En comptabilité nationale, le terme d`agent économique a été

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Economie
Chapitre II
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Les outils d’analyse de l’économie
L’activité économique est à l’origine d’une organisation sociale qui peut être décrite en termes de
catégories d’agents économiques, identifiables par leur fonction économique principale.
I.
Le circuit économique
Le circuit économique est une représentation de l’activité économique sous la forme de flux réels,
monétaires et financiers qui mettent en relations des catégories d’agents économiques.
La comptabilité nationale repose sur une description des phénomènes macroéconomiques en termes
de circuits.
Sur un plan plus théorique, on oppose souvent les analyses en termes de circuit économique aux
analyses en termes de marché. Dans le premier cas, l’interdépendance entre les agents se réalise par
les quantités, dans le second cas elle se réalise par les prix.
K. Marx (1818-1883) et J.M Keynes (1883-1946) sont les précurseurs de l’analyse en termes de circuit.
A. Les agents économiques et leurs fonctions principales
1. Les agents économiques
Un agent économique est une personne morale ou physique autonome qui prend des décisions de
nature économique (consommation, production, épargne, investissement…). Il peut s’agir d’un
individu, d’une entreprise, d’une administration publique, d’une institution sans but lucratif au
service des ménages…
En comptabilité nationale, le terme d’agent économique a été remplacé par le terme d’unité
institutionnelle.
2. Les fonctions principales des agents économiques
- Les ménages
Le ménage est une unité institutionnelle de la comptabilité nationale qui regroupe l’ensemble des
occupants d’une résidence principale, qu’ils aient ou non des liens de parenté. Un ménage peut ne
comprendre qu’une seule personne. Les ménages collectifs réunissent des personnes vivant en
communauté (foyers de travailleurs, maison de retraite, résidence universitaire, maison de
détention…) ou dans des habitations mobiles (nomades, mariniers…).
Leur fonction principale est la consommation. La consommation finale totale des ménages est
l’utilisation d’un bien ou d’un service qui entraine à plus ou moins long terme sa destruction. On
distingue :
o La consommation marchande : elle correspond à l’acquisition par les ménages de
biens neufs ou d’occasion (véhicules, antiquités) et de services évalués à un prix de
marché (prix usine et marge de distribution) ou à un prix estimé (autoconsommation
des agriculteurs, loyers fictifs des logements occupés par leurs propriétaires,
avantages en nature fournis gratuitement par les employeurs à leurs salariés). Elle ne
comprend ni les achats de logements neufs ni les grosses réparations, ni les paiements
d’impôt et de cotisations sociales, ni les salaires des domestiques. La comptabilité
nationale classe les dépenses de santé (hors hospitalisation) dans la consommation
marchande (même si ces dépenses sont en partie couvertes par des prestations).
o La consommation non marchande : ce sont les services domestiques fournis par le
personnel salarié des ménages et le paiement partiels des ménages pour les services
rendus par les administrations publiques ou privées (séance de cinéma, hôpitaux,
crèches, musées…).
- Les entreprises
L’entreprise est une unité économique dotée d’une autonomie juridique qui combine des facteurs de
production (capital et travail) pour produire des biens économiques ou des services destinés à être
vendus sur un marché.
Leur fonction principale est la production de biens et de services marchands : l’entreprise opère sur
des marchés, elle achète des facteurs de production et des consommations intermédiaires, elle
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emprunte et réalise des placements sur les marchés financiers, elle vend des biens et des services
qu’elle produit.
- Les administrations publiques (APU)
Les administrations publiques constituent un secteur institutionnel de la comptabilité nationale qui
regroupe les administrations publique centrale (l’Etat), les administrations publiques locales (les
collectivités territoriales : commune, département, région) et les administrations de Sécurité sociale.
Leur fonction principale est la production de services non marchands ou la mise en œuvre
d’opérations de redistribution du revenu et des richesses nationales. La majeure partie de leurs
ressources provient de prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales).
- Les institutions sans but lucratif au service des ménages : ISBLSM
Dans la comptabilité nationale, les ISBLSM sont des unités privées (dotée de la personnalité
juridique) qui produisent des biens et services non marchands au profit des ménages. Leurs
ressources principales proviennent de contributions volontaires effectuées par les ménages en leur
qualité de consommateurs et de versements provenant des administrations publiques (partis
politiques, syndicats, associations…).
- Les institutions financières
Les institutions financières sont des entreprises qui produisent et vendent des services financiers :
banques, établissements de crédit non bancaires, entreprise d’investissement (société de Bourse),
entreprise d’assurance…
- Le reste du monde
Dans la comptabilité nationale, le reste du monde désigne les relations économiques entre les unités
institutionnelles qui font partie du territoire économique (unités résidentes) et celles qui n’en font pas
partie (les non résidents). C’est un ensemble d’unités qui ne sont pas caractérisées par une fonction et
des ressources principales ; il regroupe les unités non résidentes dans la mesure où elles effectuent des
opérations avec des unités institutionnelles résidentes ou ont d’autres relations économiques avec des
unités résidentes. Les comptes de ce secteur fournissent une vue d’ensemble des relations
économiques qui lient l’économie du pays au reste du monde.
Le reste du monde comptabilise les opérations et autres flux des sociétés financières et non financières,
des institutions sans but lucratif, des ménages et des administrations publiques avec des unités
institutionnelles non résidentes, ainsi que les autres relations économiques entre résidents et nonrésidents (par exemple, les créances de résidents sur des non-résidents). Le secteur du reste du monde
est ventilé comme suit : l’Union européenne (États membres de l’Union européenne et Institutions de
l’Union européenne) et les pays tiers et organisations internationales.
B. L’interdépendance des agents économiques : les flux économiques et les marchés
1. Les flux économiques
Un flux est un mouvement réel ou monétaire au cours d’une période déterminée dans le circuit
économique. La production d’un pays, la consommation, l’émission de monnaie, l’émission de titres,
l’octroi de nouveaux crédits…au cours d’une période donnée, sont des flux.
Le plus souvent, un flux réel autonome (acquisition de biens et services par exemple) a pour
contrepartie un flux monétaire induit (paiement immédiat ou décalé dans le temps). Mais certains
flux sont uniquement monétaires (flux financiers : le don), et d’autres uniquement réels (le troc).
2. Les différents marchés
Le marché des biens : ensemble des marchés où les entreprises vendent les biens qu’elles produisent.
Le marché du travail : marché où les ménages vendent les services de leur travail et où les entreprises
achètent ces services.
Le marché du capital : marché où des fonds sont empruntés et prêtés.
II.
La comptabilité nationale
La comptabilité nationale est une représentation globale, détaillée et chiffrée de l’économie nationale
dans un cadre comptable, qui a été développée dans la seconde partie du XXème siècle. Elle a été
progressivement mise en place sous l’égide du Fonds monétaire international (FMI), dans l’ensemble
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des économies à partir des années 1950. Elle classe les agents économiques (appelés unités
institutionnelles) dans des secteurs institutionnels.
A. Les centres de décision : les secteurs institutionnels
La comptabilité nationale considère que les agents économiques (appelés unités institutionnelles)
prennent des décisions économiques autonomes et qu’ils ont donc la capacité pour détenir des biens et
des actifs, souscrire des engagements, exercer des activités économiques et réaliser, en leur nom
propre, des opérations avec d’autres unités. Selon leur fonction principale, les unités institutionnelles
sont regroupées en 6 secteurs institutionnels :
- Les ménages (y compris entrepreneurs individuels)
- Les sociétés non financières : elles regroupent l’ensemble des unités institutionnelles qui sont
des producteurs marchands dont la fonction principale consiste à produire des biens et des
services marchands non financiers (sociétés, entreprises)
- Les sociétés financières : ce sont des établissements de crédit qui réalisent des opérations de
banque (financement des ventes à crédit aux particuliers, au crédit logement… : banques et
assurances)
- Les administrations publiques
- Les ISBLSM
- Le reste du monde, secteur non résident.
B. Les opérations entre agents économiques de la comptabilité nationale
Les secteurs institutionnels réalisent 3 types d’opérations :
- Les opérations sur les produits relatives à la production et à ses utilisations
On distingue 7 catégories d’opérations sur les produits : production, consommation intermédiaire,
dépense de consommation finale, consommation finale effective, formation brute de capital
(investissement), exportations de biens et services et importations de biens et services.
- Les opérations de répartition qui concourent à la formation des revenus
Elles regroupent les opérations par lesquelles la valeur ajoutée est distribuée entre la main d’œuvre, le
capital et les administrations publiques, ainsi que les opérations de redistribution.
- Les opérations financières qui portent sur des instruments financiers
Elles regroupent l’ensemble des opérations portant sur des actifs ou des passifs financiers (emprunt,
crédit, émission de valeurs mobilières…).
C. Les comptes de secteurs de la comptabilité nationale
Les opérations entre secteurs institutionnels sont articulées dans des comptes de secteurs qui
présentent pour chaque secteur institutionnel, une description des différentes étapes du processus
économique : production ; formation, distribution, redistribution et utilisation
du revenu ;
accumulation financière et non financière. Comme dans la comptabilité privée, les comptes sont
toujours équilibrés. Ce qui est significatif, ce sont les soldes et leur évolution pour chacun des
comptes. Les différents soldes pour chaque compte sont :
- La valeur ajoutée (compte de production)
- L’excédent brut d’exploitation : EBE (compte d’exploitation)
- Les revenus primaires (compte d’affectation des revenus primaires)
- Le revenu disponible (compte de distribution secondaire du revenu)
- Le revenu disponible ajusté (compte de redistribution du revenu en nature)
- L’épargne brute/nette (compte d’utilisation du revenu)
- Le solde du compte des variations de la valeur nette dues à l’épargne et aux transferts en
capital (compte des variations de la valeur nette dues à l’épargne et aux transferts en capital)
- La capacité de financement/ou sur le besoin de financement (compte des acquisitions d’actifs
financiers).
- Le compte de patrimoine des secteurs institutionnels renseigne sur la valeur des actifs et des
passifs à un moment donné du temps. Son solde est la valeur nette.
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Un compte de patrimoine est également établi pour l’économie nationale et pour le reste du
monde. Pour l’économie nationale, le solde est un indicateur de la richesse nationale (somme
des actifs non financiers et des créances financières nettes vis-à-vis du reste du monde).
Des comptes satellites analysent les coûts de production, les dépenses et le financement de certains
domaines particuliers : éducation, santé, protection sociale…
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Schéma du circuit économique de l’entreprise
Prêts
INSTITUTIONS
FINANCIÈRES
Épargne
Flux réels
Emprunt
Marché du
capital
Épargne
Travail
Travail
Salaire
Flux monétaires
Marché du
travail
Salaire
Exportations
MÉNAGES
ENTREPRISES
Dépenses
Achats de biens et services
RESTE DU MONDE
Importations
Recettes
Marché des
biens de
consommation Vente de biens et services
Impôts, taxes
Subventions, achats, salaires…
Vente de biens et
services
ÉTAT
Marché des
biens de
production
Achats
d’investissement
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