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643.2 (PR,c3)
Méditation pour le Lundi Saint 7 Avril 1884
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Amour et sacrifice !!!
Telle est la photographie de Jésus ! Il est là tout entier, et parfaitement ressemblant.
C’est St Paul qui l’avait vu ainsi et qui nous a conservé cette divine physionomie.
« Jésus m’a aimé, et s’est donné lui-même pour moi. »
C’est comme s’il disait : Jésus est amour et sacrifice : voyez-le dans sa naissance et
Bethléem vous montrera dans une crèche Jésus se donnant par amour.
Interrogez sa vie cachée et les échos de Nazareth vous répondront : Amour et
sacrifice !!
Suivez-le dans sa vie publique, écoutez ses divins enseignements, et chacun de ses
actes, chacune de ses paroles redisent de concert : Amour et sacrifice !!
Levez les yeux sur la Croix, abaissez-les sur le tabernacle et vous lirez en caractères
d’or toujours ces mots : Amour et sacrifice ! Sacrifice et amour !!!
Oh Jésus, s’il en est ainsi, eh bien moi aussi je veux être Amour et sacrifice !!!!
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OUV. 352 - Orig.autogr.
lundi 7 [avril 1884]
Une vue si belle de Dieu Esprit, cette essence l’amour, je ne sais pas le dire, c’était avant
l’oraison.
A l’oraison, amour et sacrifice. J’ai revu si belle cette vue que l’Incarnation, la Rédemption
existaient dans l’amour et qu’après le péché c’était comme tout ce qui est de Dieu, un effet
dans l’ordre. L’homme par le péché s’adore, s’idolâtre. L’Agneau remplace l’idolâtrie de la
terre par l’adoration de Dieu qui n’est autre que le sacrifice de soi opéré par l’amour. Par le
péché sur la terre tout chante l’idolâtrie. Par l’Agneau, tout chante l’adoration de Dieu c’est-à-
dire l’amour, le sacrifice. Il faut qu’il croisse et que je diminue. Tous les Saints ont chanté
dans leurs devises, quoi ? la destruction de l’idolâtrie, l’adoration rendue à Dieu c’est-à-dire
l’amour, le sacrifice. Ce que je l’ai vu beau, Père, et dans une lumière belle, belle ! Après cela
il faudrait succomber et mourir.
Et alors l’amour m'a dit : “Ce que je veux de Léna, c’est qu’elle s’abandonne à Jésus“. Je ne
change pas le nom quoi que vous ne l’aimiez pas. Et je l’ai vu cet abandon que le bon Dieu
veut de sa colombe de Nazareth. Il est maintenant gravé dans mon âme, il faut l’atteindre
coûte que coûte. Merci à mon Père d’y travailler. J’ai vu encore combien l’amour m’a laissée
comme exprès, fière et sauvage et comme exilée sur cette terre je ne suis pas dominée,
excepté par lui. Et je voyais si bien comment, en me regardant comme de la terre on avait
perdu sur moi l’empire par le fait même. Servir à l’idolâtrie de la boue, c’est une chose qui me
dégoûte et me désespère. Comme de nature je suis très fidèle, rompre le lien de soumission est
une chose qui m’a coûté comme la mort. Dieu seul le sait.
Mais Père, je voyais si bon que l’obéissance me tient enfin captive cette fois parce que ma
conscience est pour elle et non contre et que c’est l’amour de Jésus qui vient triompher de
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cette tête, de cette nature sauvage et indomptable. Car je puis avoir l’air très soumise à
l’extérieur et être plus indépendante que jamais à l’intérieur. Dieu me pousse cette fois à
l’abandon de ma volonté parce que vous cherchez à me dominer pour lui. Ma parole ne sait
pas le dire, mais j’ai vu bien beau que Jésus m’a affranchie de tout ce qui n’est pas son amour.
Il en était de même de l’Agneau et de sa Mère et pour notre Séraphique Père. Mais aussi Père,
quelle compensation. Je suis captive sous toutes les formes de cet amour, une fois réduite par
son empire, le sien, représenté par l’obéissance.
