CELLULE GÉNÉRALITÉS La cellule constitue l'unité structurelle et fonctionnelle fondamentale des êtres vivants. Les formes de vie les plus simples sont représentées par des cellules uniques capables de se reproduire par duplication. Les organismes supérieurs c'est-à-dire presque toutes les plantes et les animaux, y compris l'homme - sont constitués de nombreuses cellules organisées en systèmes complexes qui ont des fonctions spécialisées et sont reliés entre eux par des systèmes de communication sophistiqués. Dès l'Antiquité, un philosophe comme Aristote était parvenu à la conclusion que les animaux et les plantes, si complexes soient-ils, sont formés de peu d'éléments qui se répètent dans chacun d'entre eux. Des siècles plus tard, avec l'invention de la lentille puis du microscope, il a été possible de confirmer ces hypothèses par l'observation directe. LA THÉORIE CELLULAIRE Le mot « cellule » fut utilisé pour la première fois par Robert Hooke (1665), pour décrire l’unité structurale du liège, à savoir des cavités délimitées par des parois de cellulose et de suber (liège). Au cours du XIXe siècle, par suite d'un grand nombre d'observations effectuées aussi bien par des botanistes que par des zoologues, on vit s'affirmer la théorie cellulaire, selon laquelle tous les organismes - qu’ils soient simples comme les Bactéries ou complexes comme les plantes et les animaux supérieurs - sont formés de cellules et de produits cellulaires. Certains d'entre eux sont formés d'une unique cellule autonome (ce sont les organismes unicellulaires), tandis que d'autres sont formés de plusieurs cellules différenciées du point de vue de la forme et des fonctions (ce sont les organismes pluricellulaires). La théorie cellulaire, qui représente l'une des principales généralisations dans le domaine biologique, a éclairé toutes les disciplines qui s'occupent de l'étude des êtres vivants. Une conséquence immédiate de cette théorie a été la constatation que chaque cellule ne peut que dériver de la division d'une autre cellule. Plus récemment, grâce aux progrès de la biochimie, on a pu démontrer qu'il existe des ressemblances fondamentales dans la composition chimique et dans le métabolisme de toutes les cellules. La théorie cellulaire implique que la fonction de l'organisme en tant que tout unique est le résultat de la somme des activités et des interactions des différentes unités cellulaires. PROCARYOTES ET EUCARYOTES Le monde des êtres vivants se divise en deux grandes branches selon le type de cellules qui les constituent. La première branche est celle des Procaryotes (du grec protos, primitif, et karion, noyau), qui comprend les organismes unicellulaires les plus simples, c'est-à-dire les Bactéries et les Algues bleues, dépourvus de membrane nucléaire : le matériel génétique n’est pas enfermé dans un noyau cellulaire mais est librement immergé dans le cytoplasme. La deuxième branche, 1 celle des Eucaryotes (du grec eu, vrai, et karion, noyau), comprend tous les autres êtres unicellulaires et pluricellulaires, les végétaux et les animaux, qui ont un noyau bien défini, avec une membrane qui sépare le matériel génétique du cytoplasme. Les cellules eucaryotes possèdent en outre une grande variété de compartiments internes et d'organites chargés d'assurer les fonctions cellulaires. Tous les organismes, qu’ils soient procaryotes ou eucaryotes, descendent d'une cellule commune, et se sont différenciés à travers le processus de l'évolution (voir également évolution des animaux et évolution des plantes). Les cellules les plus anciennes Il semble que la vie soit apparue sur la Terre il y a plus de 3 milliards d'années, au Précambrien inférieur, sous la forme de cellules procaryotes de type bactérien. Un événement crucial pour la formation de la première cellule a été le développement d'une membrane externe, c'est-à-dire d'une barrière séparant quelques macromolécules du milieu environnant. De cette façon, les protéines et les acides nucléiques, constituants fondamentaux de la cellule vivante, ont pu interagir dans un espace restreint. La première forme de sélection naturelle se serait exercée sur ces agrégats de molécules organiques enfermés dans des compartiments. Les agrégats les plus stables, renfermant des molécules protéiques ayant une plus grande efficacité enzymatique, auraient été favorisés par rapport aux agrégats moins stables et peu efficaces. Les premiers êtres vivants apparus sur la Terre, les Bactéries, représentèrent l'aboutissement d'une longue phase d'évolution primordiale au cours de laquelle, à partir de protorganismes renfermés dans une membrane, se seraient développées et affinées quelques-unes des fonctions premières de la vie, comme la reproduction et les processus métaboliques. Les Bactéries sont aujourd'hui encore les organismes les plus simples, présents dans la plupart des milieux naturels. Elles possèdent une forme sphérique ou en bâtonnet, et leur longueur est de quelques microns (le micron, ou micromètre, noté au moyen de la lettre grecque , est une unité de mesure correspondant à un millième de millimètre). Une épaisse paroi cellulaire renforce la membrane plasmique des Bactéries, à l'intérieur de laquelle se trouve un compartiment cytoplasmique sans organisation interne apparente, contenant l'ADN, l'ARN, des protéines et d'autres molécules. Quand il y a abondance de substances nutritives, une seule cellule procaryote se divise toutes les 20 minutes, donnant naissance de la sorte à 5 milliards de cellules (à peu près autant que la population humaine sur la Terre) en moins de 11 heures. Cette vitesse de reproduction permet aux Bactéries de s'adapter rapidement aux changements du milieu. En laboratoire, une population de Bactéries peut évoluer en quelques semaines par mutations spontanées et sélection naturelle, et devenir ainsi capable d'utiliser de nouveaux types de sucres (glucides) comme source de carbone. Il existe des espèces de Bactéries en mesure d'utiliser, pour se nourrir, pratiquement n'importe quelle molécule organique, y compris les acides aminés, les graisses (lipides), les polypeptides et les polysaccharides. Une Bactérie placée dans une solution saline en présence d'une seule source de carbone, telle que le glucose, doit passer par une série complexe de réactions enzymatiques pour pouvoir obtenir l'énergie nécessaire aux processus vitaux et à la synthèse des molécules organiques dont elle a besoin. 2 Au début de la vie sur la Terre, sans doute n'y avait-il pas besoin de tant de réactions métaboliques. Les Bactéries pouvaient utiliser les molécules organiques produites antérieurement à l'apparition de la vie sur la Terre, et encore présentes dans l'océan primordial (soupe primitive). Sous la pression de la sélection naturelle, et parallèlement à l'épuisement de cette réserve naturelle de substances nutritives, les Bactéries commencèrent à incorporer le gaz carbonique (CO 2) de l'atmosphère directement dans les composés métaboliques réduits (voir réactions d'oxydoréduction). En outre, au fur et à mesure que l'ammoniac (NH 3) disponible dans certaines parties du milieu venait à manquer, elles développèrent des voies métaboliques leur permettant de fixer l'azote atmosphérique (voir cycle de l’azote). Le développement de la photosynthèse représente une étape fondamentale dans l'évolution de la vie sur la Terre. C'est en effet grâce à elle que les Bactéries se transformèrent en organismes autotrophes, c'est-à-dire capables de produire les composés organiques dont ils ont besoin. Le processus photosynthétique, toutefois, nécessite que des molécules d'eau (H2O) se scindent pour former des ions hydrogène (H+). Ce processus a eu pour conséquence la libération de molécules d'oxygène libre (O2) (voir origine de l'oxygène). L'oxygène atmosphérique est un composé extrêmement réactif et hautement toxique pour certaines Bactéries. Avec l'augmentation de l'oxygène dans l'atmosphère, de nombreuses formes de Bactéries s'éteignirent, tandis que d'autres, telles que les Algues bleues, firent leur apparition et connurent alors un fort développement. Les cellules les plus complexes Le passage des Procaryotes aux Eucaryotes se fit probablement grâce à trois types différents de Bactéries, qui s’associèrent, commençant à vivre en symbiose (théorie endosymbiotique). Les principaux types de Bactéries qui vivaient sur la Terre avant l'apparition de la cellule eucaryote étaient les Bactéries aérobies, les Bactéries anaérobies et les Cyanophycées. Les Bactéries aérobies étaient capables d'oxyder l'oxygène (O 2) ; les Bactéries anaérobies pouvaient réaliser la fermentation des substances organiques avec un rendement énergétique beaucoup plus faible ; les Cyanobactéries pouvaient quant à elles utiliser la lumière du Soleil pour fabriquer de façon autonome des substances organiques complexes et riches en énergie à partir de gaz carbonique (CO2) et d'eau (H2O) (voir métabolisme cellulaire). L'hypothèse la plus communément admise suppose que la première cellule eucaryote s'est formée après que de petites Bactéries à respiration aérobie, apparues depuis peu sur la Terre, pénétrèrent dans une Bactérie anaérobie plus grande et instaurèrent un rapport de symbiose. Ces deux micro-organismes auraient tiré des avantages de cette association : les Bactéries aérobies se seraient trouvées dans un milieu protégé et riche en substances nutritives ; les Bactéries anaérobies auraient acquis la capacité d'utiliser l'oxygène, devenant métaboliquement plus actives. Étant donné l'augmentation continue de l'oxygène dans l'atmosphère, la sélection naturelle aurait joué en faveur de cette symbiose, qui aurait abouti à la formation d'une cellule eucaryote primordiale semblable à une amibe. Dans une telle cellule, les Bactéries aérobies hôtes, transmises lors de la division cellulaire, devinrent les premières mitochondries. Un deuxième groupe de symbiotes, Bactéries munies de flagelles, semblables aux spirochètes d'aujourd'hui, se fixèrent à sa surface, lui donnant la capacité de se déplacer volontairement dans le milieu, et donnant 3 naissance à une sorte d'« amibo-flagellé », ancêtre direct des Champignons et des animaux. Certaines de ces cellules eucaryotes primitives acquirent un autre symbiote capable de faire la photosynthèse d’une Cyanobactérie. Ces symbiotes devinrent des éléments transmissibles par division cellulaire, à la façon des mitochondries, c’est-à-dire les organites cellulaires appelés les chloroplastes. Ces cellules à chloroplastes constituent l’origine du règne végétal. Les cellules eucaryotes, ainsi définies parce que, à la différence ces cellules procaryotes, elles possèdent un noyau cellulaire, des chloroplastes et des mitochondries, sont dotées de nombreux autres organites ; elles présentent un grand nombre de membranes internes. En effet, des membranes nucléaires entourent le noyau, mais aussi les mitochondries et les chloroplastes. Une série de membranes forme le réticulum endoplasmique, sorte de compartiment labyrinthique où sont synthétisés les lipides et les protéines. Un ensemble de poches membranaires aplaties forment l'appareil de Golgi, système de distribution des substances élaborées à l'intérieur du réticulum endoplasmique. Les lysosomes aussi sont limités par des membranes qui empêchent les enzymes qu'ils contiennent d'attaquer et de détruire les propres protéines de la cellule. De la même façon, une membrane entoure les péroxysomes, qui contiennent des résidus métaboliques hautement toxiques pour la cellule. La quantité de membranes internes d'une cellule eucaryote permet d'augmenter sa surface d'échange ; elles servent également de substrat pour de nombreuses réactions métaboliques. Dans une cellule, dont le volume est égal à au moins mille fois celui de la cellule procaryote, cette augmentation de surface des membranes est indispensable. Suivant les lois de la géométrie, en effet, le volume augmente en raison du cube des dimensions linéaires, tandis que la surface augmente seulement en raison du carré desdites dimensions. Cela veut dire que, si une grande cellule eucaryote doit maintenir le même rapport surface-volume qu'une cellule procaryote, il lui faut augmenter sa surface cellulaire au moyen de plis, d'invaginations et de circonvolutions. Les membranes internes de la cellule contribuent activement à augmenter la surface de la membrane cellulaire externe en se fondant avec elle, par les processus d'endocytose et d'exocytose. MORPHOLOGIE ET PHYSIOLOGIE DE LA CELLULE Les cellules sont toutes semblables entre elles : leur diamètre est généralement compris entre 10 et 30 micromètres, elles sont composées des mêmes molécules de base, elles les élaborent à travers les mêmes types de réactions chimiques et elles ont en commun de nombreux organites et des structures identiques ou très semblables, telles que les membranes, le noyau cellulaire, les ribosomes, l'appareil de Golgi, le réticulum endoplasmique, les mitochondries et le cytosquelette. Pardelà cette uniformité de base, il existe des différences entre les cellules animales et les cellules végétales. Par rapport aux cellules animales, les cellules des plantes possèdent un revêtement supplémentaire, la paroi cellulaire, formée de cellulose. Les cellules végétales possèdent en outre des organites caractéristiques : les vacuoles, vésicules pleines d'eau contenant un certain nombre de substances en solution, et les chloroplastes, qui contiennent la chlorophylle et d'autres pigments. L'eau contenue dans les vacuoles confère une certaine rigidité à chaque cellule, et assure le maintien de la plante. C’est au sein des chloroplastes qu’est capturée l'énergie du Soleil et qu’elle est transformée en substances énergétiques - les sucres - grâce au processus de la photosynthèse chlorophyllienne. 4 LA MEMBRANE PLASMIQUE Chaque cellule est enfermée dans une membrane, une enveloppe protectrice de 812 nanomètres (nm), c'est-à-dire de 8-12 millionièmes de millimètre, qui délimite le compartiment cellulaire et la sépare du milieu environnant. La membrane joue à la fois le rôle d'un filtre et d'un moyen de transport. D'une part, elle contrôle l'entrée des substances nutritives et la sortie des déchets cellulaires et, d'autre part, elle crée un milieu interne différent du milieu externe. Elle a une autre fonction importante : celle de créer et de maintenir des concentrations intracellulaires d'ions spécifiques, c'est-à-dire d'atomes ou de groupes d'atomes portant une charge électrique. La membrane cellulaire fait également office de capteur des signaux provenant de l'extérieur, donnant de la sorte à la cellule la possibilité de répondre aux différents stimuli qu'elle reçoit. Les constituants principaux de la membrane plasmique sont les lipides (c'est-à-dire les graisses), les protéines et, dans certains cas, les hydrates de carbone (ou sucres, appelés aussi glucides). Les lipides sont les constituants fondamentaux de la membrane ; ils sont représentés principalement par les phospholipides, les glycolipides et les stérols. Les phospholipides sont des lipides complexes caractérisés par une tête polaire hydrophile (c'est-à-dire une extrémité portant une charge électrique négative soluble dans l'eau), et de longues queues apolaires hydrophobes (lesquelles, n'ayant pas de charge électrique, ne se mélangent pas avec l'eau). Ces caractéristiques moléculaires font que les phospholipides, plongés dans une solution aqueuse, forment une bicouche fluide dans laquelle les têtes hydrophiles entrent en contact avec l'eau, tandis que les longues queues hydrophobes se disposent vers l'intérieur, s'isolant du milieu aqueux. Cette bicouche lipidique de 5 nanomètres d'épaisseur sert de barrière presque imperméable au passage de substances solubles dans l'eau. Les glycolipides, tout comme les phospholipides, sont des lipides complexes dotés de têtes hydrophiles et de queues hydrophobes, tandis que les stérols sont complètement apolaires. Les hydrates de carbone sont présents dans la membrane sous la forme d'oligosaccharides, courtes chaînes formées par l'association de quelques molécules de sucres simples. Ces chaînes sont à leur tour liées à des protéines ou des lipides de membrane, formant respectivement des glycoprotéines et des glycolipides. Dans la bicouche lipidique sont immergées des molécules de protéines qui, grâce à la fluidité qui caractérise la membrane, peuvent changer de position en se déplaçant latéralement. Ces protéines (protéines intrinsèques) pénètrent partiellement ou bien traversent toute l’épaisseur de la membrane, et débordent sur l’une ou sur les deux surfaces, externe et interne. D’autres protéines, les protéines extrinsèques, sont dispersées sur la surface externe ou sur la surface interne de la membrane. Les protéines de membrane ont une fonction bien déterminée. Certaines transportent des substances spécifiques à l’intérieur et à l’extérieur de la cellule, d’autres forment des canaux ou des pores à travers lesquels peuvent passer les molécules polaires pour lesquelles la double couche lipidique constitue une barrière. Ils existe d’autres types de protéines tout aussi importantes : celles qui fonctionnent comme des récepteurs, autrement dit comme des sites spécifiques auxquels se lient des substances particulières comme les hormones, et celles qui jouent le rôle de catalyseurs de certaines réactions enzymatiques. 5 Le transport à travers la membrane Le passage de substances à travers la membrane peut se faire de façon passive, sans dépense d’énergie, ou bien de façon active, ce qui nécessite de l’énergie. Citons parmi les mécanismes de transport passif la diffusion et l’osmose. La diffusion se produit quand il existe une distribution différente d’une substance chimique simple, de faible poids moléculaire, entre l’extérieur et l’intérieur de la cellule. Les molécules se meuvent de façon chaotique et tendent à passer des zones où elles sont le plus concentrées vers les zones où elles sont le plus diluées. Le passage à travers la membrane se fait aussi bien de l’extérieur vers l’intérieur qu’en sens inverse, et continue jusqu’à ce qu’une concentration identique soit atteinte de part et d’autre de la membrane. La diffusion est un processus spontané qui concerne principalement les molécules d’eau (H2O), d'oxygène (O2), de gaz carbonique (CO2) et de quelques autres éléments chimiques. Puisque peu de substances parviennent à traverser la membrane plasmique par diffusion, il est inévitable que nombre d’entre elles présentent une concentration différente sur ses faces intérieures et extérieures. Cette différence de concentration crée un mouvement d’eau continuel, l'eau passant du milieu où la concentration de substances est la plus faible (hypotonique), vers le milieu dans lequel elle est plus forte (hypertonique). Ce flux d'eau spontané, qui a pour but d'équilibrer la concentration de deux solutions en vue de les rendre isotoniques, prend le nom d’osmose. Les processus spontanés de diffusion et d’osmose affectent peu de substances et ne suffisent pas à garantir à la cellule tous les échanges nécessaires au métabolisme. Pour faire passer à travers la membrane les nutriments essentiels ou les déchets métaboliques, les cellules ont développé des systèmes de transport actif très complexes, qui utilisent des canaux protéiques spécifiques, chacun permettant le passage d’une ou de plusieurs molécules. Ces canaux sont de véritables tunnels pratiqués dans la membrane, remplis d’eau, reliant la surface cellulaire externe avec le cytoplasme. Tandis que, dans les Bactéries, ces canaux ne font pas de distinction entre les différentes substances qui les traversent, ils sont très sélectifs dans les cellules animales et végétales. Les substances qui y transitent sont le plus souvent des ions (c’est-à-dire des atomes ou des groupes portant une charge électrique), comme l’ion sodium (Na+), l’ion potassium (K+), l’ion calcium (Ca2+) et l’ion chlorure (Cl-). Le passage de l’un ou l’autre de ces ions dans un canal déterminé dépend de son diamètre, qui doit être inférieur à celui du pore. De plus, les ions possèdent une charge électrique qui conditionne leur passage à travers les canaux protéiques : si la charge présente sur les parois du canal est la même que celle de l’ion, celui-ci ne pourra pas passer, tandis que si la charge est opposée à celle du canal, il sera attiré vers l'intérieur. Le passage d’un ion à travers un canal protéique est extrêmement rapide, de l’ordre de quelques millisecondes. Endocytose et exocytose Pour traverser la membrane plasmique, les ions et les petites molécules empruntent les canaux protéiques (voir transport à travers la membrane). Toutefois, de grosses molécules comme les acides nucléiques, les protéines et les sucres 6 complexes sont trop grandes pour pouvoir utiliser ce système de transport. C’est alors la membrane cellulaire elle-même qui opère le transport. De petites portions de membrane se soulèvent de façon continue au niveau de la surface cellulaire et s’unissent pour former des vésicules, qui se séparent et nagent librement vers l'extérieur ou vers l'intérieur de la cellule. Ce processus prend le nom d’endocytose quand la membrane cellulaire s'invagine, tournée vers l'intérieur de la cellule, et que les vésicules diffusent à l'intérieur des matériaux étrangers. Si au contraire la membrane présente une évagination et forme des vésicules qui conduisent des matériaux de la cellule vers l'extérieur, le processus prend le nom d'exocytose. Dans la vésicule nouvellement formée, on trouve les macromolécules qui étaient présentes à proximité de la membrane au moment du détachement. Si de très petites molécules sont transportées, le processus prend le nom de pinocytose. S'il s’agit de matériaux solides, on utilise le terme de phagocytose, et la vésicule est appelée phagosome. L’exocytose et l’endocytose se caractérisent par deux phases : a) le rapprochement progressif de deux points non adjacents de la bicouche lipidique ; b) la fusion des deux portions de membrane et la séparation de la vésicule nouvellement formée d'avec la membrane. On note que, lors de l’exocytose et de l’endocytose, les substances se meuvent à l'intérieur de la cellule sans entrer en contact direct avec d’autres molécules ou organites présents dans le cytoplasme, sauf ceux qui ont pour fonction de les élaborer ou de les dégrader. Les vésicules qui se forment par endocytose se fondent avec les lysosomes, organites contenant une grande variété d’enzymes hydrolytiques (hydrolyse) capables de décomposer les macromolécules en leurs constituants élémentaires. Seuls les produits de cette décomposition, les acides aminés, les sucres simples (glucides) et les nucléotides traversent la membrane du lysosome et parviennent dans le cytoplasme, où ils peuvent être utilisés par la cellule. Le lysosome secondaire ne contenant plus alors que des déchets du métabolisme peut être expulsé par exocytose. Au cours de l’exocytose, la cellule, élimine des déchets et libère à l'extérieur certaines substances élaborées précédemment (hormones, enzymes, neurotransmetteurs, etc.). Tandis que les déchets sont éliminés en permanence par la cellule, les produits de synthèse comme les hormones sont accumulés dans des vésicules de sécrétion spéciales, et ne sont libérés qu’à la suite d’un signal extracellulaire spécifique. Ce dernier type d’exocytose est caractéristique de cellules spécialisées dans la sécrétion. LA PAROI CELLULAIRE Chaque cellule végétale est délimitée par une paroi située à l'extérieur de la membrane plasmique, qui la distingue de la cellule animale plus que toute autre structure. La paroi cellulaire constitue un abri ou une « maison » pour la cellule ; elle en détermine la forme et est responsable de sa solidité. La cellule végétale, en effet, est toujours gonflée d’eau - on appelle cela la turgescence - puisqu’elle vit immergée dans un milieu hypotonique, c'est-à-dire dans un milieu où la concentration de solutés est moindre que la concentration intérieure (solution). Dans ces conditions, l’eau pénètre par osmose à l'intérieur de la cellule dans la vacuole jusqu’à ce que la paroi cellulaire forme obstacle à son passage, si bien que 7 la cellule reste toujours turgescente. Privée de paroi, la cellule végétale accumulerait de l’eau à l’infini, et finirait par éclater. Les parois cellulaires ont différentes fonctions qui, chez les animaux, sont remplies par le squelette, l’épiderme et le système circulatoire. Elles forment donc un revêtement pour chaque cellule et maintiennent la structure de la plante. De plus, elles constituent un système de canaux, appelé apoplaste, à l'intérieur duquel circulent les fluides. En effet, entre une cellule et une autre, il reste toujours un espace dans lequel circule l’eau et les diverses substances qui y sont dissoutes. La turgescence des cellules, liée à la présence des parois cellulaires, donne aux jeunes plantes leur forme rigide. La paroi cellulaire est également responsable des mouvements des plantes carnivores ou sensitives. La paroi primaire Les cellules jeunes et de petites dimensions sont délimitées par une paroi primaire, structure fine et semi-rigide qui en permet la croissance. Cette paroi est principalement constituée de cellulose, une macromolécule aplatie en forme de ruban, formée de nombreuses molécules de glucose liées entre elles et disposées l’une à la suite l’autre. Soixante ou soixante-dix éléments de cellulose s'unissent pour former des microfibrilles. Plusieurs microfibrilles s'associent, comme les fils d'une corde, pour former de longues macrofibrilles ou fibres, robustes, liées par une matrice de protéines et de polysaccharides en une structure comparable à celle du béton armé. La paroi cellulaire primaire gagne en épaisseur par suite du dépôt de nouveaux matériaux à l'extérieur de la cellule. Les matériaux qui constituent la matrice sont transportés vers l'extérieur par le processus de l'exocytose grâce aux vésicules de l'appareil de Golgi, tandis que la cellulose est synthétisée à l'extérieur par les enzymes situées sur la membrane plasmique de la cellule. La paroi secondaire Les cellules végétales naturelles possèdent une paroi secondaire rigide qui se forme sur la paroi primaire par suite du dépôt d'autres matériaux. Une fois que la cellule végétale a cessé de croître, de nouveaux matériaux continuent de se déposer aussi bien sur le côté interne de la paroi primaire, tourné vers la membrane plasmique, que sur la portion externe de la paroi, tournée vers l’extérieur de la plante. C'est ainsi que se forme la paroi secondaire, qui, selon la fonction de la cellule mûre, a une forme et une composition spécifiques. La cellulose, constituant important de cette paroi, se dépose généralement par couches successives autour de la cellule. Les microfibrilles (longues chaînes de cellulose associées par des laisons hydrogène) y sont disposées en hélices serrées dont le sens de l’enroulement est inversé d’une couche à la suivante. La paroi est aussi constituée de lignine, molécule complexe, rigide, qui se dépose surtout dans les cellules de soutien (bois, par exemple). La cutine, la subérine (subérification) et les cires sont des substances grasses et imperméables, qui se déposent sur les parois des cellules de revêtement dans le but de limiter les pertes d'eau de la plante. 8 LE CYTOPLASME L'intérieur de la cellule est rempli par le cytoplasme, une matrice aqueuse colloïdale qui contient des organites et des systèmes complexes de membranes comme le réticulum endoplasmique et l'appareil de Golgi. Le cytoplasme occupe à peu près la moitié du volume total de la cellule animale (moins pour la cellule végétale à cause de la présence de la vacuole). On y trouve toutes les substances chimiques vitales en dispersion, notamment les sels, les ions, les sucres, une grande quantité d'enzymes et de protéines, et une grande partie de l'ARN. L'eau constitue à elle seule près de 80 % du cytoplasme. En fonction des différentes conditions du milieu et des différentes phases d'activité de la cellule, le cytoplasme peut changer d'état physique en passant de façon réversible de l'état de gel à un état plus liquide. Dans le premier cas (cytogel), il est très visqueux et se présente sous la forme d'une masse solide, homogène et statique ; dans le deuxième cas (cytosol), il est peu visqueux et apparaît sous la forme d'une suspension liquide en mouvement. Généralement, les régions les plus périphériques du cytoplasme sont à l'état de gel, tandis que l'intérieur de la cellule est très fluide. Le cytoplasme, continuellement parcouru par des courants internes, sert de lieu de stockage à une grande quantité de matériaux indispensables à la vie. En outre, il est le siège d'importantes fonctions cellulaires comme la glycolyse anaérobie et la synthèse protéique. Le cytosquelette Dans les cellules eucaryotes, le cytoplasme contient une sorte de châssis formé de microtubules et de différents types de filaments et de microfilaments, qui constituent le cytosquelette. Ce dernier a de nombreuses fonctions. C'est lui qui confère à la cellule sa forme caractéristique et la dote de motilité en lui donnant la possibilité d'accomplir des mouvements amiboïdes. Le cytosquelette permet en outre les déplacements des organites cellulaires et coordonne des fonctions biologiques fondamentales, comme la division cellulaire. Dans les cellules végétales, la direction du trafic moléculaire assurée par le cytosquelette est très importante pour la croissance de la paroi cellulaire, car l'orientation des microfibrilles de cellulose qui sont associées à la paroi est déterminée par l'orientation des microtubules du cytosquelette. Les molécules et les protéines de petites dimensions sont diffusées dans le cytosol avec facilité, comme si elles étaient plongées dans l'eau, tandis que les vésicules de transport et les organites se déplacent très lentement et ont besoin de véritables moteurs protéiques qui, en utilisant l'ATP, les transportent d'un côté à l'autre de la cellule. Les déplacements de ces structures cellulaires se font grâce au cytosquelette. On peut concevoir le cytosol comme un milieu hautement organisé, où des filaments spécifiques jouent le rôle d'« autoroutes » capables de transporter des vésicules et des organites vers leur destination finale. Grâce au perfectionnement des techniques de microscopie électronique et aux études biochimiques et immunologiques, il a été possible de mettre en évidence la structure de ce réseau interne constitué de protéines fibreuses. Les microtubules sont des tubes creux très fins constitués d'une protéine appelée tubuline, qui existe sous deux formes moléculaires : et . Quand les molécules de tubuline s'agrègent, elles donnent naissance à des filaments (protofilaments) caractérisés par une alternance des deux types de tubuline. Dans chaque 9 microtubule, on trouve 13 protofilaments disposés parallèlement de façon à former un tube creux de quelques microns de longueur et d'environ 25 nanomètres de diamètre extérieur. Les microtubules sont des structures polaires caractérisées par une extrémité positive, à croissance rapide, et par une extrémité négative, à croissance lente ; ils se forment suivant un processus programmé. La cellule possède des centres d'organisation des microtubules, qui en dirigent la formation : les centrioles, les corpuscules basaux des cils et les centromères (voir centrioles). Dans le cas des microtubules évoluant librement dans la cellule, il existe un centre de formation principal à côté du noyau, constitué de deux centrioles perpendiculaires l'une à l'autre (asters), à partir desquelles les microtubules rayonnent, leurs queues négatives étant tournées vers le centre de la formation. Les microtubules sont des structures dynamiques qui se forment et sont détruites en permanence. Ce caractère hautement dynamique de la structure des microtubules explique toute une série de fonctions cellulaires importantes comme, par exemple, la motilité. Le mouvement cellulaire est dû à un réarrangement permanent du cytosquelette cellulaire. La direction particulière que les microtubules prennent à l'intérieur de la cellule en détermine la polarité, et cette dernière est à son tour responsable de la direction du mouvement cellulaire. Une fois que la cellule a cessé de se diviser, ou a trouvé un substrat sur lequel se fixer, la croissance des microtubules peut être stabilisée par des protéines spéciales, au nombre desquelles les protéines associées aux microtubules (ou MAP). En se stabilisant, les microtubules prennent une position finale, qui confère à la cellule une morphologie spécifique. Les microfilaments, présents sous la membrane cellulaire, dans l'interface entre cytogel et cytosol et aux points où naissent les courants cytoplasmiques, sont des filaments protéiques de 5-6 nanomètres de diamètre, constitués d'une protéine appelée actine contenue en grande quantité dans les muscles. Les filaments intermédiaires, enfin, ont un diamètre de 8-10 nanomètres et contribuent à la motilité cellulaire. La vacuole Toutes les cellules végétales présentent une poche ou vésicule pleine d'eau contenant en solution des sels et diverses substances. La membrane qui le délimite, dite tonoplaste, est responsable du « tonus », c'est-à-dire de la tension cellulaire. À travers cette membrane, en effet, la vacuole reçoit ou perd de l'eau, ce qui a pour effet de modifier la turgescence de la cellule végétale. La cellule jeune se caractérise par plusieurs vacuoles de petites dimensions qui, dans la cellule mûre, se fondent ensemble pour former une seule grande vacuole occupant 80 % du volume cellulaire. Le cytoplasme, le noyau et les chloroplastes, avec les autres organites cellulaires, sont ainsi relégués dans une position marginale, derrière la paroi végétale. La vacuole assure la croissance de la cellule végétale en absorbant de l’eau, le principal constituant du suc qu'elle contient, car la production de nouveau cytoplasme serait trop coûteuse pour la cellule. Les autres constituants du suc vacuolaire, qui varient dans les différentes plantes ainsi que dans les différents tissus d'une même plante, sont les acides aminés, les sucres, les protéines, les substances minérales ou de réserve, les déchets et les pigments. Cette vésicule contient par conséquent les substances les plus diverses, 10 qui peuvent être accumulées ou mobilisées dans la cellule selon ses nécessités de croissance ou les conditions extracellulaires. La vacuole a souvent une action de détoxification : elle stocke des substances qui, accumulées en trop grande quantité, pourraient nuire au cytoplasme (par exemple, les substances toxiques destinées à lutter contre les ravages des herbivores et qui sont diffusées hors des vacuoles lorsque l'animal s’attaque à la plante). La vacuole contient aussi quelques pigments, dits antocyanines, responsables des couleurs bleue, violette, rouge pourpre ou rouge foncé des fleurs, fruits et tiges. Ce sont ces mêmes pigments qui se forment chaque année en réponse au froid, en même temps que la dégradation de la chlorophylle, donnant aux feuilles leur coloration automnale caractéristique. Parfois, comme dans l'érable rouge, ils sont présents dans des quantités telles qu'ils masquent la couleur verte de la chlorophylle des feuilles. La vacuole remplit une autre fonction importante, semblable à celle des lysosomes de la cellule animale. Elle est capable d'englober et de dégrader des organites cellulaires vieillis comme les ribosomes, les mitochondries ou les plastides. Cils et flagelles Comme le cytosquelette, les cils et les flagelles, prolongements mobiles très fins présents à la surface de nombreux types de cellules, sont formés de microtubules organisés de façon spécifique. Les cils sont des appendices semblables à des cheveux, de 0,25 micron de diamètre et de 5-10 microns de longueur. À l'intérieur, ils sont constitués d'un axonème, une structure formée d'un long faisceau de microtubules parallèles présentant une disposition géométrique précise : 9 couples de microtubules périphériques entourent un couple de microtubules central. Présents à la surface de nombreux types de cellules, les cils ont pour fonction de déplacer les liquides extracellulaires, mais peuvent aussi doter certaines cellules de mouvement. Les cils ont un battement pendulaire et présentent un mouvement coordonné, créant une ondulation à la surface de la cellule. Les Protozoaires utilisent les cils aussi bien pour se déplacer que pour se procurer des particules de nourriture. Leur battement leur permet d’incorporer les particules qui se trouvent dans les liquides extérieurs à la cellule. Dans le cas des cellules épithéliales du système respiratoire de l'homme, les cils (environ 1 milliard par centimètre carré) déplacent le mucus, avec les particules de poussières et de cellules mortes, vers la bouche, où il est englouti et éliminé. Quant aux cils présents dans l'épithélium des oviductes, ils servent à mouvoir les ovocytes le long de ces canaux (voir appareil reproducteur féminin). Les flagelles, qui sont caractéristiques des spermatozoïdes et de certains Protozoaires, possèdent la même structure interne que les cils, mais sont beaucoup plus longs. Les flagelles sont généralement indépendants et présentent un mouvement ondulant. Le mouvement des cils et des flagelles est produit par le froncement de l'anoxème. Cette structure a un arrangement géométrique précis et caractéristique : neuf paires de microtubules régulièrement espacés forment une architecture cylindrique dont l’axe est occupé par une paire de microtubules centraux. Chacun des microtubules centraux a des bras en forme de bâtonnets incurvés qui se détachent