IV – Working Group : Globalisation/Delocalization. IV – Groupe de travail : Mondialisation/Délocalisation. IV – Gruppo di lavoro : Mondializzazione/Delocalizzazione. Mondialisation/Délocalisation Andrzej Potocki – rapporteur (SD) – Pologne Bruxelles, 11-12/11/2010 4ème Congrès 4° Congresso 4th Congress Andrzej Potocki Stronnictwo Demokratyczne – Alliance des Démocrates Secrétaire aux affaires internationales MONDIALISATION / DELOCALISATION Rapport du Groupe de Travail PDE … une grande partie de la mondialisation se compose d’une pléiade de microprocessus dénationalisant ce qui a été construit comme national, et ce indépendamment du cadre politique, économique, urbain, temporel, ou ayant toute autre dynamique et domaine (Saskia Sassen, Territory, Authority, Rights…) Définitions et descriptifs La mondialisation se rapporte à un processus par lequel est mise en œuvre l’intégration des économies, sociétés et cultures régionales, et ce par le biais d’un réseau global de communication, de transport et de commerce. Cette notion se rapporte plus limitativement à la mondialisation économique : l’intégration des économies nationales par le commerce, les investissements étrangers directs, les flux de capitaux, la migration ainsi que le transfert de technologies. Toutefois, il est généralement admis, que la mondialisation est mise en œuvre par un ensemble de facteurs économiques, techniques, socioculturels, politiques et biologiques. Cette notion peut également se référer à une circulation transnationale d’idées, de langues ou de cultures populaires par le phénomène d’acculturation. La mondialisation, en tant que système, a remplacé le système de la Guerre Froide. Elle repose sur deux principes: Primo – l’idée que la liberté, les droits de l’homme et la démocratie sont les facteurs les plus efficaces de la croissance et du développement. Secundo - la mondialisation est liée à une série de politiques fondées sur le consensus de Washington: discipline fiscale; réorientation des priorités de la dépense publique vers des domaines assurant un retour d’investissement important et disposant d’un potentiel améliorant la répartition des revenus, tels que l’assistance sanitaire de base, l’éducation primaire; l’infrastructure; la réforme des impôts; la libéralisation des taux d’intérêts; le taux de change compétitifs; la libéralisation du commerce; la libéralisation des flux d’investissements étrangers directs; la privatisation; la dérégulation (élimination des barrières d’entrée et de sortie); la garantie des droits de propriété etc. ... Bref, la mondialisation est une intégration de la démocratie, des réformes de droit, des capitaux, des technologies et de l’information au-dessus des frontières nationales, créant ainsi un seul marché global et un village planétaire. Cela a comme conséquence une augmentation de la richesse mondiale : en 1950 le PIB mondial était de 4 000 milliards de dollars. Aujourd’hui il dépasse 13 800 billions de dollars. En outre, la mondialisation constitue également un tournant et le passage à l’époque de l’information. Le mot « mondialisation » a été utilisé pour la première fois en 1930 pour identifier une vision holistique de l’expérience humaine dans le domaine de l’éducation. Une premiere description de la mondialisation a été entreprise par Charles Taze Russell, un pasteur américain soutenant les entrepreneurs, qui en 1897 a forgé le terme de « géants corporatifs ». Ce n’est toutefois qu’en 1960 que ce mot a été largement repris par les économistes et autres experts des sciences sociales. Vers la fin des années 1980, le concept a été relancé par les principaux médias. Depuis ce jour, le concept de la mondialisation a fait l’objet de nombreuses définitions et interprétations, dont nous retrouvons les antécédents dans les grands mouvements commerciaux en Asie et sur l’Océan Indien du 15e siècle. La CESAO des Nations unies a notamment écrit que la mondialisation « est un mot largement utilisé qui peut être défini de plusieurs manières. Dans un contexte économique – il se rapporte à la réduction et à l’élimination des barrières entre Etats nationaux, dans le but de faciliter les flux de biens, de capitaux, de services et de personnes... La mondialisation n’est point un phénomène nouveau. Il commence au 19e siècle, mais subit un ralentissement au début de la Grande Guerre; ce ralentissement persiste jusqu’aux années 80 