Vie politique Introduction Naissance de l’électeur et du parti Naissance de la IIIe République. Les radicaux dans la République Socialisme et représentation partisane des ouvriers Droites modérées et extrêmes face à la République : résignation, adhésion, refus IVe et Veme République : des bouleversements qui ne se limitent pas aux changements de régime politique Les mutations des droites françaises Les gauches Françaises depuis 1945 Les groupes d’intérêt dans la vie politique française : le syndicalisme Mobilisations, action collective et mouvements sociaux Leçon 1 : Introduction 1. Science politique et politique A. La science politique comme science sociale (1) Réflexion sur la vie politique. Cours sous point de vue de sciences politiques 1. La neutralité de la démarche de la science politique Définition : sc po est une discipline des sciences sociales dont le but est l’analyse des sciences politiques. Renvoie à 3 aspects : science politique comme science sociale : tj personnes qui réfléchissent aux phénomènes politiques (Platon, machiavel, rousseau…). Différences entre ces théoriciens de la notion actuelle est qu’ils avaient délibérément une visée normative (travail visait à définir quel était le bon régime politique, jugement de valeur) que nous allons essayer d’éviter, car dire que science politique est science sociale commence par notion de neutralité de la démarche politique (pas objectivité car pas séparation rationnelle humain/société). 2. La science politique utilise les methods des sciences socials, sur le plan empirique et théorique a. La rupture avec la « doxa » (opinion commune, sens commun) Sc po = sc sociale = méthodes empiriques et théoriques. Sc po essaie de rompre avec l’opinion commune, sens commun, la « doxa » (préjugés ordinaires, apparaissant parfois comme le bon sens ou l’ethnocentrisme = tendance à juger les autres groupes sociaux à partir de son propre modèle). b. La mise en place d’hypothèses On n’observe jamais la réalité au hasard, on l’observe à partir de questions. On peut observer un régime politique à partir d’une idée de ce qu’est le totalitarisme ou la démocratie. c. L’ancrage empirique. Science empirique, suppose une démarche de vérifications, d’enquête, permettant à une autre personne de contester ses résultats. Techniques quantitatives (ie analyse de sondages, de résultats électoraux) mais aussi qualitative (méthode directe ; entretien, observations sur le terrain, refus de croire sur parole…). Conséquence de statut empirique de sc po est que les enquêtes doivent être vérifiables. Ce qu’on ne peut vérifier empiriquement n’est pas scientifique. 3. Dégager des tendances, des « lois » et au moins trouver les concepts qui permettent au mieux de décrire le monde Sc po = sc sociale est aussi que peut essayer de dégager des tendances, voire même des lois (débat ouvert en sc po). Reste possible de dégager des régularités, comme par ex dans la façon de voter. On sait aujourd’hui que l’intérêt pour la politique augmente avec le niveau d’études. Régularité forte. D’autres chercheurs refusent l’idée selon laquelle sc po peut établir des lois, serait plutôt sc historique, n’a rien a gagner à imiter les sciences dures et que 2 objets comparables style 2 révolutions, dès que distants historiquement, difficilement rapprochables. Lois, généralisations, observations, aspects différencient la sc politique du journalisme, de la prospective ou encore de l’activité politique. Sc po et po différents. B. Le rapport de la science politique aux autres disciplines des sciences sociales et juridiques (2) Science politique comme sc sociale. Poser cette question, suppose d’envisager le rapport de la science politique aux autres disciplines des sciences sociales et juridiques. Suffit pas de dire intellectuellement ce qu’est la SP, faut dire aussi ce qu’est la relations ac d’autres disciplines. 1. Une brève histoire de la science politique SP est la dernière née des sc sociales du 20e sc. Nécessitait des transfos sociales : - révolution industrielle qui change le monde, le regard, individualisme, valorisation de la science croyance en la rationalité. Discipline commence peu à peu à se constituer au 20e sc. 1871 formation de l’école libre de la SP (ancêtre de Science Po), mais au sein de cette école libre sont rassemblée des enseignants qui ne se définissent pas comme politistes. Changement dans les années 43-56 : années pendant lesquels la SP apparait dans diplômes de droits. Juristes de droit public qui s’intéressaient aux partis politiques, éléments pas de droits qui permettaient de comprendre l’évolution de la vie politique/du jeu politique. C’est depuis ces années que se dvpent des cursus de SP. Aussi depuis années 70 que la sociologie est utilisée de + en + au sein de la réflexion de SP. 2. Discipline « carrefour » et problème de frontières disciplinaires SP connait une réussite et éclatement entre divers types de raisonnements, sous-disciplines (RI, analyse politiques publiques…). Idée de discipline pas tj sens, scientifiquement. Raisonnements en SP aujourd’hui svt raisonnements de sociologie politique, moins de philo. Notion discipline a en revanche un sens socialement : se définira en tant que politique ou sociologue. Discipline frontière à l’égard du droit d’abord. Oppose SP et droit : attention différente au formel, règles de droits (droit) et informel, non écrit (SP). SP ne peut ignorer certaines des règles. Frontières à l’égard de l’économie : peut pas ignorer certains des grands flux financiers qui transforment jeu politique. Frontières à l’égard de la philo, de l’histoire et de la sociologie. Résultat est que l’on parle parfois de la sc po, des sc po ou des sc sociales de la pol. Influence de + en + par la socio. Se subdivisent ensuite. C. La délicate délimitation du politique (3) Pas seulement délimiter la discipline mais aussi le politique lui-même. Délicat : qu’est-ce qu’un phénomène politique ? 1. La diversité des phénomènes politiques concrets Existe une série de phénomènes, objets qui nous semblent politique (partis politiques, hommes politiques, idéologies, résultats d’élections...tout ceux qui exercent le pouvoir ou le veulent…), mais existe aussi d’autres phénomènes politiques mm si n’en n’ont pas l’air : caisses d’allocations familiales, service des étrangers dans une préfecture (analyse politique)… 2. Tout n’est pas politique mais tout peut le devenir Comme le travail des enfants au 19e sc, qui n’était pas considéré comme pb politique au 19e et l’est devenu, les accidents de la route, considérés au début comme une fatalité jusqu’à ce que le pvoir politique s’en saisisse, ou encore le cancer pour les travailleurs de l’amiante, avant que asso se mobilisent. Dépend de la capacité des groupes à politiser des questions 3. C’est ce rapport de force entre les groupes qui détermine les frontières du politique Tout est potentiellement politique dc rapport de force entre les gpes détermine frontières si un gpe minorité pas assez fort pour faire reconnaitre pb en politique, fort probable que restera un pb non politique. 2. Penser l’histoire de la vie politique française – questions de méthode A. Cinq écueils (4) 5 façons de faire qui semblent contestables 1. Le « tout évènementiel » Histoire de la vie pol FR n’est pas catalogue d’évènements empilés dans un ordre +- chronologique. Evènements comptent, révolution, Alger… mais transformations touchant la société (mai 68 sans transfo et augmentation pop étudiant…) sont importants. 2. Le « tout institutionnel » Autre limite très carac de la SP quand ressemble trop au droit constit. SP suppose de comprendre les règles du jeu politique, règles formelles et informelles, et parmi les règles formelles, organisation du pvoir, comme apr ex celle qui affaiblit le parlement dans la Ve rep, modes de scrutins (notamment uninominal majoritaire à 2 tours qui explique en partie le bipartisme)… Mais cette attention nécessaire aux règles formelles peut avoir effet pervers. Attention excessive au cadre institutionnel de la vie pol oublient que droit du politique n’a pas toujours la puissance qu’on lui donne. Tte la vie pol FR n’est pas déterminé par la cosntit de la Vème Rep. Quand bien mm sait on qu’une règle relative à l’organisation des pouvoirs publiques a été violée, n’en tire pas tj les conséquences : le droit n’est pas toujours le moteur des pratiques, et s’applique inégalement aux pvoirs politiques (ex : Garde des Sceaux en 2005 qui appelle à voter une loi qui pourrait être inconstitutionnelle, bracelet électronique). Droit ne suffit pas non plus à expliquer la puissance ou la faiblesse d’un acteur politique. Ne suffit pas de constater la prééminence du président de la rep dans la constit pr comprendre sa puissance, cette puissance est également due a la transfo des parties politiques, l’augmentation de la discipline partisane, pas uniquement liée aux instit. Dc poids des regles informelles : écrit nulle part que les hommes politiques doivent complimenter leurs adversaires mais le savent. Regles d’expression à la télé aussi, nécessité de phrases courtes, vocabulaire réduite. 3. Le jeu des « familles » politiques et le classement « par les idées » Classer, différencier les gens par leurs idées: nécessaire mais pas suffisant. Nécessaire de savoir distinguer les hommes politiques en fction de leurs idées, évident que certaines idées st marquées a droite ou a gauche (importance Etat à droite, social à gauche), arrive que certaines idées aient plusieurs fois fait le trajet entre gauche et droite. Ainsi, nationalisme : aujourd’hui fait parti majoritairement du matériel idéo de droite, au 19e était de gauche, utilisé pour bousculer la monarchie. Bascule à droite fin 19eme. Même façon : certaines idées n’opposent pas tant gauche et droite : défense de la nationalisation se retrouve a gauche et droite. Idées sont plastiques, se transforment et bougent dans les camps. 4. L’anachronisme Tentation d’attribuer à une époque ce qui appartient à une autre. Relire le passé avec les lunettes du présent. Peut conduire à des erreurs grossières. Catégories gauche-droite parait évidentes à un FR, mais pas la plus pertinente pour comprendre la vie pol américaine (démocrate/républicain). Aussi peut être piégé en utilisant des mots qui existaient avant et maintenant mais qui ont des sens différents d’alors, ex le terme « parti ». parle de parti politique au début 19eme pas sens organisation partisane structurée comme aujourd’hui, plutôt partisan d’un camps. Aussi anachronique de juger acteurs d’hier à partir de ce qu’on sait aujourd’hui de partis politique ; totalitarisme de Robespierre alors que terme apparait au 20è sc pour déterminer régime Stalinien et clairement pas à l’époque pour Robespierre fin 18eme. 5. Le culturalisme Orientation culturalisme peut sembler légitime (prêter attention à la culture que l’on observe) : culturalisme a tendance à oublier que tout n’est pas symbolique, tout n’est pas culture dans la société. Svt par paresse que explication par culture « culture de résistance au chgt » alors que paysans pas forcément due à culture que veulent pas changer mais par paresse pq pas besoin de chger. B. Quelques outils d’analyse ; cinq principes, une définition de travail et ses conséquences (5) 1. L’importance de l’ancrage social du politique (principe 1) Signifie que le politique n’est pas séparé du social, certaines oppositions politiques parfois explicables avant tout par oppositions sociables, état pas coupé de société. Certain nbre d’affrontements politiques, idéologiques (ex gauche défendant défense publique et role fctionnaire et droite libéralisation de l’économie et moins de charge pour les chefs d’entreprise) pas seulement affrontement idéo mais aussi à la composition différente des électorats de gauche et droite, on voit un attachement plus grand au secteur privé d’un coté, public de l’autre. 2. Prendre en compte le temps long et les transformations morphologiques de la société française (principe 2) Certaines gdes transfo politiques sont dues à transfo composition population comme augmentation nveau scolarité dans population a conséquences très importantes sur critique politique, proportion de propriétaire, proportion de femmes travaillant… tendances lourdes qui transforment les façons de se comporter des politiques. 3. Essayer d’oublier que l’on se trouve à la fin de l’histoire, se souvenir que d’autres présents auraient été possibles (principe 3) Défaut un peu inévitable quand réfléchissons à l’histoire. Parfois tentés de penser qu’on pouvait discerner au début d’un processus politique ce qui allait se passer ensuite : ex analyse échec du général Boulanger fin 19e, tendance à dire que Boulanger n’était pas véritablement quelqu’un qui aurait pu mettre en danger la république, et que son suicide montrait bien qu’il s’agissait de qqun pas sérieux. Mm façon, analyses de mai 68, tendance à dire que comme a échoué, était qu’une grande kermesse étudiante. Ne pas se placer à la fin de l’histoire donc. 4. Penser relationnellement et prendre en compte les stratégies des acteurs (principe 4) Penser relationnellement est ne pas séparer action d’un parti politique, le discours d’un homme politique, les prises de politique d’un syndicat, ne pas séparer ces éléments des réactions de leurs concurrents, alliés ou adversaires. Positions peuvent être anticipées consciemment comme concurrence au sommet de l’état entre un ministre et un PM, ou encore ce que va faire son partenaire, son adversaire… dans les années 70 par ex, le PS fait alliance avec le Parti Communiste : méfiance et observation très serrée de ce que fait le partenaire. Penser relationnellement veut dire que jeu politique est un espace de concurrence, interdépendance. 5. Quel statut donner aux idées et croyances des acteurs si « ces derniers ne font pas ce qu’ils disent et ne disent pas ce qu’ils font » (Bourdieu) Ne s’agit pas de verser dans le cynisme (quel statut donner aux idées et croyances si les acteurs ne font pas ce qu’ils disent et ne disent pas ce qu’ils font). Ne se rendent pas tj compte des décalages entre idéologie et pratique. Suppose de s’intéresser aux idéologies et décallages. Veut pas dire que n’existe pas idéologies et croyances, juste que pas toujours le moteur. 6. Une définition de travail : « la vie politique englobe l’ensemble des activités, le plus souvent concurrentielles, visant à représenter des groupes sociaux, à exercer le pouvoir ou à influer sur lui, afin de participer aux décisions appliquées à la collectivité ». Dans laquelle s’inscrit le cours. Tous les mots ont leur importance - - Ensemble des activités : les activités politiques sont variées, peut désigner protestation de José Bové, la direction du gvmt par un PM ou telle émission de télévision Concurrentielles : s’intéresse à ce qui encadre la concurrence, règles du jeu politique, formelles et informelles. Suppose aussi d’envisager la question d’application de décision à la collectivité, même de la part de groupe qui ne sont pas politique mais qui veulent imposer/promouvoir leur façon de voir. Vie politique = représentation des gpes sociaux pour participer aux décisions : question de représentation : pas « ressemble » plutôt pour laisser entendre que l’homme politique a le droit de parler au nom de son électorat. « coup de force de la représentation » (P. Bourdieu), car il y a toujours un coup de force dans la façon dont un représentant (élu, homme politique, dirigeant de syndicat) va se prévaloir d’un collectif, or ce collectif (nation, peuple, travailleur) est toujours +- une fiction (efficace sans conteste), dans lequel l’élu pourra dire qu’il est le représentant des FR et va fonder son pouvoir sur la croyance en cette fiction (fort parallèle ac phénomènes religieux). Coup de force d’autant plus efficace que l’on y croit et que l’homme politique est persuadé de parler au nom du peuple alors que parle au nom d’un nombre de représentants. 3. La vie politique française : clichés, enjeux, mémoires (6) Comment un observateur étranger parlerait de nous, de notre vie politique ? sans doute grèves, administration, sentiment très critique ç son égard, attachement à l’égalité doublé d’une augmentation féroce des inégalités. Clichés sans doute, mais parfois tombent juste et dur de s’en abstraire, surtout pq vision de l’étranger qui par sa naïveté voit de façon aiguisée ce qui nous parait normal. Aussi par clichés que parfois apercevons ce que Norbert Élias ou Gérard noiriel qualifient d’ »habitus national » (habitus : habitude, routine, trait, structure, ensemble de façon d’être, faire penser qui se transmet dans une nation et la caractérise). A. L’ « exceptionnalisme » de l’Etat à la française (7) Dans ce qui renvoie à l’état que l’on souligne la particularité FR 1) Etat « fort » qui s’oppose à la faiblesse de la société civile Oppose donc état omnipotent à des français peu aptes à s’organiser par eux-mêmes. Plusieurs auteurs (contemporains, R Boudon, Crozier ou plus anciens) soulignent cette prééminence excessive selon eu de l’état. On a pu d’ire qu’une des admins les plus importantes au monde est l’éducation nationale, qu’on a pu mettre au même plan que l’armée rouge, nbre fctionnaires en FR (etat, territorial et hospitalier) représente 5 M de personnes, soit 1 salarié sur 5. Vrai que construction de l’état s’est faite en FR en tentant d’écraser ses concurrences. A l’égard de la noblesse d’abord, royauté avait essayé de niveler une partie de la noblesse. Aussi concurrence ac Eglise, substitution de l’état à l’église dans la maitrise de la reproduction sociale (ie repro de la société ; éducation, état civil, grandes orientations). Cette puissance de l’état s’est aussi traduite par la méfiance des intermédiaires entre état et population. Un des symboles de cette méfiance est la loi Le Chapelier, promulguée en juin 1791 qui proscrit les coalitions (corporation, compagnonnage), interdit aux syndicats les grèves. Omnipotence de l’état est cependant inégale ; n’a pas pénétré toute la société avec la même intensité : l’état social est tardif en FR, protection sociale longtemps laissé à la charité. Sur le plan pénal et militaire, l’état américain est bien plus puissant que l’état FR. Quand compare masse fctionnaire d’un état à l’autre, ne faut pas oublier que masse d’enseignants qui sont comptabilisés svt de façon différente dans d’autres pays. Idem faiblesse de la société civile, incapacité à s’organiser doit être nuancée : les 36 000 communes françaises ont aussi été une des premières formes de sociabilité, lien entre citoyens. Enfin, dans ce pays qu’existe une des législations les plus libérales au monde en matière d’association, la loi de 1901, pres d’1M d’association de 1901 déclarées en FR et s’en créerait 70 000 chaque année : fourmillement des associations. 2) Etat « « centralisé » et « jacobin » Jacobinisme renvoi à Révolution FR : opposition entre Girondins et Jacobins (Marat, Robespierre) de radicalité révolutionnaire, égalité obtenue grâce a état et centralisation, effective dans l’histoire de FR : centralisation du pvoir, centralisation culturelle aussi. La langue FR, qui s’impose au reste du pays est celle parlée à Paris, culture légitime souvent confondue avec la culture des élites de Paris. Aujourd’hui encore on sent fortement cette centralité de Paris dans le paysage FR. S’explique aussi par fait que unification nationale de nos voisins fait plus tard. Cliché doit être nuancé, par l’histoire récente, décentralisation par la loi de 1982, inscription du principe d’une organisation décentralisée dans la constitution en mars 2003, quant au poids écrasant de Paris sur le territoire, doit être nuancé, la relation entre capitale et reste du pays est complexe, et lgtemps pvoir politique s’est méfié de la Capitale. Raison pour laquelle Paris pdt 1 sc n’a pas eu de maire encore aujourd’hui les pvoirs de police du maire de paris sont bien inférieurs aux pvoirs de police des maires ailleurs, explique aussi écrasement sanglant de la Commune de paris, reste clivage historique du poids de Paris dans la vie politique. 3) Le concours, l’intérêt général et le fonctionnaire à la française. Cliché caractéristique ; idée de recrutement de fctionnaires neutres au service de l’intérêt général, recrutés par concours. Fctionnaires qui correspondraient presque à la forme bureaucratique pure telle que décrit par Max Weber. Un aspect du rôle central donné à l’état en FR réside en cette idéologie de l’intérêt général, que l’etat incarne. Travaux d’histoire sociale ont bien montré que le système de concours ne sert pas à sélectionner la majorité du personnel administratif, et la neutralité du fctionnaire, bute sur la réalité du pantouflage en FR (départ des diplômés des grandes écoles dans le secteur privé, dont rien ne permet de penser que sont éperdument épris de l’intérêt général). 4) L’ « impossible réforme » et les « corporatismes » Cliché colle le plus aux FR : difficulté qu’aurait l’état FR à se réformer, la tendance qu’auraient les FR à faire d’avantage grève que leurs voisins EU. Vrai que le nombre de JINT (journées indiv nn travaillées) est extrêmement important, FR n°1 en 2001 des pays EU, et augmentation des proportions de grève dans fction publique par rapport aux grèves dans la fction privée. En 1982, près de 95% des grèves étaient dans des entreprises, en 1999, plus que 43%. Pourtant, bien qu’importantes, la conflictualité a largement décru depuis la 2eme Guerre Mondiale, et loin d’être paradoxe entre FR pays le plus faiblement syndiqué des pays EU, et le fait que les syndics recourent le plus largement à la grève, même plutôt pq faible que grève est outil principal. B. Lieux de mémoire et champs de bataill e (8) Lieux de mémoire : emprunté à l’historien Pierre Norat (près de 5000 p). « Un lieu de mémoire, dans tous les sens du mot, va de l’objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé (un monument, un personnage important, un musée, des archives) à l’objet le plus abstrait et intellectuellement construit (un symbole, une devise, une institution) ». Projet de l’ouvrage était d’un inventaire des lieux dans lesquels la mémoire nationale s’était incarnée, lieux matériels et lieux concrets. Le projet était celui d’une histoire symbolique, au 2nd degré. Ces lieux de mémoire ne sont pas forcément des lieux consensuels. Métaphore donc qui peut se compléter par une autre, spatiale, celle des champs de bataille. Qquns des champs de bataille qui caractérisent fortement ce que serait la politique FR. 1) Laïcité et enjeu scolaire Aurait pu penser jusqu’à début années 80 que la querelle scolaire, affrontements relatifs à laïcité faisaient partie des affrontements purement historique, dans une société qui s’éloignait peu à peu du religieux. Pourtant on sait quelle fut la violence du combat de la jeune république contre le système du contrôle social représenté par l’église catho dans un pays ou la mémoire des affrontements dans la révolution avait contribué à l’enracinement de clivages (autours de la Vendée…). On sait que la république a scandalisé beaucoup de français en refusant que l’état reconnaisse Dieu, sans qu’elle n’ait jamais fait l’athéisme ou matérialisme vérité d’état. QQuns des grands conflits sociaux qui se sont déroulés autours de la laïcité : au milieu des années 80, qd gouv socialiste arrive en place et envisage la mise en place d’un service public, unifié et laïque de l’enseignement, ou lors de la tentative de réforme de la loi Falloux par le gouvernement d’Edouard Balladur, ou aujourd’hui autours de la violence des polémiques relatives au port du voile. Frappant : constater les différences qui se snt manifestés dans la querelle laïque aujourd’hui par rapport à début 1900. On a vu des féministes de gauche très divisés sur le port du voile, à l’inverse, des hommes politiques conservateurs recommander l’interdiction du port du voile car le cadre d’une analyse pertinente selon eux n’était plus le symbole religieux mais plutôt l’agressivité de la religion musulmane par rapport à leur propre religion. 2) Communautarisme (refus du) Cette question fait partie des domaines dans lesquels les choses seraient de prime abord, claire. La FR serait ce pays qui reconnaîtrait que les citoyens égaux devant la loi, individus abstraits, dépouillés de ce qui pourraient les faire appartenir à quelque communauté que ce soit. Bien souvent on oppose ce que serait le communautarisme à l’anglo saxone au refus du communautarisme à la FR ce qui donnerait des droits à des citoyens abstrait. Ce principe qui parait évident, que l’on rencontre encore dans certaines polémiques (façon dont l’institut national d’études démographiques avait envisagé il y a quelques années de mettre en place des statistiques à base ethnique pour comprendre la réalité des discriminations, et ce projet avait été reçu avec extrêmement de méfiance à l’égard de l’idée d’enfermer les personnes dans leur communauté. Depuis les années 80, critique acerbe du communautarisme de la part des essayistes, refusant la ghettoïsation, ce droit à la différence que réclameraient selon eux certains groupes/assos antiracistes. Frappant que les US aient servi à ce point de modèle repoussoir alors que la FR n’a pas été tant que ça étrangère au communautarisme. Le communautarisme, ce sont toujours les autres, mais il reste que certaines politiques aujourd’hui qui, si ne s’appellent pas des politiques de discrimination positive (affirmative action), sont malgré tout des politiques qui consistent malgré tout à donner un coup de pouce à des quartiers qui concentre les inégalités et les difficultés, les ZEP sont de fait une façon d’allouer des ressources supplémentaires à des quartiers en difficulté sans qu’on appelle cela communautarisme. 3) Y a-t-il vraiment une conception française de la nation ? Cliché : FR est patrie des droits de l’homme qui aurait fait sienne une conception volontaire de l’appartenance nationale, cette idée est souvent opposée à la conception germanique par exemple, plus basé sur le droit du sang. Relativiser : droit du sang jamais entièrement absent de la législation FR et faut se souvenir que si conception volontaire de l’appartenance était aussi un moyen d’envoyer à la guerre une série de perso qui au moment de la conscription se prétendaient non françaises et utilisaient de manière stratégique cette appartenance nationale incertaine. De la mm facon si FR se distinguait fin 19e de cette conception fondée sur la culture et le droit du sang est pq avait perdu l’alsace lorraine et que allemands avaient annexé l’alsace lorraine sur des raisons de proximité culturelle : on parlait une langue plus proche de l’allemand que FR fin 19e. C. Oublis, non-dits, malaises dans la vie politique française (9) 1) Des femmes longtemps hors de la citoyenneté FR finalement ce pays, un des premiers à mettre en place le suffrage universel masculin en 1848 et le pays qui, pendant la plus lgue période, exclura les femmes du suffrage universel. Encore aujourd’hui seulement 12% de femmes à l’assemblée nationale, juste devant l’IT, loin derrière série d’EU du Nord qui ont dépassé 35% de femmes à l’AN. 12% de femmes ca suit en plus une élection dont la règlementation imposait un régime paritaire mais il y avait une obligation de moyens et non de résultats ac pénalisation des partis qui ne présentaient pas 50% de femmes à l’élection, malgré tout, certains partis ont préféré payer que présenter trop de femmes. 2) Violence du colonialisme Et retour de ce refoulé colonial dans l’histoire politique FR. Souvent aux marges plus qu’au centre qu’on observe les paradoxes ou contradictions dun régime ou tradition politique. FR pays de l’universalisme et des droits de l’homme qui donna un statut atypique a ses sujets des colonies, qui adopta en février 2005 une loi reconnaissant le rôle positif de la présence FR outre-mer, ce pays dont on voit aujourd’hui que certains affrontements politique tournent autour de la mémoire coloniale, de populations issues de l’émigration, qui se saisissent à leur tour de cette mémoire coloniale en rappelant que les immigrés d’aujourd’hui sont souvent les enfants des colonisés d’hier. 3) Antisémitisme et régime de Vichy Question de l’antisémitisme spé FR, y en a t’il eut ? Régime de Vichy a t’il été une exception ou continuité dans l’antisémitisme de la vie pol FR ? Antisémitisme est une idéologie extrêmement dominante dans une partie des bourgeoisies française avant mm la 2eme guerre mondiale, et si l’affaire Dreyfus confirme l’importance de l’antisémitisme en FR, on sait que se déchaine la violence verbale voire physique autours de l’antisémitisme entre 2 guerre. Certains historiens rappellent que le régime de Vichy put s’appuyer sur des esprits largement préparés. Pas jusqu’à la question âprement débattue de la continuité ou non entre les années 1930 et Vichy qui fasse aujourd’hui débat. 4) « Egalitarisme » et persistance/aggravations d‘inégalités sociales et politiques Egalité des chances est aspect paradoxal puisque réintroduit chance quand égalité vraie devrait pas se soucier de la chance ou hasard. Leçon 2 : suffrage universel et mise en place des organisations partisanes, 1848-1940 : naissance de l’électeur et du parti (10) Découpage chronologique, qui ne se résume pas à un seul régime, et choisit 2e et 3e rép, Empire, et évolutions du suffrage avant 48. Propose de cours de VP est pas succession de politiques mais plutôt processus et transfos, qui ne correspond pas à la succession des régimes. Ce qui fait l’unité de cette période 1848-1940 est la mise en place progressive d’une nvelle facon de faire de la politique qui s’est caractérisée par la mise en place du suffrage universelle et des partis politiques. Début de la professionnalisation politique. Partie consacrée à la compréhension d’un paradoxe apparent : pourquoi est-ce avec l’apparition du suffrage universel, au moins masculin, que se développe une classe de professionnels de la politique (sens que l’activité politique du représentant, de l’élu, va représenter une activité à temps plein et dans le cadre de partis politiques). Pq paradoxe ? pq précisément la façon dont est souvent présentée la naissance de suffrage universel est celui de l’accès de tous à la politique, hors c’est à ce moment où se fait juridiquement l’accès de tous à la politique que cette activité se trouve encadrée/régulée de manière plus forte par les pro/organisations/partis politiques. Raison = apparition du suffrage universel et dvpt de l’état moderne. 1. Suffrage universel et mobilisation des électeurs Aspect le plus évident, le suff univ va d’abord aider à la pacification du jeu politique dans une tendance de long terme. Le suffrage est parfois perçu comme délégitimant les manifestations, comme l’illustre ce titre du journal « le temps » fin 19e : « le suffrage universel a tué les barricades ». Par ailleurs, ce suffrage, des que se déroule dans grandes unités géographiques et humaines, pas à l’échelle de cité qui permettait des démocraties directes, le suffrage universel va de pair avec la démocratie représentative, cad fondée sur le rôle du représentant. Modifie complètement la façon de faire la politique et contenu même. Cadre dans lequel l’état devient un enjeu croissant de luttes. A. L’état comme enjeu croissant de luttes (11 ) Facon même de faire de la politique va être modifiée par l’apparition de l’état moderne. Max Weber le rappelle : l’apparition d’une nvelle sorte d’homme politique est corrélative au dévpt de l’état moderne. Il y a un parallèle entre la professionnalisation politique et la formation de l’état moderne. Vrai du côté des fonctionnaires, mais aussi des représentants des diverses forces politiques représentant en lutte pour l’obtention du suffrage. Lutte pour l’obtention du suffrage : lutte pour l’accès à l’état, au pvoir d’état, ce que Bourdieu appelle le champ du pouvoir. Précisément, la formation de l’état moderne est la construction de ce champ du pouvoir, de cet espace de concurrence pour avoir accès a l’état. La lutte politique est devenue de facon centrale une lutte pour la conquête de l’état/ orienter la fction de l’état, et de ses ressources. De + en + de monde veut avoir accès au champ du pvoir avec 2 particularités : d’abord, la concurrence s’intensifie compte tenu de la taille du pays, nbre de perso concernées (suffrage univ), de l’importance du pouvoir généré par l’acces à l’état, d’une activité politique de plus en plus spécialisée, compliquée (connaissances juridiques, historiques…), bref activité à temps plein. Lutte + en + rude, violent, dure de faire de la politique en dilettante. Particularité combiné au fait que dans état moderne, on ne peut pas juridiquement s’approprier patrimonialement les ressources de l’état, alors mm que la difficulté de l’act politique nécessite de s’y consacrer entièrement (difficile d’exercer une activité à côté de l’activité politique). Effets considérables sur la façon de faire de la politique : cette nécessité de faire de la pol a temps plein au moment ou peut plus utiliser ressources de l’état comme ressources perso. Aspect de état comme enjeu croissant de lutte se combine au fait qu’il va falloir se faire élire. B. Etre élu/se faire élire : un travail d’intéressement à la politique (12) 2 mars 1848, suffrage univ masculin proclamé en FR, 1er état du mde à l’appliquer (constit de 1893 avait adopté ce principe mais resté sans applications). Traduction concrète les élections des 23 et 24 avril. Faut se rendre compte de ce que ca signifie : on passe de 250 000 électeurs à 9Millions d’électeurs. Apparition du suff univ ne suppose pas automatiquement l’intérêt pour la politique de ceux qui ont conquis ce droit. Du pt de vue stricte de l’homme politique, celui qui fait campagne, pas équivalent de se faire élire par 200 personnes que par plusieurs dizaines de milliers, dans un cas peut connaitre indiv chaque électeur, dans l’autre, politique autrement. Suff univ modifie donc exercice du métier politique. 1) un travail de sollicitation des électeurs Sens de l’expression d’intéressement à la politique puisque les hommes politiques vont devoir intéresser les électeurs à la politique de façon différente. Car que supposait le suffrage censitaire ? Sous la restauration, moins de 100 000 électeurs législatifs. Monarchie de juillet, 200 000 en 1831 à 250 000 en 1847 et un corps électoral un peu plus large pour les élections municipales. Le cens favorisait surtout les propriétaires fonciers et notables, 84% des députés sous la monarchie de juillet étaient élus avec moins de 400 voies : politique personnalisée d’un notable aisé qui peut connaitre ses électeurs la plupart du temps aussi aisés que lui. Dans certaines petites circonscriptions, même pas de concurrence. Véritablement dans une configuration ou des électeurs avaient le sentiment d’élire l’un des leurs, d’où l’expression d’ »être élu ». Fin suff censitaire, FR bascule (GB progressivement élargie le cens), demande l’avis à des gens à qui on ne l’a jamais demandé, qu’on ne peut pas aller voir un par un parce que corps électoral a changé de taille. Commence donc ce travail d’intéressement, travail que B. Lacroix appelle sollicitation ds suffrages, convaincre que politique est importante, en justifiant son travail de représentant. Ce travail est nouveau, notables trouvent parfois vulgaire d’aller racoler des voies, avaient un sentiment de supériorité naturelle et découvrent que faut s’adapter à un peuple. 1848 suffrage non secret. Faut donc se faire élire, plutôt qu’être élu (effort, travail alors que avant presque normal, divin). Changement très prosaïque, terre à terre. Se faire élire. Ce travail d’intéressement au vote va passer par d’autres canaux : les écoles, grâce à qui le vote va devenir un moyen d’expression légitime, dans les petites communes, fort taux de participation. 2) la transformation des biens politiques offerts Fascicule ; schéma de type de biens pouvant être offerts (biens privés, gagés sur la fortune de l’homme pol, biens publiques, gagés sur son accès à l’appareil d’état, des biens divisibles, argent, alcool, menaces –nombre d’hommes politiques au 19e paient des coups à boire à leurs électeurs – des biens indivisibles, comme construction d’une route qui profitera a tout le village) ce qui se transforme c’est la nature des biens, qui deviendront de plus en plus spécifiquement politique : parait naturel maintenant que programme politique, que homme politique qui veut se faire élire explique ce qu’il veut faire en arrivant au pvoir, mais avant c’était plus celui qu’on connaissait bien. A l’inverse, moins on connait ses électeurs (gdes villes, suff univ) plus on leur offre des choses abstraites, générales : politique de gauche ou droite, politique républicaine plutôt qu’un poste ou des espèces. Une des traductions de l’arrivée de ces programmes politique est la loi Barodet 1882 (Désiré Barodet, instit, maire de Lyon) proposant une loi imposant qu’un programme, une profession de foi accompagne chaque candidature. La façon de fabriquer ces pgme va changer du fait de la nationalisation des marchés politiques et naissance des entreprises partisanes. 3) nationalisation des marchés politiques et naissance des entreprises partisanes 3 phénomènes se dvpent de façon parallèle pour concourir au type de bien offerts par les homes pol : nationalisation de l’offre politique (offre politique similaire se dvpe sur tout le territoire), l’accroissement des compétences requises pour devenir représentant et le dvp du rôle des parties politiques. Conséquences : pour couvrir le territoire pol de façon + efficace faut offrir la mm chose partout, « industrialiser » la proposition politique, l’organiser de façon rationnelle, massive avec des machines électorales (gpes permettant de faire campagne), des appareils partisans (partis politiques), ressources financières importantes, division accru des taches dans les organisation. Conséquence de l’évolution est apparition d’une offre politique à peu près unifiée sur tout le territoire. De grandes catégories (républicains, socialistes) vont s’imposer pour aider les électeurs à se repérer, proposer des choses un peu moins personnalisées. C. L’apprentissage du vote (13) 1) représentations du vote et modèle du citoyen Se traduit d’abord par une transformation des représentations du vote et de nouveau modèle du citoyen. Le vote devient quelque chose de valorisé, une obligation morale dans lequel le bon citoyen (Républicain en géné) est détaché de ses appartenances sociales, de ses dépendances sociales. On voit s’opposer très fortement comme l’étudie Yves Deloix dans son manuel d’instruction civique fin 19 ème, ce que serait le modèle d’un vote individuel et individualisé chez les républicains, et l’inverse dans les milieux catholiques, vote plus communautaire, plus lié à l’appartenance religieuse. Il s’agit malgré tout de détacher le vote du social afin que chaque citoyen puisse être ce citoyen raisonnant individuellement et émettant librement son choix. Vote personnel, individuel, secret, dans lequel le moment de l’élection serait le moment de séparation des dépendances et appartenances sociales. Se traduira par une série de techniques de vote. 2) les techniques du vote comme révélateurs d’un processus de fabrication de l’ « électeur indépendant » La bonne élection est celle qui, peu à peu, permettra d’individualiser l’électeur. L’isoloir, sera cet instrument matériel, imposé autours du 19ème s, destiné à isoler l’individu, le placer à l’abri des regards et influence, correspond donc à l’aboutissement de la démocratie qui requière un vote individuel et secret. Cette vision des choses (vote individuel et secret) n’a pas toujours emporté l’adhésion de tous, à droite, fin 19eme, le droit de vote est perçu comme un vote collectif, en lien avec l’interaction avec la collectivité/communauté, dans laquelle les électeurs moins éclairés devraient être aidés par les notables. A l’inverse, se retrouve l’argument à l’extrême gauche, dans laquelle l’électeur ne signifie rien, serait un être politique fictif. L’idée selon laquelle la vrai opinion est celle qu’on la le courage de montrer. Les promoteurs de l’isoloir à l’époque sont les socialistes (vu comme moyen efficace de lutter contre l’emprise des prêtres sur une partie de l’électorat), centres, une partie de la droite. Dans certains débats, des politiques qualifient à l’époque l’isoloir de lieu insalubre et dangereux dans lequel les électeurs notamment populaire ne sauront se débrouiller seuls. On retrouve les mêmes ironies pour les bulletins de vote. Malgré tout se mettent en place ces techniques qui contribuent à fabriquer l’électeur indépendant. Quelle va être la conséquence de cette transformation : nouvelle division du travail politique. 2. Une nouvelle division du travail politique Se traduira par la professionnalisation politique, monopolisation de la compétence politique. A. Des notables aux professionnels : démocratisation du personnel politique (14) les voies 1) Transformations du personnel politique et organisations partisanes paradoxales de la On va observer avec l’apparition du suffrage universel une transfo du perso pol et organisation politique, apparition de compétences spécifiquement politiques avec un recul des notables. Aujourd’hui, à l’aboutissement de ce processus initié en 1848, il n’est pratiquement plus possible de faire de la politique en amateur, au sens ou plus possible de devenir député à l’assemblée nationale sans l’appui de partis, exception faite de rares qui ont une très grande fortune personnelle, mais malgré tout en général empêche d’accéder à des fonctions politiques supérieures. Ce phénomène de recul des notables va se doubler par une transformation de la division du travail politique. C’est Roberto Michels, au début du 20ème siècle, qui analyse ce phénomène d’oligarchie au sens où la division du travail politique va aboutir à ce que les pro de la politique, au fur et à mesure qu’ils se spécialisent tentent à monopoliser un certain nombre de savoir faire, techniques politiques. Aujourd’hui être un pro de la politique suppose de maitriser un ensemble de savoir faire, techniques comme les compétences oratoires, sens de l’improvisation, adaptation, contrôle de ses émotions, des informations sur sa vie personnelle, connaissance de la société, des règles institutionnelles, règles officielles et officieuses. Suppose aussi d’utiliser un langage spécifique, manipuler un matériel idéologique. Le dvpt de ces compétences politiques aboutit presque mécaniquement à accroitre le pouvoir de celui qui en dispose. Phénomène classique de la vie sociale : la spécialisation abouti à une forme de pouvoir. Si nous devions aujourd’hui nous comporter comme des citoyens idéaux qui auraient une idée claire sur tous les domaines politiques, nous y passerions la moitié de notre temps, pas compatible avec nos vies. Cette transfo du personnel politique aboutit à ce que les notables euxmêmes doivent apprendre à faire de la politique de manière différente et qu’à l’inverse de nouveaux entrepreneurs de la politique doivent consolider leur professionnalisation, voire se notabiliser, s’enraciner, gagner un terroir politique. Transfo au point qu’on voit apparaitre une tension entre vivre de/vivre pour la politique. 2) « vivre de/ vivre pour » la politique : l’apparition d’intérêts propres au personnel politique Avant la formation de l’état moderne, professionnalisation politique… faire de la politique revenait à en vivre, soit parce que tout était mélangé (fond public/privé pour roi, chef de guerre), pillage ou notable dans lequel on disposait assez de ressource pour faire de la politique, politique vue comme hobby ou passe temps réservé au plus noble. Avec apparition du suffrage universel, problème : faut-il laisser l’activité politique aux seuls qui n’ont pas besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins. Célèbre question que soulève Max Weber quand effectue sa distinction vivre de (en avoir fait son activité principale, en tirer ses revenus) et vivre pour (s’y consacrer, en faire un engagement) la politique. Distinction pas exclusive, toujours bénéfices, même symboliques à être engagés pour une cause, donc faut pas caricaturer l’opposition. Ac apparition suffrage universel, que se passe-t’il si on veut vivre pour la politique, s’y consacrer à temps plein ? soit on en a les moyens et le temps, cad on est un riche oisif et donc retrouve un système ou seuls les riches oisifs peuvent faire de la politique donc problématique dans système démocratique. N’interdit pas de défendre d’autres groupes sociaux mais pas forcément le plus inné. Soit on décide que tout le monde doit avoir la possibilité d’exercer cette activité à temps plein, et dans ce cas il faut rémunérer ces personnes, rémunération sous différente formes : salaire par exemple permanent d’un parti politique, indemnité parlementaire pour les députés, donc on se donne les moyens d’éviter un recrutement ploutocratique (fondé sur l’argent). La lutte pour la conquête de l’état suppose que le métier politique devienne un métier à temps plein, ce qui ouvre de nouvelles questions : la rémunération des personnels politiques, des intérêts propres au personnel politique. Les citoyens sont souvent les premiers à se plaindre d’un député qui vote pour eux-mêmes une augmentation, ce qui est consubstantiel à l’activité politique. 3) un système encore inachevé : faiblesse des partis et poids des ressources individuelles Système de professionnalisation politique encore inachevé. Sous le terme de partis peuvent cohabiter des réalités très différentes selon les définissions que l’on se donne : si on adopte une définition stricte comme celle de Joseph La Palombara, un grand spécialiste de science politique des partis, avec l’idée d’une organisation durable (contrairement aux cliques, clientèles, factions), organisation complète jusqu’à l’échelon local (contrairement à un simple groupe parlementaire), la volonté délibérée des dirigeants d’exercer le pvoir ou la volonté de rechercher un soutien populaire, pas certain que les partis de la 3eme république ressemblent à cette définition. A l’inverse, si l’on invoque une définition plus souple, celle que Michel Oferlé adopte en insistant sur deux aspects : le parti comme entreprise au sens de Max Weber qui insiste sur cette dimension de groupe organisé dont les dirigeants se comportent comme des entrepreneurs sur un marché politique, et sur un lieu de relations sociales au sein du parti. Ce qu’on appelle parti politique au début du 20ème et jusqu’à IVème Rep ne ressemble pas beaucoup à un parti tel que l’on le connait aujourd’hui en FR, le processus de professionnalisation est enclenché mais les partis politiques sont encore des structures faibles, indisciplinés, plus proche des groupes parlementaires ou électoraux qui se généralisent chez les républicains après 1871, caractère moins permanent/structuré. Groupes électoraux qui ont des existences limitées au moment de l’élection et qui vont peu à peu se pérenniser en formations reliées entre elles au niveau national, entre groupes parlementaires. Plusieurs forces politiques se distinguent entre les entreprises politiques que M Oferlé qualifie d’intérimaire et qui reposent d’avantage sur les ressources matérielles qu’engagent les entrepreneurs avec des agents électoraux rémunérés matériellement (boulangistes, puis les ligues plus tard), on retrouve des entreprises politiques de clientèles au sens où elles reposent sur la notoriété des entrepreneurs politiques, leurs ressources personnelles, sur la détention de mandats publics (agents électoraux sont des membres de cette clientèle personnelle de ces entrepreneurs ou notabilité avec rémunération matérielle (conservateurs dont les émissaires peuvent distribuer des faveurs dans la campagne, comme le Baron de Machaux, homme politique qui traverse la moitié du 19ème, survit une succession de régimes politiques et va peu à peu professionnaliser sa façon de se faire élire, qui envoie des émissaires distribuer ses faveurs, mais aussi des républicains qui vont favoriser l’accès à l’état républicain, décorations, médailles, pour intéresser leur électorats), entreprises politiques de patronages, plus liées sur l’accès aux ressources publiques ou enfin, dernier type d’entreprise politique, les entreprises de type militant, où ce qui comptera sera le capital collectif militant, le fait que les entreprises se basent sur le dévouement de leurs militants dont la rétribution est souvent symbolique (boulangistes, ligues, radicaux, socialistes). Il faut garder à l’esprit que le poids des ressources personnelles à l’époque reste important, notamment si l’on excepte les socialistes et les ligues. C’est ce qui explique la faible stabilité des partis de la 3 ème rep, on n’est pas dans un cadre de parti discipliné, la discipline de vote à l’assemblée est rare et récent (fin IVème Rep), ce qui rend la vie politique actuelle plus prévisible et ennuyeuse. L’activité politique, en même temps qu’elle se professionnalisé, reste encore très personnalisée, on a affaire d’un coté à des notables qui essaient de se professionnaliser et de l’autre coté à de nouvelles couches sociales comme les républicains, qui essaient de se notabiliser, plutôt qu’à une totale mainmise sur les partis. Le processus reste inachevé, mais enclenché et se manifestera par une tendance à la monopolisation de la compétence politique. B. Une tendance à la monopolisation de la compétence politique (15) Professionnalisation politique ; ne signifie pas qu’on va mieux faire de la politique, signifie seulement que le suffrage universel combiné à la division du travail politique combiné à la démocratie représentative va augmenter, durcir, la coupure entre ceux qui font de la politique à temps plein (sont élus, s’occupent de dossiers, prennent des décisions), et ceux qui en font à temps partiel (sens de s’informer, voter une fois par an). Coupure donc entre « initiés » et « profanes » de la politique. Certains auteurs vont se contenter de cette idée de coupure pour définir les démocraties représentatives au sens moderne. Pour un auteur comme Shumpeter, la démocratie au sens moderne est simplement le fait que le peuple a le droit de départager les élus qui luttent pour le pouvoir. Des début 20ème, auteurs comme Wilfredo Pareto, Roberto Michels, que l’on appelle théoriciens élitistes, mm si ne signifie pas qu’ils soient tous favorables à la domination d’une élite, ces théoriciens insistent sur cette coupure entre représentants et représentés et ses conséquences. 3 aspects du phénomène : 1) La « loi d’airain de l’oligarchie » (Roberto Michels) Roberto Michels, sociologue IT qui avait participé au mouvement ouvrier, qui avait publié avant la 1ere guerre mondiale un ouvrage intitulé « les partis politiques » et c’est sur les tendances oligarchiques de cette démocratie. Ce qui le frappait est que même les organisations créées pour défendre le peuple, même les partis ouvriers avec la démocratie représentatives, reproduisaient la domination des peuples en leur sein, la concentration du pouvoir. Son idée est que la division du travail abouti inévitablement à l’apparition d’une classe spécialisée qui va défendre ses intérêts propres, d’où la division entre une minorité dirigeante et une majorité dirigée. Il considère que c’est un phénomène observable dans toutes les organisations, la spécialisation favorise la domination donc la spécialisation politique favorise la domination politique. Ce type d’analyse se retrouve résumé sous le terme de la loi d’airain de l’oligarchie, qui consiste à voir se reproduire les oligarchies au sein d’un régime politique. On retrouve un type d’analyse assez proche chez un autre auteur, Moisei Ostrogorski, dans « la démocratie et l’organisation des partis politiques », qui souligne que toute organisation a tendance a vouloir perdurer hors du but qui l’a fait naitre. 2) Une remise en cause de la conception classique de la démocratie Développement de compétences spécifiquement politiques a eu pour effet de renverser la conception un peu naïve que nous nous faisons de la démocratie. C’est la thèse que soutien Joseph Schumpeter. Celui-ci rappelle que la conception classique de la démocratie supposerait que le peuple a une idée précise et spécifique sur chaque problème, et choisi les représentants qui mettront en œuvre ses idées spécifiques. C’est une idée fausse, il est rare que nous élisions nos représentants à partir d’une idée claire que nous nous faisons sur chaque problème. Rôle du peuple, ce faisant, dit Schumpeter, est peut être plus simplement de fabriquer/désigner les gouvernants qui vont vouloir à sa place. D’où l’expression de Schumpeter qui écrit que « la méthode démocratique est le système institutionnel aboutissant à des décisions politiques dans lequel des individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces décisions, à l’issu d’une lutte concurrentielles sur les votes du peuple. 3) L’intériorisation de leur « incompétence » par les profanes de la politique Ce que suppose l’idée d’élection : on a tendance à faire équivaloir l’élection à la démocratie, précisément parce que nous sommes tous pénétrés de la croyance à la démocratie représentative. Mais pour Montesquieu, la méthode véritablement démocratique des dirigeants est le tirage au sort, seul moyen de créer l’égalité réelle. A l’inverse, l’idée de l’élection renvoie à une théorie du consentement à l’ordre politique, alors qu’il est possible de dire à qqun qu’on l’a tiré au sort, à partir du moment où l’on vote, on doit accepter les règles du jeu, consentir. Il y a dans l’idée d’élection une idée de supériorité de l’élue, idée de choisir les meilleurs, hiérarchiser entre les personnes qui sont proposées à notre choix, et l’idée de séparer les hommes politiques des autres, renforcer cette professionnalisation. Même s’il ne s’agit que d’une supériorité perçue, qui favorise la légitimité de l’élu et par extension celle du régime politique, de l’adhésion au régime politique. Distinction entre le profane et l’élu, celui qui aura directement accès à l’activité politique et celui qui n’aura que des contacts épisodiques avec l’activité. Les profanes de la politique, loin de se révolter contre leur dépossession, contre le fait qu’ils n’aient pas accès d’avantage à la connaissance politique (ex en exigeant un accès généralisé et simplifié à l’info politique), finissent par revendiquer leur incompétence, s’en attribuer la faute, se considérer comme par définition en tant qu’incompétent en matière politique. Expressions style « je ne m’intéresse pas à la politique, c’est trop compliqué » choquerait les citoyens grecques, puisqu’il était de leur devoir de s’intéresser en permanence en la politique. Plusieurs auteurs ont essayé d’analyser cette auto-exclusion, c’est le travail notamment de Daniel Gaxy qui démontrait que même dans les régimes politiques démocratiques il y a une auto-exclusion du jeu démocratique très fortement liée au niveau d’études. Leçon 3 : Naissance de la IIIème république, les radicaux dans la République Comprendre les grandes forces politiques sous la 3eme rep est comprendre des continuités qui renvoient par exemple à l’évolution libérale du 2nd Empire, à la mémoire de 1848, suffrage universel et échec face à la question sociale, mémoire des journées de juin 1848 dans lesquelles la troupe tire sur les ouvriers, mémoire aussi du plébiscite qui mettra fin à cette république, c’est en fin comprendre le processus à travers duquel va se faire l’acceptation de la 3eme Rep, voire pour certains la résignation à la Rep. 1. Naissance de la IIIème République (16) A. Les conditions de mise en place du régime Le régime de la 3eme république nait dans la défaite, l’écrasement sanglant d’une potentielle révolution sociale et l’incertitude, trois aspects qu’il importe de prendre en compte pour comprendre comment vont se déployer les forces politiques sous la 3eme Rep. 1) La défaite La défaite est celle de l’empire de Louis Napoléon Bonaparte face à la Prusse, avec capitulation de Napoléon 3 à Sedan le 2 Septembre 1870. Dès que la nouvelle est connue à paris, la foule envahit l’assemblée et les républicains modérés se dirigent vers l’hôtel de ville où ils proclament un gouvernement provisoire, et Léon Gambetta annonce la déchéance de l’Empire. C’est donc le 4 septembre 1870, dans le cadre de cette défaite militaire que nait la 3eme rep. Quelques jours après cette proclamation, 19 sept 1870, Paris est assiégée par les troupes Prussiennes, la pénurie commence et on observe déjà des tensions au sein du pouvoir provisoire, entre les radicaux et des républicains plus modérés, entre par exemple Leon Gambetta, plus jusqu’au boutiste, plus vaen-guerre, et d’autres républicains plus modérés, plus favorables à la signature d’une armistice. Le 18 janvier 1871, le Roi de Prusse est proclamé Empereur d’Allemagne Guillaume Premier dans la galerie des Glaces de Versailles. L’armistice est demandé et le chancelier Bismarck entend négocier avec un gouvernement légal. 1eres élections du 17 février 1871 se déroulent donc dans contexte de défaite avec 1/3 du territoire occupé par les troupes ennemies, avec une population souvent rurale, paysans, qui refusent de voter pour les républicains qui passent pour trop bellicistes, trop favorables à la guerre. C’est dans ce contexte de défaite que les royalistes obtiennent la majorité à l’assemblée nationale. C’est Adolphe Tiers, un modéré, qui est élu chef du pvoir exécutif de la République FR, chef d’une Rep très faible et sans institution réelle. Chef provisoire en attendant que soit statué sur les institutions de la FR. FR perd l’Alsace Lorraine et doit payer une indemnité de 5 milliards de Francs Or étalé sur 3 ans, autant d’éléments qui ouvrent la voie au nationalisme et au bellicisme en FR. 2) L’écrasement sanglant d’une potentielle révolution sociale Référence faite à la Commune de Paris, grand mythe de la gauche révolutionnaire Française. Peu apres que l’AN s’installe à Versailles, dans un contexte ou Tiers se méfie de la foule, du peuple parisien, fait enlever les canons installés sur la butte de Montmartre, tout simplement pour désarmer Paris, éviter qu’éventuellement un pouvoir Parisien s’installe, et cette mesure de défiance à l’égard de Paris provoquera la révolte. Le 28 mars 1871, la Commune de Paris est proclamée, formée d’ouvriers, de journaliers, d’artisans, de journalistes. C’est un gouvernement local provisoire qui a un programme républicain, socialiste. Ce programme est celui de la séparation église/état, de la laïcisation de l’enseignement, limitation de la journée de travail à 10h, du drapeau rouge, du fédéralisme, du calendrier révolutionnaire. Une commune qui malgré tout compte de nombreuses tendances politiques diverses (gauche, extrême gauche, certaines proches des Marxistes, d’autres des Anarchistes). Le système de la commune de Paris est organisé par arrondissements. Le 21 mai, les troupes venues de Versailles appelés les Versaillais, entrent dans Paris pendant que les Communards mettent le feu aux monuments publics. Ce sera appelé la semaine sanglante, 20 à 30 000 insurgés de Paris sont fusillés jusque devant le mur du Père Lachaise, ensuite nommé le mur des fédérés, près de 30 000 personnes sont arrêtées et envoyées en Algérie ou au Bagne (nouvelle Calédonie). Le mouvement ouvrier est réduit au silence, la Commune deviendra partie intégrante du souvenir de gauche, Marx y verra l’idéal du mouvement révolutionnaire. Restera aussi dans les mémoires d’extrême gauche comme le refus de s’allier des républicains, puisque les républicains seront perçus comme des massacreurs du peuple, comme ceux qui s’afficheront suffisamment à gauche pour parvenir au pouvoir mais jamais suffisamment pour rallier le peuple ; dans la foulée de cet écrasement, c’est l’ordre moral qui s’abat sur le pays, cad ambiance de moralité austère et provinciale qui marquera les 10 premières années de la république. Retour vers les églises, pénitence, piété, contexte dans lequel est érigé la basilique du Sacré Cœur comme symbole de l’écrasement de la Commune. 3) L’incertitude et le compromis Incertitude quant au devenir de cette jeune république, on ne sait pas si le régime va durer. Ces incertitudes expliquent les stratégies des forces politiques, notamment des opportunistes (républicains opportunistes) ; république qui semble fragile, contestée au sein même de ses institutions puisque en majorité royaliste, au sein de laquelle l’église s’oppose fermement. B. Jalons institutionnels (17) Retrouvés facilement dans les ouvrages d’histoire. 1) Affaire du drapeau, octobre 1873 Symbolique de ce qui va diviser les royalistes et va peut-être empêcher le retour des royalistes au pouvoir. Nous sommes donc face à une assemblée à majorité royaliste depuis février 1871. Paradoxalement, la république FR est dominée pdt une 10aine d’année par des monarchistes. Ces derniers hésitent, particulièrement le Comte de Chambord, héritier présupposé du trône en cas de retour de la monarchie, ce comte laissera la marque de son intransigeance car il ne veut pas renoncer au drapeau blanc, donc drapeau royaliste, puisqu’il considère qu’il s’agit de l’étendard de ses ancêtres, de Henri 4, FR 1er… et le 27 octobre 1873, le Comte refuse de manière définitive l’adoption du drapeau tricolore qui constituerait un compromis entre les royalistes et autres forces du pays, refuse donc cet élément qui aurait peut-être pu rallier les autres forces, Orléanistes et légitimistes. Alors même que la restauration monarchique semblait presque certaine, échec à cause de cette intransigeance. 2) Septennat, novembre 1873 La majorité monarchique va essayer de négocier cette situation étrange où l’héritier potentiel refuse de prendre le pouvoir car il refuse le drapeau. Suite à l’échec de la restauration monarchique, la majorité à l’assemblée décide de faire voter la loi du Septennat, 20 novembre 1873. Cette loi confie le pouvoir exécutif au Maréchal de MacMahon, royaliste, pour une durée de 7 ans. L’idée est de patienter, attendre, trouver une solution, espérer que peut être un jour le Comte acceptera ce drapeau tricolore et donc stabiliser le pvoir exécutif en laissant les clés à un proche des royalistes qui acceptera donc de s’effacer le jour où l’héritier voudra récupérer son trône, donc trône reste vacant et garde sa place au chaud. Interprétation de la loi oppose les monarchistes, pour lesquels cette loi concerne exclusivement MacMahon, et les républicains pour lesquels ce septennat est un véritable mandat présidentiel qui pourrait être confié à tout citoyen. Cependant, au fur et à mesure que le temps passe, la majorité monarchique se disloque. De nombreux Orléanistes se rapprochent des républicains conservateurs et c’est dans ce contexte que vont être votées les lois constitutionnelles qui mettent en place la 3eme Rep. Ces lois constit de 1875, 3 (24 fev 1875 organisation du Sénat, 25 fev 1875 organisation pvoir publics et 16 juillet 1875 sur les rapports des pvoirs publics), 3 lois constit qui vont tenir lieu de constit à la FR jusqu’à juillet 1940. Ces lois mettent en place une AN, un Sénat, un président de la République. 3) Amendement Wallon et lois constitutionnelles de 1875 3 lois donc auxquelles s’ajoute un amendement, l’amendement Wallon, voté à 1 voix de majorité le 30 janvier 1875, qui reconnait l’instauration de la république puisqu’il stipule que le Président de la République est élu par le Sénat et la chambre. Par 353 voix contre 352, amendement marque l’entrée de la République dans les textes constitutionnels. On voit ici comment plus le temps passe, plus il est favorable à l’enracinement du régime, alors même que les monarchistes contrôlaient le système au début. 4) Crise du 16 mai 1877 Autre élément important à retenir, la crise du 16 mai 1877. Episode bien connu, contexte suite aux législatives de 1877, les républicains ont gagné la majorité à la chambre des députés (AN). Le président McMahon se trouve donc face à une assemblée majoritairement hostile et un Sénat qui est à peine majoritairement monarchique. McMahon essaie de diviser la gauche, de réduire l’influence du principal représentant de l’opposition, Gambetta. Pour ce faire, il nomme dans un 1er temps un 1er président du conseil, Dufort, qui forme un cabinet de centre gauche, puis Jules Simon, républicain modéré, après la démission du 1er, mais ce républicain, tout modéré qu’il soit, prend beaucoup de ses consignes auprès de Gambetta. C’est ce que lui reproche publiquement McMahon, le 16 mai 1877, en lui adressant une demande d’explication à Jules Simon, qui démissionne le jour même. McMahon le remplace par un conservateur, le Duc de Breuil. Choisir un conservateur alors que l’assemblée est majoritairement républicaine est une façon perçue par les républicains comme scandaleuse de manifester son pouvoir personnel. Dans ce contexte, les républicains renversent le gouvernement de Breuil. Rétorsion afin de contraindre la résistance des parlementaires, McMahon décide la dissolution de la chambre puisque fait partie de ses prérogatives. Une campagne électorale agitée s’engage, McMahon prend parti en faveur de son camp, s’appuie sur les fonctionnaires, sur le clergé, face à lui Gambetta organise une campagne vive et virulente qui condamne toute tentative de restauration du totalitarisme, et ce sont les républicains dans ce contexte qui l’emportent de peu. La gauche entre dans le gouvernement, McMahon se soumet et admet que c’est un régime parlementaire qui a été établi puisque le président du conseil est désigné avec l’accord des assemblées. Cette crise marque la fin des prérogatives du président et de l’exécutif indépendant, et ceci jusqu’à 1962. 5) Constitution Grévy, devenu pendant janvier 1879 Dernier Jalon. Nom du président de la République en janvier 1879, républicain convaincu, qui, à peine désigné par les chambres comme président, s’adresse aux chambres : « soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ces organes constitutionnels. » la Constitution de Grévy est en fait cette coutume, doctrine non écrite limitant les pouvoirs du président de la République. 2. Les radicaux dans la République (18) Pourquoi ce titre ? Les termes vont ensemble : radicaux, république, républicains, mais aussi parce qu’on parle de république radicale pour définir le régime entre 1898-1914, il y aurait une république modérée 89-98, la république opportuniste 79-89, des périodes pendant laquelle gouvernent certains républicains qui étaient auparavant qualifiés de modérés. Ce titre répond à des problèmes de définition et réalité historique : les notions de radicalisme et républicanisme sont sans doutes les plus difficiles à comprendre et à définir, parce que le radicalisme aujourd’hui n’est plus une force politique dominante comme il l’était fin 19ème sc, on ne voit pas bien aujourd’hui en quoi être républicain peut s’apparenter à une attitude de combat alors qu’à l’inverse, il s’agit véritablement d’une attitude de combat que d’être républicain lors de la 3ème Rep. Le radicalisme se confond donc partiellement avec le républicanisme, certaine incertitude autours de la notion de radicaux, partis politiques se mettent à peine en place, certains se définissent comme républicains avant tout, et dans la république des « Jules » (Jules Ferry, Simon, Grévy, Favre), tous ne sont pas radicaux. Jean Touchard dans son ouvrage sur la gauche en FR propose un portrait de républicains retrouvé dans le fascicule. Avant même l’existence du parti radical (formé début 20ème), beaucoup de républicains, mais pas tous, sont considérés comme radicaux, et ce terme sera une façon de désigner certains républicains, ceux considérés comme les plus « avancés », les plus à gauche, par rapport aux républicains modérés. Le radicalisme avant le parti radical est le courant des défenseurs des institutions républicaines, de la démocratie, de l’héritage de la révolution. Enfin, le parti radical est fondé en 1901. De façon plus générale, c’est bien « le » parti central de la 3ème république, et il reste encore des traces de cette prééminence du parti radical dans la 3 ème république, notamment dans le Sud Ouest ou encore dans l’existence encore actuel de ce parti, avec un rôle bien moins grand. Pour comprendre ce qu’il se passe avec les républicains et radicaux au sein des républicains, il faut garder à l’esprit 2 règles de méthode : penser relaitonnellement, cad penser les relations d’opposition, de concurrence entre les radicaux et les conservateurs, entre les radicaux et les socialistes voire même au sein des républicains. Il faut ensuite aussi penser l’ancrage social du politique pour comprendre comment de nouvelles couches sociales vont se retrouver représentées en politique. En définitive, comprendre la naissance du radicalisme, c’est comprendre le passage d’un adjectif, radical (au sens de l’extrême, qui tient à l’essence d’un principe), à un substantif, le radicalisme (force politique, même quand le parti radical n’a plus rien de radical). A. Les républicains : couches nouvelles ou nouvelles bourgeoisies ? (19) Il faut souligner l’originalité de la culture républicaine, qui marquera la république des « Jules » (aussi appelée la république des avocats). Parler des radicaux c’est donc parler du dvpement des forces républicaines, des milieux sociaux sur lesquelles s’appuient ces forces républicaines. Un homme, Gambetta, synthétise ces dimensions, symbolise le courant radical du républicanisme. 1) Gambetta et la référence au programme de Belleville Déjà sous l’empire de Louis Napoléon Bonaparte, le courant radical s’organise autours de Léon Gambetta et Jules Simon (auteur d’un ouvrage intitulé « la politique radicale »). Gambetta, brillant avocat et orateur s’affirme rapidement comme le leader du nouveau camp républicain. En 1869, il est candidat aux législatives, et sa campagne se fonde sur le programme de Belleville (voir fascicule). C’est un programme qui vise à élargir les libertés publiques, étendre le principe électif (il demande l’application la plus radicale du suffrage universel). Son programme défend la liberté de réunion, d’association, la suppression du budget des cultes (question de l’anticléricalisme au sein du parti républicain qui est extrêmement centrale dans le radicalisme), l’instruction primaire, gratuite, obligatoire. Ce programme devient rapidement mythique, bible des radicaux pendant 50 ans. Ce programme accorde un rôle essentiel à la forme républicaine des institutions et au suffrage universel. Gambetta est aussi l’âme de la résistance nationale face à l’occupation allemande, et le va-t-en guerre, celui qui effraie quelques peu. Il est finalement trop radical pour un certain nombre de républicains. L’importance de Gambetta se mesure aussi au fait qu’il a en quelques sorte théorisé l’ancrage social, la base sociale des républicains, au travers l’idée de « couches nouvelles ». 2) Les « couches nouvelles » Comprendre la 3ème république est comprendre le dvpt de ces couches nouvelles. Histoire du terme « couches sociales nouvelles » : évoqué par Gambetta dans un discours de Sept 1872 à Grenoble dans lequel il désigne par couches nouvelles de nouveaux milieux sociaux qui se sont dvpés dans l’empire, amélioration de certains milieux sociaux, mais des couches nouvelles (travailleurs propriétaires, instituteurs, de classe moyenne, avocats…) dont la puissance politique est insuffisemment reconnue alors même que leur puissance économique s’est dvpée et entendent avoir leur mot à dire. Couches nouvelles auxquelles Gambetta propose, entre autre, l’instruction comme religion et l’anticléricalisme comme combat. 3) L’instruction comme religion…et l’anticléricalisme comme combat Sonne comme un clin d’oeil à l’anticléricalisme des républicains. C’est sans doute sous cet aspect que les radicaux resteront radicaux et les républicains resteront unis, c’est l’aspect de l’opposition à la religion, plus exactement au poids/rôle social de la religion. Opposition à la religion et défense de l’instruction, et les deux sont liés car lutter contre l’influence de l’église, c’est défendre l’instruction publique, à un moment où l’église s’oppose à la république. L’instruction sert à contrer l’influence de l’église et c’est aussi le filtre élitiste du républicanisme : c’est le moyen par lequel les républicains entendent filtrer le suffrage universel, le « risque plébiscitaire » (ces plébiscites qui ont porté au pouvoir Louis Napoléon Bonaparte). Il y a cette idée de modérer le suffrage universel dans la 3ème république grâce à l’instruction, grâce à des citoyens éclairés, modérés, qui croient aux lumières, à la science. On retrouve le legs de grands républicains, comme Ferry avec sa loi de 1881 pour la gratuité de l’enseignement primaire, ou la loi de 1882 sur l’obligation scolaire de 6 à 13 ans, ou encore la laïcité de l’enseignement public. L’instruction publique devient, avec la caserne, de franciser les « parler », d’édifier un idéal républicain de patriotisme avec un temple municipal : l’hôtel de ville. Instruction anticléricalisme, on peut citer Gambetta en 1877, « le cléricalisme, voilà l’ennemi », dans un contexte très tendu de manifestations en faveur du pouvoir du pape, contexte très tendu que la 3ème république connaitra aussi au début du 19eme siècle avec les lois contre les congrégations, la séparation église/état, la querelle scolaire d’une extrême violence ou des affrontements catholiques/républicains avec le paroxysme lors de l’affaire Dreyfus. Contexte donc où la méfiance est grande à l’égard du rôle de l’église et aussi de l’alliance église/armée. Caricatures de la fin du 19eme sont caricatures violentes sur les hommes noirs, les corbeaux, les ignorantins ou les jésuitières (termes par lesquels on désigne l’église catholique et ses représentants). 4) Focalisation sur les questions institutionnelles et défense de la petite propriété De quelle population les républicains se veulent-il les défenseurs ? De quelle population les républicains sont-il l’expression ? cette population est celle des petits fonctionnaires, instituteurs, petits artisans, il y aurait donc un grand anachronisme à considérer les républicains à partir de nos catégories actuelles, dans lesquelles la gauche s’identifie au social. Les républicains ne sont pas forcément des républicains sociaux. Gambetta fait campagne en province et attache beaucoup d’importance à la conquête des campagnes, de la paysannerie, le fait dans un discours porteur d’ordre, en expliquant que les paysans ne peuvent que gagner de l’ordre promis par la république. La base sociale des républicains ne sont pas les ouvriers, ce sont les couches nouvelles et les campagnes, la paysannerie. Le modèle des républicains est celui d’une démocratie de petits propriétaires, attachés à l’ordre politique parce qu’ils ont un ordre social à préserver. On comprend que certains de ces républicains soient alors qualifiés d’opportunistes, à comprendre comme « attendant le moment opportun pour mettre en place des réformes », républicains prudents. Là encore Gambetta, 1881, « il faut se garder de vouloir tout tenter à la fois […] ». Ce n’est pas méconnaitre les grandes réformes mises en places par les républicains mais cela souligne l’attachement des républicains aux questions institutionnelles : les grandes lois républicaines ne sont pas essentiellement des grandes lois sociales. Ce sont des lois en matière de liberté (réunion, presse, autorisation des syndicats) mais pas véritablement amélioration des conditions matérielles. B. Le parti radical et le pouvoir(20) A partir années 1880 nouvelle période, au cours de laquelle le terme de radical va glisser et désigner de nouveaux acteurs. Une extrême gauche radicale s’affirme en fait dès que la république est installée, avec son leader : Clémenceau. Années 1878-1879 se sont terminées par la victoire républicaine. Pour une fois, tous les pouvoirs, l’assemblée nationale, le sénat, la présidence de la république, sont dans les mains des républicains, qui peuvent se rendre compte de l’ampleur de la tache. Parmi les républicains, certains, les plus radicaux, trouvent détestable la constitution de 1875 (constit de compromis, taillée sur mesure à l’origine pour les monarchistes). Déjà talonnés par les socialistes qui émergent à cette époque, les radicaux avec à leur tête un grand orateur, Georges Clémenceau, réclament le max de république (séparation église/état, service militaire de courte durée, impôt sur le revenus, élection des juges et surtout la révision de la constitution, surtout la suppression du Sénat, qui est très conservateur). Clémenceau entend donc se débarrasser de cette empreinte monarchiste sur les institutions. Après la mort de Gambetta, Jules Ferry, leader le plus en vue des opportunistes, doit répondre aux assauts du radicalisme au moyen de grands discours, adressés à l’opinion publics. Dans son discours du Havre d’oct 1883, JF met l’accent sur le danger qui menace la jeune république, et pour lui ce danger ne provient plus des monarchistes mais du parti intransigeant et de ses succès partiels. L’opinion résumera ce grand discours par « le péril est à gauche ». On imagine que cette agressivité sera pour beaucoup dans la hargne de Clémenceau à son égard. On reproche aussi beaucoup à JF sa politique coloniale notamment au Tonquin, sera donc la cible des radicaux. On est dans un contexte donc où le radicalisme va glisser vers la gauche. 4 éléments sont nécessaires pour comprendre la relation parti radical à l’exercice du pvoir. 1) L’affaire Dreyfus et la constitution du parti radical a. L’Affaire Dreyfus (1894-1906) Moment de remobilisation du camps républicain, puisque suite à la condamnation du capitaine Dreyfus, on verra s’opposer 2 camps : camp d’une droite nationaliste, cléricale, militariste, antisémite, face au camp d’une gauche attachée au droits de l’homme, laicité, pacifisme et démocratie. Dans le contexte de cette affaire se mettra en place un gouvernement de défense républicaine. La situation exige un gouvernement exceptionnel. Waldeck Rousseau, républicain, conservateur, grand avocat d’affaires, va assumer la défense du régime (régime de défense républicaine) en cherchant à construire une majorité qui irait des modérés Dreyfusards jusqu’aux socialistes (ne pas oublier que tous les socialistes n’était pas mobilisés pour l’affaire Dreyfus). b. La défense républicaine Dans ce gvmt, pour la première fois, un socialiste va se retrouver ministre dans un gouvernement tenu par des radicaux. c. Contexte aussi celui de la fondation de la LDH C’est dans ce contexte aussi qu’est fondée la Ligue des Droits de l’Homme. L’objectif de Waldeck Rousseau est de ramener la discipline dans l’armée et de revenir au calme dans les institutions de la république. Waldeck Rousseau met fin à la politique de la rép modérée, il mène une politique de fermeté à l’égard des ligues, il remanie le commandement militaire en se débarrassant d’un certain nombre de responsables du commandement militaire qui avaient été liés au scandale de l’affaire Dreyfus. Il participera à la dissolution de la congrégation des assomptionnistes (congrégation religieuse des plus antisémites et hostiles au régime républicain). Contexte donc de forte mobilisation anticléricale, qui va suivre en partie l’affaire Dreyfus, on connait en 1901 les lois sur la liberté d’association, lois sur les congrégations, lois sur les séparations église/état, donc une mobilisation qui va partir de l’affaire Dreyfus. 2) L’intervention du solidarisme (21) L’autre grande invention du parti radical dans son exercice du pouvoir est l’invention du solidarisme. Le solidarisme peut être considéré comme la doctrine quasi officielle de la 3eme rep. a. Le traumatisme initial de 1848 et la question sociale C’est le moyen par lequel les républicains vont essayer de marier la solidarité, les institutions républicaines et le réformisme. Il faut voir que depuis 1848, la gauche a pris conscience qu’il ne suffisait pas de faire une révolution démocratique si l’on n’arrivait pas à résoudre la question sociale. Ce souvenir reste assez vif que 1848 a été un échec sur le plan social et les républicains cherche un moyen pour empêcher leur régime de s’effondrer à cause de cet échec social. Cette façon de réagir à la question sociale est aussi motivée par le dvpt des forces socialistes qui reprochent aux républicains une politique excessivement bourgeoise, de « leur filer à bouffer du curé pour calmer leur faim », puisque les socialistes sont aussi anticléricaux mais pas ca qui nourrira les ouvriers. b. Raison plus conjoncturelle : concurrence des socialistes et développement de la pensée sociale à droite, du fait du ralliement des catholiques Républicains sont conscients du problème, d’autant plus que la doctrine sociale de l’église s’affirme et que dans le camp conservateur, du côté catholique, la pensée sociale est bcp plus développée que du côté des républicains. Face à cette impasse, nécessiter de faire durer la république, d’éviter qu’elle ne soit qualifiée de trop bourgeoise et soit renversée parce qu’elle aurait des ennemis à droite et à gauche, va être inventé le solidarisme. c. Léon Bourgeois L’inventeur de la notion de solidarisme sera Léon Bourgeois, premier président du parti radical, grand continuateur de Jules Ferry, plusieurs fois ministre, député, président du conseil, président du sénat, sera à l’origine d’une loi sur les retraites ouvrières, sera prix Nobel de la paix, conçoit le solidarisme comme une sorte d’humanisme raisonnable à dimension sociale, une contrepartie laïque de la démocratie chrétienne. d. Contenu de cette notion : la solidarité comme « fait » et la solidarité comme « devoir » sont des contraires. Point de départ est de rappeler que la solidarité comme « fait » et la solidarité comme « devoir » sont des contraires. En clair, c’est quand il n’y a plus assez de solidarité entre les personnes (solidarités familiales ou de village qui se transforment) qu’il faut assurer une solidarité d’un nouveau type, au travers de ce que les solidaristes appellent le quasi-contrat : idée que nous recevons un héritage de la société, et que plus on retire de la société, plus on en a bénéficié, de la société, plus on a une dette envers elle. Idée justifiera par la suite l’impôt progressif. Idée donc que l’individu n’est pas isolé dans une société, qu’au lieu de revendiquer la souveraineté, on va revendiquer la croyance dans le progrès/amélioration de la condition de tous. Cette doctrine se différencie du socialisme parce qu’elle n’a pas de dimension de collectivisation des moyens de production. A la limite, les solidaristes envisagent certaines nationalisations, mais toujours très restreinte, insistent beaucoup sur le rôle du secteur privé. e. Grandes lois sur les assurances, débat autours de l’IR…FR : passage d’une république opportuniste et assistantielle à la république radicale et assurantielle Par conséquent, pas dimension d’appropriation collective des moyens de production, le solidarisme sera une des justifications des grandes lois sur les assurances, et le passage d’une république opportuniste et assistantielle à une république radicale et assurantielle (basée sur le principe des assurances sociales plutôt que l’assistance. 3) Le parti radical comme machine politique (conquête de l’appareil d’Etat et mobilisation électorale) (22) Autre dimension de la relation du parti radical au pouvoir. Machine politique, terme de machine employé à dessein. Le parti radical doit être envisagé comme une machine politique, une machine de gouvernement, puissant. A son apogée en 1906, il compte 200 000 adhérant, près de 900 comités locaux. Chaque élection permet d’envoyer à la chambre entre 160 et 200 députés. En clair, même si le parti radical ne gouverne pas toujours sous la 3eme rep, il est toujours nécessaire à l’exercice du pouvoir. Quand on parle de république radicale, on veut aussi dire que les idées radicales sont en phase avec l’opinion, le parti radical n’a pas exercé tout seul. Parti de comité = aussi parti qui repose sur des comités électoraux disséminés dans tout le pays. Traduit de plusieurs façons : parti à l’organisation très souple, beaucoup d’autonomie des élus (en 1912, moins de 50% des députés appartiennent aux partis radicaux). En même temps, ces comités sont une importante machine de pouvoir, quadrillent le territoire au début du siècle, renseignent les préfets sur les vrais républicains : quand un maire est hostile à la république, c’est le délégué du comité du parti radical qui fait un rapport, qui fait office d’interlocuteur officieux de l’état : dimension très clientéliste entre le parti radical et le pouvoir, comme encore aujourd’hui parti = intermédiaire entre pouvoir central et pouvoir local, donc apparition de la figure du notable radical, dont le pouvoir est basé sur cette capacité d’accès à l’état, capacité de médiation. C’est aussi un parti à l’ancrage social très particulier, du fait de ses liens organiques avec d’autres républicains (franc maçonnerie, LDH fondée suite à l’affaire Dreyfus et gérée par des députés radicaux). Enfin un des réseaux du parti radical est aussi le réseau des correspondants d’un journal important, la dépêche de Toulouse, un journal dirigé par Maurice Sarraut qui sera lui même président du parti radical en 26-27, réseau qui donne encore une assise forte au parti et un moyen fort de contrôle des partis politiques. 4) Divisions et glissement à droite (23) Malgré le dvpt de l’idéologie solidariste, le parti radical va progressivement glisser, au premier tiers du 20eme siècle, vers la droit. Avant la 1ere GM, les expériences Combes et Clémenceau sont caractéristiques de ce glissement à droite. a. 1902-1905 ; Combes anticlérical n’est radical que dans ce domaine Emile Combe à la présidence du conseil, le plus anticlérical des radicaux, radical que dans ce domaine. En matière sociale, sa présidence du conseil se manifeste par l’oubli des projets de retraites ouvrières, impôts progressif sur le revenu, la chute de son gouvernement marque la fin d’alliance à gauche et ouvre une période où le parti radical sera une charnière entre le parti modéré et le mouvement ouvrier. b. Clémenceau 1906-1909 s’oppose au pacifisme, aux revendications sociales des socialistes, zèle briseur de grèves « premier flic de France » Clémenceau, celui qui avait été le grand ténor radical tant qu’il était à l’extrême gauche du cœur républicain, va arriver à la présidence du conseil. S’oppose au pacifisme, aux revendications sociales des socialistes, et fera preuve d’un grand zèle briseur de grèves « premier flic de France » (ex grèves viticoles dans le midi). c. 14-18 va marquer la perte d’identité radicale (Berstein) Première GM. La mobilisation a vidé les comités de leurs adhérents, l’organisation, peu structurée, est disloquée. Les FR se sont massivement rallié à l’union sacrée (union autour du gvmt de droite), le parti se voit reprocher son esprit partisan, voire même son pacifisme de certain membre, en 1919, on ne sait plus ce qu’est ce parti radical que les dirigeants essaient de reconstruire. Ce sera toute la démarche d’Edouard Hériot, de reconstruire ce parti radical, en tentant la stratégie de l’alliance à gauche, plus exactement l’idée d’une alliance électorale à gauche. d. Victoire électorale du cartel des gauches, 1924 ouvre la grande crise du radicalisme dans l’entre-deux guerres S’agissait uniquement d’une alliance pour les élections mais le soutien qu’apportent les socialistes au gouvernement est précaire, révocable. Il y a incompatibilité des conceptions que les radicaux et les socialistes ont de la gauche. Cette gauche est avant tout politique, réduite à la défense des valeurs républicaines pour les radicaux, alors qu’elle est fondamentalement économique et sociale, fondée sur des mesures de volontarismes dirigistes pour les seconds. Point intéressant à ibserver à cette époque est la naissance des jeunes radicaux (appelés les jeunes turques à l’époque), qui veulent réaménager le radicalisme sur une base de gauche (on retrouve Pierre Mendès France). Les tentatives fin années 20 ne poussent pas à changer de camps (toujours refus d’allier ac la droite). Stratégie d’Hériot reste de maintenir l’alliance à gauche, la discipline républicaine sur le plan électoral puis de gouverner au centre ensuite. e. Tournant des années 30 1932 toujours victoire aux élections, mais toujours impossibilité de gouverner : les radicaux ne veulent pas gouverner avec les socialistes, mais ne peuvent pas gouverner sans leur soutien parlementaire ; le tournant des années 30 est marqué par le 6 fevrier 1934, émeute populaire conduite par les ligues d’extrême droite qui chassent du pouvoir cette émeute, le gouvernement radical d’Edouard Baladier et précipite le radicalisme dans une crise profonde, radicalisme discrédité par l’implication de certain de ses membres dans des scandales, contraint de participer à certains gouvernements de droite sans imposer ses conditions, donc démission de plusieurs adhérents du parti et les élections de 1936 le voient perdre près de 40% de ses élus. Les radicaux participent au gvmt du front populaire à ses débuts mais au cours de quelques mois, la clientèle de classe moyenne, indignée de la politique sociale du gvmt Blum poussent les radicaux à prendre leur distance, ils s’alignent sur la droite et font tomber le premier gvmt de Léon Blum. Se développe au sein du parti radical l’hostilité au marxisme. Un nouveau radicalisme émerge, d’abord défini par ce refus du marxisme. Le parti radical devient ce parti qui alterne alliances à gauche et alliances à droite, avec les alliances les plus à gauche de l’histoire du parti dans le cadre du front populaire, plus à droite aussi où des parlementaires radicaux soutiennent le bloc national qui lui est conservateur. f. Explications : concurrence de la gauche/république qui semble installée/explication sociale Plusieurs explication au basculement à droite, notamment concurrence de nvelles organisations qui apparaissent à gauche (socialistes) et qui presque mécaniquement font basculer le radicalisme à droite, le fait que la république semble installée, tant que la rep est fragile, les radicaux sont la force de gauche qui entend encrer la république. Explication sociale enfin, le radicalisme est devenu plus rural, d’avantage ancré dans les classes moyennes, les professions libérales, petits exploitants agricoles, et de façon plus minoritaire des fctionnaires, enseignants, employés. Base très hétérogène. Sa seule homogénéité est le désir de promotion social, crainte de perdre ce patrimoine acquis par le travail. Tout ce monde va se trouver fragilisé par la 1ere GM, monde pour lequel les solutions issues de la culture politique républicaine (science, progrès, révolution de 1789, parlementarisme, petits propriétaires) apparaissent un peu décalées au milieu des crises des années 30. Malgré tout, certains analystes pensent que si la FR n’a pas entièrement basculé dans le fascisme, c’est peut-être aussi parce que le parti radical avait réussi à ancrer ces petites classes moyennes dans la république. Impossible de comprendre les évolutions du parti radical sans envisager le dvpt des socialistes, gauche, en FR. Leçon 4 : Socialisme et représentation partisane des ouvriers (24) Le dvpt du socialisme en FR est inséparable de la représentation politique ou plutôt la représentation partisane par les partis politiques (question s’est posée de la représentation syndicale). Distinction parti syndicale qui parait aujourd’hui évidente est historiquement récente : s’institutionnalise fin 19eme avec la loi de 1884 sur les syndicats, se consolide au moment précis que nous examinons. Repères historiques : 1879 : année charnière dans l’histoire de la formation des partis socialistes FR, avec la victoire définitive des républicains, c’est l’amnistie des condamnés de la commune, donc beaucoup de socialistes amnistiés qui vont pouvoir revenir en politique. Les socialistes dans les années 1870 font encore figure de secte, de groupe aux forces très faibles au début de la 3eme rép. Mais leur progression électorale va être rapidement prise au sérieux, par les radicaux notamment. Dans les années 1880, années de dvpt des organisations socialistes, 1890 sont années de l’effervescence, avec la création de la SFIO en 1905. 1889 est un point de repère : c’est à ce moment, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris, que se tient le congrès de la 2ème internationale, qui revendique la mobilisation du 1er mai pour la journée de 8h. Des socialistes qui comptent une douzaine de représentants en 1889, 4 ans plus tard en ont une cinquantaine, parmi lesquels Mihirant et Jean Jaurès, qui participeront au gouvernement de défense républicaine de Waldeck Rousseau. 78 députés en 1910, 103 en 1914. Dvpt imposant donc au parlement. Succès aussi des socialistes dans les élections municipales de 1896. On peut souligner que le parti socialiste né deux fois ; en avril 1905, salle du Globe à Paris, en décembre 1920, au moment du congrès de Tours, après la rupture avec les partisans (largement majoritaires) du ralliement à la 3ème internationale. C’est à partir de ces deux moments qu’on envisagera l’unification des organisations socialistes et la scission du socialisme FR qui va donner naissance au parti communiste. 1. De l’éparpillement des organisations socialistes et ouvrières à la fondation de la SFIO Qu’est-ce qu’un socialiste en 1900 : anticlérical, comme le radical, mais ce n’est pas son principal problème. C’est surtout qqun qui défend la république sociale, qui ne dit pas comme un radical « vive la république démocratique, laïque, sociale » mais plutôt « vive la république sociale ». Qu’est-ce que le socialisme avant la formation de la SFIO en 1905 et avant même la diffusion du Marxisme? Assez paradoxalement, le terme de socialisme apparait après celui de communisme (communisme est utilisé pour la pensée de Babeuf pendant la révolution FR). Terme de socialisme apparait en FR en 1933, de la plume de Pierre Leroux, à peu près dans les mêmes années en GB, d’où l’aspect un peu paradoxal d’un terme apparu après le communisme alors qu’on définit souvent le communisme comme un approfondissement du socialisme. Autre paradoxe : le socialisme est un courant très hétérogène, très divers, en même temps qu’il faut envisager pour comprendre comment les Marxistes vont se définir par rapport/contre lui. A. Du socialisme quarante-huitard à la Commune de Paris (25) a. Contexte On voit se dvper autour de la révolution de 1848 une forme de socialisme qui se dvpe depuis plus de 20 ans dans un contexte qui est celui du début de l’industrialisation et de ses effets : machinisme, grands ateliers, misère, paupérisation, révoltes ouvrières, méfaits du libéralisme, tout cela état aggravé en FR par le régime de la monarchie de juillet, régime de Bourgeoisie d’affaire, peu préoccupé de la pauvreté puisque se considère tellement comme garante de la liberté qu’il lui importe peu de ne pas être la garante du bien etre matériel des populations b. Définition du socialisme Les socialismes plutôt : on peut les définir comme dvpt développant une volonté d’organisation sociale qui ferait prévaloir l’intérêt général, et ceci à partir d’une triple indignation à l’égard du libéralisme : - - - Indignation morale à l’égard d’un libéralisme qui provoque, ou au mieux qui laisse faire, la misère. Dvpt du paupérisme, de l’exploitation et du déracinement ouvrier, travail des enfants, avec un sentiment affectif parfois de révolte contre cette misère nouvelle. Indignation qui entraine une critique du libéralisme, qui se présente comme la seule pensée économique sérieuse, seule pensée possible de l’économie. Le socialisme c’est le refus de l’optimisme libéral, le refus de la « main invisible » d’Adam Smith, les socialistes considèrent que ce système ne permet pas un partage optimum des richesses, qu’il provoque des crises (image du renard libre dans le poulailler libre pour désigner la liberté du marché). Indignation qui aboutit à une révolte politique. C’est le constat des oligarchies qui se succèdent depuis la révolution à travers le suffrage censitaire, constat d’un pvoir confisqué par l’aristocratie et la monarchie. Triple indignation même si cela recouvre des pensées très variées, même s’il n’existe pas forcément de grande référence théorique : la pensée de Marx va se diffuser très tardivement, le manifeste du parti communiste date de 1848 mais sa diffusion sera à l’origine assez confidentielle. c. Saint Simon et les saint-simoniens : Leroux, Buchez. Parmi les précurseurs du socialisme, on peut signaler Saint Simon et les saint-simoniens comme Leroux ou Buchez. St Simon n’est pas défini comme socialiste et pourtant aura une importance centrale dans le développement de la pensée socialiste. St Simon sera un apport important à la pensée du productivisme socialiste. Penseur qui accorde une grande importance à l’industrie et à la production, et qui entend réorganiser le social (on peut se demander si ce n’est pas une caractéristique des pensées de gauche) ; c’est aussi lui qui porte un grand intérêt à la science et l’industrie et qui est mu par un souci religieux. Beaucoup de socialistes FR vont s’inspirer de lui en 1848 et même Marx reconnaitra ce qu’il doit à St Simon « porte-parole de la classe laborieuse ». Et parmi ceux qui se situent dans la filiation de l’école Simonienne, on peut retenir deux noms : Pierre Leroux, un des fondateurs du mot socialisme en tant qu’opposant à l’individualisme, qui fondera un journal St Simonien, le Globe, qui aura une pensée influente, un peu mystique aussi, et sera parmi les premiers à se poser la question de la représentation politique des classes populaires. Autre Simonien, lui aussi marqué par les aspects religieux de la pensée de St Simon est Philippe Buchez, qui envisage une révolution fi de l’évangile en 1848, qui, converti au catholicisme va développer l’Atelier, journal ouvrier, qui développe une théorie de l’association ouvrière afin de mettre en place des associations artisanales d’ouvriers organisés entre eux, qui accepte le principe de la lutte des classes, combat énergiquement le capitalisme, le salariat, et rejette même toute les formes de l’assistance charitable (soucis de dignité) ; On pourrait aussi citer une phrase très célèbre, celle de La Cordère, père dominicain à Notre Dame, non socialiste mais fera quelque peu la jonction entre les démocrates-chrétiens et socialistes chrétiens : « entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maitre et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit, la loi qui libère ». d. Pensées communautaires Socialisme est aussi ces utopies, pensées communautaires qui se développent, s’occupent peu de pouvoir mais bcp d’organisation et auto-organisation. Robert Owen et sa communauté de New Harmony en GB qui rêve d’un monde formé de petites communautés ouvrières qui mettrait fin à la propriété privé, ou encore Charles Fourier et son projet de phalanstère (orga communautaire). Ces différents courants de pensée vont trouver la réalisation de certains de leurs rêves et beaucoup de leur déception dans la révolution de 1848. e. La révolution de 1848 Révolution est une des références historique de la gauche en FR, même du parti radical lorsqu’il invente le solidarisme et ceci sous plusieurs aspects : au travers de la thématique de la fraternité, du ralliement de certains catholiques à la révolution, de cette dimension de socialisme mystique qui se développe en 1848, par exemple représentations du christ en bonnet phrygien, abolition de l’esclavage… Au travers de la thématique de la révolution trahie, écrasée dans le sang, victime des complots bourgeois, des soldats qui tirent dans la foule, en juin 48, ou du coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, qui met fin à l’expérience. 1848 aussi référence au travers des clivages qui se produisent chez les révolutionnaires, entre ceux qui entendent jouer le jeu du gvmt provisoire, une fois la monarchie de Juillet renversée, et ceux qui défendent la poursuite du recours à la violence, à l’insurrection suite aux journées de 1848 (Barbès, Arago) Aussi l’idée du droit au travail, de l’intervention de l’état, bref, tentative de révolution sociale. Le 25 février 1848 est proclamé le droit au travail, préfiguration des ateliers nationaux de la Seine fondés le 6 mars, le 2 mars la journée de travail est limitée à 10 heures et il faut citer Louis Blanc, socialiste, mêlera volonté d’organisation économique et sociale, volonté de faire intervenir l’état, sera un des deux grands théoriciens du droit au travail, qui fut un des deux socialistes dans le gouvernement provisoire de 1848. Son projet d’ateliers sociaux fut dénaturé en ateliers nationaux qui n’étaient soutenus par personne. Louis Blanc est l’auteur d’un texte important : « l’organisation du travail » en 1840, ne refuse pas la politique, envisage un libéralisme destructeur auquel il propose des droits réels en expliquant qu’importe au malade qu’on ne guérit pas le droit d’être guéri. f. Proudhon Figure très particulière dans le socialisme FR. Trop rapide de le définir comme anarchiste alors que beaucoup de socialistes vont s’approprier sa pensée, alors même que le socialisme dans sa question du partage des terres et des moyens de production pourrait se retrouver dans la définition Proudhonienne selon laquelle la propriété c’est le vol. Pourtant Proudhon méprise la plupart de ses contemporains socialistes (Marx, Bouchez, Blanc…), malgré tout, il propose une critique de l’état, du pouvoir centralisé (selon lui le modèle de société est le mutuellisme), ce qui prime chez lui est l’économique, le social, l’échange de services, l’auto-organisation, le fédéralisme autogestionnaire. Quant à la propriété, Proudhon pas révolutionnaire : il parle d’avantage de tuer la propriété à petit feu plutôt qu’une St Bartélémy des propriétaires. Aura une forte influence sur la Commune. g. La Commune de Paris, 1870- 1871 Jalon des expérimentations socialistes du 19eme. La Commune sera un moment d’expérimentation des idées sociales, moratoire sur les loyers, sur les prêts au mont de piété, les formes d’organisation décentralisées du pouvoir, cette Commune qui restera un fort souvenir, qui justifiera pour eux la méfiance à l’égard des républicains de gouvernement, la méfiance à l’égard de la manière dont fu réprimé ce mouvement ouvrier. On retrouvait dans la Commune de nombreuses tendances socialistes, blanquistes, internationalistes, des courants plus libertaires. La figure de Louis Blanqui, l’enfermé, qui traverse tout le 19eme s en étant de toutes les conspirations, de toutes les révolutions, en passant plus de la moitié de sa vie en prison est exemplaire de ces expérimentations socialistes qui traversent le 19eme. Blanqui intitulait un journal « Ni dieu Ni maitre » et qui fit une crise d’apoplexie fin d’un meeting révolutionnaire en 1880, comptera des obsèques suivies par plus de 100 000 personnes. h. Le marxisme Comment se positionne le marxisme par rapport à toutes ces expérimentations intellectuelles ? Faut préciser l’originalité de la pensée de Marx par rapport aux autres pensées socialistes. Les marxistes vont rapidement se distinguer des socialistes qui les ont précédés, et vont s’en distinguer en les rejetant comme bourgeois ou utopiques. Ce qui caractérise la pensée de Marx : c’est une pensée critique, de l’aliénation, de l’idéalisme, pensée qui se veut une philosophie de l’histoire, une science, se veut un déterminisme économique (on sait à quel point Marx et les marxistes surtout ont voulu définir le marxisme comme LA véritable science de l’histoire humaine, en définissant l’histoire comme la lutte des classes), mais le marxisme est aussi une pracsisse, une théorie de la pratique. Il y a cette volonté de former des circonstances humaines, de faire advenir une nouvelle société. La violence verbale de Marx et certains marxistes à l’égard des autres socialistes est la violence de ceux qui entendent se donner les moyens de réaliser leurs projets par rapport à ceux qu’ils critiquent comme utopistes ou idéalistes, d’où le fait que Marx sera à l’origine de la fondation de la ligue des communistes, association ouvrière internationale, qui fut au départ secrète. B. Hétérogénéité des organisations et rapport au syndicalisme (26) On peut parler jusqu’à unification des socialistes en 1905, d’un fourmillement des organisations et courants socialistes. Une organisation s’était constituée en 1879 : la fédération du parti des travailleurs socialistes de FR, mais cette organisation avait rapidement éclaté. A la veille de l’unification de 1905 on peut distinguer 5 tendances a. Les cinq tendances principales du socialisme français. - Le guesdisme. Terme forgé en référence à son leader Jules Guede dans les années 1900, c’est encore la tendance dominante du socialisme FR. Jules Guède avait été exilé pour avoir soutenu, de loin, la Commune de Paris et c’est en exil qu’il a véritablement découvert le marxisme. Rentré en FR en 1876, il fonde en 1882 le parti ouvrier, puis Parti Ouvrier FR (POF). Il s’agit d’un parti structuré, un des plus organisé, qui compte 16 000 adhérents en 1898 et recueille alors près de 300 000 voies. C’est un parti d’inspiration marxiste dont les zones de forces sont le Nord, l’Isère, l’Aube, le Languedoc, la Provence. Ce parti est surtout implanté chez les ouvriers du textile, dans l’industrie sidérurgiste. Inspiration marxiste mais qui a été jugé très superficiel sur le fond et très radical dans la forme, avec une forte référence à la lutte des classes. Jules Guède se présente véritablement comme le portedrapeau du marxisme, même s’il n’a de Marx qu’une connaissance superficielle, dogmatique, schématique. Le Guesdisme, c’est l’intransigeance doctrinale, le rôle du parti considéré comme primordial pour le passage au socialisme. Paradoxal : ce parti très virulent, intransigeant n’est plus tellement révolutionnaire dès le début du 20ème, connait une certaine sclérose, reste que qd se fonde la 2ème internationale à Paris en 1889, où l’influence des idées de Marx est d’abord dominante, ce sont les blanquistes et les guesdistes qui contrôlent cette organisation. Ce sont eux également qui sont à la tête du combat pour les journées de 8h. Les trois 8, titre du journal officiel de l’organisation de la manifestation internationale du 1er mai sont tenu par des guesdistes (« ce que nous revendiquons ce sont les journées de 8h par jours c’est à dire 8h de travail, 8h de repos et 8h pour instruire et cultiver son corps »). - Les blanquistes ou vaillantistes Du nom d’Edouard Vaillant (communard) ou Auguste Blanqui. Dans ce courant s’effectue une synthèse du marxisme et du socialisme républicain. Un parti (le comité révolutionnaire central), créé à la mort de Blanqui, à l’origine concurrent du parti ouvrier FR dont Edouard Vaillant était un leader, parti qui devient le parti socialiste révolutionnaire. La majorité des blanquistes défendent à la fois le parlementarisme et le socialisme, à la fois la grève générale et le socialisme municipal. Certains rejoindront le boulangisme. Avec les guesdistes, ils se rejoindront en 1902 pour fonder le parti socialiste de France. - Les possibilistes ou broussistes (du nom de Paul Brousse) Plutôt localisés à Paris, et comme le nom l’indique, sont partisans d’un socialisme du possible, que ce soit sur le plan législatif ou municipal. Ils envisagent un passage progressif au socialisme dans une option réformiste (désigne les organisations politiques qui rejettent la révolution, et proposent plutôt la participation légale au pouvoir, la conquête de pouvoir par des petits pas, la mise en place progressive de réformes. Possibilistes ou broussistes tiennent la fédération des travailleurs socialistes créée en 1883. - Les allemanistes Parce que dirigés par Jean Allemane, ex communard, membres du parti ouvrier socialiste et révolutionnaire, et séparent des broussistes en 1890 parce qu’ils les jugent trop réformistes, trop électoralistes. Ce qui les caractérise avant tout c’est la référence à la grève générale et antimilitarisme. Ils sont également très anticléricaux et perdront beaucoup de leur influence quand la CGT reprendra certains de ces thèmes. Leur organisation (parti ouvrier socialiste révolutionnaire), créé en 1890 donc à la division de la fédération des travailleurs socialistes. - Les socialistes indépendants Millerand et Jaurès notamment. Ce sont des socialistes qui défendent l’idée d’une participation au gvmt, se méfient des doctrines trop strictes, des querelles d’école, seront assez hermétiques au marxisme, symbolisent l’orientation réformiste du socialisme FR. Benoit Malon, un de leur leader disait : « soyons révolutionnaires quand les circonstances l’exigent et réformistes toujours ». S’agit surtout de personnalités intellectuelles qui n’ont pas d’organisations proprement dite mais qui auront une grande influence aussi bien intellectuelle qu’au parlement, malgré le fait qu’ils n’aient pas d’organisation. Dans leur thème centraux, l’idée d’une substitution nécessaire mais progressive de la propriété sociale à la propriété capitaliste, l’idée que la conquête des pouvoirs publics ne peut se faire que par le suffrage universel, que par le parlement plutôt que par un coup de force à la Blanqui, et l’idée que l’internationalisme n’exclue pas le patriotisme. Malgré tout, les convergences qui auraient pu se réaliser à ce moment-là vont être retardées, du fait de plusieurs évènements : l’affaire Dreyfus qui va diviser le socialisme, du fait de la participation de Millerand et Jaurès (socialistes indépendants) au cabinet Waldeck Rousseau de défense républicaine. 1902 marque néanmoins un début de structuration : d’un côté les socialistes indépendants fondent le Parti Socialiste Français et de l’autre côté les guesdistes et blanquistes fondent le Parti Socialiste De France, qui a plus d’adhérents mais moins d’élus. 5 tendances donc des socialistes français. b. Hétérogénéité de doctrine Cette hétérogénéité de doctrine se manifeste sur plusieurs points : - Hétérogénéité des références théoriques Proudhon, Marx, il faut garder à l’esprit qu’en 1900, Marx est complètement inconnu, à part dans les sphères guesdistes. Le succès de Proudhon en FR, a longtemps, compte tenu des conflits Proudhon/Marx, retardé l’importation de Marx en FR. - Hétérogénéité de la conquête du pouvoir Ce pouvoir, faut-il le conquérir ou au contraire améliorer la situation concrète des ouvriers plutôt que conquérir le pouvoir, et si oui, par quels moyens ? Importance accordée au politique ou pas. Proudhon par ex néglige les questions politiques pour les questions d’organisation sociale dont tout le reste, selon lui, découle. - Hétérogénéité de l'organisation de l'économie Jusqu’à quel point faudra-t-il organiser cette dernière, administrer ou encore nationaliser. - Hétérogénéité du choix de la forme de l'organisation (syndicats ou parti) la plus appropriée La plus appropriée pour parler au monde ouvrier et le défendre. Apres la reconnaissance du droit syndical en 1884, la Confédération générale du travail (CGT) constitue en 1895 et adopte en 1906 la Chartre d’Amiens qui consacre le principe de l’indépendance du syndicalisme par rapport socialisme politique. c. Le rapport au syndicalisme Faut se rendre compte que la CGT compte 350 000 adhérents en 1914 alors que la SFIO au même moment n’en compte que 80 000. Quand la SFIO se construit entre 1905-1914, elle agglomère des tendances et partis hostiles à la CGT. Les idées libertaires, les idées anarcho-syndicalistes continuent à influencer une partie du mouvement ouvrier qui manifeste sa méfiance à l’égard du parti politique, et la CGT se revendique du syndicalisme révolutionnaire, défend l’autonomie ouvrière. La grande question qui se pose en matière de représentation ouvrière, c’est le rôle de l’organisation. On parle souvent de la charte d’Amiens comme ce moment historique de séparation du syndicalisme et du parti ; mais c’est un grand moment de méfiance de l’un envers l’autre ; marque la méfiance de certains syndicalistes à l’égard des guesdistes qui entendent bien prendre le contrôle de certaines fédérations et organisations radicales mais Charte d’Amiens est avant tout un texte dirigé contre ces prétentions là des socialistes à subordonner le syndicalisme au parti (entre ceux qui croient à la grève générale et ceux qui croient à l’action économique et l’élection). Les guesdistes sont les seuls qui sont assez forts pour envisager l’élection. Les guesdistes d’une part et certains socialistes indépendants (mais leur base est surtout dans des régions déchristianisés où ils vont faire alliance avec des radicaux). On peut voire une explication historique de la faiblesse du syndicalisme FR, le fait que ce clivage d’origine pèsera très lourd sur l’avenir du syndicalisme et du socialisme FR, un socialisme peu enraciné dans le social et un syndicalisme assez émietté. De là découle l’absence de lien organique entre parti et syndicat, qui distingue fortement le socialiste FR de la sociale démocratie de l’EU du Nord. C. (27) La SFIO : organisation partisane, ancrage social, idéologie a. La fondation La sfio ne sera fondée qu’en 1905. C’est une unification du socialisme politique, qui se fait sur l’injonction du parti de l’international lors du congrès du Globe de 1904, avec fusion des différents courants socialistes dans la nouvelle section FR de l’internationale ouvrière, la SFIO. Contrairement donc à ce qui se passe en EU occidentale, l’unification est difficile, tardive, partielle. Ce qui est curieux est que la SFIO n’empreinte presque rien à l’histoire du socialisme FR du 19 ème : St Simon n’est jamais cité ou alors quelques fois par Jaurès qui citera également 1848. a. Jaurès et la synthèse jaurésienne Peu à peu, Jaurès, à ses débuts minoritaires dans la SFIO, se retrouve en position de médiateur au sein du parti. S’y ajoute son véritable ascendant intellectuel et s’impose comme la figure majeure du socialisme FR, par son combat pour l’unité, la volonté de synthèse entre la république et le socialisme (d’où la synthèse Jaurésienne), par la volonté de synthèse entre le patriotisme et l’internationalisme, entre les idées des marxistes et la tradition de la révolution FR libérale. Jaurès se singularise aussi par sa forte opposition à la guerre de 14-18, violemment opposé à la politique colonialiste et à la guerre, fut assassiné par un nationaliste le 31 juillet 1914 (veille début 1ere GM). Jaurès, qui n’était pas partisan de la dictature de prolétariat, qui était porteur d’un fort internationalisme, avait défendu l’idée d’une grève générale dans tous les pays menacés par la guerre, mais qui n’avait pas été suivi par les socio-démocrates, socialistes allemands. On peut parler de synthèse jaurésienne cette tentative de combiner ces différentes dimensions : suffrage universel, dimension sociale, Jaurès a cette phrase célèbre « au moment même où le salarié est souverain dans l’ordre politique (par le biais du suffrage universel), il est dans l’ordre économique, réduit à une forme de servage …(voir Fascicule). ». Le rapport au marxisme est donc complexe au sein du socialisme FR entre ceux qui entendent faire la synthèse de la république et de la pensée sociale et ceux qui, tels les guesdistes, appliquent un marxisme plus caricatural/mécanique. Autre aspect de la SFIO : la question de son recrutement et ancrage social. b. Recrutement et ancrage social La SFIO se veut un parti ouvrier. - un parti d'élus et d’électeurs Elle a acquis une large base électorale et militante (paysans, ouvriers, artisans qui côtoient des intellectuels, fonctionnaires) ; fondamentalement, la SFIO est un parti qui se veut parti de masse mais qui pour l’essentiel est un parti d’élu et d’électeurs. Les ouvriers sont marginaux en son sein, il faut y ajouter également une surreprésentation des intellectuels en son sein : Jaurès est un professeur issu de la bourgeoisie provinciale, Jules Guesde est un journaliste sans racines ouvrières, Aristide Briand, Millerand, sont avocats. - municipalisme socialiste Ce parti d’élu et d’électeur est un parti qui est entré très tôt dans les mairies, d’où un fort rôle de ce qu’on a appelé municipalisme socialiste, c’est-à-dire l’ancrage dans des fiefs municipaux. Système dont on observe encore la manifestation dans le Nord de la FR ou dans les bouches du Rhône : un système qui a favorisé le dvpt d’un mode de domination politique fondé sur l’omniprésence du maire. Le parti socialiste est devenu de plus en plus dépendant de ses élus. Les socialistes étaient déjà à la tête de plus de 300 communes en 1912, en contrôlent plus de 500 en 1925, 800 en 1929, 1400 en 1935, et certaines de façon relativement continu. Le cumul de mandats est largement toléré, se généralise, apparait pour les socialistes comme le meilleur moyen de propager leurs idées, d’ancrer le parti, lui donner une base sociale. Ce faisant, l’adhésion alimentaire, l’adhésion de reconnaissance se répand. Elle sera un trait durable du parti socialiste aussi bien au sud qu’au nord et les élus s’efforcent de contrôler le recrutement des adhérents, afin d’éviter que les sections du PS ne limitent leur pouvoir ou ne remette en cause leur investiture. Fort poids du municipalisme dans le parti. - poids de la nébuleuse laïque Surtout à partir de 1930 pour la SFIO et notamment des instituteurs. - marginalisation des ouvriers et (la) surreprésentation corrélative des professions intellectuelles Fruit d’un processus complexe : la FR s’est industrialisée tardivement, l’introduction précoce du suffrage universel, l’instabilité du régime, ont fortement contribué à ce que le clivage central au sein de la société FR soit la république, bien avant que se forment les partis organisés ce qui explique que la question sociale arrive tardivement par rapport à la république. Ralliement du parti socialiste (excepté Jaurès) à la guerre va être une des manifestations du glissement à droite. Là encore, glissement à droite des socialistes ne peut s’expliquer sans comprendre le dvpt d’une force politique sur sa gauche. 2. LA SCISSION DU SOCIALISME FRANÇAIS (28) Comment comprendre la scission de la SFIO, que permet-elle de dire sur la question du rapport des gauches au pouvoir. A. Le Congrès de Tours et la naissance du Parti Communiste Les dates sont connues : en décembre 1920, la SFIO éclate au sujet de l’adhésion à la 3ème internationale, cad l’internationale communiste, léniniste, fondée suite à la révolution russe de 1917. L’adhésion à l’internationale communiste suppose l’acceptation des conditions dictées par Lénine, et une véritable dépendance à l’égard de l’union soviétique. * Quelles sont les explications de la scission ? Explications de contexte d’abord : le congrès de la SFIO en 1920 est le congrès qui suit une révolution qui a réussi, celle de 1917, tout à coup, Marx n’est plus un auteur parmi d’autre, Lénine plus un révolutionnaire parmi d’autres, ils sont ceux qui ont réussi, qui avaient compris. Aussi le congrès de l’après 14-18, une génération a été marquée par les combats et rejette l’union sacrée, rejette le raliement de la SFIO à la guerre. Raisons plus profondes, sociologiques : ceux qui font scission, et qui sont majoritaires, Marcel Cachin, Paul Vaillant Couturier sont moins dotés en ressources personnelles (carnet d’adresse, diplôme, origine sociale, fortune personnelle…) en capital politique. S’opposent aux notables politiques de la SFIO (avocats, universitaires, bourgeois de la SFIO) et ne sont pas non plus des ouvriers professionnalisés et en voie de notabilisation. La question de l’adhésion à l’internationale communiste sera un prétexte qui leur permettra d’exprimer des affrontements socio-sociologiques au sein du parti, sur l’enjeu de la représentation : qui peut légitimement parler au nom des ouvriers, qui en a le droit, et de parler de l’enjeu des stratégies, réformes ou révolutions * Résultat Une majorité adhère donc aux 21 conditions posées par Lénine, comme condition de l’adhésion FR à l’internationale communiste, et quitte la SFIO pour fonder le Parti Communiste (section FR de l’internationale), avec 100 000 adhérents et le contrôle du journal l’Humanité qui avait été fondé par Jaurès, et une minorité reste à la SFIO, garder la maison selon l’expression de Léon Blum, ceux qui restent vont être une majorité de parlementaires. Ce clivage socialiste-communiste se retrouvera un sein du syndicalisme, avec une scission de la CGTU qui va quitter la CGT sur la même base de l’opposition. B. Bolchevisation et ouvriérisation du PCF (29) Alors que les sécessionnistes étaient majoritaires au nombre de 100 000, le Parti communiste perd de nombreux adhérents et des voies pendant la période immédiatement consécutive à la scission. De façon paradoxale, la SFIO gagne des voies et des adhérents entre deux guerres. - Le parti communiste perd de nombreux adhérents et des voix Plusieurs raisons : le déclin militant, lié à la profonde réorganisation du parti à partir de 1924, ce que l’on appelle notamment la bolchevisation, cad le fait que sous l’impulsion soviétique se mette en place l’idée que le parti doit être un organe de combat, visant la révolution, avec l’idée d’un révolutionnaire professionnel, mise en place d’une discipline de fer, des 21 conditions de Lénine (fascicule), insistant sur la rupture avec les réformistes, l’épuration périodique des éléments intéressés et petits bourgeois, sur le refus de se fier à la légalité bourgeoise, mise en place d’un organisme clandestin capable d’assurer la révolution, sur le centralisme démocratique comme mode de fonctionnement. Déclin électoral également. - Le parti se radicalise Le parti se radicalise, ce qui inquiète une partie de l’électorat. - Mise en place du centralisme démocratique Non seulement il se radicalise (ce qui aurait pu attirer d’autres électeurs), mais surtout le parti adopte une tactique à partir de 1927, tactique qui va être appelée classes contre classes. Cad le refus de l’alliance électorale, refus de l’accord de désistement avec les socialistes (appelés socio-traitres par les communistes). Le parti communiste n’a que 10 élus à l’AN en 1932 à comparer av les 132 de la SFIO. Intéressant à plus d’un titre : le PC préfère perdre des députés socialistes plutôt que faire alliance, et aussi que un parti ne cherche pas toujours à gagner les élections ou avoir plus de militants, peut connaitre des périodes qu’il juge nécessaire de consolidation de sa ligne idéologique. Période donc de mise en place du centralisme démocratique cad de prééminence de l’appareil national sur les cellules de base. Période également de contrôle biographique. On demande à tous les membres du parti de se livrer à des écrits biographiques qu’ils donnent au parti dans lesquels il doit faire preuve de leur soucis d’autocritique et de lutte pour ce qui pourrait rester de bourgeois. - L’ouvriérisation Autre manifestation de ces transformations internes. Promotion d’un personnel politique d’origine ouvrière au sein du parti. Les ouvriers représentent environ 18% du comité central en 1920 et environ 52% en 1936. On voit disparaitre au sein du parti les représentants des classes moyennes et classes moyennes supérieures. Personnel ouvrier, jeune, peu expérimenté politiquement, formé à l’école des cadres du parti, et qui va devoir tout à ce même parti. Dans une très forte remise de soi à l’égard du parti, dont Maurice Thaurèse (secrétaire général du parti de 1930-1934) - Crise à court terme / structuration à long terme. Faut garder à l’esprit que la ligne classe contre classe ne sera pas tenue pendant tout l’entre 2 guerres au PC, ce qui pose la question du rapport au pouvoir aussi bien du côté du PC que de la SFIO. C. La question du rapport au pouvoir (30) Dans l’histoire des gauches françaises, cette question du rapport au pvoir se pose au parti communiste, à la SFIO et plus tard au PS. On peut considérer que la gauche n’accèdera pas seule au pouvoir entre le front populaire et 1981 + hésitation PC / PS quant au fait de se commettre avec le gouvernement. La SFIO, face à la rupture de 1920, connait une phase de dvpt. Sa doctrine change peu, mais on s’aperçoit des tensions croissantes entre le maintien de la référence au marxisme et le caractère de moins en moins ouvrier (de + en + instituteur socialiste). A coté de cette transfo interne, le désaccord reigne au sein de la SFIO sur l’exercice du pvoir : faut il s’allier avec les radicaux pour exercer le pouvoir ? ceux qui défendent cette orientation sont exclus de la SFIO. D’autre part, les néoguesdistes défendent l’idée que le parti doit rester le parti de la lutte des classes, et refusent le ministérialisme, cad l’association au pouvoir dans le cadre de ministere comme par exemple ce qui avait été reproché, Alexandre Millerand siège au sein d’un gvt radical fin 19ème. Enfin, Léon Blum, distingue 3 stratégies et 3 réponses : participation (en tant que minorité tenue par d’autres, des radicaux) : LB défavorable mais favorable à l’exercice du pvoir (cas de majorité de socialistes dans le gouvernement ou cas où faudrait faire face au fascisme en assurant alliance tous contre fascisme). Il distingue participation au pvoir du véritable objectif, selon lui, = la conquête du pouvoir, même si selon lui l’accord n’est pas général au sein de la sFIO pour conquête du pvoir (voie révolutionnaire ou réformiste). Cette distinction sur la participation n’empêche pas les ententes électorales, les socialistes soutiennent le gvmt radical d’Edouard Hériot dans le cadre du cartel des gauches, idem alliance en 1932 même si les revendications des socialistes ne sont pas satisfaites, ce qui va entrainer la chute du gvmt radical. Du coté du PC, la montée des dangers, fascistes notamment, va justifier une stratégie d’ouverture que le parti, apres la tactique classe contre classe, va caractériser de front unique. Cela désigne l’idée d’une alliance du prolétariat et classes moyennes dans la lutte contre le fascisme. Ce grand tournant marque les années 1934-1939. 1934 une alliance électorale est passée entre communistes, socialistes, radicaux, qui se traduira par la victoire législative de 1936. C’est le retour d’une démarche unitaire, d’autant plus important que ces 3 courants sont majoritaires en voies, mais faute d’alliance n’avaient pas acces au pouvoir et parlement. Grandes manifestations unitaires (ex gde manif du 14 Juillet 1935, qui regroupe 500 000 personnes à Paris), et radicaux au début participent à cette démarche (comme Victor Bash, président de la ligue des droits de l’homme, dirige le comité national pour le rassemblement populaire dont le slogan est « du pain, la paix et la liberté » ).victoire électorale de 1936 entraine le gvt de LB au pouvoir jusqu’à juin 1937. Le front populaire devient alors la référence mythique pour la gauche à l’époque, référence mythique pq premier gvt dominé par les socialistes, caractérisé par l’union des gauches et mise en place de réformes sociales, liberté syndicale accrue, réduction du temps de travail, congés payés, période de grande mobilisation ouvrière (grèves de 1936), progression électorale du PC. Période pendant laquelle le PC devient plus attractif, déjà pq accepte l’alliance, plus ouvert aux militants, et parti apparait plus structuré. Implantation durable dans le pays (banlieues rouges). Structuration développement : de 1934 a 1937, le parti passe de 48 000 à 122 000 adhérents + recul des radicaux, qui quitteront le Front populaire. Référence mythique donc d’alliance PC et SFIO, plus refaite ensuite jusqu’à 1981 pq avant tout gvmt modérés ou conservateurs qui domineront essentiel de 4ème Rep. LEÇON 5. DROITES MODERÉES ET EXTRÊMES FACE A LA RÉPUBLIQUE : RÉSIGNATION, ADHÉSION, REFUS 1. Les typologies et leurs limites (31) La question des gauches doit être pensé a partir des thèmes centraux : lien à la république, anticléricalisme, puis représentation politique des ouvriers, la diversité caractérise plus encore les droites FR. au tournant du 19eme et 20eme s, si on considère tout ce qui peuple l’espace politique a droite des radicaux dedans ou hors parlement (ligues), les droites sont d’une très grandes diversités : elle regroupe des anti-république autant que des acteurs qui jouent le jeu de la République, de fervent catholiques soucieux de la place de l’église de la société autant que des modérés qui s’accommodent de la société en voie de sécularisation, autant défenseur des libertés politiques que des hostiles farouches au parlement, des membres de la bourgeoisie d’affaire que des ennemis du libéralisme économique et dégâts qu’il provoque auprès des plus pauvres… On peut, selon les auteurs, envisager plusieurs typologies des droites. La distinction la plus classique, connue et peut être la plus contestable est celle de René Raymond, qui distingue 3 courants ; légitimisme, orléanisme, bonapartisme. Oppose les plus fervent partisans de la monarchie légitime (Bourbons), les partisans de l’ordre ancien, monarchie de droit divin (les légitimistes), aux orléanistes, cad ceux qui s’épanouissent dans la monarchie de Juillet, qui acceptent plus facilement certains aspect de la révolution FR sous sa forme bourgeoise, libérée, censitaire (au sens du recours au suffrage censitaire), cette phrase résumée par Guizau disant que si les populations veulent accéder au suffrage, il faut qu’ils aient de plus hauts revenus (slogan « enrichissez-vous »), et enfin une droite plus populaire, pour le suffrage universel, qui entend concilier l’ordre et l’héritage de la révolution et qui va revendiquer tout au long du 19eme la mémoire de Napoléon. Première typologie donc. Si l’on se place à l’inverse du côté des cultures : culture plutôt traditionaliste ou culture plutôt libérale (politique et économique), auxquels s’ajoutent plus tard une culture nationaliste et ensuite une droite chrétienne. Typo mais limites : étiqueter forces politiques est pas facile de comprendre ce qui les oppose : phénomène classique de sinistrisme : dvpt de forces à gauches, qui rejettent à droite des forces qui ne se définissaient pas comme de droite à l’origine ; Catégories gauche/droite sont avant tout des catégories parlementaires au 19eme, pas évidence d’aujourd’hui, pas immédiatement sens pour les populations : jusqu’en 1870, ceux qui luttent pour la démocratie sous l’empire se revendiquent plutôt du parti de la liberté plutôt que de la gauche, définition un pe situationnelle pr être gauche ou droite. Affermissement au tournant 19eme. On peut envisager un certain nombre de forces politiques qui se définissent selon enjeux et thèmes particulièrement significatifs. 7 enjeux qui renvoient à des valeurs et intérêts sociaux, qui permettent de délimiter l’univers des droites FR. - - l’ordre : idée d’éviter les bouleversements politiques, désordres, et garantir ordre social, respect des autorités déjà en place, autorités politiques déjà en place doivent obéir à l’ordre social dont elles héritent (tradition, histoire, religion), inégalité pas forcément un pb : renvoi à respo divine, respo individuelle ou inégales capacités de chacun (permet de comprendre role central de religion catho ds droite FR). tradition : histoire, ordre dont on a hérité, régime ancien a toutes les chances d’être bon parce qu’a passé l’épreuve du temps, d’où - - - - - méfiance à l’égard de la transfo sociale, (le progrès =pensée de gauche : changer les pensées est etre révolutionnaire, est se tromper car équivaut à lutter contre un fleuve, pq si société existe c’est que doit fonctionner. Modération, considérée comme valeur en soit. Droites clivées entre droites qui veulent revenir à l’ordre ancien même si par violence, et celles pour la modération. Thème central de droite. Permet de comprendre que relation à république et à révolution incarne 2 problématiques , qui renvoie à l’égalité politique et au changement violent : peut-on cautionner un régime qui a coupé la tete du roi ? dc courant antirévolutionnaire, dt 3 noms bien connus : Edmund Burk, Joseph de Maistre et Louis de Bonald. Mémoire de révolution FR, Vendée, terreur rouge et terreur blanche reste un clivage puissant ds tout grand ouest de FR Propriété : revoit à des valeurs traditionnel, valeur des groupes dominants, ou encore dans certains courants incarne le mérite individuel. Pour etre conservateur faut avoir qqch à conserver, et mouvement social vu par droite est que ceux qui n’ont rien à perdre ont tout à gagner Aspect face au marché : theme qui clive encore les droites FR : les plus influencés par catho et les plus ancrés dans rural se méfient d’un marché des structures qui favorise individualisme. A l’inverse, de nouvelles élites qui jouent le jeu du capitalisme n’ont rien contre le dvpt du profit. Donc observe forte variantes dans degrés de protectionisme des droites FR. Clivage oppose pensées de droites plutôt organisistes aux individualistes plus sensibles à héritage libéral de révolution. Organisistes : idéologie qui envisage la société comme un corps, entité dans laquelle chaque organe dépend des autres dc doit rester à sa place et a responsabilités envers tous. Individualistes d’abord défendu par ceux qui défendaient le libre examen face au catho. Ces thématiques permettent de comprendre dimension conservatrice du parti de l’ordre qui se met en place des 1849 dans la perspective des élections législative ac ce moment d’angoisse quand pense que plus de dynastie de rechange en 1848-49. Comité de l’union électorale créée par la réunion de la rue de Poitier à cette époque a comme slogan « ordre, propriété, religion », éclatera face au Bonapartisme, qui apparaitra bcp plus conservateur que qd était au suffrage. A partir de toutes ces dimensions, comprend ce qui caractérise et oppose les droites FR : droite traditionaliste qui refuse la république, le marché / modérés qui se rallient à la république des que semble garrantir l’ordre, une partie de droite entend concilier l’ordre, l’héritage de l’égalité du suffrage, attention plus forte aux classes populaires, amélioration de leur sort, c’est ce qui résume assez bien le courant bonapartiste, là ou autre courant + marqué par le refus de la république parlementaire. Acceptation, résignation, refus face à la république, telle est la question/tension qui traverse tout le 19eme s. diversité des forces de droites 2. Faiblesse des organisations et puissance des forces sociales de « droite » (32) La place des partis politique est + particulière du côté des conservateurs que radicaux ou socialistes car forces sur lesquels peut s’appuyer sont forces sociales liées à la propriété, religion. Rend des partis puissants un peu moins nécessaires alors qu’apparaissent vitaux du côté de la gauche, et partis plus faibles renvoient à des idéologies qui les valorisent moins et dc ressources, capital militant plus spécifique. A. L’ordre moral : une coalition hétéroclite Contexte de naissance de la 3eme Rep = domination de fait des royalistes puisque élections de février 1871 avaient emmené royalistes à l’AN. Royalistes vont jouer le suffrage universel pq apparait comme moyen de faire revenir le prétendant au trône. Ordre moral : 24 mai 1873, l’assemblée renverse le gvmt de Tiers, ce républicain qui travaillait à établir une république conservatrice, l’assemblée porte au pouvoir le Maréchal Mc Mahon, qui déclare le 25 mai « avec l’aide de dieu, le dévouement de notre armée qui sera toujours l’esclave de la loi, de l’appui de tous les honetes gens, nous continuerons l’œuvre de libération du territoire et du rétablissement de l’ordre moral dans notre pays, nous maintiendrons la paix intérieure et les principes sur lesquels reposent la société. Ordre moral : désigne ambiance au sortir de la Commune de Paris, au sortir de la guerre, expiation, pénitence, reprise en main, ambiance dont construction Sacré Cœur est bon symbole : reprise en main par église et autorité. Les légitimistes vont d’ailleurs reprocher aux orléanistes de ne pas avoir consacré la FR au Sacré cœur, d’avoir refusé que l’AN rende hommage au Sacré cœur. Cela révèle ls divisions de la coalition. Coalition de l’ordre moral est unie pour défendre la hiérarchie sociale, les classes dirigeantes, église, mais les bonapartistes semblent des alliés peu sures, les orléanistes se méfient des penchants autoritaires de tous et des penchants démocratiques des bonapartistes, bref situation de restauration de l’ordre moral mais dont on sent bien les divisions qui la travaille en interne. B. Du ralliement à l’esprit nouveau (33) A partir du moment où les républicains ont pris le contrôle des institutions de la Rep (Sénat et Assemblée), république s’enracine, va se poser pour les droites la question des moyens d’action : seront-ils contre la rep ou dans la rep ? Contre la rep : tentative Boulangiste Dans la rep : le ralliement. Terme à comprendre comme ralliement des cathos et d’un certain nombre des opposants à la Rep, mais aussio encouragement de la papauté de ce ralliement à la rep. Jacques Piou (député qui avait été élu sur la liste monarchiste qui avait participé à la conspiration boulangiste et qui fera parti de ceux quoi comprendront nécessité de ralliement à la Rep) invente ainsi l’idée d’une droite constitutionnelle. Encouragé par le président du conseil Rouvier en 1887. Rouvier qui lui dit « vous êtes anticonstitutionnel, je ne peux pas me solidariser avec vous, mais si vous acceptez la République, non seulement je vous avouerais publiquement, mais en + je prendrai 2 des vôtres dans mon gouvernement. » Déclenche l’invention d’une droite constitutionnelle, groupe d’indépendants. Cette démarche de ralliement est encouragée au plus haut de la Papauté, Léon XIII. L13 va organiser un ralliement stratégique à la république, proposera que soit accepté le pvoir civil dans la forme ici de la révolution. L13 va adopter une encyclique le 20 février 1892, encyclique au milieu des sollicitudes, rédigée en FR, pas en latin, pq précisément dirigée pour les cathos FR. projet est d’encourager tous les FR à accepter la république, distinguer les gvt légal qu’il faut accepter de l’hostilité anticléricale qu’il faut combattre. Ce ralliement s’agit d’une synthèse originale, pas une alliance politique classique entre deux parties mais plutôt entre deux forces politiques et sociales assez complémentaires, d’un coté la république, de l’autre les catho qui restent une catégorie sociale qui a une influence considérable chez enseignants, hôpitaux, officiers, et ac un potentiel énorme d’électeurs. Passe au moment ou le parti républicain a besoin d’être + ancré dans la société (+ se méfient de l’extreme gauche depuis boulangiste pq contre répu) et où les catholiques cherchent à être représentés au niveau national (+ les cathos ont échoué en soutenant Boulanger en 1889, dc fin de l’espoir pour légitimistes monarchiques de renversement du régime). Intérêts réciproques et aussi au rapprochement entre FR et Vatican (Jules Ferry désire obtenir appui du Vatican) Ralliement reste quand même mal vécu par bcp de catholiques : marquera le départ de la division des catholiques en politique. Il disloque en qques sorte alliance entre catholicisme et monarchie, autorise certains catho à s’orienter vers ce qui sera plus tard la démocratie chrétienne, alors que d’autres iront plutôt à gauche ou droite. A court terme démarche pas particulièrement payante : élections de 1893 sont désastreuses pour les ralliés, réaction hostile de nombreux cathos, et de nombreux monarchistes à l’intervention de la papauté, augmentation de l’abstentionisme. Il ne s’agissait pas de former un grand parti catholique, mais plutôt que opportunistes et républicains modérés constituent un grand parti conservateur, attaché à la défense sociale et contre le socialisme. A partir de là, la République ne se confond plus avec la gauche. Un quotidien de province existe encore parmi les publications créées pour soutenir le ralliement : Ouest éclair qui deviendra Ouest France en 1944. Ralliement avait déjà été celui de nombreux fidèles qui votaient républicain, il y avait déjà eu ralliement en quelques sortes au niveau social avant qu’il se fasse au niveau politique. 1893-1898, période de ralliement se manifeste aussi par ce qu’on appelle esprit nouveau, qui est cet esprit de réconciliation mis en avant par les républicains de gvmt à l’égard des droites. Si les monarchistes, pour certains, persistent à refuser cet esprit nouveau, tous ceux qui ne sont ni radicaux ni monarchistes s’y retrouvent, c’est le cas lors du gvmt de Jules Méline 1896-1898. Eugène Spuller gambettiste, sera un des porteurs de cet esprit nveau. Période dc d’organisation des droites, début organisation partisane, revue, assos, union, comité, mais retour à la bipolarité dans les années 1899-1900 avec Affaire Dreyfus, gvmt de défense républicaine, ministère Combes, mais a quand même ouvert un espace à ceux qui ne sont ni monarchistes, ni radicaux, ni, à gauche, socialistes. C. Le lent glissement à droite de certains républicains opportunistes (34) On observe l’éclatement du vaste magma républicain qui se trouve au centre du régime. Aussi période à droite d’apprentissage du régime politique, même s’il faut garder à l’esprit que les partis sous la 3eme Rep restent peu structurés, et encore moins à droite : on cherche des électeurs plus que des militans. Signification de basculement à droite de la part d’un certain nombre de républicains du gvmt, on peu prendre l’exemple de 2 organisations : a. Les modérés de l’Alliance républicaine démocratique (ARD) Cette ARD sera créée en 1901, regroupe des républicains convaincus, mais des républicains de gouvernement (Jules Siegfried, Raymond Pointcarré). Ces personnalités de gouvernement, qui à l’origine s’alliaient plus à la gauche et radicaux, vont peu à peu s’inscrire dans des alliances conservatrices, notamment après guerre 14-18. Ce qui les rassemble, c’est qu’il s’agit de ceux qui, après l’affaire Dreyfus avaient rejoint le mouvement de défense Républicaine de Waldeck Rousseau, bref ceux qui avaient pris parti pour la république et pour le capitaine Dreyfus, contre le cléridanisme. Cohérence idéologique de ce mouvement pas énorme et sont donc ds une position de l’entre-deux, ni réaction, ni révolution, approche pragmatique, attachement à l’ordre et au libéralisme économique. Ex se retrouve bien dans la figure d’André Tardieu. Il reste méfiance à l’égard du cléricalisme comme principal caractéristique de leur orientation idéologique. Cette organisation (l’ARD) sera un grand réservoir de chef de gvmt sous la 3eme rep à partir années 20. b. Les conservateurs de la Fédération Républicaine FR fondée en 1903 par Eugène Motte. La encore c’est sous l’affaire Dreyfus que s’est dégagé ce mouvement, plus à droite, plus conservateur, regroupe ceux qui ont refusé le gvmt de défense républicaine, ceux qui considéraient qu’il n’y avait pas d’Affaire Dreyfus (pour reprendre Jules Méline). Cette organisation comptera près de 3 000 cotisants au milieu des années 20 dc pas parti de masse, organisation très composite, dont l’origine est républicain mais on trouvera partisan de réforme autoritaire de l’état voire plus tard des qui rallieront le régime de Vichy. Seront rejoint par membres d’un autre parti, catholique, l’alliance libérale populaire en 1919 ce qui le portera un peu plus vers la défense des libertés religieuses. Parti principalement ancré dans Est France. De nombreuses forces de droite pouvaient s’appuyer sur la force sociale du catho en FR, tous les cathos n’entendaient pas entrer en politique en tant que cathos, certains envisageront mais sans que cela soit de façon unifiée. D. Les divisions des catholiques en politique (35) Fondamentalement, c’est le catholicisme social qui sera tres tot une des premières manifestations du catholicisme en politique. Ensuite d’autres (alliance libérale populaire ou tentative de courant démocrate chrétien). a. Le catholicisme social comme conservatisme Point essential, le catholicisme social est d’abord un conservatisme. Des avant la rep, des première moitié 19ème s’affirme un courant catho en politique, qui n’est absolument pas une pensée de gauche mais qui est une pensée sociale. Le contexte est celui des lendemains du congrès de Vienne ou grande question pour le mde catho est celle de restauration de ses droits. Moment où les ultras se manifestent, or une nvelle classe dirigeante s’oppose peu à peu aux ultras (ie ultra-légitimistes, partisans de l’ordre traditionnel). Cette classe montante est la classe orléaniste, bourgeoisie d’affaire qui se ralliera au régime de 1830, qui sera à l’ origine de lois défavorables aux ultras et qui défend industrialisation et commerce, or ce groupe émergent suscite l’agressivité/frustration des ultras, du vieux monde catholique inquiet face à ces transformations sociales, d’où l’émergence d’une pensée catholique sociale particulièrement hostile aux effets du libéralisme, surtout économique, et qui pour lutter contre les orléanistes, pour défendre les droits de l’église catholique, va revendiquer des libertés politiques pour défendre les droits traditionnels du monde catholique et va utiliser la thématique sociale pour lutter contre les libéraux orléanistes. Dans les années 1830-48, l’église va finalement soutenir la monarchie de Juillet, plutôt que le désordre, même si la monarchie de Juillet est doublement haïssable pour ces ex ultras, indignés (ou qui se découvrent indignés) par les misères du peuple et par l’industrialisme. Et on voit émerger une série, parfois de franc tireurs de l’église, comme Lacordaire, ou Lamennais, ce dernier qui développe une pensée en faveur de la décentralisation d’un parti catholique, une pensée anticapitaliste, ancien prêtre qui renoncera au sacerdoce et qui va dvper cette pensée pleine d’amour pour le peuple en soutenant que le pauvre peuple qui travaille est ce qu’il y a de meilleur de la société (sera excommunié en 1834 mais précurseur de catho social, utilisant certains aspects du libé politique). Pour comprendre l’évolution des cathos en politique, faut aussi prendre en compte la position de la papauté. En 1864, Pie 9, dans un contexte ou Rome est de plus en plus menacé, notamment par l’unité Italienne, récapitule dans le syllabus, catalogue de 80 articles, les erreurs de notre temps (= individualisme, libéralisme, socialisme et capitalisme). Affirme que société qui soustraite aux lois de la religion et la vrai justice ne peut avoir d’autre objectif que d’accumuler les richesses. Dc de façon paradoxale, la pensée sociale qui se dvpe dans les milieux catholiques ne tombe pas du tout à gauche, elle rejette à la fois le socialisme et le libéralisme et naissance d’une doctrine sociale de l’église (une autre encyclique de 91 donne à l’église les éléments de sa doctrine sociale, dénonce la misère des travailleurs livrés à la voracité des patrons, affirme que le socialisme ne constitue pas une solution, admet l’intervention de l’état sur qques éléments limités : repos dominical, horaires, conditions de travail, mais on observe bien que c’est dans les milieux les plus traditionnalistes que se recrutent les tenants du catho social : les gens comme Frédéric leplay, auteur du grand ouvrage d’enquête sur les ouvriers EU, paru en 1855, Albert Demain, … qui réfléchissent à une protection des pauvres/ouvriers, considèrent que la propriété est un droit relatif, vont favoriser la naissance d’une pensée paternaliste de droite, soucieuse d’un relatif bien etre des ouvriers. A coté de l’émergence de cette pensée catho sociale dans les milieux traditionnalistes, voit se dvper un parti plus spécifiquement catholique : b. L’Alliance Libérale Populaire Fondée en 1902 par Jacques Piou, inventeur de la droite constitutionnelle, dans un contexte de mesures anticléricales, sur le thème de la défense de la liberté religieuse, orga qui aura une audience large, recrutera chez catho conservateurs (patronat par exemple) que certains rangs du catho social. ALP va incarner le conservatisme catholique entré en politique. Comme les autres partis de droite, cette orga n’utilise pas le terme de parti, alliance plutôt, important pq « parti » plutôt mal vu à l’époque à droite. Pourtant alliance qui se rapproche le plus d’un parti : compte jusqu’à 250 000 adhérents, 2000 locaux en 1890. Themes défendus : ceux de la réforme de l’état par représentation proportionnelle, représentation professionnelle au Sénat, réforme pacifique, organisation des professions… ne fait pas l’unanimité chez les catholiques, et en 1919 rejoint la fédération républicaine. c. L'échec de la démocratie chrétienne en France Question qui a toujours intéressé les historiens : pq nos voisins GE et autre ont des partis démocrates chrétiens et pas nous ? pas faute d’avoir essayé : on peut considérer qu’il y en a même 2 qui vont se développer, l’une vers 1840, l’autre fin 19ème. Ralliement ouvrait la voix à la fois à l’ALP, la démocratie chrétienne, voir plus tard à l’action française, ne pouvait y avoir des cathos de gauche que parce qu’y avait des cathos de droite. Vont se développer des formes de cathos sociales réformistes, démocraties chrétiennes, comme Léon Armel, et ses cercles, action sociale catholique en FR, va organiser son usine comme une communauté chrétienne, défend l’idée que la démocratie n’est pas la bonté verticale de haut en bas mais organisation du peuples par le peuple, dans des cercles, avec des patrons qui s’intéressent aux peuples, du fait de leur devoir, avec la possibilité d’une ascension populaire, les Abbés démocrates aussi, d’origine plus populaire, des zones rurales, qui vont défendre l’idée d’une démocratie chrétienne, qui vont tenter de former un parti démocrate chrétien ac 4 thèmes : protection de la famille, protection du travail et de la justice sociale par l’état, règlementation de l’économie, organisation syndicale des professions. Le plus important courant qui aurait pu incarner la démo chrétienne est le Sillon, organisation de Marc Sangnier qui nait dans un contexte d’anticléricalisme virulent puis de séparation église/état. Sangnier est au départ un jeune polytech qui se lance dans l’éducation populaire, les mouvements de jeunesse, il s’agit de jeunes de milieux très aisés qui essaient d’agir dans le domaine social et qui considèrent que la démo a besoin du catho. Rien n’oblige, selon l’idée de Marc Sangnier, les cathos à être démocrates, mais pourtant eux le sont car pensent que seuls le catholicismes peuvent aider la démocratie. Aurait pu être la prémice de cette démo chrétienne à la FR à ceci près que la crispation de l’épiscopat FR va être très forte autours du Sillon, et qu’il sera donc condamné par Rome, pape qui demandera à Marc Sangnier de mettre le mvt sous la direction des évêques de FR et de redevenir un mouvement seulement religieux plutôt que politique. Tentative la plus aboutie. Les très fortes divisions des catho en politique, échec de mise en place de démo chrétienne, qui de toutes façons se dvpera plutôt après la 1ere GM, plutôt en IT, ES, GE, et montrera les difficultés pour les cathos à rentrer en politique. 