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La poly-médication chez les plus de 65 ans, résultat d'un système qui « s'autoalimente »
Plusieurs facteurs se conjuguent et contribuent à une consommation importante de
médicaments au sein de cette population.
Les médecins sont face à une population qu'ils considèrent à juste titre comme fragile et
vulnérable et ils tendent donc à vouloir traiter chaque symptôme et hésitent à « dé-
prescrire » un médicament introduit par un autre praticien, médicament pourtant parfois
devenu inutile au cours des ans.
Nombreux sont les patients âgés de plus de 65 ans qui ne savent pas toujours à quoi
servent les médicaments qu'on leur a prescrit.
Les patients et leur entourage, inquiets ou dépassés, tendent à encourager la prescription.
Quels réflexes adopter pour limiter au mieux le risque ?
Si le risque zéro n’existe pas, une partie des effets indésirables est évitable à condition
d’adopter une démarche de prévention autour de trois principes clés :
⇒ Se poser des questions sur les médicaments prescrits à chaque ordonnance
Aucun patient n’a un état de santé statique dans le temps, il n’existe donc pas de
médicament à prendre à vie : le patient et son entourage doivent accepter les révisions de
traitement. Par ailleurs, toute introduction de médicament nouveau doit conduire le médecin à
rechercher si l’ensemble du traitement pris est toujours nécessaire et compatible avec le nouveau
médicament.
Ce questionnement doit s’attacher notamment à
« traquer » la coexistence de médicaments redondants, phénomène d’autant plus fréquent
que certains médicaments contiennent plusieurs principes actifs
Etre particulièrement vigilant à l’égard de certains médicaments ayant d’autres actions que
celles pour lesquelles on les utilise (par exemple, le métoclopramide, utilisé comme anti-
nauséeux, contient un neuroleptique « caché »
Adapter les modalités d’administration aux capacités de la personne âgée, que ce soit le
rythme d’administration ou la galénique
Evaluer les risques induits par des médicaments pris en automédication, qui peuvent
s’ajouter à une prescription déjà importante (c’est le cas des laxatifs, des AINS)
Afin d’optimiser ce réflexe nécessaire de questionnement et de dialogue, le rôle de conseil du
médecin traitant prend ici toute sa dimension. Il peut être soutenu dans cette démarche grâce à la
vigilance de tous les professionnels de santé et des patients eux-mêmes : il est important de
sensibiliser les patients aux risques médicamenteux et souligner l’importance de la bonne
observance et la nécessité de signaler aux médecins consultés tous les médicaments pris (y
compris en automédication).
⇒ Hiérarchiser les traitements
La prise en charge des personnes âgées impose de hiérarchiser les pathologies à traiter,
en privilégiant celles qui comportent les risques les plus importants pour le patient
⇒Résister à la tentation de tout médicaliser
Tous les inconforts liés au vieillissement ne doivent pas être systématiquement médiqués.
C’est le cas notamment des changements de rythme du sommeil et des troubles de la mémoire.
Pourtant, les psychotropes sont aujourd’hui largement consommés chez les plus de 70 ans (2 fois
plus que dans la population générale). Cette consommation est un phénomène récent et
préoccupant : la prise de ces médicaments est responsable de nombreuses chutes et de troubles
de la vigilance et du comportement.