du 20e siecle. Ce rythme réduit peut être attribué aux politiques de certains pays qui se sont renfermés surtout pour protéger leurs industries. Toutefois, la mondialisation a sensiblement repris au cours des deux dernières décennies du 20e siècle.... » Tom J. Palmer de l’Institut Cato définit la mondialisation comme « une diminution ou élimination des restrictions imposées par les Etats aux échanges transfrontaliers, accompagnée de l’instauration d’un système complexe et global de production et d’échanges de plus en plus intégré. » Thomas L. Friedman a examiné les conséquences de « l’aplatissement » du monde, et affirme que le commerce mondialisé, la délocalisation, les réseaux de livraisons, ainsi que les forces politiques, ont durablement changé le monde, pour le bien et le mal. Il affirme également que le rythme de la mondialisation accélère et aura par la suite une influence croissante sur l’organisation et la pratique du commerce et des affaires. Noam Chomsky affirme que le mot « mondialisation » est également utilisé _ avec un sens doctrinal pour décrire la forme néolibérale de la mondialisation économique. Herman E. Daly constate que parfois les mots « internationalisation » et « mondialisation » sont utilisés comme synonymes, malgré les différences formelles qui s’y rattachent. Le mot « internationalisation » se réfère à l’importance du commerce international, aux relations, traités etc. etc. liés à l’immobilité (hypothétique) de la main d’œuvre et des capitaux entre les Etats et au sein de ces Etats. Takis Fotopoulos affirme que la mondialisation est le résultat de tendances systémiques exprimant la dynamique d’une économie de marché (croissance ou déclin), suite à l’expansion rapide des groupe transnationaux. Le processus de mondialisation a été lancé car ces activités n’ont pas été contrebalancées efficacement par les actions des syndicats ou d’autres actions politiques. Il s’agit donc d’un phénomène a plusieurs facettes et irréversible se réalisant au niveau du système de l’économie libérale. Il comprend la mondialisation économique, soit l’ouverture et la dérégulation des marchés de biens, de capitaux et de main d’œuvre, donnant naissance à la forme actuelle de mondialisation néolibérale; la mondialisation politique, soit l’apparition d’une élite transnationale et le déclin du tout-puissant Etat-nation de la période étatisée; la mondialisation culturelle, soit l’homogénéisation mondiale de la culture; la mondialisation idéologique; la mondialisation technologique; la mondialisation sociale... La mondialisation donne lieu à la délocalisation Un grand nombre d’activités nécessitant par le passé un contact direct, face-à-face, ou ayant un caractère local, est maintenant réalisé à grandes distances. Nous observons une forte délocalisation des échanges sociaux et économiques. Les activités et les relations ont été privées de leurs racines locales et des fondements culturels. L’éloignement de la main d’œuvre des maisons familiales a sensiblement contribué à cela (y compris la migration classique vers les banlieues; voir le débat de Putnam sur l’impact de ce phénomène sur les relations sociales). Toutefois la délocalisation dépasse sensiblement ces limites. Les gens sont obligés d’avoir recours à des systèmes distants pour – tout simplement – vivre. Par exemple, les banques et le commerce adoptent des techniques qui réduisent la nécessité d’un contact direct, physique. Nous contactons nos banques par centre d’appels distant à des centaines de kilomètres. Nous achetons des produits par Internet, et dans ce cas la seule personne avec laquelle nous pouvons échanger quelques mots – est le chauffeur livrant le colis. Dans ce dernier cas nous dépassons les contenus traditionnels des concepts de distance et de territoire, en leur donnant une signification nouvelle. Achetant des livres sur Internet, par exemple chez Amazon, notre communication transite par plusieurs ordinateurs et routeurs, à des milliers de kilomètres de notre maison, car l’ordinateur recevant notre commande est situé sur un autre continent, tandis que les livres composant notre commande peuvent se trouver dans plusieurs endroits sur le Globe. « L’espace » que nous gérons en utilisant l’Internet pour acheter des biens ou pour communiquer (« chatroom » ou bulletins d’info) nous permet d’assimiler une nouvelle notion de « place » et de « communauté » auxquelles nous appartenons. Evidemment, tout n’est pas global! La majorité des emplois revêt un caractère local ou régional, mais les activités stratégiques et les facteurs économiques fonctionnent ou existent déjà en réseau dans le cadre d’un système mondialisé de.