Il nous dira cette parole de l’Epouse des divins Cantiques « Mon bien-aimé, c’est un
faisceau de myrrhe », - « mon bien-aimé, c’est une grappe de raisin », un faisceau de myrrhe,
symbole de l’immolation, une grappe de raisin destinée au pressoir, symbole du sacrifice.
Approchons-nous encore cueillant de cette myrrhe, abreuvons-nous de ce vin céleste,
purifions-nous dans ce sang divin.
Mais ce n’est pas assez : O Jésus, amour et sacrifice, je veux vous ressembler, myrrhe
divine, je veux vous porter sur mon cœur et pour l’amour de vous, en union avec vous,
immoler ma mauvaise nature à l’inspiration de votre grâce, crucifier ma chair avec ses vices
et ses convoitises. Votre charité, O Jésus, me presse de pratiquer la patience, la soumission,
l’expiation et la réparation.
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OUV. 356 - Orig.autogr.
vendredi 11 avril [1884]
J’ai fait mon oraison en achevant mes visites des Basiliques.
Arrivées au pont St Ange, j’ai eu une vue splendide des Esprits célestes. Je ne saurai pas
l’expliquer. Ils ne peuvent être infinis en nombre comme les perfections divines. Mais je les
voyais répondant à ces perfections, autant en nombre qu’elles se communiquent à la créature,
ce qui est une masse.
De là j’ai vu que la perfection de l’amour notre Dieu avait en Lui l’Incarnation et la
Rédemption, le péché venant à exister. A St Pierre, j’ai contemplé les exigences divines de
l’amour se satisfaisant à mon endroit à la crèche, à la Cène, à l’agonie, au Calvaire, au
tabernacle, partout. La divinité a aussi soif que je satisfasse, moi, aux exigences de son amour.
Il y a un désir divin qui me regarde ?
J’ai dit à l’amour ma soif de le satisfaire en entier. Je veux pousser le sacrifice et l’amour
jusque là. De l’offrande, il faut passer à la pratique et j’ai vu si beau que Jésus n’exerçait pas
sur lui de grandes expiations mais qu’il était pourtant l’auteur de son sacrifice par l’offrande,
l’abandon qu’il faisait de lui-même à son Père. Il s’offrait, se donnait à l’amour son Dieu et
l’amour le sacrifiait avec toute sa puissance divine pour sa gloire et le salut des âmes.
Je crois que c’est aussi ma voie, la suivre, ma résolution.
Ste T[érèse] a été une épreuve et quand j’ai été dans mon lit, j’ai bien souffert. J'aurais voulu
remercier ceux qui m’avaient dépouillée de ma charge et les prier de me laisser aller, petite
mendiante de St François, chercher le repos à la façon de Benoît Labre. Tout me semblait si
laid, si triste. Je me suis dit que si j’étais prêtre, je n’aurais pas laissé cette semaine mon âme
seule sans appui contre le Démon, durant des luttes si douloureuses. Un moment, ma foi s'est
prise à douter de l’existence de son amour. Quelle épreuve ! Je me suis soumise bien, en
doux agneau choisi pour le sacrifice et le sommeil est venu.
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Samedi Saint -----
Amour et sacrifice
« Je suis la Mère du bel amour et de la crainte » ( Eccl. 24)
Marie est la Mère de Celui qui s’est appelé dans les Saints Livres du nom d’amour : Dieu est
amour ( St Jean)
Marie est aussi la Mère de Celui qui reçut dans sa plénitude le don de la Crainte de
Dieu et qui, par suite de ce don céleste, eut une telle horreur du péché qu’il en sua du sang.