L`ornithorynque

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L’ornithorynque
Surprise, ce mois-ci, dans « Les
Eperviers », un canard surprise !
Canard, dites-vous ? Ne serait-ce pas
plutôt un ornithorynque, cet animal
qui, après qu’on a déjà peiné à écrire
son nom (où placer les « i », les « y »
et les « h » ?), nous pose un gros
problème de classement, qui remet en
cause tout le règne animal – on
croyait qu’il y avait les mammifères,
les ovipares, point. Allons, allons,
vos préjugés à la poubelle, s’il vous
plaît, et venez découvrir maintenant le
plus étrange de tous les animaux :
l’ornithorynque.
L’histoire de l’ornithorynque
Contes et légendes rivalisent avec la véritable histoire scientifique.
Aussi plaisantes les unes que les autres, elles montrent tout d’abord
à quel point l’ornithorynque a su étonner.
Histoire entendue…
Il naquit une fois un drôle d’animal. Il sortit tout seul, d’un œuf. Il n’avait ni père, ni mère, et, dès sa
naissance, il se mit à pleurer. Sa tristesse attira le seigneur Dieu, qui, au ciel, observait ce qu’il se passait
sur sa terre. Il s’enquit auprès de la petite bête.
Que se passe-t-il ?
Je suis moche… je suis très moche… je suis trop moche…
Mais non, voyons, tu n’es pas moche, lui répondit Dieu, ne croyant qu’à moitié à ce qu’il racontait.
Si, je suis moche, je suis terriblement moche !
Et il se remit à pleurer, et finalement, Dieu fut attendri par ses larmes.
Allez, ne pleure plus, je vais faire quelque chose pour toi : dis-moi comment tu veux être, et je te
façonnerai comme tu me le diras.
La bestiole cessa de pleurer et commença à réfléchir. « Euh… comment voudrais-je être ? Eh bien… ».
A cet instant, un poisson bondit : il resta quelques secondes comme suspendu dans les airs, puis
replongea dans l’eau.
« Je voudrais pouvoir nager, comme ce poisson » dit la petite bête.
« Dans ce cas, je vais te faire comme lui » dit Dieu.
« Non, non, fais-moi juste un corps qui sache nager… J’aimerais aussi des pattes, et pas de simples
nageoires, comme ce poisson ! ».
Un canard vint se poser sur le lac.
« Je voudrais avoir des pattes palmées, comme lui ! » s’écria la petite bête. Elle les examina longuement.
« On ne peut pas vraiment se défendre, avec ça, donne-moi aussi des griffes, comme le chacal que je
viens de voir passer ! ». Dieu s’apprêtait à partir, mais elle l’arrêta. « Eh, attends, je ne pourrais pas avoir
un bec, aussi ? Ce serait plus pratique pour me nourrir dans l’eau, et sur la terre ». Dieu lui l’accorda.
« C’est qu’il fait frisquet, dis donc ! Je voudrais encore une petite chose : des poils pour me tenir chaud.
Imperméables, bien sûr ». Pourvue d’une fourrure, elle ajouta encore : « Eh, tu as oublié les mamelles ! Je
voudrais des mamelles de cochons, comme la truie, là ! ».
Dieu commençait à être fatigué par les caprices de l’animal. Il lui semblait encore plus difforme qu’avant. Il
tenta de le raisonner : « Tu es sorti d’un œuf, et tu veux des mamelles ? Et comment vas-tu te reproduire,
alors ? ». « Eh bien, en pondant des œufs. Et ensuite, j’allaiterai mes petits ». « Ce n’est pas possible. Il
faut te décider : tu devras être soit mammifère, soit ovipare ! ». « Et moi je te dis que je veux être les deux.
Tu as dit que tu me ferais comme je le voudrais ! ». Dieu poussa un long soupir. « Très bien. Je vais faire
une exception. Cela m’apprendra à faire des promesses stupides ! ». Tout contente, la bête demanda
encore un belle queue, comme celle des castors en Europe dont il avait si souvent entendu parler, que
Dieu s’empressa de lui sculpter avant de s’enfuir plus vite que la lumière. « Quel méchant, alors, ce Dieu !
J’aurais encore voulu des oreilles de chats, une trompe d’éléphant, un cou de girafe… ».
Mais finalement, elle se contenta quand même de ce qu’elle avait.
Et voilà comment naquit l’ornithorynque.
Voici aussi une autre jolie histoire…
Mythe aborigène
Selon un mythe aborigène, l'ornithorynque résulte de la désobéissance d'une jeune canne (canard femelle).
La canne vivait avec d'autres de son espèce dans un étang. Tous avaient peur du Mulloka, le Diable d’eau
et ne s'étaient jamais éloignés de leur étang. Mais un jour, contre le conseil de ses aînés, la canne s'est
aventurée en aval et s'est finalement trouvée sur un coin d'herbe sur la rive. Ne sachant pas que c'était le
territoire du Rat d'eau, elle s'y installa. En entendant la canne, le Rat d'eau apparu, l'a menaça de sa lance
et, l'entraînant dans son terrier, la força à s'accoupler avec lui. Lorsque les œufs eurent éclos, la canne eut
honte du résultat. Les bébés avaient des becs et des pattes palmées, mais au lieu de deux pattes, ils en
avaient quatre et leurs plumes étaient remplacées par de la fourrure. De plus sur chaque patte arrière ils
avaient un ergot. Les premiers membres de la race ornithorynque étaient nés.
Mais à présent, voici quelque chose de plus véritable…
Manque dans l’histoire
Personne ne sait vraiment d’où vient exactement l’ornithorynque, et où il faut le placer dans l’histoire.
Il faut dire que nous disposons de bien peu d’éléments pour trancher quant à l’origine de la mystérieuse
bête. La paléontologie n’a guère de documents à ce sujet, mis à part un fragment de mandibule du Crétacé
inférieur qui aurait appartenu à un ornithorynchidé.
Les autres fossiles que nous possédons attestent que les reptiles mammaliens, nos ancêtres, formaient
dès le Carbonifères, il y a 300 millions d’années, une souche évolutive distincte de celle des reptiles
actuels.
Le premier reptile à dentition typique de mammifère apparut au Trias, soit il y a quelques 190 millions
d’années. Il s’appelait le Cynodont. Sa mâchoire était modifiée par rapport aux autres reptiles et elle lui
permettait une véritable mastication et donc une assimilation plus rapide de la nourriture. Or, la nourriture
est source de calories, donc de chaleur, ce qui veut dire que ce reptile était mieux apte à s’adapter aux
changements de température que les reptiles qui vivaient à ses côtés. On pense ainsi que c’est à ce
moment-là que sont apparus les premiers monotrèmes…
Lointain Crétacé
On pense que l’ornithorynque a donc commencé à se développer au Crétacé, soit il y a environ 135 millions
d’années. Il viendrait alors des premiers reptiles arborant déjà quelques caractéristiques des mammifères.
Mais c’était quelques dizaines de millions d’années avant que n’apparaissent les marsupiaux et les
mammifères à placenta. Lorsqu’on étudie cet animal, on voit d’ailleurs qu’il a plus de ressemblance avec un
reptile qu’avec un autre mammifère, souvent plus développé. On peut donc affirmer que, contrairement à
ce qu’on a longtemps cru, l’ornithorynque n’est pas un échelon intermédiaire direct entre les reptiles et les
mammifères, mais une race de reptile à traits mammaliens qui aurait évolué moins vite que les
placentaires. Il aurait survécu sur le continent australien grâce à l’absence quasi-totale de concurrence.
Mais d’autres hypothèses qui contredisent celles-ci existent aussi.
Les 3 stades
On peut finalement résumer l’évolution de cette manière : les monotrèmes constituent le premier stade
évolutif des mammifères, puisqu’ils pondent encore des œufs et que leur squelette présente de
nombreuses analogies avec celui des reptiles. Ils ont tout de même déjà des protubérances osseuses sans
doute destinées à supporter la poche marsupiale, mais celle-ci est absente.
Ensuite viendraient les marsupiaux, dont les embryons terminent leur croissance dans une poche de
développement externe. Et enfin, les « vrais » mammifères.
On classe actuellement les mammifères en trois groupes : les monotrèmes sont les protothériens (du grec
protos, premier, et ther, animal), les marsupiaux sont des métathériens (de meta, après) et finalement, les
mammifères sont des euthériens (de eu, bien, « terminé »).
On peut bien comprendre pourquoi ce sont les deux formes primitives de mammifères qui ne se trouvent
qu’en Australie, là où elles ont pu, isolées, évoluer loin des terrifiants euthériens, qui avaient trouvé une
bien meilleure façon de procréer – les petits protégés jusqu’au dernier moment – et ainsi de perpétuer leur
espèce. On a d’ailleurs récemment trouvé en Amérique du Sud une molaire d’ornithorhynchidé vieille de 62
millions d’années, ce qui prouve que la répartition des monotrèmes était bien plus répandue dans des
temps très anciens, mais qu’ils n’ont pu survivre que dans leur havre de paix, en Australie…
Aujourd’hui, 95% des espèces sont des euthériens.
Objet exotique
L’ornithorynque, s’il était sûrement connu des indigènes australiens depuis plusieurs siècles, n’a été
officiellement découvert que bien après la découverte du continent.
Lors de leurs longs voyages à destination de l’Australie, il arrivait souvent que des Européens fassent des
escales et dépensent alors quelques sous pour acheter un souvenir. Des animaux, qui leur étaient jusque
là inconnus, empaillés ou séchés, attiraient leur attention et ils n’hésitaient jamais à débourser de grandes
sommes pour ramener chez eux des curiosités exotiques.
Toutefois, lorsqu’un marin de retour en Europe, montra aux responsables d’un musée son acquisition dont
il était tout fier, il se fit rapidement convaincre qu’il avait été victime d’une indigne tromperie. Un habile
empailleur était parvenu à réunir une dépouille de singe et une queue d’un gros poisson de façon trop
adroite pour que l’on puisse voir les coutures. L’affaire était alors passée à la trappe.
