Plan : 1) Prologue : explication de la base de la sociologie (TD n°1). 2) La sociologie comme science du social : histoire de la discipline. 3) Les démarches et les techniques d’enquête en sociologie : la question de départ à la construction du modèle d’analyse (TD n°2). 4) Techniques d’enquête. 5) Démarche théorique à travers différents systèmes d’interprétation, de paradigmes : l’analyse causale et la sociologie compréhensive (TD n°3-4-5). 6) La rupture épistémologique : sondages d’opinions (TD n°6). Chapitre 1 : PROLOGUE Durkheim « le suicide » (1987) / Baudelot et Establet « Durkheim et le suicide » (1984). Baudelot et Establet sont des sociologues marxistes, « Durkheim et le suicide » a été écrit en même temps que « la reproduction sociale » de Bourdieu. Les sociologues se placent différemment vis-à-vis de la société, il y a donc une différence de discours. Test de Baudelot et Establet : les femmes se suicident plus que les hommes ? Les vieux se suicident plus que les jeunes ? + samedi et dimanche que la semaine ? + le printemps que l’été ? Les enseignants > aux paysans ? Ouvriers > intellectuels ? Divorcés > veufs ? + jour ? + soir ? + matin + dans les grandes villes ? Le moyen le plus utilisé : la corde ? Pour chaque phénomène, il y a des préjugés. Selon Establet, il y a 5 types de sources d’information sur le suicide : l’expérience directe ou indirecte : impression que le phénomène est important, on va généraliser à partir de quelques cas. Le suicide est un phénomène de faible ampleur, on n’a jamais un échantillon ayant une bonne vision pour tous les milieux sociaux. L’expérience qu’on peut avoir déforme le phénomène : on se donne une idée incomplète et toujours sociologiquement orientée. La presse, les journaux, les médias : il y a une différence importante entre le travail du sociologue et du journaliste. Le sujet est rarement évoqué, si on regarde les données, on parle plus de meurtres que de suicides dans les journaux alors qu’il y a moins de meurtres que de suicides, il y a une déformation. Les suicides apparaissent dans les médias quand ils sont étonnants et paradoxaux. Différence du travail du journaliste par rapport au sociologue : le suicide c’est un thème particulier car il est massif, régulier et singulier (aboutissement d’évènements bien particuliers) ce qui est différent des victimes de guerre, pour le journaliste c’est difficile de tout retranscrire, le suicide est donc plus banal : il est attiré par l’exception, ce qui est totalement différent du sociologue qui s’intéresse à la norme, la moyenne. Dans l’homicide, il y a un côté révolte et injustice ce qui est différent du suicide qui traduit une inquiétude : l’homicide va raviver les normes sociales en discutant de ceux-ci mais le suicidé est l’acteur et l’objet. La littérature : acte romantique (ex : Emma Bovary) La source historique : les statistiques sur le suicide ne sont pas très anciennes mais avant la comptabilité du suicide, on avait pas d’idée de l’ampleur de ce phénomène et les suicides de personnalités importantes de 1er plan sont connus. Dans l’histoire, on a une vision déformante. Ces 4 sources principales peuvent être biaisées, les informations que ces sources donnent ne sont pas suffisantes pour en faire un sujet sociologique car ça donne des cas individuels et non une généralisation. Le travail de Durkheim était le passage du fait individuel au fait social : Durkheim appelle ça des prénotions car ce n’est pas démontré et il faut s’en méfier. les données statistiques : Durkheim s’appuie sur ces sources pour écrire son ouvrage, c’est la source la moins connue de cette époque et c’est Durkheim qui va les construire par rapport aux certificats de décès de médecins : il va tout compter lui-même, les statistiques vont permettre le passage du fait individuel au fait social. La démarche mise en place est transposable sur d’autres exemples et est très claire. A partir des statistiques, on va montrer que le suicide peut être appréhendé de manière globale et le suicide est lié à d’autres variables (âge, sexe, situation géographique et maritale, CSP, etc.). La statistique a permis une vision plus complexe du phénomène. La définition su fait social à laquelle aboutissent Baudelot et Establet est très intéressante (voire TD n°1) car elle montre qu’un fait social est un ensemble d’actions humaine qui a une régularité statistique qui va être mesurée par des variables qui vont changer les statistiques : c’est un phénomène qui est corrélé à d’autres variables sociales. C’est une définition restrictive car le phénomène doit pouvoir être mesuré statistiquement (régulier et prévisible) : la démarche sociologique de Durkheim est intéressante pour ce type de phénomène mais elle ne s’applique pas à tous les phénomènes (ex : l’élection présidentielle : Lepen 2ème : pas prévisible). Si on reprend la définition du fait social de Durkheim, on voit que ce n’est pas le même type de définition que Baudelot et Establet : dans ces deux définitions, la société va modeler par contraintes les comportements individuels et comme il y a les mêmes contraintes pour les mêmes CSO, la statistique est régulière car il y a le même comportement. Durkheim dit qu’on explique le social par le social : on voit sa mise en application dans ses statistiques su suicide car d’autres variables sociales sont prises en compte. Durkheim émet la théorie du fonctionnement de la société : un lien entre le recueil des données statistiques et sa théorie de la société, entre le concept d’intégration et la question du suicide. Ce qui est important, c’est de souligner la cohérence de la méthode et qu’il fait un cadrage théorique général mais c’est pas obligatoirement le même pour tous les sociologues. Chapitre 2 : La sociologie comme science du social : histoire de la discipline. Intro : Qu’est ce que la sociologie ? Berthelot JM in K. Van Meter « la sociologie » Bourdieu et Alui « le métier de sociologue » La sociologie est un discours sur le social qui étudie la société de façon scientifique : c’est la science de la société. La socio va chercher une explication des activités des individus, de leur conduite, de leurs actions dans le système social lui-même. On va rechercher dans l’organisation sociale, la structure économique, l’idéologie d’une société l’explication des comportements des individus. L’idée de départ de la sociologie c’est d’expliquer ce qui nous arrive à partir des relations sociales en général. La psychologie répondra de façon différente : elle étudie le fonctionnement des groupes sociaux et la transformation de ces groupes (pourquoi tel groupe va évoluer ? Par les règles, les normes sociales, etc.) Ex : comment se construisent les solidarités familiales ? Il y a un côté disparate dans les sujets d’études. Cela peut poser certaines questions : la question des frontières de la sociologie, le problème de visibilité mais problème d’affichage, pas faire de la sociologie. Qu’est ce qui définit le phénomène comme un phénomène social ? Ca va de paire avec les diverses méthodes sociologiques. Son histoire donne un tronc commun aux sociologues. I- La sociologie a-t-elle toujours existé ? On peut penser que bien avant le 19ème il y avait une existence de la sociologie car l’homme vivait déjà en société. Le sociologue a lui aussi une connaissance des règles de la vie en société car il y vit. Tout le monde a des opinions qu’on utilise souvent sans réfléchir : la sociologie spontanée (Bourdieu), ça reste du côté de l’opinion. La sociologie spontanée est une première connaissance mais aussi un 1er handicap car elle n’est pas parfaite mais incomplète, tributaire des valeurs de chaque groupe social : la sociologie c’est la remise en question de la sociologie spontanée, la rupture épistémologique. La sociologie a toujours existée mais le sociologue doit prendre du recul par rapport à elle II- Les facteurs d’opposition de la sociologie Il y a deux catégories : les facteurs qui permettent l’émergence d’une discipline scientifique et les facteurs sociaux de l’apparition de la sociologie. La notion de science est développée à partir de la renaissance (15 et 16ème) et la sociologie va se référer à cette notion pour se développer. Cette science se réfère à différents principes : quand on dit science, on parle de développements de la rationalité et celle-ci va se développer par rapport à 4 principes principaux : - le travail intellectuel : on va plutôt faire des efforts de compréhension que de conception, d’exécution ou d’action. - Procéder par essai et erreur. - Va et vient entre conception et réalité empirique. - Va dégager des vérités partielles : déterminer scientifiquement et historiquement mais elles peuvent être approfondies. Ca a mené au développement de la science physique, etc. ils vont travailler autour de la notion de cellule, d’atome. Les 1er sociologues vont prendre le même modèle que les scientifique : la vision de la société sera faite comme celle d’un organe où l’individu est une cellule. Les conditions sociales d’apparition de la sociologie est favorisée au 19ème par la constitution de la bourgeoisie comme classe dominante grâce à la révolution de 1789 qui supprime les 3 ordres de l’ancien régime mais on passe à une autre stratification sociale où la bourgeoisie va être la classe dominante, la révolution industrielle va prolétariser un certain nombre d’individus, la réduction des conditions de la vie ouvrière entraîne la naissance du prolétariat urbain et revendicatif : c’est un facteur de désordre social, la sociologie est née pour le comprendre et essayer d’y remédier. Quand on étudie la bourgeoise, on distingue 2 principes : l’individuation et la rationalité. Avant le 19ème, l’individu ne peut pas être pensé comme tel (pas d’existence réelle) car ils sont les membres d’une classe sociale, d’un groupe et cette position est immuable de sa naissance à sa mort : la société est bloquée et on y existe comme membre d’un groupe social. Avec l’individuation, ce n’est plus imposé par la naissance, c’est par ses choix personnels que l’individu peut changer de groupe social : c’est « l’avènement de l’homme privé », une vie en dehors qui fait référence à la solidarité mécanique et organique. La rationalité, on la retrouve dans le commerce, dans la production de biens industriels, dans les transactions économiques : c’est le début de la mise en place de la comptabilité, etc. La sociologie naît donc de l’accession de la bourgeoisie à la position dominante avec ces principes d’individuation et de rationalité qui rendent possible l’étude de l’homme abstrait, par le constat de la différence entre les sociétés (la colonisation) mais aussi par le constat de la différence entre les groupes sociaux dans une même société qui produisent du conflit social et une peur associée. III- La constitution d’une discipline Les révolutions entraînent la remise en question des sociétés. La révolution industrielle : la construction de la sociologie par l’apparition du prolétariat qui entraîne un besoin de la comprendre et de l’observer, pour la bourgeoisie c’est un danger, la sociologie c’est donc pour favoriser l’ordre social. Il y a eu des développements d’enquêtes sociales qui analysent le prolétariat et qui sont menées par les médecins (Villerme – Quétdet – La Play) où on trouve les 1er principes de la sociologie : la réflexion politique, la méthode statistique, la réflexion scientifique, le développement d’idée d’évolution sociale et de progrès humain. Le terme de sociologie est utilisé pour la 1ère fois par Auguste Comte en 1839 (remplacement du mot physique sociale) et quand il apparaît c’est dans le sens « d’étude positive (avec démarche scientifique) des lois fondamentales propres aux phénomènes sociaux ». Les fondateurs sont Durkheim (1858-1947) et Weber (1864-1920). Le 1er temps : 1839-1914 : la période de formation de la sociologie en France par des universitaires sociologues (juristes et philosophes), se sont les 1er a donner des cours de science sociale. La 1ère chaîne de sociologie c’est celle occupée par Durkheim en 1887 à Bordeaux. Durkheim est de formation philosophe. En même temps que vont se développer des revues qui reflètent l’existence de la sociologie mais aussi des pratiques de recherches. Les pouvoirs publics s’interrogent et veulent comprendre le fonctionnement de ces groupes sociaux : par des enquêtes sociales et des recensements, c’est le 1er recueil des techniques d’enquêtes et ça va se perfectionner. Le but est toujours d’observer les phénomènes sociaux. Elle remplit bien une fonction : résoudre les problèmes de la société, c’est un but très pratique, cet intérêt de connaissance pratique influence la manière sont elle va être dirigée : désaccord sur le fait que c’est pour la connaissance pratique. 2ème temps : 1914-1958 : à la veille de la guerre 14-18, la sociologie est une discipline reconnue, elle a ses revues, ses sociétés savantes : elle est institutionnalisées. En 1917, Durkheim meurt et beaucoup de ses disciples meurent pendant la guerre : on n’a plus de leader de la sociologie et en France, la sociologie va décliner pendant cette période mais il va y avoir encore quelques disciples de Durkheim comme Simand, Halbwachs, Bouglée… mais il vont avoir une idée différente ce qui entraîne des conflits et il y a une favorisation du déclin avec le climat politique et économique de l’après guerre mais le développement de l’ethnologie et de l’histoire. La sociologie est peu productive et ne progresse plus dans son institutionnalisation : c’est aux Etats-Unis que la sociologie va surtout se développer car il y a eu une immigration de savants et la société est plus épargnée par les crises politiques et c’est aux Etats-Unis que se développent 2 grandes enquêtes sociologiques dans l’entre deux guerre car on va avoir un questionnement important sur la méthodologie. C’est là où vont se développer les cadres d’interprétations (c'est-à-dire les cadres théoriques) ainsi que plein de courants de pensée sur le social. 3ème temps : 1958 à aujourd’hui : après la 2nd guerre mondiale, la sociologie est en stagnation sur près d’un siècle et elle reprend son essor en France car c’est le 1er diplôme universitaire de sociologie, les sociologues qui vont travailler à cette époque sont Gurvitch, Friedmann, Touraine, Crozier, etc. et au lieu de vouloir un chef de file, il y en aura plusieurs pour chaque courant de pensée différent. Il y a une volonté de copier l’exemple des Etats-Unis et le développement du Marxisme. La sociologie est vue comme marxiste, ce qui est différent des autres sciences humaines vues comme bourgeoises : lien entre une science et le climat politique avec un soucis de scientificité important. Multiplication des champs de la sociologie, toutes les thématiques vont produire une sociologie spécialisée, à partir des années 70 la sociologie est bien installée dans tous les pays industrialisés mais aussi dans les pays en voie de développement qui commencent a y avoir recours. Chapitre 3 : Les démarches et les techniques d’enquête en sociologie : la question de départ à la construction du modèle d’analyse Intro : démarche et technique La démarche sociologique peut être mise en pratique de façon très différente malgré tout on a des principes de base identiques. La technique est utilisée concrètement sur le terrain : c’est un outil comme les techniques pour décider des personnes que l’on va interroger. Idémarche sociologique 1) les 3 actes Trois temps principaux doivent beaucoup à la démarche des sciences exactes : - l’identification d’un problème social : question mais pas que ce qui pose problème à la société. - L’objectivation : rupture épistémologique, prendre de la distance avec les prénotions et effective par rapport au sujet. - L’explication du problème posé au départ grâce à une théorie (ensemble structuré de propositions) qui peut évoluer par rapport aux confrontations avec l’empirie (objet concret). Bachelard dit dans « la formation de l’esprit scientifique » que le fait social est conquis, construit et constaté. Cette rupture n‘est pas concrète par rapport au sujet de recherche, on doit tt le temps faire attention, elle se fait progressivement, cette rupture est facile à faire quand on est extérieur, c’est le problème en sociologie de l’identification à son sujet. Bourdieu la voit comme une double rupture ; la manière de juger les étrangers, le sens commun : les étrangers sont différents ce qui explique que certains comportements peuvent nous paraître choquants : le sens commun produit des jugements de valeur. La sociologie spontanée va essayer de trouver des explications (culture différente) d’où un conflit des cultures qui est un facteur explicatif unique. On va aussi regarder la spécificité de l’aspect économique, politique, la localisation géographique (ghettos) des étrangers ce qui entraîne une pluralité des facteurs avec la sociologie scientifique, ils sont reliés entre eux par des relations complexes qu’il faudra déterminer par la recherche sociologique. La double rupture avec le sens commun et la construction d’un objet par rapport à la sociologie spontanée. La construction ne se fait pas d’un seul coup, on doit faire plusieurs allers-retours constants de la recherche. 2) le principe de comparaison Le principe de comparaison est retrouvé très souvent dans la démarche sociologique : dans le mode de raisonnement sociologique, on opère une comparaison historiquement, inter sociétale, intra sociétale. La comparaison est un principe qui permet d’alimenter la curiosité du sociologue, apprendre quelque chose (principe heuristique). Ex : le groupe familial : aujourd’hui la famille est en éclatement, le moyen de comprendre est une comparaison par rapport à avant, on voit que la famille d’aujourd’hui c’est la famille bourgeoise du 19ème siècle avec le modèle du père actif, la mère au foyer et les enfants : c’est l‘apogée de ce type de famille à la fin de la 2nd guerre mondiale : c’est une famille bourgeoise. Il faut voir par rapport à d’autres sociétés où le père n’existe pas (Chine) où la fonction de père est différente. La comparaison dans les sociétés entre les groupes sociaux (milieu populaire et aisé) montre que les solidarités familiales ne sont pas les mêmes : c’est un moyen de compréhension. La comparaison sur le couple ressemblant/dissemblant : les choses que l’on compare peuvent être variées selon le type de comparaison. 3) les étapes d’une démarche de recherche 7 différentes étapes : - question de départ (identification) - phase exploratoire (identification) - construction de la problématique (identification et objectivation) - construction du modèle d’analyse (objectivation) - recueil de données : enquête de terrain (explication) - l’analyse des données (explication) - la rédaction des conclusions (explication) Toute démarche sociologique est progressive et on fait des aller-retour : c’est le trouble rétroactif et on va du théorique à l’empirique. II- présentation détaillée de la gestion de départ au modèle d’analyse La question de départ, c’est où on va décider sur quoi on va travailler. Pour que la recherche soit possible, il faut une question, un problème : souvent, on a des problèmes concrets dans la vie sociale (quelque chose qui paraît inhabituel). Il y a un problème d’assimilation entre le problème social et sociologique : on s’aperçoit qu’on a un lien entre l’objet de recherche et des phénomènes qui font débats donc l’idéologie ambiante va influencer le choix du sociologue (la mémoire, le contexte familial, etc.) : la perméabilité entre le problème social et sociologique peut poser problème car on ne recherche pas de facteurs explicatifs de la même façon. Comment va-t-on poser notre problème sociologique ? Quivy et Campenhoudt donne des règles : le problème de recherche n’est pas un thème mais une question que l’on va poser : il y a plusieurs règles pour la formuler : elle doit être claire (concise et univoque), faisable et pertinente. La phase exploratoire c’est la recherche d’informations par recherche de travaux déjà faits (données, textes…) ou une rencontre avec les sujets de recherche. La démarche la plus direct c’est d’y travailler, la question de départ va donc évoluer : on a un autre aperçu du sujet. On va faire