INTRODUCTION
Un homme a été trouvé mort, amputé de sa tête. C’est un père de
famille qui habitait dans le quartier chaud de Matonge, dans la Commune de
Kasa-Vubu. C’est l’émoi, dans la ville. L’ordre public a été troublé. Que s’est-il
passé ? Qui a fait le coup ? Dans quelle circonstance ? Quel en a été le mobile ?
Comment découvrir la vérité et procéder, éventuellement, à l’arrestation des
auteurs présumés, mener l’enquête préliminaire, les inculper s’il échet, instruire
l’affaire et traduire les personnes poursuivies devant les juridictions compétentes,
apaiser ainsi la société, la rassurer, la sécuriser, réparer aussi le préjudice subi par
les membres de la famille de la victime ?
Une femme désespérée, qui se demande comment rentrer en
possession d’une somme importante d’argent que lui doit son locataire. Celui-ci
avait bénéficié d’un emprunt de sa bailleresse. En plus, il ne paie plus ses loyers.
Que faire pour le déguerpir, récupérer en même temps ses dus ?
« La réaction sociale n’est pas instinctive, arbitraire et aveugle ; elle
est réfléchie, réglementée, essentiellement judiciaire. »
Chaque Etat édicte des règles bien précises qui indiquent la voie, le
chemin obligatoire auxquelles doit se soumettre la société c'est-à-dire le Ministère
public. En effet, « toute infraction à la loi pénale fait naître au profit de l’Etat un
droit de punir. D’une manière générale, ce droit de punir donne naissance à une
action : l’action publique qui est exercée par le ministère public »
. Les individus
eux-mêmes doivent observer des règles et remplir des formalités pour obtenir en
justice le respect de leurs droits, objectifs et subjectifs.
C’est sur ces règles que reposent l’organisation et le fonctionnement
de la justice dans tout état moderne. Elles constituent le droit judiciaire,
expression récente utilisée en 1940 par Solus et Perrot
.
C’est en suivant cette voie que la société (Ministère public assisté de
la police judiciaire) va rechercher les auteurs de l’infraction, comprendre les
circonstances, parfois le mobile de la commission des faits infractionnels (tels que
prévus et punis par la loi pénale), les poursuivre en vue d’obtenir leur
Stefani, G, Levasseur, G, Bouloc, B, « Procédure Pénale », 15e éd., Dalloz, Paris, 1993, p. 1.
Akele, A., P., Rôle de l’officier du Ministère Public dans la bonne administration de la Justice in Justice,
Démocratie et Paix, IFEP, Kin, 2000, p. 72.
Solus et Perrot, Droit judiciaire privé, Tome 1, Sirez, Paris, 1961, p. 13 cité par KUMBU, K.N., Autorités
administratives et pouvoir judiciaire dans les communes in Justice et Société en R.D.C., IDLP, sans date, p. 28.