« inputs » ou « outputs ». Tout ce qui se passe dans le voisinage (local) est de plus en plus influencé par les actions de gens ou de systèmes actifs à des centaines de kilomètres. Par exemple, les changements sur les marchés de produits ou les marchés financiers peuvent avoir un impact sensible sur la vie des habitants du monde entier. Les personnes et les systèmes deviennent de plus en plus interdépendants. Les effets du « Globalisme » Les différents facteurs de la mondialisation influencent le monde de plusieurs manières. Ci-dessous, les différents aspects : Industrie – apparition de marchés de production mondiaux, avec un accès des consommateurs et des entreprises à une gamme de plus en plus large de produits étrangers. Il y a une modification des flux de biens et de matériaux entre les Etats et dans les limites des frontières nationales. La valeur du commerce international de produits industriels a augmenté de plus de 100 fois (de 95 milliard de dollars à 12 billions) en 50 ans, et ce depuis 1955. Les seuls échanges de la Chine avec l’Afrique ont été multipliés par 7 de 2000 à 2007. Finances – apparition de marchés financiers mondiaux, et amélioration de l’accès aux financements extérieurs. Au début du 21e siècle, plus de 1,5 billion de dollars, en monnaies nationales, a été contracté quotidiennement pour financer le niveau plus élevé de commerce et d’investissements. Etant donné que ces structures mondiales se développent plus rapidement que le régime légal transnational, nous observons une croissance dramatique de l’instabilité de l’infrastructure financière mondiale, ce qui a été mis en évidence par la crise financière des années 2007 – 2010. Economie – création du marché commun mondial, fondé sur la liberté des échanges de biens et de capitaux. Toutefois, l’interdépendance de ces marchés signifie que toute chute dans un secteur génère des conséquences dans d’autres domaines. Grace à la mondialisation, les entreprises peuvent produire des biens et des services dans des endroits où les coûts sont moindres. Ceci peut donner lieu à des transferts de la main d’œuvre vers des endroits avec des salaires plus bas, moins de protection des salariés et de protection sanitaire. Dans le cas de la production industrielle ceci peut également donner lieu à des migrations vers des régions où la législation environnementale est moins stricte, où les conditions de sécurité des salariés sont moins évoluées. Politique sanitaire – A l’échelle mondiale, la santé devient un bien. Dans les pays en développement, sur demande des Programmes de Reformes structurelles, les systèmes sanitaires sont divisés et privatisés. Pendant les années 1990 les décideurs mondiaux de la politique sanitaire se sont déplacés du système des Nations Unies vers les institutions financières. Ce transfert des pouvoirs a comme conséquence une privatisation du secteur de la santé. Ces « menus champs » privatisés sont peuplés de nombreux joueurs, chacun ayant ses intérêts très personnels. Ces acteurs de la nouvelle politique fragmentarisée mettent en évidence la nécessité d’instaurer des partenariats et d’assurer des interventions spécifiques pour combattre certains problèmes (par opposition aux stratégies globales de la santé). Sous l’influence du commerce mondial et de l’économie globale, la politique de la santé est subordonnée au développement technique et au commerce de produits innovants. Dans cette situation les priorités mondiales sont en conflits avec les priorités nationales, car dans les Etats l’infrastructure sanitaire et l’assistance médicale fondamentale sont des valeurs auxquelles le citoyen tient beaucoup plus que ne le font les organismes privatisés gérés par des représentants de sociétés plus aisées. Politique – pour certains la « mondialisation » est égale à la création d’un gouvernement mondial réglant les relations entre gouvernements et assurant le respect des droits relatifs à la mondialisation sociale et économique. D’un point de vue politique, les Etats-Unis ont profité d’une position de force parmi les puissances mondiales, ce qui, en partie, était dû à une économie forte et saine. La