Interview Djina (2).

publicité
International Women’s Day et par delà appel aux femmes de toute l’Europe
La Voix d’une mère en deuil
Propos recueillis par Anne Gayet, traduit du grec par Andreas en anglais
Interview accordée après une semaine de réflexion par Djina Tsalikian, 50 ans, mère
d’Alexis, tue à Athènes le 6 décembre 2008 à la fin d’une manifestation
Interview en présence de Andreas A Contantinou, le porte parole de Djina, le vendredi 27
février à 18 heures dans la boutique de Voukourestiou Street, dans le quartier Kolonak,
quartier des boutiques de luxe, à deux pas de Syntagma
La mère de l’enfant a peu communiqué sur le sujet, en dehors du journal Kathimerini et
accepté cet entretien sous l’angle, témoignage d’une mère pour la Journée Internationale des
Femmes, à destination des parents et particulièrement des mères
Entretien avec seulement prise de notes, et sans photo, Djina s’exprime en grec et parfois en
anglais mais c’est Andréas Constantinou, son porte parole pour les relations avec la presse
Qui prend le relais
Deux messages forts :
Oui Alexandros avait des convictions, il aimait les gens et avait soif de justice, et était révolté
par les injustices sociales
A destination des parents en général et des mères en particulier, passez plus de temps avec
vos enfants, même adolescents, ne renoncez pas à partager avec eux des joies simples, ils ont
encore besoin de vous, plus tout à fait enfants, pas tout à fait hommes
Au cimetière de Paléo Faliro, une plaque de granite a été installée à l’endroit ou repose la
dépouille d’Alexandros en présence des journalistes de Kathimerini,
Au moment de la prise de vue, au cimetière, un pigeon s’est posé sur la stèle: « C’est la
colombe du Saint Esprit, » a commenté la grand-mère du jeune homme. Pour elle comme
pour la plupart des Athéniens, tous milieux confondus, toutes générations confondues, la mort
du jeune garçon fait symbole, comme si, à travers elle, se confirmait le désarroi d’une société,
la nôtre, qui expose ses propres enfants à une mort prématurée, comme si pour lui donner
sens, pour que ce danger soit endigué, il fallait aller chercher sur des forces spirituelles,
capables de s’incarner dans l’action, c'est-à-dire identifier le mal, y compris dans
l’autocritique, et élaborer ensemble des projets concrets. Ce qui revient à dire en filigrane que
nous autres adultes nous devons remettre en question nos propres comportements, nos
échelles de valeur, avant de dessiner dans un projet éducatif honnête et cohérent, exigeant
aussi sans doute, puisqu’il s’agit de changer des habitudes acquises..
Djina Tsalikian, 50 ans
Ses parents avaient émigré d’Armènie, après la catastrophe de Smyrne en 1922, où ,ils
avaient une fabrique de tapis, ils ont tout perdu et sont repartis de zéro La photo du père de
Jina trône sur le comptoir, celle d’Alexandros, sur un guéridon, à côté d’un bouquet
d’anémones cueillies le matin même sur le mont Lycabette . Jina orthodoxe fervente, vit avec
eux, tout comme Harrietta, à la maison, la sœur aînée d’Alexandros,qui désormais porte les
vêtements sans marque de son petit frère, pour qu’ainsi il reste encore vivant. ???
« Le struggle for life le travail rude pour sortir des difficultés du quotidien sans argent, la
mère d’Alexis, elle connaît, elle a étudié le droit, mais a choisi de ne pas exercer son métier
d’avocat, pour s’occuper de ses enfants en bas âge d’abord, puis à la mort de son père elle a
décidé de reprendre la joaillerie familiale, parce qu’elle a du goût pour cela, pour que la
boutique perdure
A l’enterrement d’Alexandros, la famille avait déjà souhaité plutôt que des fleurs, des dons à
l’association « Smile for children », en grec Sambougelo tou paidiou ? afin de soutenir les
actions de cette association européenne, dédiée aux enfants des rues en Grèce, à l’image de ce
jeune Markus, Rom de 10 ans tout au plus qui s’évertuait à chanter dans Ermou,assis sur un
trottoir gelé, par 1 degré Celsius des chants de la période de Carnaval.
L’atelier de bijoux, c’était tout à fait l’esprit de son fils, il aimait les gens et avait le contact
facile, il aimait aussi les créations
Jina a une fille aînée, 17 ans et demi, qui, très brillante, termine ses études secondaires dans le
même établissement privé que son frère, la Moraitis School, très côtée à Athénes
Conscient d’être issue dune famille privilégié, Alexandros refusait de porter des vêtements de
marque, il était révolté par l’injustice et la « malchance « de certains de ses amis,
cohérent avec ses convictions, il n’avait pas de barrière dans ses amitiés.
Harietta, beaucoup plus introvertie, était très liée à son frère. Tout à fait différents, ces deux là
étaient très proches, très soudés, Harrietta est en grande détresse aujourd’hui, elle a besoin
d’une aide psychologique constante.
Hamlet, I, 5
….Qu’en pareille circonstance, me voyant dans cet état, vous, jamais, les bras ainsi croisés,
ou secouant la tête, ou prononçant quelques phrase équivoque,, comme – nous savons-ou,
nous pourrions si nous voulions….la nature est déplacée de sa sphère. O désordre maudit,
faut-il que je sois né pour te réformer ! (traduction officielle)
Harietta, 17 ans et demi, déjà très artiste et introvertie, Alexandros plutôt meneur et
bénéficiant auprès de ses camarades d’un certain charisme de fait de sa bonté naturelle et de
son enthousiasme en toutes choses
Tout le monde l’aimait, car il avait une bienveillance naturelle et beaucoup d’enthousiasme
dans son désir de combattre les injustices
Conscient d’être issu d’un milieu privilégié, il banissait les vêtements de marque et n’avait
aucune barrière sociale dans ses amitiés
,qui a 15 ans et dans le contexte d’incertitude actuelle à Athènes s’exprimait avec force. Mais
il n’était pas violent, son charisme suffisait , sa détermination était celle de son âge, sa
fougue aussi
Embargo, rappeler Jina et son porte parole pour savoir quand est levé l’embargo
Aujourd’hui, des contacts sont pris par la famille et les proches, pour que soit créee,
avec des fonds européens et des relais dans toute l’Europe une fondation Alexandros
Gregoripoulos, afin qu’Alexandros soit toujours vivant parmi nous, et que, dans la
lignée de ses idéaux de « teen , la fondation contribue à combler le vide auquel se
trouve aujourd’hui confrontés beaucoup d’ adolescents, révoltés certes mais sans réel
projet politique ou culturel
Ainsi le désir d’Alexandros sera respecté, les jeunes en difficulté, sans repaire, seront
aidés, il sera toujours vivant
Intertitre ou commentaire
Sens qu’ à travers des actions l’idéal d’Alexandros , confiance en Dieu et désir de changer le
monde trouve au sein de cette instance à la fois un dialogue avec les adultes chargés de leur
écoute en dehors du cadre scolaire et religieux, trouver des solutions aux problèmes qu’ils
rencontrent, traitaient les aspects socio-culturels, et leur donner un but accessible, à travers
des ateliers, en favorisant par exemple la réhabilition des métiers artisanaux, et leur permettre,
une fois sortis du lycée, de se retrouver pour partager des valeurs collectives nouvelles, pour
se confronter aussi à d’autres adultes, et créer ainsi un lien manquant aujourd’hui
« Afin que la mort accidentelle d’un petit Prince , qui partageait avec sa sœur aînée les mêmes
idéaux de justice sociale, les gamins d’Athènes d’abord, puis de différentes régions, trouvent
des relais autres que la rue pour aider à construire, en respectant le souhait d’Alexandros, une
société plus juste.
Commentaires : un lieu pour exprimer leurs doutes, leurs indignations, leurs convictions,
leur volonté de contribuer à façonner une société moins matérialistes et plus frugale, àl’image
des défits économiques et sociaux que ces « révoltés sans cause » ont dénoncé dans leurs
manifestations
Les plaques ont été déposées d’abord à Paleo faliro,cimetière du sud d’Athènes puis à
Euxarchia, le 17 février 2009,
sur les lieux mêmes où est tombé le jeune homme.
Légendes plaque Euxarkhia
Ici, le 6 décembre 2008, sans aucune raison, le sourire d’un enfant innocent Alexandros
Gregoropoulos, âgé de 15 ans, s’est figé sous les balles de meurtriers qui n’expriment aucun
regret pour leur crime
(unrepended ?)
Légendes
Librement adaptée d’Hamlet
« Si j’avais eu le temps…
Si la Mort, que personne ne peut arrêter, me l’avait permis.. ;
Si j’avais pu vous dire…
Moi je suis mort.
Mais vous, qui êtes vivants,
Témoignez pour moi,
Dîtes leur la vérité à mon propos, surtout à ceux qui ne savent rien, surtout à ceux qui ne
veulent pas savoir
Mes amis me surnommaient « le Prince »
Jamais je n’aurais imaginé devenir si célèbre auprès du monde entier. »
Ce prince est mort innocent, dans des batailles qui n’avaient pas à advenir.
Citations en italique sont celles de la mère d’Alexandre, en gras l’information sous embargo,
en surtitre les propos d’Andreas, porte parole
Téléchargement