2009
Guillaume Ansel
ULCO
12/11/2009
Deezer.com, son modèle
économique
Guillaume ANSEL M2 ISIDIS - Economie
Deezer, son modèle économique
Page 2 sur 11
De l’histoire d’un marché en pleine mutation
Tout le monde écoute de la musique, elle fait partie de notre vie depuis des centaines
d’années. De ses formes les plus anciennes datant de la genèse des civilisations, à la musique
contemporaine devenue un produit de consommation courant. Pendant longtemps sa
distribution était simple. Les gens avaient le choix entre la radio, ou acquérir un support
physique (disque vinyle) contenant un album complet du groupe de son choix. Le piratage
était, au pire des cas, négligeable devant les ventes d’albums. L’arrivée de la cassette audio a
vu apparaitre un début de culture liée au piratage, la « culture cassette » inspirée d’un
mouvement anglo-saxon nommé « Do it yourself ». Cette idéologie a pu se développer grâce
aux moyens technologiques disponibles sur le marché, permettant de copier simplement
une casette audio, ou de créer sa propre compilation à partir de plusieurs cassettes. Bien
que ce mouvement ait été critiqué en raison du risque de nuire au marché musical, les
limitations techniques de ce procédé (dégradation de la qualité du support à chaque
enregistrement) ont limité les répercussions sur le marché musical très florissant,
notamment grâce à l’arrivée des baladeurs, comme le « Walkman » de Sony (inventeur du
concept). Cette époque la musique était encore analogique ne souffrait alors que peu du
piratage, les vinyles et les cassettes étant alors le moyen le plus populaire d’écouter de la
musique à domicile.
L’arrivée du CD comme remplaçant à la fois du vinyle et de la cassette grâce à sa
qualité audio supérieure aura été la première étape vers la transformation du marché
musical. La musique se numérise, et l’introduction de l’ordinateur (avec son graveur de CD)
dans les foyers entraine une elle augmentation du piratage du disque, sans les
inconvénients que l’on rencontrait avec la cassette qui se détériorait. De plus le procédé est
facilité par les logiciels disponible sur ordinateur, et très bon marché (un CD ne coutant
qu’une dizaine de centime, soit bien inférieur au prix d’une cassette vierge).
Le piratage a ensuite était grandement accentué par la popularité d’Internet, et
surtout du haut débit (ADSL) depuis les années 2000 ainsi que les innovations dans le
domaine de la compression audio (format MP3) permettant de réduire fortement le volume
de données à transférer sur Internet. Cette popularité a permis aux réseaux d’échange de
fichiers (P2P) de se s’étendre extrêmement rapidement jusqu’à représenter plus de la moitié
des échanges sur Internet (73.79% du trafic en Allemagne en 2007 provient du P2P selon un
rapport d’ipoque.com).
Guillaume ANSEL M2 ISIDIS - Economie
Deezer, son modèle économique
Page 3 sur 11
Alors même que les ventes de disques baissent de manière significative, une nouvelle
innovation va probablement sonner le glas du support physique : les baladeurs MP3, et
notamment l’iPod de la société Apple. Ces lecteurs audio n’utilisent pas de CD, mais une
mémoire interne permettant de stocker plusieurs heures de musique au format MP3. Bon
marché et très simple d’utilisation, ces baladeurs ont connu un succès fulgurant (228
millions d’iPod vendu en Septembre 2009). Cette innovation, faisant appel à du contenu
dématérialisé, rend l’utilisation du CD pratiquement obsolète. Les gens utilisant dorénavant
leur ordinateur pour gérer leur bibliothèque musicale, l’utilisation des fichiers audio est
devenue la norme.
Mais dans un secteur ou le piratage représente un manque à gagner de plus en plus
grand pour les industriels du secteur, de plus en plus de mesures répressives ou palliatives
sont mise en place. Ainsi plusieurs plateformes de P2P ont pu être stoppées (Napster,
Kaazaa, etc.), mais d’autres font leur apparition, profitant d’innovations rendant leur
neutralisation plus difficile (réseaux décentralisés). Cependant, on assiste aujourd’hui à
l’émergence de plusieurs solutions alternative au P2P et respectant les lois en vigueur, ces
solutions sont basées sur le streaming de données et prennent aujourd’hui de plus en plus
d’importance, réduisant fortement l’usage du P2P.
Un site français fait figure de leader en Europe dans le secteur du streaming audio.
Deezer.com est le n°1 avec près de 10 millions d’utilisateurs. Ce site est le premier à avoir
proposé une plateforme légale d’écoute de musique gratuite et illimité sur Internet, en
signant des accords avec la SACEM et les différents distributeurs de musique (majors, labels
indépendants, etc.).
