auteur traduit l'émotion d'Agnès lorsqu'elle voit
Paris occupé par les fascistes.
42
2. Relevez les procédés stylistiques que l'auteur emploie pour décrire Paris
sous l'occupation. Qu'est-ce qui permet à l'écrivain de donner à cette
description une valeur émotive ?
3. Analysez les comparaisons et les métonymies qui figurent dans le
texte. Appréciez leur originalité.
4. Définissez le caractère des épithètes en italique:
a) II se déployait aujourd'hui dans l'air ensoleillé, il offensait de son
vermillon cru et de son symbole géométrique cette façade renaissance. L'insolent
emblème... régnait ainsi sur la jolie avenue privée.
b) ...elle se reconnut réellement le fruit de cette ville mère de qui elle
était sortie.
c) Quand une ou deux personnes enjambaient enfin le
seuil de la boutique, un mouvement ...reptilien se propageait d'anneau en
anneau.
d) ...plus d'un visage et plus d'une échine exprimaient la détente, la
routine rassurante, une somnolente délectation.
e) Sous le sol, quand Agnès descendit enfin dans le métro, elle vit que les
rames espacées traversaient souvent des stations mortes.
g) Mais dans le cœur d'Agnès, la désolation qui l'avait gagnée se
relevait d'un amer contentement.
5. Parlez de l'effet stylistique des métaphores,.
6. Comment l'auteur se sert-il de la répétition?
7. Quels sont selon vous les procédés stylistiques les plus réussis ?
Exercices
Dites en d'autres termes :
Elle avait eu mal de Paris plus que de sa famille. —
2. Elle aimait Paris d'un amour congénital. — 3. Un cycliste en tenue de sport.
— 4. Une femme à la mise peu discrète, chapeautée d'une hotte de fleurs, très
maquillée. — 5. Il offensait de son vermillon cru et de son symbole
géométrique cette façade renaissance, plus sobre que l'hôtel Boussardel. 6. Le
bonheur fortuit d'un arrêt. — 7. Aux abords de Saint-Lazare, les Allemands
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foisonnèrent encore. — 8. La ville avait à demi rendu l'âme.—9. Le maléfice
d'engourdissement qui pesait sur Paris comme une atmosphère trop haute,
l'imprégnait, s'insinuait sous son écorce.
Précisez la différence qui existe entre les mots exode m, fuite génération /,
descendance /, progéniture /. Faites-les entrer dans des phrases.
2. Trouvez des noms qui peuvent se combiner avec les adjectifs révolu, fortuit,
servile, cru, sobre.
3. Relevez dans le texte les mots à valeur affective et remplacez -les par
leurs synonymes neutres.
4. Quelle est l'origine des mots Wehrmacht, staccato, feldgrau ?
5. Comment est formé le mot poussette / ? Les suffixes diminutifs sont-ils
productifs en français ? Citez les suffixes diminutifs les plus répandus.
6. Que signifie le mot remorque / ? Quelles expressions avec ce mot
connaissez-vous ? Introduisez-les dans des phrases.
7. Expliquez du point de vue lexicologique l'agencement de mots
homme de loi. Traduisez :
общественный деятель; литератор; доверенное лицо; цельная натура;
головорез; подставное лицо; чернорабочий; ученый.
9. Composez des phrases avec les expressions et les mots suivants :
de toute évidence ; tomber dans l'inertie; acquérir une conviction; imprégner
; exode m ; foisonner ; au contraire de ; sortir de chez qn ; se donner en spectacle
; rouler sa bosse.
10. Faites la traduction littéraire du paragraphe à partir des mots :
«Mais la ville avait à demi rendu l'âme».
11. Traduisez par écrit:
1. Совершенно очевидно, что на современном этапе роль тяжелой
промышленности возрастает. — 2. Буржуазная пресса идет на поводу у
правящих кругов общества. — 3. В своей знаменитой эпопее «Ругон-Маккары»
Золя показал, как пороки буржуазного общества переходят из одного поколения
в другое. — 4. Грибоедов едко высмеивал рабское подражание французским
модам. — 5. Прошли те времена, когда женщины Кавказа были лишены
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возможности участвовать в общественной жизни страны. — 6. «Чайка»
является эмблемой Художественного театра. — 7. Пробыв несколько дней в
семье Буссардель, Агнесса вынесла твердое убеждение, что она никогда не
сможет вернуться к прежней, жизни. — 8. Я слышала, что этот фильм
демонстрировался вне конкурса. — 9. Его поступок не носит случайного
характера, он является следствием дурного воспитания. — 10. Сквозь
кружевные занавески в комнату проникал яркий свет. — 11. Мне не
нравится, что он употребляет грубые выражения. — 12. Этот старинный
особняк, выдержанный в строгом стиле, построен известным архитектором. —
13. У нее прекрасный голос, слушая ее пение, я испытываю истинное
наслаждение. — 14. Учитель решил пощадить самолюбие мальчугана и
обошел инцидент молчанием. — 15. Оказавшись вне опасности, мы стали шутить
и смеяться. — 16. При входе в зал бросались в глаза резкие краски полотен
художника.— 17. Преступник был объявлен вне закона. — 18. Тренер учил
лыжников беречь силы, чтобы прийти вовремя к финишу. — 19. Грузовик взял
на буксир машину, потерпевшую аварию. — 20. Врач, который каждые два
часа навещает больного, сказал, что он начинает выздоравливать.
Sujet de dissertation
La situation de la France au début de la Seconde Guerre mondiale.
TEXTE COMPLÉMENTAIRE
COMMENT EN QUATRE ANNÉES TOUT UN
PEUPLE DEVINT RÉSISTANT
Eté 1940. La France est stupéfiée et pantelante. En un mois, la débâcle est
totale. La « route du fer » chère à Paul Raynaud n'a pas été plus coupée que
l'acier n'a été victorieux. Dans la zone sud, un vieux maréchal, Pétain, sert de
paravent et fait semblant de gouverner. Il emploie un mot qui, bientôt, ne sera
prononcé qu'avec, mépris par presque tous les Français : il collabore. Dans la
zone nord, c'est l'occupation directe de l'armée nazie s'appuyant sur une minorité,
celle-là même qui a pris sa part dans la trahison et la défaite.
Que fait, que pense le travailleur moyen à cette période ?
Il est traumatisé, au bord du désespoir. Une seule chose est sûre: il est
45
contre l'occupant. Mais que peut-il faire? En zone sud, le vieux maréchal
prêche la résignation.
Seuls, les militants ouvriers connaissent la véritable voie. La plupart sont
déjà dans la clandestinité. Une clandestinité pauvre et difficile, où l'on ne
mange pas tous les jours. Mais ils ont déterminé ce qu'il convient de faire :
redonner aux Français foi en l'avenir. C'est le sens de l'appel lancé le 10
juillet, sur le sol même de la France, au nom du Parti Communiste, par Maurice
Thorez et Jacques Duclos : « Un grand peuple comme le nôtre ne peut pas être un
peuple d'esclaves ».
Le 22 juin 1941 à l'aube, les troupes hitlériennes attaquent l'Union
Soviétique. C'est un tournant de la guerre. On ne peut imaginer les
répercussions de cet événement. C'est un véritable délire qui s'empare des Français,
même de ceux qui n'ont pas encore levé le petit doigt : ils voient le bout du
tunnel. L'espoir grandit. On relit les campagnes et les défaites de Napoléon
l'invincible en Russie. Pour tout le monde c'est le commencement de la fin. On
n'imagine pas que l'on n'est pas encore à la moitié de l'occupation nazie.
Cet immense espoir ne peut qu'avoir un effet bénéfique sur la Résistance.
La première phase est terminée. Beaucoup qui ont hésité n'hésitent plus.
Beaucoup qui ont été trompés par la violence de la propagande anticommuniste
y voient plus clair. Des patriotes venus d'horizons politiques et sociaux très
différents, adversaires même, sentent le besoin de concerter leurs efforts. Les
militants ouvriers savent dès maintenant qu'ils pourront porter à un niveau
plus élevé les actions contre l'occupant. Tout en continuant le travail d'explication
par les journaux et par les tracts, tout en renforçant la lutte contre la faim et pour
les revendications immédiates, il est possible de faire un pas de plus. Ce pas
s'appelle le développement considérable des sabotages et de la lutte armée.
Désormais des groupes de francs-tireurs et parti sans vont protéger ceux qui
participent aux manifestations les plus diverses.
Le 21 août 1941, Pierre Georges (qui devait devenir bientôt le légendaire
colonel Fabien), un des responsables de la Jeunesse Communiste, abat en
plein jour un officier hitlérien au métro Barbes. Ce n'est pas un geste d'isolé, de
46
désespéré. C'est une mission réfléchie et décidée : elle doit marquer le tournant
de l'action, elle doit symboliser le fait qu'il faut aller plus loin et frapper plus
fort. Désormais l'action ira en s'amplifiant sans cesse sur tous les fronts.
Le sabotage prend une telle ampleur que le 14 août 1942 la commission
allemande chargée de réceptionner 1500 camions fabriqués dans la région parisienne
en estime 1200 inutilisables. Des usines brûlent, d'autres sautent, des stocks sont
incendiés. Grâce aux cheminots les transports par fer deviennent de plus en plus
difficiles pour l'ennemi. Ces quelques chiffres montrent bien l'ampleur et le
développement de l'action :
En 1940 : 46 bombardements et mitraillages de trains par l'aviation alliée,
sabotages importants par les partisans.
En 1941 : 125 attaques aériennes, 150 par les partisans.
En 1942 : 555 attaques aériennes, 276 par les partisans.
En 1943 : 1609 attaques aériennes, 2009 par les partisans.
Les maquis s'organisent et deviennent en quelques mois une énorme
puissance militaire. A Paris, les illégaux, les clandestins sont nombreux,
renforcent les F.T.P. occupent
1
F.T. P. — Francs-Tireurs et Partisans.
des positions aussi bien dans le Parti Communiste que dans les syndicats, le
Front National et ailleurs.
Le trois février 1943, une extraordinaire nouvelle secoue la France. A
Stalingrad, après trois mois de farouches combats, quatorze divisions allemandes
capitulent. Un maréchal et quatorze généraux sont faits prisonniers. C'est une de
ces batailles qui décident du sort d'une guerre ! . L'annonce de cet écrasement
va donner un élan décisif.
Humanité Dimanche
Expliquez les agencements de mots suivants et introduisez-les dans
l'exposé du texte ci-dessus :
être pantelant ; prêcher la résignation ; redonner à qn foi en l'avenir ;
avoir un effet bénéfique ; voir clair ; concerter ses efforts ; les revendications
immédiates ; marquer le tournant de l'action ; un farouche combat ; donner un
47
élan décisif.
Révision
1. Retenez la différence entre tenir à et tenir de ; penser à et penser de.
Traduisez :
1. Что вы думаете о новом фильме? —2. Мне хочется преподнести вам
этот сувенир. — 3. Она со страхом думала о предстоящем экзамене. —4.
Он дорожил мнением своего товарища. — 5. Ребенок очень похож на
мать.
2. Répétez les locutions avec la préposition hors. Complétez les phrases
1. Paul Vaillant-Couturier était un orateur hors... —
2. L'enfant se rétablit et
maintenant il est hors... —3. A la suite du
bombardement l'unité ennemie a été mise hors... 4. On a projeté ce film hors...
—5. Ayant peur d'être en retard, elle arriva à la gare hors... — 6. Je ne
peux pas me servir de cet instrument car il est hors... —7. Cet homme était
mis hors...
3. Traduisez :
1. В этой семье любовь к музыке передавалась из поколения в
поколение. — 2. Советское государство проявляет большую заботу о
подрастающем поколении. — 3. Нужно взять на буксир это судно. — 4.
Случайное совпадение звуковой формы слов приводит к омонимии. — 5.
Эта новелла Л. Барбюса проникнута большой поэзией. — 6, Совершенно
очевидно, что вам придется пересдать экзамен по истории французского
языка. — 7. Избавьте меня, пожалуйста, от этого поручения, так как я очень
занят. — 8. У этого писателя скупой стиль.
SEPTIÈME LEÇON
Grammaire:Subjonctif dans les propositions circonstancielles.
Textes: 1. «Une mission sacrifiée» d'après A. de Saint-Exupéry.
2. Antoine de Saint-Exupéry» d'après A. Maurois.
GRAMMAIRE
Subjonctif dans les propositions circonstancielles
Subjonctif
употребляется
в
придаточных
48
обстоятельственных
предложениях, вводимых относительными местоимениями, наречиями и
прилагательными с союзом que: qui que, quoi que, où que, si que, quelque
que, quel que, a также союзами (кроме ранее изученных): non que, ce
n'est pas que, soit que... soit que, pourvu que, de façon que, de sorte que, de
manière que, sans que.