3. Antiparlementarismes et droites extrêmes (36) La fin du 19eme va marquer le début d’une remise en cause radicale de la démo parlementaire en FR. plusieurs traduction : basculement à droite du nationalisme qui ne va plus s’embarrasser de la république, le dvpt d’une force politique atypique, l’Action FR, le dvpt d’une agitation violente qui se traduira notamment par une ligue des années 30. Immunité FR au fascisme est peut etre plus fantasmée que réelle. A. Un nationalisme qui bascule à droite (1871 et 1889) Républicains en période monarchique, le nationalisme va devenir monarchique en période républicaine. Au travers de grands axes, la lutte contre le parlementarisme, défense de l’amrée, antisémitisme, xénophobie, l’idée de la grandeur nationale à relever, l’idée d’une doctrine économique et sociale. On observera même le basculement de certaines initiatives au départ lancées partiellement à gauche, dans le cas du boulangisme, qui vont devenir peu a peu entreprises de droite. Contexte : humiliation de défaite de 1871 face à l’Allemagne, thématique de la revanche, reproches à certains de se lancer dans l’aventure coloniale (Ferry) plutôt qu’essayer de rebattre l’Allemagne, et crise économique de 1882, valse des ministères. Dans ce contexte nait la ligue des patriotes en 1882, au départ fondée sur l’initiative de Gambetta, grand républicain, et son propos est de fonder une commission qui stimule l’esprit patriotique, les aptitudes physiques des concitoyens, et celui qui était ardemment républicain, Déroulède, leader de la ligue des patriotes depuis la mort de Gambetta, va basculer, manifester un fort antisémitisme, rejoindra le boulangisme, et défendra l’idée que la Rep est impuissante et que pour la réformer il faut une république fondée sur le plébiscite, contact direct entre dirigeant et peuple par plébiscite plutôt que sur parlement. Cette ligue des patriotes dissoute en 1889 sera reconstituée en 1897, elle préfigure les ligues de l’entre-deux guerres. C’est évidemment le boulangisme qui marquera ce basculement du nationalisme de gauche à droite. Le Général Boulanger était ministre de la guerre en 1886, très populaire, démagogue, qui avait rétabli la célébration du 14 juillet, au début plaisait beaucoup aux radicaux avec les slogans style « les curés sacs au dos » (pq curés étaient exemptés du service militaire) et autour de Boulanger va se dvper une campagne de la revanche, on espère que Boulanger permettra de battre l’Allemagne, de s’en venger, et peu a peu les bonapartistes se rallient à Boulanger qui exprime des aspirations populaires et Boulanger devient symbole du nationalisme revanchard, commence à inquiéter les gouvernements républicains, sera muté, manifs se dvpe en sa faveur, Communards se rallient à lui aussi. Jusqu’au bout, Boulanger aura ce mélange de petit bout d’extrême gauche et de conservatisme. Boulanger compte sur les élections de 1889 mais n’aura de succès qu’à paris et dc il sera menacé d’être traduit en haute cour par le Ministère de l’intérieur et se suicidera sur la tombe de sa maitresse. A retenir : ce passage du nationalisme de gauche à droite. Jusqu’alors nationalisme était valeur de gauche, et passe valeur de droite. Nationalisme, opposition violente au régime, antiparlementarisme, militarisme, appel à l’homme fort, doublé d’un certain réformisme publicitaire. Une majorité des droites s’était manifestée en faveur du G Boulanger. L’autre grand clivage et moment de basculement potentiel, sera le moment des oppositions autour de l’affaire Dreyfus, et le dvpt de toute une série de théories nationalistes et d’ouvrage/organisations, comme Drumont qui dvpera très fortement les pensées antisémites en FR, qui écrira « la FR juive » en 1885, qui va ancrer l’antisémitisme à droite à cette époque alors qu’on trouve aussi antisémitisme à gauche anticapitalisme, considère que capitalisme est lié aux juifs, et dc à ce moment que l’antisémitisme devient plutôt pensée de droite. Drumont dvpe aussi une pensée de rejet des élites, et voit aussi se dvper des pensées très conservatrices à cette époque comme chez Barrès, Peggy, Maurace, trois grand théoriciens du nationalisme FR, théorie de l’enracinement dans un très fort antisémitisme, caractère xénophobe d’une pensée anti-intellectualiste dans laquelle les étrangers seraient dangereux à la république, Barrès qui deviendra président de la ligue des patriotes, appelle à la der-des-ders, frénésie antisémite, appelle à la virilité en l’enracinement. Peggy commence à gauche, socialiste, et s’orientera de + en + sur nationalisme, haine de ce qui selon lui corromp la FR, (bourgeoisie capitaliste, gauche modérée, dans un ton hyper virulent, presque de l’ordre de l’appel au meurtre, rapproche dans son style de l’action FR. B. L’Action française (37) Mouvement néo-royaliste est la plus importante des ligues créées fin 19eme, la plus importante en audience ou en durée. L’AF sera le principal lieu de contestation de la Rep après 14-18. L’AF est une organisation, un journal, un théoricien Charles Maurace. Son corpus doctrinal, idées, sont mélange de monarchisme radical, antisémitisme, antiparlementarisme. Il peut paraitre paradoxal que cette doctrine appelé néo-royalisme apparaisse comme organisation d’avant-garde, alors que dans les années 20, l’AF se revendique comme le parti de l’intelligence et jeunes étudiants parisiens, quand entendent s’exprimer de façon très avangardiste, rebelle, vont plutôt à l’AF. L’AF hésitera entre 2 stratégies : le jeu électoral et la rue. En effet, l’AF aura des députés, jusqu’à une trentaine aux législatives de 1919, reflux lors du cartel des gauches en 1924, mais fait aussi parti de ces orga qui appellent à grande manifs qui dégénère en émeute devant l’assemblée nationale, février 34, orga qui a recours à la violence, insulte, appel au meurtre, menaces, bagarre. Pour expliquer cette explication entre les 2 stratégies, le recrutement même de l’AF explique l’ambiguïté. AF représente le monde cahto conservateur qui se sent menacé par le cartel des gauches, et des jeunes avant-gardes plus fascinés par l’autoritarisme qui se développe partt en EU (notamment fascisme et nazisme). L’AF est un journal qui se vend bien au sorties d’églises, soutenu par la Croix. AF : théoricien principal est Charles Maurace, théoricien du nationalisme intégral, auteur de l’enquête sur la monarchie, fondateur de l’AF, mourra en prison après la libération (condamné pour s’être rallié au régime de Vichy), auteur de 2 expression « divine surprise » pour qualifier la défaite face à l’Allemagne en 1940 et de l’opposition entre ce que serait le pays légal (Parlement) et pays réel. CM va théoriser un nationalisme monarchique, idée que Rep est le mal absolu, idée qu’autorité et autoritarisme sont nécessaires pour le bien de la nation, le libéralisme éco est contestable, qu’il existe une anti-FR qui serait le regroupement de 5 états confédérés : socialistes, juifs, protestants, métèques et Francs-Maçons = moment de synthèse entre autoritarisme nationaliste et le traditionalisme contre-révolutionnaire. Nombreux débats pour savoir si AF était de type fasciste. Sur le plan doctrinal, décentralisation dans le pays, pas fascisme, il n’empêche que la doctrine de l’AF a très largement contribué à l’effondrement du régime par sa critique virulente des institutions parlementaire, condamné explicitement par le pape en décembre 1926 du fait de l’athéisme de Maurace et du caractère extrême de l’organisation. C. L’agitation ligueuse des années 30 (38) La violence dans les années 30 pas limitée à l’AF. Tt un ensemble de ligues qui se mobilisent dans un contexte d’anticommunisme croissant, d’inquiétude face à la victoire du cartel des gauches en 1924 et de critique du régime. Exemples étrangers montrent la fragilité des démocraties face aux mobilisations en faveur de l’ordre : marche de Rome en 1922, Poutch d’Hitler… forces de gauche se mobilisent aussi de façon très organisée, ex transfert des cendres de Jean Jaurès au Panthéon en 1924, les partisans du transfert ou cortège organisent le défilé comme militaire ac drapeau rouge et c’est un important moment de violences de rues entre les organisations socialistes, communistes et de droite dans l’affaire de la rue Danrémont (4 morts, 7 blessés chez les jeunesses patriote, ligue d’extrême droite). Il faut avoir à l’esprit le contexte de l’après-guerre. Esprit de 1919. Tte une génération a fait l’expérience de l’obéissance et du sacrifice dans un cadre militaire. On est dans un contexte de culte du chef charismatique, notamment chez les anciens combattants, de fidélité des troupes aux chefs, gout pour violence, nombreuses ligues apparaissent à l’époque. Aussi organisées que les partis ne le sont pas. La plupart de ces ligues ne se présentent pas aux élections mais jouent le jeu de l’organisation. Certaines organisées à l’origine pour défendre des intérêts sectoriels, ttes ne sont pas fascinées par le fascisme, toutes ne sont pas révolutionnaires, mais rien ne permet de dire qu’elles n’auraient pas pu basculer d’avantage vers le fascisme. Ont fortement contribué à délégitimer et affaiblir la république. Autre que AF : fédération nationale des contribuables, créé en 1928, au début mouvement contre l’impôt (sur le revenus), se radicalise au début des années 30, 700 000 adhérents, participera a l’émeute de 34, les jeunesses patriotes créées en 1924 par un riche industriel, fort recours à la violence, organisation presque spécialisée dans les bagarres de rues, contera une 100aine de milliers d’adhérents qui sera dissoute par le front populaire en 1936, les chemises vertes, référence fasciste, mouvement de défense paysanne pour paysans endettés, contre contrôles fiscaux… proche idéologiquement de l’AF, pres de 400 000 adhérents, et la ligue des croix de feu, anciens combattants au départ, défend le patriotisme, solidarité, critique parlementarisme, référence plutôt catho sociale, paternaliste, comptera 100 000 adhérents et à la dissolution de 1936, se transformera en parti social français, qui compte 800 000 adhérents : 1ere force de droite. Aucune de ces organisations se réclament du fascisme même si par leur thématique ser approchent. Pourtant nombreuses conditions de succès du fascisme sont réunies : inquiétude des anciens combattants, des proprios, critique des institutions, antisémitisme, et reçoivent des sommes considérables de la part des milieux d’affaires. A côté de ces organisations, qui ne veulent pas avoir l’air d’imiter les orga fascistes étrangères y a organisations qui se rapprochent du fascisme : les faisceaux de George Valois, 1925, référence explicite au fascisme, le Francsisme de Marcel Duquart 1933, Solidarité FR de Coty ou encore le Parti populaire FR de Jacques Doriaut. Nombre de ces orga et membres donc assez important. Mouvement le plus caractéristique = 6 février 1934 qui suit l’affaire Stavisky, scandale financier trouble qui avait impliqué des complicités Franc Maçonnes. Manif du 6 fevrier à laquelle avait appelé l’AF va être une manifestation où les organisations ont des buts différents : certaines veulent renverser le régime, d’autres seulement le déstabiliser, auraient pu renverser la Rep, même si juste abouti à remise en selle d’un vieux routier de la politique, mais moment d’intense violence/inquiétude pour la REp. D. Fausse immunité démocratique et ralliements à Vichy (39) Rien ne permet de dire que l’échec des ligues jusqu’à Vichy signifiait que la Rep était immunisée contre extrémistes/fascisme. Le basculement : conditions = défaite militaire de 40, dé légitimation tres violente du régime qui s’en suit, appel à Pétain, qui considère que la démocratie parlementaire a perdu la partie et que régime nveau nécessaire juillet 1940, au moment ou l’AN réunie à Vichy donne tous les pvoirs au gvmt de la rep sous la signature et autorité de Pétain, a l’effet de promulguer, par un ou plusieurs actes une nvelle constitution de l’état FR, qui devra garantir les droits du travail, famille et patrie. Dc pas liberté et démocratie. Cette délégation des pleins pvoirs est approuvée par 369 voix contre 80 parlementaires. Mise en place de régime qui va jusqu’à collaboration, expatriation des juifs, création d’une milice parfois plus idéologue que l’occupant lui-même ; Emmène à se poser la question d’un fascisme à la FR. une partie des historiens du politique en FR, notamment René Raimond défendent idée qu’il y aurait eu une allergie FR au fascisme, qu’il y aurait eu certains fascismes réels mais minoritaires, du côté de Georges Valois, mais que FR pas véritablement fasciste, juste badigeon fascisme sur le vieux nationalisme FR, idée que les croix de feu étaient plus proche de mouvement de jeunesse, plus imitation des fascistes que vrai. A l’inverse, certains auteurs défendent l’idée que la matrice meme du fascisme aurait été FR, en considérant par ex que la pensée de Maurice Barrès porte déjà tous les germes de la pensée fasciste. Question n’est pas de savoir si FR immunisée ou pas, plutôt lecture rétrospective : trop facile de raisonner à la fin de l’histoire et de dire que parce qu’un régime authentiquement fasciste ne s’est pas mis en place, et régime particulier, FR immunisée. Déroulement d’une crise, échec de février 34, ne veut pas dire que FR n’avait pas le potentiel de basculer comme vu au travers des adhérents des ligues, frustration chez anciens combattants… toute une série de conditions du basculement étaient réunies. Difficile de penser dc qu’immunité démocratique face au fascisme. Avènement du régime de Vichy clos un cycle : au lendemain de la libération, certaines forces politiques apparaissent comme discréditées, certains régimes aussi, et ne semble pas possible de revenir au régime de la 3eme Rep. Pourtant changement qui vont marquer le jeu de la vie politique pas que ce changement, aussi transfos plus profondes de la façon de faire de la politique. LEÇON 6. IV ET V RÉPUBLIQUE : DES BOULEVERSEMENTS QUI NE SE LIMITENT PAS AUX CHANGEMENTS DE RÉGIME POLITIQUE e e (40) Evolution des forces politiques FR entre les années 20 et aujourd’hui : Années 20, grands partis politiques : Parti radical, de la république, défenseur de la laïcité, fondé en 1901, la SFIO fondée en 1905 et le Parti Communiste FR fondé au Congrès de Tours, lors scission de SFIO. 3 principales forces politiques, droite semble faible au niveau organisation même si compte beaucoup de députés. Fédération républicaine, principal mvt conservateur du 20eme s, qui refuse l’alliance des radicaux, alliance républicaine démocratique, plus modérée, regroupant républicains et démocratique, et l’Alliance libérale populaire, mvmt à référence catholique, qui disparait quasi e 1919. A coté, mvt droite extrême actives dans la rue et peu au parlement. Que donne un instantané de la vie politique à la libération. Résultats législatives, premier tour, de l’élection à la constituante de 1945 et aux législatives de 1946, comparé aussi aux législatives du 9 juin. (Fascicule) Constituante de 1945 : ¾ des voies monopolisées par 3 forces qui obtiennent 23-26% des suffrages : le PCF, le MRP et la SFIO. Egalement les modérés, les radicaux et le centre gauche. A peu près même chose législatives de 46. Aujourd’hui : 9 juin 2002 : UMP 33.3%, PS allié radicaux à 25.6, FN 11.3, PC 4.8, verts 4.5 Constate changement d’appellation des partis et des acteurs principaux de la vie pol FR. aujourd’hui grand partis politques FR sont les pré-cités. En 85 ans : 2 nvelles organisations partisanes apparues dont l’idéologie était sous-représentée dans le jeu des partis politique (extrème droite), voire absente (écolo). Modif du rapport de force au sein de la gauche puisque PS passe devant le PC, changement de nom de SFIO qui devient PS, changement des partis de la droite modérée, et disparition du MRP, grand parti centriste de la libération. Si nous avions envisagé les résultats électoraux sous 5eme rep aussi succession de noms. Comment passé d’une situation à l’autre, droite, gauche et relations entre. Certains aspects de la transfo de la vie pol hors basculement vers 4eme et 5eme rep car dvpt de ces forces politiques ne peut etre compris sans envisager transfo des façons de faire de la politique, transfo de penser de faire la politique et compétition pol. Aussi suppose éviter un certain nombre d’erreurs. (41) Erreurs : - clichés, par ex selon lequel la 4eme rep aurait été condamnée du fait de l’instabilité des institutions et du gouvernement - penser que tout change d’un régime à l’autre. Au contraire il faut réfléchir aux continuités, même quand la constitution change, quand les régimes politiques se succèdent, les hommes qui les peuplent ne disparaissent pas, continue d’agir, et souvent ayant en mémoire les pratiques du régime précédent, - transformations sociales sont fondamentales pour comprendre les transformations politiques, transfo du mde du travail par ex, augmentation de la population urbaine, du niveau d’éducation, autant d’éléments qui depuis 1945 ont transformé le comportement des électeurs autant que le changement d’institution ou de suffrage ; A. A. Le régime et le personnel politique de la Libération : une rupture ? (42) Evidemment thématique de la rupture qui parait la plus évidente pour décrire le régime qui se met en place à la libération. Les autorités en place sont discréditées, ont disparu, enfuies, arrêtées, les autorités admin qui en dépendaient ont abandonnées leurs fonctions sans oppositions. Il parait difficile d’invoquer à nouveau une chambre des députés et un Sénat qui ont participé à leur propre disparition en 1940 en votant les pleins pvoirs au Maréchal Pétain et dc se discréditant. Enfin ds un pays entièrement désorganisé ac forces allemandes encore actives dans l’est de la FR, avec 1 million de FR encore détenus en GE (déportés, prisonniers, service travail obligatoire) parrait difficile de mettre en place des élections. A partir de sept 44, le pvoir est exercé au travers d’une synthèse de la résistance extérieure représentée par De Gaulle et le gvmt provisoire de la République FR à Alger depuis aout et de la résistance intérieure, représentée par le conseil national de la résistance, le CNR, résistance qui avait été unifiée à la demande de De Gaulle. Le nveau gvmt provisoire de la République FR en 44 fédère l’ensemble des résistances d’obédience différentes, programme extrêmement social. Comment se manifeste la rupture : rupture avec le personnel de Vichy, ceux qui ont collaborés avec l’Allemagne. Rupture que le terme d’épuration résume, épuration sous plusieurs formes : sauvage ou spontanée (élimination physique), par des cours martiales plus ou moins improvisées, exécutions sommaires d’anciens miliciens, dénonciateurs, profiteurs, agents de Gestapo, règlements de compte entre malfrats et même résistants, difficile de dresser le bilan de ces exécutions, De Gaulle parlait de 10 000 exécutions dans son mémoire, aussi les humiliations publiques avec les femmes tondues, mais épuration également légale et touche différents domaines. Environ 120 000 arrestations à la libération, plus de 160 000 dossiers transmis aux cours de justices avec de nombreux non-lieux (73 000), 40 000 personnes condamnées à l’indignité nationale, ce qui entraine dégradation nationale, droits civils et politiques, près de 25000 personnes condamnées à la prison, 13 000 aux travaux forcés, malgré tout l’épuration est plus clémente en FR qu’ailleurs, un peu moins de 800 exécutions réelles et les condamnés à l’indignité nationale retrouve rapidement leurs droits, et sur les 25 000 condamnés à la prison, plus que 13 000 en 48 d’être encore emprisonnés, 1 500 en 1952 et 9 en 1964. Même ambivalence en ce qui concerne l’épuration administrative, apparait difficile de trier entre ce qui relève de l’exécution et ce qui relève de l’épuration active, et malgré dizaine de millier de dossiers inscrits seulement une 40 aine de sanctions et 2 suspensions. Même problème pour l’épuration économique : tenté d’éliminer le marché noir, profiteurs, de l’autre, activité éco tellement désorganisée qu’il parait difficile de frapper encore sur les commerçants, même ceux qui en ont profité dans la guerre. En ce qui concerne l’église, alors que de nombreux archevêques, évêques, ont salué l’avènement du régime de vichy, épuration quasi inexistantes dans l’église, quelques démarches seront initiées par le Vatican. Epuration marquante en ce qui concerne la presse : la presque totalité de la presse d’avant-guerre disparait, tout journal qui avait continué à paraitre en zone nord après la défaite est interdit, et arrivée à la tête de nombreux journaux de cadres issus de la résistance. Malgré tout, meme dans domaine de la presse, limites à long terme ex patron du principal groupe de presse FR avait diffusé à Paris pendant la guerre le Pilori, journal collaborationniste, et avait créé dans le Val de Marne un camp Vichiste d’embrigadement de la jeunesse en région parisienne qui recevra le nom de Maréchal Pétain, et Robert Hersan parlera plus tard de ces activités comme erreurs de jeunesse mais sera jusqu’en 96 le responsable du Figaro. Rupture en matière sociale et en ce qui concerne la limitation de l’intervention du rôle de l’état dans l’économie (comme jusqu’alors). Jusque-là, la thématique de l’intervention de l’état dans l’économie semblait réservée aux communistes et socialistes, sera a la libération très utilisée par De Gaulle, et on connait en effet le programme du conseil national de la résistance et la volonté d’instaurer un ordre social plus juste qui passe par la nationalisation de certains grands moyens de production, certaines sources d’énergie, un plan complet de sécurité sociale, thématique du droit au travail inclus dans le préambule de la constit de 1946, donc on voit à la libération fort volontarisme économique se manifester (nationalisation), forte volonté planificatrice, naissance sécu sociale ac mélange objectif de stabilité sociale, émancipation de travailleurs salariés. Terme de rupture désigne aussi rupture politique : dé légitimation des droites et radicaux qui apparaissent comme discrédités, qui, au mieux, dans le cas des radicaux, n’ont pas su perpétuer la 3eme rep et la protéger, et au pire soupçonnés de collaboration dans le cas des droites. Autre aspect de la rupture politique : prestige du PCF à la libération, sa domination politique, en terme de nombre de députés/militants, qui va bénéficier de sa réputation de parti des fusillés, selon l’expression de l’époque, PC qui n’a pas pris le pvoir en 1944 (crainte de ses opposants), surement sous l’ordre de Moscou quand il fallait finir la guerre, alors que plus tard glissera vers guerre froide et conflictualité sociale. C’est l’apparition tres rapide également de 2 nvelles forces politiques, en 46 et 47, d’une part le MRP (mouvement républicain populaire), organisation fondée en nov 1944 qui s’inscrit dans le courant de la démocratie d’inspiration chrétienne bien que sans référence nette au catholicisme, un parti qui tente d’effectuer une synthèse complète, rendu possible par le role de la guerre, par démocrates chrétiens dans la résistance, et dont les principaux dirigeants sont Maurice Shumann, Georges Bidau, parti qui a d’autant plus de succès au sortir de la guerre qu’il n’existe pas de parti Gaulliste, ce qui fait de ce parti le parti le plus proche de De Gaulle. Parti qui à l’origine avait tenté de se positionner centre gauche et glissera centre droite. Electorat plus conservateur que dirigeants. Et aussi organisation fondée par De Gaulle en 47, le Rassemblement du Peuple Français. De Gaulle pas rappelé au pouvoir après sa démission en janv 46, malgré l’adoption d’une constitution à laquelle il s’opposait, et RPF attirera des centaines de milliers d’adhérents (même si reflux ensuite), malgré tout pas succès compte tenu du refus du parti, surtout de De Gaulle de jouer le jeu des partis et surtout des institutions. Cinquième aspect de rupture : rupture institutionnelle. Première rupture : le fait de recourir au référendum pour demander au peuple si met en place une nvelle constit et si le pouvoir de l’assemblée sera limité à cette mission constitutionnelle. Référendum pas bonne presse sous la 3eme République (hostilité au Bonapartisme). Rupture avec le contenu même des institutions, avec un poids considérable donné à l’assemblée. Avec pratiquement aucune limitation fixée au domaine de la loi, temps de siège de l’assemblée ni conditions de travail. Il y a cette idée que l’assemblée ne doit pas déléguer son pouvoir législatif au PM, ce qui signifie que le gouvernement est véritablement soumis au bon vouloir de l’assemblée, maitresse de son ordre du jour. Enfin, il faut se mettre dans l’état d’esprit des constituants (avant de se pencher sur les difficultés des pvoirs constit et institutionnels de la 4ème République). Au moment où s’apprête à mettre en place un nveau régime, la majorité des constituants pense que c’est plutôt la faiblesse des institutions qui a contribué à la faiblesse du régime de la 3eme Rep. Pour eux, contrairement à ce que pense De Gaulle, le régime des partis n’est pas un problème, au contraire, la formation d’un gouvernement composé des partis les plus disciplinés, organisés, apparait comme un gage de succès, comme la condition du bon fonctionnement des institutions. Cette croyance sera démentie partiellement par la toute puissance des partis, par le rôle de leurs états major, malgré tout il faut prendre au sérieux cette confiance qui est posée à la libération dans les partis politiques. Sur le plan institutionnel, il faut garder à l’esprit que le mode de scrutin sera le scrutin départemental de liste à représentation proportionnelle. Ce qui limite la rupture, c’est que le personnel politique de la 3eme république n’a pas entièrement disparu de l’assemblée de la 4ème république, beaucoup de socialistes comme Léon Blum, certains radicaux comme Pierre Mendes France, sont encore présents. B. Les séquences de la IV e république : tripartisme, troisième force, retour des droites, expérience Mendès-France et crise algérienne (43) Il s’agit de récapituler quelques points de repère chronologiques. On va assister à la mise en place des rapports de force entre les organisations politiques. C’est un moment de tension entre forces politiques, notamment au moment du départ de De Gaulle, tension entre De Gaulle et le parti communiste, thématique d’une assemblée forte ou non. De Gaulle a beau être la figure de la résistance, c’est aussi quelqu’un qui entend défendre un pouvoir fort, et pas forcément un parlement fort, d’où un débat constitutionnel intense. Lorsque la première assemblée constituante entre en fonction, elle confie à l’unanimité générale à De Gaulle le soin de continuer à diriger le gvmt, mais les difficultés arrivent vite, notamment dans sa relation avec le communisme. Refus de confier des grands ministères (intérieur, affaires étrangères, défense…) au parti communiste, tout ces ministères qui commandent la politique étrangère, dans la mesure où De Gaulle se méfie d’un parti qui lui apparait comme dans le camp de l’union soviétique. Donc contexte d’incertitude dans un moment ou les partis communistes dans l’EU de l’Est accèdent au pouvoir par ces ministères. La solution est trouvée, Maurice Taurèze reçoit le titre de ministre d’Etat, titre prestigieux, mais les tensions sont forte au sein des organisations, De Gaulle démissionne en janvier 46 en annonçant qu’il a remis le pays sur les rails et que le système exclusif des partis a reparu. De Gaulle s’attendait à être rappelé rapidement au pouvoir mais ce ne sera pas le cas. Deuxième moment de cette période, le tripartisme, cad ce mode de gvmt entre le PC, MRP et SFIO. C’est la première formule institutionnelle d’alliance de début 46 à mai 47, où les trois partis signent une charte, forme de pacte de non agression, l’idée de faire la transition entre le gouvernement de De Gaulle et la mise en place de nouvelles institutions. Ce Yalta a plusieurs traductions : une répartition des ministères entre les partis politique (les socialistes qui récupèrent souvent le ministère de l’intérieur, de l’éducation nationale, de la FR nationale, une parti des ministères économiques, le MRP qui obtient les affaires étrangères, justice, armées, et communistes obtiennent une parti des ministères économiques et des ministères sociaux, production industrielle, travail, reconstruction, anciens combattants. Dans cette période, il s’agit de sortir le pays du provisoire, de permettre des réformes économiques et sociales, d’associer le PC français a la reconstruction, d’éviter la guerre civile, malgré tout, l’incertitude règne quant à la place à donner au PC et ses ambitions, dans un contexte où les PC sont en train de prendre le pouvoir dans toute une partie d’EU de l’Est. Les difficultés entre alliés se répercutent au sein du gouvernement, le 5 mai 1947, les ministres communistes sont révoqués suite à un vote au cours duquel députés et ministres communistes avaient refusé de voter la confiance au président du conseil à propos de sa politique de prix et de blocage des salaires. Ce qui est frappant, c’est qu’à ce moment là, on n’a pas l’impression que le PC va disparaitre du gouvernement jusqu’à mai 1981, mais le contexte est celui des grèves violentes, comme celles de l’automne 1947, contexte quasi insurrectionnel qui crée l’incertitude. Après le tripartisme, la nouvelle formule institutionnelle adoptée sera celle de la 3ème force, 1958-1961, qui, dans la pratique a correspondu à l’ensemble des partis politiques excepté PC à gauche et RPF à droite. Une troisième force dépendant avant tout des deux grands partis, SFIO et le RPF. Une des traductions de ce système de 3ème force sera l’adoption du système d’apparentement de 1961, ce système qui avait pour propos d’éviter la proportionnelle pure, puisqu’il mélangeait des éléments du système majoritaire et proportionnel, en effet les partis apparentés (ceux qui ont accepté de s’allier entre eux) se partagent l’intégralité des sièges à répartir à la proportionnelle. Le contexte contribuera à la désagrégation de la 3ème force et au retour vers la droite. Si on observe la composition de 46 à 51, les organisations de droite apparaissent comme participant de plus en plus au gvmt alors qu’à l’inverse la SFIO devient minoritaire. Ils s‘agissait donc d’un système, formule fragile, manquant de cohérence, qui malgré tout aura tenu la ligne de défense de la démocratie à un moment de basculement du coté de l’URSS, du coté des régimes d’EU de l’Est, régime qui sera attaqué à gauche et à droite et qui tiendra malgré tout, assurera croissance éco et continuité ministérielle. 1952, encore, marquera le retour des indépendants, cad des droites au pouvoir a travers l’expérience d’Antoine Pinay, tête de l’organisation des indépendants, qui avait été appelé par Pétain pour faire parti du conseil national de Vichy, qui avait été déclaré inéligible à la libération et cette inéligibilité sera levée ensuite et sera réélu à partir de 46. Image du notable traditionnel rassuré, il mena une politique de lutte contre l’inflation et qui chutera malgré tout et sera renversé, chutera sur la guerre en Indochine qui dure depuis 1947. 7 mai 1954, c’est pour la FR l’humiliante défaite de Dien Bien Phu. Pierre Mendès France est investit, appelé comme président du conseil le 27 juin 1954. Il s’agit d’un personnage atypique à tout point de vue, radical modernisateur perçu comme courageux en même temps que technocrate, qui sera victime d’attaques antisémites d’une très grande violence, et qui, contrairement aux radicaux de sa génération précédente s »intéressait aux problèmes économiques qu’il prenait au sérieux, et il sera perçu comme l’homme qui su faire la paix en Indochine (signature de l’accord de paix le 20 juillet 1954 à Genève), et qui su mettre en place une stratégie d’acheminement, négocier vers l’indépendance en Tunisie et au Maroc. PMF inaugure un changement de style en politique, l’idée qu’un politique peut agir sur la réalité, parfois perçu comme précurseur de la 5eme Rep par sa valorisation des forces technocratiques des spécialistes et techniciens plutôt que des forces partisanes ; les années 1953-1956 seront cependant avant tout marquées par la contestation Poujadistes, de Pierre Poujade, ce libraire papetier né dans le lot, qui crée en 1953 l’UDCA (l’Union de Défense des Commerçants et Artisans), et qui entend défendre les intérêts des artisans, des petits commerçants, des vieilles classes moyennes en déclin, dans le contexte de modernisation de l’après guerre (s’oppose à la pression des impôts, contrôles fiscaux et qui adopte le registre de critique des élites, d’anti-fiscalisme, critique de l’état, des fonctionnaires, du pouvoir intellectuel, met en avant le bon FR de base qui n’y arrivent plus et dont les troupes militantes feront preuve d’un réel antisémitisme, notamment dans la critique de PMF). Parmi les jeunes députés poujadistes de l’époque : JM Le Pen, élu député de Paris à 28 ans. Le contexte des décolonisations est important aussi à garder à l’esprit, et guerre/crise d’Algérie en particulier. Alors que les indépendances de la Tunisie, Maroc et Indochine sont acquises au milieu des années 50, la particularité de l’Algérie est qu’il s’agit d’une colonie de peuplement, cad près d’1 million de colons dans 8 millions d’Algérien, ce qui n’est pas le même type de décolonisation que pour un protectorat. Cela signifie aussi de fortes inégalités sociales, par ex seulement 10% des algériens sont intégrés dans les secteurs de l’économie moderne, seulement 1 enfant algérien sur 8 fréquente l’école. Le 1er novembre 1954 se déclenche une révolution armée dans les montagnes des Ores, à laquelle répond le déploiement des forces militaires, auxquels répondent des massacres d’Européens, auxquels répondent la torture, la bataille d’Alger qui commence en janvier 1957 et qui dure 9 mois. Le déploiement des forces armées est très vite important sur le terrain, avec 2 rappels de soldats en 55 et 56 et près de 400 millions sur le terrain. La radicalisation est d’autant plus forte à partir de 56, date où Guy Mollet président du conseil, socialiste, se rend à Alger et doit reculer devant les manifestations d’une population Européenne déchaînée, Guy Mollet qui accompagne la politique de pouvoirs spéciaux, de suspension des libertés en Algérie, et d’envoi du contingent avec la conversion des socialistes à une guerre dure (certaine tolérance à l’égard de la torture, de l’envoi de contingence, répression sévère et idée qu’on ne négocie pas avec le FLN – Front de libération Algérien- perçu comme un mouvement terroriste et comme une manifestation de l’expansionnisme des pays arabes). En fait, on observe des divisions de la classe politique, non pas sur le soutien à la colonisation dans les dernières années de la 4eme république, il est pratiquement impensable, sauf à risquer le suicide politique pour un homme politique, de se montrer réticent sur la poursuite de la guerre, donc le problème n’est pas tant le soutien à la colonisation et à la guerre qu’à la limite la dénonciation de la torture. Les seules formes d’opposition à ce qui se passe en Algérie porte sur la dénonciation de la torture et ce sont plutôt des intellectuels, journalistes, avocats, plutôt que des hommes politiques qui se saisissent de cette question. L’agitation, le refus des colons FR en Algérie, de laisser faire cette décolonisation qu’ils craignent, la tentation d’une partie au moins des forces d’armées d’aller du coté des discours d’ordre, explique l’insurrection d’Alger, la mise en place d’un comité de salut public, le 13 mai 1958. On parle alors de parachutistes qui seraient prêts à sauter sur la FR, on se demande si le cout qui se produit à Alger va dégénérer en coup d’état contre la république elle-même en FR. du coté socialiste on craint le fascisme, les communistes se préparent à entrer dans la clandestinité, et c’est dans ce contexte d’agitation, on parle depuis plusieurs semaines d’appeler De Gaulle, que René Coty demande à De Gaulle, fin mai 1958 de former un gouvernement. Face à l’inquiétude de certains, notamment à gauche, De Gaulle affirme que ce n’est pas à 67 ans qu’il va entamer une carrière de dictature, et se voit voter les pleins pouvoirs pour régler la crise algérienne et mettre en place une nouvelle constitution, le 3 juin 1958, ce sera la constitution du 4 novembre 58 puis son accès à la présidence de la république fin 58. De Gaulle jouit d’une marge de manœuvre considérable compte tenu de la confusion environnante et de la menace de coup d’état militaire. Malgré tout la situation en Algérie n’est pas réglée immédiatement avec l’avènement de la Vème république, et De Gaulle a très largement profité de l’ambigüité de ses soutiens. Certains croient qu’il va garder l’Algérie FR, il va falloir encore 2 ans ½ pour que l’auto-détermination de l’Algérie soit acceptée, référendum de janvier 61 puis les accords d’Evian en avril 62, le tout dans un contexte d’attenta de l’OS (organisation armée secrète, fondée en Algérie, hostile à la décolonisation), et les mobilisations ne vont pas cesser avec l’arrivée de De Gaulle au pouvoir, compte tenu des fortes inquiétudes sur ce qui se passe, la période est aussi celle de la répression de la manifestation du 17 oct 61, manif du FLN interdite et au cours de laquelle quelques centaines de morts Algériens à Paris, manifestation également du métro Charonne le 8 février 1962. C. Qu’est-ce qui change avec le passage de la IV e à la V e République ? (44) Instit de la Veme rep instaurent la mise en place d’un régime parlementaire rationalisé, cad limitation du domaine de la loi, maitrise de l’odj par le parlement, possibilité pour le gvmt de mettre sa responsabilité en jeu sur un texte, pouvoir fort du président, possibilité de lien direct entre président et peuple via referendum. Façon dont est rédigée la constit de la 5eme rep dans le secret plutôt que par assemblée constituante, marque une rupture par rapport au régime précédent. S’y rajoute aussi le retour du mode de scrutin uninominal majoritaire à 2 tours. On a ainsi coutume d’opposer les instit faibles de la 4eme et forts de la 5eme a. La IVe République était-elle vraiment condamnée par ses institutions ? la encore, comme pour fev 34 on ne peut pas déduire de la fin d’un processus qu’il devait fatalement se produire, on ne peut pas déduire de l’effondrement de la 4eme qu’elle devait fatalement s’effondrer a cause de ses instit. Quand il est dit du bien de la 4eme rep, c’est pour dire que bien que échec politique, victoire sociale, période de réalisation sociale, croissance également. Il faut se rappeler aussi que l’’immobilisme n’est pas le privilège de la 4eme, et se demander si n’importe quel régime, présidentiel ou parlementaire, n’aurait pas été confronté à l’instabilité des institutions dans le cadre d’une crise dans une colonie de peuplement (guerre d’Algérie) et au milieu d’autres processus de décolonisation, guerre froide, dans une société FR profondément clivée, dans un pays qu’il s’agissait de reconstruire. L’echec de la 4eme rep n’est pas si patent que l’on le pense. b. Prophétie gaullienne ou pari technocratique ? Pourquoi on y croit ? Prophétie gaullienne : en référence au fameux discours de Bayeux, 16 juin 1946, que prononce De Gaulle, première ville libérée par les alliés, et il prononce le discours à un moment particulier, au moment ou il n’est pas rappelé au pouvoir en 46, où une seconde constituante va se réunir et où De Gaulle, pour influencer la constituante choisi de développer ses idées institutionnelles, dans un discours qui dresse presque le portrait des instits de la 5eme république. Analyse souvent du discours pour dire a quel point De Gaulle a été le prophète de cette 5eme Rep. Il importe malgré tout de se demander si De Gaulle sans ceux qui le considéraient charismatique et sans ceux qui y font appel, aurait pu à lui seul mettre en place ces institutions, y a til charisme ou appel à un homme qu’on va charger de charisme ? bref, on ne peut pas comprendre l’avènement des gaullistes au pouvoir sans envisager la mobilisation de tout un ensemble de haut fonctionnaires, syndicalistes, planificateurs, d’élite modernisatrice, qui vont défendre un régime dans lequel l’assemblée aurait moins de poids et les experts et technocrates d’avantage. La victoire de De Gaulle n’est pas simplement la victoire d’un homme seul, mais de certains groupes/secteurs de l’admin, de clubs, comme le club Jean Moulin, réunit tous ces hommes persuadés de la nécessité de la modernisation de la FR. Bref, on ne peut pas comprendre un régime sans s’interroger sur ce qu’il permet à certains groupes, administratifs ou syndicaux. Politiquement, cela aura une traduction très claire dans les gvmt de De Gaulle et Debré, c’est le fort nombre de ministres qui ne viendront pas du parlement, choisis par De Gaulle en fonction de sa fidélité, de son passage par l’ENA, ses compétences technocratiques. Suppose de s’intéresser à la prééminence présidentielle. c. Prééminence présidentielle, ajustement inégal des partis politiques et bipolarisation Les législatives du 23 novembres 58 manifestent un choc ; effondrement du MRP, radicaux et centre gauche, et l’apparition d’une nouvelle force politique, l’UNR, qui capitalise plus de 17% des voix. L’allégeance qui est donnée à De Gaulle pour rétablir la situation en Algérie lui confère des marge de manœuvre considérables. De Gaulle infléchit très profondément, dès les premiers mois du régime, la conception première des instits de la 5eme rep, en concentrant les pouvoirs entre ses mains comme aucun chef ne l’avait fait en FR sous un régime démocratique. De Gaulle impose d’emblée l’image d’un président tout puissant, chef de l’exécutif, qui entretient une relation directe avec le peuple (utilisation répétée des référendums qui sont vécus/pensés comme véritables plébiscites et par l’utilisation systématique de la télévision pour s’adresser aux FR. le rappel incessant par ses opposants de la lettre du conseil constitutionnel, la critique du pouvoir personnel n’y feront rien, avant même que le président de la république soit élu officiellement en 65, le rôle du président devient la figure centrale de la 5eme rep. C’est cette prééminence présidentielle qui va bouleverser profondément le jeu politique, d’autant que le G De Gaulle obtient la révision de la constitution en 1962 après l’attentat du petit Clamart en procédant par un article qui, initialement n’était pas prévu pour se faire, l’article 11, pour mettre en place l’élection du président au suffrage univ direct. Or cette élection du président au suffrage univ direct va profondément transformer le jue politique, parce que tous les partis ne sont pas capable de suivre, les dirigeants de certains partis n’ont pas compris tout de suite qu’il fallait avoir un présidentiable, partis qui ont forte tradition parlementaire et pour lesquels le pouvoir se trouve au Parlement et auprès du PM et président du Conseil, pas président de la rep. Les partis de gvmt, dans ce cadre, ceux capable de rassembler les voix sur leurs noms, au second tour, vont être privilégiées par rapport aux partis d’opposition et par rapport à des partis dont on sait qu’ils ne pourront passer le second tour, à la présidentielle et aux législatives. A cet ajustement inégal des partis politique va s’ajouter un phénomène de bipolarisation forte du jeu politique : tendance de la vie pol en FR à être très structurée par une opposition droite-gauche, très liée également au mode de scrutin (uninominal majoritaire à 2 tours pour les législatives), qui oblige à rassembler au 2eme tour les voix de ceux qui ont été adversaires au 1er tour. C’est un scrutin brutal, qui dégage des majorités claires mais qui fragilise beaucoup les petites forces politiques, comme le PC, qui est encore une grande force politique début 5eme et très fragilisé par ces institutions. La 5eme rep va non seulement être marquée par la bipolarisation, mais peu à peu par le quadrille (parce qu’ils sont 4) bipolaire, cad bipolarisation à 4 : 2 partis à gauche (PC-PS), 2 partis à droite (UDF et Parti gaulliste), 1 modéré, 1 radical dans chaque groupe, qui s’opposaient au premier tour, parfois candidats communs, mais surtout ensuite essayaient de faire des alliances pour le 2nd tour. Ce quadrille bipolaire, à caractérisé la vie politique des années 60-70 va peu a peu etre remis en question, dans les années 80 par l’apparition de 2 nveaux partis : les verts et le FN, 2 partis qui, au moins à leurs débuts, pas rentrés dans des logiques d’alliances, le FN soit refusait alliance avec droite modérée, soit se voyait refuser l’alliance par le RPR ou UDF, verts refusaient d’apparaitre comme des alliés du PS. Dans les années 90-2000, autre remise en cause du quadrille : dvpt de la force électorale de l’extrême gauche, LCR et Communistes révolutionnaires et LO (Lutte Ouvrière), qui étaient considérés auparavant comme des groupuscules, dont les candidats ont obtenu 10% à la dernière présidentielle, et refus d’alliance électorale ac la gauche modérée. De la même façon, on a pu observer lors de la présidentielle de 2002 des tentatives renouvelée d’union de la droite, union pour la majorité présidentielle, UMP, qui deviendra ensuite Union pour le Mouvement Populaire, coalition de la droite, essentiellement du RPR, de la Démocratie Libérale, et d’une partie de l’URPF. Cependant FR Bayrou essaiera de conserver une DF indépendante de cette alliance. Remise donc en question de la quadrille mais la vie politique reste bipolarisée. Il reste un clivage gauche-droite, bipolarisation reste forte explique pq alliance à gauche ou à droite, et pas hasard que les petits partis appellent aux proportionnelles puisque moins condamnés à l’alliance ac leurs adversaires. D. D. Quelques aspects des transformations morphologiques de la population électorale : femmes, jeunes, nouvelles classes moyennes et employés (45) Plusieurs évolutions politiques (dvpt du PS dans les années 70, évolution de l’abstentionnisme, crise du parti communiste), doivent être expliquées par les transformations de la morphologie de la structure de la population électorale. En clair, les électeurs ne sont pas les mêmes en 46 qu’en 58, ni aujourd’hui, ni en nombre, ni en caractéristiques sociales. Exemple des femmes : le corps électoral double en 46, il va concerner presque 28 millions d’inscrits, ce qui sera un bouleversement central. Les femmes vont voter de façon très différente à la libération et aujourd’hui. On va constater que jusqu’aux années 70, les femmes seront davantage abstentionnistes et voteront davantage à droite. Plusieurs explications : elles sont à l’époque moins actives/présentes sur le marché du travail, plus âgées, plus isolées (plus grande proportion de veuves que de veufs à la libération, plus religieuses donc dépendant davantage de la religion, or la sociologie politique nous apprend que le faible niveau d’étude, l’isolement explique assez bien l’abstentionnisme, et de la même façon la moindre présence sur le marché du travail, fort catho, explique assez bien vote conservateur. A l’inverse la situation va changer au milieu des années 70, change avec la transformation du statut socioéconomique des femmes : c’est non seulement la thématique de la libération de la femme mais c’est aussi l’entrée massive des femmes dans le marché du travail, c’est la baisse de l’encadrement religieux, hausse de la scolarisation et notamment l’entrée des femmes dans l’enseignement supérieur. Bref, des femmes plus diplômées, plus actives, qui vont davantage voter, et surtout à gauche, d’autant que leur entrée sur le marché du travail se fait plutôt dans des catégories socioprofessionnelles qui votent à gauche : enseignement, secteur sanitaire et sociale, institutrice, enseignante de collège, assistante social, souvent dans la fonction publique, autant de métiers qui votent traditionnellement à gauche. C’est une des raisons permet de comprendre le développement du PS à l’époque. De la même façon on peut souligner le vote des jeunes puisqu’en 1974, Valéry Giscard d’Estaing réforme l’âge min du droit de vote en faisant passer la majorité civile et électorale de 21 à 18 ans, ce qui augmente le corps électoral de 2 millions 5 d’électeurs potentielle, jeunesse qui vient de se signaler en 68, ce qui explique notamment que les Gaullistes, contrairement à VGE étaient plutôt méfiants à l’égard de ce changement de majorité, d’ailleurs les jeunes ne seront pas gréé à VGE cet accès au vote puisque jusqu’en 88 inclus ils voteront majoritairement à gauche qu’à droite. D’autres transformations de l’emploi auront un grand rôle sur le vote, aussi bien sur la hausse de l’abstention, que sur le délitement, la crise de l’identité ouvrière et la crise du vote communiste qui en découle. En effet, le dvpt, depuis les années 80 de la flexibilité, des statuts précaires est un facteur de faible intégration, d’anomie (perte de repères et de règles), autant d’éléments qui favorisent l’abstention. Aujourd’hui ; le premier parti ouvrier de FR n’est ni le PC ni le FN, c’est le parti abstentionniste. C’est presque mécaniquement le parti qui entendait le plus porter la parole des ouvriers qui va en souffrir, le PC, d’autant que la transformation de l’emploi industriel abouti à la crise des vieux sites industriels, les ouvriers n’ont pas disparu socialement, encore 6 millions en 99, mais ont disparu politiquement, et baisse aussi de religiosité catholique qui aura une incidence sur certaines formes d’identification traditionnelle à la droite. E. E. Intensification de la compétition partisane et professionnalisation politique accrue (46) Un aspect à retenir, aussi bien de la 4ème que de la 5ème république : le fait que la compétition partisane ne va pas cesser de s’intensifier. Comment se manifestent ces transformations de la compétition partisane ? On va observer d’abord une plus grande fermeture de la classe politique sur elle-même (en termes de recrutement social), qui montre que la probabilité d’exercer un pouvoir politique s’accroit avec la position sociale et que non seulement c’est une règle générale mais en plus sera de + en + vraie de la 4ème à la 5ème. Exemple des députés : sous la 4eme, environ ¼ des députés sont d’origine modeste (ouvrière : 12% ou petits fonctionnaires, employés, instituteurs…). La part ce des derniers s’effondre a moins de 15% sous la 5ème, et encore en 1973, dans lesquels que 3 à 4% d’ouvriers. Le phénomène s’est encore aggravé aujourd’hui avec la crise du PC ; Le cas des ministres est encore plus marqué : la surreprésentation des groupes dominants s’accentue dans ce groupe avec seulement 6% de ministres issus de groupes sociaux les plus bas/dominés, et représentation spectaculaire des hauts fonctionnaires. Plus grande fermeture sociale, plus grande spécialisation de l’activité politique. De nouveaux métiers sont apparus en politique : communicateur, conseiller en communication, sondeur, collaborateur des cabinets ministériels, porteplume, club de réflexion, et s’observe également une transformation du cursus d’accès à la carrière politique : au cursus traditionnel succède un nouveau cursus. Le cursus traditionnel, c’était le fait de commencer à faire de la politique au niveau local, dans un parti, devenir conseiller municipal, éventuellement maire d’une petite ville, de briguer ensuite un mandat à la députation, aux législatives, de s’affirmer peu à peu à l’assemblée, éventuellement devenir responsable d’une commission à l’assemblée, et ensuite de devenir ministre. Cursus traditionnel qui partait de la base pour aller au sommet. On voit apparaitre un cursus d’un nouveau type : un cursus inversé, qui va concerner une nouvelle génération d’hommes politiques, que d’une certaine façon VGE inaugure. Le jeune VGE commence par s’affirmer au travers d’une image de technicien, jeune technocrate sortant de l’ENA, qui rentre d’abord dans des cabinets ministériels, éventuellement obtient une responsabilité en tant que ministre, et ensuite seulement va essayer de construire un ancrage local à travers un poste aux législatives. On parle d’ailleurs à ce sujet : les partis locaux se plaignent de ces « parachutés » qui ont commencé leur carrière politique au centre et par