Je suis humiliée autant je suis fière en face de la terre. Je ne sais plus rien de mon âme, je suis
faible, je suis misère, une bambina, rien par moi-même. Et si je vais il veut ce sera
l’agneau dont l’abandon n’a point de limite. Il m’a montré ce qu’est à l’homme l’amour de sa
volonté propre. Et comme s’il avait voulu joindre la démonstration, il m’a fait montrer par
plusieurs des nôtres cette attache de la volonté. Et cette journée se passe plus haut que terre et
tout semble me crier Amour et Sacrifice, Abandon de l’Agneau divin et tu seras les délices du
ciel. Amen, et merci à l’obéissance qui a le dévouement de ne pas me ménager.
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Pour le mardi Saint -----
Amour et sacrifice
Dans l’épître de ce jour je retrouve le divin Portrait. Jérémie ne parle pas comme S.
Paul, mais il dit toujours la même chose ; il annonce celui qui sera Amour et sacrifice et dont
le prophète est la figure : « Et moi je suis comme un doux agneau choisi pour être victime ».
L’agneau c’est la douceur, l’innocence et l’amour, et l’agneau amour sera aussi victime
offerte en sacrifice. L’agneau amour s’immolera lui-même par amour. C’est ainsi qu’il se
manifeste aux prophètes, comme la réalité le manifestera plus tard au monde.
L’agneau divin est amour et sacrifice, et voilà pourquoi il souffrira sans se plaindre ;
l’amour l’empêchera de demander à son Père les légions d’anges qui si promptement
viendraient le délivrer.
O Agneau divin, enseignez-moi à devenir ici-bas comme vous, l’agneau qui se laisse
immoler par l’amour.
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OUV. 353 - Orig.autogr.
mardi 8 avril 1884
Oraison
Et moi je suis comme un doux Agneau choisi pour être victime“.
Il m’a tellement parlé l'amour ; mais sans paroles, je voyais si bien ce que réclamait sa
tendresse. J’ai été choisie. C’est une grâce incomparable et pour être victime ! Ce choix de
l’amour, c’était la part de Dieu ; la mienne c’est d’être ce doux agneau qui, dans le sacrifice
vit de l’abandon de l’amour. Je ne sais résumer les invitations divines que par ces mots : je
ferai, malgré ma misère, les délices de mon Dieu si je vis de cet abandon de l’amour.
Et il me semble qu’un tel amour préside à tout ce qui me regarde que je n’ai qu’à gagner à
m’abandonner à la fidélité de cet amour qui ne fera que croître si je m’y livre. C’est ma
résolution.
A la vaisselle, je ne sais comment le Maître m’a consolée au sujet de ma sensibilité. J’ai vu la
Ste Vierge partant si en paix pour Bethléem au moment de la naissance de Jésus, pour
l’Egypte. Elle est aux Noces de Cana, aux prédications, au Calvaire, on parle d’elle à Ephèse.
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On sent que les choses extérieures ne lui sont rien. Elle part, indifférente aux lieux, aux
choses. Mais comme on sent qu’elle tenait à ce qui soutenait son âme dans l’exil ?
St Joseph, Jésus et Jean comprirent combien tout était vide pour Marie et ils ne la privèrent
pas de leur appui. Elle est partout et toujours avec eux. J'ai compris le cœur de Jésus et si
bien ce qui n’est pas de la terre. Pour être aux Noces, comme il avait fallu que Marie s’oubliât
et fût indifférente à tout, excepté à suivre Jésus, sa part du ciel sur la terre. Lorsqu’elle le
perdit trois jours, de nuit et de jour, elle le chercha.
Et voilà que juste le soir, mon Père m’a privée de lui écrire dans un moment qui suit une
cruelle angoisse d’âme et je suis inquiète pour sa santé. Je ne crois pas que Jésus l’eût fait
? Il sait trop bien lui, dans quel vide je suis sur la terre, quel exil elle m’est et ce que chaque
jour m’est lourd. Mais j’ai vu une permission de Dieu dans le désir de l’obéissance et je me
suis inclinée cette fois comme un doux Agneau choisi pour être victime. Le Père m’a donné
une autre occasion plus petite de l’être aussi et aussi j’ai été fidèle. Mais Maman Vierge était
aussi un doux Agneau choisi pour être victime et ses appuis ne la laissaient jamais
volontairement ; une seule fois Jésus, pendant trois jours ; et alors elle ne se tint pas tranquille.
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Pour le Mercredi Saint -----
Amour et sacrifice !!
« Il a été offert parce que son amour l’a voulu », dit le prophète Isaïe dans l’épître de
ce jour. Comme Jérémie, le prophète Isaïe est frappé du caractère divin du Messie et il le
dépeint sous les mêmes symboles. « Il sera sacrifice, parce qu’il sera amour ; il n’ouvrira pas
la bouche, et se laissera, comme une brebis, conduire à la boucherie ; comme un agneau sous
les ciseaux qui le tondent, il sera muet ». ( Ch.53è)
O Jésus, c’est toujours sous les traits de l’amour et du sacrifice que vous vous montrez
partout à mon âme. Je comprends que vous nous disiez : « Apprenez de moi que je suis doux
et humble de cœur » ; douceur et humilité c’est le caractère de l’amour et du sacrifice. Votre
immolation portera ce caractère à Bethléem, plus encore à Nazareth, plus encore à
Gethsémani et dans votre passion. Au calvaire, votre immolation sera le comble de la
douceur et de l’humilité, et dans l’Eucharistie, vous perpétuerez l’anéantissement dans
l’immolation et l’amour !!
O Agneau divin, o douceur et humilité, je veux moi aussi sacrifier chaque jour mon
amour propre à votre amour.
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OUV. 354 - Orig.autogr.
mercredi 9 avril [1884]
Il a été offert parce que son amour l’a voulu. Comme une Brebis, il se laissera conduire à la
boucherie comme un Agneau sous les ciseaux qui le tondent, il sera muet.
Humilité, douceur, caractères de l’amour et du sacrifice. L’amour m’a prise et m’a faite
douce, humble Agneau, silencieuse avec lui. Je l’ai vu si doux, mon Agneau, surtout dans le
Tabernacle. Prisonnière avec lui, tout est croix, pour moi de tous les côtés. Je l’ai vu et
savouré avec lui. J’ai prié pour le Pape.
Se taire dans la douceur et l’humilité aux heures du plus rude crucifiement et cela par abandon
à l’amour, voilà ma résolution.
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Jeudi Saint -----
Amour et sacrifice.
L’Evangile de ce jour nous ramène encore à Jésus Amour, à Jésus sacrifice. Ecoutez St
Jean : « Comme Jésus avait aimé les siens, il les aima jusqu’à la fin », c'est-à-dire il fut
amour jusqu’à la fin de sa vie, il fut amour jusqu’au sacrifice de sa vie, ce n’est pas assez, il
fut amour jusqu’à l’excès de l’amour et du sacrifice.
Cet excès c’est le calvaire, cet épuisement de l’amour c’est l’Eucharistie, merveille
d’amour qui perpétuera le Calvaire jusqu’à la fin des siècles, qui perpétuera Jésus avec nous,
même après sa résurrection et son Ascension.
« Personne n’a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis ». Jésus
dépassera cet amour puisqu’il mourra pour ses ennemis, puisqu’il renouvellera d’une manière
non sanglante mais réelle le sacrifice du Calvaire des millions et des millions de fois.
« Si Jésus nous a ainsi aimés, dit encore St Jean, nous devons nous aussi nous aimer
les uns les autres ».
O Jésus amour, par amour pour vous, je veux immoler désormais sur l’autel de la
charité fraternelle toutes mes antipathies, toutes mes répugnances, je veux aimer comme vous
le prochain et les âmes, non pas en parole seulement, mais en œuvres et en vérité.
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OUV. 355 - Orig.autogr.
jeudi 10 avril [1884]
Aimer Jésus jusqu’à la fin. L’aimer jusqu’à être une hostie sainte et pure qui tienne sans cesse
compagnie à l’Hostie Amour. Aimer jusqu’à souffrir pour mes bourreaux. Je vois ce trait dans
ma voie et je suis heureuse de ressembler un peu à Jésus. Il est gravé par Dieu lui-même. J’ai
surtout souffert du chef de l’Eglise et de son entourage et c’est surtout pour lui et ceux qui
tiennent de plus près à ma Ste Mère que je suis comme un Agneau choisi pour être victime. Je
ne suis pas toujours le doux Agneau et c’est surtout ce qui me possède aujourd’hui. C’est
l’étendue de la folie des créatures qui se révoltent les unes contre les autres pour des riens. Je
veux être un doux agneau, moi à qui Jésus vient de faire voir l’horreur de la volonté propre,
de la ténacité. Aimer Jésus jusqu’à la fin, aimer le prochain jusqu’à la fin. Être l’Agneau de
l’amour et du sacrifice.
