André Nouschi, ancien professeur à l`Université de Nice

Essai sur les réseaux d’influence constitués par le groupe pétrolier Elf en
Afrique
André Nouschi, ancien professeur à l’Université de Nice
De Gaulle est à l’origine de la création d’ELF et aussi de la coopération entre la France
et les pays d’Afrique noire, d’abord francophone, ensuite de l’Afrique noire tout court.
ELF a été créée en 1966, après une histoire qui a commencé en octobre 1945 quand de
Gaulle, à l’instigation de Pierre Guillaumat, a créé par ordonnance le Bureau de
recherches du pétrole (BRP). Cet organisme est un établissement public dont l’objectif
est de prospecter d’abord,de mettre en valeur ensuite les gisements d’hydrocarbures
(pétrole et gaz) dans l’empire colonial largement conçu. Le BRP connaît des
transformations nombreuses à partir du moment où ses ingénieurs découvrent du gaz
et du pétrole un peu partout dans les pays de l’empire
1
. Le monde colonial et l’empire,
malgré ou à cause des guerres d’Indochine et d’Algérie, se transforment à partir de
1956 quand le ministre de la France d’outre-mer, Gaston Defferre fait adopter par le
Parlement la première réforme coloniale importante appliquée en Afrique ce qu’on a
appelé la « loi-cadre » ; elle débouche sur la Communauté qui unit dans un ensemble
quasi fédéral, en 1958, la France et les territoires de l’ex-Union française
2
. La
Communauté n’a qu’une brève existence puisque, en moins de deux ans, tous les pays
membres en sortent pour réclamer et obtenir leur indépendance. La France a
désormais comme interlocuteurs des États indépendants avec lesquels les relations
sont fondées sur la coopération, qui sert parfois de façade à toutes sortes d’actions
politiques allant de la coopération culturelle à une coopération militaire et entre les
deux une coopération économique.
1. La mise en place d’une politique de coopération
Elle est contemporaine de la décolonisation et débute en réalité avec la Quatrième
République mais ne se développe qu’avec la Cinquième République. Cette volonté de
modifier les rapports noués pendant la période coloniale naît quand Mendès-France à
Carthage et dans les déclarations ultérieures rappelle que les relations entre les deux
pays doivent continuer ; quelques semaines plus tard, Bourguiba libéré utilise le mot
dans une interview le 9 août 1954 à Radio Luxembourg : « Nous souhaitons
sincèrement fonder nos rapports définitifs avec la France sur le concept
d’association que l’on peut définir: coopération dans la liberté et que nous
pourrons édifier ensemble par le moyen d’arrangements négociés entre nos deux
États souverains au nom de deux peuples libres. » Son discours définit clairement la
coopération bien avant que le mot soit utilisé dans la convention du 3 juin 1955.
Celle-ci mentionne pour la première fois le mot dans le préambule : « Animés du
même idéal de paix , de coopération et de progrès [...], convaincus que le
développement des institutions tunisiennes, aussi bien que les principes libéraux de
la République française et de l’organisation du Monde libre, justifient la volonté des
deux gouvernements de promouvoir leurs rapports de coopération selon des
modalités librement concertées, dans le respect mutuel de leurs souverainetés
propres et au profit de leurs intérêts communs. » En 1957, le ministre des Affaires
étrangères crée un Service de la coopération technique internationale chargé de
1 Pour tout cela, voir André Nouschi, La France et le pétrole, Paris, Picard, 2002
2
François Borella, L’évolution politique et juridique de l’Union française depuis 1945, Paris,
Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1958
2
recruter des experts français pour les Nations unies et d’offrir des bourses à des
étudiants et des chercheurs étrangers venus en France pour améliorer leur formation.
Deux ans plus tard, de Gaulle remplace le ministère de la France d’outre-mer par un
ministère des DOM-TOM et un ministère de la coopération. La nouvelle constitution de
septembre 1958 donne au Président des pouvoirs immenses qui lui permettent d’en
finir avec la guerre d’Algérie. En 1962, la Communauté de 1958 n’existe plus,en
dehors des DOM-TOM. Désormais, les relations entre la France et les pays de l’ex-
empire se présentent dans le cadre de la Coopération : en apparence et en principe, la
France et ses partenaires traitent d’égal à égal ; en réalité, les rapports reposent sur
l’inégalité et sur d’autres bases que celles de la période coloniale, mais le partenaire
français n’en parle jamais et fait comme s’il traitait d’égal à égal. En mai 1959, il crée
un Fonds d’aide et de coopération (FAC) destiné à financer la coopération ; et, sans
attendre une convention officielle qui aurait permis d’enraciner la coopération dans
un cadre solide, Français et Tunisiens concluent le 15 avril 1959 un protocole de
coopération culturelle et technique qui fait entrer dans les faits la coopération au
moins sur le plan culturel, facteur primordial du développement tel que l’envisageait
Bourguiba.
La Ve République considère désormais la coopération comme un élément important
de la présence de la France dans le monde ; comme le note Couve de Murville : «La
coopération est devenue une partie intégrante de notre politique extérieure elle-
même et à l’égard de beaucoup d’États, sa partie la plus importante. » Cette dernière
repose autant sur des hommes, les coopérants, que sur des aides financières et
techniques ; de ce fait, elle peut apparaître comme une forme nouvelle de dépendance
quasi coloniale. La coopération devient la base des rapports entre la France et les
nouveaux États africains pour lesquels est créé un Secrétariat général confié à
Raymond Janot et Jacques Foccart, qui devient rapidement et pour longtemps la
cheville ouvrière des relations entre la France et l’Afrique francophone. De Gaulle a
confié à l’un de ses anciens ministres, Jean-Marcel Jeanneney, le soin de rédiger un
rapport sur la coopération qui devient dès sa publication en 1963 la charte de l’action
menée durant la Ve République au Maghreb, en Afrique au sud du Sahara et dans le
reste du monde ; il définit clairement l’ensemble des questions afférant à la
coopération et surtout son organisation au niveau gouvernemental .
Cependant, après l’indépendance des deux protectorats, puis des États africains,
enfin de l’Algérie, les relations devraient être désormais coordonnées par le Quai
d’Orsay ; mais, comme le souligne Léopold Sedar Senghor, les Français sont pour les
Africains autre chose que des étrangers, d’où la création d’un ministère ou d’un
secrétariat d’État spécifique et surtout d’un Secrétariat auprès du président de la
République chargé de la coopération, poste qui dit bien l’importance que de Gaulle y
attache quand il le confie au seul Foccart à partir de 1961, qui y reste jusqu’en 1974.
Le ministre ou le secrétaire d’État, dont plusieurs décrets remanient les services tout
au long des années, sert à préparer les dossiers, certes et à régler les questions
quotidiennes. Enfin, la présence de troupes françaises peut tantôt consolider un
régime contesté, tantôt faciliter l’effondrement d’un régime ; la France avalise les
multiples coups d’État des années 1960. Les opposants ne manquent pas de dénoncer
ce rôle plus ou moins occulte de la France dans la vie politique toujours sinueuse des
ces États. Le pétrole et le gaz servent souvent de justification implicite pour le Congo,
le Cameroun ou pour la guerre qui ravage le Biafra et la Nigeria de 1966 à 1970. Pour
l’opinion internationale, la France joue le rôle du « gendarme de l’Afrique » qui
3
soutient des dirigeants dont tous s’accordent à reconnaître la vénalité et l’esprit de
lucre; à l’occasion, ces derniers disent leur reconnaissance avec des cadeaux,soit
personnels, soit sous forme d’avantages concédés à des entreprises françaises. Ainsi,
de nouveaux liens sont tissés entre l’Afrique et la France ; ils débordent quelque peu
de l’ancienne Afrique française puisqu’ils concernent désormais aussi bien l’ex-Congo
Léopoldville (Kinshasa) que l’Angola ex-portugais.
Une analyse plus poussée indique que la coopération est la suite logique de La
Communauté créée par la cinquième République. En la créant, de Gaulle songeait à
maintenir les liens créés entre la France et l’ex-empire, étant convenu que l’Algérie y
aurait sa place. Mais simultanément, il lançait à Claude Mauriac : « La Communauté,
c’est de la foutaise! Ces peuples là,à peine entrés, n’auront qu’une idée, celle d’en
partir ! », et il ajoutait : « Mais que voulez vous, il fallait la faire ! » Plus tard, le 10
novembre 1959, il avoue : « La Communauté, c’est l’indépendance effective et c’est la
coopération garantie », preuve qu’il était sans illusion sur la durée de la
Communauté, constituée par les anciennes colonies d’Afrique et Madagascar devenus
clients de la France ; il savait aussi que sans l’aide financière de la France, ces États
ne pourraient vivre
3
.
2. L’Afrique entre influence politique et influence économique
Les responsables politiques parisiens prennent un soin extrême à choisir les
ambassadeurs français en Afrique ; pour des raisons multiples : les États africains
votent à l’ONU avec la France et s’alignent sur elle; de plus, ils lui fournissent du
pétrole et du gaz par le biais d’ELF-ERAP, société d’État à 100 % fondée en 1966 par
fusion de plusieurs entités publiques ou parapubliques. Est ce un aspect original de la
coopération ? On peut le penser car de Gaulle l’avait formellement mentionné dans
son discours de janvier 1964 relatif à la coopération.
Cependant, entre ce moment et aujourd’hui, au cœur de la relation entre Français et
Africains, l’entreprise pétrolière Elf joue un rôle majeur, grâce à un réseau qui lui
appartient, surtout après 1971, quand Boumediene enlève à Elf ses droits
d’exploitation en Algérie. Derrière cette façade institutionnelle, et à la faveur du
réseau constitué par la direction de l’entreprise, depuis Paris ou depuis ses directions
en Afrique même où elle a crée des filiales par pays (Gabon, Congo, etc.) , se
nouent des relations plus ou moins occultes, dont l’existence apparaît au grand jour à
la faveur de ce qu’on a appelé les « affaires » qui occupent la première page des
journaux pendant plusieurs années et qui mériteraient d’être analysées si la société
Elf acceptait d’ouvrir ses archives et si l’État français ouvrait les siennes sur la
politique africaine menée depuis les années 1960. Comment tourner cet obstacle ? Il
faut d’abord utiliser les témoignages écrits (livres souvenirs ou justificatifs) et oraux
(entretiens dans la presse) des principaux acteurs,entre autres l’ancien P-DG d’ELF,
Loïc Le Floch Prigent, ensuite avec les documents judiciaires parus dans la presse qui
n’ont jamais été sérieusement contestés, sauf peut être par Charles Pasqua qui attend
toujours de comparaître pour être interrogé ; enfin, il faut mobiliser l’ouvrage de l’un
des magistrats instructeurs, Mme Éva Joly
4
, qui décrit les manœuvres d’intimidation
3
Luc Durand-Réville, Les investissements privés au service du tiers-monde, Paris, Éditions
France-Empire, 1970.
4
Éva Joly, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, Paris, Les Arènes, 2003.
4
et les protections dont ont joui certains acteurs au cœur des « affaires » d’Elf pendant
le processus de l’instruction.
Dans ce que certains publicistes ont appelé « la FrançAfrique »
5
, est au cœur de
l’action menée par la France, par la société Elf, par cette entreprise au nom de la
France, ou avec l’aveu de la France pendant plusieurs décennies en Afrique ; il est
difficile de démêler ce qui ressortit à la politique (ou géopolitique) française et ce qui
ressortit en propre à la société ELF, tant les liens entre les deux s’entrecroisent et
interfèrent. S’agit il alors de relations entre la France et tel État africain ou dELF avec
celui-ci d’autant plus que derrière celles-ci apparaissent des rapports entre les
hommes, chefs d’État, les responsables d’ELF ou les représentants de l’État, ministres,
hauts fonctionnaires ou ambassadeurs. Les uns et les autres travaillent-ils pour leurs
intérêts personnels, ceux d’ELF, ceux de la France ou ceux de l’État africain
6
?
3. Pétrole et géopolitique française
Quand meurt le général de Gaulle en 1970, ELF-ERAP
7
publie dans son bulletin
intérieur un éditorial édifiant qui soulève de multiples questions : « Au moment où
disparaît le général de Gaulle, ce bulletin se doit de saluer avec une respectueuse
reconnaissance la mémoire de celui qui créa avec le Bureau de recherches de pétrole
l’outil de prospection systématique des terres françaises, porta un intérêt constant
aux recherches pétrolières de nos nationaux à travers le monde et sous l’autorité de
qui s’effectua le regroupement des deux établissements publics qui allaient former
l’ERAP. Dans la ligne d’une continuité fructueuse de la politique pétrolière française,
le général de Gaulle a suivi avec une ferme lucidité la voie tracée au lendemain de la
Première Guerre qu’il avait pu apprécier au secrétariat général de la Défense
nationale et dans ses plaidoyers en faveur de l’arme blindée. En s’attachant aux
problèmes fondamentaux de l’approvisionnement du pays en énergie,en réaffirmant
quand c’était nécessaire les grands traits de la politique pétrolière,en établissant sur
un pied d’égalité le dialogue avec de nouveaux États souverains,en soutenant tant
en Afrique qu’au Moyen Orient une politique compréhensive et généreuse,qui y
maintint ou y créa la sympathie, le général de Gaulle, plus encore peut-être qu’il n’a
fait directement pour l’industrie pétrolière française, aura ouvert ou élargi les
espaces où pouvait s’exercer les activités de celle-ci. Parmi les faits marquants des
trente dernières années dans le domaine qui est le nôtre, le développement massif du
patrimoine pétrolier français s’impose à l’évidence : ce développement constitue à
lui seul l’hommage le plus éloquent qu’on puisse rendre à celui dont l’action pendant
cette période, aura aussi fortement marqué notre vie nationale. »
En quelques paragraphes, l’auteur anonyme de l’éditorial (sans doute le P-DG d’ELF,
Pierre Guillaumat lui-même) résume l’action menée par le général durant sa vie,
d’abord dans l’entre-deux-guerres quand il prône l’arme blindée, puis après la
Deuxième Guerre mondiale, quand il crée le BRP d’où sont issues ELF-ERAP et surtout
l’action menée en Afrique. On est un peu surpris quand l’éditorial mentionne tout
ensemble, l’approvisionnement en énergie, le dialogue sur « un pied d’égalité » et la
« politique compréhensive et généreuse » qui ouvre ou élargit les espaces où pouvait
5
Pour cela, cf. François-Xavier Vershave, La Françafrique, Paris, Stock, 2003.