Quelques temps plus tard, John Hunter expédia à une société en Angleterre un tonneau, rempli de
saumure, dans lequel on trouva la dépouille d’une étrange bête à bec de canard, corps de loutre et queue
de castor, qui aurait été capturé dans une rivière d’Australie orientale. Encore une fois, on cria à la
supercherie. Mais cette fois-ci, les naturalistes durent l’examiner et, malgré tous leurs efforts (on raconta
qu’il ne s’agissait finalement que d’une loutre à bec de canard), ils furent incapables de démontrer que cet
animal n’en était pas vraiment un, et assistèrent donc à la plus grande découverte zoologique de tous les
temps.
Fabuleuse découverte
A l’époque, un naturaliste du British Museum, nommé George Shaw, note : « De tous les mammifères
connus, c’est le plus extraordinaire par sa morphologie ; il possède une tête de canard greffée sur un corps
de quadrupèdes ». C’est même Shaw qui va le baptiser, lui donnant le nom de « Platypus anatinus » – les
Australiens, eux, l’appelaient « bec de canard » – platypus signifiant « pieds plats ».
Extérieurement, il paraissait déjà bizarre et avait surpris tous les scientifiques – certains l’avaient déjà
affublé du nom Paradoxus, mais lorsque, en 1802, Sir Everard Home publia les résultats de l’étude de
l’anatomie du « Platypus », la confusion et l’étonnement atteignirent des sommets. En effet, Home révélait
que les appareils reproducteurs, urinaires et digestifs n’avaient pas de débouchés externes indépendants,
comme chez les mammifères, mais qu’ils confluaient en un conduit commun, le cloaque (comme chez les
oiseaux et les reptiles). Si ça n’avait été que ça ! Mais certaines parties du squelette, comme l’articulation
des pattes antérieures, offraient des ressemblances troublantes avec ceux du lézard. Quant à la situation
thermique, elle était inexplicable : il possède un système de régulation interne, comme les serpents.
On conclut cependant à un mammifère, puisqu’on avait pu observer des glandes mammaires sur un
cadavre de femelle.
Quelques temps après, le zoologue Caldwell, qui, poussé par la curiosité, s’était rendu en Australie pour
étudier de plus près la faune et la flore du « nouveau » continent, porta à son comble la perplexité lorsqu’il
raconta avoir vu sortir du cloaque d’une génitrice un œuf à la coquille molle et blanchâtre.
Un nouvel ordre
De nouvelles études, d’autres reportages, des discussions passionnées, des débats sans fin et encore bien
d’autres choses eurent lieu.
Finalement, les scientifiques tranchèrent : il s’agissait bien d’un mammifère, mais d’un mammifère si
différent que ceux que l’on avait vu jusqu’à présent qu’il fallait créer un groupe nouveau.
Cela fut fait. On prit comme référence l’unique cloaque et des racines grecques : monos, seul, et tremata,
trou : l’ordre des monotrèmes fut créé.
C’est aussi à ce moment-là qu’on lui donna enfin son véritable nom d’ornithorynque (Ornithorhynchus
anatinus). Ornithorynque vient également du grec : ornis, ornithos signifie oiseau et runkhos veut dire bec.
On continue pourtant à l’appeler parfois platypus, même si ce nom désignait déjà une espèce de scarabée.
Selon de nombreux scientifiques, l’ornithorynque serait aujourd’hui l’un des mammifères les plus primitifs
qui aient survécu.
Bric-à-brac, entre espèces et physiologie
Un bric-à-brac pour trouver la bonne orthographe d’ornithorynque, un
bric-à-brac pour le classer dans le bon ordre, et enfin un bric-à-brac pour
décrire son corps, qui ressemble à tout, comme à rien.
Monotrème
L’ordre des monotrèmes, auquel appartient notre ornithorynque, compte deux familles, trois genres, et trois
espèces.
Eh oui, si l’ornithorynque reste la plus étrange créature de la terre, il est quand même suivi par deux autres
compagnons, dont on ne connaît guère mieux l’origine : l’échidné à long bec (Zaglossus bruijnii) et
l’échidné à bec court (tachyglossus aculeatus).
On pourrait traduire monotrème de façon élégante par « à un seul orifice ». Cette caractéristique, que
partagent les trois espèces, ne leur est pas spécifique : les marsupiaux, eux aussi, n’ont qu’un seul
cloaque. Mais l’ornithorynque et les deux échidnés ont en commun d’autres choses exclusives : ils
possèdent de nombreuses traces reptiliennes (vertèbres des côtes attachées aux vertèbres cervicales, par
exemple), tout en présentant des caractères indéniablement attribués aux mammifères, comme leur
anatomie et leur physiologie.
Cousin de l’échidné
L’échidné, qui aura sans doute sa place un jour dans notre journal, est un petit animal (entre trente et
nonante centimètres, deux à dix kilos selon l’espèce) océanien (Australie et Nouvelle-Zélande). Son corps
est recouvert de piquants et son nez ressemble à une trompe. Mais, aujourd’hui, on ne trouve plus
d’échidnés à long bec en Australie, on a cependant des restes de fossiles qui prouvent qu’ils habitaient sur
ce continent il y a environ cent mille ans.
Un incroyable corps
L’ornithorynque mâle mesure de 45 à 60 cm et pèse de 1 à 2,4 kg. La femelle, elle, est un peu plus petite :
de 39 à 55 cm et pèse de 0,7 à 1,6 kg. La queue – comprise dans les mesures précédentes – n’est pas à
négliger : elle peut atteindre 15 cm.
Le physique de l’ornithorynque est tout à fait reconnaissable. Il arbore une bouche en forme de bec de
canard, de cartilage dur mais recouvert d’une peau riche en terminaisons nerveuses.
A l’adolescence, ce bec voit pousser sur ses bords quelques dents, qu’il perd une fois devenu adulte. Il ne
dispose alors plus que de lames cornées, rigides et légèrement espacées.
Sa tête est petite, ses yeux minuscules. Son crâne est très spécialisé, puisqu’il doit supporter un long bec
et une lame dentaire unique sur la mâchoire inférieure.
Sa démarche fait penser à celle d’un reptile et sa queue rappelle celle du castor. Sa fourrure est
imperméable. Elle est constituée de poils courts et épais, de couleur brune, rappelant ceux de la taupe.
Mais c’est le poil de bourre, très serré, qui protège l’animal contre le froid.
La structure osseuse des hanches rappelle celle des lézards et des crocodiles : les pattes sont tournées
vers l’extérieur à partir des flancs de l’animal.
Ses pattes sont courtes et palmées. Les antérieures sont munies de longues et puissantes griffes (qui
s’arrêtent avant la fin de la palme), qui lui permettent de creuser son habitation. Lorsqu’il se déplace sur la
terre ferme, il les replie, rétracte ses palmes et se façonne alors une patte terrestre.
Enfin, attention à ne pas négliger la queue : elle lui sert à la fois de réservoir de graisse, mais aussi de
gouvernail lors de ses plongées.
Ornithorynque empoisonné
L’ornithorynque est l’un des très rares mammifères venimeux. En effet, il n’existe que deux espèces de
solénodons des Caraïbes et quelques musaraignes qui usent d’une salive empoisonnée pour vaincre leurs
proies – lesquelles sont souvent plus grosses qu’elles-mêmes.
L’ornithorynque, par contre, possède autre chose de fondamentalement différent : il s’agit d’un ergot qui
sécrète du venin, produit par une glande en forme de haricot. Moins de deux centigrammes peuvent
provoquer la mort d’un lapin !
On trouve des ergots aux chevilles postérieures chez les trois espèces de monotrèmes. Mais la femelle les
perd au cours de sa première année, tandis que le mâle, lui, les conserve toute sa vie. Si l’échidné ne s’en
sert pas, l’ornithorynque, lui, utilise souvent son ergot, qui est donc relié à une glande à venin. C’est le
signe le plus important pour distinguer mâles et femelles.
L’ergot grandit avec celui sur lequel il vit et sa structure changeante permet d’évaluer l’âge jusqu’à quinze
mois après le départ du terrier de mise à bas. Lorsque l’éperon est complètement développé, il atteint 15
millimètres de longueur. Si l’animal le désire, il peut le faire saillir de la cheville et l’enfoncer dans un objet
sous l’action des muscles de la patte postérieure.
La piqûre provoque une douleur peu agréable. Le venin qui a pénétré dans le sang peut provoquer des
symptômes, plus ou moins graves : cela va d’une douleur avec enflure à l’endroit de la blessure jusqu’à la
paralysie de tous les membres chez l’homme.
Lorsque l’ornithorynque était chassé pour sa peau, on a entendu de nombreuses histoires de chiens qui se
retrouvaient complètement paralysés par le venin du platypus. En effet, les chasseurs assommaient
l’animal par un coup de feu d’une arme de gros calibre, tiré dans l’eau et c’était un chien de chasse qui
avait pour mission de récupérer la bête. Or, quelques fois, la proie reprenait conscience et enfonçait son
ergot dans le museau du pauvre animal.
Le premier à en faire l’expérience fut en fait un homme, et non pas un chien. L’histoire se déroula en 1816,
au cours d’une chasse. Sir John Jamison avait blessé un spécimen d’un coup de fusil et il envoya un
rabatteur ramasser l’animal. Ce dernier eut plus de chance que notre Sir, qui, au moment où il sortait
l’animal de l’eau, eut sa main percée d’un coup d’aiguillon, dissimulé par un repli de peau de la patte
arrière. Sa main enfla rapidement et l’inflammation gagna l’épaule, lui causant de terribles douleurs, à tel
point qu’il dut garder le lit pendant plusieurs jours.
Il reste encore beaucoup de mystère autour du venin de l’ornithorynque. Aujourd’hui, nous ne sommes sûrs
ni de sa fonction, ni de sa nature. Un naturaliste suggérait une fois que le mâle utilisait son ergot pour
soumettre les femelles pendant l’accouplement, mais des études plus récentes contredirent l’hypothèse : la
femelle se laisse facilement séduire par les préliminaires et n’a pas besoin d’être prise de force. Cependant,
la supposition que l’ergot est en relation avec l’accouplement n’est pas une mauvaise idée : on a vu que les
glandes associées à l’ergot se développent et régressent avec les testicules pendant la saison de
reproduction. Des scientifiques ont alors évoqué que sa présence uniquement chez le mâle démontrait qu’il
servait à marquer leur territoire pendant la période des amours. Hypothèse non vérifiée, mais pas contredite
non plus.
Ajoutons encore qu’en captivité, les ergots ont fait des morts, alors que dans la nature, cela n’arrive jamais,
puisque les territoires dont disposent les ornithorynques sont bien plus grands.
Aujourd’hui, on s’accorde sur le fait que les ergots représentent une défense contre les prédateurs, mais
qu’il ne s’agit pas d’une fonction primitive, puisque les femelles n’en ont plus.
Vivre avec des mamelles en pondant des oeufs
Comment se débrouiller dans la vie lorsqu’on a un corps hors du
commun, lorsqu’on pond des œufs, mais que l’on donne du lait à ses
petits ?
Climats extrêmes
L’ornithorynque se rencontre dans les torrents, les rivières et les lacs d’une grande partie de l’Australie
orientale, mais aussi en Tasmanie, une île située au sud de l’Australie. L’Océanie, bien que réputée pour
être un continent sec, lui a offert tout ce dont il avait besoin par sa richesse hydrographique : rivières et
étangs aux eaux très saines, côtoient de plus grands cours d’eau et de magnifiques lacs.
Il s’est facilement adapté aux climats différents qu’il a rencontrés. Les rivières glacées des régions
montagneuses lui conviennent aussi bien que les cours d’eau des forêts tropicales !
Pour survivre aux températures extrêmes – presque zéro degré pour un animal de un kilo parfois – il a
développé un système cardiovasculaire complexe, avec un réseau sanguin particulièrement développé au
niveau de la queue. L’intensité de la circulation est augmentée, réchauffant le sang très rapidement.
Exceptionnellement, il arrive à l’ornithorynque d’hiberner. Il cesse alors de manger pendant septante-deux
jours d’affilée, et son métabolisme fonctionne au ralenti. Précisons tout de même que ce comportement est
très rare.
Notre bête redoute quand même l’été, et ses folles chaleurs, qui mettent parfois à secs les cours d’eaux et
le privent de sa nourriture. C’est sans doute pour cela qu’il a préféré déserter la partie occidentale du
continent, la plus aride, et s’ébattre sur la façe est de la Cordillère australienne. Cette chaîne de montagnes
côtière, irrégulière du Nord au Sud, arrête les nuages humides en provenance du Pacifique et les vide de
leur eau et alimentant les cours d’eau au débit permanent telles que les rivières Darling ou Murray.
Plus au nord, comme on approche de la mer de Corail, on sent que le mammifère se fait plus discret. Il
appréhende par-dessus tout la mousson qui, si elle est trop forte, risque d’inonder son terrier.
Au sud, pourtant, l’ornithorynque doit affronter ce phénomène de la montée des eaux. En effet, neuf fois en
une période de dix ans, la fonte des neiges couvrant les massifs montagneux a provoqué des crues
printanières importantes. L’eau froide est venue remplir les rivières. Mais si des terriers ont été dévastés, un
seul et unique décès a été constaté, ce qui est un chiffre moindre.
L’animal n’est pas facile à observer. Il se montre à l’aube et au crépuscule, ses moments favoris. Mais il lui
arrive aussi d’être actif tout au long de la journée, surtout pendant l’hiver. De toute manière, sa fourrure
sombre lui procure un camouflage parfait, autant sur terre que dans l’eau ou encore au milieu des rochers.
Solitaire dans sa maison
L’ornithorynque est un animal solitaire, qui défend hardiment son territoire, souvent à l’aide de son éperon
venimeux.
Il lui arrive toutefois, si la place manque, de partager ses plates-bandes avec d’autres voisins. Dans ce cas,
les « compagnons » évitent alors de se rencontrer.
Au bord de l’eau, si ce drôle de mammifère ne trouve pas de crevasse profonde ou de petite grotte – si le
terrain où il vit est rocheux –, il creuse un terrier, qui mesure environ cinq mètres à quinze mètres de long,
se façonnant diverse galeries. Une véritable maison d’ornithorynque !
Nageur confirmé
L’ornithorynque passe beaucoup de temps dans l’eau. On dit d’ailleurs de lui qu’il est amphibie, ce qui
signifie qu’il est aussi à l’aise à terre que dans l’eau.
C’est un excellent nageur que sa fourrure imperméable, doublée d’un duvet isolant, protège. Son corps à la
forme fuselée et sa propulsion grâce à ses puissantes pattes antérieures palmées lui permettent une nage
aisée dans les divers endroits où il se rend. Pendant qu’il est sous l’eau, le bourrelet qui entoure à la fois
les yeux et les oreilles est refermé. Sa méthode de déplacement dans l’eau est différente de celle de tous
les autres mammifères : en effet, l’ornithorynque avance en ramant alternativement avec chacun de ses
membres antérieurs, tandis que les postérieurs servent surtout de gouvernail.
La durée des plongeons est variable, mais ils ne durent habituellement qu’une minute – cela lui suffit pour
attraper quelques proies. En hiver, cependant, il peut rester jusqu’à cinq minutes en apnée ! Cette durée
impressionnante est due à une quantité inhabituelle de globules rouges.
Lorsqu’il doit passer dans des endroits particulièrement étroits, que cela soit sur terre ou dans l’eau,
l’ornithorynque peut aplatir son corps.
Pour se sécher, l’ornithorynque gagne son terrier et se frictionne le corps contre les parois. Il en ressort
essoré et ragaillardi !
Drôle de température
La température de l’ornithorynque est une histoire amusante. On a longtemps pensé que l’ornithorynque
était un animal primitif, puisqu’il avait une faible capacité à régler sa température interne, qui pouvait passer
d’une vingtaine de degrés à plus de quarante. En était-il donc réduit à s’adapter sans cesse à la
température externe (situation peu pratique) ?
Eh bien la réponse, récemment éditée, est non. En effet, il est un peu homéotherme, puisqu’il est capable
de maintenir sa température corporelle à 32°C, ce qui est tout de même bas pour un mammifère, même en
nageant longtemps dans une eau proche du point de congélation.
Dans le froid, notre mammifère est capable d’accroître son métabolisme afin de créer plus de chaleur. De
plus, ce procédé double d’efficacité grâce à sa fourrure épaisse qui constitue une excellente isolation,
retenant une couche d’air lorsqu’il est dans l’eau.
Hors de l’eau, la situation est un peu plus délicate. Mais normalement, dans son terrier creusé dans la rive
d’un cours d’eau, sa protection lui amortit les températures extrêmes auxquelles il ne saurait résister.
Un gourmand
C’est évidemment dans l’eau que l’ornithorynque trouve sa nourriture. C’est un gros glouton : en une seule
nuit, il est capable d’avaler son propre poids de nourriture ! Tout est bon, ou presque, pour l’appétit
insatiable de notre bête : petites larves d’insectes, têtards, crevettes, écrevisses, parfois même des
grenouilles, et d’autres invertébrés, le plus souvent des crustacés.
Pendant sa chasse, ses yeux, ses narines et ses oreilles étant bouchés, il doit trouver la nourriture grâce à
son bec. Cet organe est en effet très efficace, car, contrairement à celui des oiseaux, il est recouvert d’une
peau sensible au toucher et de récepteurs électriques qui permettent à l’ornithorynque de localiser sa proie
– les petits animaux aquatiques émettent des signaux électriques – et de trouver son chemin, dans une eau
trouble et souvent peu boueuse, avec bien peu de lumière. Il promène alors son énorme « bouche » à
droite et à gauche, utilise sa forme bien pratique pour fouiller la vase. Sans ce formidable outil, notre
ornithorynque sourd, aveugle et insensible à l’odeur, ne pourrait se débrouiller dans l’eau.
Lorsqu’il a trouvé de quoi satisfaire son appétit, il emmagasine la proie dans les poches buccales qui
tapissent l’intérieur de ses joues. Il remonte ensuite à la surface, où il rejette le sable et les graviers qu’il
avait gobés au passage. Il entreprend alors de mastiquer sa nourriture entre les plaques cornées qui lui
servent de dents. Son système de broyage est très particulier, étant donné qu’il capture parfois de
« grosses » proies et qu’il ne possède pas de véritables dents. En fait, à la surface, il fait la planche sur le
dos et triture son bol alimentaire. Sa langue frotte les aliments contre les lames dentaires et lorsque la
nourriture est suffisamment fine, il l’avale et plonge à nouveau. Cette mastication peut durer plusieurs
minutes.
Testicules cachés
La période de reproduction est longue, elle s’étend de juillet à octobre. Début août, dans le Nord, c’est la
pleine saison, les mâles et les femelles s’ébattent sur les rivages. Mais dans les Etats du Sud, c’est en
octobre, c’est-à-dire au printemps australien, que débutent les amours.
On ne connaît pas la maturité sexuelle des ornithorynques, mais on sait que ni la femelle, ni le mâle, ne se
reproduit chaque année. Et on n’a jamais vu des jeunes de moins d’un an se lancer dans l’aventure de
l’accouplement.
Les organes génitaux suivent le cycle des saisons. En effet, à la fin du printemps, les testicules du mâle,
qui sont internes, ont une taille quinze fois plus grande qu’en hiver ! Son pénis est au repos dans un sac
préputial, comme chez les reptiles.
Les organes sexuels de la femelle ont quelques spécificités : elle possède deux ovaires mais,
contrairement aux échidnés, elle ne peut utiliser que celui de gauche. Tous deux ont pourtant augmenté de
quatre millimètres.
La raison des caractéristiques anatomiques chez le mâle est liée à la température – élevée car dans le
corps – pour produire du sperme fertile. Les mammifères qui disposent de sacs externes ont dû développer
un système compliqué, de flux et de reflux sanguin, pour permettre à leurs testicules d’être à l’abri des
changements de température. L’ornithorynque n’ayant pas encore « inventé » cela, il a bien dû ranger les
siennes à l’intérieur.
Femelle chef des rites
La copulation est précédée par une parade nuptiale qui se déroule dans l’eau et où les deux animaux
nagent en tournant l’un autour de l’autre.
C’est la femelle qui semble diriger les opérations. Lors du ballet nautique, très codifié, elle nage autour de
du mâle, et en dessous de son corps, mais multiplie les contacts corporels suivis de fuites simulées. Enfin,
le mâle attrape la queue de sa partenaire avec son bec, l’attire vers lui et arque son dos afin que puissent
communiquer leur deux cloaques. Toute la scène est donc aquatique.
Terrier maternité
Ensuite, le mâle s’en va. Il ne participera en rien à l’élevage des jeunes.
La femelle se met à creuser dans la berge une galerie particulière qui peut atteindre jusqu’à trente mètres
de long, mais qui n’excède jamais une profondeur de plus d’un mètre sous la surface du sol. Au bout du
terrier se trouve le nid de la femelle, qu’elle tapisse d’herbe et de feuilles, les transportant jusque là sous sa
queue. Elle construit même des cloisons : son terrier ressemble à une couveuse !
La gestation dure trois semaines environ. On sait depuis 1844 que les œufs sont méroblastiques, ce qui
veut dire qu’ils contiennent tout le matériel nécessaire pour nourrir la croissance de l’embryon : une
caractéristique des reptiles et des oiseaux.
La femelle pond de un à trois œufs (deux étant le nombre le plus fréquent). Pour éviter une arrivée trop
brutale sur le sol, elle se met sur le dos. Les œufs sont minuscules (environ 15x17 mm) la coquille est
blanche et molle. Ils sont enduits d’une substance visqueuse, ce qui les colle les uns aux autres, tout en
adhérant à la fourrure de leur mère.
Ne disposant pas, contrairement aux échidnés et aux marsupiaux, de poche dans laquelle les ranger, elle
les range bien au chaud entre sa queue et la surface de son abdomen. Ils resteront ainsi couvés pendant
une dizaine de jours.
Repliée sur elle-même, la femelle souffle avec son museau un air chaud qui remplit le terrier bien isolé.
C’est grâce à cette chaleur, mais aussi à l’humidité de la « pièce », que les œufs vont pouvoir se
développer.
Œufs de mammifères
Les jeunes brisent eux-mêmes leur coquille, grâce à une dent dite « de l’œuf » ainsi qu’à une excroissance
de chair à la pointe du museau.
Ils naissent ainsi tout roses, sans poils, un os unique de chaque côté de la mâchoire inférieure et un
diaphragme musculaire pour la respiration (deux caractéristiques propres aux mammifères). Ils sont très
petits, ne mesurent que 2,5 cm.
Dès qu’ils naissent, les jeunes se fraient un chemin dans la fourrure de leur mère et atteignent bientôt les
glandes productrices de lait. Bientôt, ils deviennent joueurs.
Les bébés vont rester trois ou quatre mois dans le terrier. Ils sont allaités par leur mère. C’est à partir de
deux surfaces mamelonnaires situées sur la face ventrale du corps de la mère que le lait coule sur la
fourrure. Les petits ne peuvent pas le boire directement, car il n’y a pas de tétons. Ils le lèchent lorsque le
liquide qui suinte à travers la fourrure maternelle. Ils s’y accrochent grâce à leurs membres antérieurs, qui
sont relativement bien développés.
La femelle doit parfois abandonner ses petits et partir à la recherche de nourriture. On a un jour observé
une maman ayant abandonné ses petits pendant trente-huit heures. Malgré cela, le taux de mortalité est
faible, car la femelle prend grand soin de ses rares petits.
Les jeunes ne font leur première sortie qu’entre janvier et mars. Ils ont presque leur taille adulte, mais
doivent encore doubler de poids. Ce n’est qu’à dix-huit mois que leur corps sera méconnaissable avec celui
d’un ornithorynque mature.
Protéger une rareté incroyable
Protéger l’ornithorynque, fragile et si rare animal, est un devoir
aujourd’hui. Mais comme avec beaucoup d’espèces, il ne suffit pas de
dire pour faire.
Connu, sans être commun
L’ornithorynque est bien connu, mais il n’est pas pour autant répandu. Sa rareté d’origine – on ne le trouve
que sur un seul continent – s’est amplifiée avec la chasse qu’on a menée contre lui.
Aujourd’hui, il est protégé (il est par exemple strictement interdit d’ouvrir un terrier d’ornithorynque à
l’époque de la reproduction) et les braconniers ne s’occupent plus tellement de son cas.
Un rapport publié en 1992 et qui était consacré à la situation des monotrèmes et des marsupiaux l’a
présenté comme « potentiellement vulnérable ». En effet, des menaces pèsent sur lui : le milieu aquatique
dans lequel il vit est très attractif pour deux types d’activités humaines : le tourisme et l’exploitation hydroélectrique. De plus, il est particulièrement sensible à la pollution.
Autrefois tant chassé
On estime que depuis deux siècles, à cause de l’expansion des colonies humaines, la population
d’ornithorynques s’est évidemment réduite, de façon très variable. Personne ne possède de chiffres précis,
mais des naturalistes supposent que globalement cette perte ne doit pas dépasser 10%, ce qui est très
raisonnable.
Mais l’ornithorynque a été autrefois au bord de l’extinction avant de se voir sauvé, au début du siècle, par la
promulgation d’une loi fédérale déclarant l’ornithorynque officiellement protégé.
Il avait bien souffert, ce pauvre animal, du commerce de peau. Au dix-neuvième siècle, ses effectifs
chutèrent, tant les chasseurs s’intéressaient à sa fourrure. Finalement, cette activité s’est presque tarie
toute seule après la Première Guerre mondiale. La qualité de la peau de l’ornithorynque était difficile à
travailler et coûteuse à l’export. Cette constatation a coïncidé avec l’interdiction de la chasse, ce qui a
permis le repeuplement des populations.
Erreur (presque) fatale
Le pauvre ornithorynque avait bien failli y rester ! Il faut dire qu’il n’est pas dans l’habitude des hommes de
réfléchir avant d’agir.
On introduisit au début du siècle dernier la truite européenne dans plusieurs réserves d’eau douce en
Australie. Aucun n’avait songé que ce poisson se nourrissait également de larves aquatiques et pouvait,
avec un taux de reproduction bien plus élevé que celui de notre monotrème, lui ravir l’essentiel des
substances de sa niche écologique.
Des biologistes s’aperçurent de l’erreur un peu plus tard. Par bonheur, ils constatèrent que la truite
consommait surtout des larves flottantes, sans s’intéresser aux larves qui nichaient dans des lits
sédimentaires – ce qui veut dire que la situation n’était pas terriblement urgente. Rassurés, ils préparèrent
un « plan » et purent réparer l’erreur. Aujourd’hui, il reste encore quelques truites en Australie.
Attention à toi, ornithorynque !
L’ornithorynque peut vivre jusqu’à vingt ans en captivité, mais le record dans la nature est seulement de
douze ans. Cependant, les observations sont rares, et on pense que la longévité de cet animal est en
réalité bien plus grande qu’il nous le semble.
Ce mammifère australien n’a que très peu de prédateurs naturels. Il vit à l’écart des régions infestées en
crocodiles ; son ergot le protège des dingos et des chiens sauvages, les chats n’osent pas s’attaquer à lui.
Rarement, il est la victime des renards et quelques fois des rapaces.
L’ornithorynque abrite aussi une variété impressionnante de parasites externes et internes, y compris sa
propre espèce de tique. Mais il est exceptionnel que ces bestioles provoquent sa mort.
Le taux de mortalité augmente légèrement au moment où les jeunes prennent leur indépendance, mais ce
taux n’est pas très alertant. C’est surtout son faible taux de reproduction (animaux qui ne s’accouplent
qu’une fois tous les deux ans, n’ayant en général que un ou deux petits) qui préoccupe actuellement ses
protecteurs.
Zoos = pas pour lui
L’ornithorynque, comme bien d’autres animaux sauvages, refuse de se reproduire en captivité. Aujourd’hui
encore, on n’a répertorié qu’un seul cas de reproduction dans un parc zoologique australien, situé près de
Melbourne, en 1943. Ce nouveau-né, cet exploit, devint vite une star médiatique et son évolution fut
attentivement suivie, caméras à l’appui. C’est surtout grâce à lui que nous connaissons autant de choses
sur la reproduction de l’ornithorynque. David Fleavy, le directeur du zoo, tenta ensuite l’implantation de cinq
couples dans l’île de Kangaroo, au sud du continent. Aujourd’hui miracle, leurs descendants y vivent
toujours.
Mais il reste difficile de garder enfermés ces animaux, car ils sont facilement perturbés.
Deux zoologues en firent l’expérience. Le premier était australien et se nommait Harry Burrell. En 1910, il
tenta l’élevage hors-site d’ornithorynques. Il passait six heures par jour à rassembler la nourriture de ses
boulimiques pensionnaires. Au bout de trois mois, il se découragea devant leur appétit sans faim et une
tentative d’évasion (lui qui les avait crus heureux !).
Douze ans plus tard, un zoo américain le convainquit de renouveler l’expérience. En dépit de soins intensifs
à son unique protégé, pourtant, celui-ci mourut après quarante-sept jours de captivité, et quelques visiteurs.
Aujourd’hui, l’exportation d’ornithorynque est interdite par la loi australienne. Et l’ornithorynque s’en porte
bien. Même si on sait que son avenir reste peu sûr, à cause de activités humaines.
Mais qui renoncera à son confort pour sauver les petits ornithorynques d’Australie ?
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