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RAPPORT NO. XXXXX-MAG
VERSION PRELIMINAIRE
Revue
de
Politique
de
Développement - Madagascar
Maintenir une Croissance Forte pour Davantage
Réduire la Pauvreté
… Février 2005
PREM I
Afrique Australe
Région Afrique
Document de la Banque Mondiale
VERSION PRELIMINAIRE
RESUME
Développement Economique Récent
1.
Madagascar est un pays à potentiel économique considérable, des ressources
naturelles abondantes et diversifiées qui offrent un potentiel fort de croissance pour
l’agriculture, la pêche, l’exploitation minière et le tourisme. Il peut également bénéficier de la
proximité des pays avoisinants tels que l’île Maurice pour développer des exportations à
faible coût et à fort coefficient de main d’œuvre et non traditionnelles.
2.
Pourtant, en général, la performance économique de Madagascar avait été
désastreuse au cours des trois dernières décennies. Depuis les années 1970, le pays a subi un
long déclin économique qui a été principalement dû à l’échec d’une stratégie de substitution à
l’importation et d’interventionnisme caractérisée par des distorsions générales de prix et une
mauvaise gouvernance sous forme de capture d’état, qui a mené à un système de rente
profondément enraciné. La croissance économique de Madagascar était de 0,5 pour cent par
an au cours de cette période contre un taux de croissance démographique d’environ 2,8 pour
cent. Reflétant ce déclin, la consommation par habitant a diminué de plus de moitié, de 473
USD en 1970 à environ 230 USD en 2003 et le PIB par habitant est maintenant inférieur à la
moitié de la moyenne des pays les moins développés, classant Madagascar parmi les pays les
plus pauvres du monde.
3.
Des périodes de réformes à partir de la seconde moitié des années 1990s ont été
accompagnées de reprises économiques sporadiques et ont montré un potentiel de croissance
indéniable. En effet, des changements structurels vers une politique plus pragmatique ont eu
lieu à partir de la deuxième moitié des années 1980 : (i) l’abolition des prix administrés et le
flottement du taux de change; (ii) la libéralisation de l’économie – y compris des échanges
extérieurs et le désengagement de l’état des secteurs clés tels que l’exploitation minière, la
pêche – et la privatisation des principales sociétés d’état, y compris du secteur financier; (iii)
l’établissement de la Zone Franche Industrielle (ZFI) qui a permis le développement rapide
des filières textile et crevettière dans la dernière partie des années 1990.
4.
Grâce aux réformes et aux opportunités d’échanges préférentiels tels que l’ AGOA
et le TSA, quelques sous secteurs industriels orientés vers l’exportation et les services se sont
développés rapidement au cours de la période 1997-2001 – les textiles et l’habillement et le
tourisme ont eu respectivement des taux de croissance moyens de 24,5 pour cent et de 11 pour
cent; le secteur bancaire et la construction ont eu un taux de croissance moyen de 8 pour cent.
Les exportations ont considérablement augmenté et ont représenté 24 pour cent du PIB en
2001, contre 13 pour cent du PIB en 1980, avec une part croissante des biens manufacturiers
et des exportations non traditionnelles. Cette période a également vu une poussée des
investissements privés, en particulier les IDE qui ont augmenté de presque zéro dans les
années 1980 à 2,1 pour cent du PIB en 2001. Par conséquent, pour la première fois après
presque deux décennies de déclin économique, Madagascar a vécu une période de croissance
soutenue, avec un taux de croissance moyen de 4,6 pour cent du PIB contre une moyenne de
0,4 pour cent au cours des années 1980.
5.
Mais le profil de croissance a révélé une économie à deux vitesses. L’agriculture
détient une place importante dans l’économie avec une part importante en termes de main
d’œuvre (76 pour cent en 2001) et de contribution au PIB (30 pour cent en 2001). A la
différence de l’industrie manufacturière et des services, la performance de l’agriculture a été
faible. Malgré un fort potentiel, l’agriculture ne s’est développée qu’à un taux annuel de 1,2
pour cent depuis les années 1980 et de 1,8 pour cent entre 1997 et 2001. Malgré une part
toujours assez importante de l’agriculture dans les exportations, avec la vanille et le girofle
2
VERSION PRELIMINAIRE
représentant, à eux seuls, 27 pour cent des recettes d’exportation en 2001, les produits de
vente d’exportation provenant des produits traditionnels tels que le café, la vanille, le girofle
et le poivre ont diminué depuis le milieu des années 19801. Bien qu’elle soit encore petite, il y
a également une part croissante des exportations agricoles non traditionnelles telles que les
légumes, les fruits et les huiles essentielles.
L’héritage des réformes
6.
Madagascar a rompu le cercle vicieux de faibles taux de croissance grâce à la
croissance tirée par les secteurs d’exportation et par les investissement. Indéniablement, les
perspectives de croissance sont plus brillantes étant donné les changements structurels qui ont
eu lieu. Malgré une grave contraction de l’économie due à une crise politique en 2002, la
reprise a eu lieu avec un taux de croissance de 9,8 pour cent en 2003 et une projection de 5,3
pour cent en 2004.
7.
Mais le développement récent indique que la réduction de pauvreté reste un challenge
difficile. Le taux de pauvreté a diminué de 73 pour cent à 69 pour cent entre 1997 et 2001.
Cependant, la grande majorité de la population a été exclue des bénéfices de la croissance
avec un taux de pauvreté atteignant 75 pour cent en moyenne dans l’agriculture et le milieu
rural au cours des années 1980 et des années 1990. Dans cet arrière-plan, le taux de pauvreté
dans la Capitale, où le développement de l’industrie et les services a eu lieu, a diminué de
66,4 pour cent à 49,3 pour cent au cours de la récente période de croissance.
8.
La persistance de la pauvreté dans l’agriculture et dans le milieu rural est tout d’abord
due à faiblesse de la performance dans l’agriculture. Mais un certain nombre de faits ont
contribué à cette situation. Tout comme les pôles de croissance ont été des enclaves de
croissance, de même, la distribution des bénéfices de la croissance a été inégale avec la
réduction de la pauvreté principalement attribuable à la réduction de la pauvreté au sein des
secteurs au niveau de l’industrie et des services. Primo, bien qu’il se soit développé
rapidement, l’emploi dans les ZFI n’a représenté que 1 pour cent du travail en 2001. Secundo,
une analyse de la dynamique du marché du travail dans la manufacture et les services montre
que le salaire réel et les taux de croissance d’emploi dans ces secteurs ont été élevés par
opposition à une stagnation dans le secteur agricole. Tertio, le mouvement de la main d’œuvre
de l’agriculture vers le secteur moderne n’a pas joué un rôle important. Il y a peu de contacts
entre les marchés de travail urbains et ruraux étant donné qu’il y a peu de migration
temporaire ou permanente du milieu rural vers le milieu urbain, en partie à cause des
faiblesses des liens entre les secteurs en développement et le milieu rural. Quarto, il y a un
écart important entre l’offre de main d’œuvre rurale et la demande émanant des secteurs
porteurs. En effet, la moyenne d’accomplissement éducatif dans les secteurs en
développement avoisine 8 ans par opposition à 4 ans dans toutes les activités agricoles, ce qui
a pu, en partie, expliquer la faible intégration de la main d’œuvre provenant du milieu rural
vers les secteurs en développement.
Les objectifs
9.
Tels qu’énoncés dans le DSRP, les objectifs de Madagascar se rapportent à la
réalisation d’une croissance forte, soutenue et partagée. La performance récente de
Madagascar a été tirée par les exportations et l’investissement privé et compte tenu de ce qui a
été développé précédemment, davantage de développement et de diversification des
exportations et une croissance plus forte de l’investissement privé sont les éléments clés de la
réalisation de ces objectifs. Dans l’optique d’une croissance partagée, en plus de la nécessité
1
Bien que les exportations de plusieurs produits agricoles aient été réduites dans le passéà cause de la
réduction des prix internationaux, une forte réduction des volumes d’exportations ont tant précédé que
continué jusqu’à cette période de baisse de prix.
3
VERSION PRELIMINAIRE
de réaliser une croissance forte, il sera essentiel d’adopter des réformes qui visent une
participation large dans le processus de croissance.
…impliquent des réformes qui couvrent quatre grands domaines …
10.
Les constats au cours de la récente période de croissance à Madagascar et les
enseignements tirés de l’expérience de l’Asie de l’Est mettent en lumière les conditions de
succès d’une croissance menée par l’exportation et le secteur privé, comportant entre autres:
(i) une coopération crédible et ouverte entre le gouvernement et le secteur privé associée à
une ouverture à la technologie et aux investissements directs; (ii) un accent sur le
développement d’une infrastructure efficace afin de renforcer la compétitivité à l’exportation;
(iii) une priorité accordée au capital humain (en matière d’éducation); (iv) l’adoption d’une
stratégie d’exportation agressive qui contribue à la promotion du développement des
exportations non traditionnelles. La plupart des réformes orientées vers la réalisation de ces
conditions ont été initiées au cours des deux dernières années mais nécessitent un effort
constant pour leur mise en œuvre effective. Elles sont regroupées comme suit.
11.
Efficacité du Gouvernement pour une meilleure compétitivité et une forte
crédibilité. La mise en œuvre d’une masse critique de réformes de politique pour consolider la
confiance du secteur privé et pour développer considérablement les investissements privés est
fondamentale pour les perspectives de croissance de Madagascar. En effet, le taux
d’investissement doit augmenter substantiellement pour appuyer une croissance accélérée
étant donné le faible niveau de prélèvement de recettes fiscales, et ceci même en comparaison
aux niveaux de recettes fiscales en Afrique2. Les investissements privés ont joué un rôle
majeur dans la conduite de la croissance dans le passé récent, et ils ont augmenté à partir
d’une moyenne de 4 pour cent du PIB dans les années 1980 à 8,5 pour cent du PIB au cours
de la période 1997-2001. Cependant, par rapport à un niveau moyen d’investissement privé
d’environ 20 pour cent dans des pays à performance élevée de l’Asie de l’Est (HPE), il reste
encore faible. En particulier, les IDE sont fondamentaux afin d’apporter la technologie et
d’assurer l’accès au marché international et une performance d’exportation améliorée. Bien
que la période de croissance récente ait montré le rôle considérable des IDE et le potentiel fort
de Madagascar d’attirer les IDE, la base de flux soutenus d’IDE reste fragile actuellement
avec un niveau d’environ 1 pour cent du PIB contre de 2,1 pour cent du PIB en 2001.
12.
Un premier domaine de priorité du Gouvernement est la mise en oeuvre du
partenariat stratégique avec le secteur privé dans le cadre de la restructuration des principales
entreprises publiques tel que dans les secteurs du sucre et du coton. De même, l’accent est mis
sur la mise en place d’une consultation bipartite pour les questions liées au secteur privé à
l’aide de la création d’une plate forme de discussion entre le secteur privé et le secteur public
(CAPE). Une autre intervention pour faciliter les investissements privés est la création du
GUIDE afin de faciliter les démarches administratives liées à l’octroi des permis de travail, à
la création d’entreprises, à l’octroi de terrains. En outre, le Projet de Pôles Intégrés de
Croissance (PIC) inclut une combinaison d’investissements et d’actions d’infrastructure
prioritaire dans les pôles de croissance considérés comme sources de croissance – les textiles,
le tourisme, l’exploitation minière, la pêche. L’idée sous jacente au PIC est basée sur
l’expérience selon laquelle le développement de la ZFI dans la Capitale a montré l’existence
de liens significatifs avec la réduction de la pauvreté.
13.
Un second domaine concerne la nécessité de combattre la corruption avec la
création d’un cadre de lutte contre la corruption et d’un bureau de lutte contre la corruption.
2
Avec une projection de 11,2 pour cent du PIB en 2004, le prélèvement de recettes fiscales reste faible,
par rapport à une liste sélectionnée de pays en développement (18 pour cent du PIB) le prélèvement
moyen de recettes fiscales de l’île Maurice a été de 16 pour cent au cours du passé récent. FMI –
Maurice – Selected Issues and Statistical Appendix, Country report N 02/144.
4
VERSION PRELIMINAIRE
De même, les réformes en vue d’améliorer la justice et les douanes, qui sont considérées
comme largement corrompus, ont été initiées. En matière de justice, les recours juridiques
efficaces pour le règlement des différends commerciaux, la mise en place d’un tribunal
financier et administrative et une surveillance efficace des services judiciaires figurent parmi
les priorités. Au niveau des douanes, la simplification des procédures de dédouanement, des
normes de services claires et transparentes pour établir des indicateurs de performance et
l’informatisation du système de traitement de données aideront à améliorer l’efficacité des
douanes et à réduire la corruption.
14.
Dans un pays où la perception de la capture de l’état et le clientélisme a été forte, le
traitement des questions dans ces deux domaines est crucial à deux titres : (i) fournir un
meilleur climat d’investissement par le biais d’une réduction de l’incertitude et des coûts de
production, et (ii) améliorer la crédibilité du gouvernement. La justice et les douanes sont
probablement les domaines où des avancées concrètes seront les plus utiles pour améliorer le
climat d’investissement.
15.
Un troisième domaine dans lequel un programme de restructuration est nécessaire
est l’infrastructure. La détérioration de l’infrastructure en général a désavantagé l’économie
en ajoutant des coûts considérables à la production et en sevrant les liens entre les pôles de
croissance et le reste de l’économie. Le Gouvernement a récemment effectué un certain
nombre de réformes institutionnelles majeures pour surmonter l’énorme retard de Madagascar
en matière d’infrastructure vis-à-vis du niveau de développement qui a existé à
l’indépendance, et par rapport à d’autres pays en développement. Un progrès considérable a
été effectué pour accroître la participation du secteur privé à l’élaboration, l’entretien et la
réhabilitation de la gestion des infrastructures industrielles avec la mise en concession du
réseau ferroviaire, de la société d’état d’eau et d’électricité, ainsi que la privatisation de la
société de télécommunications. Le rôle de l’Etat est redéfini vers les fonctions de
planification, de réglementation et de coordination. Des agences autonomes sont créées pour
la supervision et la réglementation en infrastructure3.
16.
Enfin, la croissance mènera à une augmentation considérable des investissements
publics et nécessite une capacité accrue des services publics. Cet aspect est traité à travers les
réformes qui ont pour objectif l’amélioration de l’efficacité des ressources publiques d’une
manière transparente. A cette fin, plusieurs mesures pour rationaliser et moderniser la gestion
des dépenses publiques sont en cours et ont besoin d’être renforcées. Les mesures
comprennent : l’amélioration de l’exécution du budget, l’établissement d’un nouveau code de
passation de marchés avec des directives opérationnelles claires et l’établissement d’une
institution de surveillance, et le renforcement des mécanismes de contrôle interne et externe.
En plus de la gestion des dépenses publiques, les réformes du secteur public incluent les
réformes de la fonction publique. Dans le contexte de la décentralisation, avec la création des
régions, il est urgent de procéder à la clarification des responsabilités des différentes
collectivités décentralisées, tout en augmentant les ressources des communes dans un premier
temps.
17.
Marchés des facteurs. Un domaine clé sur lequel le Gouvernement met l’accent est
l’éducation. Elle a un rôle important à jouer dans la mesure où elle permet à l’économie de
répondre à la demande de main d’œuvre dans les secteurs en développement, et permet
également aux pauvres de participer davantage à la croissance. Vu l’expérience et les résultats
de la période de croissance de 1997-2001, il en ressort trois principaux objectifs: (i) accroître
les taux de scolarisation et d’accomplissement aux niveaux primaire et secondaire. Si des
efforts pour atteindre cet objectif ont été initiés pour les écoles primaires, il reste beaucoup à
faire pour le niveau secondaire; (ii) adapter l’offre de compétences à la demande du marché
de main d’œuvre, en particulier, au moyen du renforcement de la formation professionnelle, et
3
Télécommunications, eau et électricité, transport aérien, chemins de fer, ports et aéroports.
5
VERSION PRELIMINAIRE
(iii) promouvoir la participation du secteur privé, à la fois comme mécanisme de financement
et moyen d’assurer l’adéquation de l’élaboration des compétences à la demande du marché.
18.
Un second domaine de préoccupation est le secteur financier. Le défi dans le secteur
financier est d’encourager la compétition dans le secteur bancaire afin de remédier à
l’insuffisance de crédit, plus particulièrement du crédit à long terme, qui constitue une
contrainte pour le développement des investissements. La majorité des entreprises dépendent
presque exclusivement des retenues de gains pour financer la formation de capital. Avec
seulement sept banques, le système bancaire Malagasy est considérablement concentré, même
par rapport aux normes de l’Afrique subsaharienne. En matière de micro finance, bien qu’il
soit encore faible, le taux de pénétration de la micro finance à Madagascar s’est rapidement
développé et a atteint 5 pour cent (150 000 clients) en 2003, par rapport à seulement 1,4 pour
cent en 1998. Cependant, l’accès au crédit est biaisé en faveur des plus riches. Le défi
consiste, non seulement à augmenter le nombre de bénéficiaires mais également à fournir un
meilleur accès au crédit pour les pauvres. Le Gouvernement est en train d’établir un cadre
juridique et réglementaire propre pour construire des Institutions de Micro Finance (IMF)
viables afin d’assurer une croissance soutenue des micro finances et d’encourager la
concurrence, tout en protégeant les déposants et préservant l’intégrité du système de
paiement.
19.
Politiques Sectorielles pour les Pôles de Croissance et l’expansion des exportations.
Afin de compléter les mesures adoptées par rapport aux contraintes transversales, un certain
nombre de réformes sectorielles ont été entreprises ou sont en cours d’examen pour déployer
le potentiel dans les secteurs d’exportation considérés comme sources de croissance. Les défis
auxquels est confronté le Gouvernement dans cette démarche ont trait à ce qui suit: (i) profiter
du renouvellement de l’AGOA pour renforcer la compétitivité du secteur textile en matière de
productivité de la main d’œuvre, renforcer l’intégration de la filière en amont et an aval,
améliorer la disponibilité des installations industrielles à moindre coûts; (ii) éliminer les
contraintes liées à l’infrastructure et à l’hébergement et renforcer la promotion de Madagascar
dans le tourisme; (iii) réglementer la pêche excessive (surpêche) dans la pêche crevettière et
renforcer la compétitivité de l’élevage de crevettes, tout en s’assurant que la croissance de ce
dernier soit viable du point de vue environnemental et le risque de maladie atténué; (iv)
formaliser le secteur minier afin de réduire la corruption, en particulier celui des pierres
précieuses, dont Madagascar jouit d’une position de tête sur le marché mondial, par le biais de
réformes institutionnelles, et ; fournir des incitations aux petits artisans afin qu’ils participent
davantage à la croissance du secteur.
20.
Ayant un retard technologique considérable, Madagascar aura des difficultés à
concurrencer les autres pays en voie de développement dans les domaines qui requièrent une
utilisation intensive de technologie et aura plutôt intérêt à se focaliser dans un premier temps
dans les domaines où le pays a un avantage comparatif. Parmi les secteurs qui détiennent un
fort potentiel, le tourisme et les ressources naturelles - pêches, mines – offrent des pistes
sérieuses de développement soutenu des exportations. En effet, bien que le textile ait
représenté le moteur de la croissance ces dernières années et sera encore peut être parmi les
secteurs porteurs à cause de l’AGOA, l’expiration de l’AMF et une éventuelle expiration de
l’AGOA pourrait mettre en danger le secteur à l’avenir, compte tenu des avantages
compétitifs des pays comme l’Inde ou la Chine.