Союзные выражения de sorte que, de manière que, de façon que могут
вводить либо придаточное предложение цели, где употребляется
subjonctif, либо придаточное предложение следствия, в котором
употребляется indicatif.
Il parle très haut de façon que tout le monde entende ce qu'il dit. Il a agi
de façon que tout le monde l'a approuvé.
EXERCICES DE GRAMMAIRE
I. Employez dans des phrases les conjonctions ci-après:
quand, pendant que, depuis que, avant que, jusqu'à ce que, en attendant que, dès
que, aussitôt que, à peine que, après que, bien que, quoique, afin que, pour que,
parce que, comme, à condition que, si, à moins que.
suivies des verbes:
savoir au juste, déplacer, enlever, soulever, relever, s' engager, arranger, déposer,
intervenir, servir, suggérer, toucher, s'attendre, réussir, (se) rendre, disposer,
convenir, livrer, arriver, accueillir, (s')avancer, fréquenter, encourager,
augmenter, baisser, acquérir.
II.
Quoique...
Qui que...
Ouoi que vous disiez...
Qui que vous voyiez...
Quoi qu'il fasse...
Qui que vous le dise...
Quoi que ce soit...
Qui que ce soit...
Où que-Où que vous
soyez... Où que vous
alliez... Où que ce soit...
A Observez et apprenez les exemples:
1. Quelle que soit votre idée, vous faites erreur. 2. Aujourd'hui il a promis de me
réveiller en rentrant quelle que soit l'heure de son retour. 3. Quels que soient les
49
résultats obtenus, tu dois poursuivre tes recherches. 4. De toute façon, quel que soit
ton choix, tu peux travailler n'importe où. 5. Quelle que fût la nourriture, la chambre
était, la plus médiocre de tout l'hôtel. 6. Ma mère garde toujours son sang-froid
quelles que soient les circonstances.
В Dites en français:
каковы бы ни были ваши впечатления; каким бы ни было его поведение; каково бы ни было твое решение; каковы бы ни были его
замечания; каково бы ни было ваше мнение; каково бы ни было его
состояние.
1. Каково бы ни было ваше мнение о его состоянии, не скрывайте его от
меня. Я вам буду очень признателен. 2. Каких бы результатов они ни
достигли
(каковы
бы
ни
были...),
они
обязуются
продолжать
исследования. 3. Каков бы ни был новый вариант пьесы, он не заставит
меня изменить мнение, мне не нравится сюжет. 4. Как бы он себя ни вел,
постарайтесь не волноваться. 5. Когда я дома, она мне все время задает
вопросы, каким бы делом я ни занимался. 6. Сколько бы он ни получал
(какую бы сумму), ему всегда не хватает денег. 7. Каким бы ни было ваше
решение, никто не имеет права о нем судить (juger de qch). 8. Каковы бы ни
были проблемы Николая, я знаю, что он меня ни о чем не попросит.
IV.
quelque... que
quelques... que
Quelque livre que tu lises.
Quelques impressions que tu aies.
Quelque décision que tu prennes.
Quelques articles que tu lises.
A Observez et apprenez les exemples:
1. Quelques efforts que je fasse je ne parviens pas à me concentrer. 2.
Quelques soucis qu'il ait i! n'en parle jamais. 3. Quelques résultats qu'il
obtienne, de toute façon ses efforts ne sont pas inutiles.
В Dites en français:
какое бы решение ты ни принял; какую бы книгу он ни читал; какой бы
фильм он ни смотрел; какие бы впечатления у вас ни были; каких
бы результатов вы ни добились; каких бы усилий вы ни делали.
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1. Какой бы роман Сименона ты мне ни принес, я его прочту с интересом.
2. Какую бы работу он ни делал, он делает ее тщательно. 3. У меня не
получается статья. Какие бы у тебя ни были сведения, я извлеку из них пользу.
V.
quelque... que (si... que)
Quelque patient que tu sois.
Quelque adroite qt/elle soit.
Quelque graves que soient les problèmes.
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A Observez et apprenez les exemples:
1. Il ne faut jamais négliger la chance quelque petite qu'elle soit. 2. Quelque grave
que soit la situation, il s'en tire toujours. 3. Quelque grave que soit sa maladie, nous
espérons qu'il guérira. 4. Quelque grande que soit mon émotion, je saurai la dominer.
5. Quelque têtue qu'elle soit, j'essaierai de lui faire changer d'avis. 6. Si bizarre que cela
puisse te paraître, moi aussi, j'ai ma vie et je ne tiens pas à en changer.
В Dites en français:
какой бы интересной ни была эта пьеса; каким бы впечатляющим ни был этот
спектакль; как бы велик ни был его талант; как бы опасно ни было это задание;
какой бы красивой ни была эта женщина.
1. Как бы опасна ни была его рана, я надеюсь, что он поправится благодаря
вашему уходу. 2. Как бы велика ни была его радость, он ее не показывает. 3. Как
бы терпеливы вы ни были, вам не удастся ее переубедить. 4. Как бы трудна ни
была эта проблема, мы постараемся ее разрешить. 5. Какими бы странными
тебе ни показались мои слова, я прошу тебя не прерывать меня.
VI. Ce n'est pas que (non que), pourvu que, soit que... soit que
A Observez et apprenez les exemples:
1. Ce n'est pas que je veuille vous questionner mais je me demande où vous voulez
en venir. 2. Non que je sois vraiment pressé mais je dois arriver à Besançon à midi ou
ne pas y arriver du tout. 3. Ce n'est pas qu'il n'aime pas la pièce... Mais il a une arrièrepensée. 4. Les enfants peuvent jouer dans la pièce d'à côté pourvu qu'ils ne fassent pas
trop de bruit. 5. Il accepterait n'importe quelle besogne pourvu que sa famille ne
manque de rien. 6. Mais la vieille servante me tirait en avant, soit qu'elle ne me jugeât
d'âge à examiner toutes ces gravures, soit qu'elle même n'y sût rien distinguer..
E Dites en français:
1. Не то чтобы он меня холодно встретил, но он мне показался озабоченным. 2. Не то чтобы тираж газеты значительно понизился, но она в
последнее время не пользуется большой популярностью (jouir d'une grande
popularité). 3. Я не возражаю против вашей поездки, лишь бы она его
заинтересовала. 4. Мы могли бы к вам присоединиться, если только
достанем билеты. 5. То ли этот разговор ему наскучил, то ли он спешил,
52
но он ушел первым. 6. Никто не пришел меня встретить, потому ли что не
смогли или забыли час прибытия поезда.
VII. A Observez et apprenez les exemples:
1. Fais de sorte que tout soit prêt à l'heure. 2. Jeanne allait et venait pour servir
de sorte qu'elle ne participait pas à la conversation. 3. Il a agi de façon que tout
le monde l'а approuvé. 4. Agissez de façon que vos camarades l'approuvent. 5. Il
jouait en sourdine de façon qu'on ne l'entende pas. 6. Il expliquait les choses de
telle manière qu'Hélène les comprenait. 7. Il se tenait près de la porte de sorte
que Janvier ne pouvait pas encore le voir.
В Employez dans des phrases les locutions conjonctives de sorte que, de manière que, de
façon que en les faisant suivre tantôt du subjonctif, tantôt de l'indicatif.
VIII.Observez et apprenez les exemples:
1. Des coups de feu ont retenti sans qu'on sache d'où ils venaient. 2. La radio
jouait toujours en sourdine sans qu'il l'entende. 3. Il s'était arrêté au bord du
trottoir et les passants le bousculaient sans qu'il y prît garde. 4. Ce que j'avais tant
aimé chez Jenny, c'était qu'elle savait voir au fond de moi, qu'elle comprenait les
choses sans que j'aie besoin de les lui dire avec les mots. 5. Notre repas cependant
se poursuivit sans que rien arrivât. 6. Sans qu'on eût entendu marcher dans le
corridor, la porte s'ouvrit et Hélène entra, déjà en manteau, un col de fourrure
relevé sur le menton. 7. Beaucoup de regards se tournent vers elle sans qu'elle
paraisse s'en apercevoir. 8. Il se met à parler sans qu'on le questionne. 9. On ne
peut pas entrer et sortir d'ici comme ça sans que quelqu'un vous remarque. 10. Elle
a tout arrangé sans qu'on s'en aperçoive. 11. Une longue minute s'écoula sans
qu'un mot fût prononcé. 12. Les tâches de soleil sur la moquette et le mur
changeaient insensiblement de place sans qu'il s'en aperçoive.
Texte 1
UNE MISSION SACRIFIÉE
Sans doute je rêve. Je suis au collège. J'ai quinze ans. Je résous avec patience
mon problème de géométrie. Accoudé sur ce bureau noir, je me sers sagement
du compas, de la règle, du rapporteur. Je suis studieux et tranquille. Des
camarades, auprès de moi, parlent à voix basse. Un d'eux aligne des chiffres sur
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un tableau noir. Quelques-uns, moins sérieux, jouent au bridge. De temps à autre
je m'enfonce plus loin dans le rêve et jette un coup d'œil par la fenêtre. Une
branche d'arbre oscille doucement dans le soleil. Je regarde longtemps. Je suis
un élève dissipé. J'éprouve du plaisir à goûter ce soleil, comme à savourer cette
odeur enfantine de pupitre, de craie, du tableau noir. Je m'enferme avec tant de
joie dans cette enfance bien protégée! Je le sais bien: il y a d'abord l'enfance,
le collège, les camarades, puis vient le jour où l'on subit des examens: Où l'on
reçoit quelque diplôme. Où l'on franchit, avec un serrement de cœur, un certain
porche, au-delà duquel, d'emblée, on est un homme. Alors le pas pèse plus lourd
sur la terre. On fait déjà son chemin dans la vie. Les premiers pas de son chemin.
On essaiera enfin ses armes sur de véritables adversaires. La règle, l'équerre, le
compas, on en usera pour bâtir le monde, ou pour triompher des ennemis.
Finis, les jeux!
Je sais que d'ordinaire un collégien ne craint pas d'affronter la vie. Un
collégien piétine d'impatience. Les tourments, les dangers, les amertumes d'une
vie d'homme n'intimident pas un collégien.
Mais voici que je suis un drôle de collégien. Je suis un collégien qui connaît
son bonheur, et qui n'est pas tellement pressé d'affronter la vie...
Dutertre passe. Je l'invite.
— Assieds-toi, là, je vais te faire un tour de cartes...
Et je suis heureux de lui trouver son as de pique.
En face de moi, sur un bureau noir comme le mien, Dutertre est assis, les
jambes pendantes, li rit. Je souris avec modestie. Pénicot nous rejoint et pose son
bras sur mon épaule:
— Alors, vieux camarade?
Un surveillant (est-ce un surveillant?...) ouvre la porte pour convoquer deux
camarades. Ils lâchent leur règle, leur compas, se lèvent et sortent. Nous les
suivons des yeux. Le collège est fini pour eux. On les lâche dans la vie. Leur
science va servir. Ils vont, comme des hommes, essayer sur leurs adversaires les
recettes de leurs calculs. Drôle de collège, d'où l'on s'en va chacun son tour. Et
sans grands adieux. Ces deux camarades-là ne nous ont même pas regardés. Quand
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la vie, après le collège, disperse les hommes, peuvent-ils jurer de se revoir?
Nous courbons la tête, nous autres qui vivons encore dans la chaude paix de
la couveuse...
— Ecoute, Dutertre, ce soir...
Mais la même porte une seconde fois s'ouvre. Et j'entends comme un verdict:
— Le Capitaine de Saint-Exupéry et le Lieutenant Dutertre chez le
Commandant.
Fini le collège. C'est la vie.
— Tu savais, toi, que c'était notre tour?
— Pénicot a volé ce matin.
Nous partons-sans doute en mission, puisque l'on nous convoque. Nous sommes
fin mai, en pleine retraite, en plein désastre. On sacrifie les équipages comme
on jetterait des verres d'eau dans un incendie de forêt. Comment pèserait-on les
risques quand tout s'écroule? Nous sommes encore, pour toute la France,
cinquante équipages de Grande Reconnaissance. Cinquante équipages de
trois hommes, dont vingt-trois chez nous, au Groupe 2/33. En trois semaines nous
avons perdu dix-sept équipages sur vingt-trois. Nous avons fondu comme une
cire. J'ai dit hier au lieutenant Gavoille:
— Nous verrons ça après la guerre.
Et le lieutenant Gavoille m'a répondu:
— Vous n'avez tout de même pas la prétention, mon Capitaine, d'être vivant
après la guerre?
Gavoille ne plaisantait pas. Nous savons bien que l'on ne peut faire
autrement que de nous jeter dans le brasier, si même le geste est inutile. Nous
sommes cinquante, pour toute la France. Sur nos épaules repose toute la stratégie
de l'armée française! Il est une immense forêt qui brûle, et quelques verres d'eau à
sacrifier pour l'éteindre on les sacrifiera.
C'est correct. Qui songe à se plaindre? A-t-on jamais entendu répondre autre
chose, chez nous, que: «Bien, mon Commandant. Oui, mon Commandant».
Mais il est une impression qui domine toutes les autres au cours de cette fin de
guerre. C'est celle de l'absurde. Tout craque autour de nous. C'est si total que la
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mort elle-même paraît absurde. Elle manque de sérieux, la mort, dans cette
pagaille...
Nous entrons chez le Commandant Alias.
— Bonjour, Saint-Ex. Bonjour, Dutertre. Asseyez-vous.
Nous nous asseyons. Le Commandant étale une carte sur la table, et se retourne
vers le planton:
— Allez me chercher la météo.
Puis il tapote la table de son crayon. Je l'observe. Il a les traits tirés. Il n'a pas
dormi. Il a fait la navette, en voiture, à la recherche d'un Etat-Major fantôme,
l'Etat-Major de la Subdivision... Il a tenté de lutter contre les magasins
d'approvisionnements qui ne livraient pas leurs pièces de rechange. Il s'est
fait prendre sur la route dans des embouteillages inextricables. Il a aussi
présidé au dernier déménagement, au dernier emménagement, car nous
changeons de terrain comme de pauvres hères poursuivis par un huissier
inexorable. Alias a réussi à sauver, chaque fois, les avions, les camions et dix
tonnes de matériel. Mais nous le devinons à bout de forces, à bout de nerfs.
— Eh bien, voilà...
Il tapote toujours la table et ne nous regarde pas.
— C'est bien embêtant...
Puis il hausse les épaules.
— C'est une mission embêtante. Mais ils y tiennent à l'État-Major. Ils y
tiennent beaucoup... J'ai discuté, mais ils y tiennent... C'est comme ça.
Dutertre et moi nous regardons, à travers la fenêtre, un ciel calme. J'entends
caqueter les poules, car le bureau du Commandant est installé dans une ferme,
comme la Salle des Renseignements l'est dans une école. Je n'opposerai pas l'été, les
fruits qui mûrissent, les poussins qui prennent du poids, les blés qui lèvent, à la
mort si proche. Je ne vois pas en quoi le calme de l'été contredirait la mort, ni en
quoi la douceur des choses serait ironie. Mais une idée vague me vient: «C'est un
été qui se détraque. Un été en panne...» J'ai vu des batteuses abandonnées. Des
faucheuses-lieuses abandonnées. Dans les fossés des routes, des voitures en
panne abandonnées. Des villages abandonnés. Telle fontaine d'un village vide
56
laissait couler son eau. L'eau pure se changeait en mare, elle qui avait coûté tant
de soins aux hommes. Tout à coup une absurde image me vient. Celle des horloges
en panne. De toutes les horloges en panne. Horloges des églises de village.
Horloges des gares. Pendules de cheminée des maisons vides. La guerre... on ne
remonte plus les pendules. On ne ramasse plus les betteraves. On ne répare plus les
wagons. Et l'eau, qui était captée pour la soif, ou pour le blanchissage des belles
dentelles du dimanche des villageoises, se répand en mare devant l'église. Et l'on
meurt en été...
En fait, nous avons compris, Dutertre et moi, qu'il s'agit d'une mission
sacrifiée:
— Etant donné les circonstances présentes, achève le Commandant, on ne
peut pas trop tenir compte du risque...
Bien sûr. On ne «peut pas trop». Et personne n'a tort. Ni nous, de nous sentir
mélancoliques. Ni le Commandanti d'être ma! à l'aise. Ni l'État-Major, de donner
des ordres. Le Commandant rechigne parce que ces ordres sont absurdes. Nous le
savons aussi, mais l'État-Major le connaît lui-même. Il donne des ordres parce
qu'il faut donner des ordres.
Nul ne s'avoue que cette guerre ne ressemble à rien, que rien n'y a de sens,
qu'aucun schéma ne s'adapte, que l'on tire gravement des fils qui ne
communiquent plus avec les marionnettes. Les Etats-Majors expédient avec
conviction ces ordres qui ne parviendront nulle part. On exige de nous des
renseignements qui sont impossibles à récolter. Je regarde Dutertre. Il
objectait, hier, à un colonel de la Division: «Et comment ferai-je, à dix mètres du
sol, et à cinq cent trente kilomètres-heure, pour vous repérer les positions?
— Voyons, vous verrez bien où l'on vous tirera dessus! Si l'on vous tire
dessus, les positions sont allemandes».
J'ai bien rigolé, concluait Dutertre, après la discussion. Heureusement —
nous le savons bien — on ne tiendra aucun compte de nos renseignements. Nous
ne pourrons pas les transmettre. Les routes seront embouteillées. Les téléphones
seront en panne. L'État-Major aura déménagé d'urgence.
Dutertre et moi nous écoutons le Commandant. Il nous développe le
57
programme de l'après-midi. Il nous envoie survoler, à sept cents mètres d'altitude,
les parcs à tanks de la région d'Arras, au retour d'un long parcours à dix mille
mètres, de la voix qu'il prendrait pour nous dire:
— Vous me suivrez alors la seconde rue à droite jusqu'au coin de la
première place; il y a là un bureau de tabac où vous m'achèterez des
allumettes...
— Bien, mon Commandant.
Ni plus ni moins utile, la mission.
Je me dis: «mission sacrifiée». Je pense... je pense beaucoup de choses. J'attendrai
la nuit, si je suis vivant, pour réfléchir. Mais vivant... Quand une mission est
facile, il en rentre une sur trois. Quand elle est un peu «embêtante», il est plus
difficile, évidemment, de revenir. Et ici, dans le bureau du Commandant, la mort
ne me paraît ni auguste, ni majestueuse, ni héroïque, ni déchirante. Elle n'est qu'un
signe de désordre. Un effet du désordre. Le Groupe va nous perdre, comme on perd
des bagages dans le tohu-bohu des correspondances de chemins de fer.
Et ce n'est pas que je ne pense sur la guerre, sur la mort, sur le sacrifice, sur la
France, tout autre chose, mais je manque de concept directeur, de langage clair. Je
pense par contradictions. Ma vérité est en morceaux, et je ne puis que les
considérer l'un après l'autre. Si je suis vivant, j'attendrai la nuit pour réfléchir.
D'après A. de Saint-Exupéry, Pilote de Guerre
EXERCICES DE VOCABULAIRE ET DE CONVERSATION
I. A En vous aidant d'un dictionnaire relevez les acceptions du verbe sacrifier dans
les séries ci-dessous:
sacrifier ses amis à ses affaires; sacrifier ses intérêts à la cause commune; sacrifier sa vie à
la Patrie; sacrifier ses loisirs à ses études;
se sacrifier pour la Patrie (pour ses enfants); se sacrifier pour sauver qn
Retenez:
sacrifice m; faire des sacrifices pour
В Employez ces séries dans des phrases.
— II. A En observant les exemples ci-dessous relevez les substantifs qui peuvent
être employés avec le verbe éprouver:
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Avec une telle méthode, ajoutait Dutertre, ils seront précieux leurs
renseignements!..
1. Il éprouvait de plus en plus le besoin d'être assisté. 2. Il éprouvait le
sentiment d'être absolument désarmé dans le cours d'une bataille où il était engagé.
3. Quand son directeur lui parla François éprouva du soulagement. 4. Il avait chaud
et éprouvait le besoin de respirer un autre air que celui de la maison. 5. Je crois bien
que je n'aime pas l'argent. Tu vois, je n'arrive pas à éprouver de la sympathie pour
ceux qui en ont. 6. Vous n'éprouvez jamais la moindre peur. 7. Son visage était
tellement dépourvu d'expression qu'on doutait qu'il puisse être capable de penser
ou simplement d'éprouver la moindre émotion. 8. Elle m'accabla de
compliments pendant plusieurs minutes. Je n'en éprouvais aucun plaisir.
В Dites en français:
испытывать к кому-либо симпатию, не испытывать ни малейшего
желания, почувствовать необходимость кого-либо видеть, почувствовать
облегчение, не испытывать ни малейшего удовольствия, не испытывать ни
малейшего страха.
III. Comment emploie-t-on le verbe goûter?
goûter vi (à, de) = manger ou boire la première fois ou en petite quantité
goûter à (de) un plat (à un vin, etcj
Goûtez-y.
Goûtez-en.
goûter qch
fig. trouver bon ou agréable,
goûter le repos, le silence, le calme, etc. goûter vi=faire un
léger repas entre le déjeuner et le dîner
A Apprenez les exemples:
1. Le gâteau est excellent, goûtez-y. 2. Comment? Vous n'avez jamais goûté de
ce plat? 3. Il a envoyé une caisse de vin mousseux auquel vous m'avez fait goûter.
4. Elle-même avait dû goûter un certain plaisir à notre conversation. 5. La réussite
lui paraissait inévitable et il en goûtait la joie et l'orgueil. 6. Serrés l'un contre
l'autre ils purent goûter quelques heures de soleil. 7. Les enfants ont goûté à
quatre heures.
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В Dites en français:
1. Мне кажется, что жаркое получилось удачным, попробуйте,
пожалуйста. 2. Меня удивляет, что ты никогда не пробовала этого блюда. 3.
Мне прислали прекрасный виноград, которым я вас сейчас угощу. 4. Это
наше фирменное блюдо (spécialité f de la maison). Не хотите ли вы отведать
его. 5. Во время двухнедельного отпуска я наслаждался тишиной и покоем
маленького провинциального городка.
IV. A Relevez dans un dictionnaire les acceptions du verbe user qch, user de qch, de l'adjectif
usé, et du nom usage m.
В Comment allez-vous traduire?
user d'un droit, d'un privilège; user ses vêtements; cette voiture use trop
d'essence; user sa santé; c'est l'usage.
С Dites avec d'autres mots:
1. Quel est l'usage de cet appareil? 2. Les vêtements hors d'usage. 3. Il use de
méthodes très personnelles. 4. Usant des armes de son adversaire il avait fait de la
publicité dans les journaux. 5. L’homme portait un costume usé et un chapeau
déformé.
D Dites en français:
1. Я не знаю, как пользоваться этим прибором. 2. В последний раз,
когда я его видел, на нем был поношенный костюм и мятый плащ. 3. Не
удивляйтесь его поведению. Так здесь принято. 4. Его жена жалуется,
что он слишком много работает, его здоровье изнашивается. 5. Это очень
скромный человек. Он не хочет пользоваться своими привилегиями.
V. Comment emploie-t-on verbe affronter?
affronter qn, qch = s'opposer avec courage
affronter l'ennemi, un danger, la mort, la vie, etc.
Apprenez les exemples:
1. Je sais que d'ordinaire un collégien ne craint pas d'affronter la vie. 2. Celui
des deux joueurs qui aura gagné cinq parties sera désigné pour affronter l'actuel
champion du monde. 3. Nous avons tous notre manière d'affronter le chagrin.
Celle de Phil était de faire le ménage. 4. il avait eu à affronter cet homme à
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plusieurs reprises et chaque fois son admiration pour lui allait croissant. 5. A
certains moments ces adolescents donnaient l'impression de professeurs
affrontant des problèmes ardus. 6. Incapable d'affronter son regard je demeurai
confuse jusqu'au moment où retentit un franc éclat de rire.
VI. Comment emploie-t-on le verbe rejoindre?
le gagner (regagner)
rejoindre un lieu = =
rejoindre qn
l'atteindre,
• aller retrouver qn
rejoindre sa famille à la campagne, etc.
• atteindre qn qui est en avant, le rattraper
A Apprenez les exemples:
1. Le président et sa suite devaient rejoindre Moscou ce soir afin de
reprendre, dès demain, la négociation avec ses interlocuteurs russes. 2.
Il se remit à rouler très vite, rejoignit la grand-route, stoppa, un peu, avant midi,
en face d'un hôtel. 3. Après avoir regagné Alger pour y rejoindre son escadrille,
Saint-Exupéry espérait qu'il pourrait reprendre sa place au combat. 4. Je vous
ai aperçu à la gare, mais je n'ai pas pu vous rejoindre à temps. 5. Nous rejoignîmes
mon père en France. 6. Passez devant, je vous rejoins. 7. Il nous rejoindra le mois
prochain à Paris où il doit se rendre pour affaires. 8. Vous pensez que je pourrai le
rejoindre là?
В Dites en français:
1. Пройдите в соседнюю комнату, я сейчас приду. 2. Через
несколько секунд они подошли к нам. 3. Через некоторое время мой
брат вернулся в полк. 4. Тебе лучше остаться здесь. Я предпочитаю знать,
где тебя найти, если ты мне понадобишься. 5. Вы думаете, что я могу
его там найти? 6. Мы догнали его в конце улицы.
С Employez le verbe rejoindre dans des phrases.
VII. A
En observant les exemples ci-dessous, apprenez les acceptions du verbe
convoquer qn, qch et du nom convocation f :
1. Pour être plus sûr de son diagnostic; le médecin a convoqué ses
collègues. 2. Au bout de quelques jours il fut convoqué au Palais de justice. 3. En
rentrant chez lui il trouva dans son courrier une convocation du ministre. 4.
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Deux semaines plus tard il avait reçu une convocation pour passer devant la
commission médicale. 5. Le président a convoqué le Parlement. 6. Venu dans
son bureau, il a appris que le directeur le convoquait. 7. Le secrétaire au
Foreign Office a convoqué pour mercredi prochain à Londres les ambassadeurs
de Grande-Bretagne dans les autres pays du Marché commun.
В Dites ce que vous faites:
1. Vous êtes médecin. Vous doutez de votre diagnostic. Alors.... 2. Vous avez
été témoin d'un accident de route. Alors... . 3. Vous êtes directeur d'une usine.
Vous avez quelques projets à discuter avec les ingénieurs. Alors... . 4. Vous êtes
instituteur. Un de vos élèves ne fait plus de progrès dans les études. Vous en êtes
soucieux. Alors....
С Faites des phrases avec le verbe convoquer.
VIII. A En observant les exemples ci-dessous, relevez les acceptions du verbe lâcher qch, qn,
lâcher vi:
1. Claude lâcha la tasse qu'elle tenait. 2. Ma grand-mère m'attira vers elle,
m'embrassa sur le front et me lâcha sans avoir rien dit. 3. Je leur disais: «Mes
enfants, écoutez-moi, il faut m'obéir sinon je lâche tout». 4. «Vous aurez vingt
francs par jour, dit-elle. Quand vous trouverez mieux, vous me lâcherez». 5. Il se
rendait bien compte qu'il était tout seul. Ses amis l'avaient lâché. Il lui restait
Mathilde qui, elle, ne le lâcherait jamais. 6. Ce serait drôle que je lâche tout sans me
battre. 7. Ce serait trop de malchance qu'à trente-cinq ans son cœur lâche. 8. Elle
redoute que ses nerfs ne lâchent.
В Dites en français:
1. Отпустите меня, вы мне делаете больно. 2. Ребенок выпустил из рук
стакан и разбил его. 3. Если ты мне не поможешь, я все брошу и уйду. 4.
Хотя положение было довольно щекотливое, она не бросила своих друзей.
5. Он боится, что нервы его не выдержат.
С Faites des phrases avec le verbe lâcher.
IX. Comment emploie-t-on le verbe risquer et le nom risque m?
risquer qch
• risquer sa vie, sa réputation, etc.
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• risquer une question, une comparaison, une allusion, etc. risquer
de+inf.
risquer de tomber, d'avoir des ennuis, etc. risque
courir un risque, prendre un risque au
risque de loc. prép.
A Apprenez les exemples:
1. Qui ne risque rien n'a rien. (Proverbe) 2. Il a tout risqué pour cette
entreprise. 3. Ces hommes ont risqué leur vie pour le salut de la Patrie. 4. Je n'aurais
jamais risqué cette observation en sa présence. 5. Il lui arrivait parfois de risquer
un mot d'argot. 6. Je risque une question: «Ces histoires je ne crois pas que vous les
ayez mentionnées à l'époque». 7.Tu risques de prendre froid en t'asseyant près de la
fenêtre. 8. Elle m'a remercié d'avoir couru tant de risques. 9. Je vous fais cette
remarque au risque de vous déplaire. 10. Il roulait à toute vitesse au risque de se
tuer.
В Employez le verbe risquer dans des phrases.
X. A Rappelez-vous:
en trois semaines, en quinze jours, en une heure; dans trois semaines, dans
quinze jours, dans une heure; il y a trois semaines, il y a quinze jours, il y a une
heure; depuis trois semaines, depuis quinze jours, depuis une heure; pendant
trois semaines, pendant quinze jours, pendant une heure; trois semaines après,
quinze jours après, une heure après; au bout de trois semaines, au bout de quinze
jours, au bout d'une heure; toutes les trois semaines, tous les quinze jours, toutes
les heures; toutes les minutes.
Faites des phrases avec ces séries.
XI. Comment emploie-t-on le verbe prétendre et le nom prétention
prétendra que = affirmer
prétendre + inf.
ne pas prétendre que+subj.
prétendre qu'on sait qch (ne pas prétendre qu'on sache qch)
prétendre savoir qch; prétendre avoir vu qn, etc.
prétention f
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avoir la prétention de avoir la prétention de connaître qch; ne pas avoir la
prétention de tout savoir
A Apprenez les exemples:
1. On ne le voyait jamais sans ses lunettes de soleil vertes. Ses amis
prétendaient qu'il dormait avec. 2. Je ne prétends pas qu'elle ait beaucoup changé.
3. Il ne va pas souvent au cinéma. Il ne connaît pas le nom des vedettes, il prétend
d'ailleurs que ce ne doit pas être une star, mais quelqu'un qui joue les seconds rôles.
4. Il prétend s'être endormi au rez-de-chaussée dans un fauteuil en rentrant chez lui
à 10 heures cinq. 5. il ne prétend pas que l'affaire soit arrangée. 6. lis prétendaient
qu'ils se souviendraient d'elle, s'ils l'avaient déjà rencontrée dans le voisinage. 7. Le
monsieur qui est entré a prétendu m'avoir vu souvent à Lyon. 8. Nous verrons ça
après la guerre. —Vous n'avez tout de même pas la prétention, mon capitaine,
d'être vivant après la guerre? 9. Eh bien, moi qui ai la prétention de m'y connaître,
j'ai pu constater que tu n'avais que des robes, tailleurs, pantalons, chaussures,
sacs et gants de première qualité.
В Dites en français:
1. Он утверждает, что он видел вас в театре. 2. Он утверждает, что
пришел сюда случайно. 3. Она утверждает, что ее костюм стоит дороже. 4.
Он утверждает, что заснул рано и не знает, когда вернулся его сын. 5. Я не
утверждаю, что он не сдержал своего слова. 6. Она не утверждает, что
получила это письмо. 7. Он считает, что разбирается в музыке. 8. Вы
считаете, что вы в этом разбираетесь?
С Employez le verbe prétendre dans des phrases.
XII. En vous servant d'un dictionnaire relevez les acceptions du verbe dominer.
A Apprenez les exemples suivants et traduisez-les en russe:
1. Madame Leclerc était debout derrière sa fille qu'elle dominait d'une tête au
moins. 2. Il n'était pas grand, elle le dominait d'une bonne tête, mais bien
proportionné et agréablement bâti. 3. Un jour est venu où faute de dominer
encore son mari, elle a cherché à en dominer d'autres. 4. Notre équipe a dominé
pendant la première partie du match. 5. Ce soir Bernard avait le sentiment de sa
force; il dominait la vie. 6. Elle avait l'air d'une
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femme qui s'est mesurée avec la vie, qui l'a dominée. 7. Je l'ai reconnu tout de suite
marchant parmi les voyageurs du train de minuit qu'il dominait de la taille. 8. Elle
a rougi et a ajouté en dominant son émotion: «Pardon mais vous interprétez mal
mes intentions». 9. «Où était le garçon?» Cette question dominait toutes les autres.
10. Leffort qu'il fit pour se dominer fit apparaître des taches rouges sur les
pommettes de Pierre. 11. On sentait qu'elle voulait qu'on pense autour d'elle: «Mon
dieu! Comme elle souffre... Et comme elle se domine!»
В Dites en français:
побороть волнение; возвышаться над... на несколько метров; быть
выше на голову; побороть страх; подчинить кого-л.; взять себя в руки,
побороть робость, чемпион мира по шахматам одержал верх в первой
партии.
С Faites des phrases avec les séries ci-dessous.
XIII. A En consultant un dictionnaire, traduisez les séries ci-dessous:
la somme totale, une confiance totale, un silence total, au total, faire le total.
В Dites en français:
подвести итог, абсолютная темнота, в целом, вся сумма, тотальная
война.
XIV. Comment emploie-t-on le verbe changer?
changer une chose contre (pour) = la remplacer par une autre (=échanger)
changer sa voiture pour une autre, changer sa place contre une autre,
changer des dollars contre des francs
changer qch = rendre différent, modifier
changer ses projets, ses plans, le sens d'une phrase, etc.
changer de qch = remplacer par un autre
changer d'adresse, de coiffure, de place, de vitesse, de trottoir,
de sujet, d'avis, de visage, etc.
changer vi = devenir autre, différent
le temps change; le prix du pain change; un homme (une femme) change, etc. se
changer = changer de vêtements
Retenez:
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changeant, -e adj; changement m
A Apprenez les exemples:
1. Jeanne a changé ses chaussures contre des pantoufles. 2. Je changerais
bien ma place contre la vôtre. 3. Maintenant qu'il avait changé son billet de 500
francs, il n'avait plus de raisons pour s'arrêter. 4. La suppression de ce mot
change le sens de la phrase. 5. J'espère que tu vas changer de complet. 6. Cette robe
ne te va pas. Tu ferais mieux d'en changer.
7. Il écouta une minute ou deux et je vis son visage changer d'expression.
8. Je change de veston. — Tu as un veston d'intérieur? — Non, je passe un vieux
veston dans lequel je suis plus à mon aise. 9. Nous avons fini par le faire changer
de chambre pour qu'il ne vous réveille pas. 10. Sans doute mon expression
trahissait-elle mon sentiment, car il changea de sujet de conversation. 11. Elle
n'a pas changé, elle est toujours la même. 12. Je rentrai chez moi, me douchai,
me rasai, me changeai et commençai à me sentir un peu plus présentable. 13.
J'étais tellement trempé qu'il a fallu que je me change des pieds à la tête.
В Employez le verbe changer (se changer):
1. Mon appartement qui donne sur le Nord est trop froid, je voudrais.... 2. La
conversation n'étant pas intéressante, j'ai décidé... . 3. J'avais l'intention de
passer mes vacances dans le Midi; mais le médecin ne me l'ayant pas permis,
je... . 4. Mes lettres ne parviennent plus à mon ami, il aurait dû... 5. Je n'ai pas
vu ma copine depuis une dizaine d'années et quand je l'ai croisée dans la rue, je
ne l'ai pas reconnue, elle... . 6. Tu es tout trempé, tu devrais.... 7. Je n'ai pas de
monnaie, je n'ai qu'un billet de 500 francs. Ne pourrais-tu pas....
С Employez le verbe changer, se changer dans des phrases.
D Expliquez et retenez:
du linge de rechange, un complet de rechange, une roue de rechange, des
pièces de rechange.
XV.Quels sont les noms qui ont la même racine que les verbes ci-dessous? résoudre,
éprouver, goûter, convoquer, sacrifier, perdre, prétendre,
dominer, manquer, tenter, livrer, hausser, opposer, contredire, conclure,
transmettre, développer.
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XVI. Apprenez quelques acceptions du verbe tenir:
tenir à qn, à qch (à + inf.;à ce que + subj.)
tenir à un ami, à sa réputation, à convaincre qn de qch, à ce qu'on le sache, etc.
tenir qch de qn
• l'avoir reçu, obtenu, appris de lui
tenir un renseignement d'un ami, une nouvelle de qn
• lui ressembler en cette chose
tenir le goût des études de son père, l'amour de la musique de sa mère, etc.
tenir qch = exercer un emploi, une profession, certaines fonctions; tenir un rôle
dans une pièce de théâtre, dans un film; tenir un hôtel, un restaurant
Retenez:
tenir compagnie à qn \ tenir compte de qch; tenir
bon (ferme)
A Apprenez les exemples ci-dessous:
1. Tout ce qu'il sait c'est de vous qu'il le tient. 2. De qui tenez-vous ce
renseignement? 3. Je tiens ces nouvelles de ma belle sœur. 4. Quand elle rapportait
un fait qu'elle tenait d'un de ses amis, elle nommait toujours son informateur. 5. De
qui tenez-vous ces renseignements? 6. Je tenais de mon père le goût des études, de la
lecture. 7. Elle tenait de son père le goût des besognes bien faites. 8. Son fils tient
de lui son physique et sa maladie de foie. 9. Pour tenir un bistro, il faut être bien
avec tout le monde. 10. A ce moment-là elle ne tenait pas encore de pension de
famille. 1 1 . 1 1 tenait beaucoup à ce pays où il avait passé trente-six ans de sa vie.
12. Avant son départ il a tenu à donner un coup de fil à ses parents. 13. Vous tenez
à ce que je répète chaque fois les leçons précédentes comme à l'école? 14. Je tiens
à ce que vous sachiez combien nous sommes contents de vous. 15. Je tiens à ce que
tu lui en parles. 16. Une jeune voisine me tenait compagnie lorsque je devais sortir.
17. Prenez de ce cognac, vous savez que je ne vous tiendrai pas compagnie. 18.
Mon système nerveux qui avait tenu bon sur le champ de bataille, commença à
flancher. 19. Pendant les pluies les gens tiennent bon. Puis dès les premières
gelées, on ne compte plus les grippes et les maux de gorge.
В Dites en français:
67
1. От кого вы это знаете? 2. Я узнал (présent) эту новость от моей
сестры. 3. Она унаследовала (présent) любовь к живописи от своей матери.
4. Свою внешность он унаследовал (présent) от своей матери, а характер —
от своего отца. 5. Я его не видел целую вечность, что он поделывает? — У
него маленькая гостиница недалеко от Парижа. 6. Кто играет главную роль в
этом новом фильме? 7. Я бы очень хотел, чтобы вы знали, как мы вам
признательны. 8. Мы очень хотим, чтобы ты нам сообщал о себе время от
времени. 9. Сегодня вечером я пойду в Большой театр. Не мог бы ты
составить мне компанию? 10. Работа обещает быть нелегкой. Ты должен
это учесть.
С Rappelez-vous toutes les acceptions du verbe tenir (se tenir) que vous connaissez, et fai .es les
phrases avec ce verbe.
XVII. Comment emploie-t-on le mot panne f?
panne f = arrêt, accident dans le fonctionnement d'une machine une
voiture (un avion, etc.) peut avoir une panne, être en panne,
tomber en panne (une voiture en panne)
dépanner une voiture (un appareil); dépannage m
A Apprenez les exemples:
1. J'ai eu une panne de métro. 2. Il allait à Deauville sur son scooter, quand
il est tombé en panne à la sortie du village. 3. Tout à l'heure, nous avons eu une
panne d'électricité qui a retardé le dîner. Je suppose que le courant a été coupé dans
toute la ville. 4. Mon chauffeur est allé faire arranger l'auto qui nous a laissés en
panne hier. 5. Mon poste est tombé en panne. J'ai voulu le dépanner moi-même,
mais je n'y ai pas réussi.
В Faites des phrases avec le nom panne et le verbe dépanner.
XVIII. Comment emploie-t-on?
étant donné = vu; étant donné que...
étant donné les circonstances, la situation financière, l'attitude de qn, etc.
A Apprenez les exemples:
1. Voici en outre vingt-cinq francs pour votre congé. Je serais en droit de ne pas
vous les donner étant donné votre attitude déplacée. 2. Etant donné que vous n'avez
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aucune autorisation je vous interdis d'inquiéter les membres de ma famille. 3. Etant
donné votre situation financière, je n'aurais pas accepté cette offre. 4. Vous tenez
toujours à vous en aller? — Je crois que c'est préférable, étant donné ce qui va
peut-être se passer.
В Employez étant donné dans des phrases. XIX.
Apprenez les expressions avec le mot aise / :
à l'aise, à mon (ton, son, notre... ) aise = sans éprouver de gêne,
être, se sentir à l'aise, etc.
être, se sentir mal à l'aise (à son aise), ne pas être à son :
aise = se sentir gêné
mettre qn à Taise (à son aise)
se mettre à l'aise (à son aise) à l'aise•= avec assez
d'argent pour vivre sans difficulté
Retenez:
aisé, -e adj; aisément adv; aisance f
A Apprenez les exemples:
1. Je suis à l'aise dans ce costume. 2. Il était tellement à son aise, renversé
sur sa chaise, qu'il a tiré machinalement ses cigarettes de sa poche. 3. Le
professeur Durand en s'en allant n'était pas mécontent de lui et même il se sentait
plus à l'aise. Restons ici. Nous y serons plus à l'aise pour parler. 5. Madame
Langlois se sentait toujours mal à l'aise quand elle devait parler devant le
petit disque de métal, surtout à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. 6. Le ton
était tel qu'elle se sentait mal à l'aise. 7. Pierre ne se sentait pas à son aise. Cet
interrogatoire lui était pénible. 8. Madame Durand excellait à créer autour
d'elle une atmosphère douce et paisible. Elle savait mettre les gens à l'aise et
animer la conversation sans trop parler elle-même. 9. Pour le mettre à l'aise je 4ui
ai offert une cigarette. 10. Asseyez-vous, dit-elle. Mettez-vous à votre aise. Je suis
sûre que vous avez froid. 11. De quel milieu sortait-elle? — D'un milieu
bourgeois... Pas fortuné, mais à l'aise.
B Dites en français:
1. Я себя хорошо чувствую в этом платье. 2. Мне очень удобно в этом
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большом кожаном кресле. 3. Пройдем в соседнюю комнату, нам там будет
удобнее. 4. Ему было не по себе: этот разговор ему был тягостен. 5. Я
испытываю чувство неловкости каждый раз, когда мне нужно к нему
обратиться. 6. Он был смущен и неловко себя чувствовал: он надел фрак
впервые в жизни. 7. Не стесняйтесь, будьте как дома.
C Répondez aux questions en employant le mot aise f:
1. Que direz-vous à un copain qui vient chez vous pour la première fois et qui
se sent gêné? 2. Pourquoi a-t-il gardé le silence toute la soirée? 3. Où qu'il vienne,
il est toujours le même: gentil, gai, aimable. Pourquoi?
XX. A Remplacez les mots en italique par leurs synonymes que vous trouverez dans le texte:
1. Je vous aiderai à triompher de vos propres doutes. 2. On lui a donné l'ordre
de se présenter au commissariat de police. 3. Les téléphones ne fonctionnent
pas. 4. Il affirme que son courrier ne lui est pas parvenu. 5. Vos menaces ne
l'effraient pas. 6. A ma grande surprise, elle a su dominer son émotion. 7. Se
servant des armes de son adversaire, il avait fait la publicité dans les journaux.
8. Vu l'heure tardive, il a fallu interrompre les débats. 9. La règle, l'équerre, le
compas on s'en servira pour bâtir le monde ou pour vaincre les ennemis. 10.
Vu les circonstances, on ne prend pas en considération le risque.
B Faites des phrases avec les mots que vous avez trouvés dans le texte.
XXI. A En observant les exemples ci-dessous, étudiez l'emploi du nom urgence
(d'urgence) et de l'adjectif urgent:
1. Peut-être sera-t-il nécessaire que nous partions d'urgence? 2. Téléphonez
d'urgence à tous les hôtels de Milan pour leur demander si madame N ne
serait pas descendue chez l'un d'eux. 3. Madame N gravement souffrante.
Elle vous réclame d'urgence auprès d'elle. (Texte d'un télégramme). 4. Pour le
moment il y a une chose urgente a faire: je vais lui télégraphier à Paris pour savoir
exactement de quoi il s'agit. 5. Le plus urgent c'est que je quitte ce pays où je
risque les plus graves ennuis. 6. Une opération s'impose d'urgence.
B Employez urgent et d'urgence dans des phrases.
Passages à commenter
1. Je m'enferme avec tant de joie dans cette enfance bien protégée!
70
2. Je sais que d'ordinaire un collégien ne craint pas d'affronter la vie. Un
collégien piétine d'impatience. Les tourments, les dangers, les amertumes d'une vie
d'homme n'intimident pas un collégien. Mais voici que je suis un drôle de
collégien. Je suis un collégien qui connaît son bonheur, et qui n'est pas tellement
pressé d'affronter la vie...
3. Drôle de collège, d'où l'on s'en va chacun son tour. Et sans grands adieux.
Ces deux camarades-là ne nous ont même pas regardés. Quand la vie, après le
collège, disperse les hommes, peuvent-ils jurer de se revoir? Nous courbons la
tête, nous autres qui vivons encore dans la chaude paix de la couveuse...
4. Nous sommes fin mai, en pleine retraite, en plein désastre. On sacrifie les
équipages, comme on jetterait des verres d'eau dans un incendie de forêt.
5. Mais il est une impression qui domine toutes les autres au cours de cette fin
de guerre. C'est celle de l'absurde. Tout craque autour de nous.
6. J'ai vu des batteuses abandonnées. Des villages abandonnés. Telle fontaine
d'un village vide laissait couler son eau. Léau pure changeait en mare, elle qui
avait coûté tant de soins aux hommes.
7. On ne ramasse plus les betteraves. On ne répare plus les wagons. Et l'eau qui
était captée pour la soif, ou pour le blanchissage des belles dentelles du dimanche des
villageoises, se répand en mare devant l'église.
8. Le Groupe va nous perdre, comme on perd des bagages dans le tohubohu des correspondances de chemins de fer.
QUESTIONS ET SUJETS DE CONVERSATION
1. Vous êtes Du tertre. Parlez de la mission que vous devez accomplir.
2. Vous êtes le Commandant Alias. Comment voyez-vous la situation?
3. Trouvez dans le texte le passage consacré au Commandant Alias. Parlez
de lui.
4. Comment l'auteur voit-il la guerre?
Texte 2
ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY
Beaucoup de témoins ont raconté cette vie brève et pleine. Au début il y a
Antoine de Saint-Exupéry, enfant «robuste, gai, franc», qui à douze ans inventait
71
une bicyclette-aéroplane, annonçait qu'il s'envolerait, et que la foule crierait: «Vive
Antoine de Saint-Exupéry!» Elève irrégulier, qui montre une espèce de génie, mais
semble peu fait pour les classes. Sa famille l'appelle le Roi Soleil, à cause de la
couronne blonde de ses cheveux; ses camarades: Pique-la-Lune parce que son nez
menace les étoiles. En fait, il était déjà le Petit Prince, souverain et distrait,
«épanoui, avec un rien d'effarement». Il restera toute sa vie lié à son enfance,
toujours émerveillé, curieux, et jouant au magicien, avec succès, afin que tous
crient: «Vive Antoine de Saint-Exupéry». Ce qui arrivera. Seulement on dira
plutôt: «Saint-Ex, Antoine ou Tonio» parce qu'il fera partie de la vie intime de tous
ceux qui le connaissent ou le lisent.
Jamais vocation d'aviateur ne fut plus affirmée, jamais plus difficile à
réaliser. L'aviation militaire ne l'accepta que comme piloté de réserve. Ce fut à 27
ans seulement que l'aviation civile fit de lui un pilote de ligne, puis un chef de
poste en pleine dissidence marocaine. «Le petit prince devient un grand caïd.» Il
publie Courrier Sud et annexe le ciel à la littérature, ce qui ne l'empêche pas de
rester un pilote efficace et brave, directeur à Buenos Aires de l'Aéropostale aux
côtés de Mermoze, de Guillaumet. Ses accidents sont nombreux et sévères.
Qu'il survive est un miracle. 1939. C'est la guerre. Bien que les médecins
s'obstinent à le déclarer inapte au vol (suite de tant de fractures et commotions) il
arrive enfin à se faire affecter au groupe de reconnaissance 2/33. Au moment de
l'invasion, après les combats, le groupe est envoyé à Alger et démobilisé. A la fin
de l'année je vois Saint-Ex arriver à New York. Il y écrit Pilote de Guerre qui
obtient un immense succès aux États-Unis, et même en France, alors occupée.
Je me lie de cœur avec lui et dirais volontiers, comme Léon-Paul Fargue: «Je l'ai
beaucoup aimé et le pleurerai toujours.» Comment ne pas l'aimer? Il possédait à
la fois la force et la tendresse, l'intelligence et l'intuition. IJ se plaisait à
s'envelopper de rites et de mystères. Son génie mathématique, indiscutable,
s'alliait à un goût entantin du jeu. Ou il dominait la conversation, ou il rêvait
à quelque autre planète. Quand le général Béthouart vint aux Etats-Unis pour
obtenir des armes, nous demandâmes, Saint-Ex et moi-même, à reprendre du
service dans l'armée française d'Afrique. Il quitta New York quelques jours avant
72
moi et, lorsque je descendis d'avion à Alger, je le vis qui m'attendait. Il semblait
malheureux. Lui qui sentait si fort les liens qui unissent les hommes, lui qui se
sentait toujours un peu responsable du destin de la France, il avait trouvé les
Français divisés. Deux états-majors s'affrontaient. Placé «en réserve de
commandement», il ne savait, si on lui permettrait de voler. A quarante-quatre ans
il demandait, avec une insistance tenace, à piloter un P 38, appareil rapide, fait
pour des cœurs plus jeunes. Il finit par l'obtenir. Pendant l'attente il avait travaillé
au livre (ou poème) qui fut ensuite appelé Citadelle.
Promu commandant, il parvint à rejoindre son cher groupe 2/33, celui de
Pilote de Guerre, mais ses chefs, inquiets, lui marchandaient les missions. On
lui en avait promis cinq: il en arracha trois de plus. De la huitième, au-dessus de
la France alors occupée, il ne revint pas. Il avait décollé à 8 h 30; à 13 h 60 il
n'était pas rentré. Ses camarades d'escadrille, réunis au mess, regardaient leur
montre. Il n'avait plus qu'une heure, d'essence. A 14 h 30 aucun espoir ne restait.
