Comment évaluer les besoins mettant la vie et/ou les moyens d'existence en péril Source : Sécurité économique des ménages (HES) Lignes directrices techniques pour l'évaluation, l'analyse et la conception de programmes Comment évaluer les besoins mettant la vie et/ou les moyens d'existence en péril Il convient de vérifier les données et l'analyse en posant les questions clés suivantes pour chaque groupe socioéconomique/de moyens d'existence identifié : Les besoins fondamentaux en matière d'alimentation et d'autres produits et services (économiques) essentiels sont-ils satisfaits ? Les moyens d'existence ont-ils besoin d'un soutien ? Dans l'affirmative, de quelle manière et pour combien de temps ? Dans quelle mesure les stratégies d'adaptation actuelles sont-elles efficaces et durables ? Portent-elles préjudice aux moyens d'existence, à la santé ou à la dignité (par exemple, sont-elles socialement/moralement acceptables) ? Qui a le plus besoin d'assistance ? Quels sont les besoins spécifiques des différents groupes ? Quand la situation changera-t-elle ? (considérant les facteurs saisonniers et les stratégies d'adaptation) Quelle est la gravité des besoins ? D'autres risques actuels ou futurs représentent-ils une menace pour les vies et les moyens d'existence ? Un tableau récapitulatif peut être dressé sur la base des questions figurant dans le Tableau ci-après. Tableau : Principaux éléments à prendre en considération lors de l'évaluation des besoins. Question principale 1. Les besoins fondamentaux en matière d'alimentation et d'autres produits et services (économiques) Questions subsidiaires i. L'approvisionnement alimentaire habituel provenant des récoltes et des marchés locaux a-t-il été affecté par la catastrophe et, dans l'affirmative, de quelle manière ? En quoi cela affecte-t-il les prix des aliments et, par conséquent, la capacité à acheter de la nourriture ? Les commerçants seront-ils en mesure de combler un quelconque déficit local ou régional (disponibilité alimentaire) ? essentiels sontils satisfaits ? ii. L'accès habituel aux aliments a-t-il fortement changé et, dans l'affirmative, dans quelle mesure ? Quelles en sont les raisons ? Combien de temps cette situation pourrait-elle durer ? iii. Les personnes mangent-elles moins qu'avant ? Prennent-elles moins de repas par jour (deux minimum) ? Consomment-elles des aliments de catégories inférieures tels que des aliments sauvages, de moindre qualité, moins appétissants ? iv. Les personnes ont-elles une alimentation suffisamment variée (fruits et légumes, viande, lait, haricots, produits laitiers ; diversité alimentaire et NutVal) ? v. La malnutrition aigüe s'est-elle accrue (maigreur) depuis l'apparition de la catastrophe18 ? vi. Les ménages sont-ils en mesure de préparer leurs aliments de manière adéquate et en toute sécurité (par exemple : ont-ils accès à de l'eau potable en suffisance, à du combustible et à des ustensiles de cuisine) ? vii. Des stratégies d'adaptation plus risquées sont-elles mises en œuvre pour avoir accès aux aliments (mendicité, prostitution, etc.) ? viii. La dépendance vis-à-vis de l'aide alimentaire, des présents et/ou des crédits s'est-elle accrue ? ix. Les communautés estiment-elles que le soutien doit donner la priorité aux aliments par rapport aux autre besoins fondamentaux ? Par exemple, si les ménages sont fortement dépendants de leur propre production alimentaire et de leurs récoltes et que ces sources ont été détruites, il est probable qu'ils doivent lutter pour disposer d'aliments en suffisance, à moins que les marchés ne soient suffisamment approvisionnés et que leur économie leur permette de les acheter. Une simple comparaison entre le coût du panier de la ménagère pour des denrées alimentaires et des produits non alimentaires de première nécessité et les revenus actuellement disponible permet de déterminer si les ménages sont en mesure de satisfaire leurs besoins fondamentaux en matière de revenus ou pas. Il est important de garder à l'esprit qu'en cas d'urgence, les ménages tendent à donner la priorité aux dépenses destinées à la protection de leurs moyens d'existence par rapport aux aliments et aux autres produits de première nécessité et qu'il convient donc d'ajouter les coût afférents aux moyens d'existence essentiels dans le calcul. Si ces besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, les ménages seront plus exposés à une situation d'insécurité alimentaire. Il est dès lors conseillé de réaliser une analyse plus approfondie permettant de mieux comprendre la gravité de l'insécurité alimentaire et ses causes sous-jacentes. Il faut également tenir compte de l'importance de comprendre les trois composants de la sécurité alimentaire : disponibilité, accessibilité et utilisation. Il est probable que les ménages n'ayant pas accès à une nourriture suffisante en quantité et en qualité requièrent une assistance d'urgence destinée à les aider à couvrir leurs besoins fondamentaux et à réduire le risque et le taux de la malnutrition. La situation de la santé publique devrait être évaluée et, le cas échéant, renforcée afin d'éviter l'apparition de maladies et de cas de malnutrition. 