6
R. Faligot & J. Guisnel (dir.), Histoire secrète de la Ve République, Paris, La Découverte,
2006.
7
Elf-Erap, Bulletin mensuel d’informations, n°11, 25 novembre 1970.
5
s’exercer les activités de la politique pétrolière du général. En apparence, l’égalité
dans le dialogue ; en réalité, une quasi-dépendance entre l’ex-métropole et l’ex-
colonie sur arrière-fond pétrolier. À bien lire le texte, on a l’impression que celle-ci a
été au cœur de sa pensée politique et qu’il en a été un acteur déterminant. Cette
référence au pétrole est d’autant plus surprenante que les biographies consacrées à de
Gaulle n’y font pas toujours référence et que dans ses écrits ; et lui-même en parle
peu ou même pas du tout. Or nous savons d’une façon certaine que de Gaulle n’a pas
négligé ces problèmes d’intendance, d’abord quand il crée le BRP à la Libération,
ensuite quand la France affronte les Anglo-Saxons
8
entre 1946 et 1948, une première
fois à propos de la violation de « l’accord de la ligne rouge », une seconde fois quand,
après avoir créé ELF-ERAP, à 100 % de capitaux d’État, Elf conquiert le contrat de la
prospection du champ de Roumeilah en Irak en 1968 face à l’IPC. Faut il rappeler son
action politique au sujet du Sahara durant la guerre d’ Algérie,après 1961 ? Sa
vigilance à propos de la question du Sahara pétrolier quand les Français négocient
avec le FLN aux Rousses entre décembre 1961 et mars 1962 ? Celle-ci est attestée par
Bernard Tricot dans une lettre qu’il m’a adressée sur ce point. Cette vigilance s’exerce
aussi quand il oblige les filiales des pétroliers anglo-saxons à se plier aux injonctions
du gouvernement de Pompidou pour reprendre le pétrole saharien baptisé
« national ». Il est attentif également aux négociations menées avec Alger par notre
ambassadeur, qui aboutissent à l’accord de juillet 1965 qui remplace celui d’Évian.
Alors, peut-on parler d’un de Gaulle « pétrolier » ? Quelle est sa part et celle de
Guillaumat, son homme de confiance ? Il est difficile de dire ce qui revient à l’un ou à
l’autre, car ni l’un ni l’autre ne se sont expliqué clairement.
En effet, dans le numéro consacré à Guillaumat par les Annales des Mines
9
, à aucun
moment ne sont évoqués les problèmes africains pas plus d’ailleurs que dans la
monographie d’ELF rédigée par deux historiens
10
. Ce silence ou cette discrétion sur
une activité qui a accaparé l’attention des responsables d’ELF, au premier rang
desquels se trouve Guillaumat, mérite réflexion, d’autant plus que je me suis heurté
au refus d’ELF à chaque fois que j’ai demandé les documents susceptibles de répondre
à mes questions, entre 1970 et 1980. Ce refus avait-il pour intention de jeter le
manteau sur des dossiers compromettants ? Cette convergence dans la discrétion
correspondait aussi à la volonté de De Gaulle de refuser au Parlement qui
l’interrogeait de communiquer le capital de la société après qu’elle eût été créée en
1966. Effectivement et pendant longtemps, les documents publiés par ELF
n’apportent aucune réponse sérieuse aux questions qu’on pourrait se poser sur la
composition du conseil d’administration, sur son capital, son chiffre d’affaires, ses
bénéfices, ses investissements, etc., alors que, dans les années précédentes, le
Parlement avait été informé sur les activités du BRP et de la RAP, qui recevaient des
fonds publics, tout comme ELF-ERAP ultérieurement
11
.
4. La mise en place des réseaux liés aux activités pétrolières en Afrique
Effectivement, depuis qu’il a été créé, le BRP travaille avec persévérance un peu
partout dans le monde colonial ; il découvre ainsi au Sahara et en Afrique du gaz et du
8
Pour tout cela, cf. André Nouschi, La France et le pétrole, Paris, Picard, 2002.
9
Réalités industrielles, n° de septembre 1992.
10
Emmanuel Terrée et Alain Beltran, Elf Aquitaine, des origines à 1989, Paris, Fayard, 1998.
11
Sur ce point, voir les Dossiers du Canard enchaî, ELF, Fric, Politique, Barbouzes.
L’empire d’essence. Enquête sur un super-scandale d’État, Paris, 1998.
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