Intérêt du diagnostic dans la démarche qualité en psychiatrie Joël GAILLEDREAU
Page 4 de 14
- s’agissant de l’organisme payeur, la qualité sera plutôt orientée vers l’optimisation, sinon la
minimalisation des dépenses engagées dans le processus préventif, diagnostique et thérapeu-
tique. Ici, la conduite de la démarche sera beaucoup moins prise en compte que son coût final.
C’est d’ailleurs cette logique qui conduisent les Caisses d’Assurance Maladie à maintenir un
niveau d’honoraires opposables particulièrement bas, en regard de ce qui est pratiqué dans les
autres pays européens : à titre d’exemple, la consultation d’un psychiatre est fixée à 34,30 €
en France (37 € avec la Majoration Provisoire Clinicien), contre 70 € en Allemagne et 130 €
au Luxembourg. Et le niveau des honoraires français a peu évolué depuis 1994, ce qui conduit
les médecins à devoir augmenter leur temps de travail et à diminuer leur temps de consulta-
tion pour arriver à équilibrer les comptes de leur entreprise médicale. S’il n’est, en tout état de
cause, pas certain que cet « abattage » soit un facteur d’équilibre des comptes sociaux, comme
le montrent les dérapages continus des comptes de l’Assurance Maladie, il est en revanche
certain qu’il peut nuire à la qualité des soins telle que pourrait légitimement l’attendre le pa-
tient.
- s’agissant de l’Etat, responsable de la santé de la population, la perception de la qualité est
celle qui privilégie la prévention de survenue de nouvelles maladies, et le traitement rapide et
définitif de celles existantes. A ce niveau, c’est le résultat statistique sur l’ensemble de la po-
pulation qui importe, plus que les détails de la procédure ou que son coût.
On voit donc que la qualité s’apprécie nécessairement dans une optique multidimensionnelle
en médecine libérale. Mais cette appréciation multiple génère des contradictions :
- une technique particulièrement bien expliquée, efficace, mais coûteuse pourrait être
perçue négativement par l’organisme payeur. C’est exactement ce qui se passe pour le
traitement du cancer de la prostate : une nouvelle procédure thérapeutique non inva-
sive, mais coûteuse, est en place à Lyon. Cette procédure n’est pas étendue au reste de
la France en raison de son coût ;
- inversement, une technique économique, efficace, mais expliquée à la hâte par un pra-
ticien qui s’épargnerait le temps relationnel, aura toutes les chances d’être perçue né-
gativement par le patient. Il en est de même pour les techniques qui font l’objet
d’explications alarmistes, visant à présenter tous les inconvénients de la méthode afin
de se « couvrir » au maximum contre les possibilités de recours juridique ;
- Enfin, une technique « personnalisée », économique et efficace pour le patient, expli-
quée convenablement, mais s’écartant des connaissances scientifiques disponibles, se-
ra perçue de manière très aléatoire au niveau de l’Etat : il en est ainsi, par exemple, de