l’ENA avant de chercher l’ancrage local. Le profil aujourd’hui de Dominique de Villepin est caractéristique de ce type de carrière par rapport à des carrières traditionnelles. Transformation également de certaines techniques politiques, c’est tout particulièrement l’apparition et la réussite des sondages d’opinion en FR (FR est le pays le plus sondé, où le nombre de sondages politiques publics publiés est le plus important). On peut aussi signaler le dvpt de la com électorale ou des petites phrases qui sont explicitement construites, formatées pour être reprises au journal de 20 heures. Quelles sont les causes de ces évolutions ? Sans doute l’accroissement la lutte pour l’accès à l’état, au fur et à mesure, phénomène déjà observé au 19ème, au fur et à mesure que l’état est plus puissant et a plus d’emprise sur la société, la lutte pour avoir accès à l’état est plus forte, s’intensifie et cette intensification aboutit à une plus grande spécialisation (on essaie d’avoir les plus grands spécialistes de chaque aspect). L’élection présidentielle également aboutit à une mobilisation très forte, et le financement public de la politique, dont le propos est de limiter le détournement de fond, a consolidé un marché de professionnels politiques, rémunérés en tant que pro de la politique. F. F. Un nouvel enjeu clivant : l’Europe (47) Parmi les grandes transformations qui vont affecter la 4ème et la 5ème république, il faut souligner l’apparition de ce nouvel enjeu clivant. On connaissait d’autres clivages (laïcité, rôle de l’état, son rôle en matière économique et sociale, sur le pacifisme…) mais ce clivage va véritablement émerger de façon forte au sein du jeu politique, au fur et à mesure que l’idée et la construction EU se met en place. Quelles oppositions génèrent cette mise en place, et pourquoi ? On se souvient que Pierre Mendes FR tombe, est renversé, autour de la querelle de la CED, débat sur la nécessité de mettre en place une EU de la défense. En effet, en FR, ceux qui sont les plus favorables à l’Europe sont les membres du MRP : Robert Schumann un des pères de l’EU. Explications du clivage : les gaullistes s’opposent à la Communauté Européenne de Défense au nom de la souveraineté, notamment en matière militaire. Les communistes, une partie de la gauche, s’y oppose au nom du modèle économique promu et du risque que présenterait pour l’URSS une CED. Et puis ceux qui restent attachés à l’empire pensent que la FR ne peut à la fois assurer ses guerres coloniales et faire la CED, et ils parient d’avantage pour garantir la grandeur de la FR sur son empire colonial que sur CED. Par ailleurs la volonté de se doter de l’arme atomique, possible en 53, accroit les réticences de ceux qui ont constaté que le traité de CED interdit aux puissances contractantes de disposer librement de cette arme atomique, et Pierre Mendès France se fera reprocher de s’être insuffisamment engagé en faveur de la CED puisqu’il n’avait pas engagé sa responsabilité politique làdessus. Tendance de long terme, ce sera l’opposition des gaullistes par rapport à l’Europe. De Gaulle a souvent présenté l’unité EU comme cette utopie ridicule, et certaines des trouvailles les plus cinglantes : « il ne suffit pas de sauter comme un cabri sur sa chaise » ou autres répliques sont des railleries qui ont été vécues comme très offensantes par les ministres MRP qui avaient d’ailleurs immédiatement démissionné du gouvernement EU. Plus tard, Jacques Chirac, fin années 70 parlera du « parti de l’étranger » pour désigner les défenseurs de l’EU. Au moment de la campagne référendaire autour du TM, Philippe Seguin se lancera dans une forte campagne en faveur du « non ». Position ambivalente en même temps qui tiendra parfois plus de l’opposition verbale que du blocus absolu, à part la crise de la chaise vide quand De Gaulle ne siégeait plus, mais règne une sorte de consensus non-dit dans la politique FR selon laquelle il serait très difficile à un parti politique de s’opposer à la construction EU quand il est au pouvoir. Le PS aura connu le même dilemme compte tenu des oppositions internes qui l’ont traversé en faveur du vote ou non du traité constitutionnel EU en 2005, et il est très frappant de constater que le vote oui/non à l’Europe a révélé un véritable clivage de société entre les milieux populaires qui vote majo non alors que le oui augmente avec les niveaux d’études et revenus. La campagne a vu s’opposer les arguments brandissant le danger du plombier polonais face à un argument un peu technique et sans âme à l’idée que traité n’était pas le meilleur des traités mais avait au moins le mérite de mettre d’accord les états de l’UE, défense bien faible de la part des défenseurs de l’EU. G. G. Quoi de neuf dans la critique de la politique ? (48) C’est le dernier aspect qui mérite d’être appelé au sujet de la 4ème et surtout de la 5ème république, et plus encore la 5ème république d’aujourd’hui. Parler de politique aujourd’hui n’est pas sans susciter critique voire ironie de la part de nombreux citoyens, souvent prompts à dénoncer une classe politique repliée sur elle-même, sur ses propres intérêts, à qui l’on reproche souvent son incapacité à régler les problèmes ou encore que l’on soupçonne de tremper dans scandale et corruption. Cette critique se manifeste de plusieurs façon : désigne à la fois la mise en cause verbale de la classe politique, l’ironie, elle désigne aussi le fait que l’on ne s’intéresse pas à la politique, elle se manifeste également par l’abstention, des discours et des pratiques. Mais tout cela est-il si neuf, comme tentent d’en persuader des éditorialistes sur la crise de la politique ? il faut rappeler que sous la 3ème république on a connu un fort antiparlementarisme, qui dénonçait l’incapacité du régime, des contestations populistes très violentes du régime, Boulangisme par exemple, que la 4ème république a connu la contestation poujadiste par exemple, pierre Poujade, au moment des élections de 56 disait quand même « sortez les sortants », et que finalement, c’est peut être une caractéristique générale des démocratie, que d’être le régime dans lequel on se plaint de son représentant, précisément parce qu’on peut le faire. Un aspect malgré tout pourrait donner raison aux commentateurs de la vie politique, c’est l’augmentation constante de l’abstention depuis près de 30 ans : environ 17 % aux législatives de 78 et qui est de 36% aux dernières législatives. L’abstention a toujours eu 2 types d’explications : structurelles (lié au niveau d’étude ou à l’isolement des personnes) et des explications conjoncturelles, liées à l’élection et à la remise en cause de l’activité politique éventuellement. Il est vrai que la succession des alternances depuis 1981 a pu démobiliser des citoyens qui espéraient que la grande alternance changerait véritablement leurs conditions de vie. A l’inverse, la succession systématique des alternances depuis 81 a contribué à fortement rapprocher l’offre politique des partis de gouvernements de gauche et de droite et peut être à semer le doute chez certains citoyens, moins confiants dans l’idée que l’activité politique pourrait changer vraiment leurs conditions de vie. L’augmentation du chômage a pu les conforter dans cette idée ; la grande nouveauté reste donc la généralisation de cette critique verbale à l’égard de la politique, même chez les populations les plus diplômées, la diffusion d’une critique généralisée de la crise politique dont les guignols de l’info sont un exemple. LEÇON 7. LES MUTATIONS DROITES FRANÇAISES (49) DES En tant que parti, les droites sont faibles au sortir de la 2ème guerre mondiale, elles sont assimilées à la collaboration. Aux législatives de juin 1946, les trois partis qui obtiennent le plus de voix sont le MRP, ce nouveau parti centre droit fondé notamment par des résistants d’origine chrétienne, le PC, et la SFIO. Les radicaux, les modérés, sont en chute libre. Mais au fil des années la droite va se restructurer, notamment en 1947 avec la fondation du parti gaulliste, RPF et avec la fondation du CNIP (Centre Nationale des Indépendants et Paysans) au niveau des années 50. Par rapport à la 4 ème république, on a pu dire que la 5eme avait marqué le retour d’une droite, une droite qui n’avait jamais été majoritaire sous la 4ème. Droite qui va au contraire être majoritaire des 1958, a son apogée entre 5874 avec des scores arrivant jusqu’à 2/3 des suffrages exprimés, mais une droite qui a changé, pas la même que pendant la 4ème république, puisque les gaullistes et leurs alliés (les républicains indépendants) vont dominer le vieux MRP et le CNU. Ce bouleversement des rapports de forces au sein de la droite est une particularité FR, ca renvoie à l’existence du gaullisme, cad droite mais difficilement classable, parce que toute entière liée à la personne du général de gaulle, droite qui permet même à certains de se dire gaulliste de gauche, droite différente du centrisme, du libéralisme, droite qui parfois s’est revendiquée comme FR plutôt que de droite. Droite qui permet à ses membres de tous tenter à leur façon de se revendiquer de l’héritage du général de gaulle, pas seule droite sur l’échiquier politique mais qui a fortement structuré le jeu politique FR, fortement structuré avant de perdre de sa spécificité, début 2000, banalisation du gaullisme, dès la mort du général de gaulle, et plus encore avec la fondation de l’UMP et l’avènement de Sarkozy à la présidence de la république. Perte donc de spécificité du gaullisme, mais le gaullisme n’était pas toute la droite, que ces autres composantes se soient fondues aujourd’hui (composante libérale par ex) au sein de l’UMP, ou qu’elles aient (modem) tenté de survivre indépendamment avec cette prétention d’un centre autonome. Evidemment impossible de comprendre l’évolution des droites, avènement de Nicolas Sarkozy, sans se pencher sur ce positionnement des droites dites classiques, à l’égard de l’extrême droite, cad essentiellement FN. 1. Les gaullistes : de la marginalité à l’hégémonie, perte de spécificité Le parti gaulliste est intéressant à plusieurs titres : s’est d’abord bâti sous la forme d’une coalition de dirigeants historiquement fidèles au général de gaulle, ou de jeunes plus sensibles à l’attrait d’un grand parti rénovateur et rassembleur. Les partis gaullistes constateront des mutations multiples, ce qu’exprime bien le changement de nom : RPF en 1947, UNR 1958-1962, UNR-UDT après le ralliement de quelques gaullistes de gauche, UD5ème de 1967-1968, UDR après mai 68 et RPR en 1976 dont Chirac sera élu président, le dernier avatar de l’évolution de ces noms sera la fondation de l’UMP et abandon du sigle RPR début années 2000 pour former un grand parti de droite ; avant de parler de la disparition de la spécificité gaulliste, il faut expliquer ce qu’est le gaulliste. A. A. L’échec du RPF L’échec du rassemblement du peuple Français en 47, parti fondé lui-même sur un double échec : De Gaulle venait de quitter la tête du gouvernement, n’avait pas été rappelé au pouvoir comme il l’espérait, la constitution qu’il rejetait avait été adoptée, et de Gaulle commençait à penser à préparer l’alternance, et c’est dans ce cadre qu’il fondera le Rassemblement du Peuple Français dont il prendra la présidence en 1947, et au début le succès du RPF dépasse les attentes, impression d’assister à un véritable raz-de-marée gaulliste, par exemple aux municipales d’octobre 1947. Il y a un certain paradoxe à voir un homme politique qui méprisait le système des partis fonder un parti, et c’est d’ailleurs bien pour cette raison que le RPF ne porte pas le nom d’un parti mais utilise le terme de « rassemblement ». Un parti tout entièrement dirigé par de gaulle et dévolu à de gaulle mais va aussi devenir hors-système. HS pour plusieurs raisons qui vont contribuer à son échec, d’abord a cause des autres partis politiques qui s’efforcent de le marginaliser, comme la loi sur les apparentements qui facilitera l’alliance des centres gauches et droites contre les communistes et les gaullistes. D’autre part, ce parti crée l’inquiétude, du fait notamment de la violence verbale du Général De Gaulle, de sa volonté de changer les institutions, manifestations de masse du RPF, parfois des bagarres avec les militants communistes. RPF pas mouvement factieux mais joue le jeu électoral mais semble hors système. Enfin le parti sera affaiblit par ses divisions, au moment de l’investiture d’Antoine Pinet issu du CNIP, plusieurs parlementaires gaullistes en 1952 votent pour ce dernier et De Gaulle les accusera d’aller à la soupe, mettra l’organisation en sommeil en 1956 et entamera sa traversée du désert. B. B. Le parti gaulliste sous de Gaulle : une situation ambiguë (50) Sous la 5ème république on peut considérer le parti gaulliste comme un parti dominant à droite, qui sera favorisé par le mode de scrutin (uninominal majoritaire à 2 tours) qui polarise le jeu politique et défavorise les centristes, et dès ses débuts le parti Gaulliste va être dans une situation compliquée à l’égard du général de Gaulle, quant on l’observe deux séquences ; 1958-1962, période de recomposition des droites, dans le cadre de cette nouvelle république, nouveau cadre, nouvelles règles du jeu, nouveaux groupes politiques, et c’est dans ce cadre que va naitre l’UNR, parti gaulliste, qui va naitre par le haut, cad par Jacques Soustelle, ministre Gaulliste de l’information. Pourquoi fonder un parti gaulliste ? Dans le court terme, il s’agit de préparer les élections législatives de 1958, mais du coup c’est de donner une majorité parlementaire au président De Gaulle, de fabriquer un parti de gouvernement cad contraire de RPF qui était parti de l’opposition, et cela renvoie à l’idée de proposer une marque électorale unifiée, repérable, attachée au nom de De Gaulle, attaché au capital revendiqué par le général De Gaulle. Malgré tout l’ambigüité se manifeste d’abord à l’idéologie du parti gaulliste. Dès le début, on a le sentiment que le parti gaulliste manifeste un profil bas, il n’apparait pas véritablement de droite, très structuré par l’idée de rassemblement, de dépassement des clivages traditionnels, avec cette idée d’être le pivot du régime, cette idée qu’on s’est rallié à un homme plutôt qu’à des idées très claires. On s’est rallié à un homme, notamment très ambigu sur le règlement de la crise algérienne, ce qui explique que dans els soutiens à De gaulle on trouve aussi bien des partisans de l’Algérie FR que ceux qui se résolvent à l’hypothèse de l’indépendance. On est face à une entité électorale plutôt qu’une unité électorale, parti timide sur la question Algérienne, parti qui ne prétend même pas représenter le général De Gaulle, bref, parti, programme c’est l’homme avec cette idée que le parti ne pourra jamais parler à la place du général De Gaulle. Le succès de l’UNR aux législatives sera considérable, obtiendra 188 députés, ce qui est un véritable tremblement de terre en sa faveur, ce qui va aussi poser de nombreuses difficultés/problèmes : quand la majorité est large au Parlement, les députés de la majorité, souvent, s’autorisent des libertés, contrairement a une majorité qui ne tient qu’à un fil. Les députés manifestent pour certains leur mécontentement sur le règlement de la crise Algérienne, et d’une certaine façon, les choses vont se clarifier à partir de 1962. Deuxième séquence qui va de la clarification en 62 à l’après de gaulle. Référendum sur l’autodétermination de l’Algérie puis de la ratification des accords d’Evian en 1962, et de l’indépendance de l’Algérie. Ce faisant, ce qui rassemblait une majorité autours du général De Gaulle, solution de la crise d’Algérie, n’existe plus, c’est le départ de Michel Debray, arrivée de George Pompidou comme nouveau PM ce qui va provoquer le mécontentement des parlementaires puisque GP n’est pas lui-même parlementaire. La conférence du général De Gaulle sur l’EU va aussi cristalliser les mécontentements, idée que la seule EU possible est celle des états, l’irritation croissante au sujet des questions EU ou encore au sujet de l’article 11. 1962 donc nouveau moment de recomposition de la droite. Ce mouvement de recomposition se traduit par une victoire encore plus écrasante du parti gaulliste en 1962, 32% au premier tour des législatives ce qui est un score considérable, effondrement des droites non gaullistes. Malgré tout, l’UNR jusqu’en 1967 va rester un cercle ministériel, plus un groupe parlementaire qu’un véritable parti politique. En revanche à partir de 1967, des assises de Lilles, on observera une volonté des dirigeants gaullistes d’effectuer un plus grand travail d’implantation, de recrutement, de militantisme de masse, bref on réfléchit à la succession du général de Gaulle, on cherche à recruter d’avantage, pas forcément de façon élitiste. Mai 68 marquera un nouveau triomphe des Gaullistes, au travers de ce qu’on appellera les « élections de la peur » qui fera que les électeurs vont voter en masse pour le parti gaulliste. C. C. Peut-on définir « le gaullisme » ? (51) Y a til des invariants gaullistes ? Il est très classique en politique de voir des personnes éventuellement très opposées politiquement se revendiquer de la même idéologie, ici gaullisme. Un parti politique est toujours un espace d’affrontement entre ses membres sur la définition légitime du parti et de son idéologie. On peut relever 5 aspects très caractéristiques du gaullisme : - - - - - La permanence d’un style et d’une thématique : le style, le fond, sont liés dans le gaullisme, le volontarisme, l’emphase, une manière d’agir marquée par l’idée qu’il est possible de changer les choses, une dramatisation permanente également, l’idée que le gaullisme est la France et que lorsque le gaullisme ne dirige pas la FR, elle est en danger, c’est qqch que l’on retrouvera également chez Jacques Chirac dans son fameux appel de Cochin, au moment des Européennes de la fin des années 70, idée que certains seraient prêts à abandonner l’indépendance de la FR. Très forte dimension sociale, au moins dans le discours, cette idée de toucher le peuple, de refuser parfois ce clivage gauche/droite, thème beaucoup plus tardivement de la fracture sociale, utilisé par Jacques Chirac en 1995 s’en rapproche. L’idée du rassemblement, de l’unité des FR et de la FR est aussi très caractéristique du gaullisme, comme l’est l’idée de la grandeur de la FR, d’une certaine idée de la FR. Une organisation extrêmement hiérarchique et un recrutement social particulier. Le parti gaulliste a parfois été moqué sous le terme de parti de godillot pour désigner la très forte discipline des députés. C’est un parti qui a toujours été marqué par une structure autoritaire, hiérarchique, très adaptée aux institutions de la 5ème, avec un recrutement sans doute moins élitiste (sans être tout à fait populaire) que d’autres partis FR. certains ont pu revendiquer que le parti gaulliste soit à l’image du métro à 6h du soir, excessif mais malgré tout on trouve une forte proportion de classe moyenne au sein du parti gaulliste. Gaullisme est-il de droite ? le fait que le G DG ait souvent revendiqué le refus du clivage droite/gauche et revendiqué le coté social a parfois emmené à se demander si gaullisme était de droite. Il a prétendu transcender les clivages, mais les militants sont culturellement conservateurs. Sans doute moins sur le plan économique et social que sur le plan culturel mais ils s’ancrent dans le camp de la conservation bien que DG ne se soit jamais revendiqué comme de droite et n’ait jamais présenté le gaullisme comme une idéologie. Il faut admettre que le gaullisme a tout de même toujours compté dans son électorat une majorité votant à droite, même si, selon les périodes, a pu mordre sur les électeurs de gauche, et même si du fait de la situation algérienne a pu faire fuir une partie des électeurs de droite. Qd mm s’ancre plus à droite avec sa volonté de représenter classe moyenne non salariée, population plus agée ou agriculteurs. Intérêt politique d’un héritage aussi flou ? constaté encore aujourd’hui quand des opposants socialistes a la politique de Sarko l’accusent de ne pas être gaulliste ou de trahir la référence gaulliste, ce qui montre bien que même des hommes politiques de gauche peuvent s’approprier cet héritage. L’intérêt politique d’un héritage aussi flou car c’est un enjeu que de dire le gaullisme et de se dire gaulliste au sein de ce parti, tout en conservant la thématique de l’anticommunisme, l’attention en classes populaires, le refus de l’atlantisme… L’originalité du parti gaulliste est sans doute d’avoir été un parti de gouvernement pour le président. C’est sans doute cela l’innovation du parti gaulliste sous la 5ème rep, c’est d’avoir compris très tôt qu’il fallait un parti fort, qui, à l’assemblée, soutienne la politique du président de la république. D. D. L’après de Gaulle : de l’ancrage à droite à la recomposition de la droite et à la perte de spécificité gaulliste (52) La période qui s’ouvre après de Gaulle va être celle de la transformation progressive du parti gaulliste, de la transformation de la référence gaulliste, jusqu’à la banalisation du grand parti de droite, l’UMP dont on ne peut plus dire aujourd’hui qu’il est gaulliste. L’UMP marque véritablement la fin du gaullisme politique et de la référence gaulliste. Il faut voir dans quel contexte on se place après le départ puis la mort du général de Gaulle. Se pose la question de la gestion de l’héritage et du recul du parti gaulliste dans les années 70. La première séquence, de 1969 à 1981 est celle du recul gaulliste qui se manifeste de 3 façons : d’abord, le pompidoulisme, si l’on se réfère à Georges Pompidou, qui va véritablement être vécu comme un ancrage supplémentaire du gaullisme à droite, puisqu’avec l’arrivée de GP à la présidence de la république on va voir s’affirmer une conception du gaullisme beaucoup plus conservatrice que celle que tentera de porter Jacques Chaban-Delmas, son premier ministre pendant un temps, que l’on qualifiera parfois de gaulliste plus social, le pompidoulisme reste une conception plus autoritaire, deuxième moment d’affaiblissement du gaullisme dans les années 70 est l’échec en 1974, lorsqu’après la mort de GP vont se présenter plusieurs candidats à la présidence de la république parmi lesquels un qui n’est pas du tout gaulliste, même s’il a été un des ministres de GP, Valéry Giscard d’Estaing, un du camp des indépendants, qui n’est pas gaulliste et qui va être soutenu officieusement par les gaullistes en opposition à Jacques Chaban-Delmas, qui va accéder à la présidence de la république ce qui sera un traumatisme pour les gaullistes, de voir un non gaulliste accéder à la présidence de la république. Ce faisant, l’alliance provisoire entre Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, qui devient son premier ministre, gaulliste de VGE, ne va pas durer longtemps. Choc, creux de la vague gaulliste, certains reprochent à JC d’avoir agi contre son camp, et c’est aussi une mauvaise période parce que les gaullistes perdent leurs accès aux sources de l’état. Le parti dominant est celui qui bénéficie à la machine de l’état, ressources que cela représente, pour faire de la politique. C’est la période de l’ascension de JC qui essaie d’avoir le parti du premier ministre comme il y avait auparavant un parti du président. C’est la montée des crises passions entre VGE et JC avec en décembre 1976 après le départ de JC de son poste de premier ministre, la fondation du RPR dont JC sera élu président. Un des moments importants dans le dvpt de la carrière de JC est ce qu’on appellera la bataille de Paris en 1977. En effet, en 1977, c’est la première fois depuis le 19eme siècle que Paris aura un maire élu, et ce poste prestigieux suscite les appétits, compte tenu de la stature politique que cela confère à celui qui exerce ce poste, et JC contre un giscardien, ministre de l’industrie, fait savoir qu’il conduira la liste de la majorité pour devenir maire de Paris, JC conquerra la mairie de Paris et a partir de là construira une base électorale considérable à partir de là. Toute cette période de fin des années 70 va être une période pendant laquelle JC va s’opposer à demi-mot à la politique de VGE pourtant de droite comme lui, voire contribuera à la défaite de VGE en 1981 en appelant officieusement les gaullistes à ne pas voter pour lui. Dès lors, 1981, avec l’accès de François Mitterrand à la présidence de la république, une période s’ouvre, de l’opposition et reconquête gaulliste, période qui se déroulera en trois phase (jusqu’à aujourd’hui). La première phase sera celle de 81-95 phase oscillant entre opposition et cohabitation avec un président de gauche, puisqu’en effet on connaitra pdt cette période 2 cohabitations entre François Mitterrand et un premier ministre conservateur, JC puis Edouard Balladur, moment de radicalisation du parti gaulliste qui pilonnera le gouvernement socialiste sur les thématiques de la sécurité et de l’immigration. La deuxième phase sera celle de la thématique de la fracture sociale et de l’élection de JC à la présidence de la république, en 1995, même si Edouard Balladur, PM, s’était enhardi et visait la présidence, et JC arrivera à une forme de synthèse libérale sociale en 95 et arrivera à la présidence de la république et appellera Alain Juppé, maire de Bordeaux depuis peu au poste de PM. Cette période d’exercice du pouvoir, les forts espoirs que fait naitre la thématique de la fracture sociale en 1995 seront cependant assez vite déçus par la politique de rigueur mise en place, par l’impopularité de la mesure Juppé et le mouvement social qui en suivra en 95. La troisième phase est celle qui marque sans doute le plus fortement la perte de spécificité du gaullisme sous la 5ème rep et l’avènement de ce grand parti de gouvernement conservateur, l’UMP, qui n’est plus tant marqué par la référence gaulliste ; de 97 à aujourd’hui, on passera du parti du président (JC) au parti du présidentiable (Sarko) et au parti du président (NS). A partir de 97 et de la dissolution ratée en 97, on voit se développer les turbulences au sein du parti gaulliste à l’égard de JC, les moments de désobéissance des ministres, les critiques, le RPR est divisé, le sera par exemple très fortement en 1999 sur l’Europe, qui divise, aussi bien à droite qu’à gauche. Le RPR gardait une identité assez fortement souverainiste et en même temps en tant que parti de gouvernement ne pouvait se permettre de faire véritablement campagne contre l’EU, ce faisant, les dirigeants du RPR en 99 feront campagne sans enthousiasme pour l’EU, ce qui aboutira à un échec assez retentissant du parti aux européennes ; On observera donc une série de critiques très fortes à l’encontre de JC, d’indiscipline, l’élection de Michel Alliot-Marie à la tête du parti gaulliste par exemple malgré l’avis de JC, mais malgré tout, le 21 avril 2002 (cause non accession de Lionel Jospin au 2nd tour) va marquer la réélection de JC face à JM Le Pen, JC élu avec plus de 80% des voies. LE 17 novembre 2002 après que JP Raffarin ait été nommé PM de JC, dans un contexte d’une refondation des droites, c’est le congrès fondateur de l’UMP (union pour un mouvement populaire), qui succède au RPR, et plus exactement est la fusion du RPR avec d’autres forces conservatrices. C’est en quelques sortes la fin du gaullisme politique, même si certains ont pu dire que le gaullisme était déjà mort avant même la fondation de l’UMP. Qui devait diriger ce nouveau parti ? Ça devait être Alain Juppé, qui sera effectivement le premier responsable de l’UMP. Simplement, AJ en 2004 est condamné à une peine d’inéligibilité suite à l’affaire des emplois fictifs du RPR, puisque le RPR avait été une véritable machine de guerre partisane qui servait aussi à rémunérer par des emplois fictifs des employés qui n’étaient pas de la mairie de Paris mais des membres du RPR. AJ sera celui qui portera largement la responsabilité de celle-ci. Son inéligibilité aura une série de conséquences en chaîne à la tête de l’UMP face aux ambitions de qqun qui s’était déjà déclaré partisan d’Edouard Balladur en 1995, Nicolas Sarkozy, qui a des ambitions présidentielles, et qui, face à la peine qui frappe AJ, va voir le terrain libéré pour lui. NS va accéder en 2004 à la présidence de l’UMP, il lui sera d’abord demandé de démissionner de ses fonctions ministérielles s’il accède à la présidence du parti, puisqu’il était considéré qu’il n’était pas possible de cumuler des fonctions de ministres et de chef de parti, et finalement, face à sa grande popularité, qu’il devient un des ministres phare du gouvernement de Dominique de Villepin, on autorisera NS qui devient le n°2 du gouvernement, tant pour son poste de ministre de l’intérieur que pour celui de ministres des finances, les deux postes qu’il aura successivement, on lui permettra de mobiliser ces deux fonctions ce qui va ouvrir un boulevard à NS qui va bénéficier à la fois des ressources de l’état, de la façon dont il va mettre en scène publiquement une politique extrêmement ferme et autoritaire en matière de sécurité, et donc NS va utiliser les ressources de l’état dans la perspective de sa future campagne présidentielle en même temps qu’il contrôle les ressources du parti. A partir de là, l’UMP n’est plus le parti de JC, plus le parti du président, c’est le parti de NS qui cumule les ressources de l’état et celles du parti. Situation donc particulière du candidat NS puisqu’il entend incarner le renouvellement (à l’égard de JC) et contrôler l’appareil partisan, NS fera preuve d’un très grand professionnalisme politique par son utilisation des médias, sa très grande capacité à la visibilité, la mise en scène du volontarisme politique, et essaiera sur plusieurs thèmes de se distinguer de JC, par exemple en montrant son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’UE, là où à l’inverse JC était favorable, en montrant à la fois une très grande fermeté sur les questions d’ordre et de sécurité, mais en défendant aussi, ce qui est très atypique à droite, l’idée de discrimination positive, NS va véritablement creuser un sillon, mobiliser l’intérêt des sondages, des médias, obtenir une très forte exposition médiatique. Le 14 Janvier 2007, au congrès de l’UMP porte de Versailles, NS est élu candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, mènera la campagne très active, avec la véritable machine de guerre qu’est devenu ce parti, et accèdera au pouvoir qu’il envisageait depuis longtemps, et effectivement, dès son arrivée au pouvoir, il revendiquera une certaine forme de rupture dans certains domaines, en manifestant par exemple un très grand atlantisme (cad grande sympathie à l’égard des US et de l’alliance atlantique, l’OTAN), en affichant aussi sans complexe son gout de la richesse et du luxe, décontracté, son gout de la culture américaine ou encore pour la mise en scène de sa propre vie privée. D’une certaine façon, l’accession de NS à la présidence de la république marque la fin d’un cycle, celui du gaullisme. Comment expliquer alors qu’après 5 ans d’exercice du pouvoir avec François Fillon comme PM, expliquer l’échec de NS à la réélection ? Peut-on se limiter à expliquer par le fort rejet sur sa personne, sa façon d’exercer le pouvoir, ou d’autres explications peuvent-elles jouer ? bien sur une partie de cette élection présidentielle a été une élection autours de la personne de NS et le rejet de ce dernier, et il n’est que de penser d’ailleurs à la façon dont François Hollande avait construit sa campagne sur le rejet implicite et explicite du président sortant pour comprendre quelle a été ses enjeux. Mais d’autres choses sont intervenues, qui renvoyait au changement idéologique de NS. 2007 avait commencé avec des signes très fort adressés à l’égard de la diversité, adressée à un pays auquel on présentait un président moderne, NS avait emprunté des thématiques de gauche et quelques représentants de la gauche qu’il avait fait intervenir dans le gouvernement de François Fillon, comme Eric Besson. Il avait marqué une attention à certaines thématiques, comme le statut du beau parent homosexuel sur lequel il avait annoncé des réformes, et cette présidence qui avait commencé dans un registre de très forte modernisation a connu un tournant important à l’année, été 2010, particulièrement au discours de Grenoble, un très fort tournant, plus sécuritaire qu’il ne l’avait déjà été avec l’épisode du Karcher. Le discours de Grenoble est un discours qui stigmatise par exemple fortement la population Rom et des gens du voyage, c’est un moment de tournant et on a le sentiment qu’à partir de là, NS estime que pour gagner les voies du FN, il faudra aller plus loin à droite. En dehors même de la personne de NS, en dehors des changements idéologiques opérés lors de ce quinquennat, en dehors même des aspects de modernisation de la vie politique dont a été porteuse cette présidence, qui a donné un peu plus de pouvoir au parlement sur certains points, à la cour des comptes, on peut se dire que la crise économique a été aussi un facteur de la défaite de NS, ce n’est pas seulement un argument de perdant, mais nombre de gvmt conservateurs ont été balayés en EU par la crise économique, et on peut se dire qu’il y a eu une forme de ressemblance entre la présidence Sarkozy et la présidence Giscard d’Estaing, lui aussi président conservateur qui ne fut pas réélu à la fin de son mandat, président qui a incarné ce même mélange de modernité et de volonté de rassemblement au début et cette même forme de droitisation voire présence d’anciens membres de l’extrême droite dans les appareil partisans et gouvernementaux, que l’on pense à Guillaume Pelletier, ancien du FN jeunesse et responsable de la campagne du candidat Sarkozy que l’on pense également à Patrick Buisson que de la même façon dans une partie de l’admin, VGE en avait retrouvé à coté de centristes modérés d’anciens héritiers d’extrême droite et même manifestation de rejet violent de NS ou VGE à la fin de leur mandat. Tout cela pose la question de l’unité de la droite et de sa recomposition, aujourd’hui à qques jours des législatives de 2012 on s’attend à voir des droites perdre les législatives, même si cela n’est pas acquis, mais que dire des autres droites, celles situées en dehors de l’UMP, qui se sont longtemps pensées comme non gaullistes ? 2. Les droites centristes et libérales face à la bipolarisation (53) Bien entendu, aujourd’hui, une grande partie des membres de l’UMP pourrait se revendiquer comme libéral, mais déjà moins certainement centriste, à l’exception des membres du nouveau centre, et plus encore du MoDEM qui est extérieur à l’UMP et dont François Bayrou, leader, a indiqué entre les deux tours de la présidentielle de 2012 qu’il voterait François Hollande au 2nd tour. Ce phénomène est frappant malgré les exposés des principes de l’UMP qui « entendait rassembler les familles gaullistes, démocrates-chrétiennes, libérales, radicales, sociales et indépendantes dans un grand mouvement ». Nous allons parler de cette droite dont la principale caractéristique est de ne pas s’être revendiqué comme Gaulliste et de s’etre opposée au Général De Gaulle, pour des raisons qui peuvent être très différentes selon les personnes, bref d’une droite qui aura souvent mené des alliances avec les gaullistes mais sans toujours les apprécier et qui disposent d’une implantation différente sur le territoire. A quoi correspondent-elle ces droites ? Au début de la 4ème république, cette droite désigne les quelques restes de parlementaire de droite qui se rejoignent dans le CNI (Centre National des Indépendants) puis le CNIP qui aura un rôle important dans les coalitions gouvernementales fin 4ème rep. Par exemple le gvmt d’Antoine Pinay. C’est aussi le MRP qui sera au centre des coalitions de la 4ème rep, qui aura un discours très social mais qui s’affaiblira peu à peu. Au début de la 4ème république, ce sont les radicaux (droite non gaulliste), le CNIP (qui se désigne comme le regroupement et les modérés) et le MRP. Toutes ces organisations obtiennent 30-40% aux élections. Il y a un peu plus de 10 ans, on pouvait encore désigner par cette appellation essentiellement les membres des différentes composantes de l’UDF (Union pour la démocratie FR) soit en terme de puissance électorale, aux législatives par exemple de 88 et 93, environ 18% des voix, contre un RPR à 19-29% des voies, aux législatives de 1997, un peu moins de 15% des voix à l’UDF contre un RPR qui obtient un peu plus de 16%, et donc UDF qui obtenait à ce momentlà 113 sièges à l’assemblée nationale, aux législatives de 2002, l’UDF obtenait 4.9% des voix au niveau national, ce à quoi se rajoutaient les scores de quelques candidats de démocratie libérale, et à la présidentielle de 2002, François Bayrou obtenait 6.9% des voix, symbolisant les voix centristes, Alain Madelin 3.9% des voix et Christine Boutin 3.9%. Que représentaient ces droites centristes et libérales aux législatives de 2007 ? 7.61% des voix, ce qui fait que avant les législatives de 2012, elles représentaient les 3 députés du MoDem mais aussi le nouveau centre d’Hervé Maurain, une 20aine de députés qui appartiennent à la majorité présidentielle sous NS, les radicaux Valoisiens, qui eux aussi se présentaient avec Jean-Louis Borloo dans le cadre de la majorité présidentielle. Enfin, début juin 2012, cela correspond au centrisme de Bayrou qui a obtenu 9.13% à la présidentielle, cela correspond aussi au souverainisme de Nicolas Dupontaignant, à la droite sociale dont se revendique Dominique de Villepin, tous les autres représentants de la droite étant concentrés au sein de l’UMP. 2 constats à retenir : - - affaiblissement des droites non gaulliste au profit des gaullistes. Le vrai parti dominant à droite sous la 5ème république, est le parti gaulliste avec tous ses chgmts de noms, même s’il a perdu sa spécificité, jusqy’en 2002, l’éclatement des droites non gaulliste est frappant. En effet, ce qu’on appelle droite non gaulliste recouvre tout un ensemble de petites composantes fédérées jusqu’en 1998 dans l’UDF, qui était plus une confédération de partis plus qu’un parti, et dans démocraties libérales, dirigé par Alain Madelin, un parti autrefois membre de l’UDF, qui regroupait d’anciens républicains indépendants en particulier, d’anciens membres du PR (parti républicain). On pouvait aussi noter le RPF qui rassemblait Philippe de Villiers et pendant un temps Charles Pasqua ; Bref on retrouve des tendances extrêmement différentes au sein de ces différentes organisations. Le radicalisme qui n’a rien à voir avec le fait d’être radical et extrême mais plutôt une sensibilité modérée et laïque, le libéralisme, qui s’incarne de façon très nette dans démocratie-libérale, la démocratie chrétienne et le centrisme tel que l’incarnait l’UDF puis le modem, ou encore les tendances souverainistes tel qu’on les rencontrait dans le mouvement pour la France (RPF) ; tout un ensemble d’organisation qui, en majorité, seront fédérées dans l’UMP, même si ce parti a connu des défections, des tentatives d’indépendances aussi avant les présidentielles de 2012, et notamment suite à l’année 2010 qui avait connu à la fois un durcissement de la droite Sarkozyste et un remaniement ministériel également. D’ailleurs, du stricte point de vue de la présidentielle de 2012, on peut être frappé de ce qui aura été, malgré son échec à la présidentielle une réussite de NS dans sa campagne, qui aura été de décourager plusieurs candidatures concurrentes à droite, les candidatures de Jean Louis Borloo, de Dominique de Villepin, et de Christine Boutin. A. A. Les droites centristes et modérées de 1946 à la Ve République a. Le MRP : du parti central de la Libération au reflux Le MRP sera le principal axe des coalitions dans la 4ème république, il est fondé par des chrétiens issus de la résistance. Ce mouvement fit parti du tripartisme de la 3ème force, 3 membres du MRP furent chefs de gouvernement sous la 4ème république, Georges Bidault (PM en 46 et 49) ; Maurice Schumann (PM en 47 et 48) ; Pierre Pflimlin (PM en 1958). Le MRP fera également alliance avec les indépendants. Pour le définir idéologiquement, on peut le considérer comme une démocratie chrétienne qui ne dit pas son nom. Inspiration du catholicisme social, de la volonté d’ancrage populaire et démocratique, de l’ouverture au monde ouvrier, d’où d’ailleurs ses liens avec un syndicat tel que la CFTC (Confédération FR des Travailleurs Chrétiens) ou la JOC (la Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Le développement de formations de droite concurrente, le RPF du général De Gaulle, le CNI en 1951, vont saper la base du MRP qui passera de 200 000 adhérents en 1946 à 40 000 adhérents en 1957. Il se videra idéologiquement et disparaitra. Une des choses à retenir du MRP est qu’il caractérisera véritablement et que d’une certaine façon la direction, les cadres du MRP étaient légèrement plus à gauche, plus proches du centre gauche que l’électorat et la base du MRP qui était plus proche d’un certain centre droit. b. La réorganisation des indépendants Les indépendants ne sont pas véritablement en odeur de sainteté à la libération. Près de 80% des parlementaires de la fédération républicaine sont déclarés inéligibles en 1944 du fait de leur compromission avec le régime de Vichy. Ils apparaissent divisés. Il existe un parti paysan créé en 1945, un parti républicain de la liberté (les anciens de l’alliance démocratique, un groupe de parlementaires républicains indépendants, anciens de la fédération républicaine. C’est sur ces fragments qu’en 1949, sous l’égide de Roger Duchet, est créé le CNI (puis CNIP). Ces derniers profitent de la loi sur les apparentements, qui permet à plusieurs partis ayant remporté la majorité des suffrages de se les partager proportionnellement, loi importante de la 4ème république, qui avait pour but et effet d’exclure du jeu politique le PC à gauche et le RPF à droite. Ce mouvement va profiter des pb du MRP et des difficultés du RPS, il est bien représenté dans la FR de l’Est et l’Ouest, dans le Massif central, compte tenu des composantes paysannes dans ces régions. Ce retour se concrétise avec l’arrivée d’Antoine Pinay au gouvernement en mars 1962 et le ralliement de 27 gaullistes au CNIP et ces indépendants auront alors vraiment un rôle dans les dernières années de la 4ème république. Leur corpus idéologique renvoi à l’idée de normalité sociale, de bon sens, d’un certain libéralisme économique également, les membres du CNIP sont pro-Algérie FR, et c’est à ce titre qu’ils avaient soutenu la politique Algérienne de Guy Mollet, président du conseil socialiste qui avait mené une politique très répressive en Algérie, ils sont plus divisés sur la question Européenne, et au moment de la crise de la 4ème Rep en 1958, ils vont se rallier à De Gaulle parce qu’ils parient sur le maintien de l’Algérie FR, qu’ils croient au « je vous ai compris » de De Gaulle (croient avoir compris), et donc reprocheront à De Gaulle sa politique et l’indépendance Algérienne. Comment l’avènement de la 5ème république va impacter ces droites ? Après le choc des débuts de la 5eme rep, c’est l’avènement de VGE qui va bousculer la configuration des droites et symboliser d’autres traditions. c. 1958-1978 : De l'éclatement à la fédération des droites non gaullistes dans l’UDF (54) Ces deux dates sont importantes dans l’histoire de ces droites indépendantes. 1958, l’arrivée des Gaullistes au pouvoir et 78, fondation de l’UDF. Ce qui est très intéressant, c’est de constater à quel point ce qui structure les forces politiques et leurs alliances ce sont les élections présidentielles. La présidentielle est l’élection maitresse de la 5ème république, celle qui va reconfigurer à chaque fois l’alliance potentielle entre forces politiques. De 1958 au milieu des années 70 : entre attirance et répulsion à l'égard des gaullistes Centristes et libéraux sont dans une relation faite d’attirance et de répulsion à l’égard des gaullistes, autour de 2 grands thèmes qui sont d’ailleurs encore aujourd’hui deux grands thèmes que FBayrou pourrait brandir à NS même si celui-ci n’est pas réellement gaulliste, c’est l’Europe et la question de la pratique/exercice du pouvoir. Certaines des critiques que FBayrou adresse à l’exercice sarkozyste du pouvoir ressemblent à des critiques qu’aurait pu faire, 30 ans auparavant, des non gaullistes à l’égard de la pratique chiraquienne, pompidoulienne, du pouvoir. Ainsi le MRP de 58 à 62 va participer un temps au gouvernement Debret, mais va l’abandonner sur la question Européenne. Dès que la question Algérienne sera réglée, quand De Gaulle déclare que la seule EU possible est celle des états, c’est qqch d’insupportable pour ces chrétiens démocrates profondément européens. De la même façon, ce qui est reproché au gaullisme est un fonctionnement du pouvoir extrèmement autoritaire, sectaire, qui laisse peu de place à la discussion, négociations, revendiquée notamment par les gaullistes. Il reste malgré tout que les gaullistes n’arriveront jamais réellement à exister politiquement sous la 5ème république. Le premier problème du centrisme est qu’il n’est pas tant une idéologie qu’un double refus, très clairement exprimé par Bayrou à la présidentielle de 2002 et de 2007, idée de refus d’un clivage de la FR en deux camps. De la même façon qu’on avait reproché à FBayrou en 2007 de se définir uniquement par son refus des deux camps, on peut constater que le centrisme se manifeste par ce double refus des socialistes marxistes aussi bien que du capitalisme sauvage, caractéristique aussi du MRP sous la 4ème république, cela ne suffit pas à faire une idéologie, il n’y a sans doute pas une seule tradition centriste mais plusieurs traditions centristes. Le deuxième problème du centrisme est un problème institutionnel : refuser les deux pôles du jeu politique, refuser le clivage gauche/droite est encore possible sous la 4ème république quand on refuse les excès gaullistes ou communistes et que le mode de scrutin favorise un mode de représentation proportionnel, c’est plus compliqué sous la 5 ème république avec une présidentielle au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, avec des élections législatives qui elles aussi se déroulent avec ce mode de scrutin. La 5 ème rep est caractérisée par la présidentialisation du régime, ce qui suppose aussi d’avoir un véritable leader centriste, ce qui, avant Bayrou n’était pas véritablement le cas. La structuration d’un « parti du président » : la fondation de l'UDF 78 est une date importante dans l’histoire des droites centristes et libérales puisque c’est le moment de la fondation de l’UDF. VGE va prendre conscience de la nécessité de disposer d’un parti du président comme le général De Gaulle ou Georges Pompidou avaient eu avant lui un parti du président sous la forme du parti gaulliste. VGE va tirer les conséquences des années passées, constatant qu’il lui faut un parti, et rassemblant les forces centristes et libérales au sein d’un nouveau parti, l’UDF, en référence au titre d’un ouvrage de VGE paru en 76, Démocratie Française. Ce parti connaitra un succès au point qu’au début des années 80 on a pu parler du quadrille bipolaire à la française pour parler du fait qu’on avait deux forces presque équilibrées à gauche, PC et PS, et deux forces presqu’équilibrées à droite, UDF et le RPR. La particularité de l’expérience giscardienne Puisque le septennat de VGE sera considéré à certains égards comme un septennat de modernisation, de libéralisation – passage de la majorité de 21 à 18 ans, libéralisation de l’ORTF, dépénalisation de l’avortement – même des opposants à VGE reconnaitront le caractère relativement libéral de son septennat, de sa volonté de réunir 2 français sur 3. Il importe maintenant de revenir sur ce que sera l’UDF après l’UDF, cad le MoDEM. B. B. De l’UDF au MODEM (55) Un centre qui persiste à survivre, UDF, MoDEM, nouveau centre et radicaux. Qu’en est-il de l’évolution de l’UDF après 1981? Que peut-on dire de manière générale des droites non gaullistes, en particulier des centristes et de leur difficulté dans le régime bipolaire de la 5 ème république ? a. L'évolution de l'UDF et du reste des droites non gaullistes de 1981 à aujourd'hui peut être caractérisée par plusieurs éléments Tout d’abord une évolution du recrutement et de l’idéologie. C’est un rajeunissement de l’organisation suite au discrédit de VGE, de Raymond Barre à qui on attribue la responsabilité de la défaite (phénomène classique), donc on voit une ascension des jeunes dans l’appareil après 1981, ascension de Gérard Longuet, Million… ce changement de personnel va partiellement expliquer les changements idéologiques, les références ne sont pas les mêmes, c’est sans doute la fin de ce qui faisait l’originalité Giscardienne, cette idée de concilier un relatif libéralisme culturel au libéralisme économique. C’est le moment du ralliement au thème sécuritaire. C’est aussi un retour à un statut minoritaire au sein de la droite avec des résultats inférieurs au RPR, suite donc à cet échec de VGE, également en 88 de candidature de Raymond Barre aux présidentielles, absence de candidature UDF aux élections de 1995, l’UDF n’est plus le parti du président comme elle avait pu l’être à la fin des années 70 et septennat de VGE. Enfin, la fondation de l’UMP en 2002 va voir le départ d’une partie des membres de l’UDF vers l’UMP. Ce processus est l’aboutissement de tout un processus d’éclatement qui a commencé en 1997, avec la présidentielle, régionales de 98, changements de noms, CDS devient Forces Démocrates, les anciens giscardiens de l’ex club perspectives et réalités fondent le PPDF (parti populaire pour la démocratie française avec Hervé de Charrette), c’est le départ d’Alain Madelin qui poursuit qques peu une stratégie de cavalier seul en fondant Démocratie Libérale à partir de son parti républicain, et qui défendra la candidature de JC en 95. L’autre étape majeure sera l’élection régionale de mars 98 où on va voir un choc du fait qu’un certain nombre de présidents de région de l’UDF accepteront d’être élus avec les voix des conseillers régionaux du FN, c’est le cas de Jacques Blanc, qui accède à la présidence du Languedoc Roussillon avec les voix du FN, Charles Bores en Picardie… donc droite non gaulliste ne signifie pas forcément centrisme ou modération, au contraire, alors qu’un tradition gaulliste a toujours été hostile à une alliance avec le FN, membres de l’UDF accepteront d’être élus avec ces voix, et très vite l’UDF sera divisé sur cette question, François Bayrou demandera à créer un nouveau parti de centre et de centre droit, « hostile à toute accommodation avec l’extrémisme ». Donc on va assister à une division de ces droites centristes et libérales, on verra par exemple une liste à la fois RPR et démocratie libérale aux Européennes, une liste UDF seule aux EU aussi, et la présidentielle puis les législatives de 2002 vont achever de démontrer cette éclatement des droites, et en face l’UMP va devenir une énorme force qui va drainer les ressources de financement des partis, ce que craignait à l’époque François Bayrou, qui se retrouve à diriger une UDF de plus en plus réduite et affaiblie, qui refuse de fondre l’UDF dans l’UMP alors même qu’une partie des membres de l’UDF quittent le parti pour aller dans l’UMP. A partir de la, FB va se retrouver dans une situation un peu isolée, qui va le construire peu à peu comme principal opposant à NS quand il sera ministre de l’intérieur puis plus tard quand il sera président. Une UMP donc dirigée à partir de 2002 par NS assisté de Jean Claude Godin, ancien UDF proche de démocratie libérale et de Pierre Méhaignerie, autre UDF, une UMP qui va être la machine de l’accession au pouvoir. Une autre étape ds cette évolution des droites, centristes en particulier, va être le 16 mai 2006, dans le cadre de l’affaire ClearStream, FB et 10 autres députés UDF vont voter la mention de censure déposée par l’opposition socialiste contre le gouvernement de Dominique de Villepin. C’est la première fois depuis la création du parti UDF qu’un dirigeant centriste se rallie à un texte de cette nature, motion de censure face à un gouvernement conservateur. Cette motion de censure sera malgré tout minoritaire au sein de l’UDF qui comptait 29 membres avec les apparentés. Le moment important dans l’histoire de l’UDF va être la présidentielle de 2007. Cette présidentielle qui avait vu s’affronter NS et Ségolène Royal, et où FB va obtenir 18.57% des voix dc 3ème homme de la présidentielle, qui va décliner une offre de ralliement de la part de Ségolène Royal et qui pense bâtir l’avenir en fondant le Mouvement Démocrate, MoDem auxquels les responsabilités de l’UDF vont être transmises en 2007, ce mouvement qu’il fonde avec Marielle de Sarnez et qui fera naitre un gros espoir autours de FB et de son parti centriste véritablement indépendant et qui n’accepterait pas d’être un centrisme qui tomberait toujours à droite. FB a toujours tenu ce discours de refus de la bipolarité de la vie politique. Cependant, cette aventure fera long feu puisque le modem connaitra un gros échec aux EU de 2009 alors que ce pari pro-EU aurait dû bénéficier de la représentation proportionnelle pour ces élections, et de la même façon à la présidentielle de 2012, obtiendra que 9.13% des voix, donc certain reflux de ces voies en faveur du modem qu’il incarne. On sent très nettement cet isolement de FB, qui se traduit jusqu’au fait qu’il se retrouve aux législatives à affronter à la fois un candidat de l’UMP et du PS, alors même que FB avait indiqué qu’il voterait en faveur de FH au 2nd tour de la présidentiel, et lorsqu’on regarde à partir des quelques données de sondage disponibles, le report des voix du modem, 1/3 environ se reporte sur FH mais un peu plus d’une moitié vers NS, dc compliqué pour le responsable de l’organisation de tomber d’un côté ou de l’autre parce que son électorat lui-même est extrêmement divisé. On peut donc s’interroger sur cet isolement de cette force politique qui a très fermement expliqué son opposition en valeur à NS, FB avait expliqué qu’il était à la fois très attentif à la rigueur des gouvernements mais que la question des valeurs compterait beaucoup sur ses choix politiques à la présidentielle. On sait que les valeurs du Modem sont des valeurs d’intégrité sur un registre un peu démocrate-chrétien, d’une certaine protection sociale et en même temps de libéralisme économique et de rigueur gestionnaire, mais il semble se confirmer cette difficulté à exister un centre qui ne soit pas dans la majorité présidentielle. b. Les caractéristiques de la droite non gaulliste en France * Indépendants et souverainistes Une des grandes caractéristiques de ces droites en France est leur hétérogénéité. 3 questions qui caractérisent cette droite non gaulliste. D’abord, un caractère notabiliaire (une droite de notables). Malgré la modernisation qu’avait représenté la formation de l’UDF dans les années 70, ces droites centristes et libérales sont très caractérisées par leur caractère notabiliaire, qu’elle soit composée de beaucoup de notables, ce qui signifie en fait pas de grosses organisations, organisations faites de manière peu centralisée, peu autoritaire, bref, une droite dans laquelle les élus ont un poids beaucoup plus importants que les militants. Pourquoi ce poids important des élus ? Des notables, personnes qui disposent d’importantes ressources, pas forcément financières, mais politiques, en terme de réseaux sociaux, d’implantation familiale, par exemple père de F Léotard était déjà maire de Fréjus avant que son fils ne le devienne, J. Barreau, Méhaignerie… donc dynastie familiale en quelques sortes dans ces centristes libéraux, alors que moins à gauche parce que moins de ressources personnelles. Bref, les formations de la droite non gaulliste n’ont jamais cherché à former de gros parti, excepté MRP sous la 4ème république, quand il tentait d’être le grand parti du centre, incontournable, proche d’un parti de masse, mais son organisation était peu structurée. Peu de militants, des partis de droite classique organisés autours d’élus locaux, un rôle important des parlementaires, une culture en quelques sortes un peu antiparti. Il suffit de comparer dans les années 2000 les chiffres des adhérents des partis, l’UMP comptait environ 120 000 adhérents, environ 30 000 pour l’UDF contre environ 130 000 pour le PCF. Deuxième caractéristique : une ambiguïté idéologique. Quand on regarde ces partis qui composent les droites non gaullistes en FR, on peut se demander ce qui les rassemble. Pas d’unité idéologique même si on peut isoler quelques grands thèmes, comme l’EU, référence à Jean Monnet qui a fortement caractérisée le MRP et maintenant le Modem, même s’il ne faut pas oublier qu’une autre partie de ces droites, moins du côté des centristes que des souverainistes sont farouchement opposés à l’EU. La modération du côté des centristes, sans doute, la méfiance à l’égard de l’étatisme, une position favorable au fédéralisme, à la décentralisation, et sans doute héritage de démocrate-chrétien, l’importance des valeurs de social, solidarité sociale, de famille. Bref autant d’aspects qui renvoient à cette sensibilité démocrate-chrétien mais qui ne suffisent pas à caractériser ces centristes car il existe une autre sensibilité, plus fortement représentée par la défense du libéralisme économique comme on l’avait rencontré chez Alain Madelin, que ce libéralisme économique s’accompagne ou pas d’un libéralisme culturel. Ce terme même de libéralisme selon les droites peut vouloir dire modération des pouvoirs (plutôt le sens du libéralisme politique), comme cela peut vouloir dire libéralisme économique dans une forme très extrême, à la Reagan-Thatcher ou libéralisme économique dans le simple refus disons de l’étatisme par exemple. Même l’idée de modération doit être abordée avec prudence, parce que cette idée de modération qui caractériserait bien sur le MRP, le Modem, ne dit pas tout de toutes les droites centristes et libérales, de toutes les droites non gaullistes, puisqu’on a vu certaines se sont fortement compromises avec l’extrême droite. Troisième caractéristique est toute cette difficulté à l’existence d’un centrisme autonome compte tenu de la bipolarisation de la vie politique en FR, bipol qui rend difficile l’existence d’un parti politique sur des bases pérennes, bien implanté. Dc organisations liées à l’UMP aujourd’hui ou liées à l’UDF. On ne doit pas ignorer des initiatives plus petites en taille et plus indépendantes qui interviennent dans le jeu politique FR. (56) De petites entreprises, CNI, RPF, MPF, à droite de la droite A chaque présidentielles, on observe des candidatures, parfois considérées comme témoignage, dont les idées sont perçues clairement à droite, et qu’ils choisissent d’exprimer hors parti ou en se basant sur des partis politiques de petite taille. On peut citer 5 exemples parmi les plus connus, qui renvoient plutôt au souverainistes, à certaines personnalités individuelles mais qui se sont souvent ralliées à l’UMP. Ces 5 personnalités st Philippe de Villiers, Nicolas du Pontaignant, Charles Pasqua, Christine Boutin, Alain Madelin. Ce qui les caractérise est le fait d’être à la fois sur un créneau idéologique un peu particulier et d’avoir un ancrage local très bon par ex Philippe de Villiers qui fut très longtemps président du CG de Vendée, un des inventeurs de ce parc d’attraction et culturel qu’est le Puy du Fou et qui avait vraiment cet enracinement en Vendée ou Alain Madelin, Maire de Redon en Ille-etVilaine. AM est membre de l’UMP mais qui a souvent incarné Démocratie-libérale, présenté aux présidentielles de 2002 à ce titre, et qui incarne véritablement avec ce parcours PR, UDF, DL, avec un passé d’extrême droite, incarne très fortement la revendication d’un libéralisme économique, de façon très radicale, même s’il a sans doute abandonné les thématiques extrêmes de sa jeunesse pour évoluer vers un certain libéralisme en matière culturelle en matière de mœurs. Deuxième exemple, beaucoup moins proche du libéralisme moral, Christine Boutin. CB candidate à la présidentielle en 2002, ancienne député UDF, a rallié UMP, a fondé une organisation : le Forum des Républicains Sociaux, a été vice-présidente du CG des Yvelines, a menacé de se présenter en 2012 mais finalement estime avoir reçu des assurances de NS sur les thématiques qui lui tiennent à cœur (extrêmement attachée à la place du catholicisme en FR, pense avoir obtenu des garanties satisfaisantes en matière de sécurité, immigration, avortement, opposition au mariage homosexuel), incarne donc systématiquement, très proche des catholiques traditionnalistes et en même temps très sociale sur certains points, revendique un espace et une parole politique. 3ème exemple : Philippe de Villiers, avec son mouvement pour la FR (MPF) qui incarne ce qu’on peut appeler le souverainisme libéral, souverainisme dans le sens de la défense des privilèges de la nation FR, la place de la FR et sa supériorité pour l’EU, contre mondialisation, mais souverainisme libéral puisqu’il revendique plutôt le modèle de l’économie de marché et des expériences style Reagan et Thatcher. PdV qui représente aussi une certaine forme de catholicisme traditionnel, qui avec son organisation a obtenu de bons résultats dans certaines élections EU, 1994 par exemple, qui avait obtenu un grand succès en 1999 au travers d’un mouvement qu’il avait fondé avec Charles Pasqua appelé le Rassemblement pour la FR et l’indépendance de l’EU, obtenant près de 13% des voix, qui a une position véritablement au parlement EU, qui a fondu son mouvement à l’échelle EU dans un mvmt appelé Libertas qui entend coordonner tous les mouvements souverainistes EU aux élections EU. PdV qui a connu plus récemment des résultats mitigés, score décevant à la présidentielle de 2007 (2.23% des voix après campagne fortement accès sur l’islamisation et la défense de l’identité nationale notamment), le MPF qui s’inscrit aujourd’hui plutôt dans l’UMP, accords ac UMP pour obtenir des députés en Vendée, a aussi fait campagne commune avec le mvmt Chasse, Pêche, Nature et Traditions. Dc idéologie de l’ordre morale, opposition à l’immigration, à l’UE, sécurité, parti qui a également au recyclage de certains membres du FN qui, lorsqu’ils entendent revenir dans le jeu politique plus classique passent parfois par le MPF, comme Jacques Bompart, maire FN d’Orange qui était rentré au mouvement pour la FR, Guillaume Pelletier avant qu’il rejoigne l’UMP et qui avait quitté le FN en passant par le MPF. Charles Pasqua, souverainiste néo-gaulliste qui va incarner avec le Rassemblement Pour la FR, une sorte de thématique néo-gaulliste, de fidélité à la mémoire du général, idée de sécurité, souveraineté de la FR. Et enfin Nicolas du Pontaignant, qui est un ancien membre du RPR, puis du RPF, puis de l’UMP, qui s’était prononcé pour le non au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel EU, et qui ensuite avait tenté de se présenter aux présidentielles de 2007, avait quitté donc l’UMP, et a fait campagne a la présidentielle de 2012 avec son mouvement Debout La République, là encore parti qui se revendique du gaullisme mais en fait du souverainisme. L’objet de ces mouvements est à la fois garantir le statut de leurs leaders, leur élection, fusse dans un cadre local aux législatives par exemple, c’est une façon de peser sur le débat idéologique, souvent liée à un fief électoral. Allusion avec ces 5 personnalités à l’alliance du Mouvement pour la France, au mouvement CPNT (Chasse, pêche, Nature et traditions). C’est en effet un aspect relativement récent dans la vie politique FR, depuis 1989, notamment aux EU, on a vu apparaitre une force politique, au début nommée Chasse, Pêche et Traditions, puis CPNT en 1989 et qui a progressé au point de rassembler, aux EU de 1999, 6.74% des suffrages exprimés. Mouvement dans lequel on retrouvait Frédéric Nihous, Jean St Joss, qui ont fait parfois d’assez bon scores (St Joss avait fait 4.23% à la présidentielle de 2007). Ce sont des mouvements assez fortement implantés dans des régions rurales qui comptent des chasseurs, comme la Somme ou Sud-Ouest. Thématique de ces mouvements qui ont compté de nombreux conseils régionaux, des députés EU : d’une part la chasse. Or la chasse est un lobby extrêmement puissant en FR : aujourd’hui, en FR, plus de 36 000 communes, dont une majorité de commune rurale dans lesquels les chasseurs pèsent dans l’électorat, de par leurs relations avec les personnes bien installées, au village par ex, donc poids électoral réel. A partir de cette thématique de la chasse, des thématiques connexes ont été greffées, autour de la ruralité, d’une EU accusée de tous les maux (ex restreinte des périodes de chasse, des oiseaux migrateurs), rejet des écologistes considérés comme des urbains intellectuels coupés des réalités, rejet de ceux qui s’attaqueraient à la Corrida, au nom de la tradition. Donc mouvement qui a une réelle existence politique, même si, à la présidentielle de 2012, NS avait réussi à décourager Frédéric Nihous de candidater en tant que tel au nom de son mouvement CPNT et de fait, CPNT s’est de plus en plus rapproché de l’UMP (présidentielles de 2007, CPNT avait appelé à voter pour UMP au 2nd tour. CPNT, peut-on le caractériser comme un mvt de droite ? du point de vue des alliances, cela semble assez clair, mais ce qui est intéressant, c’est que les thématiques défendues par ce mvmt sont assez mixtes : mélange de souverainisme, populismes, rejet des écolos, mais en même temps une partie de l’électorat du CPNT était un électorat issu du PS en région rurale, qui avait la mémoire du fait que la limitation de la chasse allait contredire ce vieil héritage du droit à la chasse comme droit populaire et historique contre les puissants, donc un électorat un peu moins de droite que sa direction. Au sujet des personnalités évoquées, certaines ont eu un passé d’extrême droite ou envisageaient des alliances avec l’extrême droite, ce qui suppose d’envisager la question du FN en politique. 3. Le Front National : « hors-système » ou au centre du jeu politique ? (57) Il faut souligner à la fois l’atypisme du FN en même temps que ce parti est aussi porteur de certains traits classiques de l’extrême droite en FR. A. Les logiques sociales et politiques du succès du Front National a. Historique Bien qu’il date de 1972, le FN va véritablement exister sur le plan électoral qu’à partir de 1923. On peut distinguer deux périodes qui vont marquer son évolution du statut de groupuscules à un parti finalement au centre du jeu politique (tout le monde se positionne par rapport au discours du FN, que ce soit pour le contrer, pour s’appuyer dessus…). Première période : va de l’éparpillement à la structuration du FN, 1958-1972. Avant 1972, date de fondation du FN, l’extrême droite existe déjà en FR, elle regroupe un ensemble de groupuscules assez épars, de sensibilités assez différentes, il existait la vieille sensibilité, la vieille tradition contre révolutionnaire FR, les tendances antisémites, populistes, très fascistes entre 2 guerres. Certains historiens du FN distinguent 2 tendances, que l’on va retrouver au sein du FN : la tendance des nationaux et la tendance des nationalistes. La tendance des nationaux, regrouperait ceux qui ont été marqués par le poujadisme, 1954 Pierre Poujade, qui sont à la fois ultraconservateurs et populistes (dans le sens où ils font appel au peuple contre les élites), ce sont aussi ceux qui n’accepteront pas la perte des colonies, l’Indochine en 1954, l’Algérie en 1962 en particulier. Ceux qui s’opposeront à De Gaulle, qu’on appellera les antigaullistes de droite, l’OAS, la RLP, qui avait fait scission des comités éthique civils en cours, JM Le Pen est un exemple typique de ces nationaux : né en 1928, il monte à Paris pour faire des études de droit, fréquente l’extrême droite royaliste d’abord, puis, après sa licence, fait l’école d’application de l’infanterie, part comme parachutiste en Indochine en 1954, il arrive pile au moment de la défaite de Dien Bien Phu, va rentrer rapidement en FR, trainer dans le cercle des anciens d’Indochine, rencontrer à la fin de l’année 55 Pierre Poujade, ce leader des poujadistes, défense des artisans/commerçants contre les impôts et les taxes, Poujade cherche des jeunes qui ne viennent pas, à l’inverse de lui, de l’artisanat ou du commerce, et JM le Pen entre dans l’organisation de Pierre Poujade, l’ 'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA), et devient un des principaux orateurs de la campagne poujadiste de 1956, et c’est ainsi qu’il est élu dans le 5ème arrondissement de Paris en 1956, le plus jeune député de FR à 28 ans. Il va s’affirmer, affronter Poujade sur la question de l’Algérie, sur la question des alliances, s’engage dans l’armée, arrive d’abord à Suez en Egypte, puis en Algérie où il semblerait qu’il ait pratiqué la torture en tant qu’officier de renseignement, va devenir en quittant le mouvement Poujade le secrétaire général d’une organisation qui s’appelle à l’époque le Front National Combattant (pas le FN d’aujourd’hui), qui organise les partisans extrémistes de l’Algérie FR, va être élu à nouveau en 58 sous l’étiquette du CNIP, appelle à l’insurrection en Algérie en 1960, va perdre les législatives de 1962 et on le retrouve en 1965 comme responsable de la campagne présidentielle du candidat d’extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour, qui obtiendra 5.2% mais Tixier-Vignancour va écarter JM Le Pen, qu’il trouve trop radical, trop proche d’une autre tendance, cette tendance, différente des nationaux, est celle des nationalistes. Les nationalistes, on désigne un mouvement plus étudiant, plus violent, en faveur d’une EU blanche, raciste, un mouvement d’avantage héritier du fascisme, du nazisme, d’avantage caractérisé par une combinaison d’antisémitisme, d’anticapitalisme, de défense de l’état fort, de paganisme, tout un mouvement qu’on retrouvera dans des organisations comme Jeunes Nation en 1949, Occident en 1964. Deux tendances différentes donc. La réussite de JM Le Pen va être de réunir, fédérer, ces deux tendances. Fondation du FN en 1972 : depuis quelques années, depuis l’indépendance de l’Algérie, les nationaux sont en perte de vitesse, la perte des colonies leur a ôté un argument, ils se doutent bien qu’on ne va pas reconquérir les anciennes colonies, et en 1968, le mouvement Occident est dissout par le ministre de l’Intérieur, l’équipe dirigeante fonde une nouvelle organisation qui s’appelle Ordre nouveau, qui voudrait se donner une façade respectable, tenter ce qu’il se passe en IT avec le MSI, héritier de Mussolini, et dans cet espace des droites extrêmes, JMP apparait comme un peu modéré et se trouvera à la tête de l’organisation qui s’appelle FN après diverses vicissitudes, dissolutions de l’Ordre nouveau, ou autre. Ce qui ne veut pas dire que de 74 à 78, avec le départ du FN des anciens membres de l’ordre nouveau on trouve des gens aussi modérés que ca, puisqu’il faut bien des alliés/militants et on va recycler au sein du FN des anciens membres d’une équipe de l’organisation qui s’appelle Militants, qui est animé par un ancien caporal SS Pierre Bousquet, recycle des gens proche de certains mouvements néo-nazis, mais ce qu’il faut bien voir, c’est que dans ces années, dans cette deuxième parti des années 70, le FN n’est qu’un groupuscule d’extrême droite comme les autres et certainement pas un parti politique au centre du jeu politique FR. Un mouvement qui va essayer de prendre un tournant idéologique en 78 en reprenant certains thèmes qui avaient fait le succès du mouvement Poujade dans les années 50, contre le trop d’état, contre les impôts, trop de fonctionnaire, de syndicats, en essayant finalement de gagner chez les petits commerçants, chez les artisans. C’est un tournant qui correspond à une tentative de structuration, de revenir à un coté plus populiste, plus nationaliste conservateur plutôt que nationaliste révolutionnaire. Ce qui va véritablement changer dans la trajectoire du FN va être l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. De 81 à aujourd’hui, on va voir un parti a la fois isolé et au centre du jeu, du débat politique. Six périodes/dates importantes marquent l’histoire du FN à partir de 1981. - - Les municipales de mars 1983. A ce moment-là, le FN n’est pas le seul à évoquer les thèmes de l’insécurité, de l’immigration, c’est l’angle aussi choisie par la droite classique (RPR, UDF) contre le mouvement socialiste, puisqu’évidemment, même si ce sont des municipales, elles ont une dimension nationale comme beaucoup d’élections qui servent souvent a critiquer les autorités nationales et pas seulement à répondre à des enjeux locaux. Et le fait que RPR comme UDF pilonnent aussi le gouvernement socialiste sur ces thèmes, légitime que le FN se saisisse de ces thématiques. Et l’on voit bien dès 82-83 (cantonales à Dreux en 82 où le FN obtiendra 12.2% au premier tour, municipales de 83, le FN parvient à présenter des candidats, la liste de JMP en 83 obtient un peu plus de 11% dans le 20ème arrondissement, ce qui est énorme à l’époque) que commencent à se structurer des résultats impressionnants au FN. Les élections EU du 17 juin 1984. Les élections EU se déroulent à la proportionnelles et connaissent un fort taux d’abstention donc favorise les petits partis, les partis contestataires et ceux qui n’ont pas besoin de faire alliance ou qui n’ont pas la possibilité de faire alliance. Puis quand on se présente aux EU, il suffit d’avoir une liste de 50 personnes, ce qui est différent de - - - - pouvoir présenter des candidats dans ttes les circonscriptions de FR cad 577 en FR métropolitaine. Le résultat du scrutin est une grande surprise, du jamais vu depuis 1956, le FN obtient 11.2% des suffrages exprimés, soit près de 2 millions d’électeurs. Certes, le taux d’abstention est très grand, 43%, on aurait pu penser que ce sera un feu de paille, mais ce n’est pas le cas, confirmé aux cantonales de 1985, donc on commence à comprendre, notamment dans le cadre des cantonales, qu’il y a un vrai pouvoir de nuisance de la part du FN à l’égard de la droite classique notamment quand le FN se maintient au 2ème tour, triangulaires donc. Période importante de transition où l’on voit rejoindre le FN des acteurs issus de la droite classique, des gens qui ne voient pas beaucoup de débouchés dans le RPR ou l’UDF et rejoignent le FN en se disant que ca leur donnera peut-être une opportunité en terme de carrière politique, de réussite aux élections, de possibilité de se présenter aux élections. La troisième étape importante sont les législatives de 86 : le PS au pouvoir anticipe la défaite. Le gouvernement est a ce moment très impopulaire, le gouvernement de François Mitterrand est très impopulaire à ce moment, on sait qu’on va perdre. A gauche, FM fait changer les règles du scrutin et fait passer l’élection des députés à la proportionnelle en 86. La proportionnelle, même dans le cas départemental, favorise les petits partis, les partis qui ne font pas d’alliance, donc en 86, d’une certaine façon FM a fait entrer le FN à l’Assemblée Nationale, dans le but d’affaiblir la droite classique et on voit apparaitre 35 députés FN à l’Assemblée Nationale, ce qui va donner une tribune, une visibilité, des ressources à ce parti Ascension ne sera pas gênée par les deux ans de cohabitation FMiterrand/Chirac, 86-88, la 4ème étape est la présidentielle de 88. Au premier tour, JMP obtient 14.4% des voix, score historique pour un candidat de la droite extrême et il va se présenter, suite à la défaite de Chirac, comme la seule alternative face à la gauche. Situation de cohabitation président socialiste/ avec PM conservateur de 86 à 88 facilite la tâche du FN qui a beau jeu de se présenter comme la seule opposition possible et crédible. Etape donc de réorganisation/structuration du parti, aussi stagnation en terme de résultats électoraux, fin années 80, période aussi où JMP commet des écarts de langages tout à fait calculés (série de provocations verbales comme son jeu de mot sur le ministre Durafour de l’époque « Durafour crématoire », parlera des chambres à gaz comme un point de détail de la 2nde GM…) qui ne vont pas empêcher le FN de progresser à nouveau et plutôt relancent l’intérêt médiatique à chaque fois que l’on parle moins du FN. On observe aussi pendant ces années les victoires aux municipales dans tout un ensemble de villes du Sud Est, comme Toulon, Marignane, Orange, Vitrolles, sans parler du progrès du FN aux régionales de 98. 5ème étape qui crée la surprise, sera la présidentielle de 2002 quand JMP, en obtenant 16.86% contre 16.18% à Lionel Jospin se retrouve au second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac, et JMP va progresser en nombre de voix et suffrage exprimés entre le 1 er et le 2nd tour (5.5 millions d’électeurs FR pour le FN au 2nd tour). Paradoxalement pourtant, ce score exceptionnel ne trouvera pas véritablement de débouché politique pour JMP, en 2007 son score est relativement bas avec10.44% comme si la personnalité de JMP avait contribué à enfermer le FN dans son isolement. Le sarkozysme, faux antidote au FN et la succession de JMP. C’est sans doute une transformation fondamentale des droites FR que ce qui s’est joué dans le rapport des droites dites du gouvernement au FN, à partir des années 2007. On crédite en effet NS d’avoir fait baisser le FN (fameux résultats de 2007) en siphonnant les voies du FN. On sait que le discours de NS fut un discours qui mobilisa tout un ensemble de thématiques très droitières, dont on a pu se dire à un certain moment qu’elles avaient fragilisé les thématiques du FN. De plus, se jouait à ce moment-là la question de la succession de JMP, et ce qui se jouait derrière ça c’est aussi la dédiabolisation du FN (on se souvient des nombreux excès de langage de JMP qui à la fois remettait le FN en avant mais en même temps l’isolait). On sait que Marine le Pen va réussir à accéder à la tête du FN contre Bruno Golniche qui incarnait plutôt la frange traditionaliste catholique et extrême du FN, et à partir de là on obtiendra un FN à l’apparence dé-diabolisée, qui va refuser les écarts de son père, la présence des skinheads ou des thématiques visibles d’extrême droite qui passeraient par le drapeau nazi ou autre, et qui va jouer tout un ensemble de thématiques populaires et sociales parfois très surprenantes pour un FN qui abritait des catholiques traditionnalistes, qui abritait des personnes peu favorables à la laïcité ou aux droits des homosexuels. Et on verra ainsi MP, femme, jeune, divorcée, incarnant une forme de famille moderne, expliquer l’importance de la laïcité à l’école, évoquer la défense des homosexuels confrontés en banlieue à l’intolérance des islamistes, car la cible de ce FN est désormais moins l’immigré en général que l’islam en particulier et les populations se revendiquant d’un Islam jugé trop visible par exemple au travers de prières de rue. Du coup on voit aussi que dès lors le FN apparait modernisé, jouant d’avantage les règles du jeu démocratique, bref, la transformation au moins apparente du FN semble là et elle va se traduire dès lors que certaines des attentes qui avaient été placées dans la personne de NS vont être déçues, elle va se traduire par le résultat de MP à la présidentiel de 2012 puisqu’elle obtiendra 17.9% des voix, cad que en terme de pourcentage total de l’électorat, elle mobilisera 13.95 % de l’électorat total (inscrits sur les listes) cad 6.4 millions d’électeurs, soit davantage que, à la fois Bruno Maigret et JMP en 2002. Comment se positionnera MP entre les deux tours : elle annonce qu’elle votera blanc laissant ses électeurs se reporter, selon les sondages entre 50-60% sur NS et 14-20% sur Hollande, mais surtout ce qui est très intéressant à observer, ce sont les législatives : MP a déclaré explicitement que, selon la circonscription, selon la personnalité des candidats, selon leurs position sur les questions d’insécurité sociale, immigration… qu’elle n’excluait pas d’appeler à voter localement selon les cas, UMP ou PS. Derrière cette façon de refuser le ni-droite ni-gauche mais de l’envisager localement, puisqu’on connait la puissance de nuisance politique en quelques sortes dans les triangulaires, beaucoup d’échecs de la droite de gouvernement passent par les triangulaires, ce qui se dessine serait les contours d’une reconfiguration des droites à l’italienne, où finalement on aurait une extrême droite qui aurait abandonné ses formes les plus radicales, et qui serait rendu plus acceptable, forme de néonationalisme débarrassé des oripeaux gênants de son passé, qui serait sorti de son ghetto, et au mouvement de droitisation de l’UMP qu’on a vu par exemple par le mvmt de la droite populaire au sein de l’UMP, des députés, notamment des élus du Sud Est comme Lionnel Luca, Eric Ciotti, qui appellent à se pencher sur les thématiques du FN, qui disent que les électeurs du FN doivent être écoutés, entendus, à ce mouvement venant des droites, on aurait le mouvement symétrique du FN qui n’exclurait pas de revenir dans le jeu politique par des alliances non au niveau national mais au niveau local, donc faut voir si le FN obtiendra des députés et donc pourra peser plus lourd dans le jeu politique. Mise à jour : 2 députés FN entrent à l’AN le 17 juin 2012 (Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen). b. A quoi attribuer ces succès du Front National ? Beaucoup d’explications qui se combinent, qu’il faut manier avec prudence. Exemple, l’explication tribunitienne, pas tout à fait satisfaisante, et JMP et Marine le Pen, tous deux très bon orateurs, mais JMP par exemple déjà tres bon orateur à 28 ans sous la 4 ème république et pourtant son parti ne sera qu’un groupuscule jusqu’en 1982, donc fausse explication. Explication par le chômage et l’immigration : compliquée. Ne fonctionne pas toujours, fonctionne dans certaines régions et pas dans d’autres. Il est vrai que le FN draine les votes d’une population qui s’estime agressée, menacée dans sa culture et son mode de vie, par le multiculturalisme, par l’immigration, mais le FN peut également être très fort dans des zones rurales ou périurbaines à très faible immigration, comme en Alsace où vote très favorables au FN dans certains petits villages d’Alsace alors même que ce sont des petits villages composés essentiellement de frontaliers qui eux vont travailler en Allemagne, donc ce sont des FR qui émigrent en Allemagne pour leur travail, et ne côtoient quasiment pas d’immigrés venant d’Afrique/Maghreb, mais qui vont voter FN, dc FN répond à des angoissent identitaires mais pas uniquement dues à immigration ou chômage. En revanche, vrai qu’il y a eu un net progrès du FN dans les milieux populaires, c’est une chose qu’il faut analyser avec prudence, pas uniquement populaire contrairement à ce qu’on entend parfois. Le vote FN bénéficie aussi de ce qu’on peut qualifier d’ethnicisassions de la réalité sociale : le fait qu’on lise de plus en plus la réalité avec des lunettes ethniques, ethnicisantes. Comme par exemple les polémiques qui ont entourées le comportement de l’équipe de FR puis la composition de l’équipe de FR, au sein de la FFFootball, les propos tenus au sein de la FFF, regrettant la présence trop forte d’africains gds et costauds par rapport aux petits FR malingres, propos sans doute impensables et considérés comme propos du FN il y a 20 ans, paraissent normaux à une partie de la pop F : signe qu’on lit peut être la réalité aujourd’hui avec des lunettes ethniques, ethnicisées. Autres explications peut être plus relationnelles que déterministes pourraient être ajoutées à ce succès du vote FN. Déterminisme : a des transformations sociales correspondent des transformations de vote, mais il y a aussi des explications relationnelles dépendant de ce que sont les autres partis, de ce qu’ils arrivent à faire ou à mobiliser, comme par exemple l’affaiblissement d’autres partis qui entendaient parler au nom du peuple comme PC : certains anciens PC s’abstiennent maintenant et des ex-abstentionnistes peuvent voter FN. Un abstentionnisme qui fait des ravages dans l’électorat des grands partis du gouvernement, comme le vote FN est un vote d’indignation, il mobilise les gens, a l’inverse, ceux qui ne sont pas satisfaits par la politique du gouvernement vont s’abstenir, donc proportionnellement affaiblir les grand partis de gvmt. Alternance de 81, arrivée gauche au pouvoir, a contribué à radicaliser les droites en général, ce qui a légitimé, qd le discours des droites est devenu plus dur, le discours du FN aussi. De même, les alternances très rapides des années 80-90 ont sans doute généré une déception croissante puisque les électeurs ont pu voir que finalement des partis qui avaient été longtemps dans l’opposition n’avaient pas non plus de recette miracle pour régler la crise ou les problèmes sociaux. Il faudrait aussi analyser comment le développement du salariat précaire et les travailleurs pauvres, toujours la tête juste au-dessus de l’eau, peut expliquer un vote d’angoisse et de rejet de qui viendra vous sauver quand vie pleine de difficultés. Enfin explication du succès du vote FN qui vient de l’offre politique (activité du parti, travail politique): succès du FN est d’avoir politisé le rejet de la politique, d’avoir ramené à la politique des gens qu’il a rejeté, mais ramené en leur suggérant de voter le FN et de rejeter les autres élites. Joint à un véritable travail de militantisme terrain, de réflexion doctrinale, de conviction, alors que d’autres partis qui étaient en crise montrent moins d’opérations militantes, donc la question qui se pose est celle des redéploiements qui pourraient se jouer dans les années à venir entre une partie des droites qui se définissent comme droite républicaines modérées et un FN « new-look ». On sait qu’au sein de l’UMP s’est fondée une tendance qui se fait appeler la droite populaire, très active, contre les radars et la suppression des indications des radars donc des thématiques très populistes, immigration également, thématique créée 14 juillet 2010 autours de députés souvent du Sud Est, membres de la droite populaire, pas difficile d’imaginer que se joue au moins au niveau local, un scénario à l’italienne, d’alliances entre un FN devenu un peu fréquentable et une droite populaire radicalisée sur le modèle italien. Avec une sorte d’ironie ; longtemps la droite de gouvernement a refusé toute alliance avec le FN, comme une sorte de cordon sanitaire contre et autour du FN qui semblerait être peu a peu remis en question, quand bien même une partie de la majorité diraient qu’ils reprennent une partie des thématiques du FN pour éviter que ce soit lui qui arrive au pouvoir. B. Une extrême-droite « classique » ? Question qui se pose au sujet du FN. Qu’est-ce que ca veut dire, quels problèmes cela pose de se poser cette question ? Toujours un danger à étiqueter les forces politiques qui se servent souvent de cette étiquette ou la rejettent (FN a attaqué en justice des journalistes qui utilisaient les termes d’extrême droite et à l’inverse s’est réjoui quand des chercheurs politiques ont inventé le terme de populisme national pour le définir). Se dire nationale populiste est dire que pas extrême droite mais nationaux populistes. Donc effectivement il y a un enjeu politique à la qualification : si on met FN dans une catégorie qui s’appelle extrême droite qui contient aussi bien les nazis que JMP, on voit que ca pourrait presque justifier juridiquement une interdiction du FN. a. FN et MNR « sont-ils » d'extrême-droite ? FN est-il d’extrême droite ? Varie selon qu’on considère ses idéologies, ses stratégies, d’être respectable ou pas, son électorat, et notamment ouvrier. Il faut se souvenir que l’extrême droite a toujours été diverse. L’extrême droite ce sont des nationaux et nationalistes, des monarchistes, anticapitalistes, antilibéraux, ce qui n’est pas la même chose que des fascistes ou des nazis, l’idéologie du FN a elle-même évoluée en fonction des rapports de force au sein de l’organisation dans les différents groupes et c’est sans doute le parti qui a mené le plus d’efforts doctrinal de fabrication d’une idéologie, de programme dans les dernières années. On peut distinguer 5 éléments centraux dans l’idéologie du FN, qui vont de la droite extrême à l’extrême droite, c’est leur combinaison qui permet d’ancrer le FN à l’extrême droite : - - - - - Pensée réactionnaire fondée sur l’ordre social. C'est-à-dire une pensée qui va valoriser le rôle de la famille, une certaine conception organique de la société dans laquelle chacun est à sa place, conception hiérarchique, même si Marine le Pen a quelque peu changé cette conception, mais le FN reste ce parti contre l’avortement, qui défend l’enseignement professionnel, qui rejette les déviances (homosexualité, toxicomanie), qui va valoriser un état gendarme, l’effort, la hiérarchie et encore, même si cette image est moins évidente avec MP, le parti de JMP était favorable au retour d’une partie des femmes à la maison parce que ca libèrerait une partie du marché du travail par exemple. Valorisation du rôle de la nation, notamment de la nation FR et de son rôle au travers de l’histoire, pas nation sur le modèle de la révolution FR, nation en arme, nation des lumières, mais plutôt l’idée d’une nation que l’on interdit aux autres, ceux qui voudraient y rentrer, l’idée d’une préférence nationale, d’une nation qui se définirait pas par le sang, comme le racisme biologique, mais plutôt par la culture, identité nationale FR plutôt fermée aux autres Racisme, jamais revendiqué expressément dans le dialogue du FN, contrairement aux autres extrême-droites, assez normal pq FN est une extrême droite électorale, qui ne peut prendre le risque de trop nombreuses condamnations, mais effectivement modèle de racisme doublé d’immigration voire d’antisémitisme larvé, même si aujourd’hui MP envoie des signaux à ce qu’elle estime être un électorat inquiet a l’égard des musulmans donc des signaux à la communauté juive, précisément passée sur une radio communautaire juive pour jouer la proximité avec le monde juif, contre l’hostilité au monde musulman. Donc forme de racisme notamment nationale, rejet des immigrés venant d’Afrique, soit du nord soit subsaharienne, considérés comme non intégrable du fait de l’islam ce qui permet de comprendre comment MP a brandi ce thème de la laïcité qui parait un peu incongru pour les extrêmes droites FR, l’idée de faire partir les clandestins, de libérer le marché du travail FR en libérant les travailleurs FR, quitte à revenir sur des naturalisations FR qui auraient été acceptées dans les dernières années. Rejet de la classe politique. Très fort chez JMP, aussi chez MP, l’idée de l’appel au peuple, du référendum d’initiative populaire, et en mm temps du « tous pourris », de la corruption générale des politiciens qui seraient tous pareils de la gauche à la droite, idée de la dénonciation de l’establishment et que le FN serait le seul légitime à parler au nom du peuple. Forme : important pas seulement ce qu’on dit mais aussi comment on le dit. Idée très extrême droite. L’idéologie est aussi cette rhétorique-catastrophisme du FN qui dit que tout va très mal, société apocalyptique, ce qui permet de se présenter en sauveur. Mais en dehors de ces 5 points, d’autres aspects de l’idéologie du FN sont plus fluctuants. Par exemple questions économiques. Selon les textes, les époques du FN, celui-ci va osciller entre défense de l’ultralibéralisme et à l’inverse des conceptions plus sociales, à destination des FR. Donc selon les époques, on a une forme d’anti-fiscalisme a la Reagan/Thatcher en plus dur, privatisation, baisse du nombre de fonctionnaire, soit à l’inverse une thématique extrêmement protectionniste (protégeons le marché, nos travailleurs, luttons contre la mondialisation et ses ravages). Evidemment, il ne suffit pas de dire que bien des aspects ancrent le FN dans une idéologie d’extrême droite, ce qui caractérise le FN a été de s’étendre au-delà de l’extrême droite traditionnelle. b. Le succès du FN : s'étendre au-delà de l'extrême-droite traditionnelle Car qu’est-ce que c’est que l’électorat traditionnel de l'extrême-droite ? Le vieil électorat est certaines couches de la vieille aristocratie parfois désargentée, de la grande bourgeoisie parfois militaire qui défendent des grandes conceptions d’ordre, avec déjà une évolution dans le vote Poujadiste, qui était un vote de petits commerçants, artisans, très enracinés dans des régions rurales comme Cévennes, voire rurale et catholique comme Vendée, et le vote FN va montrer une évolution vers des classes beaucoup plus populaires. Dans les années 90, classe des ouvriers, c’est le parti qui recueille le plus de suffrage, derrière l’abstention. Là encore nuances ; il y a eu vote FN des beaux quartiers : quand on regarde vote FN de 84 à Paris, vote véritablement des beaux quartiers, mais dès 86 on voit que la carte du vote FN part vers le quart nord Est de Paris, vers des quartiers plus populaires, et le vote FN a fortement progressé dans les catégories populaires. Il faut être extrêmement prudent, sur l’idée que, parce qu’on est populiste, on est populaire. Le FN est un parti populiste, au sens où son idéologie est celle de l’appel au peuple, et prétend/entend parler au nom des pauvres, opprimés, … simplement il y a d’autres catégories qui votent fortement FN : artisans, commerçants, patrons, 31%, cadres, professions intellectuelles et on ne prétend pas que FN est vote des cadres ou artisans, donc il faut se méfier, la tentation autoritaire n’est pas uniquement ce qu’on trouve dans les classes populaires, qui peut nourrir un mépris de classe envers classes populaires qui voteraient FN comme un seul homme, ce qui est faux. 26% des professions libérales votent FN sur 2002. Donc tout le monde ne vote pas pour un parti pour mêmes raisons. Ce qui a longtemps caractérisé les droites FR sont les différences de culture, longtemps conscients, membres de la droite en général, qui se plaignait de perdre les élections dans les années 80-90, ce qui est frappant est que même si NS avec UMP a eu un grand succès, 2002, présidentielles 2007, on voit bien que l’UMP n’a pas réussi à fédérer longtemps les droites (comme on voit avec le départ de Jean Louis Borloo, persistance du MoDem…). Ce qui frappe aussi quand on considère 40 ans d’évolution de la droite, c’est à la fois la logique de bipolarisation qui a interdit la formation d’un centre assez autonome et le retournement des rapports de force au sein de la droite puisque les gaullistes ont pris le dessus sur les centristes, et la droite non gaulliste. Cette logique de retournement des rapports de force on la verra aussi à gauche, puisque de manière tres semblable, ce qui marquera l’évolution de la gauche est le retournement des rapports de force en son sein à ceci près que le gagnant ne sera pas le PC mais le PS. C. L’organisation et les enjeux de l’après Le Pen a. La scission du Front national b. 2007-2010 : Le reflux face aux thématiques de Nicolas Sarkozy c. L’accession de Marine Le Pen à la tête du FN et l’hypothèse d’une recomposition de droites * Les mouvements de chasseurs sont-ils de gauche ou de droite ? LEÇON 8. LES GAUCHES FRANÇAISES DEPUIS 1945 Deux choses à retenir des partis de gauche sous la 4eme et la 5eme république : le déclin du PC qui va passer de près de 28% aux législatives de 1946 à moins de 5% aux dernières législatives et l’ascension d’un PS (au départ SFIO) qui commence de 18% en 1946 aux législatives, descend à 15-12% au début de la 5eme rep, et qui aux législatives de 78 dépasse pour la première fois le PC français, atteindra 36% des voix en 81 et 88 (1er tour), reculera en 93, reviendra à 25% aux législatives de 97 et 2002 et 32% aux législatives de 2007 (29% à celles de 2012). Donc un complet renversement du rapport de force. On a du mal aujourd’hui à penser que le PC était l’ennemi à abattre, même pour le PS qui s’est allié à lui pour mieux le faire chuter. C’est ce qui permet de comprendre les débats au sein du PC sur la participation à un gouvernement dirigé par les socialistes quand ils sont au pouvoir : faut il participer alors que trop modérés ou non et donc s’isoler ? C’est aussi ce qui permet de comprendre l’humiliation qu’a pu représenter pour le PC le fait d’être dépassé dans les années 2000 par des scores de certaines organisations trotskistes. De manière générale, la question qui se pose le plus, à gauche, est celle des alliances, compte tenu du dvpt des verts, de l’existence de 2 nouveaux partis depuis la fin des années 2000, NPA et Parti de Gauche de Mélenchon, et à la façon dont les forces de gauche, hors PS, vont se rallier au PS selon son programme. Effectivement, depuis le 21 avril 2002 (pas de candidat socialiste au 2eme tour), pèse sur la mémoire des gauches, le risque de ne pas atteindre le second tour en cas de divisions. * Rappel du délitement et dispersion du radicalisme Ce qui fut le grand parti du gvt de la 3eme république n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui, on a vu dans l’immédiate après guerre survit malgré un recul électoral mais représente un mouvement vieillissant, trop marqué par la 3eme république, bien qu’il ait contribué aux alliances gouvernementales au sein de la 4eme rep ou qu’un des plus célèbres président du Conseil de la 4eme république, Pierre Mendes France venait du parti radical. Ce déclin des radicaux s’accélère sous la 5eme république. Ils sont opposés au gaullisme, radicalisme hésite entre les fédérations modérées allant de la SFIO à des forces plus modérées et des stratégies d’ancrage à gauche. Les tentatives de rénovation sont l’objet de scissions. C’est la création du mouvement des radicaux de gauche fondé en 73, et ce qui reste du parti radical, dit Valoisien du fait de sa localisation rue de Valois, va adhérer en 78 à l’UDF, et c’est ce parti radical Valoisien qui a pris son autonomie puisque c’est aujourd’hui celui de Jean Louis Borloo. De son coté, le mouvement radical de gauche a maintenu une force parlementaire, même réduite, souvent liée à des fiefs historiques ou des alliances électorales, a participé au mouvement socialiste, il a aussi été une sorte de terre d’accueil pour des représentants proclamés de la société civile (ex Bernard Tapie, Bernard Kouchner), compte quelques députés qu’on retrouve dans la fonction publique et est présidé aujourd’hui par Jean-Michel Baylet, président et directeur général du groupe « la dépêche du midi », ancien ministre sénateur, qui incarne ce radicalisme dont l’ancrage en FR est notamment le Sud Ouest. On notera aussi la candidature de Christiane Taubira pour le parti radical de gauche aux présidentielles de 2002. 1. PUISSANCE ET DÉCLIN DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS (59) Alors que le PCF était le parti dominant de la libération, l’évolution du PC dans la 5eme république est surtout marquée par un déclin, électoral, militant, audience, ressources. Pourtant le PC fut le principal parti de la libération, se trouve aujourd’hui confronté à l’enjeu de la survie et des alliances. A. Du principal parti de la Libération à l’enjeu de la survie et des alliances a. Un parti dominant et marginalisé sous la quatrième république. Ce déclin s’est effectué en plusieurs étapes : PC d’abord parti dominant et marginalisé sous la 4eme rep. Il bénéficiait d’une part du prestige de la résistance, du ralliement prestigieux des intellectuels, des artistes, participe au pouvoir jusqu’en 47, puis rompit au regard de ses alliances, rupture du tripartisme, et rejeta le système de la 4eme rep qui en retour l’exclu, par ex avec la loi de l’apparentement. Le PC, pendant toute cette période, y compris entre deux guerres, constitue un modèle de contre société avec les banlieues rouges, avec l’extraordinaire emprise du militantisme communiste comme contre société (fête de l’humanité, clubs liés au PC) force du syndicalisme CGT et son véritable maillage de territoire. Le PC fut aussi marqué par sa très forte opposition, sa très forte capacité de mobilisation, quand on pense aux manifestations contre guerre de Corée, très fort activisme pendant la guerre froide. Les années 58-fin 60 furent plutôt marquées par l’opposition au gaullisme, le choc que représente le gaullisme pour le PCF, avec la naissance d’un nouveau régime, nouvelles règles institutionnelles, la position ambigüe du parti sur l’Algérie et sa position en mai 68. b. De 1958 à la fin des années 60 : opposition au gaullisme et rejet de Mai 68 Choc du nouveau régime : les élections législatives de 58 sont marquées par un nouveau mode de scrutin, uninominal majoritaire à 2 tours et non plus proportionnelle, ce qui marque un très fort reflux des voies communistes qui perd environ ¼ de son électorat, et c’est une période pendant laquelle le PC s’oppose de 2 façons a la politique gaullienne, d’abord contre la politique Algérienne, qu’il juge néfaste, PC d’ailleurs très ambigu sur la question de l’Algérie car la rébellion algérienne n’est pas communistes (contrairement à la révolution indochinoise ou vietnamienne), bref, le PC est pour la paix en Algérie, pas tellement pour l’indépendance. Opposition ensuite à la personne de De Gaulle, et au gaullisme, dénoncé comme un nouveau fascisme, au moins à ses débuts, puis comme un pouvoir renforcé des monopoles. De Gaulle, alors même qu’il tend à mener une politique indépendante des états unis est souvent dénoncée comme étant un allié du grand capital international. On observe quelques inflexions du PC dans les années 60, avec cette idée que pourrait être tentée une union de la gauche, aussi les évolutions liées à partir des années 50 à Kroutchov, la déstalinisation aux 20ème Congrès du parti communiste de l’union soviétique en 56. Cette tentative pour le PC de ne pas rester dans son coin, de réintégrer la vie politique FR va être ralentie par la crise de mai 68. En effet, le PC est d’abord agacé de voir des étudiants prétendre parler au nom des ouvriers en 68, il y a en quelques sortes concurrence au sein de la gauche pour parler au nom de ce que certains estiment être une révolution d’où le fait que le PC va stigmatiser certains leaders comme Daniel Cohn-Bendit ou autres étudiants. Malgré cela, fin des années 60 marque une période d’adaptation du PC, il devient de + en + difficile d’apparaitre comme une prolongation de l’URSS en FR, surtout après l’invasion de la Tchécoslovaquie par les chars russe cette même année 68. On parle d’un passage au socialisme/communisme à visage humain. c. L'Union de la gauche et l'Eurocommunisme : 1969-1976 Cette innovation inaugurée par Waldeck-Rochet, secrétaire général du PCF, n’est pas bien vécu par tous au sein du parti, et quand il tombe malade puis quitte la présidence du parti communiste, c’est Georges Marchais en 1972 qui le remplace, inaugurant une troisième période, celle de l’union de la gauche et de l’Eurocommunisme, 1969-1976. Période de transition, marquée par cette stratégie d’union de la gauche, période d’élargissement développement de la base sociale du PCF qui se développe, gagne, après 68, de nouvelles couches sociales, pas seulement ouvrières, mais aussi secteur tertiaire, employés de bureaux, techniciens, cadres, qui se concrétise par le programme commun de gouvernement entre PS et PC, signé en 1972, qui suppose d’aller aux élections ensemble (alliance électorale) et qui prévoit véritablement un accord sur la politique à mener, avec un programme de nationalisation. C’est la période de l’Eurocommunisme, cad communisme adapté aux réalités des démocraties EU occidentales (prise de distance à l’égard de l’union soviétique, critique de l’intervention en Tchécoslovaquie, abandon du principe du parti unique en 64, condamnation de l’enferment des dissidents soviétiques dans les camps, abandon du dogme du prolétariat en 76, rapprochement du PC italien (considéré comme un des plus réformiste en EU), bref, une importante mutation idéologique et démocratique. Le problème est que cette stratégie qui paie en matière de recrutement de militant, ne paie pas électoralement parlant. Les résultats électoraux du PCF ne cessent de baisser, d’où une crise d’identité qui se traduit d’ailleurs par le fait qu’en 76 le parti n’a pas de candidat à la présidentielle. Crise d’identité et méfiance à l’égard du PS qui est soupçonné de vouloir faire alliance à droite en 78, on craint une situation de cohabitation entre le président VGE et une majorité qui serait issue de la gauche, donc on peut douter de l’adaptation réelle du PC car il continue à fonctionner selon le principe du centralisme démocratique, interdiction du droit de tendance et continue à rester fidèle à l’URSS. Les années qui vont suivre vont finalement marquer la rupture de l’union de la gauche jusqu’aux tentatives de modernisation des années 90. Que va faire le parti communiste qui se méfie du PS dans ces années 70 ? Il va demander la réactualisation du programme commun, en claire renégocier les termes du programme commun signé en 1972, demander des choses plus contraignantes avec le PS qui lui, s’est développé au cours des années, et renforcer les exigences à l’égard du PS, au travers d’une stratégie maximaliste, qui consiste à présenter des choses que l’on sait très contraignantes pour le PS en s’attendant à ce qu’il refuse et apparaisse comme coupable de la rupture de l’union de la gauche. Effectivement, le programme commun sera rompu le 23 septembre 1977, le résultat en étant qu’aux législatives de 1978, alors qu’on pensait que la gauche allait gagner, elle perd, le PC se maintien, le PS passe légèrement au dessus de lui, et la gauche ne gagne pas les élections. On aura toujours le sentiment sur ces élections que le PC aura préféré repousser la victoire plutôt que de ne pas la contrôler. S’ouvre alors une crise du parti qui se traduit par trois aspects : durcissement idéologique à partir de 77-77, c’est une période de retour à l’orthodoxie, Georges Marchais déclare en 1979 que le bilan des pays de l’est est globalement positif, en 1981 il approuve l’intervention soviétique en Afghanistan, ce durcissement va d’ailleurs continuer après 1981, même si des ministres communistes participeront un temps au gouvernement de Pierre Maurois, ils quitteront assez vite le gouvernement au moment de la politique de rigueur. Durcissement idéologique, puis oppositionnel (on connait une montée des contestations internes au sein du PC, dès la fin des années 70 et pendant les années 80, avec le dvpt de groupes qui se qualifient de rénovateurs ou reconstructeurs au sein du parti, ou des gens qui partirons ou seront exclus du coté des refondateurs, comme Pierre Juquin, candidat à la présidentielle de 1988, pourtant rare et exceptionnel que soit transgressé l’interdit du droit du tendance au sein du PC, cad l’interdiction d’exprimer une voix dissidente à celle de la majorité qui s’imposait à tous. Le déclin du PC va continuer inexorablement tout au long des présidentielles, des législatives, aujourd’hui score du PC < 3%, largement en dessous des organisations Trotskistes. d. De la rupture de l'Union de la gauche aux tentatives de modernisation des années 90 Déclin également du nombre d’adhérents que le parti communiste avoue en 84 qu’il va se continuer. On observe des tentatives de modernisations au sein du PC, avec par exemple l’arrivée de Robert Hue à la direction du parti en 94, qui essaiera de rompre avec l’héritage des années Georges Marchais tout en essayant de ne pas froisser les orthodoxes au sein du parti, on croit même un temps au renouveau du PC au sein de l’éphémère Gauche plurielle suite a la victoire du PS en 97 et au gouvernement Jospin (retour de ministres communistes au sein de la Gauche plurielle au sein du gvmt), malgré tout bcp de militants dans les années 90 sont déboussolés par la mutation du parti, hésitent à s’allier avec le PS de peur de perdre leur rôle oppositionnel, mais refuser de s’allier les condamne à l’impuissance et les met au même niveau que les organisations trotskistes et contestataires, d’où une situation très complexe pour le PC. On crut, un temps, que le PC bénéficierait du « non » au traité constitutionnel EU mais on constate que le score du PC aux deux dernières présidentielles ne marque pas de véritable bénéfice. Dernier symptôme du déclin du PC est la façon dont en « Banlieue rouge », comme Saint Denis, fief historique du PC, le PS, notamment la tendance de Laurent Fabius tend à évincer des fiefs historiques, certains des dirigeants communistes, c’est ainsi que le PC a perdu la DG du Conseil de Saint Denis en 2008, que des villes historiquement communistes comme Aubervilliers pour le PS, avec l’idée du PS de vite récupérer ces villes avant qu’elles ne passent à droite, dernier exemple : défaite de Jean-Pierre Brard à Montreuil, battu par une coalition hétéroclite autours de Dominique Voynet, représentante écologiste. Ce déclin impose de revenir sur certaines des causes de ce déclin du PC. B. Les causes du déclin du PCF (60) a. Des raisons apparentes : l'archaïsme politique et les mutations internationales Ou encore refus systématique de reconnaitre ses erreurs, bilan toujours positif des pays de l’Est, centralisme démocratique qui apparait comme un mode d’organisation un peu étouffant, archaïque, peu démocratique, l’effondrement des systèmes politiques de l’Est, URSS, chute du mur de Berlin fin des années 80, puisqu’à partir de là on reproche au PC d’avoir défendu des régimes impopulaires, autoritaires, dont on découvrait parfois qu’ils étaient pire que tout ce qu’on imaginait, mais l’effondrement des systèmes politiques de l’Est signifiait aussi une baisse de ses financements en direction du PC, a développé des discours sur la fin de l’histoire communiste qui a affecté le PC… Le problème est que ces raisons apparentes n’expliquent pas vraiment que des gens qui votaient PC l’aient fait de moins en moins, on pouvait, dès les années 30-40 savoir certains éléments de la réalité du régime soviétique. Donc ces révélations peuvent expliquer la baisse de popularité du PC mais pas forcément celle du vote communiste. Donc existe autres raisons. b. Des raisons profondes, sociales, politiques et institutionnelles Raisons sociales : le PC a longtemps rempli le rôle des partis socio-démocrate en EU, d’encadrement social des individus, sorte d’univers englobant (parti, mairies communistes, associations sympathisantes, colonies de vacances…). Cet univers social sur lequel le PC se basait et contribuait à encadrer était le monde ouvrier et aussi le monde rural, petits paysans or la part des ouvriers dans la population FR a diminué, comme celle des agriculteurs, qui vieillissent en plus, donc le peuple au nom duquel parlait le PC s’effrite. Bien sur, aujourd’hui il y a encore 7 millions d’ouvriers en FR mais ceux-ci se qualifient de moins en moins comme « ouvriers » et plus comme « opérateurs », ne correspondent pas à l’image traditionnelle de l’ouvrier homme qualifié, plus en plus de tache d’opérateur à temps partiel, de femme à temps partiel et qui ne se reconnaissent pas dans ce modèle classique incarné par le PC de l’ouvrier-homme un peu rebelle dans son atelier contre les patrons. Aujourd’hui se développent d’autres catégories du travail précaire et exploité mais auquel le PC n’a peut être pas su s’adresser (personnel d’entretien, personnel flexible, employé chez McDo) et où semblerait que la LCR ait d’avantage parlé que PC. Ce qui est frappant est qu’il semble qu’il y a un cercle vicieux entre la crise du monde ouvrier et la crise de la représentation du monde ouvrier tel que le PC l’a portée, aujourd’hui la figure de l’ouvrier n’est plus valorisé, souvent ceux qui se retrouvent en usine aujourd’hui sont souvent des gens qui sont allés jusqu’au Bac ou BEP, et qui n’ont qu’une envie : fuir l’usine et non d’endosser fièrement la représentation des ouvriers tel que représenté par PC. S’ajoute une dimension institutionnelle et politique, liée aux institutions de la 5 ème république, aux formes que prend le jeu politique. Les institutions n’ont pas créé la crise du PC mais l’ont amplifiée. C’est le cas avec la présidentialisation du régime : un parti qui suscite le très fort rejet d’une large part du spectre politique n’a pas forcément de présidentiable à disposition, le scrutin uninominal à deux tours favorise le vote considéré comme « utile » au second tour, ce qui affaiblit le PC, et on sait enfin que les partis qui aspirent au gouvernement de la 5eme rep doivent se poser la question de la culture de gouvernement et le PC aujourd’hui encore oscille entre culture de gouvernement et culture d’opposition. Bref, le PCF confirme l’intuition de Georges Laveau, politologue qui, en 1980 écrivait « à quoi sert le PC », et qui répond que la fonction du PC est d’être un parti tribunitien, cad moins intéressé et moins capable de la conquête du pouvoir, parti dont l’utilité est de prendre parole de façon indignée comme un tribun, au nom du peuple. Le problème est que même cette fonction fut appropriée par un autre parti a partir des années 80 : le FN, même si le PC et le FN ont des électorats différents. Reste que la dernière présidentielle a montré une sorte de renouveau de l’identité, à la fois communiste et socialiste, comme le soulignait JL Mélenchon à la dernière présidentielle. c. Le Front de Gauche (Parti de gauche + Parti Communiste) Allusion tout à l’heure à la fonction tribunitienne du PC, et il n’y a eu plus grand tribunicien que JL Mélenchon aux dernières présidentielles à la tête du Front de gauche, cad a l’alliance Parti de gauche et PC. Le parti de gauche de JL Mélenchon est issu d’une scission du PS dont JL Mélenchon, ancien membre du PS a pris la direction, et ce Front de Gauche se présente aux élections soit en alliance avec le PC, le plus souvent, soit parfois à l’occasion de législatives, de régionales, avec certains dissidents du PCF voire du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). On connait le charisme de JL Mélenchon qui s’était distingué en 2005 notamment en menant l’opposition de gauche à la signature du traité constitutionnel EU, lors du référendum. JL Mélenchon marque une forme de populisme (pas dans le sens dénonciateur), d’hostilité aux médias et dont l’organisation marque un grand travail intellectuel et de formation de ses membres. Ce qui est très frappant est cette sorte de mariage de raison qui s’est noué entre le PC qui avait fait des scores désastreux en 2007 mais qui garde un ancrage militant important, infrastructure important, et de l’autre coté un tribun capable en quelque sorte de raviver la flamme de l’identité communiste, de l’indignation communiste. Ce mariage de raison ne s’est pas fait sans hésitation, on sait qu’un autre représentant, André Chassagne entendait représenter les voix du PC, mais que par scrutin interne le PC a choisi de porter la campagne de JL Mélenchon. Tout ne s’explique pas par le charisme de JL Mélenchon mais non seulement mariage de raison et en plus le personnage Mélenchon rebutait moins un électorat qui avait pu se reporter sur le NPA par exemple, et qui là, pouvait voter pour quelqu’un qui ne représentait pas le communisme stalinien tel que perçu si avait été celui du PC, plus la vieille étiquette du PC. En plus le Parti de Gauche n’est pas seulement dirigé par JL Mélenchon mais aussi par une ex-élue verte, Martine Billard, et d’une certaine façon, cette organisation, à l’image de ce qui a pu se jouer avec Die Linke en Allemagne, cette orga a réussi à intégrer les thématiques a la fois écologistes et sociales et elle a marqué du coup une forme de renouveau de la culture communiste, des thématiques républicaines, des rassemblements-meetings en plein air/chapiteaux, et de cette culture à la fois antilibérale, égalitaire (thématique de la révolution citoyenne, de la planification écologique, et il semblerait que le pari de JL Mélenchon sur ces thématiques ait permis de siphonner des voix qui auparavant s’étaient portées sur le NPA et les écologiste. Le vote en faveur de JL Mélenchon a moins mordu sur l’électorat ouvrier que Marine le Pen mais en même temps, il y a véritablement une volonté de JL Mélenchon de contrer la prétention de MP à parler au nom du peuple (d’où le choix de cette stratégie frontale et de se présenter aux législatives à Hénin Beaumont). Reste à voir ce que sera la pérennité de cette entreprise électorale et comment le vieux PC acceptera ou non cette greffe avec le Parti de Gauche. Cela montre que la crise du PC n’a pas été univoque et que la trajectoire électorale de l’électorat communiste n’est pas marquée que par le seul déclin. Une des manifestations de la crise communiste est quand même marquée par le développement des organisations trotskistes dans les années 90 (NPA ou Lutte Ouvrière). C. Les autres communismes : trotskismes et maoïsmes (61) Ont pu apparaitre historiquement comme des groupuscules et dont certains ont dépassé le PC dans les années 90 en termes de résultats électoraux. Parmi ces autres communismes : maoïsme d’abord, qui n’a jamais connu en FR de véritable succès électoral mais qui renvoie d’avantage à la mémoire de mai 68, moment où ces organisations ont été extrêmement actives, et être maoïste à cette époque, c’était se revendiquer d’un communisme qui s’opposait au communisme réel, revendiquer un ancrage à la base, revendiquer une critique communiste du communisme. Aujourd’hui encore, nombre d’intellectuels contemporains sont passés dans leur jeunesse par l’union des étudiants communistes (UEC) puis l’union des jeunesses communistes, marxistes et léninistes (UJCML), ou même la Gauche prolétarienne, autant d’organisations qui se revendiquaient du maoïsme. Les trotskismes : le pluriel s’impose du fait de l’existence en FR de 3 organisations en particulier, le parti des travailleurs, lutte ouvrière et le NPA, héritier de la LCR fondée en 1969. L’évolution qui frappe l’observateur depuis le milieu des années 90 (notamment présidentielle des années 95) a été le développement des votes en faveur de deux organisations qu’on avait considéré jusqu’alors comme des groupuscules : LO et LCR puis NPA. En effet, ces deux organisations vont voir leurs scores électoraux se développer milieu 90 même si ce développement a connu un véritable coup d’arrêt à la présidentielle de 2012. En 1995, Arlette Laguiller obtient environ 4% des voix à la présidentielle, la liste commune LO-LCR aux EU de 99 obtient 5.18% des voix cad quelques députés au parlement EU, comme aux régionales de 98. Surtout, à la présidentielle de 2002, Arlette Laguiller obtient 5.7% des voix, Olivier Besancenot 4.3% des voix, ce qui fait qe si on y ajoute le score du Parti des travailleurs de Daniel Gluckstein, les simples organisations trotskistes avaient 10.5% des voix au premier tour de la présidentielle. De même, aux régionales de 2004, de nouveau, ces partis feront leur entrée dans les conseils régionaux, et encore lors de la présidentielle de 2007, les trotskistes obtiendront 5.75% des voix. En revanche en 2012, net reflux des voix, Philippe Poutou n’obtenant qu’1.75% des voix et Nathalie Arthaud 0.56% des voix. Les deux principales organisations LO et NPA : Définition du trotskisme : d’autant plus intéressant que certains dirigeants de gauche modérée sont passés dans leur jeunesse par le trotskisme, comme Lionel Jospin, ancien membre de l’OCI (devenu parti des travailleurs)… Le trotskisme est une pensée et un courant politique qui se réclame du communisme mais dans l’interprétation de Trotski, adversaire de Staline, assassiné par ordre de Staline. Banni de l’URSS en 29 et avait créé la 4ème Internationale en 1938. Les membres de cette 4ème Internationale sont ceux que l’on appelle les Trotskistes. Ceux-ci sont une espèce de figure/image de martyre du communisme réel. Cela ne signifie certainement pas qu’il faille mythifier la figure de Trotski à qui l’on doit l’armée rouge, l’annihilation d’une opposition socialiste non bolchevique, il n’est pas certain que s’il avait accédé au pouvoir qu’il aurait été beaucoup plus démocrate que Staline. Les trotskistes FR font parfois d’avantage référence à des figures comme Rosa Luxembourg, Louise Michelle ou Che Guevara, que de Trotski. Ce qui les caractérise est aussi l’anti-impérialisme, opposition à la puissance des pays du Nord et des US et le rêve d’un communisme moins autoritaire. Et donc ces trotskistes FR sont peu nombreux, émiettés entre plusieurs organisations, il arrive qu’on les caricature comme ayant le gout du secret et du pseudonyme, l’entrisme (façon d’entrer dans des organisations pour accroitre leur poids sans exactement dire qui ils sont, inégalement vrai selon les organisations), on les retrouve dans un certain nombre de combats en FR, notamment autour de la décolonisation, ou l’antifascisme, aujourd’hui dans des mouvements sociaux de la NPA sur les sanspapiers, les sans-logis, dans le mouvement altermondialiste. Par ailleurs, ils sont aussi communistes marxistes, sur d’autres aspects, hostiles au capitalisme, au profit, favorable à la défense des services publics, voire à la nationalisation d’une partie de l’économie. Ce qui les caractérise vraiment est cette position critique par rapport au parti communiste, dont ils critiquent la dimension bureaucratique, le coté stalinien, le soutien passé à l’union soviétique, avec des nuances/différences selon les organisations. LO, comme son nom l’indique, est plus ouvriériste ; d’avantage tendance à se concentrer sur la présence aux cotés des ouvriers dans les usines, dans le monde du travail, avec parfois une dimension un peu plus sectaire dans le fonctionnement de l’organisation, plus rigide en matière de mœurs, avec une façon de considérer que le PS et la droite sont équivalent et dénonçant donc les programmes libéraux de la gauche de gouvernement. La LCR puis NPA se caractérise par une dimension plus libertaire, plus centrée sur les mouvements sociaux, plus souple également sur les mœurs : pour la dépénalisation du cannabis, reprend beaucoup de thématiques féministe également. Le NPA a tenu son congrès fondateur en février 2009, succède a la Ligue Communiste Révolutionnaire, avec le but de grandir suite aux succès électoraux de 95-98 en essayant de fabriquer un parti plus large, plus attractif, ce qui semblait être le cas au début, mais a connu une série de crises, internes d’abord sur la question du rapport au voile, très clivé sur qu’une des participante du mouvement soit porteuse d’un voile, et ce parti semble avoir beaucoup souffert de la succession d’Olivier Besancenot, qui était porte parole, très médiatique, très doué pour intervenir dans les médias, qui a revendiqué le fait de revenir à une vie normale et a connu comme successeur Philippe Poutou qui, bien qu’il ait acquis un certain capital de sympathie lors de la présidentielle, était un candidat ouvrier beaucoup moins à l’aise que OB qui avait fait quelques années d’étude, connaissait l’éloquence, et avait connu des débuts difficiles dans ses interventions télévisées, et il avait été reproché à l’orga d’avoir choisi ce porte parole si peu à l’aise. Au dela que la personnalité de l’un ou de l’autre, finalement même un parti critique des institutions, de la médiatisation, de la présidentialisation de la politique se trouve contraint par ces phénomènes, et que ce parti n’a pas voulu voire à quel point il était dépendant d’une figure médiatique comme OB et que si cette figure médiatique se mettait en retrait, et voyait lui succéder quelqu’un de moins a l’aise avec ce système, il allait en subir les conséquences. Dernière caractéristique du NPA, son électorat, caractéristique d’un certain nombre de professions intermédiaires, du travail social, de l’enseignement, de la culture. On peut évoquer enfin un parti beaucoup plus proche des groupuscules, part des travailleurs, organisation lambertiste, présent dans de nombreux conflits du travail, très présent au sein du syndicat Force Ouvrière. La question qui se pose en ce qui concerne cette extrême gauche est comment va-t-elle (ou non) réussir à capitaliser des succès électoraux d’autant plus que ces organisations se trouvent face aujourd’hui au relatif succès du Front de Gauche de JL Mélenchon, et la question des relations avec ce qui est encore acteur dominant à gauche. 2. DE LA SFIO D’APRES-GUERRE AU PARTI SOCIALISTE, OU LA FORMATION D’UNE « MACHINE » PARTISANE (62) Parler du déclin du PC et des organisations d’extrême gauche est inévitablement parler de la relation de ces organisations au PS. Renvoie aux origines de la gauche FR, cad au congrès de Tours en 1920, moment où la majorité des délégués au congrès de la SFIO décide de faire scission, d’adhérer à l’internationale communiste dirigé par Lénine, de suivre les conditions de Lénine pour l’adhésion, de se nommer le parti Communiste, et c’est le moment où Léon Blum, minoritaire, déclare que pendant que certains partent à l’aventure, d’autres resteront garder la vieille maison. Cette vieille maison est un composé de traditions différentes, entre la filiation à Jean Jaurès, filiation plus marxiste liée à Jules Guesde, des gens qui sont d’abord marqués par une origine proche de celle du parti radicale, et puis une question qui a toujours traversé le parti de la SFIO puis du PS est celle du pouvoir, rapport à l’exercice du pouvoir ainsi que du rapport au marxisme, ce qui pourrait paraitre étrange pour ceux qui n’ont connu le PS que comme un parti de gouvernement, mais qui a toujours été marqué par un inconscient marxiste et une difficulté à se dire social démocrate. A. De la Libération à 1971 : une SFIO qui oscille entre alliance à gauche et au centre Ce qui est intéressant tout d’abord est que le PS va peu à peu s’adapter à des institutions qu’il avait dénoncé au départ, lutte réussie pour l’hégémonie, la domination à gauche. La SFIO était favorable au régime parlementaire, le PS va tout à fait s’adapter au caractère présidentiel du régime. a. Sous la Quatrième république : un parti de gouvernement en déclin électoral Difficile de qualifier autrement la SFIO. On est face à un PS qui était première force de gauche avant guerre, qui ne cesse de reculer, tombe jusqu’à 12.5%, et qui sous la 5eme rép va montrer toute son ambigüité à travers son Mollétisme. En référence à Guy Mollet, chef de gvmt, c’est ce mélange d’une forte radicalité idéologique, presque guesdisme, et en même temps de déconnection complète entre cette radicalité idéologique et l’exercice du pouvoir. Le gvmt de Guy Mollet, de 1956 à mai 57 (le plus long de la 4eme rep, mène une politique de répression très dure en Algérie, se discrédite sous la 4eme rep en participant aux gvmt de droite sans poser de conditions essentielles comme la politique économique et sociale, coloniale), parti qui au début se rallie à la solution gaulliste, d’où le départ de certains minoritaires qui iront fonder le PSA, le PSU, des petites forces de gauches qui renouvelleront la gauche non communiste. b. De 1958 à la fin des années 60 : opposition au gaullisme et éclatement des gauches non communistes 58 va être un choc à gauche comme il le fut pour les communistes. De 58 à fin 60, la SFIO se caractérise par son opposition face aux gaullismes et par l’éclatement ensuite des gauches non communistes. La SFIO appelle le général De Gaulle au pouvoir, appelle à voter oui à la constit du général de Gaulle, donc scission en son sein, et va très vite s’opposer à sa politique, d’où la scission et création d’un petit parti, le PSU, en 1960 de Michel Rocard, qui regroupe tout un ensemble de critiques, d’intellectuels, de laïques, parfois issus du christianisme de gauche, de critique de l’union soviétique, PSU qui sera une des principales boites à idées de la gauche. On trouve dans ces petites forces de gauche qui se coagulent des personnes qui seront intéressantes pour le renouvellement des gauches, comme dans l’UFD François Mitterrand qui n’a jamais fait parti de la SFIO et qui participera au renouvellement, alors même qu’il vient de la droite, avant guerre puis du centre gauche sous la 5eme république, on trouve aussi une organisation fondée en 1964, la convention des institutions républicaines, et FM commence à s’affirmer comme un des grands critiques du pvoir personnel du Général de Gaulle, à travers notamment de son célèbre ouvrage Le coup d’état permanent, publié en 1964, qui stigmatise le gaullisme, la pratique Gaullienne du pouvoir. C’est classiquement une présidentielle qui va redistribuer les cartes, celle de 1965, qui va montrer l’échec de la tentative d’alliance de la gauche avec le centre, avec l’échec du candidat de Gaston Defé. Cette hésitation entre alliance au centre et à gauche est tranchée en quelques sortes par l’échec de 65. c. La crise de l’après 68 FM, imprudemment, a expliqué qu’il pourrait être candidat à la présidence de la république si une élection était envisagée, la fédération des gauches démocrates et socialistes a été inexistante dans le mouvement social, il ne reste plus que la SFIO face a un certain nombre de clubs et petites organisations : convention des institutions républicaines, union des groupes et clubs socialistes, union des clubs pour le renouveau de la gauche… se pose véritablement la question de la fondation d’un nouveau parti en réponse à la politique gaullienne. B. De la fondation du PS à la conquête du pouvoir : un parti qui se coule dans les institutions (63) La marche au pouvoir va se traduire dans les années 69-81 par trois stratégies, un fait fondamental : accepter les institutions. Il va bien falloir envisager le cas Mitterrand et l’idée d’un ancrage à gauche plus qu’au centre. Rompre avec le mollétisme, accepter la bipolarisation, et un ralliement aux institutions de la 5eme république, c'est-à-dire jouer le jeu de la présidentielle, s’y préparer, en unifiant un parti des modernistes autour d’un présidentiel. Deuxième aspect de cette stratégie, l’unification des gauches non communistes, et la lutte contre le rocardisme, ou plutôt la tendance autour de Michel Rocard, quand Michel Rocard aura rejoint le PS. Troisième aspect de la stratégie : la stratégie d’union de la gauche, alliance PS-PC a. Unifier les socialistes, gauchir la ligne, conquérir le pouvoir Unifier les socialistes, c’est ce que réclame François Mitterrand, qui demande la convocation d’uun congrès, le congrès d’Epinay, du 11 au 13 juin 1971. C’est le congrès d’unification socialiste, et l’organisation de FM, la CIR (Convention des Institutions républicaines) est minoritaire, on lui donne 10 000 voix, contre 70 000 pour le PS, mais le PS est divisé entre 6 motions/textes/programmes, qui sont présentés, défendent des conceptions très différentes, et Mitterrand va réussir à gagner, et prendre le contrôle de ce parti socialiste en faisant alliance avec le CERES, une tendance, de Jean Pierre Chevènement, qui est pour une doctrine sociale, alliance avec PC, et qui va faire alliance de l’autre coté avec les partisans de Pierre Mauroy, ancien maire de Lille, qui sont pourtant plus centristes que les Mollétistes auxquels s’oppose FM. C’est donc la victoire de FM, qui prend le contrôle du parti, et devient secrétaire général du PS. Unification du parti, qui permet d’être présent dans toutes les circonscriptions de FR, la stratégie de FM consiste à convaincre son parti qu’il faut virer à gauche, s’allier avec le PC, et que cette alliance va être le meilleur moyen de rivaliser avec lui voire à terme de le réduire. C’est ce qui explique que Mitterrand se retrouve au point d’équilibre gauche/droite dans le parti : il va gauchir le PS, utiliser beaucoup de références marxistes, évoquer le changement de la vie, mobiliser un marxisme parfois un peu artificiel mais qui sonne comme un discours de rupture, en même temps il va lancer des appels du pied à l’égard des centristes en expliquant qu’ils acceptent la constitution de 58, donc tout au long des années 70, le PS voit une augmentation des adhésions, et à la fin des années 70, passe au dessus du PC. b. De 1981 à la fin de la période Mitterrand, ou le ralliement à la rigueur et à la « culture de gouvernement » Deuxième période importante après la victoire, et malgré la rupture de l’union de la gauche. FM obtient 51.76% des voix au second tour de la présidentielle de 1981, passé la victoire, l’excitation, les 110 propositions, les retraites radicales, les 39 heures, suppression de peine de mort, augmentation des prestations sociales et familiales, très vite va se produire un retour au principe de réalité économique puisqu’en 1983, c’est d’abord l’abandon de la réforme scolaire, puis le tournant de la rigueur en 1984, c’est le départ de Pierre Mauroy du gvmt, politique dure de rigueur menée par Laurent Fabius, premier ministre, politique de gel des salaires, de flexibilité accrue dans le monde du travail, et toute l’histoire de la gauche sera la question de son rapport au pouvoir. La campagne de 88 verra la réélection de FM mais 88-93 est séance de très fort immobilisme, FM vieillissant, contenu idéologique dans l’exercice du pvoir socialiste qui n’a plus vraiment de consistance et qui se terminera par l’échec historique de la gauche aux législatives de 1993, avec 17.8% des voix. Donc double usure du PS : sur le plan des pratiques (comme si les socialistes au pouvoir reproduisaient certaines des mauvaises habitudes gaullistes au pouvoir – sang contaminé, écoute de l’Elysée, affaire du Rainbow Warrior, attentat contre le bateau de Greenpeace, recrutement de moins en moins populaire, personnalisation du pouvoir) et sur le plan des idées : c’est l’engagement de la FR dans la première Guerre du Golf, qui aboutira au départ de Jean Pierre Chevènement du PS, le raidissement en matière d’immigration, la reconnaissance du capitalisme comme horizon historique au congrès de la défense et on a le sentiment que la fin de cette séquence Mitterrandienne marquera la fin de la substance du parti socialiste. S’ouvrira une troisième séquence. c. De l’après-Mitterrand à l’élection de François Hollande: l’importance du parti et de sa mobilisation 4 moments dans cette 3ème section : la cohabitation sous Lionel Jospin puis les 3 présidentielles 20022007-2012, qui permettent de comprendre la place centrale de la présidentielle et l’importance d’une machine partisane puissante dans la structuration de la gauche du gouvernement en France. - Cohabitation sous Jospin : On sait que LJ connait une défaite honorable en 1995 contre JC dans un contexte d’épuisement du PS, de crise de succession, défaite qui fit de lui le premier secrétaire du parti et suite à la dissolution manquée initiée par Alain Juppé en 1997 aboutit à la victoire des législatives de 97, dans le cadre d’un accord avec les verts et le PC et de ce qu’on a appelé la gauche plurielle, victoire de la gauche aux législatives, et on obtient a ce moment là a un parti qui va insister sur son image de rigueur, LJ, féminisation du gvmt, ensemble de mesure comme la CMU, la parité en politique, les 35h, les emplois jeunes, le PACS, même si le gouvernement Jospin fut aussi celui du retour de la rigueur gestionnaire, d’un durcissement des politiques en matière de sécurité, cette situation un peu particulière de la cohabitation où Lionel Jospin devait cohabiter avec président JChirac et donc toujours un peu difficile pour un premier ministre de montrer qu’on a une stature de présidentiable, que l’on veut prendre des positions en matière de politique étrangère. C’est aussi pendant ces années qu’Arnaud Montebourg, député PS, favorable à une 6 ème république, réclame la mise en examen de JC et que se montent des revendications autours de la convention pour une 6ème république. Des années de gouvernement dont la gauche estimait ne pas avoir à rougir, mais qui vont être marquées par le choc du 21 avril 2002 quand LJ ne parviendra pas au 2ème tour de la présidentiel puisqu’obtiendra moins de 18% des voix, et un peu moins de voix que JM le Pen, malgré un bilan qui était considéré comme décent. Il ne faut sans doute pas seulement attribuer au contenu cet échec, même s’il est vrai que 35h, présenté comme une réussite de la part des socialistes ont abouti à plus de flexibilisation dans le travail des classes populaires, mais tout simplement il faut aussi se souvenir de la multiplicité des candidatures présidentielles, près de 19 candidats à la présidence, tout autant de voix qui ont manqué à LJ. Aussi, suite à cet échec cinglant, LJ avait annoncé se retirer de la politique. A partir de là on connaitra un parti qui va se déchirer sur le traité constitutionnel EU, les militants du PS s’étaient prononcés a 53% pour que le parti se prononce en faveur du « oui » au TC mais que toute une série de dirigeants, dont Laurent Fabius avait voté pour le « non » au TC. Parti divisé, affaibli, face a cette présidence de JC et à cette permanence de l’UMP au pouvoir, UMP où l’on voyait bien se préparer la candidature de NS. Suite à cet échec à la présidentielle de 2002, ce qui sera intéressant c’est la préparation de la présidentielle de 2007, là la grande surprise sera la victoire de Ségolène Royal aux primaires. C’est la première fois qu’une candidate femme se présente pour le PS à la présidentielle. Intéressant d’observer que cette candidature a bénéficié des paris/sondages, à partir du moment où les sondages la donnaient comme « possible » première gagnante, cela pouvait aussi mobiliser le vote interne au parti en sa faveur. Donc surprise, sa victoire au sein du PS contre Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. La surprise à l’époque avait été que FH ne se présente pas. Plusieurs raisons personnelles avaient joué. Ce qu’il faut retenir sans doute de l’échec de Ségolène Royale à la présidence de 2007 c’est qu’elle n’a jamais eu le soutien plein et entier de son parti, et que s’il y a bien une chose à retenir sous la 5 ème république, c’est qu’il est déjà très difficile de gagner des élections contre son parti, mais qu’avec son parti, ca en devient impossible. SR qui voulait jouer la carte du renouvellement, de l’enthousiasme, avait mobilisé autours d’elle une organisation appelée « Désir d’avenir », mais cette orga n’était pas au sein du PS et cela a sans doute affaibli sa candidature face à la véritable machine de guerre qui se montait avec NS. On sait par la suite, que la période qui suivra l’échec de SR à la présidentielle va être marquée par des oppositions violentes qui vont culminer au congrès de Reims en nov. 2008 où SR, qui était arrivée en tête au premier tour de ce congrès (29.08% des voix), n’avait pas réussi à faire la synthèse autour de son nom et qu’au 2nd tour Martine Aubry avait eu 42 des voix d’avance sur 134 800 militants, résultats très contestés mais qui verront l’accès de Martine Aubry à la place de 1ere secrétaire du parti. La suite est la préparation à la présidentielle de 2012, où on imaginait que DSK serait le plus amène de représenter le PS et l’arrestation/inculpation à 1 an des présidentielle ruinera la possibilité, et la surprise sera la candidature de FH (d’ailleurs candidat avant que DSK se retire) qui jouera une campagne très mitterrandienne, s’appuyant énormément sur la province, en essayant de tout faire pour ne pas apparaitre comme un candidat trop parisien, international, bling bling, et un FH qui fera exactement le contraire de SR, cad s’appuyer à fond sur un parti qu’il connaissait bien et pour cause, il l’avait si longtemps dirigé. Une campagne donc extrêmement prudente qui va labourer le terrain, essaiera de rompre avec le sarkozysme, mais sans dire que seront faites les coupes budgétaires qui sont inévitables. Ce qu’on peut retenir également de cette campagne est la forte mobilisation du ârti, entièrement mobilisé, également que FH va essayer de réunifier autour de sa personne en s’entourant de tous ceux qui avaient été +- ses concurrents lors de la primaire au PS (Valls, Montebourg, Aubry, Royal…). Campagne qui marque aussi le retour a des techniques de mobilisation telles que le porte à porte, les stratèges du PS avaient bcp examiné Barak Obama et avaient noté l’efficacité du porte a porte dans les quartiers populaires pour les remobiliser. Avec tout un ensemble de signaux adressés par FH en terme de parité, exemplarité…qui aboutiront à une victoire, ni exceptionnelle ni trop serrée. C. Les caractéristiques du PS (64) Quand on examine le parti socialiste, on constat qu’il est assez différent de ses homologues EU (le SPD allemand, les travaillistes UK) au sens où il s’agit d’un parti assez peu enraciné dans la société FR, très dépendant de ses rapports de force interne, ce qui peut aboutir (et a abouti) à des discours très radicaux dans l’opposition et très décevants au pouvoir car finalement peu accroché à la population. Cela permet du coup de se poser la question de son rapport à la social-démocratie. a. Un parti faiblement enraciné dans la société française Contrairement au PC, le PS n’a jamais eu de base majoritairement populaire, avec certes des variantes régionales, la fédération du PS dans le Nord Pas de Calais a une composante plus populaire, mais le PS est plutôt un parti de classes moyennes, enseignants plus que classes populaires. Et il est évident que la politique de rigueur, notamment quand elle a été endossée par le PS au pouvoir n’a pas forcément arrangé les choses. Par exemple de 73 à 75, la part des ouvriers et employés dans l’électorat du PS est passé d’environ 38% en 73 à environ 20% en 75. Plutôt donc un électorat du coté du pole secteur publique/culturel, que ceux plus dotés économiquement. Ce n’est pas non plus un parti de fort militantisme, on estimait environ en 1995 que le PS comptait 110 000 militants contre 200 000 au PC alors qu’il obtenait 2 fois plus de voix à ce moment là, et avec un appareil assez faible, avec des problèmes de luttes de courants, de fuite des cadres du PS dans l’appareil d’état et finalement assez peu de militants sur le terrain lorsqu’il s’agit de coller les affiches, surtout dès lors qu’on peut se faire rembourser cette pratique dans le cadre du financement public des partis. Ce n’est pas non plus un parti qui connait des liens forts avec le syndicalisme comme pour les socialdémocrates, ou encore du coté des travaillistes anglais ou Ps allemand, avec du coup cette difficulté des socialistes à embrayer sur le monde du travail dans les secteurs privés, les petites entreprises par exemple, ce n’est pas non plus un parti qui a une organisation de jeunes puissante, d’assos sportives et culturelles, et bien sur les fédérations Léo Lagrange, qui étaient des fédé s’occupant de loisirs, colonies de vacances, mais qui sont de – en – puissantes. Malgré tout il y a toute une réflexion aujourd’hui au sein du PS sur la nécessaire reconquête des classes populaires, notamment par un discours ferme sur les questions d’immigration, de sécurité. Les socialistes sont conscient qu’une petite partie des électeurs qui votent FN (10 – 20% pas plus) vont se reporter sur les candidats socialistes au 2nd tour, moins que sur l’abstention ou l’UMP mais tout de même un peu, et conscient de cette nécessité de récupérer une partie de cet électorat populaire. La seule chose quoi compense ce faible enracinement dans la société FR, c’est ce très fort enracinement municipale et local. Le PS est très ancré dans els municipalités, dans les collectivités territoriales, à l’heure du cours détenait toutes les régions sauf une, la majo des départements, les grandes villes moyennes, la respo de Lyon, Paris, et progresse dans ces grandes métropoles. Cet enracinement municipal, transforme en retours le PS, lui donne un aspect assez notabiliaire, ou les adhérents sont souvent les employés municipaux d’une mairie déjà PS. Par ailleurs, réalité qui a longtemps joué très fortement est celle des courants, ne sont plus tous caractérisés par des idéologies très fortes, moins important en 2012, mais longtemps ont joué un role important au sein du PS. b. Le rôle des courants au PS Ce sont ces courants qu’on a vu s’affronter en public au congrès de Rennes en 90 donnant une image désastreuse du parti, et cela permet de comprendre qu’un parti est aussi un espace de concurrence dans lequel chacun lutte pour donner sa version de ce que doit être l’idéologie du parti ou le parti lui-même. C’est sans doute le PS le plus caractéristique de cet aspect, se voit le plus. Longtemps a été le cas au PC, au RPR puis à l’UMP, réticent à afficher la diversité en interne. Au PS il y a finalement le choix de reconnaitre la diversité des positions interne, de les institutionnaliser plutôt que de les masquer en prétendant que tous sont d’accord. Du coup, derrière cette importance des courants, on retrouve l’importance de caractère présidentiel du régime parce que chacun va se mettre derrière un présidentiable, et on retrouve les origines mêmes du PS qui viennent d’horizons bien différents. On retrouve aussi bien des marxisants davantage intéressés par les mouvements sociaux, on retrouve un personnel de gestion gouvernementale, communale, renouvelée depuis 1971, prêt à exercer le pourvoi, on retrouve une aile un peu centriste, rassurante, modérée, issue de la SFIO, et enfin des Rocardiens, qui avaient présenté un peu un espoir de la gauche par leur idéologie autogestionnaire et qui vont être les plus centristes à la fin des années 80 et dans les années 90. Du coup, au PS il arrive souvent qu’on appartienne d’abord à un courant avant d’appartenir au groupe, dosages subtils dans la composition des gvmt quand il faut représenter tel ou tel courant ou ne pas s’en aliéner un autre, et donc l’évolution du PS est aussi l’évolution des rapports de force entre les courants et sensibilités internes, et cela peut aussi bien être une force (démonstration de la diversité de la démocratie) qu’une faiblesse, dans les querelles internes quand les divisions s’affichent, et de façon violente, au grand jour. Il ne s’agit pas seulement de divisions entre personnes, c’est aussi des divisions idéologiques, on voit bien par exemple aujourd’hui, même si les courants ne sont plus institutionnalisées comme auparavant, on voit bien ce qui distingue la position d’un Manuel Valls plus proche du centre droit sur certaines thématiques en matiere de sécurité, immigration, ordre social, plus proche du libérlaisme économique, qui pensait qu’on aurait pu envisager une TVA sociale, avec à l’autre bout du parti la position d’un Arnaud Montebourg sur des thématiques plus souverainistes, hostile aux délocalisations, plus proche de la gauche de la gauche. Ces différences ne sont donc pas forcément un handicap, à certains moments, on va pouvoir justement utiliser tel courant pour changer de stratégie, de discours, saisir un nveau public. Quand FM dans les années 70 met en place le travail en vu d’un programme commun avec le PC, il va s’appuyer en particulier sur un courant de JeanPierre Chevènement le CERES, courant qui est composé plutôt de gens de formation marxistes. D’une certaine façon, la force de FH aujourd’hui aura été de rallier autour de lui des gens de valeur très différente, pour couvrir une bonne aprti des spectres politiques des gauches. c. Le PS est-il (& souhaite-t-il être) un parti social-démocrate ? Q se pose depuis la victoire de FH et même depuis l’échec cinglant de LJ, c’est la question du rapport entre le PS à la social-démocratie : est ce que le PS est un parti social-démocrate et est-ce qu’il souhaite l’être ? Parler social-démocratie c’est parler de 2 choses différentes : du point de vue social, de son enracinement social, ou du point de vue de son idéologie. On l’a vu, du point de vue social, c’était plutôt le PC qui jouait ce rôle de parti très ancré dans la société FR. sur le plan politique, pourquoi poser cette question ? Parce qu’on définit souvent le PS comme étant un parti pouvant être social- démocrate, devant l’être et assumer de l’être. Cette question est directement liée à la culture de gvmt. Quand on parle de social-démocratie, on fait souvent référence au SPD allemand. Traiter qqun de social-démocrate dans la gauche radical vaut parfois à une insulte, reniement, et ca correspond à un moment historique très particulier, le congrè de Bad Godesberg, du SPD allemand, où ce parti avait rompu avec le marxiste, s’était rallié à la conception de l’économie sociale de marché (compromis entre état et marché, capital et travail) et les gauches allemandes avaient donc fait cette rupture bien plus tot que les gauches FR, assumaient mieux, alors qu’au même moment la SFIO et plus tard même le PS, continuaient ce grand écart entre le radicalisme au sens des radicales très extrêmes de l’idéologie d’un coté mais la modération des politiques effectivement mises en ioeuvre, modération des alliances. Du opt de vue idéologique, le PS est social-démocrate mais sans forcément l’avouer, sans assumer d’être un parti de changement et radicalité sociale. Mais la social-démocratie n’est pas seulement une méthode (méthode de négociation avec tous, de gauche moderne débarrassée d’idéologie), c’est aussi l’enracinement dans la société, ce qui permet de faire des négociations au plus haut niveau dans la société et de faire accepter au sein de toute la société et du monde du travail, ces réformes. OR cet enracinement social, le PS en est assez dépourvu, PS reste parti d’énarques, d’élus qui progressent dans les villes bourgeoises. D’une certaine façon, ce qui semble avoir marqué la victoire de FH, c’est le fait de d’avantage assumer cette position de socialdémocrate, de ne pas promettre d’ailleurs grand-chose sinon une pratique du pouvoir assez décente, et d’avoir moins joué cette radicalité qui avait été la marque de fabrique de la campagne de FM en 81, laissant peut être augurer une forme de retour à une pratique social-démocrate. * Conclusion. Une hégémonie toujours compliquée à gauche Pour conclure sur ce rapport du PS à l’exercice du pouvoir, il faut garder l’esprit que le PS garde une position un peu compliquée à l’égard des autres gauches, position d’hégémonie contestée, position de domination contestée, au sens ou le PS reste le pole centrale des alliance et du gouvernement au pouvoir, lui qui impose ses conditions à ses alliés, lui qui permettra ou non à ses alliés d’avoir des sièges au parlement (ex ac les verts). PS donc dans cette position centrale compliquée pour les verts, compliqué pour le PC et pour le, front de gauche qui annonce qu’il ne renversera pas un gouvernement socialiste mais qui ne s’associera pas avec un gvmt socialiste qui va vraisemblablement mettre en place des politiques de rigueur, et c’est a partir de ce rejet de l’hégémonie du PS qu’on avait connu le 21 avril 2002 cad la multiplication des candidatures notamment à gauche, qui, à un peu moins de 200 000 voix près avaient éliminé LJ du 2nd tour de la présidentielle. Au delà, la question qui se pose est celle du décalage entre ce que nécessite l’exercice du pouvoir et ce que nécessite la mobilisation des militants, avec cet enjeu de la reconquête des milieux populaires de la part du PS. Enfin, cette question des alliances pose aussi la question des écologistes/verts en politique. 