Tous restèrent longtemps silencieux. Puis le chef d'escadrille dit à un aviateur:
«Vous reprendrez la mission du commandant de Saint-Exupéry.» Cela
finissait comme un roman de Saint-Ex et on l'imaginait très bien, à court
d'essence et peut-être d'espoir, montant, comme l'un de ses héros, vers quelque
champ céleste, tout balisé d'étoiles.
Pilote de Guerre est le livre écrit par Saint-Exupéry après la courte
campagne — et la défaite — de 1940... Au cours de l'offensive allemande en
France, le capitaine de Saint-Exupéry et son équipage reçoivent de leur chef, le
commandant Allias, l'ordre de faire un vol de reconnaissance sur Arras. Ils ont
toute chance d'y trouver la mort, et une mort inutile, car on leur demande de
recueillir des renseignements qu'ils ne pourront jamais transmettre. Les routes
seront embouteillées, les téléphones en panne; I1 Etat-Major aura déménagé. Le
commandant Allias, qui donne l'ordre, sait lui-même que cet ordre est absurde.
Mais que dire? Qui songe à se plaindre? On répond: «Oui, mon Commandant...
Bien, mon Commandant...» et on part pour cette mission futile.
<
Le livre est la méditation du pilote tandis qu'il vole vers Arras, puis en revient
parmi les obus et les chasseurs ennemis.
73
D'après A. Maurois, De Proust à Camus
Sujets à développer
1. Que savez-vous d'Antoine de Saint-Exupéry?
2. Quels nouveaux détails avez-vous appris sur lui dans les textes lus?
HUITIÈME LEÇON
Grammaire: Emploi des modes dans les propositions subordonnées
circonstancielles (Révision). Emploi du subjonctif dans la proposition indépendante.
Textes: 1. «Ménestrel» d'après R. Merle.
2. «Marc-André et Martin» d'après F. Mallet-Joris.
3. «Les recommandations d'une mère. Les jeunes Français d'aujourd'hui»
d'après M. Cardinal.
GRAMMAIRE
Emploi
des
modes
dans
les
propositions
subordonnées
circonstancielles (Révision)
Indicatif
Subjonctif
but
afin que (à cette fin que, à seule fin
que), pour que, de façon que, de
manière que, de sorte que
bien que, quoique, quoi que, qui
que, où que, quel que, quelque(s)...
que, quelque... que, si... que
à condition que, pourvu que, à
moins que, soit que... soit que
soit que... soit que, non que, ce
n'est pas que
opposition
si
condition
parce que,
comme, puisque
du moment que
cause
lorsque, quand, pendant que, tandis que,
depuis que, à mesure
que, après que, dès
que, aussitôt que, à
peine que
de façon que, de manière que, de sorte que
manière
temps
sans que
avant que, jusqu'à ce que, en
attendant que
conséquence
sans que
В предложении с несколькими придаточными союз, их при-», обычно не
74
повторяется, а заменяется союзом quе. Во всех придаточных предложениях
употребляется то же наклонение, что и в первом из них.
Il n'a pas pu répondre à ma question parce qu'il n'avait pas encore lu le journal et
n'était pas au courant des derniers événements.
Bien qU\\ fasse très chaud et que je sois fatigué, j'irai les chercher à la gare.
В тех случаях, когда que заменяет союз si, в придаточном
употребляется s u b j o n c t i f :
S'il ne tarde pas à venir et que nous ayons le temps de discuter tous les problèmes, je
vous rappellerai.
Emploi du subjonctif dans la proposition indépendante
Subjonctif в простом
1 ) служит для выражения приказания по отношению к 3-му лицу:
Qu'il me fasse savoir sa réponse!
Qu'ils quittent la pièce!
2) обозначает
действие
желаемое:
Qu'il ne lui arrive pas de malheur!
В этом случае que часто заменяется pourvu que: Voici
l'autobus. Pourvu qu'il ne soit pas complet. Pourvu qu’il n'ait
pas manqué le train.
3) subjonctif глагола savoir: que je sache (qu'on sache) autant que je
sache (насколько мне известно) употребляется для выражения
Qui vous a dit de venir ici? Pas moi, que je sache? Autant que je
sache, on n'a pas encore apporté le courrier.
4) subjonctif глагола être: soit [swat] (ладно, пусть будет так) употребляется для выражения согласия:
Vous le voulez? Soit!
5) subjonctif сохранился в некоторых поговорках, фразеологических
сочетаниях: coûte que coûte, advienne que pourra, entre nous soit dit, soit dit
en passant
EXERCICES DE GRAMMAIRE
I. Faites des phrases avec les verbes et les conjonctions donnés ci-dessous:
75
1. fréquenter (Depuis que vous...). 2. guérir (Pour qu'il...). 3. acquérir (Bien
qu'elle...). 4. arriver à faire qch (Non qu'il...). 5. accueillir à l'aéroport (à condition
qu'il... ). 6. baisser (En attendant que les prix... ). 7. se douter de la présence de qn
(Sans que je...). 8. prétendre (Non qu'elle...). 9. rejoindre (avant que vous...). 10.
risquer de faire qch (à moins que tu...). 11. changer (Du moment qu'elle...). 12.
tenir à qch (Puisque tu...). 13. être à son aise (Pour qu'il...). 14. obtenir de bons
résultats (avant qu'il...). 15. rendre qch (pourvu que tu...). 16. s'apercevoir (de façon
qu'il+Subj; +lnd). 17. se douter que (S'il...). 18. apprendre (Quoi quetu...). 19. tenir à
faire qch (Ce n'est pas
qu'il...). 20. guérir (Dès que vous...). 21. s'apercevoir de qch (sans qu'elle...). 22. dire (Qui
que...). (Quoi qu'elle...). 23. aller (Où que tu...). 24. profiter (Comme il...). 25. parvenir
(A peine que...).
II. A Dites en français:
1. С тех пор, как он присоединился к нам, и мы путешествуем вместе, он не
прекращает нам говорить о своих заботах. 2. Хотя он и справился с собой и ничего
не ответил, он до сих пор не может успокоиться. 3. Как только машина будет
отремонтирована, и я ее доставлю домой, мы сможем начать это увлекательное
путешествие. 4. Если его вызовут, и он еще не вернется, ты должен предупредить
его начальника. 5. Хотя у вас и новая машина и потребляет немного горючего,
мы не можем ею воспользоваться. 6. Поскольку ты очень хочешь с ними
познакомиться, и они скоро придут, подожди их. 7. Если он оправдает наши
надежды и сделает хорошо этот перевод на родной язык, можно будет ему
доверить еще один. 8. Он говорит так, что его никогда не удается услышать, и
все просят, чтобы он пользовался микрофоном.
В Donnez des exemples analogues.
III. A Apprenez les exemples et traduisez-les en russe:
1. Qu'on le lui fasse savoir d'urgence. 2. Qu'il nous rejoigne à l'hôtel. 3. «Pourvu que
tout aille bien ce soir», pensa Françoise. 4. Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé de grave. 5.
Mon Dieu! Pourvu qu'on ne l'ait pas blessé grièvement. 6. Il la pria de jouer, encore
quelque chose. — Soit, pour te faire plaisir. 7. Il n'est venu personne que je sache. 8. Elle ne
se doute pas de ton retour, que je sache. 9. — Je suis tombée sur la pièce que tu as
76
commencée il y a deux ans.
— Tu l'as lue?
— Bien sûr! Tu ne l'as pas mise sous clé, que je sache.
10. Autant que je sache, il n'est jamais revenu depuis.
В Trouvez des circonstances qui vous feront employer que je sache; coûte que coûte; entre
nous soit dit.
Texte 1
MÉNESTREL
Mon cher enfant,
II est certain que mon silence a dû te surprendre, car, je n'ai pas l'habitude, que je sache, de
ne pas répondre, à tes lettres. Tu sais bien, pourtant, qu'en toutes circonstances, tu peux
compter sur moi, et je ne vois pas pourquoi tu as récrit une deuxième lettre sur un ton
qui me faisait presque reproche de mon silence. Tu devrais bien comprendre qu'on
n'a guère le cœur à écrire quand on est veuve et qu'on vit absolument seule, l'hiver,
avec ses pensées, dans une grande baraque mal chauffée. Il fait très froid ici depuis
Noël, et bien entendu, mes douleurs ont repris de plus belle, ne me laissant plus
aucun répit. Ajoute à cela que le chauffage central est tout à fait insuffisant. J'ai
beau brûler beaucoup de bois dans les cheminées, je n'arrive pas à avoir plus de
19 dans mon petit salon. J'en suis réduite à me mettre pull sur pull, je suis affreuse,
j'ai l'air d'une mémère. Il fait si froid que je n'ose plus mettre le nez dehors à cause
de mes névralgies. Heureusement, Mme Morel s'est proposée pour me faire mes
commissions, car je suis sans personnel depuis quinze jours. Louise m'a quittée, en
plein hiver, pour se marier, la malheureuse, sans daigner attendre les beaux jours,
comme je le lui avais demandé. Je suis bien navrée pour toi, mon cher enfant, que
tu n'aies pas encore touché ta bourse du premier trimestre, alors que nous sommes
déjà en mars. Malheureusement, il m'est absolument impossible de t'aider à
nouveau. Je t'ai avancé 40 000 AF 1 pour le premier trimestre, comptant bien que
tu pourrais me rembourser à Noël, et j'ai été très déçue que tu n'aies pu le faire. Je
comptais sur cet argent pour faire réparer la clôture du verger pendant l'hiver. Tu
sais que je vis avec de très petits moyens et que j'économise sou par sou. J'ai bien un
petit pécule à la banque, mais comme je te l'ai déjà expliqué, je n'y touche jamais:
77
si je tombe malade, il faut bien que je garde cette somme en réserve pour payer
ma clinique. Enfin, que veux-tu que je te dise, mon cher enfant. J'ai cinquante et un
ans et une santé délicate, tu en as vingt, il est temps que tu voles de tes propres
ailes et que tu apprennes à te débrouiller dans la vie. A mon avis, tu devrais faire une
réclamation pour ta bourse.
Tout ceci me donne, comme bien tu penses, un surcroît de soucis dont je me
passerais bien, en ce moment surtout. Lété dernier, faute de clôture sérieuse du
verger, on m'a pillé mes poiriers, et la conséquence, c'est que j'ai perdu une source
de revenus appréciables. Si l'état de choses actuel se prolonge, l'été prochain je
crains bien qu'il en soit de même. J'espère que tu vas bien, et que tu travailles bien.
Je prie pour toi matin et soir, et je t'embrasse bien affectueusement, mon cher
enfant.
Julie de Belmont-Ménestrel.
P. S. J'ai fait retapisser les deux bergères du grand salon, avec une soierie
vert et rouge que j'ai trouvée chez Boursin. C'est tout à fait ravissant, et tout ce qui
compte ici a défilé chez moi pour les admirer.
Ménestrel posa le feuillet bleu sur sa table, et les yeux mi-clos, le visage
immobile, il le fixait sans le voir. Enfin, elle priait pour lui, c'était déjà ça. Il
s'aperçut qu'il serrait avec force de ses deux mains le rebord de la table et relâcha
sa prise. Le calcul était vite fait: 9000 francs la chambre à la Résidence, 140
francs le repas à la cafétéria, 100 francs pour le petit déjeuner, pour la nourriture
environ 11 000 francs par mois. 9 000+11 000 = 20 000 francs, à peu près le
montant mensuel de sa bourse. Restait à pourvoir: la blanchisserie,
l'habillement, les transports, les cigarettes, les journaux, les livres, et quand
même un gobelet, de temps en temps, à la petite cafétéria. En étant très économe,
il fallait compter sur un budget mensuel de 35 000. Même en empruntant 40 000
francs à sa mère pour novembre et décembre, il avait dû se livrer au travail noir,
c'est-à-dire perdre des heures et des heures d'études pour joindre les deux bouts, et
maintenant le retard dans le paiement de sa bourse et le refus de sa mère, ça
voulait dire perdre trois fois plus de temps à des petits travaux ineptes à Paris. Je
ne compte même pas la longueur des transports, la fatigue, l'emmerdement sans
78
nom. Au premier trimestre, il avait vendu des yaourts à domicile, remplacé un
vendeur défaillant chez Esders, trié des chèques dans un centre de chèques postaux,
donné des cours à une débile mentale et fait du baby-sitting2. Le plus embêtant c'est
qu'aucun de ces petits métiers ne durait. En général, c'était du travail noir, non
déclaré, toujours en remplacement de quelqu'un. Au bout de quinze jours au
maximum, il fallait chercher autre chose. Ce qui vous démoralisait, c'était même
pas l'abêtissement de ces corvées insipides, mais le fait que l'on se retrouvait
chômeur sans arrêt et qu'il fallait sans arrêt chercher autre chose. Bien sûr, on
pouvait toujours sauter un repas sur deux, mais le terme, on ne le sautait pas. Au
bout de quelques jours, on trouvait devant sa case à la résidence un petit papier
menaçant. On finissait par se retrouver en proie à deux peurs: celle de ne plus
trouver de jobs pour vivre t et celle de se faire recaler aux certificats faute de
temps pour travailler. Et pour comble, ces connards3 du ministère parlent de porter
la chambre à 12 000 francs et le repas universitaire à 280! Ménestrel se leva, souffla
à sa voisine, ne laisse pas prendre ma place, elle hocha la tête d'un air maussade.