21.
Par conséquent, Madagascar doit, non seulement, renforcer la compétitivité des
secteurs d’exportation existants mais le pays doit aussi rapidement diversifier sa base
d’exportation. Il est nécessaire d’entreprendre plus de travail analytique pour rassembler les
informations pertinentes dans les domaines clés tels que les ZFI non textiles qui ont un
potentiel de croissance, y compris la fabrication de meubles, le traitement du bois, les
instruments médicaux de précision, les instruments d’optique et les horloges, les articles en
6
VERSION PRELIMINAIRE
cuir et les articles pour les pieds et le TIC. On peut également explorer et développer d’autres
possibilités telles que les fruits, les légumes, les huiles essentielles, etc.
22.
Développement Rural. Le développement rural est un élément clé de la réduction de
la pauvreté avec la majorité des pauvres et de la population vivant en milieu rural. L’objectif
du Gouvernement est d’améliorer la productivité et l’accès au marché. Parmi les mesures
prévues dans la stratégie de développement rural (PADR) du Gouvernement figurent la mise
ne place d’infrastructure – routes rurales, irrigation et micro crédit – des réformes
institutionnelles pour améliorer la vulgarisation agricole et la promotion d’une agriculture
commerciale dynamique. La réussite de ces mesures nécessite qu’elles soient accompagnées
par des mesures institutionnelles visant à renforcer les services déconcentrés et décentralisés
afin que la priorisation des programmes tienne compte des spécificités des régions, des types
de producteurs et afin que les ressources et les investissements publics (routes, irrigation)
puissent répondre aux besoins de paysans. Une autre mesure institutionnelle a trait au
renforcement des organisations paysannes et du partenariat entre le secteur privé et les
paysans. Non seulement cette approche permettra d’améliorer par exemple
l’approvisionnement en intrants, y compris les microcrédits, mais elle aidera également à
orienter l’agriculture vers la commercialisation. En effet, il en sera attendu une diversification
des activités agricoles, une meilleure intégration des filières où les risques seront amoindris
que ce soit pour les paysans ou pour les opérateurs dans l’agro-business. La protection de
l’environnement est également parmi les priorités du Gouvernement afin de capturer la
plupart des services économiques (tourisme, barrages, système d’irrigation et adduction
d’eau) dérivés des écosystèmes. Le défi de la protection de l’environnement consiste à
développer des réseaux d’aires protégées et à renforcer la coordination institutionnelle pour
un système renforcé de conservation. Un autre défi se rapporte à la mise en place des
mécanismes de financement durable pour protéger l’écosystème à long terme.
La réalisation des objectifs nécessitera un engagement fort, de la vigilance et une
assistance adéquate
23.
La section précédente a présenté le programme du Gouvernement en matière de
réformes politiques et institutionnelles destinées à appuyer la croissance accélérée et la
croissance partagée menée par les exportations et l’investissement privé. Toutes ces réformes
sont complémentaires et seul, leur effet combiné permettra à Madagascar d’atteindre ses
objectifs, conformément aux finalités du DSRP. En l’absence d’événements majeurs qui
pourront perturber le rythme du développement économique, si la mise en oeuvre du
programme du gouvernement passe à une vitesse supérieure et si tous les nombreux
problèmes de difficulté de mise en oeuvre sont surmontés, ces mesures, avec la continuation
des échanges préférentiels, sont escomptées stimuler les exportations, les investissements et
une croissance forte à moyen terme,.
24.
Sur la base des tendances observées au cours de la période 1997-2001 et des
réformes en cours, les projections macroéconomiques de ce document prévoient une
croissance moyenne annuelle de 6,6 pour cent au cours de la période 2004-2008. Cette
performance économique nécessitera une forte performance des exportations et de
l’investissement. Les exportations atteindront une moyenne de 23 pour cent du PIB au cours
de la période de prévisions. Les investissements atteindront 25 pour cent du PIB, par rapport à
18,5 pour cent au sommet de l’épisode de croissance de 1997-2001. Les investissement privés
sont escomptés atteindre 12 pour cent du PIB, avec les IDE qui atteignent le niveau d’avant
crise de 2,1 pour cent du PIB, à la fin de la période de projection. Tous les secteurs de
l’économie sont escomptés améliorer leur performance par rapport à l’épisode de croissance
de 1997-2001. La croissance sera principalement menée par les principaux sous secteurs
d’exportation: les textiles, l’exploitation minière, le secteur crevettier, le tourisme et les
activités connexes telles que la construction.
7
VERSION PRELIMINAIRE
25.
Les principaux risques par rapport au succès de la stratégie actuelle sont un
dérapage dans la réalisation d’une stabilité politique, une baisse prolongée dans la croissance
mondiale et une lenteur dans la mise en oeuvre des réformes de politique. Cependant, certains
de ces risques peuvent être contrôlés. Primo, le Gouvernement bénéficie toujours d’une
certaine côte de popularité, ce qui atténue les risques d’une autre instabilité politique bien
qu’il y ait certaines tensions perçues. Secundo, bien que Madagascar soit un petit pays et n’est
pas préservé des chocs exogènes4, l’expérience montre que la performance économique du
pays a montré une résistance aux chocs lorsque l’appui international était adéquat.
L’assistance extérieure est, par conséquent, requise dans deux domaines: (i) une assistance
technique pour aider le Gouvernement à mettre en oeuvre les réformes institutionnelles, en
particulier dans le secteur public; (ii) une assistance financière adéquate pour aider le
Gouvernement à entretenir son effort d’investissement tel que dans l’infrastructure et
l’éducation et pour réduire l’impact des chocs exogènes, au besoin. Tertio, l’engagement du
Gouvernement, tel qu’en témoigne le nombre de réformes entreprises depuis 2002 montre une
volonté à aller de l’avant. Cependant, tel que sera exposé tout au long de ce document, il y a
des domaines clés où plus d’efforts et de volonté politique seront nécessaire afin
d’approfondir les changements structurels entamés dans le passé récent, de renforcer la
crédibilité de l’Etat et de fournir plus d’incitations au secteur privé. Certains de ces domaines
ont été au programme du Gouvernement mais la mise en œuvre des réformes a été lente. Cet
aspect sera revisité tout au long du document.
26.
Par ailleurs, il y a des signes selon lesquels la reprise est encore fragile, nécessitant
de la vigilance de la part du Gouvernement. Primo, le niveau d’IDE reste à un niveau très
faible avec 1 pour cent du PIB contre 2,1 pour cent du PIB en 2001. Secundo, l’incertitude au
niveau du secteur privé a été soulevée par les préoccupations relatives à la faiblesse de la
prévisibilité et de la crédibilité de certaines mesures économiques et leurs conséquences au
cours du passé récent. Par exemple, l’année 2004 a été marquée par une instabilité
macroéconomique qui a affecté l’économie. Une loi promulguée dans le dernier trimestre de
2003 a aboli les taxes sur une gamme de biens d’investissement et de luxe et a conduit à une
augmentation des importations qui a, en partie, mené à une dépréciation d’environ 50 pour
cent en termes réels du taux de change, ce qui a contribué à augmenter l’inflation jusqu’à 27
pour cent5 à la fin de l’année 2004. En outre, la dépréciation a été accompagnée d’une forte
volatilité du taux de change due aux interventions de la banque Centrale sur le marché des
changes. A cause de l’instabilité macroéconomique qui en a résulté, bien qu’elle ait été
programmée pour une période de deux ans, la loi a été amendée une année plus tard pour la
plupart des produits de luxe. Un autre exemple de fragilité de l’économie a trait à la
performance des exportations qui n’ont pas encore atteint leurs niveaux avant la crise de
2002, et qui sont en baisse par rapport aux années précédentes. Les exportations des produits
textiles ont été affectées par l’attente du renouvellement de l’AGOA et l’impact de
l’expiration attendue de l’AMF tandis que les exportations de vanille ont été affectées par la
baisse du cours international et les cyclones.
Une réduction substantielle de la pauvreté demeure un pari difficile
27.
Sur la base des caractéristiques structurelles observées au cours de la période 19972001, la croissance moyenne annuelle estimée à 6,6 pour cent au cours de la période 20042008, réduira le taux de pauvreté à 67 pour cent, comparé à un taux de 73 pour cent en 2004.
Une série de simulations de l’impact de la croissance sur la pauvreté montrent que: (i) la
croissance est un véhicule de réduction de la pauvreté et qu’il faudra que Madagascar fasse
mieux que pendant la période de croissance récente pour réduire davantage la pauvreté ; (ii)
4
Les cyclones provoquent régulièrement des dégâts. Des chocs extérieurs comme la récente crise
pétrolière sont susceptibles d’affaiblir les résultats de la croissance.
5
L’impact de la loi sur les importations a été aggravé par l’augmentation des prix du pétrole.
8
VERSION PRELIMINAIRE
selon sa nature, la croissance sectorielle est susceptible de mener à une réduction de différente
ampleur sur de la pauvreté.
28.
Ces simulations mettent en lumière l’importance de la croissance, et de la croissance
agricole en particulier, et plusieurs autres éléments dans la réduction de la pauvreté, entre
autres : les politiques destinées au développement rural ; des liens plus forts entre les moteurs
de croissance dans le secteur tertiaire et le secteur secondaire et le milieu rural/l’agriculture et
les politiques pour permettre à une intégration inter-filière de se matérialiser – l’éducation
pour traiter des contraintes qui entravent l’accès de la population rurale aux marchés de travail
dans le secteur moderne; le développement des infrastructures, en particulier, le programme
routier, pour améliorer l’accès au marché et les services en milieu rural. Elles donnent aussi
une illustration des défis à surmonter pour une réduction substantielle de la pauvreté.
La nécessité d’une mise en séquence appropriée et d’une priorisation des réformes
29.
Etant donné l’envergure du programme de réforme et les nombreuses difficultés de
mise en oeuvre qui doivent être surmontées, la réalisation de l’objectif de croissance et de
réduction de la pauvreté est ambitieuse. Elle nécessitera de la discipline, de la persévérance et
d’un engagement politique fort aux réformes nécessaires. Un grand nombre des composantes
des réformes de politique sont intrinsèquement inter reliées. Par conséquent, le Gouvernement
devrait identifier les plus grandes contraintes, mettre en séquence adéquatement et établir des
priorités au niveau des réformes afin d’apporter des résultats tangibles. Un des enseignements
tirés des années 1990 est “qu’on a besoin de s’écarter des formulas et de se rendre compte
que les politiques économiques et les réformes institutionnelles ont besoin de traiter
n’importe quelle contrainte sur la croissance, au bon moment, de la bonne manière et dans la
bonne séquence, au lieu de traiter n’importe quelle contrainte à n’importe quel moment ”6.
30.
La Revue de Politique de Développement explore chaque domaine évoqué dans ce
résumé. Elle tente d’identifier les domaines où des succès francs ont été enregistrés et
d’explorer les domaines où des améliorations sont encore nécessaires tout en essayant
d’établir une séquence et/ou une priorisation des réformes en cours. Elle établit également des
pistes de recherches pour les domaines où des réflexions sont encore utiles.
Croissance économique dans les années 1990 – Apprendre d’une Décennie de Réformes –La Banque
Mondiale – 2004.
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