d’échidnés à long bec en Australie, on a cependant des restes de fossiles qui prouvent qu’ils habitaient sur
ce continent il y a environ cent mille ans.
Un incroyable corps
L’ornithorynque mâle mesure de 45 à 60 cm et pèse de 1 à 2,4 kg. La femelle, elle, est un peu plus petite :
de 39 à 55 cm et pèse de 0,7 à 1,6 kg. La queue – comprise dans les mesures précédentes – n’est pas à
négliger : elle peut atteindre 15 cm.
Le physique de l’ornithorynque est tout à fait reconnaissable. Il arbore une bouche en forme de bec de
canard, de cartilage dur mais recouvert d’une peau riche en terminaisons nerveuses.
A l’adolescence, ce bec voit pousser sur ses bords quelques dents, qu’il perd une fois devenu adulte. Il ne
dispose alors plus que de lames cornées, rigides et légèrement espacées.
Sa tête est petite, ses yeux minuscules. Son crâne est très spécialisé, puisqu’il doit supporter un long bec
et une lame dentaire unique sur la mâchoire inférieure.
Sa démarche fait penser à celle d’un reptile et sa queue rappelle celle du castor. Sa fourrure est
imperméable. Elle est constituée de poils courts et épais, de couleur brune, rappelant ceux de la taupe.
Mais c’est le poil de bourre, très serré, qui protège l’animal contre le froid.
La structure osseuse des hanches rappelle celle des lézards et des crocodiles : les pattes sont tournées
vers l’extérieur à partir des flancs de l’animal.
Ses pattes sont courtes et palmées. Les antérieures sont munies de longues et puissantes griffes (qui
s’arrêtent avant la fin de la palme), qui lui permettent de creuser son habitation. Lorsqu’il se déplace sur la
terre ferme, il les replie, rétracte ses palmes et se façonne alors une patte terrestre.
Enfin, attention à ne pas négliger la queue : elle lui sert à la fois de réservoir de graisse, mais aussi de
gouvernail lors de ses plongées.
Ornithorynque empoisonné
L’ornithorynque est l’un des très rares mammifères venimeux. En effet, il n’existe que deux espèces de
solénodons des Caraïbes et quelques musaraignes qui usent d’une salive empoisonnée pour vaincre leurs
proies – lesquelles sont souvent plus grosses qu’elles-mêmes.
L’ornithorynque, par contre, possède autre chose de fondamentalement différent : il s’agit d’un ergot qui
sécrète du venin, produit par une glande en forme de haricot. Moins de deux centigrammes peuvent
provoquer la mort d’un lapin !
On trouve des ergots aux chevilles postérieures chez les trois espèces de monotrèmes. Mais la femelle les
perd au cours de sa première année, tandis que le mâle, lui, les conserve toute sa vie. Si l’échidné ne s’en
sert pas, l’ornithorynque, lui, utilise souvent son ergot, qui est donc relié à une glande à venin. C’est le
signe le plus important pour distinguer mâles et femelles.
L’ergot grandit avec celui sur lequel il vit et sa structure changeante permet d’évaluer l’âge jusqu’à quinze
mois après le départ du terrier de mise à bas. Lorsque l’éperon est complètement développé, il atteint 15
millimètres de longueur. Si l’animal le désire, il peut le faire saillir de la cheville et l’enfoncer dans un objet
sous l’action des muscles de la patte postérieure.
La piqûre provoque une douleur peu agréable. Le venin qui a pénétré dans le sang peut provoquer des
symptômes, plus ou moins graves : cela va d’une douleur avec enflure à l’endroit de la blessure jusqu’à la
paralysie de tous les membres chez l’homme.
Lorsque l’ornithorynque était chassé pour sa peau, on a entendu de nombreuses histoires de chiens qui se
retrouvaient complètement paralysés par le venin du platypus. En effet, les chasseurs assommaient
l’animal par un coup de feu d’une arme de gros calibre, tiré dans l’eau et c’était un chien de chasse qui
avait pour mission de récupérer la bête. Or, quelques fois, la proie reprenait conscience et enfonçait son
ergot dans le museau du pauvre animal.
Le premier à en faire l’expérience fut en fait un homme, et non pas un chien. L’histoire se déroula en 1816,
au cours d’une chasse. Sir John Jamison avait blessé un spécimen d’un coup de fusil et il envoya un
rabatteur ramasser l’animal. Ce dernier eut plus de chance que notre Sir, qui, au moment où il sortait
l’animal de l’eau, eut sa main percée d’un coup d’aiguillon, dissimulé par un repli de peau de la patte
arrière. Sa main enfla rapidement et l’inflammation gagna l’épaule, lui causant de terribles douleurs, à tel
point qu’il dut garder le lit pendant plusieurs jours.
Il reste encore beaucoup de mystère autour du venin de l’ornithorynque. Aujourd’hui, nous ne sommes sûrs
ni de sa fonction, ni de sa nature. Un naturaliste suggérait une fois que le mâle utilisait son ergot pour
soumettre les femelles pendant l’accouplement, mais des études plus récentes contredirent l’hypothèse : la
femelle se laisse facilement séduire par les préliminaires et n’a pas besoin d’être prise de force. Cependant,
la supposition que l’ergot est en relation avec l’accouplement n’est pas une mauvaise idée : on a vu que les
glandes associées à l’ergot se développent et régressent avec les testicules pendant la saison de
reproduction. Des scientifiques ont alors évoqué que sa présence uniquement chez le mâle démontrait qu’il
servait à marquer leur territoire pendant la période des amours. Hypothèse non vérifiée, mais pas contredite
non plus.
Ajoutons encore qu’en captivité, les ergots ont fait des morts, alors que dans la nature, cela n’arrive jamais,
puisque les territoires dont disposent les ornithorynques sont bien plus grands.