Service de presse de Travail.Suisse – No 15 – 25 octobre 2010

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Service de presse de Travail.Suisse – No 15 – 25 octobre 2010 – Environnement
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Cleantech : le Conseil fédéral manque singulièrement d’ambition
Les domaines d’intervention prévus par le Conseil fédéral pour encourager
l’économie verte ne suffiront pas à repositionner la Suisse parmi les pays leaders dans les technologies propres. Le soutien à l’initiative populaire cleantech
est donc d’autant plus nécessaire pour renforcer l’innovation, la place industrielle suisse et la création d’emplois tournés vers l’avenir.
S’il est positif que le Conseil fédéral prenne enfin conscience de l’importance des cleantech pour l’économie et les emplois, il faut regretter un manque d’ambition en la matière,
d’autant plus que la Suisse a perdu du terrain en ce qui concerne l’économie verte.
Recul de la Suisse attesté en matière de cleantech
En effet, il est inquiétant de constater que notre pays a perdu du terrain depuis le début
des années 2000 : en témoigne le recul de la part de la Suisse pour le nombre de brevets et
d’innovations cleantech à l’échelle mondiale. On constate aussi que les exportations dans
le domaine des biens cleantech connaissent une hausse moins importante que celle
qu’enregistre le volume des exportations suisses. La part du commerce mondial revenant
à la Suisse pour le domaine des cleantech est en recul. Cette tendance contraste clairement
avec la forte croissance et le dynamisme qui caractérisent les cleantech au niveau mondial.
Et que prévoit le Conseil fédéral pour repositionner la Suisse comme pays leader dans le
domaine des cleantech ? Un Masterplan qui facilite la collaboration entre l’économie et la
recherche et qui met l’accent sur la formation mais sans qu’on connaisse les moyens financiers qui seraient dégagés pour ce faire ; une utilisation plus rationnelle des technologies de l’information, une amélioration de l’information sur l’impact environnemental des
produits, des pistes d’écologisation du système fiscal, la prise en compte des données sur
l’environnement pour compléter le PIB et l’examen de l’utilisation durable dans les nouveaux actes législatifs.
A l’évidence, ces six domaines d’intervention n’auront guère d’impact si l’on veut que la
Suisse retrouve une place de leader dans le développement des technologies propres.
C’est en particulier dans le domaine des énergies renouvelables que la Suisse a perdu son
avance et a même été largement dépassée par d’autres pays.
Nécessité de conditions-cadres un peu plus sévères que dans l’UE
C’est la raison pour laquelle, si la Suisse veut retrouver son rôle de leader dans le domaine
des technologies propres, comme cela était le cas dans les années nonante, il faut des conditions-cadres pour une économie verte, en particulier de politique énergétique et clima-
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tique, nettement plus sévères ou ambitieuses. En effet, il faut se souvenir que lorsque la
Suisse faisait encore partie des pays leaders en matière de technologies propres, elle avait
aussi des conditions-cadres environnementales qui étaient, en moyenne, plus sévères que
celles de l’UE.
Or, on constate aujourd’hui qu’en matière d’économie verte, les conditions-cadres de la
Suisse s’alignent tout juste sur celles de l’UE ou sont même moins sévères dans certains
domaines.
Pour Travail.Suisse, les principales mesures à prendre qui permettront à la Suisse de retrouver un rôle de leader dans le développement des cleantech sont les suivantes :

Avoir des conditions-cadres environnementales et énergétiques légèrement plus
sévères que celles de l’UE et pas l’inverse, comme c’est le cas actuellement ! Par
exemple, la réduction des émissions de gaz à effet de serre devrait être de 30%
d’ici 2020. Cela obligera l’économie à investir davantage dans les technologies
propres et favorisera l’innovation. Il en résultera plus d’emplois aussi. Comme, de
toute manière, il faudra, dans une phase ultérieure, continuer à réduire fortement
les émissions de gaz à effet de serre, autant le faire le plus vite possible. On tirera
alors pleinement profit de la position du « first mover » en renforçant la compétitivité de la Suisse et en créant des dizaines de milliers d’emplois supplémentaires en
Suisse. La diminution plus rapide des importations de produits fossiles qui en résultera permettra aussi d’économiser des milliards de francs. Les ménages disposeront ainsi de revenus supplémentaires, ce qui favorisera la consommation et
créera aussi de nouveaux emplois dans l’ensemble de l’économie.

Affecter plus de moyens pour la recherche énergétique et le développement dans
leur phase initiale des nouvelles technologies propres. La Suisse doit développer
une véritable politique industrielle en la matière pour faire face à la concurrence
européenne et internationale dans le domaine des cleantech. Ainsi l’UE a augmenté fortement les fonds alloués à la recherche énergétique. La Suisse doit en faire de
même si elle ne veut pas perdre de sa capacité concurrentielle. Or, ces vingt dernières années, les fonds alloués à la recherche énergétique ont été réduits dans
notre pays, sauf pour l’énergie nucléaire. Maintenant, cette tendance doit être inversée.
Si l’on veut que la Suisse retrouve sa position de pointe dans les cleantech, il est nécessaire
aussi de soutenir l’initiative Cleantech qui permettrait de créer environ 100'000 nouvelles
places de travail grâce aux énergies renouvelables. Couvrir d’ici 2030 la moitié de la consommation énergétique par des énergies renouvelables, comme le demande l’initiative,
est tout-à-fait possible si l’on met rapidement en place les conditions-cadres nécessaires
telles que préconisées ci-dessus. L’objectif de l’initiative fait d’ailleurs aussi figure de véritable programme de renouvellement de la place économique et industrielle suisse basé
sur l’innovation et jouant un rôle de premier plan pour le maintien et le développement
de la prospérité de la Suisse.
Denis Torche, responsable de la politique énergétique, Travail.Suisse
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