L’ornithorynque
Surprise, ce mois-ci, dans « Les
Eperviers », un canard surprise !
Canard, dites-vous ? Ne serait-ce pas
plutôt un ornithorynque, cet animal
qui, après qu’on a déjà peiné à écrire
son nom (où placer les « i », les « y »
et les « h » ?), nous pose un gros
problème de classement, qui remet en
cause tout le règne animal on
croyait qu’il y avait les mammifères,
les ovipares, point. Allons, allons,
vos préjugés à la poubelle, s’il vous
plaît, et venez découvrir maintenant le
plus étrange de tous les animaux :
l’ornithorynque.
L’histoire de l’ornithorynque
Contes et légendes rivalisent avec la véritable histoire scientifique.
Aussi plaisantes les unes que les autres, elles montrent tout d’abord
à quel point l’ornithorynque a su étonner.
Histoire entendue…
Il naquit une fois un drôle d’animal. Il sortit tout seul, d’un œuf. Il n’avait ni père, ni mère, et, dès sa
naissance, il se mit à pleurer. Sa tristesse attira le seigneur Dieu, qui, au ciel, observait ce qu’il se passait
sur sa terre. Il s’enquit auprès de la petite bête.
- Que se passe-t-il ?
- Je suis moche… je suis très moche… je suis trop moche…
- Mais non, voyons, tu n’es pas moche, lui répondit Dieu, ne croyant qu’à moitié à ce qu’il racontait.
- Si, je suis moche, je suis terriblement moche !
Et il se remit à pleurer, et finalement, Dieu fut attendri par ses larmes.
- Allez, ne pleure plus, je vais faire quelque chose pour toi : dis-moi comment tu veux être, et je te
façonnerai comme tu me le diras.
La bestiole cessa de pleurer et commença à réfléchir. « Euh… comment voudrais-je être ? Eh bien… ».
A cet instant, un poisson bondit : il resta quelques secondes comme suspendu dans les airs, puis
replongea dans l’eau.
« Je voudrais pouvoir nager, comme ce poisson » dit la petite bête.
« Dans ce cas, je vais te faire comme lui » dit Dieu.
« Non, non, fais-moi juste un corps qui sache nager… J’aimerais aussi des pattes, et pas de simples
nageoires, comme ce poisson ! ».
Un canard vint se poser sur le lac.
« Je voudrais avoir des pattes palmées, comme lui ! » s’écria la petite bête. Elle les examina longuement.
« On ne peut pas vraiment se défendre, avec ça, donne-moi aussi des griffes, comme le chacal que je
viens de voir passer ! ». Dieu s’apprêtait à partir, mais elle l’arrêta. « Eh, attends, je ne pourrais pas avoir
un bec, aussi ? Ce serait plus pratique pour me nourrir dans l’eau, et sur la terre ». Dieu lui l’accorda.
« C’est qu’il fait frisquet, dis donc ! Je voudrais encore une petite chose : des poils pour me tenir chaud.
Imperméables, bien sûr ». Pourvue d’une fourrure, elle ajouta encore : « Eh, tu as oublié les mamelles ! Je
voudrais des mamelles de cochons, comme la truie, là ! ».
Dieu commençait à être fatigué par les caprices de l’animal. Il lui semblait encore plus difforme qu’avant. Il
tenta de le raisonner : « Tu es sorti d’un œuf, et tu veux des mamelles ? Et comment vas-tu te reproduire,
alors ? ». « Eh bien, en pondant des œufs. Et ensuite, j’allaiterai mes petits ». « Ce n’est pas possible. Il
faut te décider : tu devras être soit mammifère, soit ovipare ! ». « Et moi je te dis que je veux être les deux.
Tu as dit que tu me ferais comme je le voudrais ! ». Dieu poussa un long soupir. « Très bien. Je vais faire
une exception. Cela m’apprendra à faire des promesses stupides ! ». Tout contente, la bête demanda
encore un belle queue, comme celle des castors en Europe dont il avait si souvent entendu parler, que
Dieu s’empressa de lui sculpter avant de s’enfuir plus vite que la lumière. « Quel méchant, alors, ce Dieu !
J’aurais encore voulu des oreilles de chats, une trompe d’éléphant, un cou de girafe… ».
Mais finalement, elle se contenta quand même de ce qu’elle avait.
Et voilà comment naquit l’ornithorynque.
Voici aussi une autre jolie histoire…
Mythe aborigène
Selon un mythe aborigène, l'ornithorynque résulte de la désobéissance d'une jeune canne (canard femelle).
La canne vivait avec d'autres de son espèce dans un étang. Tous avaient peur du Mulloka, le Diable d’eau
et ne s'étaient jamais éloignés de leur étang. Mais un jour, contre le conseil de ses aînés, la canne s'est
aventurée en aval et s'est finalement trouvée sur un coin d'herbe sur la rive. Ne sachant pas que c'était le
territoire du Rat d'eau, elle s'y installa. En entendant la canne, le Rat d'eau apparu, l'a menaça de sa lance
et, l'entraînant dans son terrier, la força à s'accoupler avec lui. Lorsque les œufs eurent éclos, la canne eut
honte du résultat. Les bébés avaient des becs et des pattes palmées, mais au lieu de deux pattes, ils en
avaient quatre et leurs plumes étaient remplacées par de la fourrure. De plus sur chaque patte arrière ils
avaient un ergot. Les premiers membres de la race ornithorynque étaient nés.
Mais à présent, voici quelque chose de plus véritable…
Manque dans l’histoire
Personne ne sait vraiment d’où vient exactement l’ornithorynque, et où il faut le placer dans l’histoire.
Il faut dire que nous disposons de bien peu d’éléments pour trancher quant à l’origine de la mystérieuse
bête. La paléontologie n’a guère de documents à ce sujet, mis à part un fragment de mandibule du Crétacé
inférieur qui aurait appartenu à un ornithorynchidé.
Les autres fossiles que nous possédons attestent que les reptiles mammaliens, nos ancêtres, formaient
dès le Carbonifères, il y a 300 millions d’années, une souche évolutive distincte de celle des reptiles
actuels.
Le premier reptile à dentition typique de mammifère apparut au Trias, soit il y a quelques 190 millions
d’années. Il s’appelait le Cynodont. Sa mâchoire était modifiée par rapport aux autres reptiles et elle lui
permettait une véritable mastication et donc une assimilation plus rapide de la nourriture. Or, la nourriture
est source de calories, donc de chaleur, ce qui veut dire que ce reptile était mieux apte à s’adapter aux
changements de température que les reptiles qui vivaient à ses côtés. On pense ainsi que c’est à ce
moment-là que sont apparus les premiers monotrèmes…
Lointain Crétacé
On pense que l’ornithorynque a donc commencé à se développer au Crétacé, soit il y a environ 135 millions
d’années. Il viendrait alors des premiers reptiles arborant déjà quelques caractéristiques des mammifères.
Mais c’était quelques dizaines de millions d’années avant que n’apparaissent les marsupiaux et les
mammifères à placenta. Lorsqu’on étudie cet animal, on voit d’ailleurs qu’il a plus de ressemblance avec un
reptile qu’avec un autre mammifère, souvent plus développé. On peut donc affirmer que, contrairement à
ce qu’on a longtemps cru, l’ornithorynque n’est pas un échelon intermédiaire direct entre les reptiles et les
mammifères, mais une race de reptile à traits mammaliens qui aurait évolué moins vite que les
placentaires. Il aurait survécu sur le continent australien grâce à l’absence quasi-totale de concurrence.
Mais d’autres hypothèses qui contredisent celles-ci existent aussi.
Les 3 stades
On peut finalement résumer l’évolution de cette manière : les monotrèmes constituent le premier stade
évolutif des mammifères, puisqu’ils pondent encore des œufs et que leur squelette présente de
nombreuses analogies avec celui des reptiles. Ils ont tout de même déjà des protubérances osseuses sans
doute destinées à supporter la poche marsupiale, mais celle-ci est absente.
Ensuite viendraient les marsupiaux, dont les embryons terminent leur croissance dans une poche de
développement externe. Et enfin, les « vrais » mammifères.
On classe actuellement les mammifères en trois groupes : les monotrèmes sont les protothériens (du grec
protos, premier, et ther, animal), les marsupiaux sont des métathériens (de meta, après) et finalement, les
mammifères sont des euthériens (de eu, bien, « terminé »).
On peut bien comprendre pourquoi ce sont les deux formes primitives de mammifères qui ne se trouvent
qu’en Australie, là où elles ont pu, isolées, évoluer loin des terrifiants euthériens, qui avaient trouvé une
bien meilleure façon de procréer les petits protégés jusqu’au dernier moment – et ainsi de perpétuer leur
espèce. On a d’ailleurs récemment trouvé en Amérique du Sud une molaire d’ornithorhynchidé vieille de 62
millions d’années, ce qui prouve que la répartition des monotrèmes était bien plus répandue dans des
temps très anciens, mais qu’ils n’ont pu survivre que dans leur havre de paix, en Australie…
Aujourd’hui, 95% des espèces sont des euthériens.
Objet exotique
L’ornithorynque, s’il était sûrement connu des indigènes australiens depuis plusieurs siècles, n’a été
officiellement découvert que bien après la découverte du continent.
Lors de leurs longs voyages à destination de l’Australie, il arrivait souvent que des Européens fassent des
escales et dépensent alors quelques sous pour acheter un souvenir. Des animaux, qui leur étaient jusque
là inconnus, empaillés ou séchés, attiraient leur attention et ils n’hésitaient jamais à débourser de grandes
sommes pour ramener chez eux des curiosités exotiques.
Toutefois, lorsqu’un marin de retour en Europe, montra aux responsables d’un musée son acquisition dont
il était tout fier, il se fit rapidement convaincre qu’il avait été victime d’une indigne tromperie. Un habile
empailleur était parvenu à réunir une dépouille de singe et une queue d’un gros poisson de façon trop
adroite pour que l’on puisse voir les coutures. L’affaire était alors passée à la trappe.
Quelques temps plus tard, John Hunter expédia à une société en Angleterre un tonneau, rempli de
saumure, dans lequel on trouva la dépouille d’une étrange bête à bec de canard, corps de loutre et queue
de castor, qui aurait été capturé dans une rivière d’Australie orientale. Encore une fois, on cria à la
supercherie. Mais cette fois-ci, les naturalistes durent l’examiner et, malgré tous leurs efforts (on raconta
qu’il ne s’agissait finalement que d’une loutre à bec de canard), ils furent incapables de démontrer que cet
animal n’en était pas vraiment un, et assistèrent donc à la plus grande découverte zoologique de tous les
temps.
Fabuleuse découverte
A l’époque, un naturaliste du British Museum, nommé George Shaw, note : « De tous les mammifères
connus, c’est le plus extraordinaire par sa morphologie ; il possède une tête de canard greffée sur un corps
de quadrupèdes ». C’est même Shaw qui va le baptiser, lui donnant le nom de « Platypus anatinus » les
Australiens, eux, l’appelaient « bec de canard » platypus signifiant « pieds plats ».
Extérieurement, il paraissait déjà bizarre et avait surpris tous les scientifiques certains l’avaient déjà
affublé du nom Paradoxus, mais lorsque, en 1802, Sir Everard Home publia les résultats de l’étude de
l’anatomie du « Platypus », la confusion et l’étonnement atteignirent des sommets. En effet, Home révélait
que les appareils reproducteurs, urinaires et digestifs n’avaient pas de débouchés externes indépendants,
comme chez les mammifères, mais qu’ils confluaient en un conduit commun, le cloaque (comme chez les
oiseaux et les reptiles). Si ça n’avait été que ça ! Mais certaines parties du squelette, comme l’articulation
des pattes antérieures, offraient des ressemblances troublantes avec ceux du lézard. Quant à la situation
thermique, elle était inexplicable : il possède un système de régulation interne, comme les serpents.
On conclut cependant à un mammifère, puisqu’on avait pu observer des glandes mammaires sur un
cadavre de femelle.
Quelques temps après, le zoologue Caldwell, qui, poussé par la curiosité, s’était rendu en Australie pour
étudier de plus près la faune et la flore du « nouveau » continent, porta à son comble la perplexité lorsqu’il
raconta avoir vu sortir du cloaque d’une génitrice un œuf à la coquille molle et blanchâtre.