Pour plus de sûreté, il laissa sa veste sur le dossier de sa chaise, il sortit, dévala
l'escalier qui menait au rez-de-chaussée, et marcha à grands pas vers le plus proche
des deux téléphones automatiques de la galerie centrale. Ils ressemblaient à des
coquillages. Au-dessus de l'appareil, une énorme coque perforée, en forme de
capeline, vous entourait la tête et, en principe, vous isolait du bruit ambiant
toujours intense dans la galerie. Ménestrel fit le numéro et jeta un coup d’œil à sa
montre. 11 h 20: à cette heure-ci, avec un peu de chance, il trouverait
Demiremont chez lui, à moins que son horaire, au lycée, ait changé. La sonnerie
du «pas libre» éclata avec obstination, Ménestrel raccrocha, son jeton dégringola
dans l'appareil et revint à l'air, stupidement. Il se mit à marcher de long en large
devant la conque.
Il y a trois ans, en philo4, au sortir d'un cours sur Kant: Ménestrel, je voudrais
vous dire deux mots, et dans la salle de classe vide, Demiremont, grand, large, les
cheveux blancs en auréole autour de la tête, le dos appuyé contre le radiateur, et
fixés sur les siens, les yeux bleus, vifs, attentifs, perdus dans un réseau incroyable
de rides et de peaux fripées. Ménestrel, il y a quelque chose qui ne va pas. Vous
79
êtes absent depuis huit jours, et quand vous revenez, vous êtes pâlot, déprimé,
votre niveau d'attention baisse perceptiblement, et vous me ratez une
dissertation. Que se passe-t-il? Je rougis et je dis: mon père est mort, monsieur.
Un silence. Et vous étiez très attaché à votre père? Oui, monsieur. Silence de
nouveau. Est-ce que la mort de votre père va changer quelque chose à votre
situation? Oui. Ma mère m'a fait savoir qu'après mon bac, je ne devrais plus
compter sur elle. Il me regarde: vous parlez avec une certaine amertume. Estimezvous que votre maman pourrait agir différemment? Oui, monsieur. Ma mère a de
très beaux vergers, environ cinq hectares de poiriers en contrespaliers, et elle les
exploite avec énergie. Bref, reprit Demiremont, vous estimez que Madame votre mère
a plus d'argent qu'elle ne vous le dit ou qu'elle ne le dit au fisc? Je fais «oui» de la
tête, je note aussi que, la première fois, Demiremont a dit «votre maman» et la
seconde fois «Madame votre mère», et ça me fait un plaisir fou qu'il ait tout
compris si vite. Que comptez-vous faire après votre bac? J'avale ma salive et je
dis: demande/ un poste de maître d'internat 5 afin de poursuivre mes études. Oui,
oui, oui, dit Demiremont, avec une grimace qui, de «oui» à «oui», s'accentue.
Mais il y a une autre solution. L’an prochain, rester en khâgne6 ici même. Madame
votre mère étant veuve et fiscalement pauvre, pourra facilement obtenir une
bourse complète d'internat pour vous. Et si elle l'obtient, de deux choses l'une: ou
vous entrez rue d'Ulm et la question est résolue: ou vous êtes au moins admissible
ei vous devenez boursier de licence.
Ménestrel plaça ses mains derrière le dos. Trois ans déjà. Remis en selle en
quelques minutes, en quelques mots. Et depuis, que de gentillesses, II regarda sa
montre, introduisit à nouveau sa tête dans la conque et refit le numéro.
— Monsieur Demiremont? C'est Ménestrel.
— Ah, Ménestrel! Eh bien, que devenez-vous, Ménestrel? On ne vous voit
plus.
— J'ai de gros ennuis, monsieur. Je n'ai pas encore touché ma bourse
— Le 22 mars, vous n'avez pas encore touché votre deuxième trimestre
— Je n'ai pas encore touché le premier, monsieur.
— Mais c'est scandaleux. Comment avez-vous fait?
80
— Eh bien, je me suis livré à des tas de petits travaux, ici et là, et comme ça ne
suffisait pas, au premier trimestre j'ai fait un emprunt à ma mère.
— Oui, oui, oui.
Un silence.
— Et maintenant, reprit-il, vous aimeriez aussi bien vous tirer d'affaire tout
seul?
On ne pouvait pas saisir plus vite la situation ni la résumer plus
gentiment.
— Oui, monsieur, dit Ménestrel avec gratitude. Et je viens de me rappeler à
l'instant que vous m'aviez parlé d'un baby-sitting, très dur mais très bien payé.
— Mais c'était il y a un mois, la place est peut-être prise. Ecoutez,
Ménestrel, nous allons en avoir le cœur net. Il est 11 h 25, je téléphone à cette
dame et vous me rappelez à moins vingt.
Ménestrel entendit le déclic et raccrocha. Il y avait déjà beaucoup de monde dans la
galerie centrale. Ménestrel, les mains aux poches, le cœur un peu plus léger, musa
jusqu'au stand Hachette. Dans l'état actuel du budget, il n'était pas question
d'investir quarante centimes dans un journal, mais il regarda les titres et tricha
même un peu en dépliant Le Monde de la veille et en parcourant un article qui
décrivait, de source américaine, les progrès de la pacification rurale au Viêt-Nam. Il
reposa Le Monde sur la pile, fit le tour du stand à l'extérieur en regardant les titres.
Moins vingt-cinq, il était temps de retourner à l'automatique. Bien entendu, il était
pris, et par une fille encore. Ménestrel retourna en courant sur ses pas, et atteignit de
justesse le deuxième automatique, coiffant sur le poteau, à une courte tête, une
grande jument alezane bottée de blanc. A Nanterre 7 c'était la spécialité des
filles, le téléphonage. Elles avaient dans les conques perforées des conversations
infinies. Ménestrel se retourna, regarda sa montre édit: si vous me promettez de me
rendre l'appareil à moins vingt, je vous laisse mon tour. La grande jument le
regarda d'un air outragé, c'est ça vous consentez à me le laisser après me l'avoir
soufflé sous le nez. Ménestrel la considéra une pleine seconde sans rien dire.
Toujours surprenantes les filles, absence complète d'esprit sportif. Ecoutez, dit-il
avec patience, il faut absolument que je parle à moins vingt, c'est très sérieux, alors,
81
prenez-le, mais ne le gardez pas une heure. Bien sûr que non, dit la grande jument
avec hauteur, elle s'enfonça dans la coquille comme si elle rentrait chez elle.
Ménestrel la regarda de bas en haut, bottes blanches à mi-mollet, mini-jupe feuille
morte, pull même ton et surmontant le touf, grande crinière blond-roux en queue de
cheval, qu'elle agitait avec véhémence en parlant dans la conque. Piaffante et
hennissante, elle parlait dans l'appareil depuis six bonnes minutes. Ce long discours
devait s'adresser à un Jules. Ménestrel soupira, regarda sa montre, à moins dix je la
rappelle à l'ordre. A moins douze exactement, l'alezane raccrocha, se retourna,
donna un coup de crinière qui balaya le visage de Ménestrel et s'en alla sans lui
jeter un coup d'œil, absorbée aussitôt par la foule qui grouillait dans la galerie.
Ménestrel enfonça la tête dans la conque.
— Monsieur Demiremoint? C'est Ménestrel.
— Eh bien, Ménestrel, la place n'est pas prise, et pour cause. Il s'agit d'une
veuve richissime. Mais les bébés ne sont pas des bébés, ils ont treize et quinze ans,
ils sont grands et athlétiques hostiles, semble-t-il aux sorties de leur mère. Dès
qu'elle franchit le seuil, ils victimisent leur grand-mère. Les domestiques se
barricadent sous les combles et la grand-mère est livrée à leurs initiatives. Ils ne
tolèrent pas davantage le baby-sitter. Dès qu'il apparaît, ils le boxent et ils le
mettent dehors. Un silence.
— Mrs. Russell, reprit Demiremont — c'est le nom de la dame, est très
consciente des qualités héroïques que son baby-sitter doit posséder. Elle est prête
à doubler, à tripler même les tarifs.
— Je suppose, dit Ménestrel, que Mrs. Russel sort beaucoup.
Demiremont eut un petit rire.
— J'ai très peu de lumières, je dois dire, sur la fréquence des sorties d'une
femme du monde.
Disons, trois ou quatre fois par semaine. Ah, pardonnez-
moi, Ménestrel, j'aperçois avec retard les implications financières de votre question...
— J'entends que ce baby-sitting me tirerait entièrement d'affaire, si la place
est durable.
— Elle le serait, en cas de succès.
Il y eut un silence.
82
— Je crois que je vais essayer,.monsieur.
— Bravo, Ménestrel, je m'attendais à cette décision. Je téléphone à Mrs. Russel et
je lui communique votre numéro à la Résidence. A partir de quelle heure serez-vous
dans votre chambre?
— A trois heures, monsieur.
— Bien, je le lui dis. Et téléphonez-moi dès que vous aurez pris contact avec
ces garçons.
Il raccrocha, sans lui laisser le temps de remercier. Ménestrel pivota sur luimême. Dès qu'il fut sorti de la conque, le brouhaha de la galerie le submergea. Si
ça réussissait, le problème de la survie serait résolu jusqu'à la session juin. «Grands
et athlétiques. Dès que le baby-sitter paraît, ils le mettent dehors». Ménestrel
s'aperçut que ses mains tremblaient, il les fourra dans sa poche, carra les épaules
et marcha d'un pas rapide vers le bâtiment С
D'après R. Merle,Derrière la vitre
AF — anciens francs
1
2
baby-sitter angl.—personne à laquelle est confiée la garde d'un enfant (faire du
babysitting)
3
connard m— vulg. canaille f
4
philo f— fam. philosophie /
s
maître d'internat m—dans les lycées et collèges, surveillant chargé du maintien
de la discipline
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khâgne f (cagne) — classe des lycées qui prépare à l'Ecole normale supérieure 7
Nanterre — ici Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Paris
EXERCICES DE VOCABULAIRE ET DE CONVERSATION
I. Comment emploie-t-on l'expression avoir beau faire qch?
A Apprenez les exemples:
1. J'ai beau brûler beaucoup de bois dans les cheminées, je n'arrive pas à avoir
plus de 19 dans mon petit salon. 2. Elle avait beau adresser des signes à son
mari, il ne s'en apercevait pas. 3.Tu as beau insister, il refusera toujours. 4. Vous
avez beau protester, il ne changera pas d'avis.
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В Dites autrement; employez avoir beau faire qch:
1. Quoique je presse le pas, je n'arrive pas à le rejoindre. 2. Bien que je me sois
donné beaucoup de peine pour l'en convaincre, je n'y ai pas réussi. 3. Quoique j'aie
mis mon pull le plus chaud je ne parviens pas à me réchauffer.4. Bien que je
me sois adressé à tous les passants personne ne m'a aidé à dépanner ma voiture. 5.
Quoique je baisse la radio, l'enfant ne s'endort pas.
II. A Relevez dans un dictionnaire les acceptions du verbe réduire, de l'adjectif réduit,
et du nom réduction f.
В Dites en russe:
réduire la production de... %, réduire à rien, réduire les dépenses, être réduit à,
réduction du personnel, voyager à tarif réduit.
С Comment direz-vous en français?
сократить расходы; сократить численность армии; сократить вооружение; сократить продукцию с... до (de ... à); довести до нищеты; свести
к нулю; быть вынужденным...; по сниженной цене, по сниженному тарифу;
сокращение военных расходов.
III. A Expliquez toutes les acceptions du mot bourse /que vous connaissez.
В Qu'est-ce qu'un boursier?
С Quand écrit-on le mot bourse /avec une majuscule?
IV. A
En
vous
aidant
d'un
dictionnaire,
expliquez:
rembourser qn, qch; remboursement m; remboursable adj.
В Apprenez les exemples:
1. Je vous rembourserai l'argent, que vous m'avez prêté, demain soir. 2. Je suis
sorti sans argent. Je vous rembourserai aujourd'hui-même. 3. Tenez, mettez le
timbre, dit-elle. Je vous le rembourserai.
С Dites en français:
1. Заплатите за меня, я вам верну. 2. До сих пор он не отдал свой долг. 3.
Получить деньги обратно.
