Gabrielle : Salut Christophe, alors, tu as vu un film qui, je crois, t`a

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Gabrielle : Salut Christophe, alors, tu as vu un film qui, je crois, t’a beaucoup plu (a). Est-ce que tu pourrais
nous en parler, ça s’appelle Les Petits mouchoirs.
Christophe : Oui, en fait* c’est le troisième film de Guillaume Canet. Guillaume Canet qui est par ailleurs
(1) acteur et qui là, donc**, a mis en scène, une bande de copains. Et ça se passe, on pourrait dire, entre la
région parisienne et puis le bord de mer.
Gabrielle : Et quelle est l’histoire ?
Christophe : Alors*** en fait, tout démarre (2) d’une façon un petit peu inattendue. Le film commence dans
des circonstances assez dramatiques. C’est tout simplement l’accident de moto d’un des membres de ce
groupe. Et ce garçon est hospitalisé. Et donc, ça se passe au début de l’été. Et comme chaque année, cette
bande de copains doit partir en vacances près de Bordeaux, en fait au Cap Ferret, sur la côte atlantique. Et
donc cet accident remet en cause (3) un petit peu leur projet de partir. Est-ce qu’ils vont partir ou est-ce
qu’ils vont rester auprès de ce jeune homme qui a été accidenté et qui est malheureusement dans un état
très très très grave ? Voilà****. Donc finalement, ils partent en vacances comme prévu mais au lieu de partir
un mois, comme chaque année, ils décident de ne partir que (b) deux semaines. Donc on a une première
partie du film qui se passe à Paris. On retrouve tout le groupe, toute la bande. Et puis ensuite, la caméra
nous transporte sur les bords de l’Atlantique, au Cap-Ferret. En fait, le Cap-Ferret, c’est le lieu de vacances
que Guillaume Canet fréquente depuis qu’il est adolescent, c’est un lieu qu’il connaît bien. Et justement dans
ce, dans ce film, il y a un personnage très important. C’est un ostréiculteur. Qu’est-ce que c’est un
ostréiculteur ? C’est un homme qui produit des huîtres (4). Et donc, ce personnage n’est pas un acteur dans
la vie réelle. C’est un ami de Guillaume Canet. Et il lui a demandé de jouer son propre rôle dans Les petits
mouchoirs. Voilà. Et donc on retrouve cette bande de jeunes amputée d’un des leurs (5), puisque le
personnage qui les réunit tous, et qui est interprété par Guillaume Canet les invite chaque année… euh,
pardon, pas par Guillaume Canet, par François Cluzet, les invite chaque année dans sa maison. Et donc on
les retrouve dans cette maison pendant leurs vacances avec des relations plus ou moins bonnes, plus ou
moins honnêtes, et plus ou moins, je dirais franches (6). On va très vite s’apercevoir (7) au cours du film
(8) que cette bande de copains qui semble très très…
Gabrielle : Unie.
Christophe : Unie, voilà, très rassemblée, ne l’est pas autant qu’on pourrait l’imaginer. Voilà. Donc en fait le
titre, Les petits mouchoirs, on peut l’expliquer, peut-être, Gabrielle, ou pas ?
Gabrielle : Explique. Vas-y.
Christophe : Voilà. Alors l’idée de Guillaume Canet, « les petits mouchoirs », c’était en fait de signifier que
nous avons tous des jardins secrets (9) ou des difficultés, des problèmes personnels que nous ne
cherchons pas à mettre en avant et que nous cachons comme un petit mouchoir dans sa poche. Et là
justement, le film fait éclater tous ces petits secrets, toutes ces petites ingratitudes (10) que l’on peut avoir
(c) entre amis et qui se sont accumulées au fil des années parce que c’est un groupe qui se connaît depuis
très longtemps donc ils ont l’habitude de sortir ensemble, de se voir à Paris, aussi bien les femmes que les
hommes mais d’abord, c’est quand même un film de garçons parce que l’idée centrale c’était de raconter
une amitié entre des hommes, entre des potes (11), comme on dit. Voilà. Et il y a quelques personnages
féminins, notamment Marion Cotillard qui a un rôle assez important et qui dans la vie est la compagne (12)
de Guillaume Canet.
Gabrielle : Ah oui.
Christophe : Voilà.
Gabrielle : Bon et toi, qu’est-ce qui t’a touché (13) particulièrement dans ce film ?
Christophe : Alors en fait, dans ce film, il y a deux, deux choses qui peuvent, je pense, toucher le public et
qui font que justement le succès de ce film est très important. C’est d’abord le côté assez comédie,
hein*****, c’est un film qui fait rire, notamment dans la première partie. Alors n’oublions pas que c’est un film
assez long, qui dure plus de deux heures 30. Et donc on peut dire que la première partie est plutôt basée sur
un comique de situation, avec des scènes de plage, des scènes de mer, de bateau, autour de la table, de
repas, etc. Et puis ensuite, peu à peu, le film bascule plus dans la gravité (14). Et c’est ça que j’ai trouvé
très intéressant chez Guillaume Canet, c’est que… il a voulu en fait jouer sur les deux tableaux, l’aspect «
comédie » et l’aspect ensuite « tableau d’une société française en vacances », alors des gens plutôt
privilégiés, qui n’ont pas de problèmes d’argent, qui ont tous réussi dans la vie. Mais on voit bien que cette
réussite professionnelle, elle n’est que factice (15) et que derrière, il y a aussi pour chacun des difficultés,
des soucis à la fois amoureux mais aussi des soucis plus dans leur vie de famille, etc. Voilà. Donc ça c’est
très intéressant, je trouve qu’on… il y a les deux tableaux. Et c’est un film qui je pense parle aussi
beaucoup à (16) la génération des 30-40 ans. Et je pense que c’est un film qui s’adresse moins aux jeunes,
aux ados, c’est plus un film quand même pour des adultes. Voilà. Et toi ?
Gabrielle : Moi, je l’ai vu aussi…
Christophe : Aussi. D’accord.
Gabrielle : Et je peux dire que j’ai passé un moment agréable.
Christophe : D’accord. Oui, c’est vrai, on passe un moment agréable. En plus, je trouve qu’on ne s’ennuie
jamais même si à la fin on pourrait être un peu… comment dire, gênés par la… les dernières minutes, qui,
qui, qui sont assez, euh, pénibles parce que là, bon, je ne raconte pas la fin mais on sent que Guillaume
Canet a aussi voulu mettre en avant d’autres aspects de l’existence et là, on parle malheureusement de la
souffrance et donc de la mort et on pourrait penser que ces scènes-là sont un peu lourdes et puis en fin de
compte (17), non, non, elles passent assez bien jusqu’à la fin et là justement, à la fin, on sort son petit
mouchoir parce qu’on a un peu la… les larmes aux yeux (18).
Gabrielle : Très bien. Eh bien, je te remercie beaucoup pour cette présentation du film.
Christophe : Je t’en prie, Gabrielle.
Remarques de grammaire :a) A plu : c’est le verbe « plaire » au passé composé. Le verbe « pleuvoir » a le
même participe passé mais la logique nous fait comprendre que j’utilise le verbe « plaire » !
b) Ne… que = « seulement ».
c) « …Que l’on peut avoir » : ça suffit, et c’est correct, de dire « qu’on peut avoir ». Mais on peut ajouter « l’
» avant le « on », ça fait juste une phrase plus élégante.
Remarques de vocabulaire :1) Par ailleurs = « d’un autre côté », « à un autre point de vue » ou même ici
« aussi », « également ».
2) Tout démarre = ici, « tout commence ». Le verbe « démarrer » s’utilise en particulier pour dire « mettre en
marche une voiture ».
3) Remettre en cause = « remettre en question ». C’est un peu comme « douter » : ils ont réfléchi pour
savoir s’ils allaient renoncer à leurs vacances ou non.
4) Une huître = un fruit de mer.
5) Amputée d’un des leurs = avec un de ses membres en moins (car normalement, « amputer » = un
terme médical pour dire « couper un bras ou une jambe en cas de maladie »).
6) Franc (masculin) / Franche (féminin) = sincère.
7) S’apercevoir = remarquer, réaliser, comprendre.
8) Au cours du film = pendant le film (peu à peu).
9) Un jardin secret : c’est le « domaine des sentiments, des pensées les plus intimes d’un individu »
(définition du dictionnaire Le Petit Robert).
10) Une ingratitude = un manque de gratitude, de reconnaissance. Un individu « ingrat » n’est pas
reconnaissant envers les autres, il ignore ce que les autres font pour lui.
11) Des potes = (mot familier) des amis.
12) La compagne = la petite amie.
13) « Qu’est-ce qui t’a touché ? » = « Qu’est-ce qui t’a ému ? » (donné de l’émotion). « Toucher » = «
émouvoir » (mais « toucher » signifie aussi « avoir un contact physique avec une surface, une personne »).
14) Le film bascule dans la gravité = « Le film devient plus grave, plus sérieux ».
15) Factice = « faux », « artificiel », « illusoire », « apparente ».
16) Le film parle beaucoup à… = « le film est compréhensible surtout par… », « le film peut mieux être
compris par… ». « Ça me parle » = « Ça me touche personnellement », « Je le comprends vraiment, ça me
concerne ».
17) En fin de compte = finalement.
18) On a les larmes aux yeux = « On a envie de pleurer ». Remarquez que Christophe a commencé sa
phrase au singulier : c’est parce qu’on peut dire aussi « On a la larme à l’œil ».
Remarques sur la prononciation et les habitudes de langage :Comme tout le monde, Christophe a
beaucoup de petites habitudes de langage. Il utilise en particulier de nombreux petits mots. Voici quelques
remarques sur leur utilisation.
*En fait : s’utilise en début, milieu ou fin de phrase pour apporter une petite précision, une petite explication.
Mais souvent, on dit « en fait » sans que ce soit réellement nécessaire.
**Donc : il n’y a pas d’idée de conclusion ou de conséquence ici. « Donc » est un peu utilisé comme « en fait
».
***Alors : c’est la même chose que « donc » précédemment. Remarquez qu’on dit souvent « Alors en fait »,
« Donc en fait » en début de phrase.
****Voilà : souvent, on dit ça quand on a fini une petite explication.
*****Hein : ici = « n’est-ce pas » (pour garder le contact avec son interlocuteur). Mais on dit aussi « Hein ? »
quand on veut que quelqu’un répète quelque chose ou quand on est surpris. « Hein » n’est pas un vrai mot,
c’est un peu familier.
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