République populaire de Chine a enregistré une forte croissance au cours de la dernière décennie, en partie d’une part grâce à la mondialisation, en partie d’autre part – suite à l’aide des Etats-Unis. Si la Chine poursuivait sa croissance au même rythme, nous observerions, dans les 20 prochaines années, un remaniement des positions du groupe de leaders mondiaux. La Chine aura suffisamment de force industrielle et technique pour revendiquer aux Etats-Unis la position de No 1 mondial. Information – augmentation des flux d’information entre des régions éloignées. Conséquence des changements techniques, avec l’apparition des fibres optiques, des satellites, et un accès de plus en plus important au téléphone et à l’Internet. Langage – la langue la plus parlée est le mandarin (845 millions de personnes), suivi de l’espagnol (329 millions de personnes) et de l’anglais (328 millions de personnes). Toutefois, c’est indéniablement l’anglais qui passe à la deuxième place comme langue de la mondialisation, devenant la « lingua franca » de ce phénomène. 35 pour cent des courriels, messages par télécopie ou télégrammes – sont en anglais. Environ 40 pour cent des émissions radiophoniques au monde sont en anglais. Environ 50% des échanges sur Internet le sont également. Compétition – Ceux qui désirent survivre sur le nouveau marché mondial doivent améliorer leur productivité et leur compétitivité. Etant donné que le marché devient global, les sociétés de nombreux secteurs doivent améliorer leurs produits et lancer des technologiques leur permettant de faire face à la concurrence. Ecologie – apparition de défis environnementaux globaux ne pouvant être résolus que dans le cadre de la coopération internationale, tels que les changements climatiques, la pollution de l’air et des eaux transfrontalières, la pèche dans les océans, ainsi que l’expansion d’espèces invasives. Etant donné que de nombreuses usines sont construites dans les Etats en développement, disposant d’une législation environnementale moins stricte, la mondialisation et le commerce libéral peuvent augmenter la pollution et avoir un impact négatif sur les ressources précieuses d’eau potable. D’autre part, le développement économique a été intimement lié à une étape industrielle « sale » et souvent l’on avance l’argument que les pays en développement ne devraient pas être privés de la possibilité d’accroitre le niveau de vie par des dispositions légales. Culture – intensification des contacts interculturels; apparition de nouvelles catégories d’idées et d’identités promouvant la prolifération culturelle; volonté d’améliorer la qualité de vie et de profiter de produits et de services étrangers; adoption de nouvelles technologies et pratiques; participation à la « culture mondiale ». Effets collatéraux : consumérisme et perte de langages. Diffusion du multiculturel; meilleure accessibilité à la diversité culturelle (p.ex. par les importations en provenance de Hollywood). Certains considèrent cette culture « importée » comme étant un danger, donnant lieu à la perte de la diversité ou même à l’assimilation. D’autres, traitent le « multiculturalisme » comme un facteur de promotion de la paix et de la compréhension entre les peuples. Une 3e position qui commence à trouver de plus en plus de soutien, est que la notion de « multiculturalisme » est une nouvelle forme de monoculture dans laquelle il n’y aurait plus de différences et chacun pourrait passer à volonté d’un style de vie à un autre, en termes de musique, costumes et autres facteurs jadis rattachés à une seule culture bien distincte. Il ne s’agirait donc plus d’une simple assimilation, mais d’un effacement de la culture telle que nous la connaissons de nos jours. Voyages et tourisme – l’OMS considère que 500 000 personnes sont au même instant à bord d’avions. En 2008 il y a eu plus de 922 millions d’entrées de touristes enregistrées, avec un taux de croissance de 1,9% par rapport à 2007. Plus de migrations, y compris les immigrations illégales –L’OIM estime qu’il y a actuellement plus de 200 millions de personnes migrant au monde. Selon les dernières données, les versements vers les pays en développement auraient atteint 328 milliards de dollars en 2008. Diffusion de produits de consommation locaux (p.ex. la nourriture) vers d’autres pays (souvent – en les adaptant à leur culture). Manies mondiales ou objet de la culture ‘pop’ tels