perpendiculairement des microtubules externes et se dirigent vers le doublet voisin. La cohésion de l’axonème est assurée par des ponts qui unissent les microtubules 11 de doublets voisins et des fibres rayonnantes qui relient les microtubules externes au manchon qui enveloppe la paire de tubules centraux. Le mouvement du cil dérive du glissement des couples latéraux de microtubules l'un par rapport à l'autre. Les bras des microtubules externes contiennent une protéine particulière, la dynéine. Elle est constituée d’une tête capable d’utiliser l'énergie issue de l'hydrolyse de l'ATP pour accrocher et faire se déplacer les couples de microtubules latéraux vers le sommet de l'axonème, selon un mécanisme très semblable à celui qu'utilise la myosine pour la contraction musculaire (voir mécanisme moléculaire de la contraction). Les Bactéries aussi possèdent des flagelles, mais ils sont complètement différents de ceux des Eucaryotes. Leur structure est beaucoup plus simple : ils sont constitués de deux à cinq sous-fibrilles enroulées en hélice, contenant une protéine spécifique appelée flagelline. Chaque flagelle est attaché à un corps cylindrique par un crochet souple. Ce cylindre peut être comparé à un petit moteur en mesure d'utiliser l'énergie dérivant des différences de concentration d'ions hydrogène (H +) présents sur les deux côtés de la membrane cellulaire. Les centrioles Les centrioles sont de petits organites cylindriques et creux, de 0,2 micron de largeur et de 0,4 micron de longueur. Chaque centriole est formé de 9 triplets de microtubules parallèles et liés entre eux et au centre du cylindre par des bras protéiques qui forment une structure semblable à la roue d'un char. Les centrioles se trouvent souvent par couples, disposés perpendiculairement l'un à l'autre. Les centrioles sont les centres organisateurs de la structure interne des cils et des flagelles (dans les flagelles, on les appelle corpuscules basaux). Il s’agit de corps cylindriques creux ouverts aux deux extrémités. Dans la paroi dense du cylindre, se trouvent inclus des groupes de trois éléments tubulaires qui sont disposés sur une seule rangée. Toutes les cellules possèdent une structure appelée centrosome, constituée d'un couple de centrioles, qui sert à organiser les microtubules du cytosquelette durant l'interphase (la période du cycle cellulaire entre deux divisions successives) et qui se reproduit au moment de la mitose, pour donner naissance aux deux pôles du fuseau mitotique. Les lysosomes Dans le cytoplasme des cellules eucaryotes sont présents des organites de forme, de nombre et de dimensions variables, qui peuvent être considérés comme l'« estomac » de la cellule. Ce sont les lysosomes, vésicules contenant une très haute concentration d'enzymes digestives (ou hydrolases) qui sont utilisées pour dégrader les macromolécules. Leur nom dérive du grec lithos, pierre, et soma, corps, en raison de l'aspect granulaire que présentent certains des matériaux qu'ils contiennent. Les lysosomes se forment et se détachent de l'appareil de Golgi, et se déplacent vers l'extérieur de la cellule pour aller se fondre avec la membrane plasmique. Pendant le parcours, ils peuvent s'unir aux vacuoles alimentaires (voir endocytose et exocytose) et y verser leur contenu, de façon à former un lysosome secondaire (appelé aussi phagosome ou pinosome selon que la vacuole s'est formée par 12 endocytose ou par exocytose), ou bien se fondre directement avec la membrane plasmique, sécrétant à l'extérieur de la cellule les enzymes lysosomiales. À l'intérieur des lysosomes, on trouve environ 40 enzymes hydrolytiques différentes : protéase, nucléase, glycosidase, lipase et d'autres encore. Elles sont toutes actives dans un milieu très acide. Étant donné que ces enzymes sont capables de digérer tous les types de macromolécules, y compris celles qui constituent les membranes biologiques, il est très important qu'elles restent bien séparées du cytoplasme et des autres organites de la cellule. À cette fin, la membrane des lysosomes possède des caractéristiques particulières : elle ne peut pas être attaquée par les hydrolases, elle empêche la diffusion de macromolécules et sélectionne les produits de la digestion qui doivent être libérés dans le cytoplasme pour y être réutilisés. De plus, la membrane reconnaît de façon spécifique les autres membranes auxquelles elle doit se fondre, mécanisme qui est responsable de la fonction lysosomiale. C'est pourquoi il n'arrive jamais que les lysosomes s'unissent à d'autres organites cellulaires, à moins que ceux-ci ne doivent être détruits, alors qu'ils se fondent en permanence avec les vésicules qui se forment par endocytose et avec la membrane plasmique. Les lysosomes remplissent deux fonctions fondamentales : l'hétérophagie, qui est la digestion de matériaux provenant de l'extérieur, qu'il s'agisse de substances alimentaires ou d'organismes pathogènes ; et l'autophagie, qui est la digestion de certaines portions de la cellule par elle-même. Cette deuxième fonction est essentielle aussi bien dans les processus de développement, pour lesquels il est très important de recycler certains matériaux cellulaires, que, pour assurer une vie saine aux cellules. Ce processus permet en effet aux cellules de se débarrasser de substances toxiques qui, en s'accumulant, pourraient l'endommager. Les cellules ou les tissus dans lesquels ce recyclage n'a pas lieu subissent en effet une détérioration précoce. Dans les processus d'hétérophagie, les substances à digérer, après avoir pénétré à l'intérieur de la cellule avec les vésicules qui se sont formées par endocytose, passent à travers un compartiment intermédiaire acidifié appelé endosome et parviennent jusqu'au lysosome, où la digestion est accomplie. Si les lysosomes digèrent des portions cellulaires devenues inutiles, celles-ci sont renfermées dans une membrane de façon à former un autophagosome qui, par la suite, se fond avec un lysosome. Les péroxysomes Presque tous les types de cellules eucaryotes contiennent des organites spécialisés, dont la fonction est d'assurer les réactions d'oxydation en utilisant de l'oxygène moléculaire (O2). Ces organites, appelés péroxysomes ou microbodies, sont très hétérogènes. Ils sont riches en enzymes particulières, notamment la catalase et certaines oxydases. Il s’agit de vésicules d'un diamètre moyen de 0,5 micron, entourés d'une membrane unique et se formant par détachement du réticulum endoplasmique. Les péroxysomes se trouvent en abondance dans les cellules hépatiques, dans les cellules rénales et dans de nombreux autres types de cellules, aussi bien animales que végétales. Leur nom dérive des réactions d'oxydation particulières qui s'y déroulent : les péroxydations. Au cours de ces réactions qui utilisent l'oxygène, les composés organiques se voient enlever des atomes d'hydrogène, ce qui donne lieu à la formation d'eau oxygénée (H2O2), un composé hautement toxique qui est 13 ensuite utilisé par la catalase pour oxyder (peroxyder) d'autres substrats comme les alcools, les phénols ou le formaldéhyde. Ce type de réaction d'oxydation revêt un caractère particulièrement important dans les cellules hépatiques et rénales, puisqu'il contribue à éliminer les substances toxiques qui entrent dans le circuit sanguin. C'est ainsi que la moitié de l'alcool que nous buvons est oxydée en acétaldéhyde grâce aux réactions d'oxydation qui ont lieu dans les péroxysomes du foie et du rein. La fonction d'utilisation de l'oxygène moléculaire rapproche les péroxysomes des mitochondries. Toutefois, à la différence de ces dernières, les péroxysomes ne possèdent pas de structure complexe à double membrane, ADN et ARN. Les péroxysomes actuels seraient les descendants d'anciens organites. Lorsque l'oxygène atmosphérique s’est mis à augmenter sous l’action des Bactéries photosynthétisantes (voir photosynthèse crée une nouvelle atmosphère), les péroxysomes se seraient révélés particulièrement importants pour faire baisser la concentration d'oxygène dans les cellules. En outre, ils utilisèrent de façon très avantageuse la haute réactivité de l'oxygène au cours des réactions d'oxydation. Avec l'évolution des mitochondries, ces organites auraient perdu de leur importance dans le métabolisme cellulaire, en particulier en ce qui concerne l'utilisation de l'oxygène moléculaire, restant utiles toutefois grâce aux réactions de détoxication qu'ils assurent. Les mitochondries Toutes les cellules des Eucaryotes contiennent des générateurs d'énergie extrêmement efficaces : les mitochondries, organites de forme cylindrique de 7 microns de longueur environ, et d'un diamètre compris entre 0,5 et 1 micron, dans lesquelles a lieu la respiration cellulaire. Le nombre des mitochondries est extrêmement variable : les tripanosomes, Protozoaires flagellés, en ont une seule tandis que les cellules du foie et des muscles des Métazoaires peuvent en contenir des milliers. Les mitochondries sont souvent associées aux microtubules du cytosquelette, qui en déterminent l’orientation et la distribution dans la cellule. Les mitochondries peuvent s’associer par filaments ou se disperser. Elles sont très facilement déformables par les mouvements du cytoplasme. Les mitochondries ont des dimensions très voisines des Bactéries. Elles sont revêtues de deux membranes qui jouent un rôle essentiel dans le métabolisme, elles contiennent leur propre ADN et peuvent se reproduire de façon autonome, indépendamment de la division cellulaire. En outre, elles sont dotées d'ARN et de ribosomes qui leur permettent de synthétiser quelques protéines. Lors de la reproduction, les mitochondries des animaux supérieurs ne se transmettent que par voie maternelle. En effet, bien qu'elles soient présentes aussi bien dans les ovocytes (les cellules reproductrices femelles) que dans les spermatozoïdes (les cellules reproductrices mâles), ces derniers ne donnent que leur ADN au moment de la fécondation. Les deux membranes qui limitent les mitochondries créent deux compartiments séparés : la matrice interne et un espace intermembranaire, beaucoup plus petit. La membrane externe contient un nombre élevé de copies d'une protéine appelée porine qui forme des canaux perméables d'une taille maximum de 10 000 daltons. D’autres enzymes, participant à la synthèse et au métabolisme des lipides, sont aussi présentes sur cette membrane. 14 La membrane interne est repliée en de nombreuses crêtes qui en augmentent la surface globale. La matrice interne contient des substances importantes pour le processus de respiration cellulaire : les enzymes, les coenzymes et les phosphates. La membrane interne contient des protéines ayant trois fonctions différentes : certaines sont impliquées dans les réactions d'oxydation de la chaîne respiratoire ; d'autres sont des protéines de transport spécifiques qui régulent le passage de substances au travers de la matrice ; le dernier groupe, enfin, est constitué d'un complexe enzymatique appelé ATP synthétase, qui synthétise l'ATP, un composé particulier qui joue le rôle de stockeur d'énergie. La matrice contient un concentré de centaines d'enzymes utilisées pour l'oxydation de substances organiques et impliquées dans une séquence cyclique de réactions, connue sous le nom de cycle de Krebs, au cours duquel de l'énergie est libérée. La matrice contient aussi de nombreuses copies d'ADN mitochondrial, de ribosomes mitochondriaux structurellement différents des ribosomes cytoplasmiques, d'ARN de transport, d'ARN messagers, facteurs de la synthèse protéique, et d'enzymes nécessaires à l'expression des gènes mitochondriaux et à leur réplication (voir aussi ADN). Certaines caractéristiques des mitochondries, comme la présence d'un système permettant la synthèse protéique, la capacité de s'autoreproduire, l’existence d'une double membrane, rendent ces organites extrêmement intéressants pour l’étude de l'évolution des cellules eucaryotes. Selon une théorie proposée par la biologiste américaine Lynn Margulis, les mitochondries auraient été à l'origine des Bactéries aérobies, qui se servaient d'oxygène pour la respiration cellulaire. Ces organismes auraient été incorporés dans les cellules eucaryotes à travers un processus d'endosymbiose. En d'autres termes, certaines Bactéries libres auraient commencé à mener une vie en association étroite avec d'autres organismes unicellulaires incorporés à leur cytoplasme. De cette façon, la cellule hôte aurait bénéficié de l'énergie produite par la Bactérie aérobie, tandis que cette dernière, en échange, aurait pu disposer d'une source plus efficace de substances nutritives (voir aussi cellules plus complexes). Les plastes Les cellules végétales contiennent les plastes, des organites caractéristiques délimités par deux membranes, contenant de l'ADN et capables de se diviser à l'intérieur de la cellule. Il s'agit de très petits corps incolores qui sont appelés protoplastes dans les jeunes cellules indifférenciées et se transforment ensuite en chloroplastes, chromoplastes et amyloplastes selon les fonctions exprimées par les différents types de cellules. Dans une cellule végétale, on constate une relation très étroite entre les différents plastes : les chloroplastes peuvent se transformer en amyloplastes et réciproquement, ou en chromoplastes. Les chloroplastes Les chloroplastes sont des organites caractéristiques de la cellule végétale. Ils appartiennent au groupe des plastes. C'est au sein des chloroplastes qu'a lieu la photosynthèse. Ils sont de couleur verte car ils contiennent essentiellement de la chlorophylle (voir pigments pour la photosynthèse). 15 Dans les plantes supérieures, chaque cellule contient de 40 à 50 chloroplastes en forme de lentille. À l'intérieur de chaque chloroplaste, certaines membranes internes, dites thylacoïdes, sont plongées dans une substance incolore appelée stroma. Les thylacoïdes, semblables à des sacs aplatis, sont disposés l'un sur l'autre comme des pièces de monnaie formant des piles que l'on appelle grana. Les grana sont reliés à leur tour par des connexions appelées intergrana. Dans les grana sont englobées les molécules de chlorophylle qui, avec d'autres pigments comme les caroténoïdes, assurent la phase lumineuse de la photosynthèse. La phase obscure a lieu dans le stroma, où se trouvent toutes les enzymes qui participent à la synthèse du glucose. Certains chloroplastes possèdent des gouttelettes lipidiques ou des granulés d'amidon. Il s'agit de produits de réserve temporaires, qui s'accumulent durant la phase active de la photosynthèse. Dans les Algues, dans les Mousses et dans les Fougères, les chloroplastes peuvent même se développer dans le noir, à la différence des chloroplastes des plantes à fleurs (Angiospermes), qui ont besoin de lumière. Les plantes qui croissent dans le noir ont des feuilles jaunes, à l'intérieur desquelles se développent d'autres organites, les étioplastes. Ces derniers possèdent des membranes plongées dans le stroma qui ne peuvent évoluer dans les grana des chloroplastes qu'une fois que la plante a été transférée à la lumière. Les amyloplastes Les amyloplastes sont des organites cellulaires caractéristiques des cellules végétales, de forme sphérique ou filamenteuse, qui appartiennent au groupe des plastes. Ils sont dits aussi plastes incolores parce qu'ils sont dépourvus de pigments. Ils accumulent des substances de réserve comme l'amidon, mais aussi des huiles ou des protéines. Ils sont abondants dans certaines parties de la plante comme les racines, les bulbes ou les tubercules. Les chromoplastes Les chromoplastes sont des organites de forme lenticulaire, triangulaire ou arrondie, caractéristiques des cellules végétales, qui appartiennent au groupe des plastes. Ils se trouvent surtout dans les fleurs et dans les fruits jaunes, oranges et rouges, parce qu'ils contiennent des pigments caroténoïdes. Ils naissent souvent de la dégénération des autres plastes comme les chloroplastes et les amyloplastes. Pendant la maturation des fruits, par exemple, les chromoplastes accumulent des caroténoïdes et se transforment en chromoplastes. L'appareil de Golgi Localisé à proximité du noyau dans les cellules eucaryotes, l'appareil de Golgi est considéré comme une structure de transition entre le réticulum endoplasmique et l'espace extracellulaire. Formé de saccules parallèles et de vésicules arrondies plus petites, cet appareil est le lieu de transit et d'élaboration de nombreuses substances, qui sont modifiées, concentrées ou triées dans d'autres parties de la cellule. Dans les cellules animales, l'appareil de Golgi est distinct en deux parties (cis et trans) et a pour fonction fondamentale de modifier la structure de protéines 16 qu'il reçoit du réticulum endoplasmique granulaire. Dans les cellules végétales, cette structure a une forme et des fonctions différentes. L'appareil de Golgi se compose de différents ensembles de citernes plates revêtues d'une membrane et disposées de façon à former un empilement. Ces ensembles sont appelés dictyosomes et sont normalement formés de 4 à 6 citernes, chacune de 1 micron de diamètre. Leur nombre et leurs dimensions à l'intérieur des cellules sont variables. Dans la même cellule, on peut en trouver un seul de grandes dimensions ou bien plusieurs centaines de dimensions très réduites. En ce qui concerne les cellules animales, les dictyosomes y sont normalement associés à une grande quantité de petites vésicules, parfois limitées une enveloppe, qui sont regroupées le long des bords de chaque citerne sur le côté tourné vers le réticulum endoplasmique. Le transit de protéines et de lipides dans les différents compartiments de l'appareil de Golgi est continu. On pense que les vésicules servent au transit de substances entre l'appareil de Golgi et l’extérieur, et, à l'intérieur de l'appareil de Golgi, entre les citernes. Dans les cellules animales, le dictyosome est caractérisé par la distinction entre une face de formation (appelée « cis »), tournée vers le réticulum endoplasmique, et une face distale ou de maturation (appelée « trans »), orientée vers la membrane plasmique. La portion cis est intimement associée à des éléments de transition du réticulum endoplasmique, tandis que la portion trans s'étire en un réticulum de tubules. L'une des fonctions principales de l'appareil de Golgi dans les cellules animales est la glycosylation, c'est-à-dire l'ajout d'une portion glucidique oligosaccharidique (les oligosaccharides sont des sucres simples) aux lipides et aux protéines pour former des glycolipides et des glycoprotéines. Les protéines à modifier arrivent du réticulum endoplasmique dans le cis Golgi, puis passent d'une citerne à l'autre et sont transférées au trans Golgi, où la glycosylation est accomplie. Au niveau de la portion marginale tubulaire de l'appareil de Golgi, les protéines sont conservées dans