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Jean-Pierre Minaudier. Lycée La Bruyère, Versailles, avril 17, 2017
ISLAM 5
libre arbitre — l'homme a le choix d'aller du côté du bien ou de celui du
mal (le zoroastrisme est une religion fortement dualiste, au niveau éthique
aussi bien que cosmologique). L'idée de temps cyclique disparut au profit
d'une eschatologie: l'homme ne vie qu'une vie, il n'y a pas de
réincarnation, après il y a un Jugement dernier (le zoroastrisme est donc
la première religion du salut); mais le zoroastrisme ne distingue pas entre
un Enfer et un Paradis. Une partie du panthéon ancien disparut, les dieux
de la caste des prêtres reçurent un rôle plus important. Surtout, Zoroastre
trnasforma le vieux polythéisme en un hénothéisme: un Dieu suprême mais pas
unique, Ahura Mazda, préexiste à tous les autres; il a créé le monde
spirituel avant de créer le monde matériel. Ahura Mazda correspond au dieu
indien Varuna, c'est un dieu de l'énergie, du ciel, mais aussi de la
sagesse. Il a engendré deux esprits jumeaux, l'un bienfaisant, Spenta
Maigu, l'autre malfaisant, Angra Maingu. La vie spirituelle des
zoroastriens est axée sur la recherche de la pureté, d'où la prégnance du
symbole du feu, protégé dans des temples du feu; on insiste beaucoup sur sa
continuité, sa préservation. Les feux sont hiérarchisés… Les morts sont
portés dans des "tours du silence" où les rapaces les déchirent, ceci afin
de ne pas souiller la terre (ni le feu: d'où l'absence d'incinération). Le
blanc est la couleur sacrée, il y a même valorisation des boissons
blanches.
Zoroastre eut de l'influence jusque dans le bassin oriental de la
Méditerranée: en Grèce classique, il était traité comme un philosophe. En
Iran même le zoroastrisme mit du temps à s'imposer (sous une forme quelque
peu repolythéisée avec le temps): ce n'est qu'en 224 après J.C. qu'il
devint religion officielle de l'Empire sassanide — une monarchie forte et
centralisée avait manifestement décidé de mettre la nouvelle religion à son
service. C'est de cette époque également que date la compilation (sous sa
forme définitive) de l'Avesta, le corpus des textes sacrés zoroastriens,
qui comprend notamment des Gâtham (poèmes, cantiques) attribués à Zoroastre
en personne. Le zoroastrisme était alors devenu une religion très
cléricalisée; les prêtres forment une caste, les mages (à l'origine,
c’était une tribu mède). Outre leurs fonctions religieuses, ils dominaient
le champ politique: c'étaient eux notamment qui choisissaient
(symboliquement) le souverain. Après l'invasion arabe, en 642, le
zoroastrisme fut protégé au même titre que les autres monothismes; pourtant
il déclina peu à peu. Il demeure aujourd'hui trente mille zoroastriens dans
les régions de Yazd et de Kesman, les Guèbres, et quelques centaines de
milliers en Inde, les Parsis.
Au IIIe siècle après Jésus-Christ, le prophète Manès ou Mani
fonda une variété de zorosatrisme bien plus radical dans son
dualisme, le manichéisme. Lui aussi était reconnu par l'islam.
Toutes ces religions étaient peu puissantes en Arabie, mais elles
avaient une forte influence intellectuelle, qui s'ajoutait à celle
de la pensée grecque dite "néo-platonicienne" (voyez plus bas).
Dans l'Empire byzantin, il devait rester des polythéistes, mais la
religion officielle était le christianisme depuis l'édit de Théodose (380).
Justinien (527-565) avait radicalisé l'alliance du religieux et du
politique: le moindre écart doctrinal était désormais considéré d'une part
comme un schisme, d'autre part comme une agression contre l'Empire. Le
christianisme s'était répandu dans le bassin méditerranéen bien avant cette
date, par les masses, dans le cadre du grand bouillonnement spirituel de
l'héllénisme tardif; mais avec le rapprochement entre le pouvoir et le
christianisme il se produisit une rupture entre le haut clergé, grec, et la
masse des populations, qui vivaient leur vie religieuse en langue vulgaire
et n'étaient pas très intéressés par les problèmes doctrinaux. Sur cette
situation se greffèrent une série de schismes issues des tentatives de
définir clairement la doctrine chrétienne. Évidemment ces chrétientés
schismatiques étaient plutôt plus fortes dans les régions que le pouvoir
bysantin atteignait malaisément, notamment l'Arabie; en Syrie, la