que Pokémon, Sudoku, Numa Numa, Origami, Idol series, YouTube, Orkut, Facebook et MySpace. Accessibles à ceux qui disposent d’un accès Internet ou de la Télévision, excluant une bonne partie de la population mondiale. Manifestations sportives telles que la Coupe du Monde de football ou les Jeux Olympiques. Présence de multinationales dans les secteurs des nouveaux médias. Social – développement d’un système d’organisations non-gouvernementales, en qualité d’acteurs premiers de la politique publique globale, y compris des secteurs de l’aide humanitaire et des efforts pour le développement. Développement du Système Global d’Information – de l’infrastructure mondiale de télécommunication, accompagné de flux de donnés transfrontaliers croissants, exploitant des technologies telles que l’Internet, les satellites de communication, les câbles de fibre optique sousmarins, et la téléphonie sans câble. Augmentation du nombre de normes applicables mondialement – p.ex. droits d’auteurs, brevets et accords commerciaux mondiaux. Création d’une Cour pénale internationale, et mouvements internationaux en faveur de la justice. Criminalité - Importations du crime et croissance de la conscience de la nécessité de lutter contre le crime à une échelle mondiale, en assurant une coopération globale. Apparition du droit administratif mondial. Religion – Prolifération de groupes religieux, d’idées et de pratiques, y compris de leur visions de la signification et des valeurs de différents endroits, avec une croissance des interrelations entre eux. La majorité des sources statistiques mentionnent le christianisme comme la religion ayant le plus d’adhérents, suivi de l’islam, l’hindouisme et du bouddhisme. Les risques de la mondialisation La mondialisation a suscité une forte opposition internationale qui affirme qu’elle aurait augmenté les inégalités et la dégradation de l’environnement, tout en influant négativement sur la qualité de la vie. Certains prennent également en considération l’impact de la mondialisation sur la culture. A côté de la mondialisation des économies et du commerce, il y a également un développement des importations et des exportations de la culture. Le problème est que les pays plus forts et plus grands, tels que les Etats-Unis, peuvent dominer les autres cultures, celles des Etats plus petits, ce qui donnerait lieu à une annihilation de certaines coutumes et valeurs. Ce processus est parfois appelé « américanisation » ou « Mcdonaldisation ». Dans de nombreux pays moins riches, la mondialisation est une conséquence de l’exploitation par les sociétés étrangères d’une main d’œuvre bon marché. Dans certains cas cette politique peut donner lieu au recours au travail des enfants, au travail forcé, aux atteintes de la liberté de s’associer, au droit de s’organiser et aux contrats collectifs, ainsi qu’au droit à des conditions de travail décentes. D’autre part, ces effets négatifs sont en partie dus aux entraves à la libre circulation de la main d’œuvre. L’afflux massif de biens de consommation, tels que téléviseurs, radios, bicyclettes et produits textiles sur les marchés des Etats-Unis, d’Europe et du Japon, a aidé au cours des dernières décennies, l’expansion économique des tigres asiatiques. Toutefois, les exportations de textiles et de vêtements de la Chine ont été fortement critiquées en Europe, aux Etats-Unis et dans certains Etats africains. En Afrique du Sud, près de 300 mille salariés de l’industrie textile ont perdu leurs postes de travail suite à l’invasion des produits chinois. La balance commerciale négative des USA par rapport à la Chine a couté 2,4 millions d’emplois aux Etats-Unis de 2001 à 2008 (selon les données du Economic Policy Institute EPI). De 2000 à 2007 près de 3,2 millions d’emplois auraient disparu aux Etats-Unis, soit une usine américaine sur 6. Les possibilités offertes par les pays riches donnent lieu à une « fuite des cerveaux » en provenance des pays moins riches. Ce phénomène a couté au continent africain plus de 4,1 milliards de dollars US en emplois de 150 000 expatriés par an. Les études à l’étranger des jeunes Indiens coutent à ce pays l’équivalent d’échanges internationaux de 10 milliards de dollars US par an. Le maintien de la sécurité alimentaire est de plus en plus difficile, car le monde est secoué par une convergence des phénomènes de « crises » ou « d’excédent » pétrole, eau, phosphates, blé, poissons... La