des vésicules et envoyées vers leur destination finale, que celle-ci soit la membrane plasmique, une autre membrane interne ou une vésicule de sécrétion. L'appareil de Golgi produit aussi les lysosomes, qui se détachent de ses citernes, comme d'autres vésicules, et qui contiennent une concentration élevée d'enzymes digestives. La destination des produits élaborés est probablement contrôlée par des récepteurs spécifiques présents sur les membranes de l'appareil de Golgi, qui envoient chaque substance vers le siège approprié. Au niveau de la portion trans de l'appareil de Golgi, les protéines, empaquetées dans des vésicules de sécrétion, peuvent suivre deux voies : la voie constitutive et la voie régulée. Dans le cas de molécules envoyées à la membrane plasmique, la première voie permet un flux continu vers l'extérieur. Certaines protéines sont incorporées dans la membrane, qui est ainsi rénovée en permanence, et d'autres sont libérées à l'extérieur de la cellule par exocytose. Tandis que toutes les cellules possèdent une voie de sécrétion constitutive, certaines cellules spécialisées dans la sécrétion de protéines déterminées font usage d'une voie de sécrétion alternative, la voie régulée. Les protéines destinées à la sécrétion régulée sont condensées dans des vésicules revêtues d'une épaisse membrane. Ces vésicules de sécrétion qui ont quitté l'appareil de Golgi ne se fondent pas immédiatement avec la membrane plasmique, mais restent dans le cytoplasme jusqu'à ce qu'un signal cellulaire en stimule la libération (vésicules de sécrétion). Le réticulum endoplasmique 17 Le réticulum endoplasmique est formé d'une seule membrane enroulée sur ellemême (qui représente à elle seule plus de la moitié des membranes présentes dans une cellule eucaryote). Il s'agit d'un réseau complexe de citernes aplaties et de tubules intercommunicants, au niveau desquels ont lieu les processus de biosynthèse cellulaire. Le réticulum ne fait pas qu’élaborer des macromolécules, il est aussi chargé de conserver et de canaliser les substances qui sont transportées dans la cellule. La membrane qui sépare la lumière du réticulum endoplasmique d'avec le cytoplasme assure la médiation du transport de molécules spécifiques entre ces deux compartiments cellulaires. Le passage de substances entre le réticulum et l'appareil de Golgi se fait grâce à des vésicules de transport spéciales. C'est dans le réticulum endoplasmique que sont fabriquées toutes les macromolécules destinées aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la cellule, à l'exception des molécules synthétisées dans les mitochondries et dans les chloroplastes. Les protéines de membrane et les lipides du réticulum endoplasmique, de l'appareil de Golgi, des lysosomes et de la membrane plasmique sont tous synthétisés en association avec la membrane du réticulum endoplasmique. Les protéines présentes dans l'espace interne (ou lumière) du réticulum endoplasmique, de l'appareil de Golgi et des lysosomes, ainsi que les protéines destinées à l'extérieur de la cellule, sont initialement libérées dans la lumière du réticulum. Dans le réticulum endoplasmique, on distingue deux portions : le réticulum endoplasmique rugueux, dont la surface externe est couverte de ribosomes, et le réticulum endoplasmique lisse, privé de ces particules. Les ribosomes, c'est-à-dire les sites où se déroule la synthèse protéique, ne présentent pas de différences structurelles ou fonctionnelles. Ils fluctuent dans le cytoplasme et se lient au réticulum endoplasmique uniquement s'ils sont en train de synthétiser une protéine destinée à ce compartiment cellulaire. Le transfert de protéines à l'intérieur du réticulum endoplasmique se fait avant que la chaîne protéique en cours de formation ait été complètement synthétisée. Pour qu'une protéine soit transférée dans le réticulum endoplasmique durant sa synthèse, le ribosome auquel elle se trouve accrochée doit à son tour s'ancrer à la membrane endoplasmique du réticulum endoplasmique. C'est l'ensemble des ribosomes attachés à la membrane qui confère au réticulum endoplasmique son aspect rugueux caractéristique, et c'est la chaîne naissant de la protéine qui dirige le ribosome vers le réticulum endoplasmique. Un récepteur présent sur la membrane du réticulum reconnaît une séquence particulière d'acides aminés, la séquence signal, de la chaîne qui vient de commencer à se former, l'accroche et la conduit au contact de la surface de la membrane elle-même. La chaîne naissante de la protéine doit alors traverser la membrane du réticulum endoplasmique et, selon qu'il s'agit d'une protéine soluble ou d'une protéine intégrable de membrane, elle est libérée dans la lumière du réticulum endoplasmique ou bien elle reste partiellement ancrée à la membrane. Dans le réticulum endoplasmique rugueux, de nombreuses protéines sont glycolysées par ajout d'oligosaccharides, un processus qui conduit à la formation des glycoprotéines (voir aussi appareil de Golgi). En outre, beaucoup de lipides de membrane, tels que les phospholipides et le cholestérol, sont synthétisés sur la portion cytosolique de la membrane du réticulum endoplasmique lisse. La plupart des cellules contiennent une petite quantité du compartiment membranaire du réticulum endoplasmique dépourvu de ribosomes : le réticulum 18 endoplasmique lisse. Toutefois, dans certaines cellules spécialisées, le réticulum endoplasmique lisse peut être très abondant, comme dans les cellules du foie. Le réticulum endoplasmique lisse remplit des fonctions différentes selon les cellules où il se trouve. Dans les cellules hépatiques, par exemple, il est spécialisé dans la production de lipoprotéines et dans la détoxication de composés solubles dans les lipides. Dans des situations particulières, par exemple après la prise de certains médicaments qui nécessitent une plus grande capacité fonctionnelle de cette structure, le réticulum endoplasmique lisse des cellules hépatiques peut doubler de surface en quelques jours, puis revenir aux dimensions d'origine. En général, un grand développement du réticulum endoplasmique rugueux est indicatif d’une grande activité de synthèse des protéines. Les cellules où le réticulum endoplasmique lisse est particulièrement abondant sont quant à elles spécialisées dans l'élaboration des lipides et dans le métabolisme du glycogène. Les ribosomes Les cellules eucaryotes, tout comme les cellules procaryotes, contiennent des ribosomes, particules cellulaires formées d'ARN et de protéines impliquées dans la synthèse protéique. Dans les cellules eucaryotes, les ribosomes sont d'environ un tiers plus gros que dans les cellules procaryotes, et ils peuvent évoluer librement dans la matrice cytoplasmique ou bien adhérer aux membranes du réticulum endoplasmique. Dans les cellules spécialisées dans la synthèse et dans la sécrétion des protéines, plus de 90% des ribosomes sont associés aux membranes du réticulum endoplasmique rugueux. Les ribosomes sont de petits corps sphéroïdaux qui, dans les cellules eucaryotes, ont un diamètre de 23 nanomètres, un coefficient de sédimentation de 80S. Ils sont formés de deux sous-unités, l'une plus grande de 60S, et l'une plus petite de 40S (la notation S ou Sveldberg, qui indique le coefficient de sédimentation, est une unité de mesure du poids moléculaire des grandes molécules organiques déterminé par ultracentrifugation). Chaque sous-unité ribosomale est à son tour formée de protéines et de différents types d'ARN, dits ARN ribosomaux. La sous-unité la plus grande comprend de l'ARN 28S, de l'ARN 5,8S et de l'ARN 5S ; la sous-unité la plus petite ne contient que de l'ARN 18S. Les Procaryotes possèdent par contre des ribosomes ayant un coefficient de 70S, provenant de l'union de deux sousunités de 50S et de 30S, formées à leur tour de molécules d'ARN de dimensions plus petites et de protéines. Dans les cellules eucaryotes, on trouve des ribosomes même à l'intérieur des mitochondries et des chloroplastes, mais ceux-ci ont des dimensions inférieures par rapport aux ribosomes cytoplasmiques, et sont grands comme ceux des Bactéries. Chez les Eucaryotes, les ribosomes sont assemblés à l'intérieur du nucléole. Les ARN 18S, 5,8S et 28S sont synthétisés dans le nucléole sous la forme d'un précurseur moléculaire de dimensions bien supérieures ; l'ARN 5S est synthétisé en dehors du nucléole, dans le nucléoplasme, et les protéines ribosomales sont renvoyées par le cytoplasme vers le noyau. Une fois prêts, tous les composants migrent dans le nucléole où ils sont associés pour former les sous-unités du ribosome. Celles-ci sont ensuite transférées séparément du noyau au cytoplasme. Une fois parvenues dans le cytoplasme, les sous-unités sont regroupées en ribosomes et commencent leur activité de synthèse en traduisant les messages qui arrivent du noyau sous forme d'ARN messager (voir transcription et la traduction). 19 Pendant la synthèse protéique, il arrive souvent que de nombreux ribosomes s'attachent à une molécule d'ARN messager, formant de la sorte des agrégats connus sous le nom de polyribosomes. Dans chaque ribosome, la sous-unité la plus grande dispose d’une surface concave qui reçoit la surface plus petite et présente trois protubérances qui forment une région en forme de couronne. L'ARN messager se loge dans l'espace séparant les deux sous-unités (où a lieu la traduction) et le ribosome s'en sert comme d'un rail pour progresser et assurer son déchiffrage. Le fragment d'ARN est alors protégé contre les enzymes de dégradation tels que les ribonucléases (nucléases). LA MEMBRANE NUCLÉAIRE L'enveloppe qui renferme le matériel génétique et délimite le noyau de la cellule prend le nom d’enveloppe nucléaire. Cette enveloppe est formée de deux membranes. Une membrane interne, en contact avec les chromosomes et l'ARN nucléaire, et soutenue par le cytosquelette, et une membrane externe, qui a les mêmes caractéristiques que la membrane du réticulum endoplasmique. La membrane nucléaire externe, en effet, peut être considérée comme une spécialisation de la membrane du réticulum endoplasmique, d'autant plus qu'elle possède de nombreux ribosomes attachés à la surface externe. C'est dans ces ribosomes qu'a lieu la synthèse des protéines qui sont libérées dans l'espace périnucléaire, lequel prolonge à son tour la lumière du réticulum endoplasmique. Toutes les protéines contenues dans le noyau sont, quant à elles, synthétisées dans le cytoplasme. Ces protéines, qui comprennent entre autres les histones et les polymérases responsables de la synthèse des acides nucléiques, sont importées par la membrane nucléaire. Toutefois, les protéines du cytoplasme ne peuvent pas toutes entrer dans le noyau. Le passage est hautement sélectif, et il se fait à travers des zones spécialisées de la membrane appelées pores nucléaires. Chaque pore est localisé dans une région en forme de disque appelée « complexe du pore nucléaire ». À l'intérieur de ce complexe, il se trouve un canal aqueux de 9 nanomètres de diamètre et de 15 nanomètres de longueur, à travers lequel passent des molécules solubles dans l'eau. Ces dimensions sont de nature à empêcher le passage à nombre de particules, de filaments et de grosses molécules présents dans le cytoplasme. Par exemple, les ribosomes cytoplasmiques mûrs (comme les particules 80S) ne sont pas en mesure de le traverser, si bien que la synthèse protéique est exclusivement limitée au cytoplasme. Toutefois, de nombreuses molécules présentes dans le noyau et provenant du cytoplasme, telles que les polymérases, présentent des dimensions plus grandes que les dimensions minimales requises pour le passage à travers les pores nucléaires. On a démontré récemment que le passage de ces molécules se fait selon un transport actif, et que ce transport se fait à travers la reconnaissance, par le complexe du pore nucléaire, de séquences spécifiques présentes sur certaines portions de ces molécules, qui en dirigent l'entrée à l'intérieur du noyau. Les pores nucléaires semblent en outre reconnaître des molécules d'ARN spécifiques destinées au cytoplasme. Les sous-unités ribosomales sont trop larges pour passer à travers un pore de 9 nanomètres de diamètre et, par conséquent, comme les macromolécules plus grandes, elles aussi ont besoin d'un système spécifique de transport actif. Ce mécanisme n'a toutefois pas encore été éclairci. 20 LE NOYAU La structure la plus importante des cellules eucaryotes est le noyau, le compartiment dans lequel est renfermé le matériel génétique dépositaire des informations qui déterminent la structure de la cellule, dirigent ses fonctions et lui donnent la possibilité de se reproduire. Le noyau est délimité par une enveloppe nucléaire, il est constitué d'une portion fluide, le nucléoplasme, dans laquelle est dispersée la chromatine, état filamenteux de l'ADN. À l'intérieur, on trouve en outre une ou plusieurs zones plus denses, les nucléoles. Le nucléoplasme est une matrice gélatineuse contenant des ions, des protéines, des enzymes et des nucléotides. La chromatine est la forme sous laquelle apparaît le matériel génétique quand la cellule n'est pas engagée dans la division cellulaire. La chromatine est constituée de l'ADN, l'acide nucléique en mesure de se reproduire et de déterminer la séquence en acides aminés des molécules protéiques, et par les protéines qui lui sont associées, les histones, qui se regroupent pour former des structures filamenteuses semblables à des colliers, les nucléosomes. Le terme de chromatine signifie « substance colorée » car cette substance peut être teintée suivant des techniques particulières. Dans les zones du noyau où les filaments sont étirés, et semblent donc plus clairs, la chromatine prend le nom d'euchromatine ; dans les zones où elle est plus concentrée et qui, colorées, apparaissent plus foncées, elle est appelée hétérochromatine. Au moment où la cellule doit se reproduire, c'est-à-dire se diviser pour donner lieu à deux cellules-filles, la chromatine subit une spiralisation. Autrement dit, les structures formées par les longues molécules d'ADN et par les histones, s'enroulent de façon plus serrée, si bien que le matériel génétique apparaît sous une forme différente : les chromosomes, au corps en forme de bâtonnet, très visibles après coloration. D'autres structures présentes à l'intérieur du noyau sont les nucléoles, de petits corps sphériques bien évidents dans les phases d'activité cellulaire normale, qui disparaissent quand commence la division cellulaire. Les nucléoles sont les sites où est synthétisé l'ARN ribosomal, qui sera ensuite assemblé avec les protéines ribosomales provenant du cytoplasme pour former les sous-unités des ribosomes. La forme, les dimensions, la position et l'aspect du noyau varient selon les cellules, en fonction de la différenciation des fonctions, et dans une même cellule, en fonction de différentes phases du cycle vital. Toutes les cellules en sont pourvues, à quelques exceptions près, comme dans les globules rouges des Mammifères. D’autres sont multinucléées, c’est-à-dire qu’elles contiennent plus d'un noyau. Les ostéoclastes, cellules du tissu osseux, peuvent en contenir jusqu'à une centaine. Les fibres musculaires peuvent en avoir des centaines, mais alors leurs cellules sont unies (avec fusion des cytoplasmes), de façon à former un tissu dit syncytial (syncytium). Les chromosomes L'ensemble des informations génétiques renfermées dans les chromosomes d'un organisme, à l'intérieur du noyau, représente le génome. La morphologie des chromosomes change selon les différentes phases du cycle cellulaire. Pendant la division cellulaire, les chromosomes forment un groupe compact, tandis que 21 pendant la phase qui la précède, ils sont dispersés. Les chromosomes sont une forme particulière sous laquelle se présente la chromatine, un complexe d'ADN et de protéines qui lui sont associées appelées histones, en phase de division cellulaire (voir cycle cellulaire et cytogénétique). Les chromosomes présentent un aspect fibreux : la section condensée d'un chromosome en métaphase ressemble à un écouvillon entortillé sur lui-même. Si l'on essaie de dérouler cette structure, on peut distinguer l'âme de la fibre de chromatine. Elle apparaît formée d'unités, ou nucléosomes, empaquetées solidement l'une contre l'autre. Dans une représentation schématique, chaque nucléosome apparaît comme un fil enroulé sur une bille. Le fil représente la molécule d'ADN, tandis que les structures sphériques sont formées d'un octamère (un complexe de 8 molécules) d'histones. La molécule d'ADN, dépourvue d'histones, est constituée de deux chaînes polynucléotidiques antiparallèles liées entre elles par des liaisons hydrogène qui forment une structure en double hélice (voir composition chimique de l’ADN). Chaque chaîne d'ADN est un polymère résultant de l'association d'unités plus simples, les nucléotides, qui se forment par liaison covalente d'un phosphate et d'un pentose (le désoxyribose, un sucre à 5 atomes de carbone), lié à son tour à une base azotée. Les bases qui se trouvent dans l'ADN sont la purine ou la pyrimidine. Les premières sont représentées par l'adénine et la guanine, les secondes par la thymine et la cytosine. La double hélice présente deux sillons, l'un plus grand et l'autre plus petit, et forme un tour complet tous les 10 couples de base. Toute l'information génétique d'un organisme vivant est renfermée dans la séquence linéaire des quatre bases, dont les différentes combinaisons par groupes de trois constituent le code génétique. Le nucléole Les régions de l'ADN où se produit la synthèse de l'ARN ribosomal sont aussi le lieu où sont assemblés les ribosomes, et elles sont bien visibles au microscope optique dans les cellules qui doivent accomplir activement la synthèse protéique. Ces régions sont les nucléoles, petits corps sphériques dépourvus d'une séparation nette d'avec la chromatine. Les nucléoles sont complètement absents dans les cellules où la synthèse protéique est réduite, tandis qu'ils sont nombreux dans les cellules qui synthétisent un grand nombre de protéines. Les sous-unités ribosomales se forment dans le noyau au niveau de l'organisateur nucléolaire, un segment du chromosome qui contient les gènes qui codifient pour l'ARN 28S, 5,8S et 18S (voir gènes et non-protéines). Dans cette zone, l'hélice de l'ADN se déroule et pénètre dans le nucléole où elle est transcrite (voir transcription et la traduction). Dans le nucléole, on peut identifier deux zones caractéristiques : la zone fibrillaire et la zone granulaire, composées de ribonucléoprotéines impliquées dans la biogenèse des ribosomes. La zone fibrillaire occupe la région centrale du nucléole. Elle est constituée de fines fibres de 5-10 nanomètres de diamètre, qui représentent l'ARN ribosomal. La partie granulaire contient les précurseurs des ribosomes, à