Dans ce rapport, nous allons commencer par présenter Deezer, ce que c’est et
comment ça fonctionne avant, dans un deuxième temps, d’entamer une analyse du modèle
économique qui soutient la société, ses limites, et ses avantages pour les professionnels du
secteur.
Guillaume ANSEL M2 ISIDIS - Economie
Deezer, son modèle économique
Page 4 sur 11
Deezer, la musique à la française
La fiche technique
Deezer est une marque française représentée essentiellement par son site Internet
www.deezer.com. Ce site est édité par la société Blogmusik SAS
1
, fondée le 13 Avril 2007
par Jonathan Benassaya et Daniel Marhely. Le siège social de la société est situé à Paris, 21
rue de Clery et est identifiée par son numéro SIRET : 49524630800011. Le président de la
société est la personne morale Osyssey Music Group
2
représentée par J. Benassaya, D.
Marhely assurant le rôle de Directeur Général non administrateur.
Le domaine d’activité du site Deezer est d’être un jukebox d’écoute de musique en
ligne de manière gratuite et illimité, fonction assurée par un effectif de 46 personnes.
Pour développer ses activités, Deezer a lancé deux levées de fonds auprès de
banques ou de capitaux privés, ce qui a permis à la société de récolter plus de 12M d’euros
depuis sa création. Actuellement, le site Deezer.com génère un chiffre d’affaire de 6M
d’euros (données 2009).
Une naissance perturbée
Deezer n’est pas le premier site de la société Blogmusik. Une première version de la
plate-forme avait été lancée début 2007 (www.blogmusik.net). Ce site, bien que déjà très
proche de ce qu’est Deezer aujourd’hui souffrait d’un problème de légalité. En effet, le site
n’avait pas l’autorisation de la SACEM
3
et des éditeurs pour distribuer la musique en ligne.
Sous la pression de la SACEM et bien qu’aucune action en justice n’ait été entreprise, les
créateurs du site décident de fermer celui-ci, le temps pour eux de retravailler leur modèle
économique. Ils décident alors de se rapprocher de la SACEM afin d’obtenir les autorisations
légales pour diffuser de la musique en ligne en contrepartie d’un versement d’une partie des
revenus publicitaires du site. Le 22 Aout 2007, Blogmusik revient mais change de nom pour
s’appeler Deezer. Possédant maintenant les dispositions légales permettant de lancer son
activité, Deezer a ensuite passé de nombreux accords avec les distributeurs internationaux
de musique. Des plus grands comme Universal, Sony Music ou Warner, aux labels
indépendants comme Naïve, 4AD, etc. Au total, ce sont 27 accords d’utilisation du contenu
1
Société par Actions Simplifiée
2
http://www.societe.com/societe/blogmusik-495246308.html
3
Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique
Guillaume ANSEL M2 ISIDIS - Economie
Deezer, son modèle économique
Page 5 sur 11
musical des éditeurs qui ont permis à Deezer d’obtenir un catalogue de musique de plus
4.5M de titres.
Le « Qu’est ce que c’est ? »
L’activité de Deezer consiste en la diffusion de musique à la demande sur internet
(analogie avec le juke box). Cette diffusion est légale, gratuite et illimité pour les internautes
grâce aux accords obtenus par Deezer
auprès des ayants-droit.
Cette activité est rendue possible
grâce à l’utilisation du site internet
www.deezer.com exploitant les
technologies du streaming audio. Lorsque
l’internaute se rend sur le site, il dispose de
plusieurs possibilités. Une barre de
recherche permet de rechercher un titre,
artiste ou album sur tout le site afin
d’écouter à la demande de la musique. Dans une interview, Benassaya fait l’analogie avec
Google. On recherche quelque chose, et on trouve ce que l’on veut en quelques clics.
L’utilisation est simple et rapide. L’internaute a également la possibilité de découvrir la
sélection d’artistes ou d’évènements mis en avant par Deezer via un module appelé la
« visionneuse ». Six onglets présentent alors
de nouveaux albums disponibles, des
évènements important voire de la publicité
ou des campagnes d’avertissement du
gouvernement (récemment a été diffusée
une campagne contre la canabis). Une
troisième option est disponible sur le site
pour écouter de la musique via le concept
des Webradios. Ces radios thématiques
diffusent du contenu présélectionné par les
équipes du site en continu, sans que l’utilisateur ait la possibilité d’intervenir (impossible de
passer un titre). Ces radios ont également été dérivé en « SmartRadio » qui sont assez
Figure 1: page d'accueil de Deezer (supérieur)
Figure 2: page d'accueil de Deezer (inférieur)
1 / 11 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !