ALUMINIUM ET EAU
En juillet 2000, l’unité 330 de l’INSERM a publié dans l’American Journal of Epidemiology les
résultats du suivi à 8 ans de la cohorte Paquid, qui mettent en évidence un risque accru de démences,
notamment de type Alzheimer, chez des sujets exposés à des concentrations en aluminium dans l’eau
de distribution supérieures à 100 μg /l. Cette étude a relancé un débat qui a débuté dans les années
1970 sur le rôle éventuel de l’aluminium dans la démence dégénérative d’Alzheimer.
Dans le même temps, il est demandé au comité d’experts spécialisés (CES) de l’Afssa du groupe « Eaux
» et au Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) de se prononcer sur la reconduction
de la valeur de limite de qualité en aluminium total dans les eaux destinées à la consommation
humaine, fixée à 200 μg /l par décret 89-3 du 3 janvier 1989.
La littérature scientifique a suggéré que l’aluminium pouvait être impliqué dans l‘étiologie d’autres
pathologies que la maladie d’Alzheimer (neurologiques, osseuses, respiratoires, immuno-allergiques
principalement) et que d’autres sources d’exposition que l’eau et l’alimentation pouvaient contribuer
aux risques.
Les nombreuses propriétés physico-chimiques de l’aluminium (basse densité, grande malléabilité,
grande ductilité, bonne conductivité électrique et chimique, résistance à la corrosion, à la traction,
etc…) en font un métal très utilisé dans de nombreux domaines :
- Industries du bâtiment, transports,
- Industries agroalimentaire (conservation, colorants, additifs, etc..), industries de l’emballage
(boîtes-boisson, barquettes alimentaires), fabrication d’ustensiles de cuisine,
- Industries pharmaceutiques (pansements gastriques, antiacides, adjuvants de vaccins, verre
pharmaceutique),
- Chirurgie (céramiques en chirurgie orthopédique et dentaire, alliages dans les implants
orthopédiques),
- Cosmétologie (antiperspirants, colorants capillaires…)
- Traitement des eaux d’alimentation (agent floculant et clarifiant).
Cinétique et métabolisme de l’aluminium
Du fait de la multiplicité des voies d’absorption (orale, respiratoire et cutanée) et du caractère
ubiquitaire de l’aluminium dans l’environnement, l’être humain est en contact permanent avec cet
élément. La contribution des différentes voies à la quantité finale reçue par l’organisme dépend des
quantités externes apportées par chacune de ces voies et de leurs coefficients d’absorption respectifs.
- Par ingestion, l’absorption de l’aluminium est influencée par de nombreux facteurs - pH, spéciation,
effet matrice, facteurs physiologiques et pathologiques - et est généralement inférieure à 1%. Au vu
des données analysées, même si les coefficients d’absorption pourraient différer selon que
l’aluminium provienne de l’eau, des aliments ou des produits de santé (pansements gastriques et
médicaments anti-acides à base d’aluminium), ils restent dans une fourchette de 0,1 à 1%, avec un
facteur 10 à 100 fois plus faible pour les médicaments anti-acides.
Toxicité aigüe
Chez l’homme, peu de données existent sur les effets nocifs liés à une exposition aiguë à l’aluminium.
De fait, les auteurs s’accordent à dire que l’aluminium présente une faible toxicité aiguë. Il n’y a pas
eu chez l’homme de décès attribués à de fortes quantités d’aluminium ingéré. Les seuls cas signalés