différents stades d'agrégation. Le nucléole subit des modifications cycliques durant la division cellulaire, en conséquence de la condensation des chromosomes. Il est dispersé dans la prophase avancée, puis réapparaît lors de la télophase. LE MÉTABOLISME CELLULAIRE 22 LA PRODUCTION D'ÉNERGIE Les mitochondries, présentes dans toutes les cellules eucaryotes, et les chloroplastes (qui se trouvent seulement dans les cellules végétales) ont la capacité de transformer l'énergie en des formes utilisables pour les activités cellulaires. Lors de la photosynthèse chlorophyllienne, les chloroplastes captent l'énergie lumineuse et la transforme en énergie chimique sous la forme de grosses molécules de sucres. Dans les mitochondries se produit le phénomène de la respiration, un processus qui nécessite de l'oxygène et qui consiste en l'oxydation des dérivés des sucres, lipides ou protéines, laquelle dégage de l'énergie directement utilisable par la cellule. Un troisième processus, beaucoup plus simple, qui a lieu dans le cytoplasme en l'absence d'oxygène, prend le nom de glycolyse : il consiste en une dégradation partielle des sucres, et dégage une quantité d'énergie très inférieure à la respiration ; dans certaines cellules, il peut être suivi d'une fermentation. Les réactions qui ont lieu dans les chloroplastes et les mitochondries se produisent pour la plupart au niveau de leurs membranes internes. Ces membranes fournissent un substrat fondamental pour les réactions de conversion énergétique, car, d’une part, elles contribuent à créer les différences électrochimiques nécessaires aux processus de transport des électrons, et, d’autre part, elles permettent d’isoler les enzymes nécessaires à ces réactions. Si les mitochondries n'existaient pas, les cellules animales dépendraient de la fermentation pour la production de l'énergie dont elles ont besoin. La glycolyse, qui est la transformation du glucose (C6H12O6) en acide pyruvique, ne permet d'utiliser qu'une petite fraction de l'énergie que pourrait fournir l'oxydation des sucres. Autrement dit, la glycolyse anaérobie n'est pas très efficace. Pour les mitochondries, la respiration est une dégradation complète du pyruvate : l'oxygène moléculaire (O2) oxyde l’acide pyruvique (ou bien les acides gras) produit par la glycolyse, avec production finale de gaz carbonique (CO2) et d'eau (H2O). L'énergie dégagée au cours de ce processus est exploitée de façon si efficace que chaque molécule de glucose oxydée fournit 38 molécules d'ATP (adénosine triphosphate), un composé chimique qui fonctionne à la façon d'une batterie rechargeable, stockant, transportant et distribuant de l'énergie dans la cellule, là où cela est nécessaire. Le rendement énergétique de la glycolyse est bien plus faible : chaque molécule de glucose oxydée ne donne lieu qu'à deux molécules d'ATP. Les chloroplastes aussi sont des machines très efficaces pour la production d'ATP. Leur source d'énergie est représentée non pas par l’acide pyruvique ou les acides gras, mais par l'énergie solaire. Malgré cette différence fondamentale, les mitochondries et les chloroplastes sont organisés de façon semblable et synthétisent l'ATP de la même manière. LA GLYCOLYSE La glycolyse, ou fermentation, est un processus de destruction du glucose (C6H12O6) qui a lieu dans le cytoplasme aussi bien en l'absence d'oxygène (O2) (anaérobie) qu'en sa présence (aérobie). La glycolyse est une série de réactions au 23 cours desquelles une molécule de glucose est décomposée en deux molécules de pyruvate. Au point de vue énergétique, la glycolyse consomme deux molécules d'ATP par molécule de glucose, mais en fournit quatre, avec un gain global de deux molécules d'ATP, soit environ 20 kcal. LA RESPIRATION Le processus de dégradation de substances organiques complexes qui a lieu dans les mitochondries (respiration) consiste en une lente oxydation des sucres (ou, en l'absence de sucres, des graisses et des protéines) causée par l'oxygène (O 2), avec élimination finale de gaz carbonique (CO2) et d'eau (H2O). Les réactions d'oxydoréduction (Voir aussi Réactions d'oxydoréduction dans Molécule) L'oxydation est une réaction chimique par laquelle un atome ou une molécule perdent des électrons qui s’associent à un autre atome ou à une autre molécule qui, inversement, se réduisent. À chaque oxydation est toujours associée une réduction, et inversement. L'oxydation d'une substance organique consiste dans la plupart des cas en une perte d'hydrogène (déshydrogénation) plutôt que dans l'ajout d'oxygène. Un atome d'hydrogène (H) extrait d'une molécule organique peut être imaginé comme décomposé en un ion hydrogène, ou proton (H +) et un électron (e-). C'est pour cette raison qu'une molécule qui perd de l'hydrogène perd un électron, et donc s'oxyde. L'hydrogène qui est enlevé à une molécule doit en trouver une autre à laquelle se lier. Le NAD (ou nicotinamide adénine dinucléotide) est le principal accepteur qui fixe l'hydrogène provenant des substances organiques, se transformant en NADH2 (forme réduite du nicotinamide adénine dinucléotide). Au cours de la respiration, l'hydrogène finit toujours par se lier à l'oxygène pour former de l'eau. NADH2 est un donneur d’hydrogène. La fonction de cette coenzyme réside uniquement dans le transfert réversible d'hydrogène. L'hydrogène cédé par le NADH2 passe avec son électron le long d'une chaîne d'au moins cinq composés, les transporteurs d'électrons, à travers une succession de réactions d'oxydoréduction, avant de se lier à l'oxygène. Chacune de ces réactions de déshydrogénation libère une certaine quantité d'énergie, qui est utilisée pour former l'ATP, une molécule qui fonctionne comme une réserve d'énergie. Biochimie de la respiration La respiration, qui a pour but de produire l'ATP, comprend des réactions qui dépendent de trois processus biochimiques différents, coordonnés entre eux : 1) Le cycle de Krebs, ou cycle de l'acide citrique, qui consiste en une série de réactions chimiques qui ont lieu grâce à l'intervention d'un groupe d'enzymes solubles présentes dans la matrice mitochondriale ou sur la membrane interne de la mitocondrie. Ce cycle entraîne la production de gaz carbonique (CO 2) et la soustraction d'électrons aux molécules oxydées (voir paragraphe précédent) ; 2) La chaîne respiratoire, ou système de transport des électrons, au cours de laquelle les couples d'électrons sont liés et transférés par des transporteurs 24 spécialisés jusqu'à ce qu'ils se combinent avec l'oxygène moléculaire (O 2) pour former de l'eau (H2O) ; 3) Un système de synthèse de l'ATP (un nucléotide contenant trois groupes phosphoriques) qui fonctionne à contresens de la chaîne respiratoire et qui incorpore un groupe phosphorique (Pi) dans une molécule d'ATP, ou adénosine triphosphate (un nucléotide contenant deux groupes phosphoriques). La synthèse de l'ATP à partir de l'ADP prend le nom de phosphorylation oxydative et nécessite de l'énergie. L'énergie utilisée pour lier un groupe phosphorique à l'ADP est celle qui se libère pendant le transport des électrons. Dans l'ensemble, la glycolyse et le cycle de Krebs peuvent être écrits de la façon suivante : C6H12O6 + 6 H2O + 12 coenzymes ---> 6CO2 + 12 coenz. réd. glucose eau NAD+ gaz carbonique NADH, H+ Chaque coenzyme réduite peut théoriquement former trois ATP, si bien qu'à partir d'une molécule de glucose on peut obtenir 36 ATP, soit environ 686 kcal. C'est précisément ce qui a lieu dans la chaîne respiratoire. LA PHOTOSYNTHÈSE Une partie de l'énergie lumineuse provenant du Soleil, quand elle atteint les plantes, est captée, absorbée et transformée en énergie chimique par photosynthèse, c'est-à-dire qu'elle est intégrée sous forme de liaisons chimiques dans la molécule complexe de glucose (C6H12O6), un sucre à teneur élevée en énergie, qui représente la principale substance nutritive de toutes les cellules vivantes. La photosynthèse produit tous les ans 150 milliards de tonnes de sucres, bien qu'elle n'utilise que 1 % de l'énergie solaire disponible. À la différence de la respiration, qui consiste en une dégradation de substances organiques complexes, la photosynthèse, à partir de molécules simples et grâce à la lumière, produit des substances organiques complexes : la chlorophylle utilise l'énergie lumineuse pour briser une molécule d'eau (H2O), qui apporte des ions hydrogène (H+) et des électrons (e-), qui sont ensuite cédés au gaz carbonique (CO2) pour former du glucose (C6H12O6), en libérant de l'oxygène (O2). Le gaz carbonique utilisé dans ce processus, qui est le gaz carbonique atmosphérique, entre dans les feuilles par des ouvertures spéciales appelées stomates, qui contrôlent en même temps l'eau perdue par la plante sous la forme de vapeur. On peut schématiser le processus de la photosynthèse au moyen de l'équation suivante : 6CO2 + 12H2O + hv ----> C6H12O6 + 6H2O + 6O2 gaz carbonique eau lumineuse énergie glucose eau oxygène Autotrophes et hétérotrophes La photosynthèse est importante parce qu'elle permet la production de toute l'énergie présente dans la biosphère. Par la photosynthèse, les plantes fabriquent 25 des substances organiques. C'est pourquoi elles sont dites autotrophes (du grec autòs, même, et trèpho, je nourris). Ces substances constituent une forme d'énergie chimique facilement assimilable par les animaux herbivores, qui s'en servent comme nutriment, l'élaborent et deviennent à leur tour nourriture pour d'autres animaux. En raison de leur dépendance vis-à-vis des plantes, les animaux sont dits hétérotrophes (du grec hèteros, autre ou différent, et trèpho, je nourris). Les plantes, par leur activité photosynthétique, génèrent ce flux sans lequel la vie sur la Terre serait limitée à quelques groupes de Bactéries. Pigments pour la photosynthèse Les Algues, les Lichens, les Mousses, les Fougères et les plantes supérieures, mais également de simples micro-organismes comme certaines Bactéries et les Algues bleues (ou Cyanobactéries), sont capables d'assurer la photosynthèse grâce à la présence de pigments particuliers. Un pigment est une substance colorée capable d'absorber les radiations lumineuses appartenant au spectre du visible, dont la longueur d'onde est comprise entre 350 et 700 nanomètres. Après avoir absorbé la radiation lumineuse, le pigment passe d'un état fondamental à l'état excité, dans lequel l'électron le plus périphérique est transféré à un niveau énergétique supérieur. Chaque pigment absorbe des radiations de longueur d'onde spécifique suivant sa structure moléculaire. Les autres radiations, non absorbées mais réfléchies, sont responsables de sa couleur. La chlorophylle, par exemple, le pigment végétal caractéristique qui donne aux feuilles leur couleur verte, absorbe les radiations qui appartiennent à la bande du bleu et du rouge, tandis qu'elle réfléchit celles de la bande verte. Dans les cellules eucaryotes, la chlorophylle est contenue dans les chloroplastes, tandis que dans celles des Procaryotes, elle se trouve à l'intérieur de membranes distribuées sur le pourtour de la cellule. En fait, il n'existe pas un type unique de chlorophylle. On en a identifié plusieurs molécules (les chlorophylles a, b, c et d), ayant des structures légèrement différentes, en mesure d'absorber des radiations lumineuses de longueur d'onde différente. Outre la chlorophylle, d'autres pigments présents dans les cellules végétales participent aux réactions qui permettent de convertir l'énergie lumineuse en énergie chimique. Biochimie de la photosynthèse La photosynthèse comprend deux phases distinctes et successives : la phase lumineuse, et la phase obscure. La première, dite phase lumineuse parce qu'elle est déclenchée par la lumière, dépend étroitement de la chlorophylle et dégage une énergie suffisante pour produire de l'ATP et du NADPH (NADP), deux molécules importantes utilisées dans la phase suivante. La deuxième phase est dite phase obscure, non pas parce qu'elle a lieu dans le noir, mais parce que, à la différence de la première, elle n'a pas besoin de lumière. Dans cette phase, les atomes de carbone du gaz carbonique (CO 2) se lient entre eux pour former du glucose (C6H12O6), suivant un processus graduel, qui se fait par étapes, au cours duquel sont consommés de l'ATP et du NADPH. 26 LA SYNTHÈSE PROTÉIQUE Nous savons aujourd’hui que les gènes et les protéines sont liés par deux phénomènes fondamentaux, qui régissent la vie de chaque cellule et, par conséquent, de chaque organisme végétal ou animal : la transcription et la traduction. La transcription est le processus en vertu duquel certains segments de la double hélice d’ADN sont lus par un complexe enzymatique spécifique, l'ARNpolymérase. Ce complexe crée, base après base, un brin d'ARN messager, caractérisé par une séquence de bases parfaitement complémentaire de celle de l’ADN de départ. De cette façon, l’information contenue dans un gène donné est littéralement transcrite sous forme de matrice, d’une façon tout à fait semblable à ce qui se produit dans le processus de réplication (ou duplication) de l’ADN luimême. La seule différence est que le produit final est un acide ribonucléique à hélice simple au lieu d’une nouvelle double hélice d’ADN. Une fois que l'ARN messager a été synthétisé, dans le cas des Eucaryotes, il passe du noyau au cytoplasme, où le message peut être traduit en protéine. La traduction se fait à l’intérieur de structures subcellulaires spéciales, appelées ribosomes. Le processus, connu sous le nom de synthèse protéique, consiste à lier en séquence les acides aminés qui composent la protéine. Les ribosomes sont des particules constituées de protéines et d’un type spécial d'ARN, l'ARN ribosomal. À l’intérieur de chaque ribosome, le brin d'ARN messager est apparié à un autre type d'ARN, l'ARN de transfert (ou ARNt), qui transporte un seul acide aminé à la fois, et le place de telle façon qu’il puisse s’ajouter à la chaîne protéique en voie de synthèse. Acide aminé par acide aminé, le ribosome assemble donc la protéine tout entière, comparant l’information contenue dans l'ARN messager avec l'ARN de transfert approprié. La protéine, après avoir été libérée par le ribosome, est prête à remplir sa fonction dans le cadre du métabolisme cellulaire, mais parfois, elle doit subir une élaboration plus longue à l’intérieur d’organites cellulaires particuliers. CYCLE CELLULAIRE ET CYTOGÉNÉTIQUE Chaque cellule se reproduit en répliquant son contenu cellulaire, c'est-à-dire en copiant son patrimoine génétique, puis en le divisant entre deux cellules-filles. Le cycle de division cellulaire représente le moyen de reproduction fondamental de tous les êtres vivants. Dans les formes de vie unicellulaires, chez les Bactéries ou les levures par exemple, chaque division cellulaire produit un nouvel organisme, tandis que chez les espèces pluricellulaires, il faut de nombreux cycles de division cellulaire pour obtenir ce même résultat. Dans les organismes pluricellulaires, y compris chez l'animal adulte, de nouvelles cellules sont produites pour remplacer celles qui ont été perdues par usure ou par suite de phénomènes de mort cellulaire. Si les détails du cycle cellulaire peuvent varier d'un organisme à l'autre, il n'en existe pas moins des règles fondamentales valables pour tous. L'une d'entre elles prescrit que, pour obtenir deux cellules-filles génétiquement identiques, le matériel héréditaire de la cellule qui se divise doit être copié fidèlement, et que les chromosomes « frères » doivent se distribuer de façon appropriée dans les deux cellules qui se séparent : une copie de chaque chromosome pour chaque nouvelle cellule. Le cycle cellulaire doit donc comprendre cette série de fonctions, nécessaires pour accomplir ce processus. À chaque cycle cellulaire, la plupart des cellules doublent de masse et reproduisent leurs organites cytoplasmiques. Cela 27 nécessite le déroulement coordonné de nombreux processus qui intéressent aussi bien le noyau que le cytoplasme. Les connaissances touchant le cycle cellulaire ont connu récemment une véritable révolution, par suite du déplacement des recherches du domaine des chromosomes à celui de protéines cellulaires spécifiques, qui ont été identifiées comme les régulateurs du cycle cellulaire. Ces protéines, apparues pour la première fois il y a plus d'un milliard d'années, sont restées fondamentalement inchangées, au point d'être en mesure de fonctionner dans des organismes aussi différents que l'homme et la levure. LE CONTRÔLE DU CYCLE CELLULAIRE La régulation du cycle cellulaire coordonne les processus qui conduisent à la duplication du matériel cellulaire et à la division de la cellule-mère en deux cellulesfilles. Ce système de contrôle consiste en un dispositif biochimique qui opère de façon cyclique et qui est constitué d'un ensemble de protéines. Plus précisément, on compte deux familles de molécules protéiques qui interagissent pour contrôler les phases du cycle. La première est celle des protéines kinases dépendant de la cycline, ou protéines CDK, et qui ont pour tâche de phosphoryler - c'est-à-dire d'ajouter un groupe phosphorique (phosphorylation) - dans des points précis de la molécule d'autres protéines (sur des résidus des acides aminés sérine et thréonine). La deuxième famille est constituée de protéines appelées cyclines, qui se lient aux molécules CDK et en contrôlent la capacité à phosphoryler les substrats appropriés. La formation et la désagrégation de complexes cycline-CDK sont les phénomènes qui commandent le cycle cellulaire. LES FACTEURS DE CROISSANCE Si les cellules d'un Mammifère placées en milieu de culture sont privées de sérum, elles cessent de croître et s'arrêtent dans un état quiescent appelé G 0. La poursuite du cycle cellulaire nécessite des protéines hautement spécifiques présentes dans le sérum, appelées facteurs de croissance. L'un des premiers facteurs de croissance identifiés a été le facteur de croissance des plaquettes ou PDGF. Le PDGF, libéré par les plaquettes pendant la coagulation sanguine, joue probablement un rôle fondamental dans la stimulation de la division cellulaire lors des procès de régénération des tissus. Le PDGF n’est que l'un de la cinquantaine de facteurs de croissance connus. Pour chacun d'eux, il existe un récepteur (ou un ensemble de récepteurs) spécifique, qui se trouve sur la surface cellulaire de certains types de cellules et non sur d'autres. La capacité d'une cellule à répondre à un facteur de croissance déterminé dépend du fait qu'elle possède ou non le récepteur correspondant à ce facteur sur sa membrane plasmique. Les protéines et les molécules non protéiques peuvent toutes deux jouer le rôle de facteurs de croissance. Les hormones stéroïdes, qui se lient à des récepteurs présents à l'intérieur du cytoplasme cellulaire, sont un exemple de facteurs de croissance non protéiques. Chez l'animal sain, la