V. Comment emploie-t-on le mot souci m?
souci m
avoir du souci (des soucis)
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avoir des soucis financiers, familiaux
donner du souci (causer du souci)
vivre sans souci
se faire du souci = s'inquiéter
Retenez:
se soucier de qn, de qch soucieux,
-se adj (insouciant, -e)
fam. C'est le moindre (le cadet) de ses soucis = II ne s'en
inquiète pas du tout.
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A Apprenez les exemples:
1. Je ne pense pas qu'il puisse te prêter cette somme, il a des soucis financiers.
2. Je suis vraiment navré de vous avoir causé du souci. 3. On a beaucoup parlé de
maman dont la santé précaire donnait de sérieux soucis à sa fille. 4. Le principal
souci de la grand-mère restait le ravitaillement, toujours difficile. 5. Il ne s'est pas
contenté de vivre sans souci comme il aurait pu le faire. 6. Je sujs d'accord avec
toi, tout ce temps-là, j'ai vécu sans souci. 7. Il se souciait assez peu d'élégance. 8.
Ne vous souciez pas de moi, je vais me débrouiller seul. 9. Soigne-toi bien et laisse-moi
me soucier du reste. 10. Mon père soucieux de l'avancement de nos études nous
conseilla de renoncer aux jeux inutiles. 11. Je crains qu'il n'ait des ennuis, il m'a paru
soucieux. 12. Il était marié avec un petit bout de femme à la mine soucieuse. 13. La
diminution de la part du travail manuel, l'élévation de la productivité de travail
deviennent un souci majeur.
В Dites en français:
1. Я прошу меня извинить за то, что доставил вам хлопоты. 2. Хрупкое
здоровье девочки очень беспокоило ее родителей. 3. Хотя у него денежные
затруднения, он не отказался одолжить мне денег. 4. Не беспокойся за
него, он выпутается из любой ситуации (ê tre débrouillard). 5. Мой
брат, обеспокоенный моим предстоящим экзаменом, решил помочь мне
подготовиться к нему. 6. Не беспокойтесь, как всегда он найдет решение
проблемы. 7. Как у него дела? В последний раз, когда я его видел, он мне
показался озабоченным.
С Employez les mots souci m, se souder et soucieux dans des phrases.
VI. Comment emploie-t-on le verbe pourvoir?
pourvoir qn, qch = l'équiper de ce qui lui est utile, nécessaire
être pourvu de vêtements chauds (d'une recommandation, de papiers
nécessaires
être dépourvu
Apprenez les exemples et traduisez-les en russe:
1. Sa maison de campagne était pourvue de tout le confort moderne. 2. La nature
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l'avait pourvu des dons pour la musique. 3. Cette jeune fille est pourvue d'une grande
imagination. 4. Elle y a été engagée, pourvue d'une bonne recommandation. 5. Je ne
te conseille pas de lire ce livre parce qu'il est dépourvu de tout intérêt. 6. lis ont décidé
de ne pas louer cet appartement parce qu'il est dépourvu du chauffage central.
VII. Comment emploie-t-on les verbes prêter et emprunter?
prêter qch a qn- mettre à sa disposition
prêter de l'argent à qn, un livre, sa bicyclette, sa voiture
A Apprenez les exemples:
1. Ma voiture était en panne, il m'a prêté la sienne. 2. J'ai oublié mon manuel, il
m'a prêté le sien. 3. Je n'ai pas de stylo, prête-moi le tien s'il te plaît. 4. Il pleut, je
vais vous prêter mon parapluie. 5. Je ne dispose pas de cette somme voilà pourquoi
je ne peux pas vous ia prêter.
emprunter qch à qn = se le faire prêter
emprunter de l'argent à qn, un livre, une bicyclette, une voiture
В Apprenez les exemples:
1. Ma voiture était en panne, j'ai emprunté la sienne. 2. J'ai oublié mon manue!,
alors, j'ai emprunté le sien. 3. Je n'ai pas de stylo, puis-je emprunter le tien? 4. Il pleut,
puis-je vous emprunter votre parapluie.
С Dites en français:
1. Не мог бы ты одолжить мне 100 руб.? Я тебе их отдам через неделю.
2. Я занял у своего друга немного денег. 3. Идет дождь, если вы хотите, я могу
одолжить вам свой зонтик. 4. Я забыл дома свой кошелек. Не могу ли я
занять у вас немного денег? 5. Не можете ли вы дать мне взаймы 200
рублей?
D Faites des phrases avec les verbes: prêter, emprunter, rembourser.
VIII. Apprenez quelques acceptions du verbe porter (se porter):
porter qch à = faire atteindre
porter la chambre à... francs; porter la production à...;
porter les appointements à... porter à l'écran, à la scène = adopter une
œuvre pour le cinéma,
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le théâtre, etc. porter sur = être
consacré à
un texte, un article, des entretiens portent sur un problème se porter
se porter candidat = se présenter aux élections
se porter (sujet — nom d'un vêtement) = être à la mode
Cela ne se porte plus. = Cela n'est plus à la mode.
A Apprenez les exemples et traduisez-ies en russe:
1. Des fonctionnaires du ministère parlent de porter la chambre à 12000 francs et
le repas universitaire à 280. 2. «Le rouge et le noir» est porté à l'écran par Claude
Autant-Lara. 3. C'est Christian Jacques qui a porté «La chartreuse de Parme» à
l'écran. 4. Les conversations ont porté sur les relations entre les deux pays et sur
les problèmes internationaux. 5. Le premier ministre belge est attendu à Bonn où les
entretiens avec le chancelier porteront essentiellement sur les problèmes de la
communauté économique européenne. 6. De sources diplomatiques on déclare que
l'entrevue a porté sur le désarmement 7. Les mini-jupes se portent moins cette année.
8. Les cravates à fleurs ne se portent plus.
В Dites en français:
Довести продукцию до 1000 т, повысить зарплату до 6000 франков;
повысить квартплату до 2500 франков; экранизировать; статья посвящена;
переговоры коснулись; быть в моде, быть не в моде
С Rappelez-vous toutes les acceptions du verbe porter que vous connaissez. Employez
dans des phrases le verbe porter dans ses différentes acceptions.
IX. A Expliquez:
rater son train; rater son coup de fil; rater une affaire; rater sa vie; rater qn; une
vie ratée; un raté.
В Faites des phrases avec ces séries.
X. Comment emploie-t-on le verbe agir?
agir vi
faire qch
• se conduire de telle ou telle manière
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agir bien, mal, différemment; agir en honnête homme, en connaisseur, par
calcul, etc.
• agir auprès de qn = faire des démarches auprès de lui pour obtenir qch
• produire un effet
un remède n'agit plus sur un malade, etc.
A Apprenez tes exemples:
1. Il n'a pas la force d'agir. 2. Ne restez pas inerte, agissez. 3. Agissez sans tarder
si vous ne voulez pas que l'affaire prenne une mauvaise tournure. 4. Vous croyez qu'il
pourrait agir différemment? 5. Je crois qu'elle agit de même avec tous les locataires
non par conscience professionnelle mais par goût. 6. Au fond il agissait avec les
autres comme son patron agissait avec lui. Peut-être qu'il l'imitait. 7. Il a agi en héros.
8. Essayez d'agir auprès du député. 9. Ces cachets n'agissent plus sur moi.
В Faites des phrases avec le verbe agir. XI.
Comment emploie-t-on le verbe estimer?
estimer que = croire que estimer
adj = croire + adj.
estimer nécessaire (utile) de faire qch- croire nécessaire
(utile) de faire qch,
sous-estimer qn, qch = l'estimer au-dessous de sa valeur surestimer
qn, qch - l'estimer au-dessus de sa valeur
A Apprenez les exemples:
1. Il estime que vous auriez dû agir différemment. 2. J'estime avoir le droit de
dire mon avis. 3. Je n'estime pas que ce soit utile. 4. J'estime nécessaire de vous
en prévenir. 5. Je crois que vous surestimez mes capacités. 6. Je regrette d'avoir
sous-estimé ses forces.
В Employez les verbes estimer, surestimer, sous-estimer dans des phrases.
XII. Comment emploie-t-on le nom gratitude / et l'adjectif ingrat, -e?
exprimer sa gratitude à qn \ remercier Qn avec gratitude; penser à qn
avec gratitude, etc.
A En vous aidant d'un dictionnaire, traduisez les séries ci-dessous:
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une personne ingrate; un sol ingrat; une tâche ingrate; l'âge ingrat.
В Dites en français:
неблагоприятные условия; бесплодная почва; неблагодарная тема; переходный возраст
С Dites le synonyme du mot gratitude, l'antonyme du mot ingrat dans l'expression une
personne ingrate.
XIII. Trouvez les antonymes de l'adjectif dur, -e dans les séries ci-dessous :
une vie dure, un climat dur, un travail dur, de la viande dure, un problème dur, un
cœur dur, un pain dur.
В Dites en français:
делать что-либо неохотно; говорить откровенно; если тебе хочется; я бы
хотел это выяснить; у меня тяжело на сердце
XV. Trouvez le contraire de l'adjectif léger dans les séries ci-dessous:
des bagages légers, une neige légère, un café léger, une douleur légère, une
blessure légère, une démarche légère.
XVI. A Comment emploie-t-on l'expression de source + ad/?
tenir, savoir une nouvelle de source officielle; de bonne source; de source certaine;
de source non-officielle (officieuse-); de source française.
В Dites en français:
из официальных источников, из надежных источников, из хорошо
осведомленных источников.
XVII. Comment emploie-t-on le verbe tolérer?
tolérer qn, qch ~ admettre sa présence à contrecœur, le supporter tolérer les
défauts de qn \ tolérer un médicament, un traitement tolérer que à la
forme négative et interrogative + subj. se tolérer
Retenez:
tolérance f tolérable adj (intolérable); tolérant, -e adj
A Apprenez les exemples:
1. Elie tolère tous vos défauts. 2. Son grand-père ne tolère aucun gaspillage.
3. Vous tolérez qu'on vous dise cela? 4. il s'assurait que personne ne le regardait de
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travers car il ne l'aurait pas toléré. 5. Monsieur Chardin, je ne puis tolérer qu'un de
mes employés se permette chez moi des attitudes insolentes. 6. On ne peut lui
appliquer ce traitement qu'après avoir vérifié s'il peut le tolérer.
В Faites des phrases avec le verbe tolérer.
XVIII. Comment emploie-t-on le verbe entendre?
entendre qn, les paroles ou les écrits de qn = le comprendre laisser
entendre, faire entendre qch entendre qch,
entendre que + ind. - vouloir dire entendre + inf.,
entendre que + subj. = voutoir
Retenez:
ne rien entendre à qch = ne pas s'y connaître entente f
A Apprenez les exemples:
1. Si j'entends bien votre lettre, vous n'acceptez pas ma proposition. 2. Comment
entendez-vous cette phrase? 3. Poliment je lui ai laissé entendre que j'étais un adulte et
qu'il ne devait donc plus corriger mon comportement. 4. Il avait laissé entendre que
Préjean demandait à le voir. 5. L'ambassadeur s'est levé faisant entendre que
l'entretien était terminé. 6. Qu'entendez-vous par ces mots? 7. Le ministre a affirmé
que son gouvernement entend poursuivre la politique d'entente et de coopération
entre les deux pays. 8. J'entends que vous fassiez ce que vous avez promis. 9.
J'entends par là que tu veux nous quitter. 10. Je n'y entends rien.
В Dites en français:
1. Как вы понимаете его слова? 2. Она мне намекнула (дала понять), что
не потерпит подобного поведения. 3. Намекните ему, что его замечания
неуместны. 4. Что вы этим хотите сказать? 5. Я хочу сказать, что ты
недооцениваешь его способности. 6. Он хочет, чтобы я сделал то, что
обещал.
С Faites des phrases avec les verbes entendre (comprendre), laisser entendre, ne rien
entendre à qch.
XIX. Comment emploie-t-on le verbe s'entendre?
s'entendre sur qch, s'entendre pour + inf. = avoir les mêmes idées, se
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mettre d'accord
s'entendre sur un programme commun, etc.
s'entendre avec ses collègues, avec ses voisins
s'entendre à demi-mot
A Apprenez les exemples:
1. Lapie a pris chez lui le jeune homme. Ils ne se sont pas entendus. C'est
logique. Jacques est musicien et Lapie n'était pas homme à entendre chez lui racler du
violon ou jouer du saxophone. 2. Votre fils s'entend-il avec son père? 3. Ils s'étaient,
fort bien entendus tous les deux. 4. Nous nous entendons à demi-mot. 5. Il est venu
voir l'auteur pour s'entendre avec lui sur des questions de dates et de mise en
répétitions. 6. Nous nous sommes entendus pour ne rien entreprendre en son
absence.
В Employez le verbe s'entendre dans des phrases. С
Retenez:
entendu, -e adj
une affaire entendue = une affaire réglée
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