une autoanalyse (se dire qu’on avait des préjugés), c’est le centre de la rupture épistémologique. F. WEBER a travaillé sur le travail exercé à l’extérieur du travail à l’usine (bricolage, travail au noir, etc.) elle s’interroge sur la raison qui l’a poussé à cet objet de recherche : elle a passé sa jeunesse dans cette ville et a vécu avec des contacts ouvriers : c’est une sorte de volonté de mieux connaître ce monde. C’est important de prendre conscience du lien qu’on a avec l’objet. La construction de la problématique consiste a prendre du recul par rapport aux résultats collectées pour préciser les orientations de recherche : étoffement de la question. C’est l’approche ou la perspective théorique qu’on décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ, c’est une manière d’interroger les phénomènes étudiés. Concrètement, quand on fait des recherches, il y a 2 types de temps pour la problématique : - regarder les différentes problématiques déjà traitées sur le sujet - choisir pour soi sa problématique et la construire, soit par opposition, soit par comparaison. Ex : l’échec scolaire - l’école est un apprentissage, si il y a échec scolaire c’est à cause des aptitudes des élèves voire des enseignants. - Fonction d’apprentissage + sélection professionnelle et sociale (les fonctionnalistes comme Durkheim) selon les aptitudes pour que chacun soit à sa place. L’échec scolaire vient d’un manque d’aptitude et l’orientation des élèves sur l’espace social. C’est critiqué par la théorie de la reproduction sociale. - Reproduction sociale : classe bourgeoise > classe ouvrière : inégalité des chances dès le départ (Bourdieu), on ne leur laisse pas leur chance. - Organisation sociale : échec produit par le système. - Le jeu des acteurs : échec relativisé car ce qui est un échec pour l’enseignant ne l’est pas forcément pour l’élève. La construction du modèle d’analyse : les concepts et les hypothèses. C’est la suite logique de la problématique, un retour vers le concret et multiplication des pistes et des questions qu’on peut se poser. Sous formes d’hypothèses par des concepts : le concept c’est une construction abstraite qui vise à rendre compte du réel et qui ne retient pas tous les aspects de la réalité : c’est la construction sélection. Le travail mis en œuvre quand on va dans le concept : éléments sont de plus en plus précis. Le concept a plusieurs dimensions qui ont plusieurs indicateurs. Il est utilisé pour rédiger les hypothèses mais pas seulement par des concepts. Notre question de départ ne peut pas immédiatement se traduire en enquêtes, les termes généraux ne peuvent pas être donné tout fait dans les enquêtes mais certaines notions peuvent avoir qu’une seule dimension (la vieillesse). Ex : Glock : phénomène de religion, il trouve 4 dimensions : expérientielle (apparitions, sentiment d’intervention de Dieu, etc.), idéologique (croyance en Dieu, au diable, etc.), ritualiste (prière, messe, etc.) et conséquentielle (pardonner, ne pas mentir). Le poids des indicateurs n’est pas toujours le même. L’hypothèse est une réponse provisoire à une question qu’on se pose relative à la question de départ : dans l’école, les élèves échouent volontairement pour sortir du système scolaire. Elle se valide par le travail de terrain. Une proportion qui anticipe une relation entre 2 termes qui peuvent être des phénomènes concrets ou des concepts : une proposition provisoire qui demande à être vérifiée. Elle arrive après un long travail d’analyse, elle n’est pas naïve car documentée. Elle guide le travail sur le terrain pour la vérifier : on parle de confirmation ou d’infirmation de ces hypothèses mais à la fin on reste au stade d’hypothèse car la vérité reste partielle et provisoire et doit être relativisée : la falsification doit être possible (on peut prouver que c’est faux) mais pas pour toutes comme les hypothèses qui ne sont pas logiques, trop particularistes ou quand il y a un manque d’indicateurs. C’est une démarche hypothético-déductive (différent de la démarche inductive). La démarche hypothético-déductive est beaucoup plus cadrée, plus simple pour des premières recherches et c’est le modèle de base utilisé par Durkheim. Ex : pour Durkheim, le suicide est un fait social lié à l’état de cohésion de la société : il doit définir les concepts qu’il va utiliser (suicide et taux de suicide), c’est le 1er travail de conceptualisation ; sa problématique : le suicide comme fait social lié au fonctionnement de la société puis il va faire des hypothèses : le taux de suicide est lié au degré de cohésion (familiale, religieuse, etc.) de la société. Chapitre 4 : Techniques d’enquête. Qu’est ce qu’on va observer ? Qui ? Comment ? 3 grandes techniques d’enquêtes. Ce qu’on va observer est définit par les indicateurs, qui par les caractéristiques des individus (c’est définit par le sujet de recherche). L’observation, l’entretien et le questionnaire sont les techniques les plus utilisées pour faire un travail de terrain. Malgré tout, en sociologie, on peut faire un travail d’investigation, une analyse secondaire de données (presse, TV, etc.) : une analyse documentaire. L’analyse de la presse se fait pour rechercher un type de représentation pour le confronter avec les recherches statistiques, c’est une partie centrale des différentes recherches exploratoires. Beaucoup de recherches sur le terrain sont faites pour permettre de mieux voir ce qu’est le travail de sociologue. Son cadre d’analyse est la construction de données par et pour l’enquête. Ce qui les distingue entre elles sont : le niveau d’intervention sur la réalité observée, le type de rapport avec l’individu qu’on observe, le type d’analyse : qualitative ou quantitative. I- l’observation L’observation la plus directe, où l’intervention du sociologue est la moins importante sur le milieu qu’il observe et vice-versa. L’observation ethnographique peut être participante ou non. Comme toute technique, l’observation est avant tout une pratique sociale, c’est l’une des techniques les plus anciennes. Au début, le travail du sociologue est très proche du travail de journaliste. La finalité sociale est importante car la 1ère population observée (école de Chicago) est une population en marge. Le travail des sociologues est de témoigner de l’existence de ces populations et aider la politique à prendre des décisions. L’observation suscite de la fascination car il y a une proximité entre le sociologue et n’importe qui : on a l’impression de comprendre (l’intelligibilité immédiate). Le but est de rendre compte des pratiques sociales, ce qui oriente les individus à agir d’une certaine manière. On s’intéresse au cadre normatif de ce que l’on observe (ex : le sociologue du travail). Par l’observation, on peut