prolifération de la plupart des types de cellules dépend d'une combinaison particulière de facteurs de croissance, plutôt que de l'action d'un facteur unique. Cela implique qu'un nombre réduit de facteurs de croissance, 28 utilisés dans différentes combinaisons, peut contrôler la prolifération de nombreux types cellulaires dont sont constitués, par exemple, des animaux comme les Mammifères. S’ajoutant aux facteurs capables de stimuler la prolifération cellulaire, il existe d’autres types de facteurs de croissance spécifiques, tels que le TGF transforming growth factor beta, qui, au lieu de stimuler, inhibent la croissance cellulaire. De manière générale, les actions des facteurs de croissance sont multiples : stimulation de la croissance et de la division cellulaire ; contrôle de la différenciation, de la migration ou de la survie cellulaire, selon les circonstances. Au niveau moléculaire, par suite du lien avec le récepteur, l'action des facteurs de croissance consiste à stimuler l'expression des gènes cellulaires tant aspécifiques que spécifiques en une cascade d'événements qui culmine dans la stimulation des gènes pour les CDK et les cyclines, les protéines qui permettent à la cellule de progresser à travers les différentes phases du cycle cellulaire (voir contrôle du cycle cellulaire). Une mutation dans un facteur de croissance induisant une activité supérieure à la normale, peut causer une prolifération cellulaire excessive, déterminant l'apparition possible d'une tumeur. Le gène muté est appelé oncogène (c'est-à-dire gène qui provoque le cancer), et le gène non muté est appelé proto-oncogène. Les cellules transformées, potentiellement tumorales, ont des caractéristiques distinctes des cellules normales. Des cellules de souris cultivées sur un substrat solide, s'y fixent de façon désordonnée, et se divisent pour former une monocouche confluante. À cette étape de l’expérience, les cellules normales cessent de se diviser, mais pas les cellules tumorales. Ce phénomène est appelé inhibition de contact. Des études récentes ont démontré qu’on ne doit pas attribuer ce phénomène au contact physique entre les cellules mais au degré de concentration des facteurs de croissances présents dans le milieu. À mesure qu'augmente la densité cellulaire, la quantité de facteurs de croissance diminue, puisque le besoin de ces molécules est plus grand. Par conséquent, l'inhibition de contact semble dépendre, au moins en partie, de la capacité d'une cellule à faire baisser la concentration locale des facteurs de croissance au détriment des cellules voisines. Ce phénomène ne s'observe pas dans les cellules tumorales, car celles-ci synthétisent et libèrent des facteurs de croissance en quantité supérieure à la normale. Si les récepteurs pour ces facteurs sont spontanément activés, la croissance cellulaire devient indépendante de la présence du facteur de croissance. LES PHASES DU CYCLE CELLULAIRE Le cycle cellulaire se divise en phases qui se succèdent dans le temps. La division de la cellule (ou phase M) consiste en une succession d'événements qui conduisent à une répartition égale des structures et des matériaux contenus dans une cellule-mère entre deux cellules-filles qui proviennent de cette dernière. Le moment crucial de la division cellulaire est la mitose, qui consiste dans la division du matériel génétique contenu dans le noyau. La mitose est suivie par la division du cytoplasme, ou cytodiérèse. En réalité, pour que la division cellulaire puisse avoir lieu, le contenu de la cellule-mère doit avoir au préalable été reproduit. La mitose est le phénomène de condensation des chromosomes (déjà reproduits), et de leur migration aux deux pôles opposés de la cellule, où ils se décondensent pour former deux nouveaux noyaux, tandis que le reste du corps cellulaire se 29 divise. Dans la plupart des cellules, la phase mitotique dure environ une heure. Cet intervalle de temps représente une brève fraction du cycle cellulaire dont la plus grande partie est constituée par l'interphase, à son tour subdivisée dans les phases G1, S, G2 et, dans certains cas, G0. L'interphase est la période que les cellules utilisent pour croître avant de se diviser et pour accomplir leurs activités. La durée du cycle cellulaire varie beaucoup d'un type cellulaire à l'autre. Les embryons de moucheron ont les cycles cellulaires les plus courts que l'on connaisse, d'une durée d'environ 8 minutes, tandis que dans une cellule de foie de Mammifère, le cycle cellulaire peut durer jusqu'à un an. En général chez les Eucaryotes, le cycle cellulaire le plus court est celui des stades précoces de la vie embryonnaire, au cours desquels une cellule œuf géante, dans un temps très court, doit se subdiviser en de nombreuses cellules de dimensions plus petites. Dans ce cas, la cellule ne croît pas, les phases sont extrêmement réduites, la période entre une division et la division suivante est comprise entre 8 et 60 minutes, et la moitié de cette période est occupée par la phase S, le reste par la phase M. L'INTERPHASE L'intervalle entre deux mitoses successives est appelé interphase. Bien que la cellule au cours de cette période semble quiescente, l'interphase est caractérisée par une intense activité visant à la duplication du matériel cellulaire. La réplication de l'ADN occupe une portion de l'interphase, connue sous le nom de phase S, ou phase de synthèse. La période qui s'écoule entre la fin de la mitose et le début de la synthèse de l'ADN est appelée phase G 1 (de l'anglais gap, intervalle, et donc « premier intervalle »), tandis que la période qui s'écoule entre la fin de la synthèse du matériel génétique et le début de la mitose est appelée phase G 2 (« deuxième intervalle »). Les phases G1 et G2 donnent à la cellule un certain temps pour croître avant de se diviser. Si la durée de l'interphase était égale à la durée de la duplication de l'ADN, les cellules n'auraient pas assez de temps pour doubler leur masse. Pendant la phase G1, la cellule, sur la base des conditions extérieures et de ses dimensions, continue ou non de répliquer son ADN en complétant le cycle cellulaire. La phase G2 représente au contraire un intervalle de sécurité qui permet à la cellule de s'assurer que tout l'ADN a été répliqué avant d'entreprendre la mitose. Parmi les phases cellulaires, celle qui présente le degré le plus élevé de variabilité quant à sa durée est la phase G1. Les cellules qui se trouvent dans cette phase et qui ne sont pas encore occupées à répliquer leur ADN, peuvent rester quiescentes avant de continuer le cycle cellulaire, elles entrent ainsi dans une phase spéciale appelée G0. Elles peuvent y rester pendant des jours, des semaines, voire des années avant de recommencer à proliférer. LA MITOSE La division cellulaire se fait de façon semblable chez tous les Eucaryotes. La division du matériel génétique contenu dans le noyau cellulaire (mitose) représente le moment crucial de ce processus. À de petites variations près, la mitose se déroule de la même façon dans toutes les cellules eucaryotes, et elle se caractérise 30 par l'apparition du fuseau mitotique, qui assure la séparation des chromosomes répliqués et la division du cytoplasme. La mitose (du nom grec mitos, fil, utilisé pour décrire les chromosomes) comprend cinq stades : prophase, prométaphase, métaphase, anaphase et télophase. Le sixième stade de la division cellulaire, qui correspond à la fin de la mitose, est appelé cytodiérèse. La mitose peut être définie comme une division de type équationnel, car les cellules qui se forment ont le même nombre de chromosomes que la cellule-mère. La mitose est la division typique de toutes les cellules somatiques, c'est-à-dire des cellules qui forment le corps d'un être vivant. C’est un phénomène universellement répandu dans tous les organismes vivants, tant animaux que végétaux. Le fuseau mitotique Au cours de l'interphase, la première manifestation visible du passage à la phase M est la condensation progressive de la chromatine, qui aboutit à la formation de chromosomes denses. Au même moment, se forme le fuseau mitotique, composé des microtubules du cytosquelette et de deux centrosomes, et un anneau contractile d'actine et de myosine (les protéines auxquelles on doit également la contraction des fibres musculaires). Les centrosomes constituent les pôles du fuseau mitotique, autrement dit ce sont les centres autour desquels s'organisent les microtubules du cytosquelette. Ces derniers rayonnent autour des centrosomes qui migrent aux deux extrémités de la cellule. Chaque centrosome est une structure constituée d'un couple de centrioles et de matériel qui s'y est agrégé. Pendant l'interphase, un complexe de microtubules du cytosquelette est toujours attaché au centrosome, ses extrémités négatives étant tournées vers cette structure et ses extrémités positives étant dirigées vers le cytoplasme. Avant la division cellulaire, le centrosome doit se reproduire afin que chaque cellule-fille puisse en hériter un et parce que, pour former les deux pôles du fuseau mitotique, il en faut deux. Au cours de l'interphase, le centrosome se divise, mais les deux structures nouvellement formées restent accouplées à côté du noyau. Ce n'est qu'au début de la mitose que ces complexes se divisent en deux pour devenir les deux centres d'organisation des microtubules du cytosquelette (voir aussi prométaphase). Tandis que le fuseau mitotique joue un rôle essentiel pour la distribution égale des chromosomes entre les deux cellules-filles, l'anneau contractile d'actine et de myosine qui se forme avant la division cellulaire a pour tâche de tirer la membrane plasmique vers l'intérieur, de façon à diviser la cellule en deux portions qui contiennent une série complète de chromosomes et possèdent la moitié des constituants cytoplasmiques de la cellule parentale. La prophase La phase initiale de la mitose est la prophase, caractérisée par le gonflement du noyau. La chromatine, c'est-à-dire la forme dispersée sous laquelle se présente le matériel génétique pendant l'interphase, se condense en chromosomes bien définis. Chaque chromosome s'est reproduit durant la phase S précédente de l'interphase et est formé de deux chromatides frères qui contiennent des couples fidèles et parfaitement correspondants de la séquence d'ADN de départ. Les deux 31 chromatides sont unis dans une région appelée centromère, une structure très importante pour la séparation des deux chromatides frères en deux chromosomes distincts, et pour leur répartition appropriée entre les cellules-filles. Vers la fin de la prophase, le cytosquelette se désagrège (il perd l'organisation qu'il avait pendant l'interphase), et le fuseau mitotique apparaît. Le fuseau se forme initialement à côté du noyau, entre les centrosomes qui se séparent. La disparition des nucléoles est une autre caractéristique de la prophase. La prométaphase C'est le stade de la mitose qui suit la prophase. Il commence par la destruction de la membrane nucléaire qui se rompt en vésicules très semblables à des morceaux de réticulum endoplasmique. Ces vésicules demeurent à proximité du fuseau mitotique pendant la mitose. À partir de la prométaphase, les microtubules du fuseau mitotique peuvent entrer dans la région nucléaire, autrement dit ils peuvent se relier aux chromosomes qui sont à présent libres dans le cytoplasme. Sur chaque chromosome, au niveau du centromère, ont mûri des complexes protéiques spécialisés, appelés cinétocores. Aux cinétocores s'attachent quelques microtubules du fuseau, appelés pour cette raison microtubules cinétocoriaux. Les microtubules restants du fuseau sont appelés microtubules polaires, tandis que ceux qui restent en dehors du fuseau (c'est-à-dire ceux qui ne sont pas orientés vers les chromosomes) sont définis comme des microtubules astraux. Les microtubules cinétocoriaux exercent une tension sur les chromosomes, qui commencent à s'agiter. La métaphase La métaphase commence quand les microtubules cinétocoriaux, après être entrés en contact avec les centromères, disposent les chromosomes sur un plan (plaque métaphasique) qui se trouve à mi-chemin entre les pôles du fuseau. Chaque chromosome est maintenu sous tension sur la plaque métaphasique par les cinétocores accouplés et par les microtubules qui leur sont associés, attachés aux deux pôles opposés du fuseau mitotique. L'anaphase Le signal spécifique qui marque le début de l'anaphase est la séparation du couple de cinétocores appartenant à chaque chromosome. Ceci permet à chaque chromatide d'être entraîné lentement vers le pôle du fuseau vers lequel il est dirigé. Tous les chromosomes, dès qu'ils sont séparés, se meuvent à la même vitesse, qui est de 1 micron par minute, la durée globale de l'anaphase étant de quelques minutes à peine. On peut distinguer deux types de mouvement et, par conséquent, on peut différencier l'anaphase en deux moments distincts dénommés A et B. Au cours de l'anaphase A, les microtubules cinétocoriaux se raccourcissent tandis qu'ils s'approchent des pôles. Au cours de l'anaphase B, les microtubules polaires s'allongent et les deux pôles du fuseau s'éloignent plus encore. 32 La télophase La mitose se conclut par la télophase, le stade où les deux chromosomes frères parviennent aux deux pôles du fuseau, et les microtubules cinétocoriaux disparaissent. La séparation finale des chromosomes frères est guidée par les microtubules polaires, qui s'allongent de plus en plus tandis qu'autour de chaque groupe de chromosomes vient se former une nouvelle membrane nucléaire. À la fin de la télophase, les chromosomes se déspiralisent et retrouvent un aspect finement granulaire (chromatine), tandis que les nucléoles, qui avaient disparu pendant la prophase, sont de nouveau visibles. LA CYTODIÉRÈSE La division du cytoplasme (cytodiérèse) consiste en un processus d'écrasement de la cellule dans sa partie centrale. La membrane plasmique rentre vers le cytoplasme grâce à un mécanisme de contraction qui a lieu selon une direction perpendiculaire à l'axe du fuseau, et ce mécanisme opère jusqu'à ce que, entre les deux portions de membrane, ne se trouvent plus que les microtubules du fuseau. Ce pont très fin de cytoplasme peut demeurer pendant un certain temps, puis perdre en épaisseur et finir par se rompre, au moment de la séparation des deux cellules-filles. Puisque la division cellulaire doit conduire à une subdivision égale des constituants de la cellule de départ, et puisque des organites comme les mitochondries peuvent se former uniquement à partir de structures préexistantes, celles-ci doivent se reproduire avant chaque division cellulaire, pour être ensuite divisées entre les deux cellules-filles. En revanche, l'appareil de Golgi et le réticulum endoplasmique se fragmentent en petites vésicules au cours de la phase M, sans doute pour rendre plus facile une distribution appropriée au moment de la division cellulaire. LA MÉIOSE Les organismes unicellulaires peuvent se reproduire par simple division mitotique. Dans ce cas, la division cellulaire coïncide avec la reproduction, qui est dite asexuée. Les chromosomes se divisent de façon simple et directe. La descendance a le même patrimoine génétique que le parent. La reproduction sexuée, en revanche, aussi bien dans les organismes unicellulaires que dans les organismes pluricellulaires, se caractérise par le mélange des patrimoines génétiques de deux individus, pour donner vie à une descendance génétiquement distincte des deux parents. Pour comprendre comment ce mélange peut avoir lieu et comment il est possible que naissent des individus ayant la même quantité de matériel génétique que les parents, il nous faut analyser la composition du patrimoine héréditaire (ou bagage chromosomique) des cellules des Eucaryotes. Les chromosomes homologues Les cellules des organismes qui se reproduisent sexuellement ont hérité de leurs parents leurs chromosomes, et ont un bagage diploïde (voir paragraphe suivant), 33 contenant deux versions très semblables de chacun des chromosomes parentaux. Ces deux versions sont appelées chromosomes homologues. Cette correspondance manque uniquement dans les chromosomes sexuels. Cellules diploïdes et haploïdes En 1903, W. S. Sutton remarqua que chaque cellule possède un bagage chromosomique diploïde (indiqué par la notation 2n), c'est-à-dire composé de deux séries homologues de chromosomes (voir paragraphe précédent). Autrement dit, chaque cellule se caractérise par une série de chromosomes (indiquée par n), présente en double. Le nombre et la forme des chromosomes varient d'une espèce à l'autre. La drosophile, par exemple, a un bagage chromosomique 2n = 8, le maïs 2n = 20, l'homme 2n = 46. Pour une même espèce, ce nombre reste constant. Dans les organismes à reproduction sexuée, le zygote, la cellule qui se forme à partir de la fusion du gamète féminin (cellule œuf) avec le gamète masculin (spermatozoïde) doit avoir un bagage chromosomique diploïde. C'est à partir de cette cellule que se développe l'adulte, qui à son tour aura des enfants. Si le zygote, par le gamète, héritait de ses parents le bagage chromosomique diploïde, il aurait quatre couples de la série n, autrement dit il aurait un bagage 4n. Cela ne peut avoir lieu, car le nombre de chromosomes augmenterait de génération en génération, et finirait par devenir astronomique. Cette catastrophe est évitée grâce à un mécanisme appelé méiose (d'un mot grec signifiant « diminution »), qui permet de maintenir à un niveau constant le nombre de chromosomes à chaque génération. La méiose se fait dans les gonades (les organes chargés de la reproduction), et conduit à la formation de gamètes ayant un nombre de chromosomes réduit de moitié (n) par rapport aux cellules diploïdes normales, et pour cette raison appelés haploïdes. Au moment de la fécondation, la condition diploïde est rétablie ; elle sera conservée dans les cellules somatiques qui constituent le corps de l'animal ou de la plante. Les gamètes, tout en ayant seulement la moitié des chromosomes, possèdent un exemplaire de chacun d'eux. Le cycle de reproduction voit donc l'alternance de générations de cellules haploïdes et diploïdes. Pendant la méiose, les chromosomes correspondants de chaque série, c'est-à-dire les chromosomes homologues, peuvent s'échanger des portions d'ADN grâce au phénomène du crossing-over, avant d'être distribués, en différentes combinaisons, afin de former une série unique de chromosomes haploïdes. Les éléments échangés font que chaque gamète reçoit un bagage chromosomique nouveau, avec une combinaison de gènes différente de celles qui se trouvaient sur les chromosomes de la cellule dont le gamète tire son origine. Les divisions méiotiques La méiose, c'est-à-dire le type de division nucléaire qui conduit à la réduction de moitié du nombre des chromosomes, consiste en réalité en deux