A LA MEMOIRE DES 1 500 000 VICTIMES ARMENIENNES
24 Avril 2008 : 93ème anniversaire du génocide arménien de 1915
perpétré par le gouvernement Jeune-Turc
93 ans de déni : ça suffit !
-------------------------------------------------------------------
VEILLE MEDIA
Mardi 20 Janvier 2009
Retrouvez les news sur :
http://www.collectifvan.org
GENOCIDE ARMENIEN/TURQUIE/ALLEMAGNE
Le Hitler turc avait noté 972 246 victimes
arméniennes
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le journal Milliyet a
publié en turc une interview de Murat Bardakci, concernant la
publication qu’il vient de faire des cahiers de Talat Pacha, principal
instigateur du génocide des Arméniens en 1915/1916. Membre
éminent du Comité Union et Progrès, Ministre de l’intérieur du
gouvernement Jeune-Turc, le « Hitler turc » avait, jour après jour,
scrupuleusement consigné par écrit les déportations de ses
victimes arméniennes et en était arrivé au chiffre de 972 246
personnes arméniennes déportées. Soulignons que dans le livre
reproduisant ses cahiers, Murat Bardakci indique que Talat donne
les chiffres des Arméniens des grandes villes situées dans les
frontières actuelles de la Turquie. Bardakci annonce que deux
pages avaient été déchirées (par le passé) et qu’il a lui-même
délibérément censuré deux pages de plus… Il manque donc déjà 4
pages de chiffres. En plus, n’y sont pas mentionnées les régions se
trouvant actuellement hors de Turquie (surtout les territoires de
l'ouest de l’Empire ottoman). Ce témoignage précieux indique
donc que le chiffre minimum du génocide des Arméniens, est de
972 246 victimes arméniennes, mais que toutes n’ont pas été
comptabilisées.
Il faudrait en effet savoir comment le recensement a été conduit
avant les déportations. Selon les mentalités du lieu et de l’époque,
on peut supposer que seuls les hommes adultes ont été
comptabilisés : en effet, l’une des préoccupations des Unionistes
était de récupérer les biens des Arméniens. Dans la mesure où les
femmes n’étaient pas susceptibles de posséder de terres ni de
maisons (qui se transmettaient aux fils), elles n’ont
vraisemblablement pas été comptées dans le recensement pré-
génocide. Alors qu’elles l’ont été (ainsi que les enfants), dans les
chiffres recensant les survivants après les déportations. Le
nombre des Arméniens exterminés lors du génocide de 1915 ne
peut donc pas se déduire par une simple soustraction comme
Murat Bardakci le fait.
On relève dans cette interview, les contradictions symptomatiques
de la schizophrénie qui frappe les intellectuels turcs. Descendant
d’Unioniste (« Le père de son père était un proche compagnon
d'arme d'Ataturk, devenu par la suite le préfet de Konya, Cemal
Bardakci. »), et fervent admirateur du Comité Union & Progrès,
Murat Bardakci défend la thèse officielle turque (« 1915 n’était
pas un génocide », « ce sont les Arméniens qui ont commencé »)
mais donne dans le même temps des éléments réels qui
contredisent le discours officiel et accréditent (malgré lui ?),
l’existence du génocide arménien… Sans doute, en tant que petit-
fils d’un membre du Comité Union & Progrès, Murat Bardakci est-il
bien placé pour savoir que sa propre famille s’est enrichie avec les
biens volés aux Arméniens : ceci explique qu’il continue à
défendre encore le crime, ayant lui-même profité de ses «
bienfaits »…
Notons cependant que Murat Bardakci avait participé à un débat
télévisé avec le très négationniste ex-Président de l’Institut turc
d’Histoire, Yusuf Halacoglu. Ce dernier y minimisait le chiffre des
morts tandis que Bardakci répondait d’un air moqueur : "monte,
monte, c'est largement supérieur à 300 000"…
D’ordinaire, nous essayons de vous proposer des traductions faites
directement à partir de la langue originale, mais cette fois-ci, le
Collectif VAN vous propose la traduction d’une synthèse résumée,
déjà préalablement traduite du turc en anglais, avec certaines des
notes du traducteur initial, John Havoonjian. Nos remerciements à
Christine Gardon pour son travail de traductrice de l’anglais vers le
français et à nos sympathisants turcophones qui nous permettent
de vous proposer des introductions explicatives et de compléter
ainsi le résumé ci-dessous.
==
Extraits des commentaires de Murat Bardakci parus dans
le journal Milliyet concernant la publication du "Livre
Noir" de Talat Pacha
12 janvier 2009
Milliyet
- L’information la plus importante se trouve page 108; elle concerne la
différence (972 246 personnes) entre la population arménienne avant et
après la déportation. Le livre montre en détails combien d’Arméniens de
chaque vilayet ont été déportés, et combien ont été transférés dans
d’autres vilayets, etc.
- On ne peut déterminer avec exactitude ce qu’il est arrivé à ces 972 246
personnes qui ne sont pas comptabilisées pendant une période de huit ou
neuf mois. Certaines de ces personnes ont été tuées pour des raisons
diverses, d’autres ont émigré en Russie, en Amérique du Sud et en
Europe, d’autres sont peut-être simplement décédées. . [Nota John
Havoonjian : aucune allusion directe aux massacres brutaux, et pas de
suggestion quant à la proportion de ceux encore en vie et de ceux qui sont
morts - pas d’acceptation du fait que la majorité a été exterminée...]. À la
fin de 1918, certains Arméniens sont revenus - tout cela est documenté;
et l’on peut faire des recherches à ce sujet, car c’est facile à faire. [Nota
John Havoonjian : Ceci est survenu pendant le mandat des Alliés - surtout
pendant le mandat français en Cilicie.]
- Qu’est-ce qui va changer à présent que nous avons ce chiffre de
972 236 ?
C’est la question : jusqu’ici, l’une des parties donne le chiffre de1,5 million
de morts, de l’autre il y a des gens ignorants qui disent que le nombre
d’Arméniens tués est de 400 000. Une partie considère que l’autre est
idiote. Je ne veux pas prendre part à ce jeu stupide sur les chiffres; je ne
fais que présenter un document sur ce point. [Nota John Havoonjian : Ce
qui amène la question, pourquoi ces documents ne sont publiés que
maintenant]
- Et ce sont les chiffres donnés par Talat Pacha ?
Bien sûr, puisque c’était lui l’architecte de cet événement; peu importe
qu’il ait été un bon ou un mauvais architecte, à cet égard ses documents
sont les seuls documents véritables. Là repose toute la question.
- Des réactions à ce livre ?
Les deux côtés - surtout de la part des militants des deux côtés -
émettront des objections sur les chiffres donnés dans le livre : c’est moins
que l’estimation avancée par les Arméniens, et plus que le nombre
accepté par les Turcs. [Nota John Havoonjian : Bien que le chiffre de 972
236 soit censément soutenu par des programmes détaillés vilayet par
vilayet, on peut se demander s’ils sont vraiment fiables. Et s’ils prennent
en compte les 30 plus grands centres urbains peuplés par les Arméniens,
qu’en est-il des régions moins peuplées.]
- Utilisation du terme "revendication de génocide" au lieu de
"'prétendu' génocide“ ?
"sozde soykirim" ("prétendu génocide") est un terme connoté, et non une
vraie expression turque. Je suis aussi contre l’utilisation du terme
"génocide" ; 1915 n’était pas un génocide. Nous pouvons utiliser deux
termes : soit le terme officiel "déportations" ou "tueries
mutuelles/réciproques" ("karsilikli mukalete" est la phrase utilisée). [Nota
John Havoonjian : toujours ces deux mêmes cacophonies, intitulées avec
à-propos : "déception officielle" et "obscurantisme sélectif, sournois"
respectivement... Notons seulement que les concepts tels que l’intention,
la motivation, l’équité, et la proportionnalité ne sont pas indiqués.]
- A propos de la reconnaissance du génocide; et les conclusions de
tout cela :
Peu importe vraiment si les USA reconnaissent le génocide ou non. Il y a
déjà 20 pays qui l’ont reconnu; quel a été le résultat ? J’espère que
chaque pays le fera et nous serons délivrés de cette paranoïa.
- Vous dites que cela peut empirer; que peut-il se passer ?
Il n’y aura pas (ils ne peuvent pas ?) de réclamations de terre; mais des
demandes de compensations, il y en aura. Si nous continuons avec cette
mentalité, cela [Nota John Havoonjian : les compensations ou les
réclamations ?] arrivera malheureusement.
- Alors, est-ce que de telles demandes de compensation seront
honorées ?
Non, la Turquie ne donnera aucune compensation; parce qu’une telle
position ouvrirait à nos droits à des compensations. Au minimum,
n’oubliez pas les Balkans. Mais bien sûr, cela continuera à être le sujet de
discussions et débats. Nous serons engagés sur cette question pendant
encore 50 ans. Ce problème ne prendra jamais fin. Il ne finira jamais,
parce que la Turquie n’acceptera pas qu’une telle chose [le génocide] se
soit passée, et l’autre côté n’oubliera pas. Et les deux parties ont raison
(hakli).
- La page 108, et les autres documents sont entre mes mains depuis 26
ans. Le cahier noir de Talat Pacha [appelé "Livre Noir "] et d’autres
documents ont été découverts [par hasard par Mme Talat dans la poche
intérieure d’une vieille valise] en 2005. C’est la copie personnelle de Talat
Pacha, qui contient 77 pages. Ce cahier décrit les variations de population
de 1876 à 1916. Il contient également des informations sur les migrations
des Turcs, des Arabes et des Grecs, dues aux guerres. Toutes ces
informations sont incluses dans le livre publié.
- On dirait que c’est 400 000 dans le livre de l’État-major [comparé
à vos 972 246].
Est-ce que vous pensez que les chiffres que vous avez eu sont
aussi entre les mains de l’État Major ?
L’État-major a publié des documents très importants. Là, il existe une
différence du chiffre de l’émigration forcée de 400 000 ; parce que dans ce
document certaines régions d’où les Arméniens ont été forcés d’émigrer,
n’ont pas été remplies. Par exemple, à Hudavendigar, il est dit que le
nombre est de 59 000. Il en reste 2 800. Cette partie manque, et ces gens
semblent être là. Le document n’a pas été complété. Et [c’est pourquoi] la
différence fait descendre le chiffre à 400 000 [plutôt que 972 246]. Ce que
j’ai, c’est la version complète du document que possède l’État-major.
Cependant, je ne sais pas si l’État-major a ce document complété ou s’il
l’a publié. [Nota John Havoonjian : Remerciements à Mme Yasemin Demir
qui a fourni la traduction de cette section importante. En lisant, j’ai senti
que M.Bardakci répondait avec précaution et un peu gêné en ce qui
concerne l’État-major].
- Dans l’épilogue il y a une note qui dit: "Pendant la période des
déportations, le rôle des officiers allemands dans l’armée
ottomane est toujours caché derrière un rideau opaque". Que
disent les archives allemandes à ce sujet ?
Je ne sais pas; parce que les documents militaires liés à cette période ne
sont pas encore accessibles au public. Et je me demande pourquoi ceux
qui ont initié la campagne d’excuses ne veulent pas que ces documents
soient rendus publics. Quant aux déportations, d’un point de vue de la
logistique, c’est quelque chose que nous n’aurions pas pu faire tout seuls
pendant cette période. Le planning logistique : nous l’avons fait avec les
Allemands. Il est bien connu que les Allemands ont beaucoup aidé. Mais
après avoir été impliqués dans le génocide des juifs, les Allemands ne
veulent pas être impliqués dans cette déportation ; et c’est pour cette
raison qu’ils ne les ouvrent pas [leurs archives]. De plus, il y a une chose
très intéressante : Les défenseurs turcs en dehors du pays ont tous reçu
des fonds émanant de fondations allemandes- écrivez cela en marge.
- Diverses inquiétudes sur les archives arméniennes et turques
(ottomanes) :
1 / 152 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !