Les cindyniques nous apprennent que, en temps de crise, deux dangers guettent les
responsables militaires, politiques, industriels… soit de ne pas avoir d’informations,
soit ne pas les analyser correctement.
Plusieurs officiers (en général assez jeunes) avaient prévenu à de nombreuses
reprises que les conceptions militaires françaises étaient dépassées. Notamment le
colonel De Gaulle qui avait demandé expressément que tous les chars soient
regroupés dans des unités à part (sur le modèle allemand des Panzer division).
La hiérarchie de l’armée française de l’époque empêchait toute discussion par
respect de la hiérarchie militaire. En effet, si un subordonnée n’était pas d’accord
avec son responsable hiérarchique direct il devait avertir un responsable « supérieur
» : soit celui-ci trouvait la demande justifiée, soit (en cas de refus) le subordonnée
mettait en péril sa carrière. Ce type de «tradition» a conduit toute tentative de
communication à l’échec.
Un certain nombre d’officiers subalternes savaient que la stratégie française était
périlleuse mais n’ont rien dit à cause de la rigidité de la structure militaire française.
Pendant les combats, l’ordre était de ne pas communiquer en phonie, les radios
étaient donc d’aucune utilité et les informations perdues.
La faiblesse de l’armée française réside dans l’aviation (environ 2200 pour les
français 4800 pour les allemands et surtout les avions allemands sont techniquement
bien supérieurs). Cette carence va être décisive puisque les bombardiers en piqué
allemands auront libre cours pour détruire les divisions françaises. Cette carence
s’explique par la volonté française de construire en masse un modèle d’avion
démodé mais facilement constructible (le Morane Saulnier MS-406) afin de rattraper
le retard en nombre d’avion. Avant la guerre l’Etat Major était en possession d’un
plan opérationnel pour la construction (plus longue…) d’un avion plus performant (le
Dewoitine D-520). Les français ont privilégié, jusqu au dernier moment, le MS 406
alors que le D-520 aurait permis, même en petit nombre, de secourir beaucoup plus
efficacement les armées de terres. Quand les autorités s’en sont rendus compte et
ont décidé de construire le D-520 en grande série il était déjà trop tard. La
conséquence fut simple, le D-520 ne fut pas livré à temps, la construction du MS-406
s’interrompit et le retard en nombres d’avions ne fut pas comblé. Il apparaît alors que
le productivisme (la course au nombre d’avion) a empêché les Français de se doter
d’une aviation moderne et en nombre suffisant.
Il existe un problème d’organisation pour le commandement des chars. En effet,
comme énoncé ci-dessus, les divisions de chars et certaines divisions d’aviation sont
sous le commandement des chefs de l’infanterie. Or ceux-ci ne connaissent pas
l’usage et les capacités de ces armes nouvelles.
Ces dernières seront mal utilisées alors qu’elles auraient pu être un formidable atout
si des gens qualifiés et indépendants de l’armée de terre avaient été nommés. On
peut donc dans ce cas de figure parler d’une concentration de pouvoir trop
importante. Au contraire, les divisions d’infanterie comptaient un nombre «
d’échelons hiérarchiques » beaucoup plus important que dans l’armée allemande ce
qui conduit à penser qu’il y a eu dans ce cas de figure précis une sous-traitance trop
importante qui a conduit une prise de décision lente et assez lourde voire parfois
contradictoire.
La dernière expérience en date pour les Français est la Première Guerre Mondiale :
c’est l’unique référence pour les militaires. Or cette expérience est dépassée et ne