divisions successives. Les gamètes haploïdes, qui se forment par la méiose, contiennent la moitié du nombre originel de chromosomes, avec une copie maternelle ou paternelle de chaque gène, et non pas les deux. Comme cela a lieu dans la mitose, le matériel génétique a déjà été répliqué avant que la méiose ne commence. Dans le cas de la mitose, les chromatides frères qui 34 se sont formés grâce à cette duplication, se séparent, et chacun d'eux va dans l'une des deux cellules-filles. Dans la méiose, la séparation des chromatides frères ne se fait pas immédiatement. Lors de la première division méiotique, ce sont les chromosomes homologues qui s'éloignent et se divisent, les chromatides frères restant unis, et ne se séparant qu'au cours de la deuxième division méiotique. La première division méiotique Le moment le plus important de la méiose est la prophase I (la prophase de la première division méiotique), au cours de laquelle les chromosomes homologues se reconnaissent et s ’apparient physiquement et peuvent s'échanger des morceaux : c’est le crossing-over. Puisque ce chromosome a déjà été répliqué, la structure formée de l'accouplement des homologues (appelée bivalente) contient quatre chromatides. Comme dans la mitose, la prophase est suivie de la métaphase I, au cours de laquelle les bivalents se disposent sur le plan médian de la cellule et prennent contact avec les fibres du fuseau. Lors de l'anaphase I, les deux homologues se séparent et se meuvent vers des pôles opposés (dans l'anaphase de la mitose, ce ne sont pas les homologues qui se séparent mais les chromatides frères). La première division se conclut par la télophase I, au terme de laquelle chaque cellule-fille a hérité l'un seulement des deux homologues (constitué des deux chromatides). La descendance de cette division possède un contenu d'ADN diploïde. La deuxième division méiotique La formation des gamètes continue à travers une deuxième division cellulaire sans que l'ADN ait été répliqué de nouveau. Les chromosomes s'alignent sur la plaque de métaphase et la division se poursuit comme une division de mitose normale, qui produit toutefois des cellules ayant un contenu d'ADN haploïde propre, parce que la division cellulaire n'a pas été précédée d'une nouvelle duplication du matériel génétique. La séparation des chromosomes homologues pendant la méiose n'a pas toujours lieu correctement. Si deux homologues ne se séparent pas, les cellules haploïdes qui se forment auront un chromosome en moins ou bien une copie en plus. Le syndrome de Down, chez l'homme, est causé par une copie en trop du chromosome 21 et dérive de la non-disjonction des homologues durant la méiose. LES BACTÉRIES LA DÉCOUVERTE Les micro-organismes sont des êtres vivants formés d'une seule cellule - aussi bien procaryotes qu'eucaryotes -, trop petits pour pouvoir être observés à l'œil nu. Les micro-organismes constituent un ensemble hétérogène qui comprend les Bactéries, les Champignons et les levures, les Protozoaires et les Algues microscopiques. C'est Robert Hooke qui les découvrit, en 1665, au moyen d'un microscope rudimentaire. Ce savant anglais remarqua que les plus petites unités structurelles 35 de la vie se composaient de minuscules boîtes ou cellules, comme il les définit luimême. La découverte de Hooke marqua le début de la théorie cellulaire, selon laquelle tous les êtres vivants sont formés de cellules. Une description plus détaillée des micro-organismes fut donnée par Antony Van Leeuwenhoeck (16321723), marchand hollandais et chercheur amateur, inventeur du premier microscope. Cet instrument permettait d'ajuster avec précision la focalisation d'un objet agrandi, avec une meilleure résolution que celle des systèmes de lentilles plus primitifs. Leeuwenhoeck dessina de manière très détaillée de nombreux microorganismes qu'il avait observés dans l'eau de pluie ou dans d'autres échantillons. Avec la découverte des micro-organismes, la communauté scientifique commença à s'intéresser à l'origine de ces êtres, invisibles à l'œil nu. Certains savants étaient convaincus que les micro-organismes pouvaient se reproduire spontanément à partir de la matière inorganique (voir génération spontanée). Les tenants de cette théorie pensaient que même des êtres vivants bien plus grands, comme les souris, les grenouilles et les serpents, pouvaient se reproduire d'eux-mêmes dans un milieu humide, et que les mouches naissaient spontanément de la viande en putréfaction. Malgré de nombreuses controverses entre philosophes et savants et un certain nombre d'expériences spécialement menées pour la démentir, la théorie de la génération spontanée a résisté jusqu'à la deuxième moitié du XIX e siècle. C'est Louis Pasteur qui, en 1861, démontra brillamment que rien ne peut croître spontanément. Les Bactéries sont dans l'air, et leur croissance dans des solutions considérées comme stériles montre qu'il s'est produit une contamination. Les recherches de Pasteur se poursuivirent et permirent à la science de faire un bond considérable. Les études sur la fermentation alcoolique montrèrent que des boissons telles que la bière ou le vin sont obtenues grâce à la fermentation du sucre en alcool, par l'action de micro-organismes. C'est à Pasteur aussi que l'on doit l'invention d'une méthode de conservation des boissons, encore en usage de nos jours : la pasteurisation. Elle consiste à réchauffer les liquides dans un milieu fermé, de façon à tuer toutes les Bactéries qui pourraient les rendre nocifs. Les années qui suivirent représentèrent l'âge d'or de la microbiologie. De nombreux micro-organismes furent découverts, et l'on comprit qu'un certain nombre de maladies étaient dues à leur présence. Grâce au développement des méthodes de microscopie, il a été possible de classifier de façon très détaillée les divers microorganismes, ainsi que d'analyser leurs différences et, surtout, de diagnostiquer avec précision de nombreuses maladies. COMMENT EST FAITE UNE BACTÉRIE (voir aussi Morphologie et physiologie de la cellule) Généralités Les Bactéries sont constituées de cellules uniques dont les dimensions varient de 1 à 6 microns de longueur, et de 0,2 à 1,5 microns de diamètre (un micron correspond à un millième de millimètre). La première et la plus importante caractéristique des Bactéries est qu'elles n'ont pas de noyau. C'est pourquoi elles sont appelées Procaryotes (du grec pro, primitif, et carion, noyau). Le chromosome bactérien est organisé sous la forme d'une structure complexe appelée nucléoïde, sans membrane nucléaire, et est en quelque sorte ancré à la membrane cellulaire. Le chromosome se composé d'une molécule d'ADN circulaire, mais le matériel génétique comprend souvent aussi 36 d'autres petites molécules circulaires extrachromosomiques, les plasmides, qui permettent à la Bactérie d'acquérir la résistance à différents antibiotiques. Comme toute autre cellule, les Bactéries sont entourées d'une membrane plasmique. À celle-ci vient s'ajouter une paroi cellulaire bactérienne externe plus consistante, ayant une fonction protectrice, et, dans certains cas, des enveloppes externes supplémentaires, qui contribuent à protéger la cellule et l'empêchent de se dessécher. Certaines Bactéries possèdent des excroissances très fines du cytoplasme, les flagelles bactériens ou les cils, qui leur permettent de se déplacer souvent avec une grande vivacité. Les Bactéries ont un métabolisme très rapide : Escherichia coli, un hôte habituel de notre intestin, placé à 37 °C peut dégrader en 1 heure une quantité de glucose équivalant à plus de 1 000 fois son propre poids. En proportion, un homme mettrait la moitié de sa vie à accomplir un tel travail. Les Bactéries peuvent être divisées en 5 groupes principaux en fonction de leurs différences de formes : 1) Le premier groupe est celui des Bactéries à forme sphérique, appelées coques. En phase de duplication, les coques restent attachés entre eux et forment des cordons ou des amas cellulaires variant, selon l'espèce et en fonction du plan sur lequel se fait la division cellulaire, aussi bien quant à l'aspect que quant au nombre de cellules. S'ils forment des couples de cellules, ils prennent le nom de diplocoques ; s'ils forment des chaînes de cellules, celui de streptocoques, et, s'ils restent unis en grappes, celui de staphylocoques (du grec stafilos, grappe de raisins) ; 2) Les Bactéries en forme de bâtonnet sont appelées bacilles (nom qui correspond aussi à celui du genre : Bacillus) si le bâtonnet est droit, et vibrions, si le bâtonnet est incurvé. Généralement, la division cellulaire de ces Bactéries donne naissance à deux cellules-filles très semblables entre elles, mais on peut voir se développer aussi des filaments ramifiés appelés hyphes qui, lorsqu'ils sont très étendus prennent le nom de mycélium ; 3) Le troisième groupe est celui des Bactéries en forme de spirale, longs bâtonnets incurvés de forme hélicoïdale, très mobiles, qui prennent le nom de spirilles lorsqu'ils sont rigides et de spirochètes lorsqu'ils sont flexibles. les spirochètes sont des organismes pathogènes ; 4) Il existe aussi des Bactéries de forme carrée, qui comprennent certaines espèces vivant dans les sables ou dans d'autres milieux saturés de sel, tel que Haloarcula, un genre découvert récemment ; 5) Enfin, il existe des Bactéries, appelées pléomorphiques, qui n'ont pas de forme caractéristique, mais en changent continuellement. Les enveloppes externes Les Bactéries ont différents types de revêtements, parfois disposés sur plusieurs couches, à l'extérieur de la paroi cellulaire bactérienne. Ces enveloppes ont une fonction protectrice et sont nécessaires aux Bactéries pour adhérer aux objets ou pour se déplacer. La partie la plus périphérique d'une Bactérie est formée de couches S, de la capsule et de couches de muréine, connues dans leur ensemble sous le nom de Structures Polymériques Extracellulaires (SPE). 37 Les couches S, constituées de protéines ou de glycoprotéines, liées entre elles et à la paroi cellulaire sous-jacente, représentent l'enveloppe cellulaire la plus périphérique et ne sont pas présentes dans tous les types de Bactéries. La capsule et les couches de muréine, placées entre les couches S et la paroi cellulaire, sont formées habituellement de polysaccharides, mais peuvent aussi être constituées d'autres polymères. Ces macromolécules sécrétées par les Bactéries adoptent à l'intérieur de la capsule une structure très compacte, qui ne peut pas facilement être délavée, alors que dans les couches de muréine, elles forment des masses de matériaux amorphes et désorganisées qu'on peut enlever facilement. Les SPE ont différentes fonctions. Tout d'abord, une fonction adhésive : certains micro-organismes les utilisent pour se regrouper en de grosses structures. En outre, les enveloppes externes sont utilisées comme résines de filtration ou à échange ionique, car dans l'eau elles échangent les ions présents dans leur structure contre les ions en solution, en sélectionnant les substances qui peuvent entrer en contact avec la paroi cellulaire. Les couches externes sont aussi responsables de la pathogénicité de certaines Bactéries, car elles protègent l'agent infectieux contre la phagocytose opérée par les cellules spécialisées de l'hôte, et en permettent ainsi la propagation. C'est ce qui se passe par exemple pour le Streptococcus pneumoniae, responsable de la pneumonie chez l'homme. Ce microorganisme est virulent uniquement lorsqu'il se présente sous la forme capsulée. Les souches mutantes, incapables de former la capsule, sont absolument inoffensives. Une autre fonction importante des couches externes est de conférer une résistance à certains antibiotiques, qu'elles empêchent de pénétrer à l'intérieur de la cellule. La paroi cellulaire L'une des parties les plus importantes de la cellule procaryote est la paroi cellulaire. C'est elle qui donne leur forme à ces micro-organismes et qui les protège, et c'est l'un des principaux facteurs de la pathogénicité. L'organisation structurelle de la paroi cellulaire a subi différents changements au cours de son évolution ; elle joue un rôle fondamental dans la capacité d'adaptation et de survie des Bactéries dans les milieux les plus variés. On classe les Bactéries en deux grands groupes selon les caractéristiques de la paroi cellulaire : les Gram positives et les Gram négatives. Cette distinction se fonde sur la capacité de ces micro-organismes à être colorés par le violet de gentiane, un colorant spécifique pour la paroi cellulaire. Les différences de coloration que l'on observe entre les deux groupes sont dues à des différences de composition, d'épaisseur et de complexité de la paroi cellulaire. En général, la paroi cellulaire se compose d'un réseau macromoléculaire de peptidoglycane (ou muréine), un hydrate de carbone complexe (mucopolysaccharide) qui consiste en la répétition d'un disaccharide auquel sont liées des chaînes latérales de 4 ou 5 acides aminés. Les monosaccharides qui composent le disaccharide sont semblables au glucose et sont appelés Nacétylglucosamine (NAG) et acide N-acétylmuramique (NAM). Le squelette d'hydrates de carbone de la paroi est formé de la répétition des disaccharides, liés entre eux sous la forme de chaînes d'une longueur variable, comprenant de 10 à 65 molécules de NAG et de NAM. Ces fibres sont unies entre elles par une structure en forme de mailles constituées de tétrapeptides (quatre acides aminés liés entre eux). 38 Dans les Bactéries Gram positives, la paroi cellulaire est faite de plusieurs couches de peptidoglycane formant une structure épaisse et rigide. En outre, la structure contient d'autres molécules comme l'acide téicoïque, qui joue le rôle de collant supplémentaire entre les couches de peptidoglycane et régule la présence dans la paroi cellulaire de nombreux nutriments et sels minéraux. La paroi cellulaire des Bactéries Gram négatives est plus complexe. Elle consiste en une fine couche de peptidoglycane et en une membrane externe liée au peptidoglycane par des lipoprotéines. La membrane externe présente la structure typique des membranes biologiques : une double couche lipidique dans laquelle sont incluses les protéines qui régulent le passage des matériaux, et qui déterminent les caractéristiques antigéniques des Bactéries (antigène). La protéine la plus abondante à l'intérieur de cette membrane est la lipoprotéine de Braun, qui forme les liens avec la couche de peptidoglycane sous-jacente. Les flagelles De nombreux Procaryotes utilisent pour se déplacer de longues et fines excroissances du cytoplasme : les flagelles. Selon le nombre et la disposition de ces organites, les Bactéries peuvent être divisées en 4 groupes : les monotriches, qui ne possèdent qu'un seul flagelle à l'une des extrémités de la cellule ; les amphitriches, qui possèdent deux flagelles situés aux deux extrémités opposées de la cellule ; les lophotriches, qui possèdent plusieurs flagelles à la même extrémité, et enfin les péritriches, dont les flagelles sont distribués tout autour de la cellule. Le flagelle se compose de trois parties : le filament, le crochet et le corpuscule basal. Le filament est une partie allongée et très fine du cytoplasme qui se projette à l'extérieur de la cellule. Il est formé d'une protéine globulaire, la flagelline. Celle-ci se présente sous la forme de chaînes enchevêtrées, orientées de façon à créer une structure hélicoïdale, laquelle est utilisée comme une véritable hélice pour le déplacement. Le crochet est un segment court et incurvé, qui lie le filament au corpuscule basal. Il est formé d'une protéine différente de celle qui constitue le filament. La troisième partie du flagelle, le corps basal, fixe le flagelle à la paroi cellulaire et à la membrane plasmique, et est un véritable moteur. En tournant, il imprime au flagelle un mouvement qui fait avancer la Bactérie dans le milieu dans lequel elle vit. La rotation peut se faire dans le sens des aiguilles d'une montre ou dans le sens inverse, si bien que le mouvement peut avoir lieu en avant ou en arrière. Le mouvement du corpuscule basal dépend de la génération continue d'énergie par la cellule. Les Bactéries sont capables de moduler la vitesse de manière à progresser plus ou moins rapidement. La motilité permet aux Bactéries de s'approcher des substances nutritives et de fuir les dangers comme, par exemple, une source de chaleur ou un milieu non adapté à leur vie. Le rapprochement ou l'éloignement des Bactéries sous l'effet de ces stimuli est appelé « tactisme », chimiotactisme s'il s'agit de substances chimiques ; phototactisme s'il s'agit de stimulations lumineuses. Les Bactéries peuvent sentir les différentes caractéristiques du milieu dans lequel elles vivent, cela au moyen des molécules qui se trouvent sur la membrane ou sur la paroi cellulaire, appelées récepteurs. Les filaments axiaux 39 Les Spirochètes sont un groupe de Bactéries qui ont une structure et une façon de se déplacer particulières. Le Tréponème pâle, responsable de la syphilis, est certainement le plus connu. Ce micro-organisme, comme ceux du même groupe, présente entre la paroi cellulaire et l'enveloppe externe, une série de filaments axiaux qui l'enveloppent dans une spirale. Ces filaments, en glissant l'un contre l'autre, impriment à la cellule un mouvement rotatif qui lui permet d'avancer à la façon d'un tire-bouchon. Fimbriae et pili De nombreuses Bactéries Gram négatives présentent en surface des appendices semblables à des poils, plus petits et plus courts que les flagelles, et utilisés par ces Bactéries pour adhérer aux structures de l'hôte qu'elles infectent. Le nombre de ces appendices, appelés fimbriae, varie de quelques unités à plusieurs centaines. Les pili sont quant à eux des filaments creux, que les Bactéries utilisent pour transférer du matériel génétique d'une cellule à l'autre, quand elles s'unissent en ce que l'on peut considérer comme un véritable accouplement (voir conjugaison). Étant donné leur fonction, ces structures sont appelées pili sexuels. Les instructions génétiques pour leur formation sont codifiées dans une molécule d'ADN circulaire extrachromosomique appelée épisome F+ (les Bactéries qui en sont porteuses prenant le nom de Bactéries F+). La membrane plasmique La structure de la membrane plasmique des cellules procaryotes est très semblable à celle des cellules eucaryotes. La membrane est essentiellement formée d'une double couche de phospholipides dans laquelle sont incluses des protéines servant à réguler le passage de substances entre la cellule et le milieu externe. Si on observe une section de membrane au microscope électronique, on constate que la double couche phospholipidique contient une partie moins colorée, l'espace intramembranaire. Les phospholipides sont constitués d'une tête polaire contenant des groupes phosphoriques et du