s’intéresser aux ressources utilisées par les acteurs pour agir d’une façon ou d’une autre donc le but est de rendre compte une scène de vie sociale, comment les évènement s’enchaînent. Pour observer, on a besoin de la vue et de l’ouïe (de tous les sens) car on enregistre à la fois des discours et des pratiques et des pratiques et il faut être attentif au cadre général. Cela paraît difficile de savoir par où on commence, on a l’impression de ne rien voir car tout paraît évident ou le contraire quand on ne connaît pas la situation : il y a un problème d’insertion. IL faut quelques facultés mentales comme la mémoire (on ne peut pas tout noter), relever l’important, une faculté d’étonnement (maintien des sens en éveil), de la rigueur, de la discipline (le sérieux). Qu’est ce que l’on relève sur un terrain ? C’est la description de choses que l’on a vu, on peut compter (du temps, des personnes, etc.), on peut faire des chroniques d’activité, le lexique des indigènes, des conversations, les cartes de déambulation, faire des photographies, recueillir des documents écrits, etc. C’est donc très long. Les informations que l’on recueille sont en partie notées mais le reste est mémorisé : il faut toujours que l’on prenne des notes des activité que l’on a eu dans la journée le soir mais il y a toujours un oubli sélectif. L’observation du sociologue est un terrain privilégié, souvent c’est de l’observation de petites communautés ou sur une activité particulière ou délimités un groupe (ex : les OS) : beaucoup de chose sur l’observation d’institutions (hôpitaux psychiatriques, etc.). On utilisera plutôt l’observation que les entretiens quand on veut travailler sur le comportement trop ou pas assez pénalisable, l’observation est plus difficile quand c’est quelque chose de trop long et de trop diffus. 2 types d’observation : incognito ou à découvert (le sociologue dit ou pas qu’il observe). L’observation incognito pose un problème éthique car on observe en étant caché : utilisation de données à l’insu des personnes et on ne peut pas aller poser les questions directement. L’observateur n’est pas toujours clair pour les personnes observées : il a un rôle de contrôleur ou de censeur (qu’il juge la situation négativement). On peut cumuler les techniques de recherches sociologiques. Mais il y a le problème de la distance à mettre entre nous et l’objet étudié mais aussi de se faire accepter sur le terrain II- l’entretien On est dans une situation d’intervention sur le social : on va poser des questions et on va demander de produire un discours (description de ce qu’on fait, un avis par rapport au sujet, etc.). C’est un peu moins direct mais on est toujours dans une situation sociale. La neutralité totale n’y est pas réalisable. Souvent, l’entretien est comparé à d’autres types d’entretiens (thérapeutique par exemple) bien qu’il y ait les mêmes règles, le but n’est pas le même, l’entretien policier est une situation différente car l’enquêté à le droit de ne pas répondre. Quand on fait un entretien, on doit savoir qui on va entretenir (souvent inclus dans le sujet de recherche) mais il faut poser des limites (que des hommes, des femmes, peu importe, l’âge, etc.) : le travail quantitatif (représentativité) et le travail qualitatif (significativité), on essaie d’avoir des propos significatifs. Dans l’entretien, il y a deux genre : non directif et semi directif. Dans le 1er cas, on va poser une consigne de départ puis on laisse le discours libre. Dans le 2ème cas, l’entretien est plus cadré : c’est un ensemble de thèmes et de sous thèmes que l’on va traiter : construction d’un guide d’entretien mais aussi d’une fiche signalétique (âge, profession, etc.) des gens interrogés. Un entretien dure au minimum 45minutes, il y a des stratégies d’écoutes et de relance (le plus neutre possible) importants dans l’entretien. Comme sur 1heure le taux de concentration est mouvant et le discours produit n’est pas décontextualisé : le moment de l’entretien est important ainsi que le lieu. Les caractéristiques de l’enquêteur et de l’enquêté sont importants aussi, l’enregistrement aussi car certaines personnes ont ou non pas envie d’être enregistrés (travail de retranscription très long). III- Le questionnaire C’est plus quantitatif et formalisé et on donne moins de liberté à la personne pour parler. On est toujours dans la relation sociale. La grille est beaucoup plus précise, on fait le questionnaire quand on veut relier ce que les personnes disent faire et leurs caractéristiques. On est dans la description et non dans la compréhension. Le questionnaire est fait pour connaître une population. Les gens acceptent plus facilement car c’est moins long. L’important c’est de savoir diriger notre questionnement : orientation des ouvertures, comment les poser, etc. qui ont un impact non négligeable car ça a une influence sur les réponses. La population touchée est aussi plus diverse. Que l’on soit dans le questionnaire ou l’entretien, les questions posées sont toujours issues de notre réflexion théorique. On obtient soit des informations sur des trafics ou des opinions. IV- L’influence et les méthodes quantitatives/qualitatives On n’est jamais dans une situation tout à fait neutre où la présence de l’observateur n’a pas d’influence. Les réactions des enquêtés et des enquêteurs sont un effet de l’enquête que l’on recueil sur le terrain : ça filtre la réalité que l’on va observer. La subjectivité même du chercheur est influencée par ces propres caractéristiques : il faut avoir du recul critique et se demander pourquoi les gens ont acceptés de répondre à la recherche, etc. Il y a un classement entre les méthodes qualitatives et quantitatives. On va mettre un accent sur une autre logique que la mesure : plus vers le sens que le résumé et la description. Quantitatif : grand volume de donnée, plus standardisé et possibilité de faire des analyses quantifiées car il y a une certaine régularité. Qualitatif : moins gros volume, plus souple dans le recueil des données (adaptation au terrain), on y recherche plus la significativité plutôt que la régularité. Opposition entre ces deux méthodes : la façon dont est construite l’information : quantitatif : trop rigide, trop mathématique et manque de profondeur des données, qualitatif : manque de rigueur, subjectivité de l’enquêteur trop importante et résultat trop particulier (on ne peut pas monter en globalité). Il faut faire attention à ces dérives qu’il faut éviter. Ces 2 méthodes sont complémentaires et ne s’opposent pas mais le questionnaire se fait toujours en fonction de son objet de recherche. Autres techniques : analyse secondaire de données statistiques analyse documentaire (presse, TV, textes historiques, lois, etc.) V- L’analyse des informations, des données Interpréter les données en fonction des hypothèses : on vérifie ainsi leur validité. Selon la technique utilisée, l’analyse sera différente : par observation : on va utiliser toutes les notes prises sur le terrain, relever ce qui était du comptage, de la relation simple et on va faire un classement thématique à partir de nos hypothèses. Le maître mot c’est la comparaison, comparer les données de notre terrain avec celle déjà faites ou quelque chose diffère : les inférences (déduction logique à partir des notes du terrain) et on va comparer l’analyse des notes avec celles d’autres chercheurs pour pouvoir la produire. Le travail est un classement des notes, d’aller rechercher. La démarche hypothético déductive (Weber, Campenhoudt), par l’entretien (un peu plus formalisé) : une fois qu’on a passé l’entretien, il faut faire une retranscription totale puis analyser le contenu (comme celle avec la presse, etc.) : faire une analyse thématique à travers le texte écrit mais il y a un paradoxe : on va avoir le sentiment de trahir le matériau qu’on utilise car on cherche les éléments qui nous intéressent en laissant de côté pas mal de choses avec lesquelles on a eu une relation forte, donc on a un inconfort psychologique mais c’est nécessaire pour monter en globalité. L’analyse de contenu peut être thématique, formelle (forme dénonciation, de discours comme le vocabulaire, les hésitations, etc. la façon dont le discours est ordonné ; analyse propositionnelle du discours est très spécifique que la façon dont est fait le discours) ou structurale (mettre les éléments sous jacents et implicites du discours ; relation par opposition (Lévi-Strauss)). Par questionnaire : on va rechercher les données quantifiées des variables qui nous intéressent (après un codage) ou à expliquer. VI- La rédaction de la conclusion O niveau de la recherche, on va se poser la question de positionnement de recherche. La façon de décrire les démarches de recherches, soucis de rigueur important dans cette démarche. C’est la boîte noire car souvent on peut restituer dans ce que l’on peut lire, on a jamais un contenu de « bricolage « méthodologique (un ajustement par exemple). Il est très rare que les chercheurs en rendent compte. Les différentes revues : « le bulletin de méthodologie sociologique », les français et les anglais travaillent sur le problème de la méthode ; les revues de jeunesse : travail sur ce qu’on a dans la recherche. Chapitre 5 : les différentes modes d’explication du social : la démarche théorique à travers différents systèmes d’interprétation, de paradigmes : l’analyse causale et la sociologie compréhensive (TD n°3-4-5). Plan : 1) axiomes et paradigmes essentiels 2) analyse causale 3) sociologie compréhensive L’analyse causale et la sociologie compréhensive sont 2 courants principaux en sociologie. Quelques points de repaires historiques : L’analyse cause est une investigation en terme de causalité (Durkheim). La sociologie compréhensive est une sociologie développée en Allemagne qui permet de comprendre le sens que les acteurs donnent à leurs actions (Weber). La sociologie en elle-même par rapport à la sociologie française est développé au 19ème, c’est lié au développement des sciences exactes et natures : inspiration pour le modèle explicatif de la démarche (ex : Durkheim et les atomes). D’autres sciences se développent comme l’histoire, l’économie politique et la science de la culture (lien avec la philosophie). Exemple : La GB qui a pour tradition d’avoir plutôt une science économique qui est développée (forte légitimité) et la sociologie ne se développe pas au 19ème en GB, c’est une spécificité nationale. En Allemagne, ils sont beaucoup plus ouverts et la discipline va se construire : les 1er sociologues allemands (Weber, etc.) ne veulent pas être influencé par l’idée rationaliste mais par la discipline du droit et une conception romantique du droit qui le voit comme un corps vivant immergé dans l’esprit du peuple : le droit n’est pas rationnel mais spécifique aux individus d’une société donnée donc faire du droit c’est étudier le sens des lois d’une société à un moment donné. Un des 1er facteur du développement de la sociologie en Allemagne c’est le droit, le 2ème c’est la révolution industrielle qui modifie les rapports sociaux et du travail. Comment analyse-t-on ces nouveaux rapports de production ? Avec l’histoire, la sociologie et l’économie mais quelles disciplines vont étudier ces nouveaux rapports de production ? C’est un débat de la fin 19ème entre l’économie et l’histoire pour savoir qui est le mieux placé pour étudier ce sujet. Du côté de l’histoire, on a l’idée d’une singularité des phénomènes historiques et les rapports de production doivent être étudiés de la même manière. Pour les économistes, on a l’idée de travail sur la rationalité des besoins individuels on explique donc ce qui se développe dans la société. C’est un débat très important qui touche l’ensemble des sciences sociales et débouche sur la distinction entre science de la nature qui procède par explication et qui va développer des lois et science de la culture qui procède par compréhension et recherche du sens. Weber naît de ce concept particulier et sa sociologie est du côté des sciences de la culture : elle va concilier démarche historique et économique. Le modèle explicatif de Weber se construit bien sur cette base : elle est fondée sur une double spécificité des phénomènes sociaux : - leur historialité : un phénomène social est inscrit historiquement, il est donc unique. Il est le produit d’un système causal mais c’est toujours le produit spécifique et unique non similaire à une loi durable (Durkheim), - leur intentionnalité : tout phénomène social renvoie à l’action d’individus spécifiques dotés de sens : intention d’aller à l’action qui permet de faire un phénomène social. C’est ce sens qu’il faut saisir pour comprendre l’action et le phénomène. Il y a une importance du sens chez Weber mais chez Durkheim c’est l’explication des causes qui est important. C’est un travail d’investigation différent (histoire et textes chez Weber et statistiques chez Durkheim). Il y a donc un lien entre l’histoire et l’économie pour construire la sociologie. A) les axiomes et les paradigmes sociaux Au fondement de toutes théories, on a les axiomes (propositions admises sans démonstration) qui sont une sorte de postulat à partir desquels on part pour ensuite construire notre théorie : c’est le principe fondateur. Les 3 axiomes de base en sociologie : l’homme constitue un objet d’étude cohérent unique : l’homme est identique, une espèce unique et invariable dans le temps, il faut toujours les mêmes méthodes pour les étudier que ce soit un homme, une femme, un jeune, etc. que ce soit en psychologie ou en sociologie mais après, il y a des champs d’application différents (économie, sociologie, etc.) ; l’ensemble des faits sociaux (le social) est extérieur à l’individu : ces faits sociaux ont une extériorité et peuvent être étudiés objectivement mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir intériorisation par l’individu du social. Les actions individuelles, si elles créaient du social, sont faites selon une logique propre au social et non selon les intentions individuelles (comment les actions individuelles créaient du social ?) : il est important car il va entre le fondement de la division entre 2 courants : le social précède les individu et s’impose à eux (Durkheim) / le social est produit par les actions individuelles (Weber) : ces visions ne se contredisent pas, c’est juste que leur angle de vue est différent. Les agencements des faits sociaux ont un sens qui peut être mis en évidence par la méthode et l’esprit scientifique : pour comprendre le social, on peut faire des démarches. 3 propositions que l’on admet, on retrouve des chose que l’on a vu avec Durkheim (le social s’explique par le social). 2 grands paradigmes en sociologie, c’est un modèle de pensée qui va orienter une recherche : - l’analyse causale de Durkheim : le déterminisme (la société détermine les individus), le paradigme holiste, le paradigme du fait social (unité de base de recherches), le holisme ; - la sociologie compréhensive de Weber : le paradigme actionnaliste, le paradigme de l’action sociale, l’atomistique, l’interactionniste, l’individualiste. L’analyse causale suppose que tout est différent par nature des parties qu’il constitue (les individus) et le tout n’est pas la somme de ses parties. L’étude de la société est plus importante que l’étude des individus : intérêt pour la société dans sa globalité. On a quand même des individus qui agissent, ces comportements sont le résultat des contraintes de la structure sociale produite par l’histoire et stable dans le temps. Le sociologue identifie ces structures sociales, explique comment elles fonctionnent et son but ultime est de dégager des lois qui régissent l’évolution des sociétés car ça explique son fonctionnement, ce sont des lois sociales que les individus subissent plus ou moins et qui déterminent leurs comportements. Auteurs : Marx, Durkheim, etc. Sous paradigmes : fonctionnalisme (Malinowski, Parsons, Merton) ; culturalisme (Margaret Mead) ; structuralisme (Lévi-Strauss). La sociologie compréhensive s’intéresse d’abord à l’individu et à leurs interactions. Elle met en évidence la façon dont les individus, les acteurs organisent leurs relations avec les autres membres du groupe auquel ils appartiennent, avec la société en générale : comment, dans une société, l’individu interagit avec les structures sociales ? On va s’intéresser aux motivations des individus, leurs stratégies, la façon dont les individus contribuent à créer les institutions sociales (= la société). Leur but est la recherche du sens que les acteurs sociaux donnent à leurs actions dans une situation donnée. Sous paradigmes : analyse stratégique (Crozier) sociologie de l’action (Touraine) individualisme méthodologique (Boudon) interactionnisme symbolique (Goffman, Becker (= école de Chicago)) ethnométhodologie (Garfinkel) B) l’analyse causale Débat : lequel de ces paradigmes explique le mieux le fonctionnement de la société ? Quand on oppose les 2 paradigmes : on oppose compréhension (Weber) et explication (Durkheim). Dans les 2 cas, on essaie d’interpréter, on doit passer par la description fine du réel que l’on va étudier. Dans l’optique de Durkheim, un phénomène social est toujours engendré par une ou plusieurs causes : les phénomènes sociaux entraînent la création du fonctionnalisme. Toute institution a une fonction pour la survie de la société, ça va jusqu’à des visions négatives : Par exemple le vol : c’est le produit de la misère et donc ça vise à l’enrichissement rapide pour en sortir mais Durkheim l’analyse différemment, le vol va être sanctionner et le criminel va avoir une peine qui sera l’expression de l’intensité des sentiments collectifs qui sont offensés par ce vol mais c’est aussi le moyen d’entretenir ses sentiments et donc cette règle selon laquelle on ne doit pas voler. Ce n’est pas tout simplement de rechercher les causes mais c’est voir que les causes et les effets d’un phénomène peuvent se renforcer. La spécificité de Durkheim : cause et fonction d’un phénomène social sont recherchés dans le social. Ex : l’échec scolaire doit être expliqué par un autre fait social. Qu’est ce qu’on entend par cause en sociologie ? C’est un rapport de cause à effet : si on a A alors on a B (A = cause de B) (ex : si la température est inférieure à 0°C alors l’eau gèle), si on a B alors on a A : c’est l’implication réciproque (ex : si on est mort alors ne cœur ne bat plus). On a des relations d’implications faibles et non réciproque (ex : si on a A alors généralement on a B mais pas de façon systématique). La causalité (l’une est la cause de l’autre) et la corrélation sont deux notions différentes (ex : augmentation de la pauvreté entraîne l’augmentation des délits ; l’augmentation de la proportion d’étrangers entraîne des délits) : Ex : quand Durkheim écrit « le suicide », il dit que le taux de suicide augmente quand la température augmente : on va alors chercher les causes du suicide dans les températures. Il dit aussi que 70% des gens meurent au lit, le lien caché c’est que c’est souvent parce qu’ils sont malades. Attention aux problèmes d’interprétation !!! Chez Durkheim, on est dans le cas de la sociologie déterministe car on a un système d’explication causal rigide : une cause unique pour un effet unique ; aujourd’hui, on va plutôt parler d’un pluralisme causal : un ensemble de causes corrélées qui entraînent un ensemble d’effets corrélés. On ne parle plus de loi causale mais de pluralisme causale : la cause a un effet sans rétroaction avant, aujourd’hui il y a une sorte de spirale entre les deux qui permet de prendre en compte la spatialité. C) La sociologie compréhensive On ne devrait pas opposer les 2 paradigmes car la sociologie compréhensive prend la suite de la sociologie causale. Comment en prend-elle le relais ? En étudiant les fait que l’analyse causale ne peut pas faire car elle est macrosociale (Etat) ce qui est différent de la sociologie compréhensive qui est microsociale (individu) qui s’intéresse donc aux interactions, aux actions sociales et quand les individus entreprennent des interactions, ils le font pour un sens précis : les intentions affichées « je fais ça parce que » (raisons qu’on se donne d’agir) ; les intentions plus cachées (raisons pas toujours