Un nouvel ordre
De nouvelles études, d’autres reportages, des discussions passionnées, des débats sans fin et encore bien
d’autres choses eurent lieu.
Finalement, les scientifiques tranchèrent : il s’agissait bien d’un mammifère, mais d’un mammifère si
différent que ceux que l’on avait vu jusqu’à présent qu’il fallait créer un groupe nouveau.
Cela fut fait. On prit comme référence l’unique cloaque et des racines grecques : monos, seul, et tremata,
trou : l’ordre des monotrèmes fut créé.
C’est aussi à ce moment-là qu’on lui donna enfin son véritable nom d’ornithorynque (Ornithorhynchus
anatinus). Ornithorynque vient également du grec : ornis, ornithos signifie oiseau et runkhos veut dire bec.
On continue pourtant à l’appeler parfois platypus, même si ce nom désignait déjà une espèce de scarabée.
Selon de nombreux scientifiques, l’ornithorynque serait aujourd’hui l’un des mammifères les plus primitifs
qui aient survécu.
Bric-à-brac, entre espèces et physiologie
Un bric-à-brac pour trouver la bonne orthographe d’ornithorynque, un
bric-à-brac pour le classer dans le bon ordre, et enfin un bric-à-brac pour
décrire son corps, qui ressemble à tout, comme à rien.
Monotrème
L’ordre des monotrèmes, auquel appartient notre ornithorynque, compte deux familles, trois genres, et trois
espèces.
Eh oui, si l’ornithorynque reste la plus étrange créature de la terre, il est quand même suivi par deux autres
compagnons, dont on ne connaît guère mieux l’origine : l’échidné à long bec (Zaglossus bruijnii) et
l’échidné à bec court (tachyglossus aculeatus).
On pourrait traduire monotrème de façon élégante par « à un seul orifice ». Cette caractéristique, que
partagent les trois espèces, ne leur est pas spécifique : les marsupiaux, eux aussi, n’ont qu’un seul
cloaque. Mais l’ornithorynque et les deux échidnés ont en commun d’autres choses exclusives : ils
possèdent de nombreuses traces reptiliennes (vertèbres des côtes attachées aux vertèbres cervicales, par
exemple), tout en présentant des caractères indéniablement attribués aux mammifères, comme leur
anatomie et leur physiologie.
Cousin de l’échidné
L’échidné, qui aura sans doute sa place un jour dans notre journal, est un petit animal (entre trente et
nonante centimètres, deux à dix kilos selon l’espèce) océanien (Australie et Nouvelle-Zélande). Son corps
est recouvert de piquants et son nez ressemble à une trompe. Mais, aujourd’hui, on ne trouve plus
d’échidnés à long bec en Australie, on a cependant des restes de fossiles qui prouvent qu’ils habitaient sur
ce continent il y a environ cent mille ans.
Un incroyable corps
L’ornithorynque mâle mesure de 45 à 60 cm et pèse de 1 à 2,4 kg. La femelle, elle, est un peu plus petite :
de 39 à 55 cm et pèse de 0,7 à 1,6 kg. La queue comprise dans les mesures précédentes n’est pas à
négliger : elle peut atteindre 15 cm.
Le physique de l’ornithorynque est tout à fait reconnaissable. Il arbore une bouche en forme de bec de
canard, de cartilage dur mais recouvert d’une peau riche en terminaisons nerveuses.
A l’adolescence, ce bec voit pousser sur ses bords quelques dents, qu’il perd une fois devenu adulte. Il ne
dispose alors plus que de lames cornées, rigides et légèrement espacées.
Sa tête est petite, ses yeux minuscules. Son crâne est très spécialisé, puisqu’il doit supporter un long bec
et une lame dentaire unique sur la mâchoire inférieure.
Sa démarche fait penser à celle d’un reptile et sa queue rappelle celle du castor. Sa fourrure est
imperméable. Elle est constituée de poils courts et épais, de couleur brune, rappelant ceux de la taupe.
Mais c’est le poil de bourre, très serré, qui protège l’animal contre le froid.
La structure osseuse des hanches rappelle celle des lézards et des crocodiles : les pattes sont tournées
vers l’extérieur à partir des flancs de l’animal.
Ses pattes sont courtes et palmées. Les antérieures sont munies de longues et puissantes griffes (qui
s’arrêtent avant la fin de la palme), qui lui permettent de creuser son habitation. Lorsqu’il se déplace sur la
terre ferme, il les replie, rétracte ses palmes et se façonne alors une patte terrestre.
Enfin, attention à ne pas négliger la queue : elle lui sert à la fois de réservoir de graisse, mais aussi de
gouvernail lors de ses plongées.
Ornithorynque empoisonné
L’ornithorynque est l’un des très rares mammifères venimeux. En effet, il n’existe que deux espèces de
solénodons des Caraïbes et quelques musaraignes qui usent d’une salive empoisonnée pour vaincre leurs
proies lesquelles sont souvent plus grosses qu’elles-mêmes.
L’ornithorynque, par contre, possède autre chose de fondamentalement différent : il s’agit d’un ergot qui
sécrète du venin, produit par une glande en forme de haricot. Moins de deux centigrammes peuvent
provoquer la mort d’un lapin !
On trouve des ergots aux chevilles postérieures chez les trois espèces de monotrèmes. Mais la femelle les
perd au cours de sa première année, tandis que le mâle, lui, les conserve toute sa vie. Si l’échidné ne s’en
sert pas, l’ornithorynque, lui, utilise souvent son ergot, qui est donc relié à une glande à venin. C’est le
signe le plus important pour distinguer mâles et femelles.
L’ergot grandit avec celui sur lequel il vit et sa structure changeante permet d’évaluer l’âge jusqu’à quinze
mois après le départ du terrier de mise à bas. Lorsque l’éperon est complètement développé, il atteint 15
millimètres de longueur. Si l’animal le désire, il peut le faire saillir de la cheville et l’enfoncer dans un objet
sous l’action des muscles de la patte postérieure.
La piqûre provoque une douleur peu agréable. Le venin qui a pénétré dans le sang peut provoquer des
symptômes, plus ou moins graves : cela va d’une douleur avec enflure à l’endroit de la blessure jusqu’à la
paralysie de tous les membres chez l’homme.
Lorsque l’ornithorynque était chassé pour sa peau, on a entendu de nombreuses histoires de chiens qui se
retrouvaient complètement paralysés par le venin du platypus. En effet, les chasseurs assommaient
l’animal par un coup de feu d’une arme de gros calibre, tiré dans l’eau et c’était un chien de chasse qui
avait pour mission de récupérer la bête. Or, quelques fois, la proie reprenait conscience et enfonçait son
ergot dans le museau du pauvre animal.
Le premier à en faire l’expérience fut en fait un homme, et non pas un chien. L’histoire se déroula en 1816,
au cours d’une chasse. Sir John Jamison avait blessé un spécimen d’un coup de fusil et il envoya un
rabatteur ramasser l’animal. Ce dernier eut plus de chance que notre Sir, qui, au moment où il sortait
l’animal de l’eau, eut sa main percée d’un coup d’aiguillon, dissimulé par un repli de peau de la patte
arrière. Sa main enfla rapidement et l’inflammation gagna l’épaule, lui causant de terribles douleurs, à tel
point qu’il dut garder le lit pendant plusieurs jours.
Il reste encore beaucoup de mystère autour du venin de l’ornithorynque. Aujourd’hui, nous ne sommes sûrs
ni de sa fonction, ni de sa nature. Un naturaliste suggérait une fois que le mâle utilisait son ergot pour
soumettre les femelles pendant l’accouplement, mais des études plus récentes contredirent l’hypothèse : la
femelle se laisse facilement séduire par les préliminaires et n’a pas besoin d’être prise de force. Cependant,
la supposition que l’ergot est en relation avec l’accouplement n’est pas une mauvaise idée : on a vu que les
glandes associées à l’ergot se développent et régressent avec les testicules pendant la saison de
reproduction. Des scientifiques ont alors évoqué que sa présence uniquement chez le mâle démontrait qu’il
servait à marquer leur territoire pendant la période des amours. Hypothèse non vérifiée, mais pas contredite
non plus.
Ajoutons encore qu’en captivité, les ergots ont fait des morts, alors que dans la nature, cela n’arrive jamais,
puisque les territoires dont disposent les ornithorynques sont bien plus grands.
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