glycérol, qui représente la partie hydrophile de la molécule, soluble dans l'eau, et d'une double queue d'acides gras, qui est hydrophobe et qui constitue l'espace intramembranaire. Les protéines des membranes peuvent être disposées de différentes manières. Les protéines périphériques, qui se trouvent dans les parties superficielles internes et externes, peuvent agir comme des enzymes ou modifier la forme externe de la membrane. Les protéines intégrées dans la membrane, qui la traversent, interviennent dans le transport actif de substances, et certaines d'entre elles, les récepteurs, servent à assurer la communication cellulaire et la réception de signaux importants pour la cellule. La membrane plasmique présente une organisation dynamique, qu’on appelle modèle fluide de la membrane, dans lequel les constituants sont libres de se déplacer dans le sens transversal et de s'agréger entre eux ou de rejoindre les zones de la surface cellulaire où ils sont nécessaires. Dans les Bactéries, tout comme dans les Eucaryotes, la fonction essentielle de la membrane plasmique est de réguler de manière sélective les échanges de la 40 cellule avec le milieu externe. En ce qui concerne le passage de substances, la membrane se comporte comme une structure semi-perméable ou sélectivement perméable. Certaines molécules sont libres de passer au-dedans et au-dehors par diffusion, mais l'entrée d'autres molécules est finement régulée à travers des mécanismes de transport actif : de grosses molécules telles que les protéines ont besoin d'un transport actif pour être émises à l'extérieur ou incorporées dans la cellule. Par rapport à ce qui se passe dans les cellules eucaryotes, la membrane des Bactéries a une fonction métabolique importante : elle contient toute une série d'enzymes qui sont en mesure de briser les substances nutritives pour produire de l'ATP ou d'autres molécules essentielles pour la vie de la cellule. La membrane cellulaire étant vitale pour la cellule, elle est la cible de nombreux agents antimicrobiens (antibiotiques, par exemple). Le cytoplasme Dans les Bactéries, tout comme dans les cellules eucaryotes, le cytoplasme représente la matrice interne de la cellule, contenue dans la membrane plasmique. Le cytoplasme, dense, semi-transparent et élastique, est composé à 80 % d'eau et contient des protéines, des hydrates de carbone, des lipides et diverses molécules inorganiques présentes en plus grande quantité que dans le milieu de culture. C'est dans le cytoplasme que sont immergées toutes les structures internes des Bactéries : le chromosome bactérien, les ribosomes et des dépôts de substances de réserve appelés inclusions. Le nucléoïde (voir aussi génome des Procaryotes) Les Bactéries ne possèdent pas de noyau à proprement parler, délimité par une membrane. L'ADN qui forme le chromosome bactérien se trouve concentré dans une zone nucléaire appelée nucléoïde. La zone nucléaire de la cellule bactérienne peut être sphérique ou allongée. Dans les cellules à croissance rapide, le volume d'ADN occupe jusqu'à 20 % du volume total, car les Bactéries reproduisent leurs chromosomes avant de commencer à accroître leur volume cellulaire. Le chromosome est attaché à la membrane cellulaire, où sont présentes les protéines nécessaires à la réplication et à la ségrégation du chromosome dans la cellule-fille. Le chromosome bactérien consiste en une longue molécule circulaire à double filament, dans laquelle sont renfermées toutes les informations nécessaires à la formation des structures cellulaires et à l’accomplissement des fonctions vitales de la Bactérie. L'ADN n'est pas lié aux histones comme dans les cellules eucaryotes, mais il existe des protéines identiques qui régulent sa structure dans l'espace cellulaire. Les épisomes et les plasmides (voir génome des Procaryotes) Les Bactéries contiennent souvent des molécules d'ADN extrachromosomiques dites épisomes, responsables de diverses fonctions cellulaires, telles que la 41 production des pili sexuels. Les plasmides constituent une classe spéciale d'épisomes. Ces molécules d'ADN se répliquent de façon autonome à partir du chromosome (voir nucléoïde) et contiennent de 5 à un maximum de 100 gènes, qui ne sont pas indispensables pour la croissance de la Bactérie, mais qui contiennent des informations importantes, comme la résistance à de nombreux antibiotiques, métaux ou autre substances toxiques. Les plasmides peuvent être transférés d'une Bactérie à l'autre, et ils sont utilisés pour la manipulation génétique (voir ADN recombiné). Les ribosomes (voir aussi Morphologie et physiologie de la cellule) Comme toutes les cellules vivantes, les cellules bactériennes contiennent des ribosomes, particules indispensables à la synthèse des protéines. L'aspect granulaire du cytoplasme est dû à la présence de centaines de milliers de ces particules. Les ribosomes se composent de deux unités, dont chacune est formée de protéines et d'un acide nucléique appelé ARN ribosomal (ARNr). Les ribosomes bactériens sont légèrement plus petits que ceux des cellules eucaryotes, et ils contiennent des molécules d'ARN de taille inférieure. Leur fonction dans la synthèse des protéines est essentielle, et c'est précisément sur ces structures qu'agissent de nombreux antibiotiques, tels que la streptomycine et les tétracyclines. Inclusions et vacuoles Les cellules procaryotes n'ont pas d'organites délimités par des membranes, mais elles contiennent une variété de granules et de substances organiques et inorganiques qui forment des inclusions clairement visibles au microscope. Les carboxysomes et les vacuoles sont d'autres types de constituants cytoplasmiques. Les granules métachromatiques sont l'un des principaux types d'inclusion inorganique. Ces granules contiennent de la volutine, une réserve de phosphate qui peut être utilisée dans la synthèse de l'ATP et qui se trouve surtout dans les cellules vivant dans des milieux riches en phosphate. Autres inclusions inorganiques, les granules de soufre se trouvent dans les Bactéries vivant dans des milieux riches en soufre. Les granules de polysaccharides, qui contiennent principalement du glycogène et de l'amidon (voir hydrates de carbone) sont quant à eux parmi les types les plus répandus d'inclusion de matériaux organiques. Les carboxysomes sont des structures hexagonales qui contiennent l'enzyme ribulose-diphosphate carboxylase, utilisée par les organismes pour lesquels la source de carbone est représentée par le gaz carbonique. Enfin, les vacuoles sont pleines de gaz et permettent aux cellules bactérienne de stabiliser leurs mouvements dans l'eau en fonction de la profondeur, comme les vessies natatoires des poissons. LA CROISSANCE BACTÉRIENNE 42 Quand on parle de croissance bactérienne, on se réfère en général au nombre de Bactéries et à la rapidité à laquelle elles se multiplient dans une culture, et non pas aux dimensions que peut atteindre une cellule donnée. Au cours de son cycle vital, une Bactérie double ses dimensions. Comparé au développement des animaux et des plantes, l'accroissement des Bactéries en termes de dimensions ne constitue pas un grand changement. En effet, pour ce type d'organisme, l'aspect important, aux fins de l'adaptation et de l'évolution, c'est l'augmentation en nombre. Une culture bactérienne Pour préparer une culture bactérienne, on choisit un bouillon de culture adapté à la croissance des micro-organismes. Après l'avoir stérilisé, on le met dans des récipients spéciaux (par exemple des éprouvettes), eux aussi stériles, et on y inocule les Bactéries qui, en se multipliant, forment une descendance bien visible. Les Bactéries, en croissant, se multiplient et produisent rapidement des centaines, des centaines de milliers et des milliards de cellules. Observons par exemple ce qui se passe dans une éprouvette dans laquelle est en train de croître une population d'Escherichia coli, une Bactérie qui vit habituellement dans l'intestin de l'homme et des autres animaux. Quand la colonie commence à former une espèce de poussière, cela veut dire que le tube contient environ 100 millions de cellules. Puisque chaque Bactérie se reproduit toutes les 20 minutes, une fois ce temps écoulé, le nombre de cellules présentes dans l'éprouvette aura doublé et sera donc de 200 millions de cellules. Au bout de 20 minutes encore, il y aura dans la culture 400 millions de cellules, le nombre doublant à chaque fois. La croissance de la colonie s'arrêtera lorsque les Bactéries auront occupé tout l'espace et consommé le bouillon nutritif dont elles disposaient. La culture présentera alors un aspect opaque et il y aura plus d'un milliard de cellules dans l'éprouvette. Les Bactéries ont besoin pour croître que la température, la pression osmotique (osmose), et le pH se maintiennent à l'intérieur d'une plage de valeurs déterminée, différente selon les espèces. Elles ont besoin en outre d'oxygène, d'eau, de sources de carbone et d'azote, de sels minéraux et d'autres facteurs nutritifs. Au cours des années, l'homme a appris à utiliser les Bactéries et leurs caractéristiques métaboliques et il sait préparer différents terrains de culture pour faire croître et sélectionner différentes espèces de Bactéries. Une croissance exponentielle La croissance des Bactéries peut être très rapide et progresse en général de façon exponentielle. Cela est dû au fait que la population double à chaque génération. La croissance continue tant que les substances nutritives sont disponibles. Lorsque ces dernières sont épuisées, les Bactéries entrent dans une phase stationnaire qui leur permet de survivre, parfois longtemps. En dosant les substances nutritives, il est donc possible de contrôler la croissance des Bactéries. La plupart des Bactéries croissent à des températures moyennes semblables à celles qui sont adaptées à la vie humaine. Il existe toutefois des Bactéries qui vivent dans des milieux caractérisés par des valeurs de température extrêmes, comme les eaux glaciales des pôles et des abîmes marins, ou encore les puits bouillants des geysers ou des volcans. Dans le solfatare de Pouzzols, par exemple, vit une espèce d'Archéobactérie, Solfulobus solfataricus, un micro-organisme qui s'est 43 adapté à vivre à des températures avoisinant 100 °C, et dont les enzymes réussissent à fonctionner dans des conditions thermiques où d'autres protéines seraient dénaturées. Les conditions de croissance Comme on le sait, la réfrigération est l'un des systèmes utilisés pour conserver les aliments. Cette technique se fonde sur le principe selon lequel les microbes ralentissent leur métabolisme à basse température. En effet, bien qu'elles puissent survivre bien au-dessous de 0 °C, les Bactéries diminuent en nombre assez rapidement quand la température s'abaisse. Seules quelques espèces se sont adaptées à vivre dans des milieux froids, sélectionnant des enzymes et des voies métaboliques particulières, qui ne souffrent pas du climat rigoureux (métabolisme). L'acidité du milieu influe beaucoup sur la résistance des Bactéries, qui croissent dans la plupart des cas à un pH à peu près neutre. L'utilisation du chlore et de ses dérivés à des fins hygiéniques est liée à cet aspect de la croissance bactérienne. Il existe naturellement des Bactéries qui survivent dans des milieux fortement acides, telles que Thiobacillus ferroxidans, qui est utilisé dans les mines de cuivre et d'or pour libérer le métal pur d'autres minéraux, en présence d'acide sulfurique. La pression osmotique, c'est-à-dire la concentration relative de sel à l'intérieur et à l'extérieur de la cellule (voir aussi transport à travers la membrane), conditionne fortement la croissance bactérienne. Si cette pression n'est pas équilibrée, la cellule peut éclater ou se déshydrater. Il existe toutefois des organismes qui parviennent à survivre dans des concentrations salines très élevées, comme les Bactéries qui vivent dans la mer Morte, où la concentration de sel avoisine 30 %. L'eau mise à part, l'une des principales sources nutritives des Bactéries est le carbone. Les Bactéries hétérotrophes extraient le carbone de matières organiques comme les protéines, les graisses et les sucres, alors que les Bactéries autotrophes le prennent au gaz carbonique présent dans l'air ou dissout dans l'eau. D'autres Bactéries sont même capables d’absorber le carbone du pétrole, raison pour laquelle elles sont utilisées régulièrement en cas de marée noire, comme cela est arrivé en Alaska pour l'Exxon Valdez. Les azotofixateurs (voir aussi cycle de l’azote) Les Bactéries ont besoin d'autres éléments que le carbone. Pour la synthèse des protéines, par exemple, de grosses quantité d'azote et de soufre sont nécessaires. La synthèse de l'ADN et de l'ARN nécessite de l'azote et du phosphore (voir composition chimique de l’ADN), comme l'ATP, la molécule qui est utilisée comme transporteur d'énergie dans toutes les cellules. De nombreux organismes prennent l'azote en métabolisant les protéines, d'autres utilisent des sels d’ammonium qui se trouvent régulièrement dans la matière organique cellulaire. Certaines espèces de Bactéries très importantes pour la vie sur la Terre, comme les Cyanobactéries, ou Algues bleues, sont en mesure d'utiliser l'azote atmosphérique. Ce processus métabolique est appelé « fixation de l'azote », et peut se faire de deux façons. Les Bactéries peuvent vivre libres dans le sol ou en symbiose avec les racines des plantes. Parmi les Bactéries symbiotiques, l'espèce la plus importante est le Rhizobium, objet d'un grand nombre de recherches dans le domaine des 44 biotechnologies agricoles. Cette Bactérie vit en symbiose avec beaucoup d'espèces de végétaux, dont les Légumineuses. L'azote fixé est utilisé aussi bien par la plante que par la Bactérie, et cette réaction accroît énormément la fertilité du sol. C'est pour cette raison que dans les cultures on alterne des légumineuses au blé, afin de refertiliser le sol. Les Bactéries et l'oxygène Nous sommes tous habitués à penser que l'oxygène est nécessaire à la vie sur Terre. En réalité, l'oxygène moléculaire (O2) est un gaz tellement réactif qu'on peut le considérer comme toxique, et a été absent de l'atmosphère terrestre pendant la plus grande partie de l'histoire de notre planète. Les théories sur l'origine de la vie soutiennent que la vie sur la Terre a pu se développer grâce à son absence, mais à présent un grand nombre de formes vivantes utilisent cet élément dans la respiration aérobie. Les Bactéries, en ce qui concerne l'utilisation de l'oxygène, se divisent en trois catégories : les aérobies, qui ne survivent pas en l'absence d'oxygène, les aérobies facultatives (comme les Entérobactéries qui peuplent notre intestin), qui ont trouvé des voies métaboliques alternatives si elles manquent d'oxygène, et les Bactéries anaérobies, par exemple celles du genre Clostridum, qui comprend des espèces comme le bacille botulique (botulisme) et le bacille tétanique, qui ne peuvent se multiplier qu'en l'absence d'oxygène. La division cellulaire et les temps de croissance Normalement, les Bactéries se reproduisent par clivage. La première étape de cette division est un allongement de la cellule et la réplication de l'ADN. Ensuite, la paroi et la membrane cellulaire s'allongent vers l'intérieur de tous les côtés de la cellule, et se joignent dans la partie médiane, où se trouvent les deux régions chromosomiques. Lorsque les membranes se rencontrent, les deux cellules identiques ainsi formées se divisent et le processus peut recommencer. Le temps mis par une Bactérie pour se diviser et par la population pour se reproduire est différent selon les espèces. En moyenne, les Bactéries ont un temps de duplication qui varie de 1 à 3 heures, mais il existe des espèces qui se reproduisent toutes les 20 minutes, comme l'Escherichia coli, tandis que d'autres Bactéries mettent plus d'une journée à le faire. Il est donc clair qu'en peu de temps on peut avoir affaire à des milliards de cellules. Le casse-tête suivant peut donner une idée de ce qu'est la croissance exponentielle. On inocule dans une piscine une espèce bactérienne dont le temps de duplication est d'une journée. Au bout de 10 jours, la piscine est pleine de Bactéries. Au bout de combien de jours la piscine sera-t-elle été à moitié pleine ? Une réponse hâtive pourrait être : le cinquième jour, mais la réponse exacte est : le neuvième jour. GÉNÉTIQUE BACTÉRIENNE (voir aussi génome des Procaryotes) Les Bactéries ont certainement été les organismes les plus étudiés en biologie, et la plupart des connaissances acquises par la biologie moléculaire sur les 45 mécanismes de l'expression des gènes et sur leur régulation sont le résultat d'études menées sur les Bactéries et sur une espèce en particulier : Escherichia coli. Le chromosome des Bactéries se compose d'une longue molécule d'ADN circulaire, répliquée à chaque génération (voir nucléoïde). Les mécanismes de la réplication sont d'un point de vue enzymatique semblables à ceux des Eucaryotes. La réplication commence dans une région, puis se propage dans les deux directions opposées, mais le fait que le chromosome est circulaire pose des problèmes de nature topologique, qui sont résolus par des enzymes spéciales, les topoisomérases. À la fin de la réplication, en effet, les deux molécules d'ADN se trouvent unies comme les deux maillons d'une chaîne, et ces enzymes les séparent. De la même façon, les plasmides présents dans la cellule bactérienne sont répliqués puis divisés. Dans les Bactéries, - le processus de réplication est extrêmement rapide dans une Bactérie comme E. coli qui croît à 7 °C - sont synthétisés 1 000 nucléoïdes par seconde. L'information contenue dans l'ADN est utilisée pour construire les protéines et les autres éléments de régulation nécessaires à la croissance cellulaire, à travers un processus appelé transcription. Sur l'empreinte de l'ADN est synthétisée une molécule d'ARN messager qui sera ensuite utilisée par le processus de la synthèse des protéines pour élaborer une série déterminée d'acides aminés qui composent cette même protéine. Chez les Bactéries, la transcription et la synthèse sont couplées, et il est possible d'observer ce phénomène au microscope électronique. Les Bactéries peuvent provoquer toute une série de réactions métaboliques et elles peuvent en outre adapter leur métabolisme à de nombreux milieux. Toutes les réactions métaboliques sont catalysées par des protéines particulières, les enzymes. Le mécanisme de la synthèse protéique nécessite une grande quantité d'énergie. Pour n'importe quel organisme, il est donc important de réguler l'expression des gènes en synthétisant uniquement les protéines dont il a besoin à un moment donné. Les Bactéries utilisent différents mécanismes pour la régulation de l'expression génique, mais le plus commun est le système répresseur-inducteur. 46