conscientes pour les individus) : les motifs. L’individu n’est pas rationnel : il n’agit pas de la même façon selon les contextes d’où le fait que les intentions sont plus ou moins inconscientes, ce ne sont pas les 1ères raisons avancées mais ce n’est pas les causes produites par les structures sociales) : il renie pas complètement Durkheim car il explique comment les individus gèrent la contrainte. Les faits sociaux de l’action humaine sont menés par des motifs qui ont un sens, une signification et celle-ci est à chercher au niveau des individus eux-mêmes et non dans la stratification sociale. Chez Weber, on est plutôt du côté imprévisible que l’on essaie de comprendre. En statistique, on travaille toujours sur le prévisible. Pour rendre compte de ces motifs, la démarche de travail est compréhensive, c'est-à-dire rechercher le sens des actions sociales et comprendre les relations qui s’établissent entre les phénomènes, ça veut dire se mettre à la place des acteurs pour saisir le même sens, pour comprendre les bonnes raisons que l’acteur a d’agir : ce que l’individu juge cohérent dans son système de pensée. Ex : les grossesses des adolescentes (problème : comprendre pour baisser le nombre de grossesses), elles sont le produit de l’ignorance des milieux socioprofessionnels défavorisés. Il y a un lien entre la reconnaissance sociale et la maternité (socio compréhensive), cette vision renvoie à une certaine conception qu’on a de la grossesse (quand on travaille, pendant une relation stable, etc.) : il faut leur donner une alternative pour partir du monde familial et pour cela on propose des politiques différentes. Il y a une relation entre statuts défavorisés, niveau d’instruction et grossesses des adolescentes (analyse causale). Javeau résume la différence entre les 2 conditions sur un axe déterministe, liberté. Durkheim parle toujours du social comme quelque chose de terminer et, pour lui, à travers cette étude on va pouvoir déterminer des lois sociales (le fait social) : c’est une sociologie de l’ordre (loi qui permet la stabilité de la société). Weber étudie un mouvement qui n’est pas arrêté, qui est toujours dans une production perpétuelle (l’action sociale) : c’est une sociologie du côté du désordre, une sociologie du « bricolage » car la vie humaine est effervescente, ça bouge tout le temps. Chapitre 6 : La rupture épistémologique : sondages d’opinions (TD n°6). 1) Qu’est ce qu’un sondage d’opinion ? Référence : Bourdieu « Choses dîtes », « questions de sociologie » Patrick Champagne « faible opinion : le nouveau jeu politique » Il est important en sociologie de se séparer du sens commun pour pouvoir faire sérieusement son sujet de recherche : nécessité de faire une rupture épistémologique. Il y a une banalisation des nations scientifiques : Champagne parle des connaissances communes plus savantes (quand on fait une enquête sociologique, on ne prend pas en compte le niveau de connaissance de la personne : on ne sait pas ce qu’il sait de la sociologie). Aujourd’hui les sciences sociales doivent réfléchir à la façon dont elles sont émises : il y a une fausse science sociale. Le sondage est une pratique souvent utilisée qui peut être assimilée à la pratique sociologique (questionnaire, etc.), c’est une technique d’enquête qui consiste à aller interroger un échantillon pour comprendre l’ensemble de la population. Il est très utilisé car on n’a pas le moyen d’interroger tout le monde et ce n’est pas toujours utile d’interroger toute la population. L’individu, dans un contexte identique, tend à se comporter de la même façon. Le sondage d’opinion est une enquête pour recueillir une opinion sur le thème proposé par l’enquêteur : ce n’est pas pareil qu’un sondage électoral qui n’est pas une enquête d’opinion. 2) Quelles critiques peut-on en faire ? problème d’échantillonnage : On conteste cette méthode à cause de l’échantillonnage car on peut extrapoler les résultats d’une enquête que un échantillon à l’échelle d’une population ; ils se basent sur la méthode des quotas (comment la population est fabriquée, choisie) et vont suivre n’importe quel moyen pour remplir les quotas alors que normalement on choisit au hasard (des catégories sont plus facile à trouver que d’autres en plus) : on risque d’avoir un échantillon biaisé car tous les inactifs vont être des femmes par exemple. Dans la façon de construire un échantillon par quota, on n’a pas les mêmes résultats qu’en prenant au hasard. l’orientation des réponses : La manière dont sont formulées les questions va orienter le choix des réponses (problème analysé en sociologie). On pose les mêmes questions à tout le monde, la différence entre l’enquête sociologique et le sondage c’est la rigueur : les sociologues vont réfléchir pour empêcher cela et on exploite, on va limiter les thèmes qui vont avoir une cohérence et sur des personnes qui sont au contact avec ces thèmes : on travaille sur une très grande variété de sujet (question de coûts), on utilise massivement des questions fermées donc il n’y a pas moyen de savoir si la question est bien comprise par tous ou si ça les touche directement, les sondages n’ont donc pas de questions qui limitent ces questions négatives (si ils connaissent le sujet, etc.) la question de l’opinion publique : La question de Bourdieu : est ce que cette population existe réellement ? Si on critique le sondage, on critique la démocratie selon lui. Derrière cette idée, Bourdieu dit que chacun doit avoir une opinion. Or, on sait que dans les sondages c’est quand la question est ratée qu’il n’y a pas de réponse. Alors qu’en sociologie on va regarder la proportion des non réponses et ça apporte beaucoup : si le nombre de non réponses est très important ça veut dire que la question est mal formulée ou que la question n’est pas importante voire tabou. On sait que le fait de ne pas répondre est inégalement stimulé : la compétence des gens pour répondre, pour Bourdieu. Exemple : plus de non réponse chez les femmes sur les sujets d’ordre politique, les personnes ayant une connaissance de base le taux de non réponse sera plus dans le savoir que dans la morale. On voit qu’il faut analyser ça : tout le monde n’a pas une opinion que tout et donc que l’opinion publique ne va pas s’appliquer à tout le monde. Bourdieu conteste l’idée que toutes les opinions sont équivalentes : toutes les opinions ne se valent pas. L’opinion publique, produite pas le sondage, est fabriquée. Conclusion : Le sondage fait croire qu’il y a une opinion publique sur tous les sujets et qu’elle peut être saisie sur le moment. On utilise fréquemment et abusivement le sondage de l’opinion publique qui est dit comme étant scientifique et donc ils peuvent être analysés comme des producteurs de critiques.