2. Les moyens d'existence ont-ils besoin d'un soutien ? Les conversations avec la communauté devraient permettre de déterminer l'ampleur de l'impact de la catastrophe sur les stratégies et les actifs liés aux moyens d'existence et, par conséquent, ses conséquences sur la sécurité économique des ménages. Si des actifs d'existence fondamentaux ont été perdus ou détruits ou que les personnes n'y ont plus accès et que leurs ressources ou leurs capacités ne leur permettent pas de se relever de la catastrophe, la possibilité d'une aide contribuant à la récupération de leurs moyens d'existence devra être envisagée. Les moyens d'existence seront également mis en péril si les personnes ne disposent pas des ressources nécessaires pour maintenir ou protéger ces actifs à l'avenir (par exemple, manque de fourrage pour maintenir le bétail en vie). Ajouter des coûts supplémentaires pour la conservation des moyens d'existence au panier des denrées alimentaires et des produits non alimentaires de première nécessité et comparer le résultat obtenu aux revenus des ménages permet de déterminer s'ils sont en mesure de maintenir leurs moyens d'existence. 3. Dans quelle mesure les stratégies d'adaptation sontelles efficaces et durables ? Des stratégies d'adaptation nuisibles ou non durables indiquent que les ménages sont en crise et qu'une assistance peut s'avérer nécessaire. 4. Qui a le plus besoin d'assistance ? Nous avons déjà pu voir que les vulnérabilités des ménages dépendent de leur groupe socioéconomique ou de moyens d'existence et qu'une catastrophe n'aura donc pas les mêmes conséquences sur chacun d'eux. L'analyse doit par conséquent veiller à identifier les groupes les plus vulnérables et les causes de leur vulnérabilité afin de pouvoir déterminer la nature et les destinataires de l'assistance. Pour plus d'informations sur le classement des stratégies d'adaptation, consulter les étapes précédentes ainsi que la section suivante sur leur utilité pour déterminer la gravité d'une crise. La mission de la CR/CR est d'atténuer la souffrance des plus vulnérables. Même si les groupes les plus vulnérables sont souvent les bénéficiaires des premiers secours d'urgence, il est important que la planification des activités d'existence tiennent compte des besoins des groupes socioéconomiques plus aisés étant donné que les moyens d'existence de tous les groupes sont liés et que l'aide apportée à l'un peut être bénéfique à l'autre. Qui plus est, les plus vulnérables peuvent être dépourvus de toute ressource ou ne pas disposer des capacités suffisantes pour participer aux stratégies d'existence habituelles. 5. Quand la situation changera-t-elle ? L'analyse doit inclure une évaluation visant à déterminer si la situation devrait s'améliorer ou empirer. Par exemple, quand l'inondation devrait-elle s'atténuer ? Combien de temps faudra-t-il aux marchés pour reprendre leur activité et quand les personnes pourront-elles rentrer chez elles et récupérer leurs moyens d'existence ? Quand la période de soudure commence-t-elle et culmine-t-elle après une mauvaise récolte ? Il convient de tenir compte du fait que les activités d'existence, les prix et la disponibilité des aliments peuvent varier au cours de l'année et que ces facteurs exerceront une influence sur l'évolution de la situation. De plus, certaines périodes de l'année sont plus sujettes que d'autres à des risques climatiques tels que des ouragans ou des inondations. Il est conseillé d'utiliser un calendrier saisonnier pour interroger les membres de la communauté sur l'évolution que pourrait connaître la situation du point de vue de leur capacité à récupérer leurs moyens d'existence et à disposer d'aliments en suffisance. Il est également important de vérifier auprès de la communauté si les stratégies actuellement en place peuvent continuer à satisfaire effectivement leurs besoins sans devenir néfastes jusqu'à ce que la situation s'améliore. 6. Quelle est la gravité des besoins ? Les contextes d'urgence varient en fonction de l'ampleur de l'impact d'un choc sur une population et de la capacité des personnes sinistrées à s'en relever. La situation résultante pour les différents groupes de personnes victimes d'une catastrophe peut donc être définie sur la base de la « gravité » de leurs besoins. En ce qui concerne la sécurité économique et les moyens d'existence, la gravité est déterminée en fonction des risques immédiats pour la vie, la santé, la dignité et les moyens d'existence. Mais la gravité implique également la prise en considération du degré de ces besoins, lequel dépend du nombre et/ou de la proportion de personnes affectées ainsi que de la durée potentielle de la crise. La gravité constitue donc un élément essentiel à considérer lors de la prise de décisions relatives aux interventions et à l'affectation de ressources limitées. Utiliser des stratégies d'adaptation pour comprendre la gravité de la situation Cette analyse est l'un des meilleurs outils pour déterminer la gravité en matière de sécurité économique et des moyens d'existence et constitue un élément clé de l'approche de la HES. Elle permet en effet de déterminer si les personnes ont recours à des stratégies inusuelles ou néfastes uniquement dans des situations de crise ou en l'absence d'autres alternatives et s'il s'agit donc de solutions de dernier recours. L'encadré ci-après montre comment les personnes en situation de crise commencent à utiliser des stratégies risquées ou irréversibles et que la famine est l'étape où les stratégies d'adaptation sont épuisées et où les hauts taux de mortalité font leur apparition. Cette situation survient généralement lorsque tous les actifs ont été perdus et que les personnes se retrouvent sans ressources. Les évaluations de la HES devraient par conséquent veiller à : Identifier les différentes stratégies d'adaptation utilisées par chaque groupe socioéconomique/de moyens d'existence. Déterminer la gravité de la situation via l'évaluation du nombre de personnes ayan recours aux différents types de stratégies d'adaptation. Stratégies d'adaptation et gravité de l'insécurité alimentaire Source : Oxfam Grande-Bretagne