croissance démographique, le déficit des sources d’énergie et de denrées alimentaires donneront lieu, d’ici 2030, à « l’orage par excellence » - affirment le chef des experts scientifiques du gouvernement britannique. D’après lui, les réserves de nourriture ont atteint le niveau le plus bas depuis 50 ans, tandis que le monde, d’ici 2030, aura besoin de 50% de plus d’énergie, d’aliments et d’eau. Le monde devra produire 70% de plus de nourriture jusqu’à 2050 pour subvenir aux besoins de 2,3 milliards d’hommes en plus – alerte l’ONUAA. Les experts des sciences sociales annoncent que la civilisation mondiale a devant elle une période de stagnation et de réorganisation économique en raison de l’épuisement des réserves de combustibles fossiles. Ceci donnerait lieu à une crise des transports et de la production alimentaire. La mondialisation a également facilité la prolifération de maladies parmi les plus mortelles. Un exemple : SIDA-VIH. En outre – comme conséquence des migrations, il est considéré qu’aux EtatsUnis près de 500 mille personnes sont porteuses de la maladie de Chagas. En 2006, aux Etats-Unis, le taux de tuberculeux parmi les personnes nées hors des USA était 9,5 fois plus important que dans le groupe des personnes nées aux Etats-Unis. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a publié un rapport selon lequel le trafic mondial de la drogue génère plus de 320 milliards de dollars US par an de bénéfices. Les Nations Unies considèrent que le monde compte plus de 50 millions de personnes se droguant régulièrement à l’héroïne, la cocaïne et d’autres produits de synthèse. Le trafic international d’animaux appartenant à des espèces menacées suit de près celui de la drogue. La médecine chinoise traditionnelle contient souvent des substances provenant de toutes les parties de plantes – feuilles, fleurs, racines, écorces, ainsi que des éléments animaux et minéraux. L’exploitation de substances provenant d’espèces menacées (telles que hippocampes, rhinocéros, antilopes saïga. tigres.... ) a suscité de vifs oppositions, ce qui a donné lieu à la naissance d’un marché noir alimenté par les chasseurs chassant des animaux rares. En 2003, 29 pour cent de la pèche en haute mer se trouvait dans un état critique. Le présent et le futur La mondialisation est encore considérée comme étant un problème, une menace; un phénomène qui nous mène droit vers l’inconnu. Nous sommes conscients du déficit potentiel des matières premières, des dommages irréversibles à l’environnement, et des disparités croissantes entre les plus riches et les plus pauvres. Toutes ces craintes ont été, tout naturellement, renforcées par le choc de la crise financière en cours. Les pays en développement gagnent en compétitivité et ceci entraine la délocalisation des sociétés européennes, ce qui – parfois – engendre la clôture de sites, soit des licenciements. Il faut toutefois souligner que la croissance dans les pays en développement crée de nouveaux marchés. La délocalisation est un phénomène inévitable. Toutefois, il n’a pas que des aspects négatifs : tout dépend de notre capacité à gérer cette tendance pour transformer le risque en opportunité. Tout ne sera pas fabriqué en dehors de l’Europe, dans des pays dans lesquels le cout du travail est moindre. Etant donné que tous les produits pour lesquels le coût est un facteur fondamental ne sortiront pas d’établissements situés au sein de l’Union européenne, nous devons nous concentrer sur les autres éléments tels que le design, la technologie, le transport, la qualité de la main d’œuvre...Nous sommes forcés d’être innovateurs aussi bien dans les produits, que dans les services. Toutefois, certaines grosses sociétés, prenant en considération la baisse de la qualité et les coûts de transport, déplacent déjà leur production à nouveau en Europe ou aux USA. Ce processus demande un soutien particulier. La libre circulation des salariés contribuera également à équilibrer les conditions de travail dans les pays développés et en développement. Il convient de citer trois secteurs dans lesquels l’Union européenne doit être en première ligne, soit dans les secteurs demandant un savoir particulier et une technique de haut niveau : La vie – soit, au sens large, de la cosmétique à la biotechnologie. Le déficit d’énergie et les changements climatiques imposant la recherche de nouvelles sources d’énergie et le changement des méthodes de production. Le besoin et le désir de mobilité : infrastructures nouvelles et moyens de transport nouveaux. Considérant l’approche politique, un support continu à la démocratisation dans les pays en développement contribuera à bâtir des barrières contre la réduction de la pauvreté globale. Ceci reste un défi majeur. Toutefois, de 1965 à 2008, le revenu moyen a été triplé. La durée de vie augmenté de 20 ans en moyenne. Le taux de mortalité des nourrissons a baissé de moitié. En 1970, 37% des habitants des pays pauvres souffraient la malnutrition. Ce chiffre a été de 18% en 2006. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale les barrieres au commerce international ont été réduites grâce aux accords internationaux. Ceci permet aux pays pauvres d’accéder aux marchés mondiaux. Il convient toutefois de renforcer les processus de promotion des libres échanges lancés dans le cadre de GATT: élimination des tarifs, création de zones de libre échange, avec tarifs réduits ou nuls; réduction des coûts de transport, notamment résultant de l’utilisation massive des containers pour le transport maritime; réduction ou élimination du contrôle des capitaux; harmonisation des aides aux entreprises locales; harmonisation des lois sur la propriété intellectuelle dans la majorité des pays, avec plus de restrictions; reconnaissance supranationale des restrictions à la propriété intellectuelle. L’Union européenne devrait également intensifier ses efforts pour promouvoir la libre circulation des personnes, des biens, des idées et de la main-d’œuvre. De plus, considérant que la mondialisation promeut les droits de l’homme et l’émancipation des femmes, l’Europe devrait profiter des opportunités politiques et économiques pour promouvoir ces valeurs. La réforme politique est une condition préalable. Les Etats doivent renoncer à la guerre civile, aux comportements agressifs, ainsi qu’à la discrimination des femmes et des minorités ethniques. Une fois la liberté assurée, le progrès technique peut être exploité pour le bien des gens pauvres. La culture globale doit être accompagnée par l’éducation globale. C’est la seule solution pour rassembler les gens et créer une identité, tout en assurant la solution des problèmes liés à la diversité ethnique. La mondialisation culturelle, lancée par les technologies de la communication et le marketage mondial des industries occidentales de la culture, a été – en un premier temps – comprise comme un processus d’homogénéisation, un domination globale de la culture américaine aux dépends de la diversité traditionnelle. Toutefois, une tendance opposée est vite apparue grâce aux mouvements des opposants à la mondialisation, défendant la spécificité locale, l’individualisme et l’identité. L’Europe devrait investir dans les personnes par le biais de l’éducation et de la formation. En outre, lorsque le niveau d’éducation est plus élevé, les gens consomment plus de « produits pour l’esprit ». Une telle évolution génère un développement durable : les biens matériels consomment des ressources et produisent des effets négatifs tels que la pollution. En revanche , les biens « spirituels », qui se composent surtout d’idées, ont besoin de peu de ressources et assurent des effets externes uniquement positifs. Ceci signifie que la lutte contre la pollution dépend également du niveau d’éducation. D’autres recommandations comprennent ce qui suit : La création de postes de travail de qualité. La mise en œuvre des objectifs de l’Union européenne concernant la réduction des gaz à effet de serre de 20% en 2020. Augmenter les sources renouvelables d’énergie (20% des besoins). 3 pour cent du PIB de l’Europe à la Recherche et au développement. 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Remerciements L’auteur exprime sa reconnaissance à tous les membres du Groupe de Travail pour leur contribution. Vos textes, ainsi que les livres et les citations qui m’ont été fournis, constituent le noyau dur du présent rapport. Je remercie également toutes les personnes du PDE et IDE qui m’ont assuré leur assistance dans le processus d’animation du Groupe et la naissance de ce rapport, et notamment Gerard Déprez, qui m’a encouragé à prendre la responsabilité du GT, ainsi que Flaminia Baffigo, Cristina Bruschetti et Luca Bader, qui, avec patience, m’ont aidé pour les questions pratiques. Varsovie, octobre 2010