3. LES ÉCOLOGISTES EN FRANCE L'INSTITUTIONNALISATION (65) : LES DILEMMES DE Déclin des droites traditionnelles au moment ou se développe le gaullisme, déclin du PC très lié au PS, de la même façon que se développe un FN qui bouscule les droites, va se développer à gauche une organisation qui les bouscule, dvpt des forces écologistes. L’éco n’a pas attendu les années 80 pour exister mais c’est a ce moment que, en mm temps que FN, vont remettre en cause le quadripolaire installé. L’histoire de l’éco politique en FR renvoie à des origines diverses, c’est ce qui explique un éclatement qui a longtemps duré, et cette tension entre sensibilité associative et sensibilité politique, ce qui explique cette hésitation à l’égard de l’entrée dans le jeu politique, électoral et participation au gvmt. A. L'écologie politique : construire un parti « pas comme les autres » ? Il faut distinguer le succès des idées d’un parti et le succès électoral de ce parti, deux choses très différentes, manifeste dans le cas des verts. Comment passera ton du succès des idées écologistes à cette tentative de structuration d’une écologie politique ? a. De l’après guerre à la fin des années 70 : de l'associatif au politique on voit toute une nébuleuse associative passer au politique. Dès l’après guerre, on observe le dvpt de mouvement de défense de l’environnement, des spécialistes de la nature qui, dans des ouvrages style scientifique dénoncent l’atteinte au milieu naturel (commandant Cousteau par ex), des usagers de la nature (chasseurs, pécheurs) qui se plaignent de la pollution, notamment de l’eau. Donc des les années 50 on a des campagnes de presse pour sensibiliser le public, mais pas dans le cadre de la politique. A la fin des années 60, cette protestation se met dans la lignée des protestations étudiantes. A la fois du fait des intellectuels, de la publication d’ouvrages (par ex le printemps silencieux de /… sur les pesticides qui tuent les oiseaux), mise en avant de nouveaux modes de vie (critique de la société de consommation, retour en communauté, critique de la nourriture industrielle, revendications postmatérialistes), des revendications qui mettent en garde contre la croissance (ex rapport du Club de Rome « Halte à la croissance »), certaines catastrophe comme le pétrolier XXX, première grande marée noire au large de Bretagne fin années 60, campagnes en faveur de parcs, contre barrages hydrauliques, nucléaire, et donc cela aboutit à des protestations éparpillées mais aussi un début d’organisation sous la forme de groupes de pression : journalistes écologistes, création des Amis de la Terre en 70. Année de 74, la présidentielle, marque le début de la présence des verts en politique avec la candidature de Raimond Denis, prof d’agronomie, qui se présente sous conseil des amis de la Terre, contexte de choc pétrolier, de relance du nucléaire, obtiendra 1.3% mais c’est la première fois qu’il y a une candidature écologique. Vont suivre des tentatives d’organisation, des assises de l’écologie, création d’un mouvement de l’écologie, parfois des succès locaux, non négligeables, dans des municipales en 77, jusqu’à 20% à Chambéry par ex, quelques tentatives aux législatives de 78 et aux EU de 79, la liste de Solange Fernex qui obtient 4.4% donc rate de peu le seuil d’éligibilité. Des 74 apparaissent des clivages : faut-il rentrer en politique au risque de perdre son âme ? Ou faut il rester dans le monde associatif ? b. Du début des années 80 à 1986 : déclin électoral et structuration partisane De 80 a 84 il n’y a pas moins de 5 formations écologistes qui vont fusionner en 84 dans une organisation appelée Les Verts, confédération écologiste, parti écologiste. Compliqué parce que « parti » ne va pas a tout le monde. Première liste aux EU de juin 84, mais déjà des clivages entre 2 tendances, mauvais résultats en 86. On a le sentiment que les divergences de stratégies entrainent les divergences de personnes, mais à partir de 86 vont se faire des accès aux responsabilités, et des compromis parfois difficile en matière de gestion du parti et d’alliance. Très ironique : la catastrophe de Tchernobyl se produit au lendemain des municipales de 86. Quand on voit le choc produit par la cata nucléaire, on peut se dire que si arrivé plus tôt, peut être les écolos auraient été plus entendus. c. De 1986 à aujourd'hui : accès aux responsabilités et difficiles compromis gestionnaires et d’alliance. Europe écologie. Deux phases : première phase d’ascension à partir de 87, avec des changements dans l’équipe, choix d’autonomie politique, Antoine Waechter disant « l’écologie n’est pas a marier » alors que Brice Lalonde entend d’avantage avec Génération Ecologie rester d’avantage vers la gauche, avec un score important aux régionales, les Verts + Génération Ecologie = 14.7% des votes aux régionales de 92, puis nouvelle phase de difficulté électorale, et il est vrai que l’arrivée de Dominique Voynet au gvt en 97 ne simplifiera pas forcément la tache aux écologistes pq Dominique Voynet va devoir accepter, en tant que ministre de l’écologie, tout un ensemble de concessions difficiles, douloureuses, mais transgénique, diesel, pollution agricoles… en revanche on observe un succès considérable des Verts lors des EU de 2009 avec 16.26% des voix, c’est la liste Europe-Ecologie, avec Daniel Cohn-Bendit à sa tête, aussi José Bové. On sait que les EU sont des élections favorables au vert. Apres ce succès va être fondé en nov 2010 à Lyon un nouveau parti appelé Europe-Ecologie-Les verts, fusionnant le parti des verts et tous ceux qui avaient rejoint le parti Europe-Ecologie pour les élections. Comment ce parti vas-t-il se préparer à la présidentielle de 2012 ? On sait que la présidentielle est une expé maudite pour un parti qui profite plutôt d’un scrutin proportionnel, et qui est toujours confronté a un choix problématique : se présenter a la présidentielle et obtenir un mauvais score, et on explique que les verts ne sont pas capables de se présenter sérieusement à une élection et que leurs idées ne comptent pas, soit un bon résultat mais qui affaiblit le PS et tout le monde a en tête le 21 avril 2002. Dans cette équation le parti doit choisir son candidat à la présidentielle. Des négociations st par ailleurs en court à ce moment là avec Martine Aubry, première secrétaire du PS, rencontres médiatisées avec Cécile Duflot respo d’EU éco les verts, et 2 candidats vont finalement s’affronter, d’un coté un candidat tres médiatique, Nicolas Hulot, et de l’autre Eva Joly, la juge qui a rejoint, depuis peu, EU Ecologie Les Verts, qui n’incarne pas véritablement une identité écologiste mais plutôt une image d’intégrité politique, de pensée un peu alternative, et d’ailleurs un peu à la surprise générale, c’est Eva Joly qui va remporter la primaire interne pour porter la parole des verts à la présidentielle. En même temps de nombreuses négociations ont eu lieu au sujet d’un certain nombre de circonscriptions qui seraient réservées aux verts en cas d’alliance avec le PS, mais cette négociation est tournée aussi en même temps autours de l’abandon du nucléaire, et cette négo s’est faite avec Martine Aubry, pas avec FH qui sera finalement le candidat du PS, ce qui met les verts dans une position difficile pq on peut imaginer qu’il n’aurait pas été aussi gênant avec Martine Aubry que les verts fassent un aussi mauvais score puisque de toutes façon ce qu’ils avaient bien négocié étaient des circonscriptions qui leur assuraient un groupe parlementaire, et c’est ca qui est compliqué pour les verts. Eva Joly fera une campagne inégale, élocution particulière, surprend, s’améliorera au fil des jours mais ne dépasse pas 2.31%. Malgré cela, on verra entrer une écologiste au sein du gvmt de Jean Marc Ayraux dans l’attente des législatives. Ce qui restera de cette campagne c’est un sentiment mitigé, l’image que portait Eva Joly de la juge intègre, hostile aux pratiques politiciennes, et de l’autre la gêne qu’ont pu ressentir des électeurs face à l’empressement d’un certain nombre de cadres d’EU Eco Les Verts (notamment Cécile Duflot..) qui ont donné le sentiment d’être un peu avides d’accéder à des fonctions gouvernementales ou de respo politique, donc cette tension caractéristique des verts entre l’image du renouvellement politique, de pratiques alternatives et de l’autre coté les dures réalités de la compétition politique et peut être de pratiquer la politique comme les autres, alors même qu’ils dénoncent ces façon de faire, question de l’identité des écologistes soulevée. B. L’identité des Verts (66) Qu’est ce que l’identité des verts, éléments de la pensée écologistes, grands clivages de la pensée écologiste en FR ? a. Les éléments de la pensée écologiste on peut considérer que la pensée écologiste se caractérise par la pensée de l’homme dans son environnement, pas seulement l’amour des bêtes ou la défense plate de la nature, c’est aussi une critique de la modernité économique, du moins de certains aspects, croyance au progrès indéfini, à la croissance, critique également de la publicité, désirs infinis produits par la pub, le capitalisme et de ce qu’il traduit en terme de gaspillage. C’est une critique parallèle de la modernité technique qui peut désenchanter le monde, parcelliser, déshumaniser l’homme, c’est une volonté de pensée globale à l’échelle du monde quitte à agir ensuite localement par ses actes de consommation par exemple, c’est l’idée aussi de ne pas croire à une croissance qui ne s’arrêterait jamais (idée de dvpt soutenable, supportable plus que de dvpt durable cad qui durerait indéfiniment). Cela renvoi aussi à une autre dimension très forte qui existe sans doute dans les autres partis mais qui est poussée à son paroxysme chez les écologistes qui est la morale individuelle. Etre écologiste n’est pas seulement militer, ou voter, c’est aussi recycler, manger bio, boycotter des entreprises qui produisent des produits de façon peu écolo. C’est aussi la revendication démocratique, idée de demander plus de démocratie. Cela vient notamment de la critique de la technocratie, par ex en matière nucléaire, en tracé de TGV, et cette revendication qui s’étendait a la question des choix techniques est assez forte chez les verts, avec une méfiance à l’égard de la professionnalisation politique, l’idée de défendre les pouvoirs locaux, de favoriser la prise de parole des femmes, de faire tourner les responsables du parti, donc une très forte défense du leadership collectif, transparence sur l’exercice des postes de pouvoir (par exemple aujourd’hui la seule députée EU qui donne en détail son salaire et l’utilisation de son salaire est Karima Deli, de EU écologie les Verts). Malgré cela, il existe une sorte de clivage au sein du milieu écologiste. b. Les clivages au sein du mouvement écologiste Les clivages à la fois de stratégie, valeur, base sociale, les trois n’étant jamais trop séparables. Le parti est lui-même issu de mouvances tres diverses, on y trouve autant de cadre venant des professions scientifiques, anciens 68ards, même s’il est vrai que les caractéristiques de l’électorat écologiste est plus jeune urbain diplômé, plus féminine, électorat qui en majorité s’ancre à gauche même si une partie se retrouve au centre, donc il y a des clivages au sein du parti, certains considèrent que l’écologie n’est pas obligatoirement de gauche, on sait que certain grand de l’écologie ont fait des carrières plutôt à droite, comme l’avocate Corinne Le Page, qui avait rejoint le MoDem, était ministre dans des gouvernements de droite, maintenant plus indépendantes, va surement essayer de rejoindre le parti de JL Borloo, d’autres considèrent que l’écologie étant naturellement une critique du capitalisme, elle est incompatible avec un positionnement de droite. Un autre clivage central est celui du rapport à la politique électorale, à la professionnalisation politique, les écologistes ont souvent une espèce de méfiance à l’égard de la politique professionnelle, qu’il faut se salir les mains, et préfèreront la plupart du temps des actions direct type Greenpeace, se mettre avec son zodiac en travers d’un bateau baleiner plutôt que faire des compromis politique. Cette question du rapport à la politique électorale se retrouve dans l’opposition Eva Joly/Nicolas Hulot, à la fois rapport à la politique, alliance, une partie du succès des verts a été de dire que ne voulaient pas d’alliance, pour construire son autonomie quitte à revenir à gauche. On peut citer d’autres clivages chez les écolos : priorité à l’homme ou à la nature, conception +- conservatrice de la nature… Pour l’instant il est vrai que les écolos sont confrontés à des difficultés liées au système électoral (système majoritaire qui oblige à l’alliance avec le PS au risque de s’affaiblir, perdre sa spécificité), difficulté dans le refus de la professionnalisation politique, Eva Joly elle-même avait reconnu que faceà des contradicteurs de l’UMP et du PS elle avait été mauvaise dans des débats politiques télévisés pq pas assez agressives où elle répondait par des phrases longues où elle expliquait les choses et pas assez médiatique. Tendance aussi à une forte division au sein de l’organisation et finalement cette ironie du clivage entre la popularité des idées écologiste, la consommation bio augmente chaque jour, population FR a été très marquée par Fukushima, les sondages indiquent pour peu qu’on pose la question en expliquant qu’il ne s’agirait pas d’une sortie du jour au lendemain, qu’une majorité de FR sont prêt à sortir du nucléaire si on trouve une solution de rechange, mais cette popularité d’un certain nombre d’idées écolo ne se traduit pas forcément en succès électoral, pose aussi question des alliances à la gauche de la gauche, on voit bien que le PC est aujourd’hui encore très productiviste, redistribuant les fruits de la croissance de même, le PC et la CGT sont très présent auprès du personnel des domaines de l’énergie, centrales nucléaires, et il y a une défense à gauche du nucléaire, notamment au PC et on voit que ca posera des difficultés/clivages lors des alliances. c. Les difficultés des écologistes : de la politique comme les autres ou pas ? * Gauches de parti et gauches de mouvement social Encore aujourd’hui, la question qui se pose est celle de l’alliance des gauches de gouvernement et des gauches de mouvement social, gauches qui paraissent peu séduisantes car apparaissent comme des gauches gestionnaires, et d’autres plus attirantes, plus radicales, mais qui, ayant peu de chance d’exercer le pouvoir peuvent se permettre d’exercer cette radicalité. Derrière, la question qui se pose est celle d’une professionnalisation politique (notamment PS), qui signifie fermeture de la classe politique sur elle-même, carrière politique de plus en plus longue, qui exclue presque mécaniquement les citoyens moyennement intéressés par la politique. Nous avons évoqué les partis politiques FR, cad les acteurs qui jouent dans les institutions politiques mais la vie politique ne se joue pas seulement à ceux qui veulent s’emparer du pouvoir, elle concerne aussi les groupes qui cherchent à influer sur le pouvoir : les groupes d’intérêts. LEÇON 9. LES GROUPES D’INTÉRÊT DANS LA VIE POLITIQUE FRANÇAISE : LE SYNDICALISME 1. GROUPES D’INTÉRÊT, MOUVEMENTS SOCIAUX ET PROTESTATION DANS LA VIE POLITIQUE FRANÇAISE (67) A. La protestation - Quelques arrêts sur images : 1848, la Commune de Paris, février 1934, les grèves de 1947, mai 68, décembre 1995, ou tout dernièrement le mouvement contre le CPE (contrat première embauche). Autant d’évènements historiques dont nous avons un plus grand souvenir que par exemple les élections qui ont suivi l’insurrection de 1848, ou le mouvement de mai 68. Première conclusion : la mémoire des mouvements sociaux est une mémoire forte. Autre conclusion, elle permet de souligner l’importance en FR du conflit social sous ses multiples formes. De la révolution à la révolte, la protestation, les mouvements sociaux, bref, la politique ce n’est pas seulement institutionnel. - L’importance des mouvements sociaux On a tendance à parfois considérer le vote comme la seule participation politique légitime et se faisant plus digne d’être étudié, alors que la participation qu’on appelle parfois non conventionnelle des mouvements sociaux est tout aussi digne d’être étudiée par la science politique. De plus, les mouvements sociaux peuvent avoir une grande importance, ne serait-ce que par la mémoire reste forte mais aussi pq le 20eme siècle est rempli par ces mouvements sociaux, à commencer par les grèves dans les mines en 1906, par les mouvements de protestation de viticulteurs en 1907, les années 20-30 connaissent de grands mouvements de grèves et protestation, au sortir de la guerre on peut observer de grands mouvements en nov-dec 1947, la peur de l’insurrection communiste, puis le fameux « il faut savoir terminer une grève », de Maurice Thaurez, alors secrétaire général du PC, on peut se rappeler également les grandes manifs de 53, de l’agitation du monde rural, du commerce, de l’artisanat, plus tard, autour de Pierre Poujade. Les années 60-70 sont des années de grandes manifs paysannes, grèves de mineurs, mai 68, conflits des PTT en 74. Les années 80 voient le mouvement pour les écoles privées en 1984, 800 000 puis 1.5 million de personnes dans les rues de Paris, mvmt étudiant et lycéen de 86 (600 000 manifestants à Paris), les manifestations lycéennes toutes années 90, mouvements de sans papiers dans les années 90, mouvements de décembre 95, sans conter la contestation altermondialiste. Des manifs qui ne sont donc pas négligeables. - Le continuum entre action politique « conventionnelle » et « protestataire » La distinction n’est pas si évidente. On ne peut pas nier que ce qui caractérise la participation politique conventionnelle et à l’inverse ce qui distingue les actions protestataires. Ce sont des actions collectives alors que le vote est individuel, actions directes (passent pas par l’isoloir), des actions autonomes au sens où ne dépendent pas de la date des élections (protestataires décident de leur date), et donc des actions contestataire. Cela suffit-il à isoler les deux ? Cf manuel avec tableau comparatif qui rappelle qu’on peut avoir à la fois un fort potentiel protestataire et de participation conventionnel. On peut distinguer l’électorat en 2 catégories, moitié ayant potentiel protestataire faible ou nul (pas prêtes à faire grève, manifester…) et une moitié qui serait prêt. On constate qu’on croise ainsi deux registres de la politique : les personnes prêtes à se manifester à la fois sur le plan non conventionnel et conventionnel, d’autres passives a l’inverse, faiblement intégrées et faiblement diplômées, les personnes avant tout protestataires et celles qui se retrouvent d’avantage dans la protestation contestataire. Cela permet de comprendre que ces deux notions ne sont pas contradictoires. B. La notion de groupe d'intérêt Notion centrale en science po. Pourquoi ce terme ? Le terme de groupe de pression pourrait tout aussi bien convenir parce que désigne ce qu’est la vocation de ces groupes, agir sur le pouvoir sans forcément le conquérir de façon visible, influer sur le pouvoir. Le terme de groupe de pression a une connotation négative, péjorative, proche de celle de lobby, qui semble beaucoup moins légitime dans la vie politique FR que par ex dans la vie politique des US. On retrouve l’idée que c’est quelque chose de caché. Terme de groupe d’intérêt du coup est plus neutre, utilisé par ex par Michel Offerlay dans son livre sociologie des groupes d’intérêts. D’autant que, contrairement à l’idée qu’on s’en fait souvent, le groupe d’intérêt n’agit pas forcément de façon cachée ou officieuse. L’étude des groupes d’intérêts occupe une place importante dans la sociologie politique et pour cause, c’est là que la science politique peut démontrer des phénomènes de pvoirs qui ne se limitent pas aux élections ou aux aspects juridiques et un peu formels pour la vie politique. Dès les débuts de la science politique on s’est intéressés aux groupes d’intérêts, à leur influence sur les politiques mises en œuvre par le gouvernement. Les deux mots ont une importance, il s’agit de groupe ce qui suppose de réfléchir quant à la formation de ces groupes, leur organisation, ces groupes sont en effet +- organisés, il peut s’agir d’association, syndicat, réseau informel, une coordination, organisation qui peut répondre à un réseau, avoir un statut juridique particulier (association ou syndicat), loi de 1901 ou de 1905, groupes d’intérêts qui peuvent être situés dans ou hors de l’état, peuvent être nombreux (dizaine de milliers de syndicalistes ou 30 personnes par exemple affectées d’une maladie génétique très rare). Groupe d’intérêt : intérêts peuvent être divers, il faut comprendre de quels intérêts il s’agit, ca peut être les intérêts les plus matériels, d’augmentation de salaire, garantie d’un emploi, au plus symbolique, obtenir le droit que l’on nous dise « Madame » alors que l’on n’est pas marié, obtenir le fait de ne pas être méprisé dans la rue. Cette distinction soulève des questions complexes, intérêts matériels et symboliques ne sont pas toujours opposés, certaines revendications matérielles ont parfois une forte connotation symbolique ou de dignité. Un des autres aspects de cette question qui pose problème, est celui de la définition de l’intérêt du groupe : qui a le droit de définir l’intérêt du groupe ? le représentant du groupe ? Représentant autoproclamé ? Membres de bases ? À chaque fois qu’on étudie un groupe d’intérêt il importe de comprendre comment est mis en scène/forme cet intérêt. Ces notions doivent être prises avec prudence avant d’envisager les trois grands modèles d’analyse de ces groupes d’intérêts. Une classification établie par Franco Essone, chercheur américain, qui distingue 3 façons par lesquelles les groupes d’intérêts peuvent se faire entendre, le modèle protestataire, le modèle pluraliste et le néo corporatiste. - Le modèle protestataire. Dans ce modèle, les contacts institutionnels, officiels, organisés entre le gouvernement et le groupe sont rares et inefficace. Les responsabilités dans la mise en œuvre des mesures sont normalement évitées par ce groupe (sont plutôt des opposants que des participants des politiques publiques). Les contacts personnels entre les représentants de ces groupes et le gvmt sont intermittents, plutôt évités par principe, optique de confrontation que collaboration entre autorité et représentants des groupes. Le lobbying parlementaire, contact avec les partis politiques sont réels mais plutôt dans une logique d’opposition que de proposition de mesures. Qu’est ce que ce modèle désigne et permet de comprendre des groupes d’intérêts et notamment des opérations syndicales en FR ? à dire vrai, il correspond assez bien à une parti du syndicalisme FR même s’il n’a jamais caractérisé tout le syndicalisme FR. il a longtemps représenté la position de la CGT, rend assez bien compte de la position actuelle du syndicat force ouvrière. La CGT du début du siècle incarnait cette tradition syndicaliste révolutionnaire et ou un archo syndicalisme qui se matérialisait dans les bourses du travail, par un recours très fréquent a la grève massive et protestataire, en quelques sortes la grève avant négociation. Ce modèle est parfois stigmatisé sous le terme d’archaïsme, même s’il correspond aussi par ex aux préférences d’une partie des organisations agricoles en FR et stratégies parfois très violentes de ces organisations. - Le modèle pluraliste de représentation des intérêts Provient d’une conception assez optimiste de certains chercheurs américains, pour lesquels la diversité des intérêts et les affrontements n’est pas négative, ce serait le principal mécanisme, le ressort nécessaire de la vie politique sous le modèle d’une libre concurrence, toujours instable, des intérêts qui permettrait à chacun d’être entendu. Dans ce modèle, il n’y a pas d’intérêt général, mais un état qui aurait pour fonction d’arbitrer entre les différents intérêts qui s’expriment au sein de la société. Ce qui caractérise ce modèle, les contacts institutionnels, réguliers, entre les groupes et gvmt sons rare, ces groupes agissent en dehors des institutions gvmtales. Les rapports sont plutôt de l’ordre informel, du carnet d’adresse plutôt que de la réunion au sommet, de la négociation paritaire. Ces groupes ont rarement recours à l’action directe, violente. Le recours à la grève, manif, n’est pas du tout systématique, en revanche leur activité est très importante en contact personnel, entre les représentants et le pouvoir. C’est le modèle du lobbying, des relations officieuses, de l’invitation/affinité personnelle entre certains membres du gvmt et représentants. - Le modèle néo-corporatiste Modèle plus récent, élaboré par les politologues Philippe Schmitter & Gerhard Lehmbruch en 1990. Ce modèle rend à l’état un rôle central entre l’analyse des rapports entre gvmt et groupes d’intérêts. Dans ce modèle, les réseaux amicaux, liens informels ne sont pas inexistants mais pas primordiaux, lobbying existe mais pas primordial. Les manifestations, grèves, sabotages, sont beaucoup plus rare également. En revanche, les contacts institutionnels entre groupes et gvmt sont très développés, fréquents et efficaces. C’est leur activité principale. Leur responsabilité dans la mise en œuvre des mesures sont très grandes, fréquentes, les groupes sont parfois des organes d’exécution de certaines politiques publiques. Ils participent à la mise en œuvre des politiques, sont informés avant et peuvent donc peser sur les décisions : modèle de néo corporatisme mais aussi de négociations sociales. Pas de malentendu, néo corporatisme se distingue du corporatisme (qui a deux significations : polémique, défense des intérêts acquis, organisation corporative des associations comme pour le régime de Vichy), le néo corporatisme désigne plutôt un mode global de régulation social assuré par l’interaction contrôlée de l’état et des organisations représentatives patronales et salariales. Au sens strict, cela concerne surtout l’Autriche ou la Suède, dans ce cadre, tout projet de loi sur les prix/salaires est élaborée par une commission paritaire d’organisation (part égale de représentation patronale, état et syndicats). Ce modèle ne désigne pas le cas FR dans lequel il n’existe pas de néocorporatisme global. En revanche, on peut observer dans le cas FR un néocorporatisme sectoriel, fragmenté, cad concernant des secteurs particuliers de politiques publiques. Désigne alors tout mode d’élaboration des politiques et de la mise en œuvre par des associations étroites de dirigeants politiques et de puissantes organisations syndicales ou pro, intéressées à la réalisation de politiques concernant leurs membres. Le meilleur exemple d’une politique néocorporatiste en FR est celui qui concerne le milieu agricole où les intérêts des exploitants des entreprises grosses/moyennes sont représentés par une écrasante majorité au sein de la Fédération Nationale des Syndicats Exploitants Agricoles FNSEA, qui pendant toute la période de reconstruction de la FR et de modernisation de l’agriculture FR a quasiment cogéré la politique de l’agriculture FR. la FNSEA, par son réseau qui contrôlait également les crédits agricoles a non seulement participé a encourager la modernisation de l’agriculture (tracteur, agriculture intensive, engrais) mais a permis que cette politique se traduisent au niveau de chaque ferme en aidant les paysans, les encourageant. L’éducation nationale, pendant longtemps, à l’époque de la puissante FEN (Fédération de l’éducation Nationale), montrait aussi un type de régulation néocorporatiste de la politique d’éducation, il était difficile de réformer la politique éducative en FR sans avoir d’accord avec la FEN Chacun de ces trois modèles renvoi à une partie des groupes d’intérêts en FR. 2. LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS PROFESSIONNELS : LES SPÉCIFICITÉS DU SYNDICALISME FRANÇAIS (69) Les syndicats constituent en effet une des principales catégories de groupes d’intérêts. Une des questions qui se pose est celle du lien avec les partis politiques. Cette question est plus compliquée qu’il n’y parait : il y a des liens entre partis et syndicats, souvent, des affinités personnelles, des membres/dirigeants de syndicats qui sont en même temps membres de partis politiques, comme dirigeant de la CGT également membre du PC, ce qui ne veut pas dire que la CGT va systématiquement s’aligner sur la position du PC. Par ailleurs, la question de la relation syndicat/parti est encore plus complexe pour CFDT, à priori proche du PC mais qui s’était souvent opposé au gvmt socialiste et avait même défendu en 95 la réforme Juppé. La question est pire pour FO qui compte aussi bien des Trotskistes que des électeurs conservateurs, précisément parce qu’historiquement avait été marqué par un fort anti stalinisme. Ce que cela prouve, c’est que dans le syndicalisme FR a l’inverse d’autres pays EU, il n’existe pas de liens légaux, institutionnels, entre le syndical et le politiste, à l’inverse par exemple de la GB pendant longtemps. Cette tradition remonte a la charte d’Amiens, moment historique de séparation syndicat/parti politique, CGT adopte début 20eme siècle le principe de l’indépendance à l’égard des politiques, se traduit aussi par des jurisprudences qui refusent la formation de partis qui se revendiquaient explicitement d’un parti (ex de FN-RATP ou FN-pénitenciaire). A. Les grands syndicats français Classiquement on distingue deux grandes catégories : syndicats salariés et syndicats non-salariés. a. Les syndicats de salariés (70) Rappel : FR un des pays les moins syndiqués d’EU : en 2003 environ 9% de salariés syndiqués, 2008 environ 7.7% selon les statistiques de l’OCDE. Ce qui n’empêche pas les grandes manifestations comme contre loi Fillon sur les retraites en 2003, contre les CPE en 2006, grand mouvement social de 2009, mouvement de 2010 sur les retraites… Aujourd’hui 5 syndicats sont considérés comme représentatifs au niveau national. Ce qui fait le poids d’un syndicat : plusieurs manières de le mesurer. Par le nombre d’adhérents, résultats des élections (prudhommales, autres élections professionnelles), ou encore a la capacité de mobilisation des syndicats. a.1. La CGT Apparait comme le premier syndicat FR aux élections professionnelles, avec 34% des voies aux élections prudhommales de 2008, petite augmentation par rapport à 2002 o* était à 32%, revendiquait 693 000 adhérents en 93, maintenant un peu plus, en vérité selon études environ 125 000. Dirigeant depuis 99 Bernard Thibault, un des leaders du mvmt social de décembre 95. Syndicat né en 1895 mais qui ne s’est organisé qu’en 1902, adopte en 1906 la charte d’Amiens qui pose la séparation entre le politique et le syndical. Texte important, CGT marque sa volonté d’indépendance à l’égard de l’état, de la SFIO, d’où cette tradition FR de coupure à l’égard des partis et qui va définir cette identité en peu radicale du syndicalisme révolutionnaire, qui a longtemps existé. Elle a connu plusieurs scissions, comme au Congrès de Tours, cad au moment de la scission de la SFIO elle-même, se réunifie en 36, mais la scission la plus importante sera celle de 1948 quand les anticommunistes quitent la CGT pour devenir Force Ouvrière. A partir de là, la CGT apparaitra très proche du PCF, s’engage par exemple dans des manifestations pour la paix contre la colonisation. Ce qui est intéressant dans son évolution, c’est que ce syndicat qui historiquement est apparu très lié au PC, très contestataire, va faire évoluer sa ligne, notamment avec Bernard Thibaut, en essayant de ne pas se limiter à la contestation. En essayant de rajeunir/féminiser ses instances dirigeantes, en essayant de jouer un peu plus la carte de la négociation et du réformisme (Bernard Thibaut avait par exemple essayé de défendre que la CGT ne devait pas donner de consignes de vote pour le traité constit EU en 2005 mais avait été désavoué par ses instances dirigeantes), véritablement évolution de la CGT, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir été au premier rang des grands mouvements sociaux des années 2000. Composition de la CGT : concerne beaucoup de catégories relativement bien protégées (comme batillons que sont les grandes entreprises publiques comme SNCF, secteurs de métallurgie, transport, chimie), donc forte dans le public, <2% dans le privé et 1% de – de 30 ans dans les salariés. a.2. La CFDT Deuxième en matière de voix aux prudhommales, avec 21.81% aux prudhommales de 2008, résultat assez peu satisfaisant pour elle puisqu’avait 25% en 2002, longtemps essayé de défendre l’idée qu’avait d’avantage d’adhérents que la CGT et que si la CGT était meilleure en élections, la CFDT était meilleure en nombre d’adhérents mais semble que calcul insatisfaisant, environ 450 000 syndiqués aujourd’hui. Dirigé par Francois Chérèque (actuellement Laurent Berger), née d’une scission, celle de la CFTC (confédération FR des travailleurs chrétiens), syndicats qui avait été abandonné en 1934 par les 2/3 de ses militants qui voulaient rompre avec la dimension religieuse. Importance considérable dans les années 70 par son soutien en mai 68, son soutien à la thématique de l’autogestion des salariés, se caractérise par une orientation réformiste, cad de ne pas refuser systématiquement la négociation, obtenir par la négociation des améliorations des conditions des travailleurs. Donc tendance réformiste qui avait été accentuée par l’arrivée de Nicole Notat (avant Francois Chérèque) a la tête du syndicat en 92 avait été très fortement critiquée par une partie des membres du syndicat qui avaient quitté le syndicat, notamment pour fonder SUD (Solidaire, Unitaire, Démocratique) et il est vrai que le fait que la CFDT ait soutenu la réforme Juppé sur les retraites en 1995, avant le grand mouvement social de 95 lui avait nui. C’est un syndicat qui a eu un fort soutien à la politique des 35 heures, peut faire valoir son statut de première confédération dans le secteur privé, notamment parce que son image est plus modérée. A mené depuis la fin des années 90 une politique de plus grande unité syndicale, de rapprochement vers la CGT et si avait approuvé la réforme des retraites de Raffarin en mai 2003, en revanche a participé a toutes les manifestations 2006, 2009, 2010… a.3. Force Ouvrière Secrétaire général Jean Claude Mailly, aujourd’hui rassemble presque 16% des voix aux élections prudhommales (cas en 2008), qui revendique 500 000 adhérents mais en a plus vraisemblablement 310 000, a eu un poids énorme, peu connu, dans la représentation des intérêts. Né de la scission de 47 avec la CGT, syndicat qui s’est caractérisé par son hostilité au communisme stalinien, ce qui explique qu’on peut trouver à FO des adhérents de droite que des adhérents de gauche. Syndicat qui revendique beaucoup l’esprit de la charte d’Amiens, sur la séparation politique/syndicat, qui longtemps a été appelé le syndicat-stylo parce qu’il signait des accords de négociations avec l’état, patronat…sur une position un peu de donnant-donnant, longtemps a été le premier interlocuteur dans le dialogue social, cad dialogue institutionnel sur la situation des salariés… syndicat qui a évolué dans ses dernières années vers position parfois plus dure, plus contestataire, plus radicale, reprochant parfois à la CGT et CFDT de faire trop de concessions. C’est un syndicat dont les positions de force d’organisme paritaire, comme UNEDIC par exemple et Sécu Sociale se sont effritées ces dernières années, a perdu la direction de l’UNEDIC en 93, de la Sécu Sociale en 96, syndicat qui est particulièrement menacé par la réforme de la représentativité syndicale de 2008. a.4. Les « moyens » : CFE-CGC, CFTC (Conf FR des Travailleurs Chrétiens) et FEN / FSU et UNSA CFTC historiquement liée à la doctrine du catholicisme social, qu’on retrouve dans les manifs qui a du mal à exister véritablement, a position aussi réformiste que la CFDT, est plus attentive à la question des familles, des alloc familiales, très présente en Alsace, en IDF, dans la santé, l’enseignement privé, certains services sociaux CFE-CGC (Conf FR de l’Encadrement, Conf Générale des Cadres) : organisation syndicale ad-hoc, ne concernant que les cadres, mais distancée maintenant de 10 points chez les cadres par la CFDT, donc plus difficile pour elle de se faire entendre. FEN / FSU : qui a longtemps eu un grand poids en FR, qui était la FEN (Fedé de l’éduc Nationale), qui aussi avait quitté la CGT en 48, était ce qu’on appelait la forteresse enseignante, qui cogérait une partie de l’éducation et enseignement en FR, et qui a connu une grave crise en 91 et a éclaté entre d’un coté ce qui est devenu la FSU et ce qui est resté la FEN avant de devenir l’UNSA. a.5. CNT-AIT et CNT Vignolles, SUD-G10 et les nouveaux, les contestataires A côté de ces moyens et grands, on a ce qu’on appelle le groupe des 10 qui est apparu dans le paysage dès les années 80, maintenant s’appelle Union Syndicale Solidaire, qui se forme au début des années 80 par 10 organisations syndicales autonomes non confédérées, et qui va accueillir notamment tout ceux qui vont quitter la CFDT en contestant la ligne gestionnaire de Nicole Notat, dans les années 8090. SUD (Solidaire Unitaire Démocratique) est puissant notamment dans les télécom, postes, SNCF. Fondé en 89, renforcé en 95 par SUD-rail, SUD-éducation, SUD-CRC, et ce sont des syndicats qui n’arrivent pas à être considérés comme représentatifs au niveau national, contrairement aux précédents. On est donc dans un paysage syndical qui vient de connaitre une profonde réforme en 2008, sur la représentativité syndicale. Représentativité syndicale et réforme : la loi a un rôle important dans la reconnaissance des syndicats au travers de ce critère de représentativité. En effet, le code du travail a permis à certaines organisations d’être reconnues comme représentatives, soit au niveau national soit pour une branche professionnelle. Que veut dire être reconnu comme représentatif ? la loi va considérer que les syndicats, juridiquement considérés comme représentatifs, ont le droit de parler au nom des salariés, négocier/signer au nom des salariés et même si dans une entreprise représentent presque personne. Jusqu’en 2008 réforme, 5 critères retenus par le droit pour décider de la représentativité syndicale. Effectifs (nombre), indépendance à l’égard du patronat (en clair, la CSL, Confédé des syndicats libres qui a été interdit dépendait financièrement du patronat) mais aussi des partis (tentative il y a quelques années de fondation d’un Front National-RATP en tant que syndicat mais pas possible de se définir à partir d’un parti), les cotisations, l’expérience, ancienneté, et enfin critères lié à la 2eme guerre mondiale : l’attitude patriotique pendant la guerre (collabo aurait pas eu le droit). Puis jurisprudence avait souligné l’importance du résultat au vote professionnel. Ce critères de représentativité est important parce qu’il permet de bénéficier d’une participation institutionnalisée à la décision en matière de politique publique, sociale… Donc plusieurs catégories de syndicats reconnus comme représentatifs, 4 pour tous les salariés + la CFE-CGC pour les cadres au niveau national, et 3 pour les catégories larges (FSU, FEN, UNSA). Or un rapport de 2006, d’Hadas-Lebel, va développer l’idée qu’il faut réexaminer cette représentativité syndicale, la réviser parce qu’elle posait un pb : elle était parfois inversement proportionnelle au poids réel du syndicat, en claire on pouvait avoir la CFTC qui signait des accords alors que ne représentait strictement rien dans le domaine du travail. Donc pour remettre en cause l’idée de chasse gardée des syndicats, a été suggérée la révision des critères, de façon peu surprenante : la CGT et la CFDT, très puissantes, qui n’ont rien à craindre, ont défendu cette idée d’une réforme de la représentativité, mais à l’inverse, FO (en déclin), CFE-CGT, CFTC qui sotn bien contents d’être considérés comme représentatifs mais ont du mal a garder la tête hors de l’eau, étaient très hostile à cette révision, qui ouvvre la porte à la reconnaissance de nouveaux syndicats représentatifs. L’idée de la réforme au départ était d’ouvrir cette porte, et finalement cette réforme, son aspect fondamental est de donner plus de poids aux résultats électoraux, cumule de nombreux critères : respect des valeurs républicaines (plus coté collabo pendant la guerre), indépendance, transparence financière, ancienneté minimum de 2 ans a compter du dépôt des statuts, influence caractérisée par l’expérience, l’activité, effectif d’adhérents et de cotisants et audience mesurée à chaque élection professionnelle. Hors ce dernier critère va un peu fermer la porte au dvpt de nouveaux syndicats qui vont avoir du mal a etre significatifs aux audiences, donc non seulement FO, CFE-CGT, CFTC que CGC, mais aussi SUD, ont regretté que cette réforme aient finalement consolidé les deux acteurs principaux sans vraiment ouvrir la porte au dvpt de la représentativité de ces syndicats. Cette reconnaissance ou non par l’état, cette façon de participer à la mise en place de certaines politiques à l’inverse de s’y opposer se retrouve aussi dans les syndicats de non-salariés. b. Les syndicats de non-salariés (71) b.1. Les organisations patronales Il est rare que les groupes d’intérêts dans le groupe patronal se qualifient de syndicats, puisque le mot renvoi peut être trop à la culture protestataire, au monde ouvrier, et pourtant, dans un cas comme dans l’autre il s’agit de défendre des intérêts devant le pouvoir, l’opinion publique. On peut distinguer plusieurs origines aux organisations patronales en FR. des le début du 19ème siècle, et même un peu avant, au moment ou la monarchie de Juillet entend baisser les taxes sur les importations, ce sont les chefs d’entreprise qui s’unissent pour s’y opposer, pour défendre leur propre production sur le marché intérieur. Deuxième impulsion, 19-20ème, c’est le moment ou les organisations patronales essaient de réagir face à l’organisation ouvrière, et de s’organiser elles même. C’est le moment par exemple ou le comité Desforges, qui rassemble les grands industriels de la sidérurgie crée par l’exemple l’UIMM (l’Union des Industries Métallurgiques et Minières). 14-18 est un autre moment d’organisation du patronat, dans le cadre de la planification de l’industrie de guerre, cadre dans lequel le dirigisme de l’état requière un certain dialogue avec le patronat, lui-même encouragé par l’état renforce ses structures représentatives, crée par exemple la CGPF (Confédération générale de la production française) en 1919. CGPF s’occupera des négociations tripartites lors des accords de Matignon avec la CGT en juin 1936 dans le cadre du Front Populaire. Dernier moment de l’organisation patronale est l’immédiate après guerre, 1946, une large part des chefs d’entreprise sont gravement mis en cause du fait de leur compromission avec l’occupant, c’est dans ce cas que l’état encourage a une nouvelle organisation du patronat FR, CNPF (Centre National du Patronat FR) puis la Confédération nationale du patronat FR qui deviendra en 1998 le MEDEF (mouvement des entreprises de FR), qui est dirigé par Laurence Parisot (jusqu’en 2013, maintenant Pierre Gattaz), avant c’était Ernest-Antoine Seillière, qui était apparu au moment des négociations sur les 35h, quand Jean Gandois, ancien président CNPF, avait dit « il faut un tueur » et avait abandonné les négociations sur les 35h. Quel est le rôle, le travail du MEDEF, principale organisation patronale en FR ? D’abord d’apparaitre comme un interlocuteur réaliste, gestionnaire, des pouvoirs publics, un groupement qui expliquerait la réalité économique à des gouvernements souvent jugés trop dirigistes en économie, qu’ils soient de gauche ou de droite. En 1981-1983, au tout début de l’accès des socialistes au pouvoir par exemple, le CNPF essaie de ne pas paraitre totalement négatif et de rapidement parler avec le gouvernement pour négocier sur l’économie. Thèmes classiques du CNPF et MEDEF : baisse des charges sociales, limitation des obstacles à la liberté d’entreprendre, avec d’ailleurs des nuances, compte tenu de la diversité du patronat FR, notamment entre les entreprises plus protectionnistes et vulnérables à l’influence étrangère et à l’inverse celles qui bénéficient le plus du libre échange et sont particulièrement favorable au libéralisme. Autre objet du CNPF puis MEDEF : devenir un des partenaires de la négociation collective et de ce qu’on appelle le paritarisme social, bref, participer à la gestion de la sécurité sociale, de l’assurance chômage, à la négociation des convention collectives, on se souvient que Ernest-Antoine Seillière menaçait de ne pas reconduire la convention permettant le financement des retraites complémentaires si le syndicat n’acceptait pas par exemple la proposition d’allongement des durées de cotisation. Enfin, améliorer l’image de marque du patronat, d’où des campagnes de publicité, des communications, la thématique de l’entreprise productive de richesse au sein de la nation. Le changement récent de nom est à lui seul très significatif, abandon des 3 hexagones enchainés pour les 3 visages sensés représenter les entrepreneurs, les salariés et les épargnants, et le terme de mouvement des entreprises de FR était préféré à celui de Centre National, pour donner une image plus sympathique et dynamique. Le problème principal du MEDEF comme beaucoup de groupes d’intérêts est d’arriver à parler d’une seule voix pour défendre les intérêts de ceux qu’il représente, hors il a souvent été reproché au MEDEF de parler avant tout pour le grand patronat, grandes entreprises FR (les 500 entreprises qui comptent plus de 2000 salariés en FR). Certes le MEDEF regroupe 1.5 million d’entreprises en 98, mais a du mal à se retrouver sur un dénominateur commun qui ne soit pas la baisse des charges, et hors de cela, il faut reconnaitre que nombre d’entreprises (notamment petites et moyennes) ne se retrouvent pas dans les orientations du MEDEF. On se souvient d’ailleurs qu’au moment de la protestation contre le CPE, Laurence Parisot dirigeante du MEDEF rappelait qu’elle n’était pas forcément favorable pour le CPE, et c’est vrai que ce contrat était plutôt favorable pour les petites/moyennes entreprises. L’autre organisation importante en matière de représentation patronale est la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) qui défend plus les entreprises des PME, entreprises provinciales, familiales, plus conservatrices. Il ne faut pas oublier aussi, hors les grands groupes de pression patronaux, que beaucoup d’entreprises se chargent elles mêmes de défendre leurs intérêts devant le pouvoir politique, du fait de relations privilégiées entretenus avec ministère/ministres, du fait de contrôle de certains médias (oranges, générale des eaux) et qui n’ont pas besoin de passer par une organisation syndicale pour se faire entendre. b.2. Les organisations agricoles (72) l’autre pole important des groupes d’intérêts dépendant des non-salariés, sont les organisations agricoles, cas particulièrement intéressant si l’on compte le poids des agriculteurs dans la population FR (5% de la pop active) et leur poids politique, considérable. En FR, une organisation agricole et ses réseaux cogèrent quasiment la politique agricole avec l’état. Si elle arrive, c’est notamment du fait de la représentativité que lui a accordé pendant longtemps l’état. Cette orga est la FNSEA créée en 1946, dirigée par Jean-Michel Lemétayer jusqu’en 2010 et Xavier Beulin depuis. FNSEA, avec son organisation de jeunes (le centre national des jeunes agriculteurs), s’appuie à la fois sur le réseau syndical et les chambres d’agriculture. Bref, contrôler la FNSEA, s’est aussi contrôler tt un réseau de mutuelles, banques, prestataires de services aux agriculteurs, et en effet FNSEA et NJA sont très écoutées par le gouvernement, surtout conservateur, ont participé à la mise en place des politiques de modernisation de l’agriculture, même si il existe d’autres organisation agricoles, la plus connue étant la confédération paysanne dont la figure connue est José Bové, défendant un tout autre type d’agriculture/agriculteurs, ou encore le MODEF plus liée au PC, la coordination rurale plus conservatrice… Il est important de voir ce qui distingue la FNSEA et la confédération paysanne : en fait, un agriculteur typique adhérent de la FNSEA serait plutôt type céréalier des grandes plaines du Nord ou de la Bausse, pratiquant une agriculture intensive sur de grandes exploitations, bénéficiant de la PAC, alors que la confédération paysanne caractérise une agriculture de zone difficile, de petite agriculture. Bref, au travers de deux syndicats différents ce sont deux conceptions de l’agriculture, deux revenus différents, plutôt agriculture subventionnée, plutôt une agriculture qui va jouer la carte de l’agriculture bio, de la qualité et du terroir qui s’affronte, ceci dit on a pu observer récemment la réaction de la FNSEA face à la remise en cause de la confédération paysanne, sans défendre forcément la volonté de faire du bio, de rompre avec les subventions, le discours de la FNSEA aujourd’hui est plutôt d’affirmer la volonté à court terme de défendre l’élevage intensif en crise en ralentissant le rythme de libéralisation de la PAC, des d’aider ces agriculteurs dans le moyen terme a emmener ces agriculteurs dans le raisonné, moins préjudiciable pour l’environnement. La grande idée à conserver est que FNSEA et CNJA ont un poids considérable dans la représentation de toute l’agriculture en FR, appartiennent par exemple au conseil de l’agriculture FR, présidé par la FNSEA, qui se coordonne et cogère avec l’état la production agricole et on a eu en FR des ministres de l’agriculture directement sortis de la FNSEA comme FR Guillaume ministre en 80-90. Qu’est-ce qui empêche, malgré la participation persistante des groupes d’intérêts à la mise en place de politique de l’état, on ne puisse pas véritablement parler de néocorporatisme comme dans les systèmes autrichiens ou suédois, la raison en est le faible taux de syndicalisation en FR, et plus généralement ce qu’il faut qualifier de crise du syndicalisme FR. B. La crise du syndicalisme français a. Les différents aspects de la crise a.1. La baisse du taux de syndicalisation a.2. La montée de l'abstention aux élections syndicales a.3. L'effritement des capacités de mobilisation a4. Une baisse de confiance à l'égard des syndicats a.5. Une remise en question du rapport entre le syndicalisme et l'État b. Les analyses de la crise du syndicalisme b.1. Les raisons économiques b.2. Les raisons sociales b.3. Les raisons politiques b.4. Les raisons organisationnelles LEÇON 10. MOBILISATIONS, ACTION COLLECTIVE ET MOUVEMENTS SOCIAUX 1. DES TRANSFORMATIONS DE LA PROTESTATION ? A. A. Une remise en cause au moins partielle des modèles hiérarchisés d’organisation contestataire B. B. La thèse postmatérialiste et ses limites C. C. Les mouvements de « sans » D. D. Un renouveau de la critique sociale ? 2. STRATÉGIES ET RHÉTORIQUES DE DÉFENSE DES CAUSES A. A. Pratiques protestataires a. Le nombre et la manifestation b. La vertu, la souffrance et le scandale c. L'expertise B. B. Au nom de qui parle-t-on ? a. La mise en scène du groupe représenté b. La mise en scène de la cause défendue 3. LE POIDS DES MÉDIAS DANS LES MOUVEMENTS SOCIAUX A. A. L'adaptation croissante contraintes médiatiques des mobilisations protestataires aux a. « Créer l'événement » b. S'adapter aux nouvelles formes de communication c. Adapter l'image du mouvement aux exigences anticipées du grand public B. B. Des médias coproducteurs des mouvements sociaux a. Coproduire l'événement b. Le poids des interprétations médiatiques sur le succès des mouvements sociaux 4. L'ÉTAT FACE AUX GROUPES D'INTÉRÊT ET AUX MOBILISATIONS A. A. La structuration des causes par l’Etat : des intérêts plus ou moins légitimés a. Composition des équipes au pouvoir et attention aux mouvements sociaux b. Reconnaître l'importance de certains problèmes, les mettre en forme B. B. Des interlocuteurs inégalement pris en compte a. « Adouber » les défenseurs de certaines causes b. Financer c. Sanctionner