Annexes. Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 103 Annexe 1 : La position neutre de l’articulation sous-talaire et la relation entre l’avant-pied et l’arrière-pied. 1. Introduction. Nous pouvons logiquement nous poser la question de savoir pourquoi la PN de l’articulation sous-talaire revêt une si grande importance en podologie. Il y a un double intérêt à cela : - Un principe biomécanique simple : pour toute articulation, la PN est la position dans laquelle les muscles moteurs auront une force maximale, et c’est autour de cette position idéale que le travail musculaire est le plus efficace. - Une découverte faite par le docteur podiatre américain M. Root : les mouvements de la sous-talaire guident ceux de l’avant-pied, et c’est l’articulation talo-naviculaire qui en est la clé. Donc, si nous contrôlons les mouvements de la sous-talaire en la faisant fonctionner autour de cette position neutre, nous contrôlons le médio-pied ainsi que l’avant-pied et le pied aura une fonction dynamique idéale. C’est le rôle de l’orthèse fonctionnelle que de revenir faire fonctionner dynamiquement le pied autour de cette position neutre lorsque le fonctionnement du pied s’en éloigne. Puisqu’il existe une variabilité anatomique intrinsèque entre les individus, cette position neutre ainsi que toutes les caractéristiques anthropométriques du pied sont propres à chacun. Cette particularité individuelle impose au podologue de travailler sur mesures lors de la confection d’orthèses fonctionnelles, et donc de prendre des empreintes dans cette même position neutre. Cependant, même si la variabilité anatomique est un fait, le podologue aura tout de même besoin de pouvoir comparer le pied de son patient à un pied statique et 104 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - dynamique idéal, afin de pouvoir faire le rapprochement entre ce qu’il est et ce qu’il devrait être dans cet idéal théorique. Nous expliquons ci dessous ce à quoi devrait ressembler un pied statique idéal tout en gardant à l’esprit que ce type de pied n’existe que très rarement en cabinet de podologie. 2. Le pied normal : le pied statique idéal. 1 « Nous pouvons considérer comme normal, un pied dont sa structure et l’aspect ne présentent aucune anomalie. Sa fonction dans des conditions normales, se déroulera de telle façon qu’il n’y aura aucune compensation, ni au niveau du pied, ni au niveau du membre inférieur, ni au niveau du bassin. Lorsque nous parlerons d’une structure et d’un aspect normal du pied, nous considèrerons avec le Dr Merton Root plutôt une forme idéale, que des moyennes. Nos traitements essayeront de créer une fonction idéale normale ou du moins la plus proche possible, aussi bien dans sa forme que dans sa fonction » 2 Ainsi, le pied statique idéal présenterait les critères suivants : - l’axe du tiers distal de la jambe est vertical et se situe dans le plan sagittal, parallèle à l’axe du calcanéum (a); - les plans transversaux passant par les articulations du genou, de la cheville et de l’articulation sous talaire sont parallèles entre eux et à la surface portante qui est horizontale (b) ; - l’articulation sous-talaire est en position neutre3 et l’articulation médiotarsienne est verrouillée en pronation (c) ; - la bissectrice de la face postérieure du calcanéum est verticale et perpendiculaire à la surface portante (horizontale) (d) ; - La face plantaire de l’avant-pied est parallèle à celle de l’arrière-pied (e), toutes deux l’étant également par rapport à la surface portante (horizontale) (f) ; 1 2 Référence bibliographique n°17 et 19 Citation : Smeckens J.-F., in Vade-Mecum de Podologie, Paris, Editions Frisson-Roche, 1995, pg 182. 3 Concernant de plus amples explications pour la position neutre, se référer au point4.5. de la page n°111. Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - - 105 Toutes les têtes métatarsiennes sont en contact avec la surface portante et il n’y a donc pas de voûte transversale antérieure! (g et h) ; - Les courbures sus- et sous-malléolaires de la malléole latérale sont concaves et parallèles entre elles (j) ; - La face latéro-externe du pied forme une droite (i). Vue antérieure Vue postérieure j i Figure n°1: critères du pied statique idéal Les critères que nous venons d’exposer représentent donc le rapport idéal entre les différents segments osseux du pied et de la jambe, ce qui est très rarement le cas comme nous l’avons déjà souligné mais ce qui a l’avantage de donner une base de comparaison pour l’évaluation des déformations. Puisque nous étudions deux articulations dans cette première annexe, il nous paraît utile de faire un bref rappel concernant la mobilité articulaire et les facteurs qui peuvent influencer celle-ci de manière générale. Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 106 3. Mobilité articulaire.4 Lorsque l’on parle de mobilité articulaire, il nous faut tenir compte de tous les facteurs anatomiques en présence : ostéologiques, arthrologiques, myologiques, vasculaires, nerveux et dermatologiques. Cependant, tous ces facteurs n’ont pas la même importance dans leur influence sur la mobilité articulaire. En effet, celle-ci dépendra plus spécialement des surfaces articulaires en présence (congruence maximale ou minimale) et des structures actives et passives (intègres ou pathologiques) entourant l’articulation. Il est fréquent de relever dans la littérature plusieurs paramètres influençant de façon directe les facteurs déterminant la mobilité articulaire. Il s’agit du sexe, de l’âge, du poids, de la fatigue, du moment de la journée, de la pratique sportive (gestuelle et fréquence) et du milieu où l’on se trouve. 4. L’articulation sous-talaire. 5 C’est l’articulation talo-calcanéo-naviculaire ; certains auteurs disent que le naviculaire fait partie intégrante de l’articulation sous-talaire d’un point de vue fonctionnel. En effet, le naviculaire est « la clé », l’os qui permet la relation entre l’arrière-pied, le médio-pied et l’avant-pied. 4.1. Axe de mouvements : a) L’articulation sous-talaire est constituée de trois articulations talo-calcanéennes. b) Vue la variabilité anatomique intrinsèque, l’axe de l’articulation a été déterminé en faisant la moyenne de plusieurs individus. L’axe de l’articulation sous-talaire est appelé axe de Henké ; il forme un angle de +/- 42° avec le plan transversal, +/- 16° avec le plan sagittal et +/- 74° avec le plan frontal. 4 5 Référence bibliographique n°1 Référence bibliographique n°18 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 107 c) C’est un axe oblique qui se dirige de latéral - postérieur - plantaire à médial – antérieur – dorsal. Vue dorsale du pied Vue latérale externe du pied Figure 2 : axe de mouvement de l’articulation sous-talaire 4.2. Mouvements et positions : Les mouvements de l’articulation sous-talaire se font autour de cet axe décrit plus haut ; il en résulte que ceux-ci se produisent simultanément dans les trois plans de l’espace ; un mouvement dans la sous-talaire ne peut donc se produire dans un seul plan. Ces mouvements sont les suivants : - Inversion + Adduction + Plantiflexion : = Supination. - Eversion + Abduction + Dorsiflexion : = Pronation. Vue antérieure Vue antérieure Figure 3 : Mouvements de l’articulation sous-talaire Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 108 Toutefois, les mouvements d’inversion et d’éversion sont les principaux mouvements de cette articulation, et ce sont aussi ceux-là que nous mesurons majoritairement en pratique podologique. La limite entre la pro-supination est la position neutre de la sous-talaire que nous détaillerons plus loin. Cette position est la position de référence de cette articulation. Les positions de la sous-talaire sont les suivantes : supinaté ou pronaté. Mais pratiquement, comme nous venons de le mentionner, nous parlerons le plus souvent de position inversée ou éversée, par rapport au calcanéum (sur lequel on mesure ces positions). 4.3. Mesures : Les mesures réalisables au niveau de l’articulation sous-talaire sont la pronation, la supination ou la position neutre, cette dernière étant la position de référence de la sous-talaire et pouvant être mesurée en charge ou en décharge. La mesure de l’amplitude articulaire de la sous-talaire en pro-supination n’entrant pas dans le cadre de cette étude, nous vous renvoyons aux ouvrages de Root ainsi qu’aux cours de podologie (biomécanique et cinésiologie) pour plus de détails concernant la méthodologie de ces prises de mesures. Concernant la mesure de la position neutre, nous avons réalisé celle-ci sur les sujets en charge à partir de la bissectrice du calcanéum (NCSP) ; nous détaillons cette mesure un peu plus loin, dans le point consacré à la position neutre. 4.4. Relations entre le talus et le calcanéum : Il y a trois grands principes biomécaniques qu’ils nous faut rappeler ici afin de comprendre la biomécanique du pied et du segment jambier en charge. En effet, en chaîne fermée, le calcanéum va imprimer au talus des mouvements et ceux-ci sont responsables d’autres mouvements au niveau du médio-pied, de l’avant-pied et du segment jambier. Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 109 a) La position du calcanéum influence la position du talus : celui-ci fera toujours le mouvement inverse du calcanéus. - La pronation de la sous-talaire provoque une éversion du calcanéus accompagnée d’une adduction et d’une plantiflexion du talus ; le talus est « à côté » du calcanéus et il y a donc moins de stabilité articulaire dans la soustalaire (on parle de congruence articulaire moindre entre ces deux os). - La supination de la sous-talaire provoque une inversion du calcanéus accompagnée d’une abduction et d’une dorsiflexion du talus ; le talus est « au-dessus » du calcanéus et il y a donc plus de stabilité articulaire dans la sous-talaire (on parle d’une meilleure congruence articulaire entre ces deux os). b) La position du talus influence la position du naviculaire et de l’avant-pied : le naviculaire suit toujours les mouvements du talus, par contre l’avant-pied effectue toujours un contre-mouvement par rapport au talus. - La pronation de la sous-talaire provoque donc une adduction et une plantiflexion du talus, celui-ci engendrant à son tour une adduction et une plantiflexion du naviculaire, ceci ayant finalement comme conséquence une abduction de l’avant-pied ; il y a donc un affaissement de la voûte plantaire. - Et inversement pour la supination de la sous-talaire qui provoque une abduction et une dorsiflexion du talus, engendrant une abduction et une dorsiflexion du naviculaire, ceci aboutissant à une adduction de l’avant-pied ; la voûte plantaire se creuse. c) La position du calcanéus influence les ligaments et la rotation du segment jambier. - En cas d’éversion du calcanéum (pronation de la sous-talaire), il y a plantiflexion et adduction du talus, ce qui provoque un étirement du ligament talo-fibulaire antérieur et des fibres postérieures du ligament deltoïdien. Deux solutions se présentent alors : soit les structures se déchirent, soit elles suivent le mouvement imposé pour garder leur longueur constante, et donc leur intégrité. Dans les cas non pathologiques, le tibia et la fibula suivent donc 110 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - le mouvement d’éversion du calcanéum (dans plan frontal) en effectuant une rotation interne (dans le plan transversal). - En cas d’inversion du calcanéum (supination de le sous-talaire), l’abduction du talus qui en résulte va provoquer un étirement du ligament talo-fibulaire postérieur et des fibres antérieures du ligament deltoïdien, ce qui engendre une rotation externe du segment jambier. A ce titre, l’articulation possède vraiment une particularité par rapport aux autres articulations car elle permet de convertir les mouvements présents dans un plan (le plan frontal : Inversion/Eversion du calcanéus) en mouvements présents dans un autre plan (le plan horizontal : Rotation interne / Rotation externe du segment jambier). C’est pourquoi l’articulation sous-talaire est appelée « Torque Convertor ». Vue antérieure Rotation interne Pronation Rotation externe Supination Vue postérieure Rotation externe Supination Rotation interne Pronation Figure 4 : conséquences des mouvements de la sous-talaire sur le segment jambier En chaîne ouverte (en décharge), les mouvements de pro-supination engendrent des mouvements du calcanéum par rapport au talus. En effet, lors de la mise en supination de la sous-talaire un mouvement de plantiflexion, d’adduction et d’inversion du calcanéum se produisent autour du talus. L’inverse se produit lors de la pronation de la sous-talaire. Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 111 4.5. La position neutre. 6 C’est à partir de la position neutre de la sous-talaire que nous avons tracé la bissectrice, mesuré la relation avant-pied/arrière-pied et la position neutre en charge (NCSP), ainsi que réalisé une empreinte négative. C’est pourquoi il nous paraît opportun d’expliquer comment obtenir cette position particulière à partir de laquelle nous avons réalisé toute notre expérience. a) L’articulation sous-talaire sera dite en position neutre lorsqu’elle ne sera ni en pronation, ni en supination. C’est dans cette position qu’elle aura le maximum de congruence articulaire ; cette position correspond aussi au travail musculaire optimal pour cette articulation. Vu la variabilité anatomique intrinsèque, cette position neutre sera propre à chacun. b) Trois critères déterminent la position neutre de la sous-talaire : 1. La palpation talo-naviculaire ; 2. L’observation des courbures latérales ; 3. Les bords latéraux du pied. La palpation talo-naviculaire consiste à ressentir la position de congruence maximale au niveau de la sous-talaire en palpant les bords latéro-interne et latéro-externe du talus et du naviculaire avec le pouce et l’index. Lorsque l’on ressent la même sensation du côté latéral et médial, la position neutre est acquise ; si le pied est en supination, l’os naviculaire se dirigeant en abduction, on ne le sent plus ; si le pied est en pronation maximale, on sent d’avantage la tête du talus et beaucoup moins l’os naviculaire. Cette opération peut être réalisée en charge ou en décharge. Figure 5: palpation talo-naviculaire pour trouver la position neutre. Vue latérale interne 6 Référence bibliographique n°17 et 16 Vue latérale externe Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 112 Le deuxième critère, l’observation des courbures latérales, peut également être réalisée en charge ou décharge. Lors de cette opération, nous observons visuellement le parallélisme des concavités sus- et sous-malléolaires. Lorsque le pied est pronaté, la concavité sus-malléolaire est moins prononcée tandis que la concavité sous-malléolaire est plus prononcée. Et inversement, lorsque le pied est supinaté, nous observons une convexité sous la malléole latérale et une augmentation de la concavité sus-malléolaire. Vue postérieure Pronation Vue postérieure Vue postérieure Position Neutre Supination Figure 6 : observation visuelle des courbures latérales pour trouver la position neutre. Concernant le troisième critère, lorsque la sous-talaire est en position neutre, la face latéro-externe du pied décrit une ligne droite au niveau de l’articulation calcanéocuboïdienne. Si le pied est supinaté, une convexité apparaît à ce niveau et, inversement, si le pied est pronaté, une concavité y apparaît. Vues dorsales du pied Figure 7 : observation des bords latéraux du pied pour trouver la position neutre. Pronation Position Neutre Supination Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 113 c) La position neutre peut également être trouvée en la calculant, en se basant sur les formules du Dr M. Root : l’inversion à partir de la PN = amplitude totale de mouvement de la soustalaire (déterminée par mesure) x 2/3 ; l’inversion à partir de la jambe est déterminée par mesure. Ce qui nous donne pour trouver la position neutre (PN) : Inversion à partir de la jambe – Inversion à partit de la PN = PN. d) C’est aussi à partir de la position neutre que nous définissons une déformation en arrière-pied varus ou valgus. En effet, il y aura une déformation en arrière-pied varus lorsque l’inversion à partir de la jambe est plus grande que l’inversion à partir de la position neutre, ce qui revient à affirmer que la position neutre de la sous-talaire (ligne bissectrice de la face postérieure du calcanéum) est inversée par rapport au grand axe de la jambe. Il y aura une déformation en arrière-pied valgus lorsque l’inversion à partir de la position neutre est plus grande que l’inversion à partir de la jambe, ce qui signifie également que la position neutre de la sous-talaire est éversée par rapport au grand axe de la jambe. e) La position neutre peut être mesurée en charge ou en décharge. Nous intéresserons ici qu’à la mesure de la position neutre en charge car c’est cette mesure que nous avons réalisée pour notre expérience pour la technique en mousse et en plasticine. Cette mesure de la position neutre en charge se fait par rapport au calcanéum ; elle est aussi appelée NCSP (Neutral Calcaneum Stand Position), ou Position Calcanéenne Neutre en Charge. Avant les mesures, une bissectrice visuelle fut tracée à la partie postérieure du calcanéum avec un fin marqueur 7. Pour ce faire, les sujets furent positionné en couché ventral sur la table d’examen avec les pieds en dehors de +/- 10 cm. L’opérateur vérifie ensuite que la face postérieure du calcanéum et le genou se situent bien dans le plan horizontal, et, si ce n’est pas le cas, il positionne le membre 7 Référence bibliographique n°20 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 114 inférieur en rotation interne jusqu’à obtention de la bonne position. Cette opération peut être facilité par la flexion, abduction et rotation externe du membre non mesuré. Vue plantaire du pied Vue plantaire du pied Vue postérosupérieure de la position du patient Figure 8 : Position du pied et du patient lors du traçage de la bissectrice calcanéenne Pour tracer la bissectrice, l’avant-pied fut positionné en pronation et, de cette manière, verrouillé contre l’arrière-pied ; la sous-talaire fut ensuite mise en position neutre selon les trois critères cités précédemment. 8 Le milieu de la face postérieure du calcanéum fut trouvé en palpant celui-ci. En effet, la face postérieure du calcanéum est une surface triangulaire à sommet proximal dont les bords latéralexterne et latéral-interne sont palpables. On vient donc palper le calcanéum sur toute la hauteur de sa face postérieure au niveau des bords médial et latéral et on y indique le point milieu à différentes hauteurs, ceux-ci étant reliés entre eux une fois toute la hauteur palpée, formant ainsi la bissectrice du calcanéum. 9 Concernant le traçage de la bissectrice en elle-même, celle-ci doit être d’un épaisseur moindre de 3 mm pour diminuer les sources d’erreur relatives à ce paramètre10. 8 Référence bibliographique n°15 Référence bibliographique n°18 10 Référence bibliographique n° 24 9 Figure 9 : Prise des repères et traçage de la bissectrice du calcanéum. 115 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - Une fois cette bissectrice tracée, nous pouvons passer à l’étape suivante consistant à la mesure de la NCSP. Le patient est en station debout sur une surface horizontale plane et dure. Ses pieds sont placés suivant l’angle et la base de marche. L’opérateur se place du côté interne du pied gauche de telle sorte que ses yeux soient parallèles à la face postérieur du calcanéum. L’articulation sous-talaire est placée en position neutre selon les trois critères cités précédemment. Nous venons mesurer l’angle entre la bissection du calcanéum et la verticale à l’aide d’un goniomètre à inertie à huile. Figure 10 : mesure de la NCSP avec le goniomètre à inertie à huile. Figure 11 : Goniomètre à inertie à huile utilisé pour mesurer la NCSP. La norme, pour le pied idéal, est de 0° avec deux degrés de variation tolérés et imputables à des erreurs de mesures (0° +/- 2°SD). Notons ici encore que cette position neutre est propre à chacun et que cette norme n’a donc pas beaucoup de sens, si ce n’est comme comparaison avec un idéal théorique qui n’est pratiquement jamais retrouvé lors des examens. De plus, nous avons retrouvé dans la littérature une étude menée en 1993 qui va dans le même sens : la moyenne de la mesure de la NCSP réalisée sur 15 patients par deux opérateurs est de 4°+/-2.6°SD. 11 référence bibliographique n°15 11 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 116 5. L’articulation médio-tarsienne ou de Chopart. C’est l’articulation talo-calcanéo-naviculo-cuboïdienne. Cette articulation est très importante dans le pied. Elle se compose de deux articulations distinctes : - L’articulation talo-naviculaire - L’articulation calcanéo-cuboïdienne 5.1. Axes de mouvements : L’articulation de Chopart a deux axes communs aux deus articulations. Ces deux axes ont une orientation oblique de postérieur – latéral – plantaire à antérieur – médial – dorsal. Cependant, l’un des axes est plus oblique tandis que l’autre est plus longitudinal : - Axe le plus oblique (1) : présente une angulation de +/- 52° par rapport au plan transversal et de +/- 57° par rapport au plan sagittal. - Axe le plus longitudinal (2): présente une angulation de +/- 15° par rapport au plan transversal et de 9° par rapport au plan sagittal. Figure 12 : Axes de mouvement de l’articulation medio-tarsienne Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 5.2. 117 Mouvements : En considérant les deux axes en présence, la pronation et la supination sont les seuls mouvements permis. L’axe plus oblique présente habituellement une amplitude de mouvement plus importante. Celui-ci est responsable principalement de la dorsiflexion et de l’abduction accompagnant la pronation, et de la plantiflexion et de l’adduction accompagnant la supination. L’axe plus longitudinal présente, quant à lui, une amplitude de mouvement plus faible et est responsable principalement de l’inversion et de l’éversion de l’avant-pied sur l’arrière-pied. 5.3. Mesure de la relation avant-pied/arrière-pied : Revenons à notre expérience. La mesure de la médio-tarsienne fut réalisée dans la même position que celle utilisée pour le traçage de la bissectrice calcanéenne décrit plus haut. Le pied fut placé en position neutre avec l’avant-pied en pronation maximale. L’expérimentateur plaça le pied dans cette position jusqu’à ce que une sensation de fin de course douce soit atteinte 12 Ensuite, l’angle entre l’avant-pied et l’arrière-pied , fut mesuré en prenant comme repère la bissectrice calcanéenne (décrite plus haut)13. Le goniomètre « spécial » pour effectuer la mesure de la relation avant-pied/arrièrepied, en métal, est constitué de deux parties : une partie pour l’avant-pied et une partie pour l’arrière-pied. La partie pour l’arrière-pied est placée sur la bissectrice, la partie pour l’avant-pied est placée parallèlement aux cinq têtes métatarsiennes. Si un premier rayon est plantiflexé, alors au lieu de mesurer sur les têtes métatarsiennes de 1 à 5, nous réalisons la mesure sur les têtes métatarsiennes 2 à 5, et donc nous ne tenons pas compte de la première tête métatarsienne pour ne pas avoir un résultat faussé. 12 13 Référence bibliographique n°15 Référence bibliographique n°18 Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - Figure n° 13 : Mesure de la relation avant-pied/arrière-pied. 118 Figure n° 14 : goniomètre « spécial » pour mesurer la relation avant-pied/arrière-pied. Lorsque l’articulation sous-talaire est en position neutre et que l’avant-pied est inversé par rapport à l’arrière-pied, ce rapport est appelé avant-pied varus. Dans ce cas, la tête du premier métatarsien est plus haute que la tête du cinquième métatarsien. Et inversement, lorsque l’avant-pied est éversé par rapport à l’arrière-pied, ce rapport est appelé avant-pied valgus. Dans ce cas, la tête du cinquième métatarsien est plus haute que la tête du premier métatarsien. Figure n°15 : Déformation Avant-pied Varus Avant-pied Valgus de l’avant-pied en Varus et Valgus. Van Achter S. - Etude de la fiabilité de trois techniques d’empreintes négatives en podologie - 5.4. 119 Relation entre la sous-talaire et la médio-tarsienne : Lorsque la sous-talaire est en position neutre et l’avant-pied en pronation complète autour des deux axes de mouvement de la médio-tarsienne, la face plantaire de l’avant-pied est parallèle à la face plantaire de l’arrière-pied (dans le cas d’un pied idéal). L’avant-pied placé dans cette position est verrouillé contre l’arrière-pied. Dans cette position, l’avant-pied peut résister à toute force de réaction du sol appliquée à sa face plantaire et le contraignant à partir en dorsiflexion et en éversion. Par contre, celui-ci peut être supinaté par une force d’inversion ou de dorsiflexion appliquée sur la partie latéro-médiale de la face plantaire de l’avant-pied. Partant de ce principe il nous est facile de comprendre que, lors de la marche, l’articulation médio-tarsienne peut compenser toutes les forces dues aux irrégularités de terrain qui le contraigne à partir en inversion. Par contre, celle-ci ne peut compenser les forces d’éversion à elle seule. En effet, pour que l’avant-pied puisse compenser des forces d’éversion sur l’avant-pied, il faut que la sous-talaire se mette préalablement en pronation compensatrice afin de libérer la médio-tarsienne, permettant ainsi une éversion supplémentaire participant également alors à cette compensation. Donc, l’amplitude de mouvement totale de la médio-tarsienne va dépendre de la position dans laquelle se trouve la sous-talaire ! Ainsi, la pronation de la sous-talaire va augmenter l’amplitude totale des mouvements de la médio-tarsienne et, au contraire, la supination de la sous-talaire va diminuer l’amplitude totale des mouvement de la médio-tarsienne.