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Comptabilité :
Cette prudence se retrouve notre Plan Comptable général et constitue même un des piliers
de l’évaluation comptable. Selon l’article 120-3 du PCG, la comptabilité est établie sur la
base d’appréciations prudentes, pour éviter le risque de transfert, sur des périodes à venir,
d’incertitudes présentes susceptibles de grever le patrimoine et le résultat de l’entreprise.
Ainsi seuls les bénéfices réalisés à la date de clôture d’un exercice peuvent être inscrits dans
les comptes annuels (C.com, art L 123-21 et PCG, art.313-2). Un stock de marchandises
acheté 100, l’année N, qui sera vendu 170 en N+1 ne dégagera pas un bénéfice comptable
en N. Le bénéfice de 70 apparaitra dans les comptes de N+1. Ce principe de prudence
implique également que la plus-value constatée entre la valeur d’inventaire d’un bien et sa
valeur d’entrée n’est pas comptabilisée. (C.com art. L 123-18, al 4 et PCG, art 322-2). Un
terrain, acheté 10 000 en N qui est évalué en N+5 à 14 000 n’augmentera pas le résultat
comptable de N+5. Il figurera à l’actif du bilan de N+5 pour 10 000 (sauf si l’entreprise
applique la réévaluation libre. Ce cas est rare car la plus-value est taxable). En application de
ce principe de prudence, les charges et les produits ne sont pas traités de la même façon. Les
charges sont enregistrées dès qu’elles sont probables alors que les produits doivent être
certains pour être comptabilisés. Un litige avec un tiers, par exemple, un salarié ou un client
fera l’objet d’une provision et donc diminuera le résultat comptable avant le jugement, du
moment que la condamnation est probable.
Psychologie :
Selon le dictionnaire LAROUSSE, la prudence est une attitude qui consiste à peser à l’avance
tous ses actes, à apercevoir les dangers qu’ils comportent et à agir de manière à éviter toute
erreur, tout risque inutile. Dans la pyramide des besoins, MASLOW rappelle que l’homme a
besoin de sécurité. Le besoin de sécurité est omniprésent dans la vie d’un homme. Prendre
des risques va à l’encontre de ce besoin de sécurité. «Une mère veille son petit, une
merveille son petit.» (d) En veillant sur leurs enfants les parents, les mettent en garde sur les
dangers de la vie. «Fais attention !…». Un excès de prudence peut conduire à les surprotéger
ou à leur donner une vision négative et pessimiste de la vie. Ils ne prendront, peut-être pas
assez de risque ou, au contraire, évalueront mal certains dangers réels. L’excès de prudence,
aboutira à une mauvaise évaluation de la réalité.
Philosophie :
KANT explique que la raison spécule (e). En conséquence, la raison nous conduit à la
prudence. René DESCARTES précise «Par l’entendement seul je n’assure ni ne nie aucune
chose, mais je conçois seulement les idées des choses que je puis assurer ou nier.»(f). La
raison peut nous distancer du réel comme nous en rapprocher. Ainsi, la prudence nous
donne une image erronée du réel.
Conclusion d’étape :
La raison semble appeler la prudence. L’excès de prudence, en comptabilité nous éloigne de
la réalité. Des comptes trop prudents peuvent dissuader un banquier d’accorder un emprunt
à l’entreprise ou des actionnaires de souscrire à une augmentation de capital de la société
qui a besoin d’argent. La règle de prudence est donc imprudente !