Julie TROSIC M1 Traduction-Interprétation TRANSPLANTATION Onze heures de chirurgie pour récupérer ses mains […] A la fin du mois de septembre 2006, l’Organisation Nationale des Transplantations (ONT) 1 a donné son accord définitif pour entreprendre cette intervention complexe. Mais auparavant, au mois de mai, le docteur Cavadas avait expliqué ses intentions lors du congrès annuel des coordonnateurs régionaux de transplantations, tenu à Grenade, où il a été décidé d’ajouter les mains parmi les parties de l’anatomie demandées aux familles des candidats donneurs d’organes décédés. « Une sorte de document de consentement spécifique pour les mains a été réalisé et il a été prévu que les donneurs recevraient des prothèses adéquates à la place de leurs membres, étant donné que l’aspect du cadavre remis aux familles ne peut être modifié », explique M. Matesanz. DE NOUVELLES DEMANDES […] Si cette activité est si rare après huit ans d’ancienneté de la technique, c’est que ce type de Document Acrobat chirurgie est extrêmement complexe (voir ) et que, contrairement aux transplantations d’organes solides (cœur, rein…), considérés comme des organes « vitaux », il s’agit ici d’un implant d’organes qui contribuent à l’« amélioration de la vie ». En fait, ce dernier est considéré acceptable uniquement dans des cas très particuliers, précisément lorsque l’amputation est bilatérale. Comme l’explique Pedro Cavadas, l’absence d’un seul membre ne « compense » pas le risque de toxicité lié à la thérapie immunosuppressive que les patients doivent suivre tout au long de leur vie s’ils veulent éviter que le nouveau tissu ne soit attaqué par les lymphocytes agressifs de leur système immunitaire, comme s’il s’agissait d’un virus. Cette thérapie est plus puissante que celle que l’on utilise habituellement pour un greffon solide, car la main va de pair avec la peau, l’organe ayant la plus forte sensibilité immunologique. Afin d’éviter que des problèmes surgissent dès le départ, l’équipe du Dr Cavadas n’a pas attendu la fin de la chirurgie pour neutraliser le système d’attaque de l’organisme d’Alba. Déjà au cours de l’opération, ils lui avaient administré un puissant anticorps monoclonal (l’alentuzumab) qui induit une tolérance au nouveau tissu et désarme les lymphocytes T pendant une période pouvant varier de trois à neuf mois. La patiente prend également d’autres médicaments : tacrolimus (un inhibiteur de la calcineurine qui intervient dans les signes chimiques activant les lymphocytes), le mycophenolate mofetil (qui empêche la prolifération de ces « policiers armés ») et la méthylprednisolone, un corticoïde. Ceux-ci peuvent coûter cher et provoquer une toxicité 1 L'ONT (Organización Nacional de Trasplantes), organisation gouvernementale collaborateur de l'OMS, a pour mission, depuis 1990, la coordination des donations d'organes en Espagne en collaboration avec l'OCATT (Organización Catalana de Trasplantes) de Barcelone à partir de laquelle sont gérés les échanges d'organes avec les autres pays européens. Julie TROSIC M1 Traduction-Interprétation rénale, des problèmes digestifs et exposent davantage la infections opportunistes ainsi qu’à des tumeurs, surtout des lymphomes. patiente à des […] DES CANDIDATS COMPATIBLES Une révision de l’état actuel des transplantations de main pratiquées jusqu’à présent, publiée en novembre 2006 dans la revue The Journal of Hand Surgery, fournit des renseignements optimistes concernant leur avenir. Hormis l’échec de la première intervention au monde réalisée (en 1998, à Lyon) sur un citoyen néo-zélandais qui s’est fait amputer de sa (nouvelle) main quelques années plus tard, et le cas d’un autre patient qui a perdu sa main à cause d’un rejet aigu, le résultat a été bon dans l’ensemble. […] « [Les patients] doivent non seulement être capables d’assumer le risque de toxicité de la thérapie anti-rejet, mais aussi d’intégrer le bras du donneur dans leur propre corps car, contrairement à un rein ou un cœur, que l’on ne voit pas, la main, elle, est visible », précise César Casado, chef du service de chirurgie plastique de l’Hôpital La Paz à Madrid et qui compte parmi les chirurgiens reconstructeurs espagnols les plus expérimentés en matière de réimplantation de mains, étape préalable à la transplantation des mains d’un cadavre. […] OPTIMISME […] La patiente colombienne présente cependant deux facteurs défavorables. Le premier est que plus le membre greffé est éloigné du cerveau (or, c’est le cas de la main et des doigts), plus la régénération des nerfs est difficile. Paradoxalement, le traitement immunosuppresseur qu’elle prend peut l’aider dans cette tâche, puisqu’il améliore la régénération des neurones, les cellules du système nerveux. Ainsi, il a été observé que les transplantations à partir de cadavres se régénèrent mieux que les réimplantations. […]