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Vendredi Saint -----
Amour et sacrifice.
L’amour et le sacrifice éclatent aujourd’hui. « Jésus nous a aimés et nous a lavés dans
son sang » dit St Jean dans l’Apocalypse ( 1,5.)
Allons donc au Calvaire, c’est le mont des âmes aimantes ; il nous dira : « Dieu a tant
aimé le monde, qu’il lui a donné son fils unique ».
Il dira encore : « Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous aime ».
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Il nous dira cette parole de l’Epouse des divins Cantiques « Mon bien-aimé, c’est un
faisceau de myrrhe », - « mon bien-aimé, c’est une grappe de raisin », un faisceau de myrrhe,
symbole de l’immolation, une grappe de raisin destinée au pressoir, symbole du sacrifice.
Approchons-nous encore cueillant de cette myrrhe, abreuvons-nous de ce vin céleste,
purifions-nous dans ce sang divin.
Mais ce n’est pas assez : O Jésus, amour et sacrifice, je veux vous ressembler, myrrhe
divine, je veux vous porter sur mon cœur et pour l’amour de vous, en union avec vous,
immoler ma mauvaise nature à l’inspiration de votre grâce, crucifier ma chair avec ses vices
et ses convoitises. Votre charité, O Jésus, me presse de pratiquer la patience, la soumission,
l’expiation et la réparation.
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OUV. 356 - Orig.autogr.
vendredi 11 avril [1884]
J’ai fait mon oraison en achevant mes visites des Basiliques.
Arrivées au pont St Ange, j’ai eu une vue splendide des Esprits célestes. Je ne saurai pas
l’expliquer. Ils ne peuvent être infinis en nombre comme les perfections divines. Mais je les
voyais répondant à ces perfections, autant en nombre qu’elles se communiquent à la créature,
ce qui est une masse.
De là j’ai vu que la perfection de l’amour notre Dieu avait en Lui l’Incarnation et la
Rédemption, le péché venant à exister. A St Pierre, j’ai contemplé les exigences divines de
l’amour se satisfaisant à mon endroit à la crèche, à la Cène, à l’agonie, au Calvaire, au
tabernacle, partout. La divinité a aussi soif que je satisfasse, moi, aux exigences de son amour.
Il y a un désir divin qui me regarde ?
J’ai dit à l’amour ma soif de le satisfaire en entier. Je veux pousser le sacrifice et l’amour
jusque là. De l’offrande, il faut passer à la pratique et j’ai vu si beau que Jésus n’exerçait pas
sur lui de grandes expiations mais qu’il était pourtant l’auteur de son sacrifice par l’offrande,
l’abandon qu’il faisait de lui-même à son Père. Il s’offrait, se donnait à l’amour son Dieu et
l’amour le sacrifiait avec toute sa puissance divine pour sa gloire et le salut des âmes.
Je crois que c’est aussi ma voie, la suivre, ma résolution.
Ste T[érèse] a été une épreuve et quand j’ai été dans mon lit, j’ai bien souffert. J'aurais voulu
remercier ceux qui m’avaient dépouillée de ma charge et les prier de me laisser aller, petite
mendiante de St François, chercher le repos à la façon de Benoît Labre. Tout me semblait si
laid, si triste. Je me suis dit que si j’étais prêtre, je n’aurais pas laissé cette semaine mon âme
seule sans appui contre le Démon, durant des luttes si douloureuses. Un moment, ma foi s'est
prise à douter de l’existence de son amour. Quelle épreuve ! Je me suis soumise bien, en
doux agneau choisi pour le sacrifice et le sommeil est venu.
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Samedi Saint -----
Amour et sacrifice
« Je suis la Mère du bel amour et de la crainte » ( Eccl. 24)
Marie est la Mère de Celui qui s’est appelé dans les Saints Livres du nom d’amour : Dieu est
amour ( St Jean)
Marie est aussi la Mère de Celui qui reçut dans sa plénitude le don de la Crainte de
Dieu et qui, par suite de ce don céleste, eut une telle horreur du péché qu’il en sua du sang.
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